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  • 07/11/2023

L’Institut national de l’audiovisuel conserve nos archives depuis 1975, ce qui représente un trésor de plus de 70 ans d'archives…depuis quelques année, c’est devenu un média à part entière qui surf sur la nostalgie, mais qui est également le gardien de notre mémoire collective. Comment mettre en valeur ce patrimoine, comment le rentabiliser, comment le faire découvrir ?

Retrouvez "La Question du jour" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-question-du-jour

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Transcription
00:00 - Avec Thomas Hill et Thomas, c'est l'heure de la question Média du jour.
00:04 - L'INA, l'Institut National de l'Audiovisuel, concerne nos archives audiovisuelles depuis
00:09 plus de 70 ans, mais depuis quelques années. En plus de son rôle de protection de notre mémoire,
00:14 c'est devenu un média à part entière qui surfe sur la nostalgie et qui se déploie sur beaucoup
00:19 de nouveaux formats. Alors comment notre patrimoine audiovisuel est mis en valeur
00:23 et rentabilisé sur tous les supports et tous les médias ? On en parle ce matin avec Antoine
00:27 Bayet. Bonjour. Vous êtes directeur éditorial de l'INA. Florence Sebaoun est avec nous également.
00:32 Bonjour Florence. Vous êtes productrice exécutive de Samedi dans Rire, l'une des émissions du PAF
00:37 qui s'appuie le plus sur les archives de l'INA. Émission présentée par l'ami de la maison,
00:42 Jean-Luc Moru. Bonjour Jean-Luc. - Il faut recontextualiser tout de suite,
00:46 sinon les gens ne vont pas comprendre. - Jean-Luc Lemoyne bien sûr.
00:49 - Faut réécouter la chronique de Jean-Luc. - Alors d'abord Antoine Bayet, un mot du statut
00:55 un petit peu particulier de l'INA parce que vous êtes un établissement public, donc un service
01:00 public, mais à caractère industriel et commercial. Donc ça veut dire que le but derrière c'est quand
01:04 même de faire des bénéfices, c'est ça ? - Faire des bénéfices. On ne se lève pas tous les
01:09 matins en se disant qu'on va faire des bénéfices. Ce n'est pas ce qui nous guide. Ce qui nous guide,
01:13 c'est transmettre le patrimoine le plus largement possible. Après pour le faire,
01:19 on est effectivement à la fois financé par l'État au titre de ce qui était la redevance,
01:25 on est un média audiovisuel public, mais parmi les médias audiovisuels publics, on est ceux qui,
01:31 par leur statut, on est celui qui par son statut doit le plus aller chercher des ressources propres
01:38 et donc on le fait en vendant des archives, en diffusant et en produisant du contenu,
01:44 en assurant aussi des formations et ça fait partie de notre équilibre aujourd'hui. C'est
01:48 aussi ce qui nous permet d'innover, de diffuser, de distribuer des contenus à toutes les générations
01:55 et c'est notre première mission. - Bien sûr, et vous le faites sur tous les supports. On va en
02:01 parler, vous lancez aujourd'hui une nouvelle chaîne qui s'appelle INA70 sur Pluto TV,
02:05 donc le principe est assez original parce que l'idée c'est de revivre l'expérience des
02:09 téléspectateurs comme si on était dans les années 70. Expliquez-nous le système. - Alors on lance
02:14 demain sur Pluto TV, INA70, c'est la promesse d'une chaîne qui va emmener le téléspectateur
02:21 pour découvrir les années 70 en version originale. Donc on a conçu, d'abord on va dire que c'est...
02:27 - Une grille des programmes ? - Exactement, on a conçu une grille des programmes, on a mis en avant, on a fait
02:32 nos choix, nos premiers choix de programmation. C'est une chaîne qui va exister 24 heures sur 24,
02:36 accessible sur internet. - Voilà, on n'a pas le choix du programme. - Exactement, c'est accessible sur
02:42 internet et c'est accessible sur les télés connectés. C'est un mode de diffusion qui est en
02:46 train d'émerger assez fortement, donc nous on voulait évidemment faire des tests et se lancer
02:51 sur ce nouveau mode de diffusion, ça fait partie de nos missions dont je parlais précédemment,
02:55 adresser tous les publics, tester les nombreux modèles et éditorialement en fait c'est vraiment
03:01 une expérience. Ce qu'on propose, le téléspectateur allume la télé et est tout de suite propulsé dans
03:06 les années 70 avec les programmes cultes. - Au théâtre ce soir, Aujourd'hui Madame, les Jeux de 20 heures,
03:12 l'école des fans, on peut revivre tout ça. - Mercredi 21h sur INA 70, donc sur Pluto Télé,
03:19 au théâtre ce soir avec Tartuffe, juste avant à 19h on aura un documentaire qui est à bout portant,
03:25 donc les séries, les merveilleuses interviews de stars des années 70, on les voit sur scène,
03:31 on les voit aussi dans leur intimité, c'est des documents qui sont absolument merveilleux.
03:34 - Et c'est gratuit ! - Donc 19h, Jane Birkin, mercredi, c'est gratuit pour le téléspectateur et c'est financé par la pub.
03:40 - Voilà donc encore une nouvelle manière de valoriser les archives de l'INA, mais on va voir qu'il y en a
03:45 beaucoup d'autres et notamment la télévision à qui vous vendez très cher l'utilisation de vos archives,
03:50 c'est bien normal. - Très cher, très cher, je vais le relever parce que c'est ce que je disais aussi précédemment,
03:56 c'est une autre mission et c'est tout à fait au prix du marché par rapport à d'autres sources d'archives évidemment.
04:03 - Alors justement on va s'adresser à une productrice maintenant qui utilise ses archives, Florence Sébaoun,
04:08 quelle est la proportion déjà d'archives dans votre émission "Samedi dans Rire", ça représente quoi à peu près ?
04:12 - Ça représente deux tiers de l'émission, en sachant que l'émission elle dure 52 minutes, ça fait 33 minutes à peu près par émission.
04:20 - Et j'imagine qu'en dehors du salaire indécent de Jean-Luc Lemoyne, c'est votre premier poste de dépense les archives ?
04:27 - Non, le salaire de Jean-Luc est bien devant, par rapport au volume annuel, ne serait-ce que le volume annuel c'est énorme,
04:34 nous on est sur plus de 1500 minutes sur une saison, donc forcément c'est le poste principal évidemment.
04:40 - Vous avez un contrat à l'année j'imagine avec Lina, c'est comme ça que ça fonctionne ?
04:43 - Comme vous avec votre employeur, on a un contrat à l'année évidemment qui est renouvelé en fonction de France Télévisions,
04:49 avec qui on travaille, avec qui on a de très bonnes relations, et c'est pareil pour Lina puisqu'ils nous ont suivi dès le départ,
04:56 vous êtes un essentiel pour l'émission, on ne va pas se mentir, vous êtes un partenaire vraiment de jeu,
05:03 c'est plus de 90% de nos images pour nous.
05:06 - C'est important évidemment. Jean-Luc vous avez votre mot à dire sur le choix des archives ?
05:10 - Non, moi je suis très docile. Non plus sérieusement, évidemment on discute avec Florence, avec toute l'équipe éditoriale,
05:17 et des fois on essaie de... moi je me rappelle de souvenir, on essaie... Lina pour moi c'est une malle au trésor,
05:24 donc on a envie de se plonger dedans, essayer de chercher des images dont on se souvient, et puis aussi découvrir des pépites,
05:29 c'est tout le sel de "Samedi dans Rire", donc oui oui c'est une concertation,
05:33 après il y a des fois des frustrations parce qu'il y a des images qui ne sont pas disponibles à Lina, on doit faire avec aussi.
05:40 - 26 millions d'heures de programme quand même audiovisuel, alors comment on fouille dans tout ça,
05:44 et puis combien ça coûte aussi, on va en parler dans un instant, on revient.
05:47 - Culture Média sur Europe 1 avec la question "Médias du jour", Thomas Hill,
05:52 comment valoriser notre patrimoine audiovisuel ?
05:55 On en parle avec vos invités et spécialistes ce matin, Antoine Baillet, directeur éditorial de Lina,
05:59 Florence Sebaoun, productrice exécutive de "Samedi dans Rire" sur France 3, présentée par...
06:04 - Jean-Luc Lemoyne ! - Jean-Luc Lemoyne qui est autour de la table avec nous ce matin.
06:07 - Et alors on se demandait avant la pause, Antoine Baillet, comment sont fixées les tarifs ?
06:12 Est-ce que vous avez des grilles selon les chaînes, selon l'heure de diffusion ?
06:15 - Je vais vous donner peut-être un exemple très concret pour expliquer,
06:18 parce qu'effectivement c'est quelque chose qui peut être pour l'auditeur un peu compliqué à saisir.
06:22 Imaginons que vous êtes un producteur que vous travaillez avec Netflix pour faire un biopic sur Simone Veil.
06:28 Vous allez avoir besoin d'images d'archives.
06:30 Vous travaillez pour Netflix, qui va chercher à diffuser ses contenus dans le monde entier,
06:34 et qui va prendre des droits, qui va avoir besoin de droits qui sont longs,
06:39 qui durent dans le temps, disons 20 ans, 30 ans.
06:42 Évidemment, si vous êtes cette fois un média numérique ou une télé locale,
06:47 et que vous cherchez à travailler aussi sur Simone Veil,
06:51 évidemment le tarif ne va pas être tout à fait le même.
06:53 - Ça va vous adapter à chacun. - Exactement.
06:55 Et donc une même image, elle peut avoir plusieurs prix différents en fonction de la diffusion.
07:00 C'est hyper classique et c'est ce qui fonctionne avec tous les fournisseurs de contenus pour des médias,
07:05 et tous producteurs travaillent de cette manière-là.
07:09 - Et qu'est-ce que ça représente la télévision dans le chiffre d'affaires de l'INA par exemple ?
07:12 - Oh !
07:13 - C'est une grande part pour vous ?
07:15 - Alors, dans les activités dont moi je m'occupe sur de la production de contenu,
07:19 de la diffusion de contenu, on produit des documentaires pour la télé,
07:23 on produit des 6 x 52 minutes pour Arte, des documentaires à base d'archives.
07:28 Aujourd'hui, sur l'ensemble de nos supports de diffusion, ça va être 30 % à peu près, je crois.
07:34 Sur les activités dont on se parlait précédemment, où des producteurs viennent acheter,
07:38 la télévision, je pense, reste notre premier lieu.
07:42 Je pense qu'on va être à 65-70 % qui est représenté par des producteurs de télévision.
07:48 - Et alors Jean-Luc, votre émission "Samedi d'en rire" a fait encore un record en nombre de téléspectateurs la semaine dernière.
07:54 Qu'est-ce que vont chercher les gens dans ces images selon vous ? Qu'est-ce qui leur plaît tant ?
07:59 - Il y a à côté la lettre de Proust, évidemment, c'est des images qui leur font du bien.
08:04 En tout cas, c'est les témoignages spontanés qu'on a dans la rue.
08:06 C'est pour ça que quand on parle d'une chaîne vraiment sur le rythme des années 70,
08:12 je pense que c'est très intéressant, c'est vraiment une replongée.
08:15 Je pense que concrètement, actuellement, tout est un peu anxiogène.
08:20 Et de se replonger dans ces images qui, en tout cas dans le souvenir des gens, est plus légère,
08:25 ça leur apporte un certain réconfort et c'est ce qu'on essaye de faire dans "Samedi d'en rire".
08:29 - Et c'est particulièrement tendance en ce moment la nostalgie à la télévision Florence et Béaune ?
08:33 - C'est ce que dit Jean-Luc, c'est-à-dire que déjà actuellement,
08:36 je pense que les gens ont besoin d'être rassurés et on se rassure en allant un petit peu vers le passé.
08:41 Et puis moi, je pense qu'il y a aussi l'émotion de l'image,
08:44 l'émotion de retrouver les souvenirs qu'on a vécus à cette époque et qu'on va pouvoir transmettre
08:49 parce qu'on reçoit des messages de gens qui racontent qu'ils regardent l'émission avec leurs petits-enfants,
08:55 avec leurs enfants et ils racontent ces souvenirs-là.
08:57 Et se replonger dans ça, c'est une émotion forte pour eux et c'est pour ça que ça marche.
09:03 - C'est ça, on pourrait croire que c'est vraiment destiné aux gens qui ont vécu cette époque,
09:08 mais non, c'est transgénérationnel. Ça permet du dialogue entre...
09:11 - C'est ce qu'on voit aussi avec ce que vous faites aujourd'hui sur les réseaux sociaux,
09:14 Antoine Bayer, l'INA est partout maintenant sur les réseaux sociaux et avec des millions d'abonnés.
09:19 - Et même des milliards de vues.
09:21 - La nostalgie, ce n'est pas qu'un truc de vieux comme nous, ça intéresse tout le monde, y compris les jeunes.
09:26 - Je vais rebondir sur ce qui a été dit sur les publics.
09:28 En fait, nous, on peut permettre à des personnes qui ont vu les programmes une première fois de les revoir,
09:34 mais notre démarche aujourd'hui, elle est bien de faire découvrir des programmes,
09:39 faire comprendre même l'actualité et l'air du temps d'aujourd'hui au travers des archives.
09:45 Si je prends un exemple sur une A70, oui, on va découvrir le samedi soir,
09:50 c'est le principe de programmation qu'on a appris, on rediffuse en même temps que ça l'était.
09:53 Donc le samedi soir, vous aurez les spectacles des Carpentiers, donc Joe Dassin, etc.
09:59 Ça marchera, j'en suis absolument sûr, et ça plonge tout de suite dans quelque chose qui fait du bien.
10:05 L'après-midi, on programme un magazine qui s'appelle Aujourd'hui Madame,
10:08 qui était ultra défricheur sur les questions de représentation des femmes, sur les questions féministes.
10:15 On ne parlait pas encore à l'écran de charge mentale,
10:20 mais c'est exactement ce qui était discuté dans une émission comme Aujourd'hui Madame.
10:24 Et donc c'est ça qu'on va apporter, c'est à la fois se faire plaisir,
10:28 c'est aussi comprendre un peu mieux que certains des combats, des sujets d'aujourd'hui,
10:32 ils existaient déjà précédemment, ils étaient déjà à l'agenda.
10:36 Du coup, on n'interdit évidemment pas à nos téléspectateurs divers et variés, à nos internautes,
10:43 d'éprouver de la nostalgie.
10:45 Mais nous, c'est quelque chose sur lequel on va essayer de ne pas se dire "c'était mieux avant".
10:50 Notre question, c'est "comment c'était avant ?"
10:53 - Mais comment vous allez faire, parce qu'il y a quand même, par exemple, on va parler d'humour.
10:57 Nous, dans l'émission Samedi non rire, on recontextualise,
11:00 on explique la petite histoire derrière les archives,
11:02 il y a des sketchs qui passaient très bien dans les années 70,
11:04 est-ce que vous pouvez les diffuser bruts aujourd'hui ?
11:06 - C'est une question qu'on se pose à longueur de temps,
11:08 quand on le programme sur une chaîne de télé, quand on diffuse sur les réseaux sociaux,
11:11 on se pose la question de la réception de certains contenus au regard des évolutions du contexte.
11:18 - Mais vous n'allez pas couper non plus ?
11:19 - Là, dans les grilles de programmation qu'on a conçues pour INA70,
11:22 ça a été une de nos questions.
11:24 Quand on travaille sur les réseaux sociaux, on va contextualiser l'archive,
11:28 là, effectivement, on va mettre des attentions à propos explicites, par exemple,
11:33 et on contextualise ce qui a été dit le plus systématiquement possible.
11:39 Et dans la grille de programmation d'INA70, c'est quelque chose qu'on a pris en compte là-dessus.
11:45 - On ira voir ça sur Pluto TV.
11:47 Merci Antoine Bayet d'avoir été avec nous ce matin.
11:50 Je rappelle que vous êtes directeur éditorial de l'INA.
11:52 Merci beaucoup à Florence Sébaoun, aussi productrice exécutive de cette excellente émission,
11:58 qui bat des records d'audience chaque semaine.
12:01 Présentée par Jean-Luc Lemoyne.
12:03 Merci d'être resté avec nous, Jean-Luc, et Culture Média continue.

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