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Philippe Lienard, auteur du livre Islam et Islamisme, affirme qu'il y a une fatwa contre lui
Transcription
00:00 J'ai été avocat toute ma vie puis magistrat suppléant, je suis éditeur maintenant depuis 2019
00:06 et j'ai écrit en quelques années 23 livres dont un des derniers qui est ce livre que vous connaissez
00:12 sur l'islam et l'islamisme qui raconte l'histoire de l'islam et qui explique quelles sont ses dérives islamistes.
00:19 Et ce livre vous vaut quelques menaces visiblement ?
00:23 Ce livre me vaut trois types de soucis.
00:25 Le premier souci c'est de voir des portes qui se ferment pour des conférences publiques que je pourrais faire,
00:30 heureusement pas partout mais tout de même.
00:32 Ce livre me vaut d'avoir fait l'objet d'une condamnation par le conseil de jurisprudence islamique en Belgique
00:39 avant même qu'il ne sorte, c'est-à-dire avant que qui que ce soit n'ait lu une seule ligne de ce livre-là
00:45 puisque l'invitation c'est de m'arracher la langue, c'est d'une sympathie extrêmement moyenne.
00:50 Ça peut être pris à double sens aussi vous me direz.
00:52 Et puis le troisième souci c'est que les forces de police m'invitent à la vigilance
00:58 et me protègent quand il le faut lors de conférences ou de déplacements
01:02 sans pour autant que j'ai une protection permanente mais m'invitent à la vigilance.
01:08 Donc je suis prudent ce qui me permet d'ailleurs d'avoir le plaisir de porter un masque Covid non pas avec vous
01:14 mais quand je me promène à Bruxelles par exemple.
01:16 Je cite Bruxelles c'est pas plus pas moins que d'autres endroits
01:19 mais bon voilà c'est un des endroits où il faut que je sois prudent
01:22 puisque j'ai été agressé comme vous le savez.
01:25 Vous dites que vous faites l'objet d'une fatwa.
01:27 Oui alors une fatwa c'est une décision de jurisprudence islamique.
01:31 Je ne vais pas vous expliquer le droit islamique mais j'en serais bien incapable d'ailleurs
01:36 parce que le droit islamique c'est la kariyat c'est-à-dire c'est un mélange de règles issues de partout
01:42 de hadiths qui disent tout et leur contraire.
01:45 C'est ce qui fait d'ailleurs le lit de l'islamisme aussi qui peut y trouver des motifs d'agir comme ceci ou comme cela
01:52 et ce qui fait aussi le lit des musulmans, il y en a beaucoup,
01:56 qui sont sympathiques et qui veulent pratiquer leur religion tranquillement.
01:59 Mais une fatwa c'est une décision qui peut toucher n'importe quel secteur de la vie
02:04 quand je dis de la vie, de la vie civile, de la vie commerciale, de la vie familiale ou de la vie tout court.
02:11 Donc une fatwa peut être une coordonnation.
02:13 Comment le savez-vous que vous faites l'objet d'une fatwa ?
02:15 Parce que des amis musulmans mieux informés que moi m'en ont indiqué l'existence,
02:22 sans quoi je ne l'aurais pas su puisqu'elles ne sont pas publiées les fatwas.
02:25 Certaines on peut peut-être les trouver dans des registres,
02:30 quand ce sont des fatwas nationales, quand ce sont des fatwas plus ou moins locales
02:35 et en Belgique il y a trois instances de décision de cette nature dans l'islamisme.
02:40 La police en connaît une, elle est à Bruxelles, les deux autres on les connaît moins.
02:44 Donc elles doivent être validées les fatwas par l'Iran, c'est souvent eux qui valident.
02:51 Elles ne le sont pas toujours, donc on n'a pas un accès au texte,
02:56 mais ceux qui y ont eu accès me l'ont dit.
03:00 Et j'aimerais avoir le texte d'ailleurs, si je l'avais je vous le montrerais, ce serait sympathique.
03:05 Selon vous la police de Bruxelles XL ne peut plus assurer votre sécurité,
03:09 donc vous empêche d'une certaine manière de faire des conférences publiques.
03:12 J'ai beaucoup de chance que la police de Bruxelles XL, depuis des années,
03:16 pour d'autres livres que j'ai pu écrire, assure ma protection quand il le faut,
03:22 ici en particulier d'ailleurs, mais ils sont un petit peu débordés.
03:28 Depuis les événements du 7 octobre 2023, il y a un clivage,
03:33 il y a une tension et un climat à Bruxelles qui font que c'est compliqué pour eux,
03:38 me disent-ils, d'assurer ma protection si je fais une conférence publique où je parle d'islamisme.
03:45 Il manque 300 personnes pour que l'effectif de police Bruxelles XL soit complet,
03:50 ça explique qu'ils ne peuvent pas tout faire.
03:53 J'ai fait une conférence de presse néanmoins, le 12 septembre, au Press International Center,
03:58 qui fait partie des locaux de l'Union Européenne, la police était là,
04:02 à assurer ma protection et ça n'a posé aucun problème.
04:06 Aujourd'hui, la vigilance est de mise, des conférences sont prévues en privé,
04:11 dans des associations, dans des clubs et une conférence publique prochainement,
04:16 mais à Bruxelles, ce n'est pas le moment.
04:20 À la Louvière par contre, la police a accepté, le bourgmaistre et la police acceptent d'assurer la protection.
04:25 Je vois que vous avez des informations.
04:28 Et vous avez déjà eu des problèmes aussi à propos d'un autre livre où vous avez aussi été menacé,
04:32 c'est un livre sur l'Opus Dei à ce moment-là.
04:34 Oui, là on est dans un autre cadre, ça date d'il n'y a pas tout à fait dix ans,
04:39 je crois que c'est en 2017, quelque chose comme ça,
04:42 où j'ai, lors de la première conférence que j'ai pu faire à Bruxelles,
04:47 été protégé d'ailleurs d'une manière extraordinairement pointue par la police de Bruxelles,
04:54 puisque la rue dans laquelle j'ai fait cette conférence a été barricadée,
04:58 il y avait les chars de la police locale, c'était assez surréaliste d'ailleurs,
05:03 et l'organisateur de cette interview, conférence de presse, pourra vous en dire plus que moi,
05:10 puisqu'il était présent, et la police de Bruxelles pourra vous confirmer effectivement,
05:15 cette protection hyper rapprochée, qui était dirigée à l'égard des conservateurs catholiques
05:23 qui agissent d'une manière autonome.
05:26 Il ne s'agit pas d'une menace de l'Opus Dei en soi, l'Opus Dei ne menace personne,
05:31 mais il y a toujours des frappes à dingue dans tous les secteurs de pensée,
05:35 donc voilà, la police a estimé à cette époque qu'il fallait me protéger,
05:39 donc la conférence a eu lieu, a été filmée, a fait l'objet d'une émission qui se trouve d'ailleurs sur Youtube.
05:45 Pour votre livre "Islam et Islamisme", vous avez fait l'objet d'une poursuite sur l'autoroute,
05:50 racontez-moi ce qui s'est passé.
05:52 Oui, ça c'est il n'y a pas très longtemps, mais je quittais une conférence que je venais de donner,
06:00 je partais donc d'Aux-Charleroi, retour direction Bruxelles,
06:05 et sur l'autoroute j'ai été encadré par deux véhicules,
06:09 l'un qui me suivait, l'autre qui était à côté de moi,
06:12 avec dedans des gens de toute évidence d'origine maghrébine,
06:18 et peu importe qu'ils aient l'air maghrébins ou pas, ce n'est pas le sujet, ce n'est pas le problème,
06:23 mais enfin quand on ouvre une vitre et qu'on vous fait des signes d'égorgement
06:28 et qu'on vous colle au pare-choc et qu'on vous serre sur le côté gauche,
06:33 vous n'êtes pas tout à fait à l'aise.
06:35 Donc voilà, je suis sorti de l'autoroute dès que j'ai pu,
06:38 et puis entrant dans une petite ville qui était sur ma route,
06:42 j'ai pu facilement semer les véhicules en question,
06:45 mais ça n'est pas très drôle quand à 23h30 vous sortez d'une réunion,
06:50 qu'on vous attend sur un parking avec votre photo,
06:52 et qu'on vous demande qui vous êtes, alors qu'on le sait puisqu'on a votre photo,
06:55 et que vous vous dépêchez d'entrer dans votre véhicule parce que vous n'êtes pas à l'aise.
06:59 Je ne suis pas armé, je n'ai pas d'armes, je n'ai pas de couteau, ce n'est pas mon genre.
07:03 Donc la seule chose...
07:04 - Et vous avez porté plainte à la police ?
07:06 - Non, je n'ai pas déposé plainte, ça ne sert à rien de déposer plainte contre X dans des cas comme ça.
07:11 La police auprès de qui je me suis ouvert de la problématique le soir même m'a dit
07:16 "Mais est-ce que vous avez noté le numéro de plaque ? Est-ce que vous savez qui c'est ?"
07:19 Non, je n'ai pas dans les circonstances pu noter le numéro de plaque, évidemment,
07:24 et je ne connais pas, je ne peux pas vous décrire...
07:26 - Mais vous avez quand même alerté la police ?
07:28 - Oui, bien sûr, évidemment, évidemment.
07:31 Je ne vais pas tout de même, innocemment, faire comme s'il ne s'était rien passé.
07:34 De là à déposer plainte, ça ne sert à rien.
07:37 Dès lors que je manifeste, comme ça vous le saurez, dès lors que je manifeste qu'il m'arrive quelque chose,
07:42 l'OCAM en est informé, la police fédérale en est informée, pas besoin d'une plainte.
07:47 - Donc oui, vous les informez.
07:49 - Oui, voilà. Plainte veut dire poursuite, poursuite contre personne, il n'y en aura jamais.
07:53 Par contre, les informer, oui, parce que ça nourrit mon dossier, si j'ose dire,
07:57 ça leur permet tout simplement, et c'est normal, d'apprécier le niveau de menace.
08:01 À un moment, quand j'ai fait ma conférence de presse, pour l'OCAM, c'était un niveau 3 sur 5 la menace.
08:07 C'est-à-dire, c'est beaucoup.
08:09 J'ai fait cette conférence en compagnie du grand rabbin de Belgique, Tariq Awil,
08:14 et du président de la conférence des Imams de France, Hassan Chalgoumi.
08:20 Voilà, il y a une belle photo de nous trois, d'ailleurs, où je leur donne la main
08:23 pour montrer que mon propos, il est pacifique, il n'est pas clivant.
08:27 Bon, ben là, la police était sur les dents, et j'ai été bien protégé,
08:32 donc ça ne me pose pas de soucis, mais je les informe.

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