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  • il y a 2 ans
De la servitude Volontaire - De Ludovic Formentin - La morale est la somme des contraintes que l’homme est prêt à supporter pour pouvoir vivre en société ! Jean-Paul Farré raconte de façon cocasse et jubilatoire ce que nous avons accepté et que nous allons accepter comme limite dans nos libertés d’aujourd’hui. Spectacle enregistré en juillet 2023 au festival d'Avignon

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Transcription
00:00:00 - Je vais vous parler de la situation. - D'accord.
00:00:02 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:05 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:07 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:09 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:11 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:13 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:14 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:16 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:19 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:21 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:23 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:00:27 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:29 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:00:33 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:35 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:00:46 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:48 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:50 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:53 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:55 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:57 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:00:59 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:01 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:03 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:06 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:08 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:10 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:12 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:14 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:16 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:19 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:21 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:23 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:25 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:27 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:29 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:32 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:34 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:36 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:38 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:40 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:42 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:44 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:47 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:49 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:51 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:53 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:55 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:01:57 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:00 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:02 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:04 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:06 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:08 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:10 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:13 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:15 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:17 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:19 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:21 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:23 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:26 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:28 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:30 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:32 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:02:36 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:02:43 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:02:45 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:02:54 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:03:00 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:03:02 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:03:20 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:03:41 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:03:46 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:03:56 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:03:58 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:04:01 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:04:03 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:04:05 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:04:11 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:04:14 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:04:57 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:04:59 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:05:01 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:05:03 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:05:38 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:05:40 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:05:42 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:05:44 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:05:46 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:05:49 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:05:51 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:05:53 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:05:55 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:05:57 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:05:59 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:06:02 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:06:04 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:06:06 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:06:08 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:06:10 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:06:45 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:08:44 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:08:59 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:09:01 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:09:03 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:09:05 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:09:07 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
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00:13:44 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:13:46 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:13:48 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:13:50 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:13:52 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:13:55 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:13:57 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:13:59 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:01 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:03 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:05 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:08 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:10 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:12 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:14 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:16 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:18 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:20 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:23 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:25 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:27 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:29 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:31 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:33 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:36 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:38 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:40 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:42 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:44 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:46 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:49 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:51 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:53 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:55 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:14:57 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:00 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:02 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:04 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:06 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:08 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:10 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:12 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:14 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:17 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:19 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:21 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:23 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:25 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:28 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:30 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:32 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:34 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:36 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:38 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:40 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:43 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:45 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:47 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:49 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:51 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:53 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:56 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:15:58 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:16:00 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:16:02 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:16:04 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:16:06 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:16:08 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:16:11 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:16:13 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:16:15 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:16:17 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:16:19 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:16:21 - Vous avez vu le débat ? - Oui.
00:16:24 Il tournait dans mon esprit ce mot, "lâcheté".
00:16:27 Oui, lâcheté des peuples.
00:16:30 Mais ce mot n'expliquait rien.
00:16:35 Il sonnait trop, comme tous les jugements,
00:16:38 comme toutes les accusations.
00:16:40 Mais moi, je ne voulais accuser personne.
00:16:44 Je voulais plus que cela.
00:16:46 Je voulais comprendre.
00:16:50 Je voulais comprendre une telle fatigue,
00:16:54 un tel renoncement,
00:16:56 non pas une défaite, parce qu'il n'y avait aucun combat,
00:17:00 car il ne s'agit même pas de se battre contre un tyran,
00:17:03 il s'agit seulement de ne plus obéir.
00:17:07 Pourquoi chacun, là où il est,
00:17:13 ne cesse-t-il d'obéir ?
00:17:18 Il m'a fallu beaucoup de temps
00:17:22 pour répondre à cette question.
00:17:24 Et pour cela, longtemps observé les hommes,
00:17:28 tant ceux des époques passées
00:17:31 que mes contemporains,
00:17:33 il m'a fallu faire le deuil de quelque certitude
00:17:37 et de cette foi, jadis aveugle, inébranlable en l'homme,
00:17:42 qui, dans le temps,
00:17:44 est devenu un homme,
00:17:47 pour accepter ses lacunes et ses misères.
00:17:51 Et j'ai trouvé ma réponse.
00:17:58 Je vais vous la dire.
00:18:14 De toutes les qualités que l'on trouve parmi les hommes,
00:18:18 je dirais que l'intelligence et le caractère
00:18:22 sont celles qui, en société, distinguent le mieux les êtres.
00:18:27 Et c'est un fait qu'en prenant deux individus
00:18:32 pourvus différemment de ces qualités,
00:18:36 l'un, mieux doté, prendra l'ascendant sur l'autre
00:18:40 et le gouvernera selon sa volonté,
00:18:43 sans contrainte ni violence,
00:18:46 mais du seul fait que l'un et l'autre
00:18:48 sont également convaincus et convenus d'une telle supériorité.
00:18:54 Et oui, c'est une loi bien établie de toute société humaine.
00:19:00 Le faible se soumet au fort.
00:19:04 Après tout, pourquoi le déplorer ?
00:19:06 Puisqu'il s'agit, en somme, d'un accord tacite.
00:19:11 Et n'est-ce pas pour le bien de tous
00:19:13 que chacun entraîne l'autre
00:19:15 simplement par l'exercice de son talent
00:19:18 et le rayonnement de sa force ?
00:19:21 Mais étudions cette loi dans le cadre d'un tyran
00:19:30 afin de saisir cette supériorité qui le rend maître d'un peuple.
00:19:37 Où est, par exemple, son intelligence ?
00:19:41 Où est cette intelligence supérieure
00:19:45 qui justifierait qu'un peuple, naturellement, s'y soumette ?
00:19:49 Où voyez-vous dans l'histoire, parmi les tyrans,
00:19:52 pareille intelligence ?
00:19:54 Je ne vois, moi, pour l'essentiel,
00:19:57 qu'un épais catalogue d'esprits grossiers,
00:20:01 incultes, butés, désarmants de bêtises.
00:20:05 Et dans ce qu'on prend trop souvent pour de l'intelligent,
00:20:08 je ne vois que l'esprit de calcul et le plus effroyable cynisme.
00:20:14 C'est à croire qu'en matière de gouvernement,
00:20:18 l'intelligence n'est guère indispensable.
00:20:21 Le monde est mal fait,
00:20:28 ce serait aux grands esprits de gouverner.
00:20:34 À présent, demandons-nous où sont, parmi les tyrans,
00:20:38 les hommes de caractère.
00:20:41 Tous en encerclent l'apparence.
00:20:44 Nous sommes la patience, la fermeté, la constance.
00:20:49 Tout ce qui démontre un caractère solide,
00:20:53 qui inspire le respect et entraîne les foules.
00:20:57 Je ne vois aucun caractère là où réside la rudesse,
00:21:02 l'insensibilité, l'incapacité à refrainer ses instincts,
00:21:07 et d'abord les instincts de vengeance et de domination,
00:21:10 qui marquent une personnalité fragile, nerveuse,
00:21:14 trouvant seulement dans la violence sa meilleure expression.
00:21:18 Non, vraiment, il n'y a dans les natures fébriles
00:21:22 et désordonnées des tyrans,
00:21:24 rien de ce qui définit un homme de caractère.
00:21:31 Mais le caractère et l'intelligence ne sont pas tout.
00:21:37 C'est oublier une donnée qui bouleverse l'ordre des choses.
00:21:43 Le nombre.
00:21:45 Oui, opposons un individu à deux autres,
00:21:49 et tout est faussé.
00:21:51 Quelles que soient les qualités de chacun, le nombre l'emporte.
00:21:55 Car celui qui est seul aura tendance naturellement
00:21:58 à se soumettre aux deux autres, du seul fait qu'il est seul,
00:22:03 mais que les deux autres sont en nombre supérieur.
00:22:07 Alors, prenez un contre trois, un contre dix,
00:22:12 un contre cent, contre mille, un million,
00:22:16 que reste-t-il d'une seule volonté face à tant d'autres volontés,
00:22:21 et qui de sur quoi se serait accordé et uni contre elle ?
00:22:28 Voyez-vous le paradoxe ?
00:22:31 Le tyran est seul.
00:22:34 C'est lui qui est seul.
00:22:38 Il n'est qu'un, un contre tous.
00:22:41 Comment se fait-il que tous devraient se soumettre à un seul
00:22:46 quand ce devrait être l'inverse ?
00:22:49 Ou bien c'est que le peuple n'a pas pour lui le nombre
00:22:53 et que l'apparence est trompeuse.
00:22:56 C'est qu'un peuple n'agit pas comme un homme seul
00:23:00 et que sa volonté n'est pas la somme des volontés individuelles.
00:23:05 Voilà ce qu'il faut comprendre.
00:23:10 Penser en nombre n'est pas agir en nombre.
00:23:15 Mais d'ailleurs, nous le savons.
00:23:18 Rien n'est plus difficile que d'agir à plusieurs
00:23:21 comme si nous n'étions qu'un.
00:23:24 Vous vous souvenez, enfants,
00:23:28 lorsqu'en classe, après une injustice du professeur,
00:23:32 une sorte de mutinerie était établie par l'unanimité des élèves
00:23:38 dans un bel élan d'enthousiasme et de solidarité
00:23:42 et que deux heures après,
00:23:44 pas un n'avait le courage du premier geste.
00:23:48 Lever le bras, sortir du rang,
00:23:51 prononcer un mot, que sais-je,
00:23:53 comme si chacun craignait de ne pas être suivi
00:23:56 selon la promesse de tous.
00:23:59 Songez aussi à ces images de guerre
00:24:06 où une multitude de prisonniers,
00:24:09 gardés par quelques soldats en armes,
00:24:12 se laissent mener sans résistance
00:24:15 quand ils pourraient se libérer en un instant et à moindre frais.
00:24:20 Bien sûr, personne ne veut être courageux
00:24:24 au risque de mourir.
00:24:26 Et chacun préfère être lâche
00:24:29 au risque que tous meurent.
00:24:32 Ainsi, chacun attend,
00:24:36 attend tout de l'autre.
00:24:39 Mais les autres, eux aussi, attendent.
00:24:43 Et tous attendent.
00:24:46 Et rien ne se passe.
00:24:49 Ainsi vont les sociétés elles-mêmes.
00:24:53 Le nombre n'y fait rien,
00:24:55 comme si face au tyran qui est seul,
00:24:58 chacun était tout aussi seul.
00:25:01 Un contre un, cela fait égalité, me direz-vous.
00:25:06 Alors d'où vient cet avantage pour le tyran ?
00:25:10 Il reste une qualité souveraine
00:25:15 s'agissant de contraindre et de soumettre
00:25:19 la force physique.
00:25:22 Vous l'avez oubliée.
00:25:25 Et oui, encore elle.
00:25:28 Toujours elle.
00:25:30 On l'oublie toujours.
00:25:32 On voudrait l'oublier.
00:25:35 Et pourtant...
00:25:37 Bien sûr, l'histoire est pleine de tyrans
00:25:40 qui, descendus de leur trône,
00:25:42 seraient bien embarrassés de se battre.
00:25:45 Mais tout aussi sûrement,
00:25:47 ils n'ont pas besoin de se battre eux-mêmes
00:25:50 puisqu'on ne peut pas les approcher,
00:25:52 puisqu'ils demeurent invisibles, insaisissables,
00:25:56 cachés dans leur palais
00:25:58 ou derrière une rangée d'hommes en uniforme.
00:26:01 Leur force est toujours celle des autres,
00:26:05 celle de la police,
00:26:07 qui suffit au quotidien,
00:26:09 et de l'armée,
00:26:11 s'il faut se montrer plus sévère.
00:26:15 Et cette violence, nous la connaissons.
00:26:19 Elle est universelle.
00:26:22 C'est celle de quatre hommes,
00:26:26 frappant un matin à votre porte,
00:26:30 qui vous emmènent sans ménagement,
00:26:34 sans explication,
00:26:37 pour une destination inconnue,
00:26:40 puis vous enferment,
00:26:43 vous affament,
00:26:45 vous frappent,
00:26:47 vous torturent,
00:26:49 vous arrachent de fête à la communauté humaine
00:26:53 pour vous précipiter dans les enfers,
00:26:56 et finalement ne vous en soulagent
00:26:58 qu'en vous assassinant froidement.
00:27:01 Mais l'important n'est pas tant
00:27:04 de vous faire disparaître
00:27:06 que d'ôter à tous l'idée même de contestation.
00:27:14 Le règne d'un tyran
00:27:16 n'est pas seulement le règne de la violence pour elle-même,
00:27:20 c'est le règne de la terreur.
00:27:23 Un homme tué en fait terdice,
00:27:27 cent ou mille
00:27:30 ou dix mille,
00:27:32 et mille hommes assassinés
00:27:35 font taire un peuple tout entier.
00:27:38 C'est ce pouvoir d'intimidation
00:27:42 qui à moindre frais désarmera toute résistance,
00:27:46 et d'abord,
00:27:48 celle qui viendrait de l'État lui-même.
00:27:52 C'est ainsi que tout fonctionnaire,
00:27:55 ayant depuis longtemps appris à accomplir ses tâches sans y penser,
00:27:59 devient sans trop de difficultés,
00:28:02 c'est-à-dire de scrupules,
00:28:04 un instrument de cette violence
00:28:07 qui est portant d'un seul homme.
00:28:11 Au sein de cette pyramide qu'est l'État,
00:28:15 quelle fascinante circulation de la violence
00:28:19 du plus haut vers le bas.
00:28:22 Un homme commande à cinq hôtes,
00:28:25 et ces cinq-là commandent à dix hôtes,
00:28:30 et ces dix-là commandent à cent hôtes,
00:28:34 et ainsi de suite.
00:28:38 Avec une telle administration aux ordres,
00:28:42 qui plus est mue par la peur,
00:28:45 vous tenez là une troupe magnifique,
00:28:48 prête à toutes les compromissions,
00:28:51 toutes les bassesses,
00:28:54 toutes les cruautés,
00:28:56 formant une longue chaîne de bureaucrates,
00:29:00 prenant chacun sa petite part au crime général
00:29:04 selon les nécessités et les folies du tyran
00:29:07 qui, au bout de cette chaîne qu'il remue à peine,
00:29:11 se délecte en opprimant tout un peuple
00:29:15 presque sans effort.
00:29:18 Un homme a pu observer de près et longtemps
00:29:25 les rouages d'un tel appareil d'État,
00:29:29 comme on le nomme.
00:29:31 Un fonctionnaire diplomate,
00:29:34 Niccolo Machiavelli,
00:29:38 Machiavelli.
00:29:40 Il s'est demandé
00:29:46 si pour un prince,
00:29:48 mieux vaut être aimé que craint,
00:29:51 ou craint plutôt qu'aimé.
00:29:54 Sa réponse était,
00:30:00 je cite,
00:30:03 "Le meilleur serait d'être l'un et l'autre,
00:30:07 "mais si l'un doit manquer,
00:30:09 "il est plus sûr d'être craint que d'être aimé."
00:30:13 J'ai toujours vu, pour ma part,
00:30:21 que les deux choses pouvaient exister ensemble
00:30:25 et qu'elles se succèdent généralement
00:30:28 avant de se joindre.
00:30:30 En effet, le tyran est d'abord un homme neuf.
00:30:34 Surgissant le plus souvent en libérateur,
00:30:37 il séduit, on le loue,
00:30:40 et même on le vénère.
00:30:42 Puis, à mesure qu'augmente son emprise sur le peuple,
00:30:46 la crainte grandit
00:30:49 et se distille partout.
00:30:51 S'ensuivent les sentiments les plus contradictoires
00:30:55 entre crainte et reconnaissance
00:30:58 qui se mêlent et déchirent le corps social
00:31:02 sans qu'aucun de ces sentiments ne prenne l'avantage.
00:31:06 Il ne reste alors au tyran
00:31:09 qu'à jouer de cette confusion.
00:31:12 Mais cette reconnaissance,
00:31:28 si le tyran parvient à la faire durer,
00:31:30 c'est par des manœuvres trompeuses,
00:31:33 et parmi lesquelles la plus perverse
00:31:36 est d'assurer au peuple un tel bien-être
00:31:39 qu'il ne souhaite pas un autre sort.
00:31:42 Si les citoyens n'ont pas lieu de se plaindre
00:31:46 et parfois s'enrichissent,
00:31:49 n'est-ce pas un avantage
00:31:51 pour celui qui les tient dans les fers ?
00:31:54 Ils n'auront pas cette mauvaise humeur
00:31:57 que dans le ventre vide
00:32:00 et auront moins le désir de protester.
00:32:03 C'est toujours la misère qui déclenche les révolutions,
00:32:09 non point la privation de liberté.
00:32:13 La Chine communiste,
00:32:16 elle se serait effondrée comme partout ailleurs
00:32:19 si, par l'ouverture au monde
00:32:21 et le développement de son commerce,
00:32:24 elle n'avait acquis si rapidement tant de richesses
00:32:27 qu'elle aurait été l'assassinat
00:32:29 à plusieurs centaines de millions de gens,
00:32:32 soudain redevables à la dictature
00:32:35 de leur nouvelle fortune.
00:32:37 "Ne mord pas la main qui te nourrit."
00:32:42 Tout le monde connaît ce proverbe
00:32:45 apparu en Chine au 8e siècle.
00:32:48 Il n'y a pas de hasard.
00:32:50 Il n'y a pas de hasard.
00:32:54 "La tyrannie, cependant,
00:32:56 "s'accorde mal avec la prospérité
00:32:59 "tant elle décourage habituellement les affaires
00:33:03 "et tant l'entretien d'une armée pléthorique
00:33:06 "ajouté aux dépenses d'un État
00:33:09 "qui surjoue la grandeur
00:33:12 "consomme de richesses produites.
00:33:15 "Mais,
00:33:17 "la tyrannie, cependant,
00:33:20 "s'accorde mal avec la prospérité
00:33:23 "tant elle décourage habituellement les affaires."
00:33:26 Alors, quand l'indigence persiste,
00:33:29 le peuple est payé de promesses
00:33:32 et il les grasse.
00:33:34 C'est vers l'avenir qu'il doit regarder.
00:33:37 Un avenir forcément radieux.
00:33:40 Un avenir d'abondance,
00:33:43 de bonheur et de paix.
00:33:46 Et si vous ne le voyez pas, attention.
00:33:49 Cela pourrait être considéré
00:33:53 comme de la mauvaise volonté
00:33:55 et constituer un motif d'arrestation.
00:33:58 Bien sûr, dans les faits,
00:34:01 cette fin des temps tarde toujours à venir.
00:34:04 Et le paradis s'éloigne
00:34:07 à mesure qu'on nous l'annonce imminent.
00:34:10 Et le paradis s'éloigne
00:34:13 à mesure qu'on nous l'annonce imminent.
00:34:16 Mais qu'importe le sujet,
00:34:19 qu'importe le temps,
00:34:22 qu'importe nos vies misérables,
00:34:25 quand il s'agit de construire le monde de demain,
00:34:29 de construire l'homme nouveau
00:34:32 et d'apporter le bonheur aux générations futures
00:34:36 en servant un grand dessin.
00:34:39 La cité, la nation,
00:34:42 le royaume, la révolution,
00:34:45 l'empire, le Reich,
00:34:48 et demain,
00:34:50 le monde 2.0.
00:34:53 Tous ces grands mots
00:34:58 ne valent-ils pas une longue vie d'effort
00:35:01 et le sacrifice de quelques libertés ?
00:35:04 L'important est de ne point quitter les yeux l'horizon
00:35:09 et de garder la foi
00:35:12 dans tous ces Christ autoproclamés
00:35:15 qui s'imposent comme des guides,
00:35:18 des sauveurs, qui disent "qui s'imposent ?"
00:35:21 C'est Dieu, c'est l'Histoire,
00:35:24 c'est la Providence qui vous les envoie.
00:35:27 Un tyran n'est pas là par plaisir,
00:35:34 ni pour la promotion de sa personne,
00:35:37 mais par devoir.
00:35:40 Et si vous en doutez,
00:35:42 il vous le rappellera en toute occasion
00:35:45 prenant cette aire d'humilité
00:35:47 qui s'y est aux grandes âmes
00:35:50 n'agissant toujours que par dévouement.
00:35:53 Rappelez-vous ces mots d'un vieux maréchal
00:35:57 le lundi 17 juin 1940 à la radio
00:36:01 "Je fais à la France le don de ma personne."
00:36:14 Vous aurez compris qu'un tel culte de la personnalité
00:36:18 suppose un certain arrangement avec la vérité.
00:36:22 Instaurer une terreur d'Etat ne suffit pas.
00:36:26 Il faut instituer le mensonge d'Etat.
00:36:29 Mentir au peuple, le tromper par tous les moyens
00:36:33 est l'indispensable complément d'un césarisme bien compris.
00:36:38 C'est même une activité à plein temps
00:36:41 qui demande des moyens, et si possible, un ministère.
00:36:45 "Ministerium for Folk Outreach and Propaganda"
00:36:49 Ministère de l'éducation du peuple et de la propagande.
00:36:53 Car le peuple a besoin d'être éduqué.
00:36:56 Il a besoin d'apprendre ce que sont les faits.
00:36:59 Non pas tels qu'ils se produisent,
00:37:02 mais tels qu'ils sont écrits,
00:37:04 ou plutôt réécrits par le tyran selon ce qu'il arrange.
00:37:09 Ainsi, ce grand projet d'éducation,
00:37:13 ou plutôt de rééducation,
00:37:16 commence par une désinformation généralisée.
00:37:21 On dissimule ou corrige des chiffres,
00:37:25 on occulte des événements,
00:37:28 on passe au silence des échecs ou des défaites,
00:37:32 on fabrique des victoires,
00:37:34 on invente un peuple,
00:37:36 on invente un peuple à l'image de son maître.
00:37:41 La réalité devient un conte,
00:37:44 une mystification distillée partout,
00:37:47 dans les gazettes et sur les écrans,
00:37:51 pour créer un monde qui, à son tour,
00:37:55 façonne les esprits.
00:37:58 La tyrannie ment surtout le présent,
00:38:05 mais aussi le passé, l'histoire,
00:38:08 elle aussi réécrite, falsifiée,
00:38:11 mise au pas pour imposer un mythe conforme
00:38:15 au prince du moment.
00:38:18 Ne croyez pas que le mensonge d'État
00:38:22 exercé sur les esprits par l'appareil de propagande
00:38:26 n'est pas une moindre violence
00:38:29 que la terreur exercée sur les corps
00:38:32 par la police et l'armée.
00:38:36 La manipulation de masse
00:38:39 a la même valeur dans l'ordre du crime,
00:38:43 car elle pénètre insidieusement
00:38:47 dans ce que nous avons de plus intime,
00:38:50 nos émotions, nos croyances,
00:38:54 notre représentation du monde,
00:38:58 nos pensées les plus secrètes
00:39:00 où personne ne devrait s'introduire.
00:39:04 En s'en prenant à notre liberté la plus chère,
00:39:08 celle de penser,
00:39:10 elle cherche à nous déposséder
00:39:13 de notre bien le plus précieux,
00:39:16 ce que nous sommes
00:39:19 et ce que nous voulons être.
00:39:23 Cette manipulation de masse
00:39:28 est littéralement un viol des consciences.
00:39:31 [Pause]
00:40:00 Mais le pire mensonge,
00:40:02 la pire escroquerie qu'un peuple ait à subir,
00:40:06 est bien cette injonction à la guerre,
00:40:09 cette arme ultime et favorite des tyrans
00:40:12 pour vous tromper et se légitimer.
00:40:16 La violence est en eux.
00:40:19 La guerre leur est chose naturelle.
00:40:23 Guerre civile ou guerre tout court,
00:40:27 tout dépend d'où vient l'ennemi.
00:40:30 Et comme l'ennemi, le véritable ennemi, est rare,
00:40:34 il faut l'inventer.
00:40:36 Et c'est la grande qualité des tyrans,
00:40:39 persuader le peuple, vous,
00:40:42 qu'il a un ennemi.
00:40:45 Sans grand effort,
00:40:47 il peut d'abord vous convaincre que cet ennemi est parmi vous.
00:40:51 Et si vous ne le voyez pas,
00:40:53 c'est que cet ennemi est plus dangereux encore,
00:40:56 sachant se rendre invisible.
00:40:58 C'est même le propre de ces ennemis-là,
00:41:02 ces ennemis de l'intérieur.
00:41:05 Ils sont discrets, mais présents partout.
00:41:09 Ils manœuvrent en silence pour leur seul profit.
00:41:13 Sous leurs airs polissés,
00:41:16 ils complotent en réalité, s'arrangent entre eux,
00:41:19 vous manipulent, prennent vos places,
00:41:22 veulent votre perte.
00:41:24 Le tyran, qui, lui, heureusement, sait tout,
00:41:28 voit tout, entend tout,
00:41:31 n'est pas dupe de cette lutte sourde
00:41:34 contre le bon peuple.
00:41:37 Il saura vous débarrasser de cette lèpre,
00:41:41 de ces rats,
00:41:43 de ces profiteurs.
00:41:46 À peine les aura-t-on nommés
00:41:53 et montrés du doigt,
00:41:55 que bientôt la haine montrera en vous
00:41:58 et infectera votre esprit.
00:42:00 Et c'est vous, peuple, vous-même,
00:42:03 qui réclamerez qu'on les chasse,
00:42:06 qu'on les spolie,
00:42:09 qu'on les enferme,
00:42:11 qu'on les fasse disparaître.
00:42:14 Et vous serez si reconnaissants
00:42:19 que votre tyran bien-aimé
00:42:23 vous débarrasse de cette vermine.
00:42:26 Si cela n'est pas suffisant,
00:42:30 il y a la manière forte,
00:42:32 l'ennemi d'à côté.
00:42:34 Parce que la géographie a cela bien fait
00:42:37 qu'un pays ne change pas de voisin
00:42:40 et que, sans trop chercher,
00:42:42 on trouve toujours une bonne raison
00:42:44 de faire la guerre à l'un d'eux.
00:42:47 Il y a toujours, en effet,
00:42:50 des vieilles querelles à réchauffer,
00:42:53 des vieilles histoires de frontières mal tracées,
00:42:56 que sais-je, mais qui justifient
00:42:58 qu'on aille chercher la genèse dans les champs,
00:43:01 dans les usines et dans les bureaux
00:43:04 pour en faire de bons petits soldats,
00:43:06 de bons assassins et de la bonne chire à canon.
00:43:09 Bien sûr,
00:43:11 personne n'a envie de mourir
00:43:13 ni de tuer son prochain.
00:43:16 Mais si c'est pour de bonnes raisons.
00:43:19 Si c'est pour défendre sa terre,
00:43:22 sa subsistance,
00:43:25 sa famille,
00:43:27 sa nation.
00:43:29 Si c'est pour se venger d'une injustice passée
00:43:33 ou d'un déshonneur.
00:43:35 Si c'est pour préserver la paix.
00:43:38 Eh oui.
00:43:42 On fait souvent la guerre
00:43:44 pour sauver la paix.
00:43:47 Un tyran est souvent très convaincant
00:43:51 pour vous mettre toutes ses bonnes raisons dans le crâne.
00:43:55 Et là encore,
00:43:57 on se gonfle de haine plus vite qu'on ne croit.
00:44:00 Rien de tel que la haine pour faire debout des bêtes,
00:44:04 des bêtes furieuses,
00:44:06 mais bien dressées,
00:44:08 obéissantes,
00:44:10 qui se font chier.
00:44:12 Et c'est ça,
00:44:14 bien dressées,
00:44:15 obéissantes jusqu'à la mort.
00:44:18 Je songe parfois
00:44:35 à tous ces morts de l'histoire.
00:44:40 Pour l'essentiel de jeunes hommes,
00:44:43 presque des enfants.
00:44:46 Morts pour la patrie.
00:44:50 Morts pour l'empereur.
00:44:54 Morts pour le roi.
00:44:57 Morts pour le caprice d'un prince
00:44:59 ne songeant qu'à son prestige
00:45:01 ou à l'affermissement de son pouvoir.
00:45:05 Je m'afflige
00:45:07 en songeant à tous ces jeunes hommes
00:45:10 rendus cruels par la cruauté d'un seul.
00:45:14 Lui.
00:45:16 Tuant d'autres hommes comme eux.
00:45:19 Au lieu de s'en prendre au seul qui est le plus puissant,
00:45:23 qui est le plus puissant,
00:45:25 qui est le plus puissant,
00:45:27 qui est le plus puissant,
00:45:29 qui est le plus puissant,
00:45:31 au lieu de s'en prendre au seul qui méritait la mort.
00:45:35 Lui.
00:45:37 Tous morts pour rien.
00:45:53 Absolument pour rien.
00:45:57 Pour rien.
00:45:59 Cher peuple,
00:46:10 parmi lesquels j'avais ma place autrefois,
00:46:14 mais dont à présent je me suis retiré,
00:46:18 cher peuple, je vous plains.
00:46:22 Vous êtes là, devant moi,
00:46:26 et comme un père prend soin de son enfant et sèche ses larmes,
00:46:30 j'aimerais vous serrer dans mes bras
00:46:36 et ainsi soulager vos peines
00:46:39 et vous faire oublier pour un temps la cruauté du monde.
00:46:43 Car tant de souffrances peuvent laisser insensible.
00:46:47 Vous voyez,
00:46:51 je laisse parler mon cœur
00:46:55 et c'est pourtant ce qu'il ne faut pas faire.
00:46:57 Ce que j'ai fait pendant si longtemps,
00:47:00 ce que font tous les hommes,
00:47:03 laisser parler son cœur.
00:47:07 Comme eux, je suis resté longtemps aveuglé par la souffrance des peuples
00:47:13 et par la même aveugle,
00:47:15 en véritable cause de cette souffrance.
00:47:18 Comme eux,
00:47:20 je suis resté démuni,
00:47:24 incapable d'apaiser leur angoisse et la mienne,
00:47:27 condamné aux colères stériles.
00:47:31 Vous ai-je dit qu'autrefois,
00:47:41 j'avais été juge ?
00:47:44 Cela était en effet mon métier.
00:47:50 Je m'en veux
00:47:52 de ne pas avoir suivi cette règle de terre, ces émotions,
00:47:57 de s'en tenir aux faits et à la loi,
00:48:01 de respecter scrupuleusement les droits de la défense comme ceux de la victime.
00:48:06 J'ai écouté le peuple dire à quel point il était victime,
00:48:11 victime de la violence d'État et du mensonge d'État, certes.
00:48:17 Comme si l'affaire était entendue et pour ainsi dire jugée.
00:48:22 Mais il est temps, croyez-moi,
00:48:25 Mesdames et Messieurs,
00:48:28 de réviser cette affaire,
00:48:31 trop vite et trop mal jugée.
00:48:35 Il est temps pour cela de respecter enfin les procédures
00:48:43 et d'en venir au fond des choses.
00:48:47 Il est temps pour cela d'entendre les tyrans eux-mêmes.
00:48:53 Et pourquoi pas ?
00:48:56 N'ont-ils pas être entendus ?
00:48:59 N'ont-ils pas quelque chose à dire eux aussi ?
00:49:04 Non mais j'entends votre indignation.
00:49:10 J'entends votre indignation.
00:49:13 Que l'accusé se défende,
00:49:17 et puis quoi encore ?
00:49:20 Et pourquoi pas qu'il s'affiche en victime ?
00:49:23 Et qu'il se fasse même accusateur ?
00:49:26 Quelle honte, quelle indignité,
00:49:29 quelle insulte aux véritables victimes.
00:49:33 Rassurez-vous,
00:49:38 les tyrans ont rarement l'occasion de s'expliquer.
00:49:42 Leurs aventures s'achèvent rarement
00:49:46 devant les tribunaux,
00:49:48 mais plutôt dans la mort,
00:49:51 qui les fait taire à jamais.
00:49:54 En somme,
00:49:57 cela vaut mieux pour tout le monde.
00:50:00 Empêchant qu'un bon avocat, fin raisonneur,
00:50:06 ne rappelle inopportunément
00:50:08 qu'il n'y a pas de maître sans esclave,
00:50:11 comme il n'y a pas d'esclave sans maître,
00:50:14 et que la folie des tyrans ne serait peut-être rien
00:50:17 sans la folie des peuples.
00:50:20 Non mais que suis-je en train d'inciter ?
00:50:24 Que le peuple lui aussi aurait sa déraison
00:50:28 et quelques responsabilités dans ses mésaventures,
00:50:33 et que la tyrannie pour lui ne serait pas cette sorte de fatalité.
00:50:38 Comment ne pas voir qu'un peuple pèche souvent par naïveté ?
00:50:44 N'avez-vous pas noté qu'en effet,
00:50:46 sa capacité de croire est toujours plus grande que celle de douter ?
00:50:52 Bien sûr, l'État lui ment,
00:50:55 et la presse elle-même aux ordres ment.
00:51:00 Mais quand bien même le mensonge est-il repéré,
00:51:03 connu d'un grand nombre,
00:51:05 beaucoup refusent de le voir
00:51:08 et de nourrir le moindre soupçon,
00:51:11 comme si les discours, mais quels qu'ils fussent,
00:51:15 pouvaient racheter indéfiniment les faits qui pourtant les démentent.
00:51:21 La plupart des gens ont une indéfectible confiance dans l'État,
00:51:37 dont ils n'imaginent pas que celui-ci peut vouloir autre chose que leur bien.
00:51:43 Car à leurs yeux, un État tel qu'il soit,
00:51:47 aura toujours une légitime autorité
00:51:50 par le seul fait qu'il est l'État.
00:51:54 Si quelques doutes s'immiscent dans l'esprit de ces respectueux sujets,
00:51:58 il y aura toujours la honte de se déjuger
00:52:01 pour les maintenir dans l'amauvais espoir contre la vérité.
00:52:06 Il faut bien admettre que les hommes n'aiment guère changer d'idée,
00:52:17 ni de comportement.
00:52:20 C'est ainsi qu'ils s'habituent à tout et particulièrement à obéir.
00:52:26 C'est par l'habitude d'obéir avec celle d'apprendre qu'on entre dans le monde.
00:52:33 Car en acquérant toutes sortes de savoirs,
00:52:36 nous acquérons aussi par nos parents et nos professeurs
00:52:40 l'habitude de l'autorité, de la discipline, de la conformité.
00:52:44 Si bien que les Kant ne seraient pas les moins intelligents
00:52:49 ni les plus paresseux,
00:52:51 mais plutôt les moins disposés à marcher au pas,
00:52:55 les plus soucieux de leur liberté,
00:52:58 percevant ce à quoi, sous couvert d'instructions,
00:53:02 on veut leur faire renoncer.
00:53:05 Et nos bons élèves, notre futur élite,
00:53:09 seraient alors les plus serviles de tous,
00:53:12 vantés non pour leurs bons résultats,
00:53:15 mais pour cette capacité à obéir longtemps
00:53:18 sans jamais protester,
00:53:20 à devenir les bons citoyens de demain
00:53:23 qui accepteront tout, justifieront tout,
00:53:27 si on leur demande.
00:53:29 Quand on a été un enfant bien sage,
00:53:32 obéissant comme il faut à son papa,
00:53:35 et à sa maman, et à ses professeurs,
00:53:37 il est bien difficile, devenu adulte,
00:53:40 de se défaire d'une telle habitude
00:53:43 et de ne pas se soumettre au premier tyran venu.
00:53:47 Naïveté, conformisme,
00:53:50 ces belles qualités préparent si bien la tyrannie
00:53:54 qu'on les dirait faites tout exprès pour elles.
00:53:58 Bien sûr, de là à penser qu'un peuple désire la tyrannie,
00:54:03 cela irait contre le simple bon sens, n'est-ce pas ?
00:54:06 Comment un peuple aurait-il le désir
00:54:09 de ne pas être libre ?
00:54:12 Ça serait accepter l'idée d'un masochisme
00:54:16 généralisé dont la tyrannie serait le syndrome.
00:54:23 Mais comment imaginer que les peuples
00:54:26 fussent comptables de leur infortune
00:54:29 et que la tyrannie résultât d'une maladie
00:54:32 ou d'une perversion étant si constante dans l'histoire ?
00:54:36 Longtemps,
00:54:39 j'ai réprimé cette intuition troublante,
00:54:44 obsédante,
00:54:47 que toute société,
00:54:49 loin de subir la tyrannie,
00:54:52 au contraire, la désire.
00:54:55 Il m'a fallu, pour m'en convaincre,
00:54:59 longtemps fouiller les entrailles des peuples
00:55:02 et remuer leurs ténèbres,
00:55:05 leurs peurs enfouies mais toujours vivaces
00:55:08 dans les replis de leur mémoire.
00:55:12 Et savez-vous ce que j'ai trouvé
00:55:15 sous le vernis des civilisations ?
00:55:18 Savez-vous qui j'ai trouvé ?
00:55:22 Ce pauvre animal,
00:55:25 cet antique et fragile mammifère
00:55:28 dénué de griffes, de crocs,
00:55:31 de fourrure, d'agilité, de vitesse,
00:55:33 cet homme,
00:55:35 venu du fond des âges
00:55:38 et notamment sa survie
00:55:40 dans le cours constant de la horde.
00:55:43 Depuis toujours,
00:55:45 le pire cauchemar de l'homme
00:55:47 est d'être seul.
00:55:49 Sa certitude innée
00:55:52 est en effet qu'il ne peut survivre
00:55:55 sans la protection de ses semblables.
00:55:57 D'abord d'une famille,
00:55:59 puis d'une société,
00:56:01 quelle qu'en soit la taille
00:56:03 et l'organisation.
00:56:05 Et selon cette invariable loi,
00:56:08 c'est la survie de cette société
00:56:11 qui pour lui prime sur tout,
00:56:14 et parfois sur lui-même.
00:56:17 Ainsi qu'on cesse de voir la tyrannie
00:56:21 comme un égarement,
00:56:23 comme le déchaînement furieux
00:56:25 d'un homme solitaire,
00:56:27 et qu'on la considère comme l'expression
00:56:29 la plus vive de cet attachement viscéral
00:56:32 de chacun à la horde.
00:56:35 Et cette servitude des peuples
00:56:38 apparaît soudain dans une lumière crue,
00:56:41 et le plus subie,
00:56:43 imposée,
00:56:45 et le plus redoutée,
00:56:47 mais souhaitable,
00:56:49 réclamée par les hommes eux-mêmes
00:56:51 parce qu'ils y ont intérêt.
00:56:54 C'est une servitude volontaire.
00:56:59 De l'or,
00:57:02 nul masochisme
00:57:04 dans cette longue succession de tyrans
00:57:07 qui ont fait l'histoire,
00:57:09 mais la volonté, bien comprise par les peuples eux-mêmes,
00:57:12 de se constituer en société forte et disciplinée.
00:57:17 L'amour de la nation
00:57:19 et la soumission à un chef autoritaire
00:57:22 sont la pure et simple expression
00:57:24 de cet instinct grégaire.
00:57:27 C'est pourquoi ces périodes troublées,
00:57:30 où l'État vacille,
00:57:32 où menace l'anarchie,
00:57:34 sont la hantise des peuples.
00:57:36 Et c'est pourquoi toutes les révolutions
00:57:38 qui secouent les tyrannies
00:57:40 en font toujours de nouveaux tyrans.
00:57:44 Qu'importe à la plupart des hommes
00:57:48 la liberté d'expression,
00:57:52 le droit de voter des lois,
00:57:55 le pouvoir de choisir collectivement leur destin,
00:57:59 ils n'ont pas tant d'ambition.
00:58:03 Ils veulent seulement travailler,
00:58:04 se nourrir,
00:58:06 élever leurs enfants,
00:58:08 avoir quelques loisirs.
00:58:11 Après tout, n'est-ce pas cela, vivre ?
00:58:14 Seulement cela ?
00:58:18 Et s'ils se plaignent de n'être pas assez libres,
00:58:21 ne les croyez pas.
00:58:23 Ils craindraient cette liberté
00:58:25 s'ils pouvaient en jouir aussitôt.
00:58:28 Ils craindraient surtout que les autres
00:58:30 en jouissent plus qu'eux-mêmes
00:58:32 et deviennent une menace
00:58:34 et que les lois volent en éclats
00:58:36 et que partout se répand la licence,
00:58:39 l'insécurité, la misère.
00:58:43 La liberté n'est pas ce que vous pensez.
00:58:51 Elle fait peur.
00:58:54 Qui la désire vraiment ?
00:58:58 Je vous le dis,
00:59:00 la plupart des hommes lui préfèrent
00:59:02 la tranquillité,
00:59:04 plus accessible,
00:59:07 moins risquée.
00:59:09 Comment voulez-vous qu'on veuille la liberté pour tous
00:59:13 quand on ne la veut pas déjà pour soi-même ?
00:59:18 Être libre,
00:59:24 c'est vouloir,
00:59:27 c'est choisir.
00:59:31 Mais que veulent les hommes ?
00:59:35 Ils l'ignorent.
00:59:37 Ils ne veulent rien,
00:59:39 ou si peu.
00:59:42 Ils veulent juste suivre leur chemin,
00:59:45 celui qu'on leur a tracé.
00:59:49 La liberté
00:59:52 est un paysage immense et inconnu
00:59:57 où aucun chemin n'est tracé
01:00:00 et où l'on peut se perdre à tout moment.
01:00:03 Elles réclament ainsi pour en jouir du caractère,
01:00:07 de l'énergie, le goût d'entreprendre, de créer.
01:00:12 C'est un risque, une aventure, un pari
01:00:16 pour ne plus seulement être,
01:00:18 mais devenir.
01:00:22 Et qui est capable de cela ?
01:00:29 Pour qui être libre
01:00:32 est aussi nécessaire que respirer ?
01:00:36 Pour qui vivre libre,
01:00:39 c'est la vie même.
01:00:43 Une minorité sans doute, une élite,
01:00:47 pas tout un peuple.
01:00:52 Vous pensez avoir cette chance d'être un peuple libre ?
01:00:56 L'êtes-vous vraiment ?
01:01:00 Le serez-vous encore demain ?
01:01:04 Ne vous croyez pas à l'abri de la tyrannie.
01:01:08 Ne vous croyez pas parvenus à la fin de l'histoire.
01:01:12 L'histoire se poursuit.
01:01:15 La vie est une aventure.
01:01:18 L'histoire se poursuit
01:01:21 avec les hommes et les peuples tels qu'ils sont depuis toujours.
01:01:26 Et il n'est pas écrit que les sociétés dites libres
01:01:33 sont faites pour durer éternellement.
01:01:37 Qu'une crise apparaisse,
01:01:42 ou qu'on la crée,
01:01:45 pour peu qu'elle se prolonge,
01:01:47 voici que la peur s'installe
01:01:50 et l'instinct de survie soudain ressurgit du fond des âges.
01:01:55 Elle brouille toutes nos pensées.
01:01:59 C'est dans cette panique des peuples
01:02:02 qu'aussitôt petits et grands dictateurs se feraient un chemin
01:02:06 et plus vite qu'on ne croit.
01:02:08 Trop heureux de saisir leur chance et d'accomplir leur destin,
01:02:12 aussitôt ils s'érigent en sauveurs,
01:02:15 exagèrent la providence, exagèrent la menace,
01:02:18 alimentent le climat de peur et remettent de tout
01:02:22 sans presse de confisquer vos libertés.
01:02:26 On a vu récemment,
01:02:30 non seulement dans des dictatures bien établies,
01:02:34 mais aussi dans des nations dites libres,
01:02:38 des populations se laisser enfermer,
01:02:41 contrôler, masquer,
01:02:44 surveiller.
01:02:46 Par gros temps,
01:02:48 c'est toujours la liberté qu'on fait passer en premier par-dessus-bord.
01:02:54 Demain,
01:02:59 quelle nouvelle épidémie ?
01:03:03 Quelle nouvelle crise énergétique, financière,
01:03:07 climatique ?
01:03:10 Quel conflit viendra enflammer à nouveau nos peurs
01:03:15 et notre indéfectible instinct de survie
01:03:18 au point que nous nous en remettions premier dictateur venu
01:03:22 à l'ancienne mode,
01:03:25 dictateur à casquette et moustache,
01:03:28 ou plus moderne,
01:03:30 allure de jeune premier costume d'inspecteur des finances,
01:03:35 plus avant-gardiste,
01:03:37 cheveux blonds et tailleur bleu marine ?
01:03:41 Nous verrons bien.
01:03:44 L'histoire n'est pas finie.
01:03:47 Elle regorge d'imagination.
01:03:51 Peut-être en cet instant,
01:03:56 chacun de vous se demande où serais-je alors ?
01:04:01 Parmi le troupeau,
01:04:04 les chines courbés, obéissants, silencieux ?
01:04:08 Ou bien serais-je l'un de ces hommes
01:04:12 ou l'une de ces femmes
01:04:14 qui disent non,
01:04:17 qui n'attendent rien du peuple
01:04:20 et tout d'eux-mêmes,
01:04:22 et s'avancent libres, insoumis,
01:04:25 face aux tyrans et à sa police ?
01:04:29 Comme cet homme anonyme, place tienne à de même,
01:04:33 s'opposant seul face à une colonne de chars ?
01:04:37 Comme ces adolescentes iraniennes
01:04:40 dansant en pleine rue sur le capot des voitures,
01:04:43 cheveux au vent ?
01:04:45 Comme cette journaliste russe
01:04:48 dénonçant en direct à la télévision les mensonges
01:04:52 de qui vous savez ?
01:04:54 Aurais-je, moi seul,
01:04:58 plus de force qu'un peuple tout entier ?
01:05:04 Telle est la question.
01:05:06 On se pose toujours cette question.
01:05:12 Un jour vient où il faut répondre.
01:05:16 Où serais-je moi-même ?
01:05:32 Je serais là.
01:05:34 Toujours là.
01:05:40 Là où vous m'avez trouvé.
01:05:45 Pour vous rappeler toutes ces choses.
01:05:49 Quel peuple vous êtes.
01:05:53 Mais pour vous laisser imaginer aussi ce que
01:05:57 chacun de vous,
01:06:01 vous,
01:06:02 vous,
01:06:05 ce que chacun de vous peut être,
01:06:10 pour ne pas être ce peuple.
01:06:17 [Musique]
01:06:21 [Bruit de vent]
01:06:23 [Bruit de vent]
01:06:26 [Bruit de vent]
01:06:28 [Bruit de vent]
01:06:31 [Bruit de vent]
01:06:34 [Bruit de vent]
01:06:37 [Bruit de vent]
01:06:40 [Bruit de vent]
01:06:43 [Bruit de vent]
01:06:46 [Bruit de vent]
01:06:49 [Bruit de vent]
01:06:52 [Bruit de vent]
01:06:55 [Bruit de vent]
01:06:58 [Bruit de vent]
01:07:01 [Bruit de vent]
01:07:04 [Bruit de vent]
01:07:07 [Bruit de vent]
01:07:10 [Bruit de vent]
01:07:13 [Bruit de vent]
01:07:16 [Bruit de vent]
01:07:19 [Bruit de vent]
01:07:22 [Bruit de vent]
01:07:25 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]
01:07:28 [SILENCE]
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