L’importance des policiers municipaux est-elle sous-estimée ?

Sud Radio

07/12/2023

Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Françoise Degois, Sébastien Ménard et Cédric Michel, président du syndicat national des policiers municipaux.

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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2023-12-07##

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00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.

00:03 Avec cette information, des policiers municipaux se mettent en grève de PV.

00:07 D'autres envisagent de faire de la grève pour les JO.

00:09 Des mouvements de front dans les polices municipales.

00:12 Récemment, la première ministre évoquait l'idée de leur donner plus de prérogatives.

00:16 Mais eux veulent aussi une reconnaissance et de meilleures conditions de retraite.

00:20 Ils refusent, disent-ils, de servir de palliatif à moindre coût du désengagement de l'État.

00:26 On va en parler bien entendu avec cette question du jour.

00:29 Avec cette question du jour, l'importance des policiers municipaux est-elle sous-estimée ?

00:34 Et pour le moment, sur Twitter, vous dites oui à 80...

00:39 Attendez, à 80, il n'est pas épinglé.

00:42 Avec 80 et quelques pour cent, il était à 80 tout à l'heure.

00:45 Et pour en parler, Cédric Michel est avec nous, président du Sénéca national des policiers municipaux.

00:50 C'est le cas de défense des policiers municipaux.

00:52 On va faire le tour des vraies voix.

00:53 Philippe Bilger, est-ce que ce n'est pas finalement la nouvelle police de proximité, la police municipale ?

00:58 - Sûrement, en tout cas, en ce qui me concerne, j'ai tout retrouvé que la police municipale,

01:03 et pardon pour la banalité, est très utile à partir du moment où elle a un lien fort

01:09 et j'allais dire organiquement respectueux avec la police nationale.

01:15 Mais il me semble à deux conditions.

01:19 D'abord, il faut que la formation des polices municipales, où qu'elles agissent, soit parfaitement assurée.

01:26 On ne peut pas permettre à n'importe qui, et je sais que ce n'est pas le cas,

01:31 mais on pourrait améliorer la formation encore de la police municipale.

01:36 Deuxième élément, il est très important, moi je suis tout à fait partisan,

01:41 qu'on augmente les pouvoirs de la police municipale,

01:44 à condition que ce qui ne marche jamais en France soit pour une fois mis en œuvre de manière cohérente, le contrôle.

01:53 Si on donne des pouvoirs, il faut en contrôler l'exercice et l'application,

02:00 parce que parfois il peut y avoir des dérives, et donc c'est fondamental.

02:05 Mais sinon, vive la police municipale lorsqu'elle accomplit correctement son travail.

02:10 - Françoise de Gaulle.

02:11 - Mais souvent elle accomplit le travail très très bien, aussi bien que les policiers, j'ai envie de dire normaux.

02:17 Vous imaginez un peu comment c'est compliqué de parler des policiers municipaux en réalité ?

02:21 - Moi je vois, on parle pas des zones gendarmerie, c'est-à-dire des zones rurales,

02:25 mais sur les bords de mer, je vois bien, entre hier, un endroit que je fréquente beaucoup,

02:29 il n'y a que la police municipale sur ces petits, parce que le commissariat central il est loin,

02:34 et puis tous les bleds du bord de mer où il se passe quand même beaucoup de choses,

02:37 je vois toujours que c'est les policiers municipaux, je discute beaucoup avec eux,

02:41 et honnêtement, au-delà des stages, je vous rejoins dans tout ce que vous dites,

02:45 je pense que vraiment il y a un problème aussi d'argent.

02:47 Moi je ne cesse de le dire, la rémunération c'est aussi ce que dit l'état d'une profession.

02:54 Comment je vous considère ? Comment je considère les policiers ?

02:58 La pénitentiaire, comment je considère les policiers municipaux ?

03:01 - Surtout sur des métiers à risque.

03:02 - Exactement, un policier municipal, il peut prendre, regardez, vous vous souvenez de notre jeune policier municipal

03:08 qui a été vraiment assassiné en réalité, Carissa, et moi ça me brise le cœur,

03:14 Hamed le premier qui croise les frères Kouachis, c'est un policier municipal sur un vélo.

03:18 Donc moi je suis à fond pour augmentation de salaire.

03:21 - Sébastien Lillard.

03:22 - Moi je vais vous parler de mon expérience d'élu local à Biarritz.

03:25 Il n'y a pas de tranquillité publique à Biarritz sans la police municipale.

03:29 Il n'y a pas d'élucidation des faits de voie publique sans la police municipale.

03:34 Et pourtant nous, contrairement à ce que dit Françoise, on a du bol.

03:37 On a un commissariat, on a la police nationale,

03:40 on a l'été des effectifs renforcés avec des effectifs de CRS, etc.

03:44 Il n'en demeure pas moins que nous on a été obligés en trois ans d'augmenter de 15% les effectifs de policiers municipaux,

03:51 de mettre en place un centre de supervision, monsieur connaît ça par cœur, supervision urbaine avec des caméras.

03:56 On a armé la police municipale et on va encore augmenter de 30% les effectifs.

04:00 Voilà, et c'est pas que de la popole, j'ai envie de dire.

04:03 C'est pas parce que Maïdera Rostegui, maire de Biarritz, a décidé d'en faire son cheval de bataille,

04:07 mais c'est parce que c'est une demande de la population.

04:10 Mais au-delà de ça, c'est une réalité.

04:13 - Avant de lui donner la parole, est-ce que vous êtes tous d'accord pour armer la police municipale ?

04:17 - Évidemment ! - Ah moi je serais pour !

04:19 - Ouais, Françoise ? - Je sais pas, ça dépend, vraiment sous conditions.

04:22 - Évidemment, il faut vraiment des conditions. - Cédric, Michel, il y a un gros problème dans la police municipale

04:29 vu le nombre de grévistes en ce moment.

04:31 - Alors, il y a un gros problème. Bon, déjà en préambule, je voudrais, par rapport à ce que vous avez dit un petit peu tous,

04:36 redresser quelques petites erreurs.

04:38 Sur le plan de la formation, aujourd'hui, les policiers municipaux sont très bien formés.

04:41 Ils sont nommés stagiaires pendant un an, ils ont six mois d'école, ils sont très très bien formés.

04:46 Ils ont deux agréments. Un agrément par le préfet, un agrément par le procureur de la République,

04:50 ce qui garantit des conditions d'honorabilité maximales.

04:54 Il n'y a aujourd'hui plus de doute sur la formation des policiers municipaux

04:58 qui sont recrutés sur un concours qui est quand même très difficile.

05:03 Ensuite, effectivement, les policiers municipaux ont un rôle de proximité fondamental.

05:09 C'est la première force de voie publique.

05:11 Et c'est parce que c'est la première force de voie publique qu'en 2020,

05:15 ce sont les policiers municipaux qui ont neutralisé le terroriste à Nice, dans la base Yiguk.

05:21 - Oui, il était un terror. - Si il n'avait pas été armé,

05:24 il n'aurait pas pu protéger leur propre vie, et encore moins celle des citoyens.

05:29 En 2016, toujours à Nice, au 14 juillet, qui ont été les premiers à ouvrir le feu sur le camion fou ?

05:35 Ce sont les policiers municipaux.

05:37 Le gang de Rédouane Faïd, Clarissa Jean-Philippe, malheureusement,

05:42 c'est bien la preuve que les policiers municipaux, dans tous les cas d'espèce,

05:46 que ce soit le terrorisme, la délinquance ou même la grande délinquance,

05:50 sont confrontés de plein fouet, de plein fouet, en primo-intervenant,

05:56 face à la délinquance, face au terrorisme, face à la petite délinquance.

06:00 - Et puis la vie des gens aussi, on est d'accord ? - Effectivement.

06:02 - Parce que vous êtes incroyable dans le dialogue, moi je vois le temps que vous prenez pour discuter,

06:06 vous voyez les gens quand même, vous les reconnaissez.

06:09 Donc c'est ce que disait Philippe David, vous êtes une vraie police de proximité maintenant.

06:13 - C'est le terrain, c'est vraiment le terrain. - Voilà, à partir du moment où on est sur le terrain,

06:16 et à partir du moment où on est voué à protéger la population sur le terrain,

06:19 nous sommes les premiers à intervenir.

06:22 Et nous sommes les premiers à intervenir sur tout type de situation.

06:25 Donc l'armement, la question de l'armement que vous posiez, vous disiez "oui, peut-être",

06:29 mais "oui, peut-être", aujourd'hui, dans l'insécurité actuelle dans laquelle nous vivons,

06:35 si un policier municipal ne peut pas se protéger, protéger sa propre vie,

06:39 il ne pourra pas défendre les citoyens. - Oui, je suis d'accord, c'est un vrai sujet.

06:42 - Je voudrais rappeler, aujourd'hui nous sommes quand même en vigie pirate, alerte, attentat.

06:46 - Oui. - Le ministre de l'Intérieur...

06:48 - On a tendance à l'oublier quand même. - Oui, c'est vrai.

06:50 - Le ministre de l'Intérieur fait publier une lettre circulaire,

06:53 les lettres circulaires précédentes, où il demande aux maires

06:57 de mobiliser leur service de police municipale dans les lieux les plus dangereux.

07:02 Les lieux de culte, les lieux de rassemblement de populations...

07:05 - Bien sûr.

07:07 - Juives ou musulmanes, ce sont les policiers municipaux que l'on infecte dans ces missions.

07:13 Toujours, lorsqu'il y a eu des émeutes, au mois de juin,

07:18 le ministre de l'Intérieur d'Armanin s'est empressé de faire une lettre circulaire

07:22 en demandant aux maires de mobiliser leur police municipale.

07:27 Alors, il faut bien armer les policiers municipaux si on veut faire face à des émeutiers.

07:31 - Je suis d'accord. - Lorsque le maire de Grenoble a sorti les policiers municipaux

07:34 durant ces émeutes pour leur faire garder des bâtiments,

07:38 D'Armanin s'est déplacé à Grenoble et a dit "Monsieur le maire, vos policiers municipaux,

07:42 leur rôle ce n'est pas d'être dans les bâtiments, c'est d'être dans la rue face à la délinquance."

07:47 Aujourd'hui, on ne peut pas dire que les policiers municipaux ne sont pas confrontés de plein fouet à la délinquance.

07:54 Et c'est pour ça qu'il faut les armer.

07:56 - Je peux avoir une question ? C'est quoi la différence ? Parce que j'ai un sentiment que vous faites exactement la même chose que les policiers normes nationaux.

08:02 Quelle est la différence de salaire ? Alors, en parlant clairement, moi je suis à fond pour le salaire.

08:07 - Non, on l'a vu, franchement. - Non, non, non, pas pour moi, je suis syndicaliste.

08:12 - Mais vous avez raison. - Non, non, je suis à fond.

08:14 - Vous voyez sur le terrain, par rapport à une gardienne de la paix, les missions sont similaires.

08:20 Pourtant, lors du recrutement, on est au minimum à 500 euros d'écart en début de carrière,

08:27 et ça ne fait que s'accroître jusqu'à la fin de carrière.

08:30 Et je ne parle même pas de la retraite des policiers municipaux.

08:33 Un policier municipal part à la retraite au niveau du seuil de pauvreté.

08:38 Un peu plus de 1000 euros par mois.

08:40 - C'est indigne. - Le fossé est gigantesque avec nos homologues de la police d'État.

08:46 Alors que, à quel prix pour se faire trouer la peau ?

08:50 Nous avons évoqué ceux qui sont morts, les policiers municipaux, qui sont morts sur le terrain.

08:54 Tous les jours, ils se font cracher dessus, les policiers municipaux.

08:57 Ils se font bastonner. Tous les jours, la presse locale relate des cas de violence dont sont victimes les policiers municipaux.

09:04 Aujourd'hui, le traitement qui est réservé aux policiers municipaux, le salaire qui est réservé aux policiers municipaux...

09:09 - C'est indigne. - ...est indigne.

09:11 - Ah oui, vraiment, c'est indigne. Absolument.

09:13 - Et ça, c'est la revendication forcément sur la retraite, mais il y en a d'autres, forcément.

09:19 - Alors, effectivement, pour les retraites, nous demandons, le même régime finalement, l'égalité avec nos homologues de police d'État.

09:27 C'est-à-dire que notre régime indemnitaire, qui peut aller jusqu'à plus de 30% du salaire, soit inclus dans le calcul des droits à la retraite.

09:36 Parce que, comme je vous l'ai dit, 1100 euros par mois, 1000 euros par mois à la retraite, c'est inadmissible.

09:41 - On est d'accord. - Ensuite, c'est la revalorisation des salaires.

09:45 Ça ne peut plus durer. Donc, les deux grands axes, aujourd'hui, sociaux des policiers municipaux, c'est le salaire et la retraite.

09:54 - Sébastien Ménard, le mot de l'appel. - La police municipale étant quelque part sous la houlette du premier magistrat de la ville, à savoir le maire,

10:00 il faudra aussi que la police municipale ait les mêmes prérogatives et les mêmes pouvoirs.

10:04 Parce que parfois, quand vous faites intervenir la police municipale, la police municipale, en matière d'interpellation, etc.,

10:09 est obligée d'appeler la police nationale pour procéder à l'interpellation. Ce qui, dans la quotidienneté, crée à la fois un sentiment...

10:16 - Je pourrais prendre que c'est faux. - Ah bon ? - C'est pourtant ce qui se passe.

10:20 - Eh bien, je ne sais pas comment ça se passe à Biarritz, mais c'est faux. Parce que les policiers municipaux, comme les gardiens de la paix,

10:26 et je parle sous le contrôle d'un ancien magistrat, procureur de la République, un APJ, un agent de police judiciaire,

10:32 ou un agent de police judiciaire de l'article 20 du gardien de la paix, lorsqu'il fait une interpellation,

10:37 conduit à l'OPJ de la police nationale. Que ce soit le gardien de la paix de la police nationale,

10:44 comme le gardien de police municipale, lorsqu'il effectue une interpellation, il conduit à l'OPJ.

10:49 Et c'est l'OPJ de la police nationale... - Mais il y a plus de chance d'avoir un OPJ dans la police nationale que dans la police municipale.

10:53 - Pas sur le terrain. Le boulot des OPJ, ça reste de faire du judiciaire.

10:57 - C'est passionnant. - Merci beaucoup Cédric Michel d'avoir été avec nous, président du syndicat national de défense des policiers municipaux.