Pascal Praud et vous - Adolescent tué dans une rixe dans la Drôme : «C'est une étape supplémentaire dans l'ensauvagement du pays» juge Thibault de Montbrial

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00:00 - Bonjour Thibault de Montbrial. - Bonjour Pascal Franc.
00:03 - Et merci d'être avec nous. La France Orange Mécanique, c'était un titre d'un essai il y a quelques années de Laurent Oberthon.
00:11 La France Orange Mécanique, est-ce que nous y sommes ?
00:15 - Écoutez, on gravit les marches, alors on peut utiliser l'image qu'on monte ou qu'on descend,
00:19 mais dans les deux cas, ce qui est certain, c'est qu'il y a une accélération.
00:22 On voit depuis dix ans que la violence physique augmente dans notre pays.
00:26 Il y a eu une accélération de l'accélération depuis la fin du premier confinement, c'est-à-dire à peu près depuis l'été 2020.
00:32 Et on a vu apparaître, ce n'est pas nouveau, mais des bagarres entre bandes, d'abord avec des blessés graves, ensuite avec des morts.
00:40 On a vu une dimension territoriale, puis ethno-territoriale en jeu.
00:46 Et là, à ma connaissance, c'est l'une des premières fois qu'on voit dans un petit village, en l'occurrence dans la Drôme,
00:51 des gens du cru faire une fête Bon enfant et débarquer à deux heures du matin une bande,
00:58 dont on sait maintenant qu'elle vient sans doute de Romand-sur-Isère, et qui est venue exprès pour en découdre.
01:04 Il n'y a pas d'autre explication. L'enquête permettra peut-être d'y voir un peu plus clair.
01:08 Mais en tout cas, ces gens sont venus et ils sont venus manifestement pour tuer, puisque le bilan est très lourd.
01:13 Un mort, deux blessés graves, 15 blessés.
01:15 C'est une étape supplémentaire de l'ensauvagement de notre pays et c'est extrêmement inquiétant.
01:22 - C'est intéressant également comment ces affaires-là sont retranscrites par l'univers médiatique.
01:27 Alors je ne vais pas citer la radio, qui est importante d'ailleurs en France,
01:31 qui est une radio concurrente d'Europe 1, donc par délicatesse, je ne vais pas la citer.
01:35 Mais c'est notre confrère Jean-Sébastien Ferjoux qui a remarqué cela.
01:41 Le titre de l'information de cette radio, c'est "Drôme, 17 victimes dont un mort et deux blessés graves
01:48 lors d'une rixe en marge d'une fête à Crépole".
01:52 Et je rappelle qu'une rixe, pour qualifier une attaque meurtrière planifiée et exécutée en groupe depuis une autre ville.
01:58 Donc on voit aussi l'espace médiatique, Thibaud de Montbrial, et souvent moi j'en parle,
02:04 qui ne sait pas prendre parfois la mesure de ces faits divers et qui ne sait pas les qualifier précisément.
02:10 Ce n'était pas une rixe.
02:12 – Alors, soit on n'en prend pas la mesure, soit il y a une volonté de minimiser l'ampleur par inconscience
02:19 ou par tétanie, ou par lâcheté, vous savez, il peut y avoir… les hypothèses sont multiples.
02:23 Vous avez tout à fait raison, quand on dit une rixe, ça renvoie à la bonne vieille baston
02:28 au bal des pompiers qui a toujours existé, qui n'a jamais été très glorieuse, mais jamais très grave.
02:32 Là, c'est une radia, ça s'appelle une radia, c'est-à-dire qu'il y a des gens venus d'une autre ville,
02:38 qui sont venus exprès, tard le soir, à 2h du matin, quand les gens commencent à être un petit peu fatigués,
02:45 à avoir bu, etc., qui n'ont pas discuté, tous les témoignages sont convergents,
02:50 et qui ont aussitôt attaqué pour tuer les jeunes qui étaient là et les vigiles qui devaient les protéger.
02:57 Ils sont venus, ils ont frappé, ils ont tué et ils sont repartis, c'est littéralement la radia.
03:02 – Une fois qu'on a dit ça, Thibaud de Montbrial, et je rappelle que vous êtes avocat,
03:06 qu'est-ce que la société française doit faire ?
03:09 – Alors je suis avocat, mais je suis aussi président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure,
03:13 et il faut mettre d'abord des mots sur les mots, des mots MOTS, c'est-à-dire nommer ce qui se passe,
03:20 ensuite prendre les choses en main, moi ça fait longtemps que je dis qu'il faut un choc d'autorité dans notre pays,
03:26 ce choc d'autorité, il passe par une réforme totale de notre politique migratoire,
03:32 parce que, évidemment il faut être prudent avant les résultats de l'enquête,
03:35 mais il n'est pas complètement expliqué que, compte tenu du quartier d'où viennent ces jeunes,
03:39 il y a une dimension migratoire au moins partielle dans les données de l'équation, on verra,
03:44 en tout cas c'est le cas souvent, il y a également un problème de justice,
03:49 parce que là encore, je mettrais bien un petit billet qu'une partie des jeunes,
03:53 si on les identifie, auront déjà eu affaire avec la justice,
03:56 et sans doute pas avec la partie la plus sévère qu'elle puisse produire,
04:02 donc il faut à tous les niveaux de notre société un choc d'autorité,
04:06 mais vous savez, c'est urgent parce que si ça n'arrive pas, ce qu'il va se passer,
04:10 moi je reçois des messages et puis je lis des commentaires notamment sur les réseaux sociaux,
04:15 c'est que dans les prochaines fêtes de village,
04:17 il va y avoir des gens locaux qui vont venir avec des armes au cas où,
04:22 et qui vont venir avec des armes pour se protéger, pour se substituer à la carence de la puissance publique,
04:27 et c'est pas une accusation, la puissance publique peut pas mettre une voiture de gendarmerie devant chaque fête de village,
04:33 mais il se trouve que quand il y a une fête de village, d'un petit village, un samedi soir,
04:38 les gendarmes ne peuvent pas être dans tous les villages en même temps,
04:41 et donc ce qui se passe c'est que s'il n'y a pas une reprise en main drastique,
04:44 visible avec un message politique à la fois verbal et ensuite des actes,
04:47 les gens vont finir par s'organiser eux-mêmes.
04:49 Vous savez, j'avais été frappé, Pascal Praud, par le fait qu'au moment des émeutes à la fin juin, début juillet,
04:55 pour la première fois, on n'en a pas beaucoup parlé dans la presse,
04:57 on a parlé d'un ou deux exemples, mais plus liés à des villes militaires,
05:01 mais pour la première fois, il y a des tas de petits quartiers en France,
05:04 parfois simplement une barre d'immeubles,
05:06 où les gens ont commencé à s'organiser pour protéger leur bien, protéger leur voiture, leur outil de travail, etc.
05:12 Et il ne faudrait pas que l'affaiblissement constant de l'État amène à ce que chacun finisse par se dire
05:20 qu'on est mieux organisé entre soi qu'en faisant confiance aux institutions de l'État.

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