Menace terroriste : «Les grands réseaux sont en train de reconstituer leurs forces», estime Cyrille Bret

  • il y a 8 mois
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Cyrille Bret, maître de conférences à Sciences Po Paris et auteur de "Dix attentats qui ont changé le monde", répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur la menace terroriste qui serait "extrêmement élevée" selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
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00:00 - Sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le chercheur et enseignant spécialiste du terrorisme Cyril Bray.
00:06 - Bonjour Cyril Bray. - Bonjour.
00:08 - Bienvenue sur Europe 1. Alors à quel niveau se situe actuellement la menace terroriste en France ?
00:13 Extrêmement élevée, voilà ce qu'a dit Gérald Darmanin mardi lors de l'installation de la nouvelle patronne de la DGSI, Céline Berton.
00:20 Est-ce que l'on peut préciser, Cyril Bray, de quelle menace terroriste l'on parle ?
00:25 - Oui, nous n'en avons pas fini avec le terrorisme en général et tout particulièrement avec la menace djihadiste en particulier.
00:32 On l'a vu le 13 octobre à Arras avec l'assassinat de Dominique Bernard, l'enseignant du lycée Gambetta.
00:39 Puis on l'a vu également à Paris sur le pont Birakem le 2 décembre avec la mort d'un touriste et deux blessés.
00:45 Ça, c'est vraiment la principale menace actuelle. C'est le djihadisme, ces grands réseaux qu'on a connus en 2015.
00:53 Donc Al-Qaïda et l'État islamique et puis les émules qui le font isoler des chaînes de commandement
01:01 mais très directement inspirées par la radicalisation sur les réseaux sociaux.
01:06 - Oui, alors il y a effectivement, Gérald Darmanin a dressé la typologie aujourd'hui de cette menace terroriste djihadiste qui est en fait double.
01:14 Il a dit d'un côté il y a la menace endogène, il a appelé ça le terrorisme ubérisé.
01:18 Et vous avez fait mention effectivement, l'attentat du pont Birakem, Dominique Bernard.
01:22 Et puis il y a aussi le retour d'une menace exportée, projetée depuis des zones de djihad en crise.
01:29 Est-ce qu'il faut aujourd'hui craindre à nouveau des opérations d'infiltration comme on avait pu en connaître en 2015,
01:36 les opérations du 13 novembre ou du 7 janvier, Charlie Hebdo, des terroristes qui avaient été pilotés depuis le bout du monde ?
01:43 - Oui, tout à fait. Les grandes chaînes de commandement des réseaux islamistes sont en train de se reconstituer.
01:49 Tout particulièrement dans une zone où la France a beaucoup d'intérêts, beaucoup de ressortissants et très actives, le Sahel.
01:55 2023 a été une année record dans le Sahel, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, pour les attentats perpétrés par Al-Qaïda au Maghreb islamique
02:04 et par l'État islamique dans le Grand Sahara.
02:09 Pour le moment, les menaces terroristes de ces grands réseaux se concentrent sur les attaques dans cette zone du Sahel.
02:17 Mais évidemment, la menace terroriste va croître à mesure que les Jeux olympiques vont s'approcher en France.
02:25 Il sera tout à fait tentant pour ces réseaux d'essayer de revenir sous forme d'infiltration ou sous des formes détournées.
02:32 - Est-ce qu'on en a la preuve, Cyril Bré ?
02:34 - Est-ce qu'on en a la preuve aujourd'hui ? Est-ce qu'on sait si des opérations sont en train de se monter ?
02:40 Que ce soit, vous citez le Sahel, mais aussi d'Afghanistan, le sanctuaire des talibans, ou éventuellement le Levant également, le Yémen,
02:49 où l'on voit une activité importante des mouvements outillés. Est-ce qu'on sait aujourd'hui s'il y a des opérations qui sont en préparation de ces zones-là ?
02:57 - Alors si on le savait, les attentats seraient déjà déjoués. Ce qui est certain, c'est qu'on a un ensemble de facteurs objectifs
03:03 qui nous montrent que ces grands réseaux, en provenance du Moyen-Orient et du Sahel, sont en train de reconstituer leur force, leur force financière, leur force en matière de combattants.
03:13 Et la France est une cible toute désignée. Elle est très visible sur la scène internationale et elle va être très visible par l'organisation de cette grande compétition internationale.
03:22 De plus, évidemment, les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques, c'est l'occasion de mouvements de citoyens du monde entier sur le territoire national, donc ça accroît encore les risques.
03:33 - Gérald Darmanin a aussi livré ce chiffre inquiétant mardi. Il a expliqué que sur les 11 derniers individus interpellés dans des dossiers djihadistes,
03:43 un seul était connu de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure, la DGSI, 1 sur 11. Ça fait vraiment pas beaucoup.
03:50 - Écoutez, je pense que plutôt qu'une supposée incompétence des services de renseignement, c'est plutôt la nature même du terrorisme et de la radicalisation actuelle...
04:01 - Non, je ne supposais pas du tout l'incompétence, mais... - Non, non, mais bien sûr. Mais ça fait partie par définition du terrorisme d'essayer de prendre de court,
04:09 de prendre par surprise les services de sécurité. En plus, la France est un État de droit, pas un État policier, ce qui fait que la surveillance est nécessairement
04:18 ciblée et n'est pas universelle. Et enfin, c'est la tactique adoptée actuellement par les grandes centrales djihadistes de n'avoir que des liens très distendus
04:29 avec les personnes qu'elles démarchent pour avoir des prosélytes qui passent inaperçus et qui peuvent passer à l'action. On l'a vu également dans le profil,
04:37 dans la jeunesse, par exemple, de l'assassin de Dominique Bernard. Quand vous avez des terroristes qui sont très jeunes, il y a de très grandes chances
04:46 qu'ils n'aient pas de passé criminel de droit commun et qu'ils aient moins de visibilité auprès des services de renseignement et de lutte contre le terrorisme.
04:54 - Est-ce qu'il faut s'inquiéter également de tous ceux djihadistes qui ont été condamnés il y a quelques années et qui vont ou sont déjà sortis de prison ?
05:03 Il se trouve que 70 détenus écroués pour crimes terroristes vont être libérés dans les deux prochaines années.
05:09 - Oui, parce que nous sommes presque 10 ans maintenant après 2015, ce qui fait que les condamnés, une grande partie des condamnés de cette époque,
05:18 commencent à sortir de prison. Ce risque est bien identifié. Pas de panique pour autant. Comme il s'agit d'anciens détenus, d'anciens condamnés,
05:28 les services de sécurité, le ministère de l'Intérieur et ses différentes branches les connaissent, les suivent. On met en place des procédures de suivi,
05:37 de surveillance physique, de surveillance informatique, des procédures également de présentation au commissariat de police et aux brigades de gendarmerie,
05:45 de sorte que le contrôle sur cette population-là n'est pas inexistant.
05:51 - Le tueur du pont de Bir Hakeim, et d'ailleurs Gérald Darmanin l'avait expliqué, ce Armand Rajapour Myandohab, lui il était sorti de prison,
05:58 on savait qu'il avait des troubles mentaux assez lourds et il n'était pas suivi. Il n'était pas suivi.
06:04 Donc il y a-t-il des trous dans la raquette ? C'est la question qui se pose les Français, je pense.
06:08 - Il y a nécessairement des trous dans la raquette dans la mesure où la lutte contre le terrorisme, c'est une lutte contre une menace qui essaye de se faire passer inaperçue.
06:16 De plus, les ressources de ces services de renseignement et de sécurité ne sont pas illimitées, il faut les prioriser.
06:23 Et on n'est jamais à l'abri, effectivement, d'une erreur d'évaluation du risque.
06:28 - Merci à vous Cyril Braid, vos lumières. Je rappelle que vous êtes enseignant à Sciences Po Paris, votre dernier ouvrage "10 attentats qui ont changé le monde"
06:36 s'est publié chez Armand Colin et ça sort en poche d'ailleurs ces jours-ci. Merci d'être venu ce matin sur Europe.

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