00:00 Ici, c'est le 6/9 France Bloc, c'est Tannay.
00:03 Soyez les bienvenus, nous sommes le mardi 12 décembre 2023.
00:06 Il est 8h15, les travailleurs sociaux sont en grève aujourd'hui en Haute-Garonne.
00:10 Ils dénoncent des conditions de travail qui se dégradent dans la protection de l'enfance,
00:14 un manque de moyens et d'effectifs.
00:15 Aussi pour en parler ce matin, la représentante du syndicat Sud au Conseil départemental
00:20 est votre invitée, Léa Dubost.
00:21 Bonjour Marina Allerguen-Muller.
00:23 Bonjour.
00:23 Merci d'être avec nous ce matin.
00:25 Les travailleurs sociaux dénoncent donc un manque de moyens pour la protection de l'enfance.
00:29 C'est quoi la situation chez nous ?
00:30 La situation, c'est un manque d'anticipation depuis des années sur l'augmentation de
00:35 la population en Haute-Garonne et à Toulouse, mais sur le département puisque nos missions
00:40 sont exercées sur l'ensemble du département.
00:42 Donc un nombre de places manquantes pour accueillir les enfants placés, du personnel pas assez
00:47 en nombre.
00:48 Et voilà, il y a un manque d'anticipation qui met les travailleurs sociaux dans une
00:53 difficulté terrible aujourd'hui.
00:55 Les conséquences, c'est justement ces enfants qui en pâtissent ?
00:58 Les conséquences, c'est des mesures de placement décidées par le juge qui ne sont pas exercées
01:03 avec des enfants qui restent à domicile alors qu'ils ont besoin d'être protégés.
01:07 C'est des mesures d'aide à domicile, c'est-à-dire qu'on va apporter un soutien éducatif dans
01:11 les familles pour éviter justement des placements qui ne sont pas exercés.
01:15 C'est aussi des évaluations enfants sans danger qui ne sont pas faites dans les temps
01:19 avec des listes d'attente faute de moyens.
01:21 Est-ce que vous arrivez quand même à suivre tout le monde, à faire votre travail comme
01:25 vous devriez le faire si on peut dire ?
01:27 Non, nos collègues sont vraiment en difficulté.
01:29 C'est une vraie souffrance pour eux parce qu'il faut savoir que l'ensemble des travailleurs
01:32 sociaux a à cœur d'exercer sa mission correctement.
01:35 La protection de l'enfance notamment, même si le reste de l'action sociale est aussi
01:39 impacté, mais la protection de l'enfance, c'est un dossier sensible et les collègues
01:45 ont à cœur de bien le faire et là ils n'ont pas les moyens de le faire.
01:47 Ça fait des années que la protection de l'enfance dit manquer de moyens.
01:51 Qu'est-ce qui a changé dernièrement ?
01:53 Il y a une prise de conscience, il y a une prise de conscience là en tout cas de notre
01:58 collectivité en Haute-Garonne.
01:59 Maintenant il faut voir les moyens qu'ils vont mettre.
02:02 Ils vont engager en effet une nouvelle réorganisation.
02:06 Il y en a une en 2019 qui a mis beaucoup de difficultés en plus avec des territoires d'intervention
02:12 qui sont très très grands et des équipes pas assez dotées en personnel.
02:15 Maintenant on attend de voir mais là les collègues ont voulu marquer le coup en disant
02:19 "attention nous là on ne peut plus exercer la mission, ce n'est pas possible".
02:23 Vous savez souvent dans la presse on dit "mais que font les services sociaux ? Que fait la
02:28 protection de l'enfance ?" Elle fait avec les moyens qu'elle a et elle n'en a pas assez.
02:32 Oui vous avez de nouveaux territoires à couvrir mais vous n'avez pas eu plus de moyens en
02:36 face pour le faire ?
02:37 Alors ce n'est pas des nouveaux territoires parce que la Haute-Garonne elle ne s'est
02:41 pas agrandie.
02:42 Par contre la population a augmenté et du coup il y a des besoins en plus nécessairement
02:48 qui sont apparus.
02:49 Ça se dégrade en tout cas de plus en plus, c'est ce que vous dénoncez aujourd'hui ?
02:52 Oui ça se dégrade aussi parce qu'il y a de plus en plus de précarité.
02:56 Il y a eu le Covid mais il n'y a pas que le Covid, il y a une précarité économique,
03:00 il y a une précarité médicale et donc il y a de plus en plus de demandes et il y a
03:04 de plus en plus d'endroits où les autres services publics ne sont plus là.
03:07 Donc on est le réceptacle de toutes les demandes sociales du territoire.
03:11 Est-ce que vous devez faire face aussi peut-être à des arrêts d'agents qui n'en peuvent
03:15 plus tout simplement de ces conditions de travail ?
03:17 Bien sûr, bien sûr.
03:18 Il y a un turnover, il y a beaucoup d'arrêts, il y a des accidents de service aussi parce
03:23 que les collègues s'épuisent.
03:24 Quand on ne vous donne pas les moyens pour travailler correctement, pour exercer une
03:28 mission aussi importante, vous vous épuisez.
03:30 Il y a des collègues qui font énormément de kilomètres, qui suivent beaucoup de situations
03:34 avec une très forte responsabilité.
03:36 Donc oui il y a de l'épuisement.
03:37 C'est quoi les moyens pour travailler correctement justement ? Qu'est-ce que vous réclamez
03:40 concrètement ?
03:41 On réclame des territoires d'intervention plus petits, notamment dans le périurbain
03:46 ou le rural.
03:48 On demande plus de personnel pour pouvoir exercer correctement la mission et on demande
03:53 des créations de places pour accueillir les enfants qui devraient être placés.
03:57 Pour ça il faut des moyens financiers ?
03:58 Oui, oui, oui.
03:59 Mais c'est un choix.
04:00 La protection de l'enfance est le cœur des missions du Conseil départemental.
04:04 Donc il faut faire des choix financiers et les mettre sur la protection de l'enfance
04:10 et le reste de l'action sociale, je tiens à dire, qui est aussi impactée aujourd'hui.
04:13 L'intersyndicale dénonce aussi une montée des violences envers les agents.
04:17 Un de vos collègues, un éducateur spécialisé a d'ailleurs été agressé à Muray.
04:21 C'était en juin dernier pendant une visite médiatisée.
04:24 Cette agressivité c'est quelque chose que vous ressentez de plus en plus également ?
04:28 L'agressivité c'est un peu le reflet de l'état de la société aujourd'hui.
04:33 Les gens ne vont pas bien, c'est une évidence.
04:36 Après nous on peut faire front et face dans une certaine mesure à partir du moment où
04:40 on a les moyens et notamment on demande des agents de prévention dans tous les sites
04:45 des Maisons des Solidarités puisqu'il y a des endroits où il n'y en a pas.
04:48 Et puis il y a aussi la violence qu'on peut susciter du fait de notre mauvaise organisation
04:53 ou du fait de faute de moyens.
04:55 Quand quelqu'un appelle ou va dans une Maison des Solidarités parce qu'il a un problème
04:59 urgent et qu'on lui donne un rendez-vous à trois semaines, un mois, un mois et demi,
05:04 ça peut susciter à minima un certain énervement voire du passage à l'acte.
05:08 C'est en tout cas quelque chose que vous ressentez de plus en plus sur le territoire.
05:12 Merci Marina Lerguen-Muller, représentante du syndicat Sud au Conseil départemental
05:16 de Haute-Garonne d'avoir répondu à nos questions ce matin.
05:18 Bonne journée.
05:19 Aurevoir.