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  • 29/12/2023
Estelle reçoit le météorologue Gaël Musquet, spécialiste de la prévention des catastrophes naturelles. Après les récentes tempêtes à quoi faut il s'attendre en France ? 

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Transcription
00:00 - Oui, Galil Musquet, bonjour. Merci d'être avec nous ce matin.
00:03 Vous êtes spécialiste de la prévention des catastrophes naturelles.
00:06 La tempête guérite vient donc de quitter le Royaume-Uni.
00:10 On a frôlé la catastrophe hier avec un avion, avant-hier,
00:13 avec un avion qui a failli s'écraser à l'aéroport de Londres.
00:18 À quoi faut-il s'attendre dans les mois qui viennent ?
00:21 - Alors sur les prévisions, en tout cas en France, de Météo France,
00:24 on a de plus en plus de certitudes là sur les trois prochains mois.
00:29 - Jusqu'en mars ?
00:30 - Voilà, donc jusqu'en janvier, février, mars,
00:32 que l'hiver sera malheureusement plus doux, donc plus chaud évidemment,
00:39 malheureusement que les moyennes de saison qu'on a l'habitude d'avoir.
00:43 Pour les précipitations aussi, on devrait avoir un hiver aussi,
00:48 dans la suite, un peu plus humide que ce qu'on a connu.
00:52 Donc c'est un peu moins certain pour les précipitations que pour les températures.
00:56 Mais on a besoin de ce type de dépression justement
00:59 parce qu'on a eu malheureusement des sécheresses
01:01 qui se sont succédées ces dernières années.
01:02 - Et hier, une avalanche s'est produite à Saint-Gervais.
01:05 Cette douceur, elle est totalement exceptionnelle pour un mois de décembre ?
01:08 - Alors on a un mois de décembre très chaud.
01:11 On a connu une année qui bat tous les records en 2023.
01:16 Pour la France, c'est l'été, quatrième été le plus chaud.
01:20 Ça a été marquant parce qu'on a eu des canicules,
01:23 ces températures un peu élevées.
01:25 Mais ça n'est pas bon non plus l'hiver.
01:27 Il faut qu'il fasse froid pour la végétation, pour nos agriculteurs,
01:30 pour des insectes aussi qui doivent mourir l'hiver
01:33 pour éviter malheureusement d'impacter nos forêts.
01:35 - Gaël, ça veut dire qu'on doit mettre un trait sur la neige à Noël.
01:39 Certaines villes comme Besançon par exemple
01:41 n'ont pas vu une goutte de neige depuis 2010.
01:44 C'est fini la neige à Noël ou pas ?
01:46 - Alors ça va tendre malheureusement vers...
01:50 On va avoir des hivers malheureusement plus chauds
01:53 et donc avec moins de neige.
01:54 On a eu malheureusement cette année des jours,
01:58 plus de 30 jours sans précipitation.
02:00 Et l'inverse, 30 jours avec des pluies au mois de novembre.
02:04 Donc effectivement, on va devoir changer nos comportements, nos habitudes.
02:08 Nos infrastructures vont devoir s'adapter malheureusement à ces changements,
02:13 à la fois en précipitation, en température
02:15 et en apport de neige aussi malheureusement.
02:17 - Alors Gaël, avant de revenir aux solutions,
02:19 l'année 2023 a été marquée par des épisodes très nombreux,
02:24 violents climatiques avec en tête la tempête Kiran.
02:28 Quel est le bilan de cette année particulièrement hors norme ?
02:31 On peut dire ça ?
02:32 - J'ai, en préparant l'émission,
02:33 j'avais l'impression de parler un peu des sept plaies d'Egypte.
02:36 On a eu des canicules, des inondations, des feux,
02:40 moins qu'en 2022 heureusement.
02:41 Et on le doit aussi à la prévention et aussi aux moyens
02:44 qui ont été mis par nos forces de sécurité civile,
02:49 mais aussi nos pompiers, la population aussi
02:51 qui prend conscience des dangers.
02:53 La prévention, c'est malheureusement souvent le parent pauvre de la gestion de crise,
02:58 mais on se rend compte aujourd'hui
03:00 que ces mécanismes de prévention sont importants.
03:02 On a eu dans des zones qu'on n'avait pas l'habitude de voir s'enflammer,
03:06 Hawaï, la Guyane française, où on a des feux de broussailles aujourd'hui
03:11 qui sur Hawaï ont fait plusieurs dizaines de morts.
03:13 En Guyane, on a des arrêtés de feux de broussailles qui ont été pris cet automne.
03:18 Donc on se rend compte effectivement qu'on a eu une année un peu particulière
03:21 avec El Niño qui a ramené aussi ces sécheresses,
03:25 ces précipitations qui ont été très très très faibles sur Amérique latine.
03:29 Des rails de dépression qu'on a eus avec Iran, avec Domingos
03:32 qui ont fortement impacté.
03:33 - Qui se sont enchaînés.
03:33 - Qui se sont enchaînés tout à fait.
03:35 À la fois des vents violents, mais aussi des précipitations extrêmement importantes.
03:39 Mais avant ça, souvenez-vous, au mois de mai, au mois d'avril, au mois de juin,
03:43 l'inquiétude du BRGM par exemple,
03:46 c'était qu'on ait une saison estivale très sèche avec des sécheresses
03:49 qui se sont étalées sur plusieurs mois, voire plusieurs années dans certains territoires.
03:54 - Alors vient de s'achever la COP28, ça sert encore à quelque chose,
03:57 ces grands sommets mondiaux avec des politiques qui changent,
04:01 des chefs d'État, des chefs de gouvernement qui changent régulièrement
04:04 et ce sont eux qui prennent les décisions justement dans ce type de sommet.
04:09 - Chaque réunion est importante.
04:11 C'est toujours important que l'humanité se réunisse pour parler de ces sujets
04:14 d'intérêt général et commun.
04:16 On a des sommets qui ont permis à l'humanité de s'organiser,
04:19 la CMR23 aussi à Dubaï, par exemple la gestion du spectre radio
04:23 avec des intérêts économiques très puissants.
04:25 On a des conflits en cours, des enjeux aussi pour les télécommunications.
04:29 L'humanité arrive à s'entendre sur certains sujets,
04:32 sur la rareté de certaines ressources.
04:34 Il n'y a pas de raison que sur le climat on n'y arrive pas.
04:36 Moi, je suis plutôt friand d'autres accords comme le cadre d'action de Sendai 2015-2030
04:42 pour la prévention et l'adaptation face au réchauffement climatique
04:44 et aux catastrophes naturelles en général.
04:46 - Vous disiez, l'humanité est capable de s'organiser, de s'adapter.
04:49 Ça veut dire que ça se fait aussi et surtout à l'échelle locale
04:53 et pas seulement à l'échelle mondiale ?
04:55 - Tout à fait. Il faut qu'au niveau local, on connaît le GIEC,
04:59 l'Union internationale, on a des déclinaisons dans les régions, les Grecs,
05:02 qui sont en fait des groupes de scientifiques
05:05 qui travaillent seulement sur l'impact du réchauffement climatique sur les régions.
05:10 On a des documents, les DDRM, les documents départementaux des risques majeurs,
05:14 les PFMS, les plans familiaux de mise en sûreté.
05:17 Notre pays est un pays riche qui a beaucoup documenté les catastrophes
05:20 qui ont jalonné les territoires,
05:21 qui permet aux citoyens, aux collectivités de s'organiser aujourd'hui.
05:24 - On en est où justement de la gestion du risque proprement en France ?
05:29 - On a la chance cette année d'avoir une grande montée en puissance des systèmes d'alerte,
05:34 ce qui a permis de sauver des vies, il faut le dire.
05:36 FR Alert, le dispositif d'alerte par téléphone immobile.
05:39 On a des moyens informatiques, radios et des moyens aussi spatiaux
05:43 qui nous permettent d'anticiper beaucoup de catastrophes,
05:46 mais les catastrophes climatiques ne sont pas les seuls désastres
05:49 auxquels l'humanité doit s'adapter.
05:51 On a aussi des catastrophes géologiques, Marrakech, la Turquie,
05:55 la Chine aussi récemment, qui ont été victimes de séisme.
05:58 On a potentiellement des tsunamis sur toutes les zones, tous les bassins maritimes.
06:01 Donc on doit aussi, compte tenu de ces catastrophes géologiques,
06:04 l'Islande avec son volcan, être encore plus rigoureux sur le réchauffement climatique
06:08 et les catastrophes anticipées, qu'on peut anticiper.
06:10 Cette gestion du risque justement, elle n'est pas la même partout dans le monde.
06:14 Tout à fait, on a 30% de la population mondiale
06:17 qui n'a pas accès aujourd'hui à des systèmes d'alerte précoces.
06:20 Très important que les pays riches puissent,
06:22 et ça fait partie aussi des négociations des COP,
06:25 que les pays pauvres puissent aussi disposer des transferts technologiques,
06:28 la production d'énergie, l'atténuation des émissions de gaz à effet de serre,
06:31 mais aussi la protection des populations.
06:33 Le mot de la fin pour vous, puisque vous êtes plutôt un optimiste.
06:37 L'année 2023, sur le plan climatique, c'est quoi le risque ?
06:42 C'est de s'habituer ?
06:43 Ou il faut rester vigilant ?
06:45 Dans l'histoire de l'humanité, l'humanité s'est adaptée.
06:47 Il faut que ces enfants puissent aussi avoir des formations
06:49 qui leur permettent d'avoir des métiers qui permettent de s'adapter à ces changements.
06:52 Merci beaucoup Gaël Musquet d'avoir été avec nous ce matin.
06:56 Merci.

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