L'invité du jour : l'atlas des renseignement, tout pour devenir un parfait espion !

18/01/2024

Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00 [Générique]

00:05 - Bonjour Bruno.

00:06 Alors vous êtes haut fonctionnaire, je le rappelle, vous êtes aussi écrivain, la preuve.

00:10 Et ce livre, avec toutes les informations que vous nous livrez,

00:14 c'est pour qu'on puisse comprendre quoi ?

00:15 Les mécanismes des différents services de renseignement dans le monde ?

00:19 - Oui, parce que c'est un univers très compliqué,

00:22 il y a beaucoup de légendes sans mauvais jeu de mots.

00:23 Donc déjà essayer de comprendre à travers 130 cartes, schémas, infographies,

00:28 ce que sont les services de renseignement, comment ils s'organisent, où ils sont implantés.

00:33 On pourrait croire que c'est totalement secret,

00:35 mais il y a quand même pas mal de choses qu'on peut connaître

00:37 et que j'ai essayé de rassembler sur ces cartes et ces infographies.

00:40 - On ne sait jamais tout, parce que c'est fait pour ça, c'est pour...

00:44 Il n'y a rien.

00:45 - Sinon on ne sait plus du renseignement effectivement,

00:46 mais il y a quand même beaucoup de choses que l'on sait.

00:48 Vous savez, dans les démocraties en particulier, il y a quand même un contrôle sur ces services,

00:53 il y a des statistiques, ils ont des bâtiments qui sont connus,

00:59 le siège de la DGSE, on sait où il se trouve.

01:01 Ils ont également des sites internet.

01:03 Aujourd'hui, vous pouvez consulter des offres d'emploi.

01:06 J'ai vu ce matin, par exemple, qu'on recherchait un technicien en chimie des explosifs.

01:12 Étonnant.

01:13 - C'est pour vous ça, William.

01:14 - La chimie des explosifs ?

01:15 - Vous pouvez vous situer.

01:16 - J'ai inventé le concept.

01:17 Vous rigolez ?

01:18 Bon, est-ce que l'espionnage, le renseignement, ce n'est pas la même chose ?

01:22 Vous n'allez pas vous expliquer, Bruno.

01:23 C'est quelque chose de très utilisé aujourd'hui partout dans le monde

01:27 et dans tous les pays démocratiques ou pas ?

01:30 - Ou pas, dans tous les pays.

01:32 Ça l'est depuis qu'il y a des États et ça l'est de plus en plus.

01:35 C'est-à-dire que dans le passé, les services de renseignement, c'était relativement petit,

01:39 c'était un petit peu confidentiel, c'était des moyens relativement limités.

01:42 En fait, il n'y a jamais eu autant d'espions qu'aujourd'hui.

01:45 Les services de renseignement n'ont jamais eu autant,

01:48 comment dirais-je, de moyens financiers et de moyens techniques et de moyens humains qu'aujourd'hui.

01:53 C'est véritablement un enjeu capital.

01:55 Et c'est pour ça que j'ai voulu publier cette atlas.

01:58 C'est parce qu'aujourd'hui, on ne peut pas ignorer.

02:01 Ce n'est pas du tout un détail, ce n'est pas du tout un aspect anecdotique

02:04 de la vie politique ou géopolitique.

02:06 C'est absolument capital.

02:08 - Oui, mais alors, par exemple, on sait que dans certains pays, ils sont très nombreux, vous allez voir.

02:12 Mais en France, il y a combien de personnes qui travaillent dans le renseignement ?

02:15 - Alors, si on prend les statistiques officielles, il y a un peu plus de 20 000 personnes

02:19 sur les 10 entités qui composent la communauté française du renseignement.

02:23 - Pour autant, ils ne sont pas tous au même endroit.

02:25 - Alors, ils ne sont pas tous au même endroit parce qu'il y a plusieurs services, d'une part.

02:28 D'autre part, parce qu'on ne comptabilise que les postes, si je puis dire,

02:32 c'est-à-dire les professionnels, en particulier les fonctionnaires,

02:35 qui souvent sont des militaires ou des policiers ou des diplomates.

02:38 Mais il faut savoir que vous pouvez travailler officiellement pour un service de renseignement

02:43 sans faire directement du renseignement.

02:45 C'est bête, mais il y a des cuisiniers, il y a des bibliothécaires,

02:47 il y a ce genre de postes aussi dans les services.

02:50 Et à l'inverse, un officier de renseignement qui traite un réseau,

02:54 il va traiter des gens qui n'entrent pas dans les statistiques,

02:56 qui, eux, ne sont pas des fonctionnaires français,

02:58 qui sont des gens qui, vivant à l'étranger, étant de nationalité souvent étrangère,

03:03 eh bien, vont apporter des informations.

03:04 - Oui, ils sont des correspondants.

03:06 - Alors, les honorables correspondants, ce sont ceux qui font ça par patriotisme,

03:09 de façon désintéressée.

03:10 Et puis, il y a ce qu'on appelle les agents.

03:12 Les agents, ce sont en fait tous ceux qui informent

03:15 pour toutes sortes de raisons plus ou moins intéressées.

03:18 - Les agents, c'est James Bond ou c'est... ?

03:20 - Non, mais justement.

03:22 - Oh !

03:23 - C'est pas tout à fait comme dans les films.

03:26 C'est l'objet de ma prochaine question.

03:27 Mais là, est-ce qu'il y a des endroits, en ce moment, dans le monde

03:30 qui sont considérés comme des points chauds,

03:32 où il y a des espions, des tas de gens qui font du renseignement,

03:35 parce qu'il y a un état de guerre dans le pays,

03:37 ou alors où ça ne va pas tarder, la guerre ?

03:39 - C'est surtout ça.

03:40 Les points chauds d'aujourd'hui, évidemment, ils sont évidents.

03:43 C'est ceux qui font la une de l'actualité.

03:45 Mais l'intérêt d'un service de renseignement,

03:47 c'est d'avoir un temps d'avance,

03:48 c'est-à-dire d'avoir déjà des yeux et des oreilles

03:51 dans les points chauds du futur.

03:53 Par exemple, l'océan Indien, qui aujourd'hui est relativement tranquille,

03:57 mais où il y a des clivages, il y a des enjeux, il y a des rivalités.

04:00 Bon, un bon service de renseignement est présent à travers le globe

04:05 et est capable d'envoyer des notices, d'envoyer des rapports

04:08 pour dire "attention, là, ça va craquer, là, il va y avoir un putsch,

04:11 là, il va y avoir une guerre".

04:12 - Il y a des endroits, ça m'avait frappé aussi, à Djibouti,

04:15 il y a un monde fou là-bas, c'est le bar des espions, quoi.

04:18 - Il y a même un hôtel qui est connu pour être le carrefour

04:23 des espions du monde entier.

04:24 Il faut dire que Djibouti, c'est la porte vers la mer Rouge et la Méditerranée.

04:28 Vous avez vu que c'est un petit peu agité, cette ancienne mer Rouge.

04:32 Le petit état djiboutien comporte par ailleurs une base navale française,

04:35 historique, une base navale américaine et la première base navale extérieure chinoise.

04:41 C'est-à-dire que les Chinois ont implanté une véritable enclave militaire.

04:44 - Je vous dis, il y a un monde fou.

04:46 Le soir, au bar, ils se connaissent, en plus.

04:48 Le renseignement ou l'espionnage, donc, au quotidien,

04:51 alors c'est très différent, effectivement, de ce qu'on voit dans les films ou les séries.

04:56 - Complètement.

04:56 Et c'est pour ça que c'est compliqué, parce qu'on imagine souvent

05:00 l'agence secret un peu aventurier, effectivement.

05:02 À la James Bond, il y a un ancien patron du Mossad, Issa Harrell,

05:05 qui a laissé un joli petit texte où il explique pourquoi jamais

05:08 il n'aurait recruté ni gardé un espion du genre James Bond.

05:12 Parce que les gens qui se font remarquer, qui donnent leur nom,

05:14 qui roulent des mécaniques, qui font savoir qu'ils travaillent pour les services secrets,

05:18 évidemment, n'ont pas du tout leur place dans un service sérieux.

05:21 - Il faut qu'il soit transparent.

05:22 - Totalement.

05:22 - Et non pas qu'il arrive en disant "My name is Bond, James Bond".

05:25 - Wow.

05:26 - Hop là.

05:28 Est-ce que la France est espionnée ?

05:30 Est-ce que la France espionne ?

05:31 - Je suppose que oui.

05:33 Comment est-ce qu'on peut déjouer les envies de renseignement

05:36 d'autres pays sur notre territoire ?

05:38 - D'abord, tous les pays sont espionnés et eux-mêmes font du renseignement.

05:42 C'est toujours les autres qui espionnent.

05:43 Vous, vous faites du renseignement.

05:45 Et donc, pour se prémunir de la curiosité des autres,

05:49 eh bien on fait du contre-espionnage.

05:51 C'est-à-dire qu'il y a des services, en France par exemple, la DGSI,

05:55 c'est le renseignement intérieur, mais qui fait aussi du contre-espionnage.

05:58 Et puis il y a un service moins connu qui fait partie du ministère des Armées,

06:01 qui est la DRSD, qui s'occupe de la contre-ingérence des forces.

06:04 C'est-à-dire tout ce qui peut venir s'immiscer dans les secrets militaires,

06:09 aussi bien les unités que les officiers,

06:11 que les sites de production d'industrie militaire.

06:14 - Deux choses pour terminer.

06:15 Il faut que tout le monde sache ça.

06:17 C'est que dans toutes les ambassades,

06:18 il y a un ou plusieurs officiers de renseignement.

06:22 Ils ont le statut de diplomates,

06:24 mais ils sont surtout chargés de s'informer sur le pays dans lequel ils vivent,

06:28 là où ils sont affectés. On est d'accord ?

06:31 - Ils sont agents techniques en général ?

06:32 - Alors ça dépend.

06:33 Déjà, ils ont un statut diplomatique.

06:35 Ça veut dire que ça limite le risque par rapport à quelqu'un

06:37 qui serait complètement illégal et qui pourrait disparaître

06:40 du jour au lendemain s'il était repéré.

06:41 Ensuite, dans toute ambassade,

06:44 vous avez généralement un attaché de défense,

06:48 qui est, si j'ose dire, l'espion officiel,

06:51 l'interlocuteur des services de renseignement du pays

06:54 dans lequel il se trouve et des armées.

06:56 Et puis après, vous avez des fois des attachés culturels,

06:59 bizarrement barraqués, qu'on n'attend pas forcément là.

07:02 - Avec une veste, et des fois, c'est un peu épais.

07:05 Allez savoir pourquoi.

07:06 - Et alors ceux-là, effectivement,

07:07 ils vont avoir pour rôle d'observer, etc.

07:10 Et puis éventuellement, de nouer des relations avec toutes sortes de gens

07:13 qui vont constituer un réseau invisible et un réseau très précieux.

07:16 - Alors si vous voulez savoir ce que c'est que le sexe pionnage,

07:21 vous avez une idée ?

07:22 - J'ai une petite idée.

07:23 - Là, c'est James Bond pour le coup.

07:25 - Ah ben un peu, oui.

07:26 Alors vous lisez ça dans cette adlasse.

07:30 Merci Bruno Follini.

07:31 Ça s'appelle l'adlasse secret du renseignement

07:34 et c'est publié chez Grund.

07:37 Bon, merci.

07:38 À bientôt.

07:39 On passe maintenant...

07:39 [Musique]

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