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  • 03/11/2023
L’avenir de la Nupes s’assombrit pour le député PS de l’Essonne qui confirme que la position de LFI sur le Hamas « a abouti une rupture ». Jérôme Guedj répond aux questions de Marie Brette et des journalistes de la presse régionale

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00:04 Qui est le moins cher.leclerc,
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00:07 -Bonjour. Très heureuse d'vous retrouver pour Extralocal.
00:11 Cette semaine, pour commenter l'actualité nationale et régionale,
00:13 deux invités, Vincent Ledoux, député du Nord Renaissance,
00:18 ainsi que Jérôme Gage, député socialiste de l'Essonne.
00:22 Il est notre premier invité. Extralocal, c'est tout de suite.
00:24 (Générique)
00:27 ---
00:40 Bonjour, Jérôme Gage. -Bonjour.
00:42 -Merci d'être avec nous pour cette première partie d'émission
00:44 durant laquelle vous serez interviewé par trois de nos journalistes,
00:47 dont deux de nos régions. Je vous les présente tout de suite.
00:49 A commencer par Pierre-Jérôme Monteneau,
00:52 qui est de retour parmi nous cette semaine.
00:54 Il était déjà là la semaine dernière,
00:55 rédacteur en chef à Weo, la télévision des Hauts-de-France,
00:58 et qui représente, bien sûr, la région des Hauts-de-France.
01:01 Bienvenue. -Bonjour à tous.
01:02 -Bon retour, Pierre-Jérôme. -Bonjour, Jérôme Gage.
01:05 -Egalement présent sur ce plateau, Jefferson Despore,
01:08 qui a ses habitudes aussi dans Extralocal.
01:10 -Bonjour, Marie. -Éditorialiste politique
01:12 et défense à Sud-Ouest et qui représente la Nouvelle-Aquitaine.
01:15 -Exactement. Bonjour, Jérôme Gage. -Bonjour.
01:17 -Bonjour, Jefferson. Et puis, également, grand habitué,
01:20 forcément, quand on a calmé, journaliste politique
01:23 et parlementaire à Public Sénat. C'est le troisième intervieweur.
01:26 Les présentations sont faites.
01:28 Ici, il y a toujours ce qu'on appelle
01:30 un petit questionnaire de Proust pour mieux vous connaître.
01:33 Certains ne vous connaissent pas très bien.
01:35 C'est Pierre-Jérôme qui vous pose la première question
01:37 de ce mini-questionnaire de Proust.
01:39 -Je vais faire dans le classique.
01:41 Quel est votre livre de chevet en ce moment ?
01:43 Des rapports ou des romans ?
01:45 -Ha !
01:46 -Alors, c'est...
01:47 Il s'avère, c'est assez...
01:50 Le livre de chevet, qui est sur ma table,
01:52 parce que je vais le regarder de temps en temps,
01:54 ça fait très autopromo, mais c'est le livre de ma femme.
01:57 Ma femme est romancière.
01:58 Elle a un livre qui est sorti à la rentrée littéraire,
02:01 qui est dans la première sélection du concours,
02:04 qui s'appelle "Les amants du lutetiaire".
02:06 Il parle de l'abandon, des rapports familiaux,
02:08 de la fin de vie, des personnes âgées,
02:11 ce qui prouve que dans un couple, on se nourrit mutuellement.
02:14 -On va en parler, peut-être, de ça plus tard.
02:16 Deuxième question. Jefferson.
02:18 -Jérôme Gage, on a bien entendu parler de la NUPS et de la gauche,
02:22 un petit peu d'histoire.
02:23 On vous a vu très proche de Jean-Luc Mélenchon,
02:26 il y a quelques années.
02:27 Un petit rabibochage cet été, ça ne va pas aller plus loin.
02:30 Quel est votre référentiel à gauche ?
02:33 -Mon référentiel à gauche ?
02:34 -Votre personnalité, un totem à gauche.
02:37 -Léon Blum.
02:38 Je suis content qu'on le redécouvre aujourd'hui,
02:41 après qu'il soit un peu tombé dans les limbes
02:44 du panthéon de la gauche,
02:45 parce que c'était Jaurès qui, dans la figure,
02:48 écrasait à juste titre.
02:50 D'ailleurs, Blum a été très proche et très matricé par Jaurès,
02:56 mais Blum, c'est le premier socialiste
02:58 qui exerce le pouvoir, en réalité,
03:00 et qui est capable de concilier
03:02 cette exigence de radicalité, de transformation.
03:05 Il fait 1936, les congés payés, les négociations collectives,
03:09 et en même temps, la crédibilité, le sérieux,
03:12 la robustesse dans l'exercice du pouvoir.
03:15 C'est une figure à découvrir et à redécouvrir.
03:18 -Et totem vivant, puisque vous avez été assistant parlementaire
03:22 dans votre jeunesse... -Ici, dans cette maison.
03:24 -...de Jean-Luc Mélenchon.
03:26 Vous avez navigué un peu, pas à droite, mais à gauche.
03:29 -Vous voulez savoir ?
03:30 -Quelle est votre figure de gauche, aujourd'hui, de référence ?
03:34 -En fait, aujourd'hui, moi, je ne suis pas une victime
03:38 de l'hyperprésidentialisation.
03:40 Je pense que ce qui fera le succès de la gauche,
03:43 c'est justement de sortir de la recherche
03:46 d'un homme ou d'une femme providentielle,
03:48 et de renouer du collectif et du démocratique.
03:51 Aujourd'hui, j'ai une figure qui m'inspire,
03:53 c'est le rassemblement de la gauche et les écologistes,
03:56 qui devra, lui, organiser en son sein ce collectif-là.
03:59 -C'est comme ça, désigné ?
04:01 -C'est le cas, aujourd'hui.
04:03 On n'a pas de figure à gauche dont on peut dire
04:05 que, dans la filiation de Blum,
04:07 elle est capable d'avoir cette radicalité,
04:10 cette détermination d'être sérieusement de gauche,
04:13 et qui est en capacité, aussi, de conquérir le pouvoir.
04:16 Il faut tenir compte, c'est pas du Yaka Faucon, la politique.
04:19 -On continue avec le collectif.
04:21 -Pendant que vous cherchez une figure du TLR,
04:24 on parle du fond des projets de loi, des textes,
04:26 on suit ça sur les chaînes parlementaires,
04:29 sur Public Sénat. Est-ce qu'il y a un texte emblématique ?
04:32 Vous avez été député entre 2012 et 2014,
04:34 vous l'êtes à nouveau depuis 2022.
04:37 C'est quoi, votre projet de loi, là encore, matriciel,
04:40 celui qui est un peu chevillé au corps ?
04:42 -Vous me demandez s'il y en a un, en cours de préparation,
04:45 qui m'inspire. -Un texte de loi ?
04:47 -Il y a dix ans, comme d'autres, j'ai le souvenir,
04:50 à chaque fois qu'on peut conquérir des droits supplémentaires,
04:54 et le débat sur le mariage pour tous a été un moment important,
04:57 probablement disproportionné dans les tensions
05:00 qu'il a générées dans la société,
05:02 parce qu'on voit bien que ça passe crème, c'est banal, c'est normal.
05:06 -Quand vous l'avez voté, c'était un moment historique ?
05:09 -Oui, au regard de l'aprôté du débat.
05:11 C'était désespérant.
05:12 Au même moment, les Anglais avaient voté en trois jours
05:15 un texte analogue, et nous, c'était devenu l'affaire du siècle.
05:19 Mais si je devais avoir un texte législatif
05:21 qui, pour moi, est inspirant et matriciel,
05:24 c'est pas un en général, c'est un qui revient chaque année,
05:27 c'est le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
05:30 Ca peut paraître bizarre, mais c'est parce que j'adore la Sécurité.
05:34 Le budget de la santé, de la Sécu, les allocations familiales,
05:37 parce que la Sécurité sociale, c'est au coeur du pacte républicain.
05:41 Le maîtrise des comptes, c'est pas un objet technocratique,
05:45 c'est plus important que le budget de l'État.
05:47 Et donc, les choix qu'on fait,
05:49 et cette année, ça a été très frustrant,
05:51 parce qu'on s'est pris un 49-3,
05:53 encore à peine quelques heures après le début des débats,
05:56 mais pourtant, s'il y a un objet législatif
05:59 qui me fait être heureux d'être parlementaire chaque année,
06:02 c'est le PLFSS, même si, je le redis,
06:04 je trouve que sur la forme de son adoption et sur le fond,
06:08 il n'est pas à la hauteur de ce que la Sécu
06:10 peut nous permettre de faire, c'est-à-dire organiser le partage,
06:14 la solidarité, la redistribution,
06:16 lutter contre les inégalités de santé,
06:18 qui ont aussi la particularité d'être souvent territoriales,
06:21 autant de sujets qui sont souvent sous la toise,
06:24 on parle beaucoup des déserts médicaux,
06:26 mais derrière tout ça, il y a l'organisation
06:29 de cette singularité française qui existe nulle part ailleurs
06:33 et qu'il faut préserver, non seulement dans une approche défensive,
06:37 mais peut-être même repousser les frontières
06:40 et mettre le champ de ce qui est dans les risques
06:42 de la Sécurité sociale, sur le grand âge,
06:45 qu'on a commencé, mais de manière balbutiante,
06:47 à mettre dans le champ de la Sécurité sociale,
06:50 fidèle à ce qui a été décidé il y a 78 ans,
06:52 à chacun selon ses besoins et en fonction de ses moyens.
06:55 - On va peut-être en parler, le grand âge, la fin de vie, etc.
06:59 Un peu plus tard, on termine ce petit questionnaire de Proust
07:02 avec ma question rituelle, votre région de prédilection,
07:06 l'Île-de-France, vous êtes né en Seine-Saint-Denis,
07:09 vous avez une région de coeur ?
07:10 - En effet, je suis un gamin de la banlieue,
07:13 je suis né, mais j'y ai passé quelques heures,
07:15 en Seine-Saint-Denis, et j'ai grandi dans l'Essonne.
07:18 J'ai grandi à Massy, donc je suis évidemment attaché
07:21 à ce bout de France, l'Essonne, c'est un département
07:25 où il y a des zones rurales, agricoles,
07:28 il y a des zones de très grande innovation...
07:31 - Il n'y a pas une autre région ? - Le plateau de Saclay.
07:34 Et puis il y a aussi des coins, je vais y venir,
07:37 il y a aussi des coins de grande difficulté,
07:39 les quartiers populaires,
07:41 donc j'aime beaucoup ce département.
07:43 Et sinon, dans les régions de prédilection,
07:46 moi, j'aime beaucoup la région d'Arles.
07:48 - D'Arles. - Je vais souvent à Arles.
07:50 - Pas la Polynésie française en ce moment.
07:53 - Comment ? - Pas la Polynésie française.
07:55 - Pas la Polynésie française. - Tahiti...
07:57 - Non, je suis allé une seule fois en Polynésie française,
08:00 en 94, parce que j'étais stagiaire de l'ENA
08:02 en Nouvelle-Calédonie.
08:04 - C'était le clin d'oeil à la Polynésie.
08:06 - J'ai compris.
08:07 - Sur le déplacement d'Anne Hidalgo.
08:09 Petite réaction là-dessus ?
08:10 - Franchement, je trouve que là, pardonnez-moi l'expression,
08:14 assez cornecule.
08:15 Si Anne Hidalgo a décidé de prendre des congés,
08:17 je crois que c'est le cas.
08:19 - Elle a prolongé son séjour.
08:20 - C'est une manière...
08:22 Si il y a des gens qui veulent s'opposer à Anne Hidalgo,
08:25 qu'ils aillent trouver des sujets plus intelligents,
08:28 ça prouve peut-être qu'ils n'ont pas matière
08:30 à s'opposer sérieusement à Anne Hidalgo,
08:32 parce que c'est une mère qui transforme Paris
08:35 et qui, dans dix ans, j'en suis convaincu, on dira,
08:38 mais elle a eu raison de la transformation,
08:40 que ce soit...
08:41 On a eu des chiffres cette semaine,
08:43 admiratif de l'effort sur le développement
08:45 du logement social et de la mixité sociale à Paris,
08:48 et bien évidemment sur l'écologie et les transports.
08:51 Les gens rouspètent,
08:52 parce que les transitions, c'est toujours problématique.
08:55 - Les transitions, c'est très problématique.
08:57 J'essayais d'en faire une grande têche.
09:00 On va passer à la question cash, autre rituel.
09:02 Allez, et c'est Jefferson qui vous la pose.
09:05 - On va changer de sujet.
09:06 On va revenir à l'actualité immédiate, Jérôme Gedge,
09:09 et notamment ce conflit israélo-palestinien.
09:11 Depuis le 7 octobre, l'attaque du Hamas contre Israël
09:14 et la riposte israélienne, on assiste en France
09:17 à une recrudescence en flèche des actes antisémites.
09:20 Va-t-il falloir créer une structure comparable à SOS Racisme
09:23 qui pourrait s'appeler SOS Antisémitisme ?
09:25 - SOS Racisme joue son rôle d'acteur associatif avec d'autres,
09:29 mais c'est un sujet pour l'ensemble de la société.
09:31 La recrudescence de l'antisémitisme,
09:35 mais de tout acte raciste dans le pays,
09:38 mais singulièrement l'antisémitisme,
09:40 parce qu'il explose, c'était latent.
09:43 Et depuis le 7 octobre,
09:45 et rendez-vous compte, c'est quand même hallucinant.
09:47 Il y a un pogrom, 1 400 Juifs tués en quelques heures en Israël,
09:52 et la conséquence, c'est de la recrudescence de l'antisémitisme.
09:55 Ça nous dit à quel point, en fait,
09:59 le sujet est ancré dans la société.
10:01 - Vous disiez que c'était latent,
10:03 que vous vouliez émerger quelque chose
10:05 qui était plus fort qu'on ne le sous-estimait ?
10:07 - Évidemment. Je pense qu'il faut être lucide
10:09 sur le fait que l'antisémitisme
10:11 est une constante de l'histoire de l'humanité.
10:13 Il n'y a pas de raison qu'il disparaisse.
10:15 On a pu l'espérer, d'une certaine manière,
10:19 au lendemain de la Shoah,
10:21 et de fait, il est présent, il est multiforme,
10:25 il a d'autres modes d'expression, d'autres canaux,
10:28 mais il est extrêmement présent.
10:30 Je ne sais pas si c'est un sujet uniquement associatif,
10:33 c'est surtout un sujet de l'ensemble de la société.
10:36 Vous voyez, lundi, dans le budget de l'État,
10:40 je dépose un amendement avec quelques collègues
10:43 en disant que je pense qu'il serait utile
10:45 de muscler toute la pédagogie sur l'antisémitisme,
10:50 sur les stéréotypes.
10:52 Il y a des organismes formidables,
10:53 comme le mémorial de la Shoah, le Camp des Milles,
10:56 le travail que fait la DILCRA, aussi,
10:59 et quand on se pose la question comment on fait,
11:01 je souhaite qu'on puisse muscler, en l'occurrence budgétairement,
11:04 tous ces acteurs-là pour le travail de pédagogie
11:06 qui peut être fait, notamment, en milieu scolaire,
11:09 parce que c'est là qu'il faut déconstruire ces stéréotypes
11:12 qui, à un moment ou à un autre, explosent,
11:14 quand il y a une crise, par exemple, comme celle de lundi.
11:16 Est-ce que c'est un dévisage de l'islamisme,
11:18 cette recrudescence de l'antisémitisme ?
11:20 Je vous l'ai dit, il est multiforme.
11:22 Évidemment, il y a un antisémitisme lié à l'islamisme,
11:26 c'est assez simple.
11:27 Le Hamas est un mouvement terroriste islamiste
11:30 dont l'objectif est non seulement de détruire l'État d'Israël,
11:33 mais de tuer des Juifs.
11:34 Ce qui s'est passé le 7 octobre, c'est de nature génocidaire.
11:38 Vous venez de dire "le Hamas est un mouvement terroriste",
11:40 c'est les mots que n'ont pas réussi à formuler la France insoumise.
11:44 Là, on est maintenant 15 jours après ce schisme au sein de l'ANUP.
11:47 Comment est-ce que vous voyez les choses désormais ?
11:49 Il y aura un avant, un après ?
11:51 Ce qui s'est passé au Proche-Orient, dans l'Alliance de la gauche ?
11:54 En tous les cas, c'est vrai que ça aboutit à une rupture, évidemment.
12:00 Je ne vais pas vous dire le contraire.
12:03 La politique s'est faite de valeur.
12:04 On est avec les tripes, on est avec son histoire politique,
12:07 on est avec une certaine vision de la société.
12:10 Et en l'espèce, ne pas nommer avec autant d'évidence
12:14 et pergiverser, tourner autour du pot,
12:19 ça a non seulement heurté, mais ça a aussi été révélateur
12:25 d'un décalage dans la compréhension du monde.
12:28 Comment vous l'expliquiez, Jean-Miguel ?
12:30 C'est quoi, c'est la tentation du vote communautariste
12:32 pour la France insoumise ?
12:34 C'est l'idée selon laquelle, dans les moments de tension,
12:40 il faut se singulariser pour exister.
12:43 Je pense que dans les moments de tension,
12:45 on commence d'abord à se rassembler
12:47 et après, on peut dérouler son argumentaire,
12:50 son explication, sa contextualisation.
12:53 Mais Delphine Orvilleur a une jolie formule,
12:56 elle dit que c'est ce déficit d'empathie qui a heurté.
13:00 Quand on est engagé en politique,
13:02 c'est d'abord autour de notre humanité commune.
13:04 Et là, quand elle a été absente,
13:06 du coup, ça a écrasé le discours qui pouvait suivre derrière.
13:09 Vous voyez, aujourd'hui, on a parlé du 7 octobre,
13:12 aujourd'hui, il se passe une guerre atroce à Gaza,
13:15 on doit pouvoir dire d'une voix forte
13:18 qu'il faut un cessez-le-feu, des trêves humanitaires,
13:21 qu'il faut une solution à deux États,
13:23 qu'il faut se débarrasser, évidemment, du Hamas,
13:25 qu'il faut, avant tout ça, libérer les otages, évidemment.
13:29 Mais si, avant, vous avez hystérisé le débat,
13:32 vous ne pouvez plus peser dans celui-ci.
13:35 Et c'est le reproche que je fais à ceux qui n'ont pas su,
13:39 en effet, trouver les mots
13:40 et qui nous ont mis les uns et les autres en porte-à-faux.
13:43 Concrètement, est-ce que vous êtes encore un député NUPES ?
13:46 Moi, je suis un député qui est lié par le programme de la NUPES,
13:50 que je continue à appliquer,
13:51 parce que c'est celui que j'ai soumis devant mes électeurs.
13:54 Mais je l'ai relu attentivement, nulle part dans les 650 propositions,
13:58 il était indiqué que la manière de s'exprimer dans le débat public,
14:02 que ce soit au moment des émeutes à la fin du mois de juin,
14:05 passait par cette conflictualisation,
14:08 cette singularisation recherchée comme une sorte de totem.
14:11 Vous ne pouvez pas le découvrir, c'est la stratégie de M.Mulenchon
14:15 depuis 2008.
14:16 - Oui, mais sauf qu'en 2022, il fait le choix,
14:19 il aurait pu décider autrement.
14:21 - Vous avez été piégé, là ?
14:23 - En tous les cas, on pouvait espérer
14:25 qu'à ce moment-là, il pouvait y avoir un changement
14:28 de positionnement, de stratégie.
14:31 Dans les quelques échanges que j'ai eus avec lui cet été,
14:34 il n'aimait pas la formule, mais je lui ai dit
14:37 "on attendait de toi que tu sois mis t'éran
14:39 "et tu as continué à être Che Guevara."
14:41 Il aurait pu être le chef légitime, incontesté de la gauche,
14:46 en tenant compte de la diversité de celle-ci
14:49 et du fait de dire que je suis certes le candidat
14:52 qui a fait le score de 22 % à l'élection présidentielle,
14:55 que mon groupe parlementaire est le plus important,
14:58 mais que j'ai aussi des alliés avec lesquels j'ai proposé
15:01 une coalition, et quand on est dans la position éminente,
15:04 on doit être responsable pour deux, trois et quatre.
15:07 Au lieu de ça, il nous a mis au pied du mur
15:10 ce qu'il voulait, c'était se soumettre ou se démettre.
15:12 Je ne veux pas me soumettre à quelque chose
15:15 que je considère comme contre-productif.
15:17 Je pense qu'aujourd'hui, c'est faire de Jean-Luc Mélenchon,
15:23 s'il devait l'être, le plus mauvais candidat possible
15:25 à l'élection présidentielle, parce que peut-être qu'en faisant ça,
15:29 il pense qu'il consolide son plancher,
15:31 mais il abaisse considérablement son plafond.
15:34 Il abaisse son plafond et il faut gagner un deuxième tour
15:37 de l'élection présidentielle.
15:39 Il est un candidat qui est, en l'ayant à ce point...
15:41 Comment dire ? Irrité, et c'est un doux euphémisme,
15:44 une partie de l'électorat.
15:46 -On va continuer à parler de tout cela.
15:48 On avance un peu. On va parler de la guerre Hamas-Israël,
15:51 de ces rassemblements contre les cessez-le-feu.
15:54 Il y en avait pas mal en région, à Bordeaux et en Touraine.
15:57 Et évidemment, on va parler de la tempête tirane.
16:01 Tout cela, regardez, c'était à la une
16:03 de la presse quotidienne régionale,
16:06 hier et aujourd'hui, ce vendredi et ce jeudi,
16:08 notamment la Bretagne, fortement touchée,
16:11 la Bretagne paralysée, même, c'était la une de ce vendredi.
16:14 Je vous propose de regarder ce tour des régions en images,
16:17 territoire hebdo concocté par Roselyne Pagès.
16:20 -A cause d'elle, le nord-ouest de la France a vu rouge.
16:29 Kiaran, une bombe météorologique au souffle dévastateur.
16:33 Elle a balayé les côtes bretonnes,
16:35 déraciné les arbres
16:37 et privé d'électricité des milliers de foyers.
16:39 Bruit de moteur
16:42 -Depuis 99, on n'a jamais vu ça.
16:44 On essaie de déblayer un peu la route.
16:46 -Rafale de vent à 170 km/h,
16:49 forte pluie.
16:50 À Brest, cette grue n'a pas résisté.
16:53 Le week-end dernier, déjà,
16:56 c'est Céline qui a frappé les côtes bretonnes.
16:59 Un caractère tout aussi tempétueux
17:01 qui a entièrement détruit cette saline du Morbihan,
17:04 60 tonnes de sel emportées par l'océan.
17:07 À Londres comme à Vannes, les chœurs de villes ont souffert.
17:11 -J'ai jamais vu autant d'eau
17:13 qui passe du poids public.
17:15 Un niveau record.
17:16 Certains commerçants ont eu 70 cm d'eau.
17:18 -On est sur des niveaux de tempête remarquables.
17:21 La dernière tempête aussi significative
17:23 qui a circulé en France, c'était la tempête d'Isintia.
17:26 -30 poussettes vides,
17:30 le symbole des enfants israéliens
17:32 kidnappés par le Hamas au Proche-Orient.
17:35 Ils s'appellent Haloni, Noam ou Katz,
17:38 des otages dont la communauté juive
17:40 demande la libération au moyen de cette opération-choc
17:43 dans le centre-ville de Bordeaux.
17:45 -Pour nous, c'est un grand réconfort
17:48 de savoir que ce n'est pas uniquement la communauté
17:51 qui se mobilise.
17:52 Le plus jeune a huit mois,
17:54 donc c'est encore plus difficile.
17:57 -À Saint-Pierre-des-Corps, c'est une manifestation silencieuse
18:01 qui s'est déroulée sur le parvis de la mairie,
18:03 à l'appel des partis de gauche.
18:05 -Ce qui se passe au Proche et au Moyen-Orient,
18:08 dans différents pays, ce sont des milliers,
18:10 des dizaines de milliers de civils qui meurent,
18:13 y compris beaucoup d'enfants.
18:15 C'est le moment de se mobiliser, au-delà de nos croyances,
18:18 de nos idées, de se mobiliser pour que ça s'arrête,
18:21 pour qu'il y ait des cessez-le-feu.
18:23 -Leur présence est redevenue banale depuis l'attaque d'Arras,
18:29 dans les rues de Tours comme ailleurs.
18:31 Les patrouilles de l'opération Sentinelle
18:34 quadrillent le territoire.
18:35 -C'est pas que de l'image.
18:37 L'image, c'est utile pour faire comprendre
18:40 à tous ceux qui ne les croisent pas dans la rue
18:42 qu'ils sont là et qu'ils sont en action.
18:46 Il y a de la radicalisation,
18:47 il y a des gens qui n'aiment pas la République,
18:51 mais pas plus, pas moins qu'ailleurs.
18:53 De plus en plus de citoyens veulent être rassurés,
18:56 ils veulent voir des uniformes sur la voie publique,
18:59 ils veulent se sentir protégés.
19:01 -Jérôme Gage, une réaction à l'un de ces sujets,
19:09 notamment concernant les rassemblements
19:11 pour un cessez-le-feu.
19:12 Il y a une nouvelle manifestation pro-palestinienne
19:15 qui est prévue à Paris ce samedi,
19:17 qui est non interdite, autorisée.
19:19 Le PS appelle à défiler, est-ce que vous irez ?
19:22 -Alors, à titre personnel,
19:27 moi, je n'irai pas à cette manifestation.
19:29 Il faut absolument s'insurger, s'indigner
19:33 et exprimer sa solidarité auprès des Palestiniens
19:37 face aux bombardements,
19:38 dont je considère qu'ils sont une réponse disproportionnée.
19:43 Israël doit pourchasser les terroristes du Hamas
19:46 qui ont commis ces pogroms le 7 octobre dernier,
19:51 mais là, on le voit, des victimes civiles,
19:53 des journalistes, des enfants, des personnes âgées,
19:57 c'est rajouter un épisode de plus
20:01 dans cette haine de part et d'autre.
20:04 -L'appel est lancé par la CGT, FSU, l'UNEF,
20:07 LFI, ELV, le PCF, ou encore le NPA.
20:10 Le PS a annoncé que ce serait la première où ils se rendraient,
20:13 mais vous, non, pourquoi ?
20:14 -Le PS, à l'initiative d'Olivier Faure,
20:16 n'a pas signé cet appel.
20:18 -Et après, sur le mot d'ordre ?
20:20 -Il n'a pas signé cet appel et a exprimé ses propres mots d'ordre.
20:23 Dans ses mots d'ordre, il est dit
20:25 "Nous souhaitons la libération des otages,
20:27 "nous souhaitons un cessez-le-feu à Gaza,
20:29 "nous souhaitons la relance d'un processus politique."
20:32 Je partage ces mots d'ordre.
20:34 Le problème, je vous le dis,
20:35 c'est que les organisateurs de la manifestation de demain
20:38 ont fait le choix, dans les mots d'ordre,
20:41 de ne pas demander la libération des otages.
20:43 -Pas de mot terroriste dans leur communiqué.
20:46 -Il n'y a pas de mot terroriste dans leur communiqué.
20:48 Par cohérence avec ce que j'ai dit à la tribune,
20:51 il y a quelques jours,
20:52 en disant que la situation est désespérante,
20:55 déprimante, mais qu'il faut avoir la tête froide
20:58 et le regarder avec cette lucidité.
21:02 La lucidité, c'est de dire qu'il y a eu une attaque terroriste,
21:05 la continuation de ces attaques, c'est les otages détenus,
21:08 donc on doit demander la libération des otages.
21:11 Il y a une réponse disproportionnée et des victimes civiles,
21:14 il faut demander un cessez-le-feu
21:16 et il faut relancer un processus politique dans la région.
21:20 Et on ne peut pas être hémiplégique
21:22 et avoir l'impression, comme je l'ai parfois
21:25 à la lecture de ces communiqués,
21:26 que cette guerre de Gaza, elle tombe du ciel.
21:29 Non, elle ne tombe pas du ciel.
21:31 Bien sûr, elle est le fruit de dizaines d'années d'inertie,
21:34 mais il y a eu cette attaque terroriste
21:37 et on ne peut pas invisibiliser les otages.
21:40 Et si on veut être, justement,
21:43 pour une paix juste et durable au Proche-Orient,
21:46 alors il faut avoir ce même niveau de compassion et d'empathie
21:49 avec les différentes victimes.
21:51 Je dirais manifester dimanche à l'appel des Guerrières de la paix
21:54 à Paris, dimanche après-midi,
21:56 qui est une association qui oeuvre précisément
22:00 pour la paix, pour les droits évidents des Palestiniens,
22:04 mais aussi pour le droit à la sécurité d'Israël.
22:06 On va enchaîner avec d'autres sujets,
22:08 notamment le projet de loi immigration
22:10 qui arrive ce lundi, le 6 novembre, au Sénat.
22:12 C'est un sujet pour Quentin Calmet, forcément.
22:14 Les Français y sont plutôt favorables.
22:16 8 sur 10, regardez ce dernier sondage de Noxa,
22:19 sont favorables à ce projet de loi.
22:20 Tout va se jouer entre les LR et le gouvernement.
22:24 Ils cherchent à trouver un accord.
22:26 Il y a des lignes rouges dans tous les camps.
22:28 Les LR ne veulent pas de l'article 3
22:30 sur les titres de séjour dans les métiers en tension.
22:32 Est-ce qu'il y a une impasse politique, vous le pensez,
22:34 pour Gérald Darmanin, avec ce texte,
22:36 avec une majorité impossible à trouver sur ce projet de loi ?
22:39 Évidemment.
22:40 Évidemment, et pour d'abord une raison qui est terrible.
22:44 Gérald Darmanin, je crois que c'est le 29e projet de loi
22:48 sur l'immigration depuis 1980.
22:50 Il veut donc mettre, comme tous les autres,
22:53 son nom adossé à un projet de loi sur l'immigration.
22:57 Il le fait de la pire des manières.
22:58 Qu'il y ait à revoir un certain nombre de dispositions
23:01 relatives aux conditions d'entrée et de séjour des étrangers,
23:04 aux conditions d'intégration,
23:06 comme toute politique publique,
23:07 elle peut être régulièrement questionnée.
23:09 Mais là, on le voit bien qu'il le fait dans une logique,
23:12 je ne sais pas s'il faut la caractériser,
23:14 d'électoraliste, mais en tous les cas de politicienne,
23:17 dans le plus mauvais sens du terme,
23:18 ceux des articles qui sont chiffon rouge dans le débat,
23:22 ils ne veulent pas de mesures facilitant
23:25 la régularisation des travailleurs sans papier.
23:28 C'est une réalité objective.
23:30 Il y a des métiers en tension.
23:32 Ça, c'est défendu par le gouvernement.
23:34 C'est l'LR qui n'en veut pas.
23:35 C'est l'LR qui n'en veut pas.
23:36 Oui, mais on voit bien qu'il y a une sorte de drague
23:41 qui est faite par Gérald Darmanin.
23:43 On ne sait pas si ce chiffon rouge sera retiré,
23:46 Est-ce que la gauche est prête à l'accepter, ce chiffon rouge ?
23:49 Non, mais moi, ce qu'on ne veut pas accepter,
23:52 c'est un texte dont les arrières-pensées
23:55 ne sont pas destinées à améliorer
23:58 les conditions d'entrée et de séjour
23:59 ou les conditions d'intégration.
24:02 Regardez, il y a des dispositions qui sont,
24:04 là, pour le coup, qu'on n'acceptera jamais,
24:07 qui est les remises en cause du droit d'asile.
24:10 Pire, issue du Sénat, la remise en cause du droit du sol,
24:14 c'est-à-dire qu'on touche,
24:15 vous parliez de principe républicain
24:16 en parlant de la sécurité sociale tout à l'heure,
24:18 l'asile, le droit du sol, le droit de la nationalité,
24:22 c'est consubstantiel à la République.
24:24 - C'est pas dans le texte. - Donc là, on est...
24:25 Oui, enfin, on est dans le débat avec ça.
24:27 La remise en cause de l'aide médicale d'État,
24:29 - ça, c'est... - Ça tombe bien.
24:31 ...un des chiffons rouges,
24:32 enfin, une des lignes rouges, plutôt,
24:34 qui est susceptible d'être franchie
24:35 uniquement pour flétcher une partie de l'extrême-droite
24:39 ou de la droite.
24:40 Sur l'aide médicale, justement, je vous avais promis
24:42 qu'on parlerait quand même un petit peu du grand âge.
24:44 C'est un de vos sujets aussi de connaissance,
24:47 cette prédilection, Pierre Jérôme, des Hauts-de-France.
24:49 Vous avez écrit il y a dix ans un livre sur ce sujet,
24:53 "Plaidoyer pour les vieux".
24:54 Vous préparez la suite.
24:56 Autre événement en librairie,
24:58 le livre "Les Faussoyeurs",
25:00 qui a fait un scandale ressort en poche.
25:02 Qu'est-ce qui a changé ?
25:04 Et surtout, avec votre analyse,
25:06 est-ce qu'il faut nationaliser aujourd'hui toutes les EHPAD ?
25:10 Aujourd'hui, il y a...
25:12 On parlait de transition tout à l'heure.
25:14 La transition démographique, la révolution de la longévité,
25:16 est un sujet majeur.
25:17 Il n'y a pas une famille qui n'est pas concernée
25:19 avec une inquiétude sur comment je vais vieillir,
25:23 dans quelles conditions, est-ce que mon habitat,
25:25 mon logement est adapté,
25:27 est-ce que le quartier dans lequel je vis,
25:29 je vais pouvoir continuer à y vivre,
25:31 et est-ce que j'aurai des EHPAD
25:33 ou des services à domicile
25:35 avec suffisamment de personnel,
25:37 suffisamment de temps d'intervention,
25:38 lutter contre l'isolement, etc.
25:40 C'est un drame qu'on a depuis une quinzaine d'années,
25:43 et donc tout gouvernement confondu,
25:44 c'est qu'on regarde ailleurs.
25:46 J'ai utilisé cette expression,
25:47 "la maison vieillit et on regarde ailleurs".
25:50 C'est le parallèle avec Jacques Chirac.
25:52 -Sommet de la Terre, oui.
25:53 -Et ça s'illustre par l'extrême procrastination.
25:57 Vous voyez, Emmanuel Macron avait promis une loi grantage en 2018.
26:01 -Une grande loi. -Une grande loi grantage.
26:03 Elle a été repoussée, abandonnée dans le premier quinquennat.
26:06 Elle n'a pas été reprise dans les engagements de campagne
26:09 de la République.
26:10 Dans quelques jours, à l'Assemblée nationale,
26:13 il y aura une proposition de loi sympathique sur le bien vieillir.
26:16 Au début de sa lecture, au mois d'avril,
26:18 j'avais réussi à faire voter un amendement à l'unanimité,
26:21 disant de tous les parlementaires,
26:23 "Nous voulons une loi de programmation sur le grand âge."
26:26 Il paraît qu'Elisabeth Borne cherche des sujets de compromis.
26:30 Elle refuse cette proposition-là.
26:32 Pour répondre à votre question, il faut un changement de braquet,
26:36 des moyens supplémentaires.
26:37 -Le privé et le public, on voit plein d'Ehpad publics
26:40 qui tirent la langue pour tenir l'enjeu.
26:42 -Ils tirent la langue.
26:44 Regardez ce qui se passe en Bretagne,
26:46 avec 250 maires en Bretagne
26:47 qui menacent de porter plainte contre l'Etat
26:50 pour maltraiter, on ne donne pas assez de moyens,
26:52 car derrière, c'est les professionnels des Ehpad
26:55 qui ne sont pas nombreux pour accompagner les personnes.
26:58 Ce débat de société, on nous l'interdit.
27:00 On nous empêche de dire qu'il faut dégager
27:03 des moyens supplémentaires.
27:05 Même la Cour des comptes dit qu'on a besoin
27:07 de moyens supplémentaires pour le grand âge.
27:09 On aura une crise du vieillissement.
27:11 -Sur le projet de loi sur la fin de vie,
27:13 vous avez une opinion ?
27:15 -Je fais un parallèle.
27:16 C'est paradoxal.
27:17 On va légiférer, et il faut le faire sur la fin de vie.
27:20 Je suis favorable à l'aide active à mourir,
27:23 mais c'est dingue qu'on légifère sur le droit de mourir
27:26 et qu'on ne prenne pas le temps sur le droit de vieillir
27:29 dans la dignité, qui est pour moi un sujet plus important.
27:32 -Merci, Jean-Luc Ghez.
27:34 Ça sera dans votre ouvrage, et peut-être dans l'ouvrage
27:37 de votre compagne, Émilie Frèche.
27:39 -Oui, vous avez évoqué ces sujets.
27:41 -On fait double plume un peu de vos livres.
27:43 Merci beaucoup, Jean-Luc Ghez.
27:45 Je passe à notre deuxième invité.
27:47 Avant d'en savoir le député Renaissance du Nord,
27:55 Vincent Ledoux, je vous propose de faire un petit tour
27:58 par les Hauts-de-France, sa région,
28:00 dans l'Aisne où Emmanuel Macron a inauguré
28:03 la Cité de la langue française.
28:05 -Le président Emmanuel Macron inaugurait ce jour
28:07 la Cité internationale de la langue française,
28:10 un espace de 23 000 m2 situé au coeur du château
28:13 de Villers-Cotterêts-dans-Laine.
28:15 Le chantier, initié en 2017, a mobilisé
28:17 quelques 220 entreprises pour restaurer ce lieu
28:20 chargé d'histoire. En 1539, François Ier y signait
28:23 une ordonnance imposant l'usage de la langue française
28:26 dans la rédaction des textes juridiques.
28:28 -Ce sera un lieu pour les enseignants et leurs élèves
28:31 pour venir apprendre, découvrir, étudier la langue française,
28:34 pour venir se former également.
28:37 Je veux qu'ici, les professeurs avec leur classe
28:40 puissent venir découvrir des mots,
28:42 car la France est une puissance éducative,
28:45 de l'importance, en effet, de notre orthographe,
28:49 de l'importance de la dictée,
28:53 et continuer de lutter contre l'illettrisme
28:56 à tous les âges, qui est la pire des barrières,
29:00 car c'est celles dont on n'ose pas parler.
29:02 Un illettré, une illettrée ne se voit pas
29:07 et n'ose le dire.
29:09 Mais ce sont des murs qui vous empêchent
29:12 d'accéder au commun de la nation, du pays.
29:16 -La Cité internationale de la langue française,
29:18 c'est un parcours ludique de 15 salles,
29:21 soit 1 200 m2 dédiés aux Français
29:23 et à disposition de tous les publics.
29:25 Outre les 150 pièces de collection exposées sur place,
29:28 de nombreux outils de médiation seront accessibles
29:31 pour permettre aux plus jeunes de s'emparer des mots.
29:34 -C'est un parcours permanent qui, tout le long du 1er étage,
29:37 nous emmène dans le voyage des mots,
29:39 dans la migration des mots,
29:41 dans le transport par les mots,
29:43 les émotions, parce qu'en français, on chante,
29:46 en français, on aime, en français, on pleure aussi.
29:49 -Le site, à la fois bibliothèque, salle de spectacle
29:52 et résidence d'artistes, accueillera le sommet
29:55 de la francophonie en mars prochain.
29:57 -Bonjour, Vincent Ledoux. -Bonjour.
29:59 -Merci d'être avec nous.
30:01 Vous êtes, donc, député du Nord, suppléant de Gérald Darmanin,
30:04 qui est parti en intérieur depuis un an.
30:07 Alors, vous y étiez, d'ailleurs, dans l'Aisne...
30:10 -Non. Hélas, j'étais à l'Assemblée.
30:13 -Ah. Faut bien travailler. -Hélas.
30:15 -Oui, hélas. -C'est un beau projet.
30:17 -On va en reparler.
30:19 Je vous présente les 3 journalistes qui vont vous interroger
30:22 et qui vont vous poser quelques questions
30:24 de notre questionnaire de prouces traditionnelles.
30:27 Pierre-Jérôme Montenot, de votre région,
30:29 il représente les Hauts-de-France.
30:31 Il va vous poser une première question.
30:34 -Vous êtes historien.
30:35 Quelle est votre figure historique préférée ?
30:38 Clémenceau. -Ah, ben là...
30:40 -Roi Clémenceau, parce qu'il résume, en fait,
30:43 cette espèce de dandisme intellectuel de son époque,
30:47 en même temps, une grande douceur
30:49 qui lui vient de cet amour des arts,
30:52 un amour de la nature, puisque je suis allé voir, sur la plage,
30:56 cette petite bourriche qui juste est sur le...
30:59 -Cette maison. -Voilà.
31:00 -C'est le tigre, c'est pour ça.
31:02 -Je suis fan de ce personnage. Je sais pas pourquoi.
31:05 J'en ai deux, comme ça. J'ai Clémenceau
31:07 et Jériche-Lieu. C'est pour moi deux grands personnages.
31:10 Et en même temps, c'est cette fermeté
31:12 dans la conduite de la guerre,
31:14 et puis aussi cette histoire qui se termine mal
31:16 aux yeux des Français, puisqu'il n'est pas reconduit,
31:19 il n'a pas une forme de reconnaissance collective,
31:22 il l'aura bien après sa mort.
31:24 Le tigre, donc.
31:25 C'était d'ailleurs Patrick Mignola qui nous avait dit la même chose.
31:28 Vous vous souvenez ? -C'est un ami.
31:30 -Vous vous en souvenez, Jefferson ? Vous étiez là.
31:33 -J'étais là. -Vous posez la deuxième question.
31:35 Jefferson Despord, qui est donc représentant
31:38 du Sud-Ouest, de la Nouvelle-Aquitaine.
31:40 -Bien sûr. Vous venez de la droite,
31:42 vous êtes suppléant de Gérald Darmanin.
31:45 Une question très simple.
31:46 On vous imagine beaucoup plus Gérald Darmanin
31:49 dans l'optique de 2027 qu'Edouard Philippe.
31:51 C'est un raccourci ?
31:53 -Oui, parce que j'ai beaucoup apprécié
31:55 le mandat d'Edouard Philippe,
31:57 j'allais dire Gérald Philippe.
31:58 -Ce que Jefferson veut dire, c'est que vous avez beaucoup navigué
32:02 dans la droite. Vous étiez baladurien,
32:04 RPR, diverses droites, Borlo.
32:06 -Je connais Gérald Darmanin très bien,
32:08 je le suis depuis très longtemps, je le vois sur le terrain,
32:12 je vois son empathie.
32:13 Et puis, la présidentielle, ce sera un choix,
32:16 une rencontre entre une personnalité
32:18 qui incarne plein de choses
32:19 et une conjonction particulière d'événements,
32:22 et puis le peuple.
32:23 C'est aussi simple que ça.
32:25 Mais j'ai envie de dire que j'aime bien les deux,
32:28 mais un gros faible pour Gérald Darmanin.
32:30 -Un gros faible pour Gérald Darmanin.
32:33 On termine par la dernière question
32:35 pour contraint Calmet, journaliste Public Sénat.
32:38 -Voilà, journaliste ici à Public Sénat.
32:40 Effectivement, on va peut-être mieux vous situer politiquement.
32:44 C'est quoi la grande loi importante pour vous,
32:46 alors que vous ayez voté quand vous étiez député ou avant ?
32:50 C'est quoi un texte de loi qui a changé la vie des Français ?
32:53 -Je suis arrivé il y a 7 ou 8 ans,
32:55 c'était le vote de l'état d'urgence.
32:58 J'avais l'impression d'être dans un truc de fin de règne,
33:01 de fin de scie, qui allait se passer incroyable.
33:03 -L'état d'urgence terroriste. -On a siégé jusqu'à 5h.
33:06 J'avais jamais vu ça, jamais connu ça.
33:09 J'avais dû être exfiltré par les gardes républicains du métro
33:12 parce qu'on voulait pas faire sortir
33:14 un certain nombre de parlementaires qui devaient siéger.
33:17 C'était une période un peu compliquée.
33:20 La vie des Français, c'était un temps particulier.
33:23 La période Covid a été... -Un autre état d'urgence.
33:26 -Oui, j'ai vraiment connu, en 8 ans,
33:28 une situation qui est très complexe
33:30 et qui reste très complexe, avec beaucoup de tensions.
33:33 -Et dernière question sur votre région de prédiction.
33:37 On imagine tous que c'est... -C'est le Nord.
33:40 -Le Nord, particulièrement.
33:42 -Rompte. -Oui, forcément.
33:44 -Vous avez glissé vers le sud.
33:46 -Je suis un vrai Belge.
33:47 Mon arrière-grand-père parlait que flamand, il était né à Eluin.
33:51 Mon grand-père parlait les deux, mon père ne parlait que français.
33:55 -Vous parlez flamand ? -Pas du tout.
33:57 -Je serais très né. -Je peux dire que ça,
33:59 mais après, je suis très limité.
34:01 -En tout cas, vous aimez bien le drapeau tricolore.
34:05 -Ca vient du Bénin.
34:07 Je suis très africain, en vérité.
34:10 Un jour, dans la cité africaine... -C'est la commission France-Mali.
34:14 -A Cotonou, on m'a mis ce petit bracelet
34:16 et je l'ai quitté depuis un temps. -Là aussi.
34:19 -Ou alors, ça, c'est autre chose. -Ca tombe bien.
34:22 On parle du drapeau français, de la France et de la langue française
34:25 avec la question "Qu'achent-ils ?"
34:27 Pierre Jérôme de votre région vous la pose.
34:30 -On vient de voir la cité de la langue française.
34:33 On a retenu le discours d'Emmanuel Macron,
34:36 le tacle sur l'écriture inclusive.
34:38 On a aussi voté au Sénat une proposition ce lundi
34:41 sur son interdiction.
34:43 Vous êtes pour, contre, il faut interdire
34:46 l'écriture inclusive. -Je vois pas bien
34:48 ce que ça apporte au débat.
34:50 Je ne me retrouve pas dans l'écriture inclusive,
34:53 pour tout vous dire.
34:55 Je pense que ça met un peu plus de difficultés à comprendre.
34:58 Il y a un vrai sujet.
35:00 Villers-Scotteray, pour moi, en est le symbole.
35:03 La langue française, c'est un monument, une tradition.
35:06 Au moment où François 1er signe l'édit de Villers-Scotteray,
35:09 les Français ne parlent pas français.
35:12 C'est là que commence une grande aventure.
35:14 Une grande aventure qui va ne l'avoir de cesse
35:17 que de moderniser cette langue, la rajeunir,
35:20 l'adapter au temps que nous vivons,
35:22 mais pas jusqu'à cette forme... Je vois les yeux pétiles.
35:25 Je ne suis pas vraiment dans cette forme d'inclusivité.
35:28 -La langue est plastique. -Je comprends le Sénat.
35:31 Je comprends parfaitement bien.
35:34 Je suis prêt à entendre tous les discours.
35:36 Personnellement, je ne m'y retrouve pas.
35:39 -La langue inclue
35:41 et l'écriture inclusive,
35:44 ça exclut plutôt que pour vous ?
35:46 -Ca n'intègre pas. Voilà ce que j'ai envie de vous dire.
35:49 Je ne vois pas ce que ça apporte au débat.
35:52 -C'était important de clarifier cette position
35:54 et que le président de la République dise ça ?
35:57 -C'est le président de la République qui a souhaité préciser.
36:00 Comme il le fait souvent. Il nous surprend parfois.
36:03 Dans ses discours.
36:05 Je pense qu'il a bien fait...
36:06 C'est un grand amateur de la langue française.
36:09 Je pense que c'est une référence.
36:11 -Le président de la République,
36:13 il est en ce moment en Bretagne, ce vendredi,
36:16 pour voir les sinistrés après le déferlement de la tempête Kiran,
36:19 qui a également déferlé sur votre région
36:22 et sur une bonne partie nord-ouest de la France.
36:25 Regardez, je vous repropose les unes
36:27 de cette presse quotidienne régionale
36:29 qui était largement consacrée à cet événement climatique,
36:33 notamment celle du Télégramme.
36:35 Une Bretagne paralysée, dévastée.
36:37 Y a-t-il eu beaucoup de dégâts ?
36:39 -J'ai vu la une de la Voie du Nord,
36:41 il y a eu pas mal. -Surtout dans le Pas-de-Calais.
36:44 -Moins chez nous.
36:45 Mais chez nous, un tout petit peu.
36:47 Mais ça n'a pas été dramatique.
36:49 Ce qui est plutôt bien dans la gestion de cette crise,
36:52 quand on est face à un aléa naturel,
36:54 c'est qu'on a été prévenu bien d'en amont,
36:57 tout était bien préparé,
36:58 ce qui fait qu'on a pu absorber
37:00 pas mal de petits, de gros dommages.
37:02 Je viens de travailler sur les catastrophes naturelles
37:06 liées aux argiles.
37:07 Là, tout est à faire.
37:08 Donc là, on est vraiment dans un modèle
37:10 de gestion de crise qui restera très longtemps dans les annales.
37:14 -Il y a quand même deux morts.
37:16 -Rappelons le bilan.
37:18 Pour le moment, Elisabeth Borne nous a annoncé
37:20 deux morts et 47 blessés,
37:22 dont...
37:23 -13 ans. -Plusieurs confiés.
37:25 -Ca aurait pu être bien pire...
37:27 -Et encore 500 000 voyés sans électricité.
37:30 -L'on oublie pas que bien après,
37:32 des gens seront victimes de ces événements.
37:35 -Vous parliez des fissures et de votre travail sur les argiles.
37:38 C'est une catastrophe naturelle.
37:40 Les assurances jouent le jeu ?
37:42 Il y avait un sujet, peut-être, avant ?
37:44 -Oui, oui. Allons-y.
37:46 Oui, on avait un sujet.
37:47 -C'est dans le sujet.
37:49 Si vous gardez le sujet...
37:50 -C'est un reportage qui vient du Nord
37:52 et qui pourrait être dupliqué dans votre région et ailleurs.
37:56 Regardez "Les maisons fissurées".
37:58 -C'est une découverte dont se serait bien passé Vincent.
38:01 Des fissures, lézard de lémur de son habitation.
38:05 -C'était légèrement amorcé au coin de la porte, l'an dernier,
38:08 et cette année, je vois que ça continue,
38:10 ça suit la ligne des parpaings.
38:12 Nous sommes très inquiets, avec mon épouse,
38:15 et surtout, on ne sait pas comment traiter ce genre de problème.
38:19 -L'histoire semble se répéter, ici, à Ornois-le-Bourg.
38:22 Depuis plusieurs années, les aléas climatiques
38:24 semblent impacter le sous-sol de la commune, très argileux.
38:28 Soumis à la sécheresse,
38:29 ils se rétractent, créant des mouvements de terrain
38:32 désormais bien visibles.
38:33 Les habitants, touchés par le phénomène,
38:36 doivent voir la valeur de leurs biens dépréciés,
38:39 sans compter le coût des travaux.
38:40 -Pour que ce soit réparable,
38:42 j'ai quand même un passé dans la construction.
38:45 Ca implique des travaux qui sont très conséquents.
38:48 Ca peut partir, des fois,
38:50 dans plusieurs dizaines de milliers d'euros.
38:52 -Conscient du phénomène, après avoir monté un lourd dossier,
38:56 le maire obtenait en 2019 la reconnaissance
38:58 de l'état de catastrophe naturelle pour les 25 habitations touchées.
39:02 Mais voilà, aucun des propriétaires concernés
39:05 n'a pu être indemnisé par son assurance.
39:07 -Les assurances, les experts,
39:10 ont tous, tous, mais alors à 100 %,
39:13 dit que ça venait pas de ces désordres,
39:17 que ça venait pas du sol, et s'en est resté là.
39:20 Et c'est bien dommage,
39:21 parce qu'aujourd'hui, il y a des nouvelles périodes de sécheresse
39:25 qui accentuent les dégradations.
39:30 -Aujourd'hui, plus question de relancer de telles démarches,
39:33 mais le maire de la commune
39:35 compte recenser les nouvelles habitations dégradées
39:38 et surtout faire en sorte que les futures constructions
39:41 résistent au phénomène.
39:42 -Voilà, des maisons de plus en plus fissurées,
39:45 des assureurs de plus en plus frileux,
39:47 malgré des recommandations récentes de votre prédécesseur,
39:50 Gérald Darmanin.
39:51 -Va-t-on revoir le sujet ?
39:53 Ce qu'on a vu se transpose dans beaucoup de régions,
39:56 y compris en Nouvelle-Aquitaine, avec les sécheresses.
39:59 On parlait de la tempête.
40:00 Les assureurs jouent le jeu sur ces questions ?
40:03 -Tout le monde.
40:04 -Vous venez de remettre un rapport à Gérald Darmanin.
40:08 -Il faut savoir qu'on est le seul pays en Europe
40:10 qui a un régime catastrophe naturel.
40:13 Ca veut dire qu'on fait jouer la solidarité,
40:15 la mutualisation des risques.
40:17 Et le risque que vous venez de citer, l'argile,
40:20 a été incorporé à l'enveloppe Catenac de 82,
40:23 sept ans plus tard, en 89.
40:25 Depuis 89, il y a eu zéro prévention.
40:28 Alors que pour les inondations, les tempêtes,
40:30 on s'y est plutôt bien préparé.
40:32 On ne s'y est absolument pas préparé.
40:34 Donc, il faut très vite, avec les maires,
40:36 on voit bien le désespoir du maire,
40:38 il faut les mettre en mouvement et en combat contre l'URG.
40:42 Ca, c'est le premier point, la prévention massive.
40:44 Deuxièmement, il faut qu'on adapte notre logement,
40:47 notre résidence, notre maison, au changement climatique.
40:51 Ca aussi, c'est très important.
40:52 C'est vraiment une violence faite...
40:55 -Pas des constructions neuves ?
40:57 -Les constructions neuves rentrent dans la loi ELAN,
41:00 qui prévoit un certain nombre de dispositifs
41:02 qui devront être complétés.
41:04 L'évaluation nous le dira, mais c'est le stock ancien.
41:07 Et le stock ancien, c'est 10 millions de maisons
41:10 potentiellement vulnérables. C'est gigantesque.
41:12 Imaginez que ces 10 millions cassent en même temps.
41:15 -Ca veut dire qu'au moment de la revente,
41:18 vous demandez un certificat, c'est ce que vous recommandez ?
41:21 -J'aimerais demander un certificat qui n'existe pas.
41:24 Contrairement au diagnostic de performance énergétique,
41:27 nous n'avons pas de diagnostic RGA.
41:29 C'est pour ça qu'il faut le faire.
41:31 D'où ma recommandation au gouvernement
41:34 de créer un pilotage national pour incarner cette question,
41:37 pour la piloter, pour continuer la recherche.
41:39 On n'a pas de solution qui soit miracle.
41:42 Quand la maison est trop cassée, on injecte du béton en dessous-sol.
41:45 Si vous dites que c'est écologique, je vous rends mon chapeau.
41:49 Il faut vraiment 10 millions de maisons
41:51 avec des millions de micropues en béton.
41:53 -On voit que les phénomènes de sécheresse
41:56 sont de plus en plus longs.
41:58 On a maintenant d'hiver, cette argile qui devient toute petite
42:01 et qui regrossit très vite.
42:03 Est-ce qu'il y a une prise de conscience ?
42:05 Vous avez remis un rapport à Gérald Darmanin.
42:07 On en est encore à remettre.
42:09 -Oui, et le Sénat a fait des rapports.
42:11 -C'est très documenté.
42:13 -On passe à l'action.
42:14 -Ce doit être le dernier rapport.
42:16 Sinon, ça ne sert à rien.
42:18 Je n'ai pas dit que vous aviez écrit l'alpha et l'oméga du sujet.
42:21 Il faut agir.
42:22 J'ai été plutôt très agréablement reçu par Béchut.
42:26 Je ne dis pas parce qu'il l'a mis à travers le sud,
42:29 mais parce que ça fait résonance.
42:31 Je le savais, il était très en écoute depuis très longtemps.
42:34 Je me souviens d'un moment qu'on passait ensemble
42:37 devant la cheminée juste avant Noël.
42:39 Je lui ai dit que c'était un sujet majeur
42:42 qui impactait la vie des Français.
42:44 Il était alors à Bercy.
42:45 D'où les deux enveloppes 2019-2020
42:48 que nous avons montées en urgence à l'Assemblée
42:50 et qui n'ont pas été utilisées
42:52 parce qu'on a tout détricoté par derrière.
42:55 -Vous parliez tout à l'heure des délais
42:57 pour faire intégrer dans la loi.
42:59 Vous parliez de 7 ans de délai
43:01 entre ce que vous aviez préconisé et ce qui se fait aujourd'hui.
43:05 Les délais pour ces maisons-là, il faut agir comment ?
43:08 -Vous qui venez de Cébien-le-Nord,
43:10 là où j'ai remis le rapport au ministre de l'Intérieur,
43:13 le monsieur a acheté sa maison.
43:15 Son fils était en 6e, il entrait en 6e.
43:17 Si tout va bien, la maison va être reconstruite,
43:20 mais sans valeur ajoutée,
43:22 comme elle l'était 7 ans auparavant.
43:24 Il se sera passé 7 ans.
43:25 Le gamin sera à la fac.
43:27 Le gamin aura passé toute sa vie d'adolescent
43:30 dans une maison abîmée,
43:31 alors que ses parents travaillent tous les deux
43:34 et qu'ils ont un environnement favorable
43:36 pour épanouir leurs enfants.
43:38 On va en les compter un peu du temps, du stress,
43:41 et ces victimes-là ne sont pas victimes.
43:43 Ils restent sinistrés.
43:45 Contrairement à ceux de la tempête, et c'est très bien,
43:48 ceux de l'inondation, il y a du soutien psychologique,
43:51 dans les collectivités, ils n'ont rien du tout.
43:54 Ils sont tout seuls.
43:55 Je demande, et c'est une recommandation forte,
43:58 qu'on saisisse les préfets
44:00 pour que d'ici 6 mois,
44:02 les cas les plus douloureux dans nos départements
44:04 soient recensés, dans des communes reconnues,
44:07 mais quand c'est trop douloureux, qu'on les accompagne.
44:11 - C'est-à-dire du relogement, des aides
44:13 pour reconstruire les maisons ?
44:15 - Surtout au regard du relogement,
44:17 parce qu'aujourd'hui, on ne reloge pas forcément.
44:20 Même quand on propose un relogement,
44:22 on ne le trouve pas.
44:24 Chez nous, qui sommes bas arrière des Jeux olympiques,
44:27 quelqu'un me dit, dans les Flandres,
44:29 avec une épouse en dépression depuis 2-3 ans,
44:32 "Je ne vais pas trouver de gîte."
44:34 Tous les gîtes d'étape sont pris d'assaut.
44:37 Il va devoir acheter un cabanon, le mettre dans son jardin
44:40 et suivre son chantier.
44:41 Aujourd'hui, ils sont hors radar.
44:44 C'est un des grands impensés des catastrophes naturelles.
44:47 - Il faudrait être plus vigilant
44:49 pour ne pas avoir un autre sujet.
44:51 - C'était signalé au général Darmanin.
44:54 - Il y a un gros sujet, c'est l'expertise d'assurance.
44:57 - 2 ans, 3 ans ?
44:58 - Mais au-delà du temps, c'est la compétence professionnelle,
45:02 les gens qui ne sont pas forcément formés
45:04 sur le risque argileux.
45:06 C'est le fait, comme à l'U1,
45:08 où 4 maisons sont impactées, 4 assureurs,
45:10 4 expertises différentes, bonjour les dégâts.
45:13 Vous ne trouvez pas de team leader.
45:15 Quand vous avez un dommage voiture,
45:17 qui va conduire la chose et que vous trouvez des solutions,
45:21 c'est pas le cas dans le cadre des argiles.
45:23 - Ça restera assuré, ce risque-là ?
45:25 - Vous savez que...
45:27 - Les assureurs disent qu'ils n'en prennent plus ?
45:30 - Une mission a été confiée à Thierry Langrenet
45:32 et deux autres experts,
45:34 qui va rendre ses conclusions en décembre
45:36 sur la soutenabilité du régime Catnaz.
45:39 Il faudra bouger un certain nombre de paramètres,
45:42 comme le forfait que vous payez dans votre assurance.
45:45 - Est-ce qu'une maison fissurée se répare bien ?
45:48 Est-ce que c'est facile à restaurer ?
45:50 - Ça dépend des fissures, l'état de votre bâtiment.
45:53 - Un coup de béton, d'enduit ?
45:55 - Aujourd'hui, les solutions qu'on a,
45:57 elles sont pas... - Vous me voyez venir.
46:00 - Je vous vois pas venir, mais je vous réponds.
46:03 Les plus écologiques, c'est de la résine.
46:05 J'ai vu des gens prendre des crédits
46:08 pour injecter de la résine dans le sous-sol.
46:10 - Ça me permettait de faire une transition.
46:13 - Répare-café. De plus en plus de Français réparent.
46:16 Peut-être pas leur maison, pas encore,
46:18 mais ils essayent de réparer leurs objets, leurs outils.
46:22 Regardez.
46:23 - La région Bretagne fait campagne jusqu'au 5 novembre prochain
46:31 pour le réemploi des objets.
46:33 Objectif, sensibiliser les Bretons à moins jeter,
46:36 à réparer, à donner.
46:38 La région a même mis en place
46:40 une formation de techniciens valoristes.
46:42 L'occasion de mettre un coup de projecteur
46:45 sur les recycleries et autres associations de réemploi,
46:48 comme les Repair Café.
46:49 A Plouiderre, il y a quelques jours,
46:51 ces bricoleurs bénévoles organisaient un atelier
46:54 de réparation d'appareils électroménagers.
46:57 Les habitants étaient invités à apporter leurs objets défectueux.
47:01 - Je suis venue à Repair Café
47:03 voir si on peut réparer ma petite tondeuse.
47:05 Elle a la prise qui ne marche pas.
47:08 Et comme j'ai pas les outils possibles pour le réparer,
47:11 je vais la réparer.
47:13 - Vous ne voulez pas la jeter ?
47:14 - Non, j'ai pas envie de la jeter.
47:16 Je tiens ma petite tondeuse.
47:18 Je l'aime bien, elle est pas lourde,
47:20 mais elle est agréable.
47:22 Je pense qu'elle est réparable.
47:24 Ça fait mal au coeur de jeter.
47:25 - C'est une commande de tondeuse à gazon.
47:29 La prise est partie dedans,
47:31 donc on va la démonter pour voir
47:33 si on peut la refixer par l'intérieur.
47:35 - La petite tondeuse de Bernadette n'aura pas de seconde vie.
47:39 - Il faudra que tu le juges.
47:41 - Donc là, il faudrait prendre sa retraite.
47:44 J'aurais pu faire un plaisir et récupérer un frais
47:47 de mes petits-enfants, mais non, il n'y a pas moyen.
47:50 Je vais essayer.
47:52 - Mais le réflexe est pris.
47:54 Avant de jeter, on tente de réparer.
47:56 - Avant de jeter, on tente de réparer.
47:59 Il y a pas mal de réparcafés dans le Nord.
48:01 - J'en ai deux dans ma circonscription.
48:04 A neuf vies d'en faire un, c'est top.
48:06 On peut faire réparer son grippe 1,
48:08 mais on peut être associé à la réparation.
48:10 - Vous êtes déjà allé ? - Oui, plusieurs fois.
48:13 Je prends le café, mais je ne comprends rien à la technique.
48:16 - Vous ne réparez pas votre cafetière ?
48:18 - J'ai une superbe 2 chevaux, des années 84-85,
48:22 qui a été complètement réparée par un de mes papys,
48:25 qui a offert et qui a réparé 4 2 chevaux
48:29 pour ses 4 petits-enfants.
48:30 Je suis heureux d'être le 5e, peut-être petit-fils,
48:33 mais c'est magnifique.
48:35 Les gens passent un temps infini pour nous faire des beautés pareilles.
48:39 - C'est ce qu'il faut, aujourd'hui.
48:41 Recycler, réparer, sans transition.
48:43 Quentin, on va parler d'immigration.
48:45 - Il nous reste quelques minutes pour évoquer ce projet de loi
48:49 important qui arrive lundi au Sénat,
48:51 à 16h, c'est à suivre en direct sur Public Sénat.
48:54 Le projet de loi immigration, depuis un an,
48:56 le gouvernement en parle avec deux jambes
48:59 pour l'intégration par le travail, l'article 3,
49:02 qui est une ligne rouge pour les ALR,
49:04 mais aussi mieux reconduire les immigrés
49:07 qui ne doivent pas rester...
49:08 - Surdonner des papiers pour les mettre en tension.
49:11 - Comment le gouvernement et la majorité présidentielle
49:15 peuvent s'en sortir avec ce texte,
49:17 sachant les lignes rouges dans tous les sens, DLR, de la gauche ?
49:20 - Ils doivent comprendre que les lignes rouges
49:23 ne sont pas les partis politiques,
49:25 c'est la population.
49:26 Ils viennent avec moi à Tourcoing ou ailleurs
49:29 et vont comprendre ce que la population demande.
49:32 C'est un vrai sujet pour les gens.
49:34 On ne peut pas lier immigration, insécurité, terrorisme.
49:37 C'est très compliqué, très complexe.
49:40 Je me retrouve assez bien.
49:41 Je ne suis pas de la majorité,
49:43 mais depuis très longtemps, j'ai été très mal à l'aise
49:46 avec les côtés binaires relatifs à l'immigration.
49:49 - Il est bien équilibré, ce projet de loi ?
49:52 - Il faut arrêter d'être hypocrite.
49:54 Les métiers en tension...
49:56 Ma mère a été hospitalisée il y a deux ans,
49:58 elle a 94 ans, à Tourcoing.
50:00 Elle a été reçue aux urgences par quelqu'un d'origine maghreb.
50:04 Elle a été reçue à la gériatrie par un docteur marocain.
50:07 Elle a ensuite fait un stage dans une clinique privée à Ronck,
50:11 un togolais et un camerounais.
50:13 On ne se fait plus soigner.
50:14 - Pour les Allers, c'est un appel d'air
50:17 que des titres de séjour dans les métiers en tension.
50:20 - Il faut arrêter avec ça.
50:21 - Si l'article 3 n'est pas dans le texte, vous le voterez ?
50:25 - Il faut voter quelque chose sur l'immigration,
50:28 mais pas pour faire à Libye.
50:29 Quelque chose qui fasse sens,
50:31 parce qu'on a besoin d'aller plus vite,
50:33 notamment sur les renvois, sur le QTF,
50:36 sur la partie fermeté,
50:37 où il y a plein de blocages pour plein de raisons.
50:40 - Notamment les laissés-passer consulaires.
50:42 - Notamment, et qui dépendra toujours
50:45 du dialogue qu'on a et de la qualité du dialogue qu'on a
50:48 avec les pays d'origine.
50:49 J'ai beaucoup travaillé sur ces sujets.
50:52 - Vous avez été nommé au Conseil d'administration.
50:55 - Je suis à l'OFI, qui fait un travail remarquable.
50:58 On ne met pas suffisamment en valeur
51:00 les dispositifs qu'on offre, notamment aux pays subsahariens,
51:04 et qui fonctionnent très bien.
51:05 - Sur les métiers en tension,
51:07 il existe déjà la circulaire VALS,
51:09 qui permet de faire des régularisations
51:11 de travailleurs sans papier.
51:13 Est-ce une porte d'entrée pour obtenir quelque chose
51:16 avec les LR ? La réécrire, la durcir,
51:18 faire un habillage qui éviterait
51:20 d'écrire "régularisation" dans la loi ?
51:22 - Pourquoi pas, si c'est le mot "régularisation"
51:25 qui pose problème ?
51:26 - Il y a un problème d'affichage.
51:28 C'est toujours un problème d'affichage.
51:31 Les Français ont bien compris,
51:32 les sondages montrent bien que, dans la plus grande majorité,
51:36 ils veulent un changement, une inflexion.
51:38 C'est encore une énième loi immigration.
51:41 Le droit doit s'adapter en permanence,
51:43 et il s'adaptera encore, ça ne fait que commencer.
51:46 Le monde bouge, on le voit à travers les guerres,
51:49 l'adaptation climatique, qui s'invite chez nous,
51:51 et chez les Sahéliens, qui ont plus de difficultés
51:54 que nous à régler les problèmes du quotidien.
51:57 - Merci, Jean-Ledoux. - Merci à vous.
51:59 - Merci à vous trois.
52:01 On se retrouve la semaine prochaine.
52:03 Très bon week-end.
52:04 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
52:06 Générique
52:09 ...
52:16 - Augmentez votre pouvoir d'achat avec quiestlemoinscher.leclerc
52:20 et Extralocal.
52:21 Le site pour vérifier qui est le moins cher près de chez vous.

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