Être en situation d’handicap dans l’une des meilleures prépas de France - Mode Portrait - CANAL+ - Vidéo Dailymotion

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00:00 Mourvédie a 17 ans, il est en situation de handicap.

00:02 Je suis actuellement au lycée Henri IV,

00:04 une des prépas les plus sélectives de France.

00:07 Henri IV forme l'élite.

00:08 De nombreux hommes politiques et écrivains y sont passés,

00:11 comme Guy de Maupassant, Simone Veil,

00:12 Alfred Demussez, Jean-Paul Sartre,

00:14 Léon Blum ou encore Emmanuel Macron.

00:16 Les admissions sont très sélectives.

00:18 Faire une prépa, c'est déjà extrêmement difficile.

00:20 Ça demande énormément d'énergie,

00:22 de capacités intellectuelles dans ton quotidien.

00:24 C'est quoi les efforts que tu dois fournir en plus ?

00:26 En fait, c'est bizarre de dire ça, mais tout un effort.

00:29 Quoi que je fasse, de toute façon,

00:31 même prendre un verre d'eau,

00:33 c'est un effort pour moi.

00:35 Je suis dans un corps où je dois…

00:39 où tout est compliqué, entre guillemets.

00:41 Donc là, on est dans mon intermat au lycée Jean Veil.

00:46 La particularité, c'est que c'est un intermat au mérite.

00:50 Donc il n'y a que des élèves boursiers.

00:52 C'est quoi ta morning routine d'étudiant ?

00:54 Généralement, je me gâche assez tôt, vers 6h,

00:58 pour pouvoir avoir le temps de regarder un peu mes cours.

01:02 Je prends un petit cookie.

01:03 Il y en a plein !

01:04 Il y a plein de granules.

01:06 C'est que ça, tu passes ta vie à travailler.

01:08 C'est un choix.

01:10 Quand tu n'as qu'un seul prépa, c'est que tu es prêt.

01:13 Tu vas te dévouer.

01:14 C'est ça.

01:14 Est-ce que tu peux nous expliquer ce que c'est la dystonie ?

01:19 Alors, la dystonie, c'est un dysfonctionnement du tonus des muscles,

01:23 ce qui fait que certains de mes muscles sont trop contractés.

01:27 Donc, dans la gestion des mouvements,

01:30 je ne suis pas précis.

01:33 Il y a des mouvements involontaires.

01:36 Mais ça ne t'empêche pas de te concentrer pour apprendre ?

01:38 Non.

01:39 Non, jamais ?

01:39 Non.

01:40 Et moi, qui suis en situation de handicap,

01:43 ici, il n'y a pas de cantine.

01:44 Donc, je dois compter un peu sur les autres

01:47 pour chauffer mes plats et me faire la vaisselle.

01:49 Et toi, comme tu es une tête, tu les aides pour leurs devoirs.

01:52 Moi ?

01:53 On est tous des têtes.

01:54 Ce que je dis souvent, c'est que mes livres,

01:57 c'est les gens.

01:58 Et j'adore apprendre des gens.

01:59 Et donc, ici, je suis heureux

02:02 parce que je peux apprendre de plusieurs personnes d'un peu partout.

02:07 Tu as une grande bibliothèque d'humains.

02:08 Exactement, c'est vraiment ça.

02:09 Ça t'est venu d'où, cette passion pour les cours ?

02:14 Je pense que, comme du côté physique,

02:18 j'étais moins apte à faire plusieurs choses,

02:20 j'ai dû réfléchir.

02:22 Et j'ai pris goût à réfléchir.

02:24 Et donc, la réflexion en général,

02:27 ça me plaît.

02:28 Donc, il faut le préciser quand même,

02:29 Henri IV est un lycée qui est iconique.

02:31 Il est en plein cœur de Paris.

02:33 Comment tu fais pour y aller ?

02:34 Normalement, j'ai droit à un taxi étant en association de handicap.

02:38 Pour l'instant, il ne s'est pas mis en place pour d'autres raisons.

02:42 Mais j'ai une assoce, École des Demains,

02:44 qui, aujourd'hui, me rembourse l'Uber.

02:47 Ouais, heureusement qu'il y a des associations.

02:56 Tu parles d'une aventure, plus que d'études, en fait.

02:59 C'est ça.

03:00 En quoi c'est une aventure de faire ces études-là ?

03:02 J'aurais pu faire une prépa ailleurs,

03:04 mais en venant à Henri IV,

03:06 je me suis fait le choix d'oser tenter quelque chose

03:09 qui ne va pas forcément marcher.

03:11 D'ailleurs, j'ai compris que je n'ai pas peur de l'échec.

03:13 C'est que je ne peux que gagner.

03:15 Et surtout, je peux "incarner" quelque chose.

03:18 Une personne en situation de handicap

03:20 peut avoir les moyens intellectuels pour viser de grandes écoles,

03:25 mais il faut aussi l'accompagner.

03:27 Au lycée, tu avais un AVS ?

03:28 Déjà, à 6 ans, je lui avais promis.

03:30 On l'est pas, alors.

03:33 L'AVS, concrètement, comment ça marche ?

03:35 C'est quelqu'un qui est constamment avec toi,

03:36 qui est en cours à côté de toi,

03:38 et qui prend des notes à ta place ?

03:39 C'est ça.

03:40 Comment ça se passe ?

03:41 Est-ce que les AVS sont formés aussi pour des élèves

03:43 qui ont un parcours scolaire d'excellence ?

03:45 Concrètement, il n'y a pas de préparation scolaire

03:51 ou d'adaptation au profil de la personne en situation de handicap.

03:57 C'est là où réside le plus grand souci.

04:01 En priorité, l'autre chose que je ne comprends pas,

04:03 c'est le handicap qui est présent sur le temps scolaire

04:07 et aussi présent à la maison.

04:09 Donc, il y a quelque chose de maths que je ne peux pas faire en cours,

04:13 je ne peux pas non plus le faire à la maison.

04:14 Surtout quand on sait qu'en prépa,

04:16 le travail qu'on fournit à la maison,

04:18 il est aussi important que celui en classe.

04:20 Faire des grandes études.

04:21 Dans une des prépas les plus exigeantes de France,

04:23 évidemment, c'est les notes qui priment,

04:25 mais tous les milieux ne peuvent pas y avoir accès.

04:27 Ceux qui réussissent à rester finalement,

04:30 ce sont des gens qui ont quand même un petit peu les moyens.

04:32 Est-ce que tu as vu une différence ici ?

04:34 Ma mère, depuis tout petit,

04:36 elle a toujours eu une vision très audacieuse pour moi.

04:40 J'ai eu la chance depuis le collège d'être dans le privé,

04:44 par le sacrifice de ma mère et par d'autres personnes.

04:47 Donc, il y avait toujours une dichotomie

04:50 entre les gens que je côtoyais en cours

04:53 et l'environnement familial dans lequel j'ai grandi.

04:59 Parce qu'à la maison, j'ai reçu une certaine richesse

05:02 qui m'est chère, qui n'est pas la même que eux,

05:05 que je peux leur apporter.

05:07 Parce que j'ai connu l'handicap, l'immigration,

05:12 j'ai connu plein de choses dans la ville,

05:14 un parcours peut-être plus clavossé,

05:17 mais eux, ils ont aussi énormément à m'apporter.

05:20 Si j'étais tout seul, la vie serait fade,

05:22 mais j'ai eu la chance d'avoir des gens différents

05:26 qui peuvent donner sens et du relief à qui je suis.

05:30 Les autres donnent du relief à qui nous sommes.

05:33 - Envie, la star ?

05:36 - Le tchatcheur, en tout cas, c'est Liam.

05:37 - Non !

05:39 - Il a la boca.

05:40 - Il a la boca, c'est ça.

05:41 [Musique]

05:51 - Toi, je sais, Horovédie, que tu as des cours en maths

05:53 très, très conséquents,

05:54 mais tu as un peu le cœur en littéraire, non ?

05:56 - Oui.

05:58 - C'est quoi les livres qui t'ont inspiré, toi ?

06:00 - Pour dire vrai, c'est un livre classique,

06:05 je pense que c'est "Un homme de Verdura",

06:07 c'est un personnage que j'aime bien,

06:08 dans lequel je me reconnais un peu.

06:11 - Pourquoi ?

06:11 - C'est un personnage qui est moqué vis-à-vis de son nez,

06:15 mais qui est dans la poésie et dans l'intelligence,

06:18 c'est hyper impressionnant,

06:20 et ça fait un personnage touchant.

06:22 - Qu'est-ce que tu as trouvé dans la Bible

06:24 qui t'a inspiré et qui t'a fait aller aussi loin ?

06:29 - Le verset de ma vie, le verset qui me représente,

06:34 c'est le 2 Coréentien 12, 9.

06:38 Il m'a dit "Ma grâce te suffit,

06:40 car ma puissance a compris dans la faiblesse".

06:42 Cette phrase, c'est l'apôtre Paul qui l'a dit

06:45 alors qu'il est dans une période de souffrance,

06:49 il dit qu'il a une écharde dans son corps.

06:52 C'est Dieu qui lui dit que sa grâce à lui,

06:56 malgré ses faiblesses, est suffisante.

06:58 Et moi je me dis que dans cette faiblesse que j'ai,

07:02 c'est là où il y a sa puissance à lui qui se manifeste.

07:06 - On a parlé du fait que toi, tu crois en toi,

07:08 que des gens ont cru en toi,

07:10 que le fait de croire en Dieu aussi

07:13 et de t'inspirer de la Bible, ça t'a fait avancer.

07:14 Je pense qu'effectivement, croire, ça précède l'action souvent.

07:20 Toi, quand tu te doutes, tu te réfères à quoi ?

07:23 - C'est vraiment ça, c'est des émotions

07:25 où tu puisses ta foi et à toi.

07:28 Des fois, toi ça suffit pas, t'as besoin des autres.

07:31 Et des fois, quand même tout ça ne suffit pas,

07:34 moi c'est vraiment plus haut, la foi.

07:37 La foi en Dieu, c'est que j'ai l'assurance

07:40 qu'il y a un sens à ma vie.

07:42 Et j'aimerais être sincère, je dis pas que tout est simple.

07:45 Je dis pas que "bon, allez-y, tentez tout,

07:48 et ce sera hyper facile".

07:49 Non, c'est dur.

07:51 Il y a des fois que tu te dis "est-ce que dans une semaine,

07:54 je serai à France-Bourg ou pas ?"

07:56 Mais semaine après semaine, t'es encore là.

07:58 C'est pas "croisi et tout va marcher".

08:01 C'est "croisi, maisis les moyens".

08:04 Et après, la vie dispose des choses, non ?

08:08 Qui sont au-delà de moi.

08:09 Si j'avais pas rencontré certaines personnes,

08:11 je n'en serais pas là.

08:12 Donc il y a un facteur.

08:14 Certains diront "chance", moi je dirais "grâce".

08:17 Un facteur grâce qui permet d'expérimenter des choses

08:22 et d'en être là où j'en suis.

08:25 C'est beau que tu dises ça, c'est beau que tu dises que

08:27 c'est la grâce.

08:28 En fait, je suis même pas sûr que je crois au mérite.

08:33 Le mérite ne suffit pas.

08:35 Il y a des gens qui, peut-être, méritaient plus ma place.

08:38 Et c'est là où ça me permet aussi de faire hors de l'ordre,

08:42 de rester dans l'humilité.

08:45 C'est pas moi qui fais tout ça.

08:47 C'est des gens.

08:48 C'est cette grâce qui m'a accompagné jusqu'ici.

08:53 Le courage, c'est pas le fait de ne pas avoir peur.

09:02 Je pense qu'on peut être courageux en ayant peur.

09:06 De temps en temps, je suis stressé,

09:09 de temps en temps, je me dis "est-ce que ça va marcher ?"

09:12 Mais le courage, c'est mettre le pied là où on se dit que

09:18 à tout moment, ça peut s'écrouler.

09:20 C'est-à-dire que t'as peur que ça s'écroule,

09:24 mais tu mets quand même ton pied.

09:25 En fait, c'est le fait de passer à l'action.

09:27 Et il faut reprendre, il faut revenir sur la Bible,

09:30 c'est votre pire qui sort de la barque

09:33 et qui essaie de marcher sur l'eau,

09:36 alors que ça n'a pas de sens.

09:37 Mais c'est le plus courageux de ceux qui restent de la barque,

09:40 parce qu'il a tenté.

09:41 Même si ça ne semble pas possible,

09:43 t'as peur, tu mets ton pied et tu t'asses.

09:46 Sous-titrage ST' 501

09:48 ...

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