Le conflit israélo-palestinien fait-il exploser la gauche ? - En toute vérité

  • l’année dernière
Avec Georges Bensoussan, historien spécialiste des mondes juifs et Julien Dray, ancien député socialiste, cofondateur de SOS Racisme

Retrouvez En toute vérité présenté par Alexandre Devecchio tous les dimanches à 11h !

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##EN_TOUTE_VERITE-2023-09-10##

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Transcript
00:00 En toute vérité, 11h30 sur Sud Radio, Alexandre Desvecquiaux.
00:04 En toute vérité, chaque dimanche, entre 11h et midi, sur Sud Radio,
00:07 sécurité, économie numérique, immigration, écologie.
00:11 Pendant une heure chaque semaine, nous débattons sans tabou
00:13 des grands enjeux pour la France d'aujourd'hui et de demain.
00:15 Et ce dimanche, nous avons le plaisir de recevoir l'historien Georges Ben Soussan
00:19 et celui que l'on surnomme le baron noir, l'ancien député socialiste
00:22 et cofondateur de SOS Racisme, Julien Drey.
00:25 Ensemble, durant une heure, nous parlerons de l'actualité brûlante
00:28 du conflit israélo-palestinien et de ses répercussions en Europe et en France.
00:32 Répercussions terroristes, d'abord, les attentats d'Arras et de Bruxelles.
00:36 Montrent-ils qu'au-delà de la guerre entre Israéliens et Palestiniens,
00:39 nous sommes dans une guerre de civilisation ?
00:42 Répercussions sur la vie des Français juifs, ensuite.
00:44 Le gouvernement est obligé de protéger les synagogues et les écoles juives.
00:48 Cela révèle-t-il l'ampleur du nouvel antisémitisme en France ?
00:51 Répercussions politiques, enfin.
00:53 La France insoumise confond le Hamas avec un mouvement de résistance.
00:57 La France accuse Tal de crime de guerre.
00:59 Comment expliquer la dérive islamo-gauchiste de Jean-Luc Mélenchon
01:02 et d'une partie des Insoumis ?
01:04 Le conflit israélo-palestinien est-il en train de faire exploser la gauche ?
01:08 Tout de suite, les réponses de Julien Drey, Georges Bensoussan, Toute Vérité.
01:11 [Générique]
01:16 - Julien Drey, Georges Bensoussan, bonjour. - Bonjour.
01:19 - Ravis de vous recevoir sur ce plateau.
01:22 On parle du conflit israélo-palestinien et de ses répercussions
01:25 en France et en Europe pendant une heure.
01:28 On a vu les répercussions immédiates en France avec cet attentat à Haras,
01:34 le jour où le Hamas avait déclaré une journée mondiale du djihad.
01:39 On les a vues également à Bruxelles.
01:43 Georges Bensoussan, ça nous fait comprendre.
01:46 Beaucoup d'observateurs disent finalement que le conflit israélo-palestinien
01:49 n'est plus seulement un conflit entre deux nationalismes,
01:52 un conflit territorial, mais c'est une forme de choc des civilisations.
01:56 Vous avez écrit, vous, un livre aux pufs, d'ailleurs,
02:00 sur les origines du conflit israélo-palestinien,
02:04 où vous montrez que ce choc des civilisations
02:07 était peut-être en germe, finalement, dès le début du conflit.
02:11 - Oui, d'ailleurs, c'est pour ça que le livre s'intitule
02:15 "Les origines du conflit israélo-arabe".
02:17 Je ne crois pas au conflit israélo-palestinien stricto sensu.
02:20 C'est bel et bien un conflit qui est d'emblée un conflit très large,
02:23 et c'est un conflit qui, quand vous parlez de choc des civilisations,
02:26 qui, dès les années 1920, 1925, 1926,
02:29 à Jérusalem, autour de la personnalité du moufti de Jérusalem,
02:32 Amin al-Husseini, devient un conflit,
02:35 par la volonté du moufti, judaïsme-islam,
02:38 et très rapidement, en fait, un conflit entre Occident
02:41 et Orient arabo-musulman.
02:43 Très rapidement. Et ce qu'on a vu ces derniers jours,
02:47 c'est que cette ligne de force, finalement,
02:50 elle a été confirmée. Ça ne s'est jamais démenti.
02:53 Alors ça n'a pas toujours été le cas, mais globalement,
02:56 quand on regarde sur la longue durée cette histoire de conflit,
02:59 on voit qu'il y a une sorte de conflit anthropologique
03:02 entre des systèmes de valeurs, des systèmes de sociétés,
03:05 également totalement différents.
03:07 - Julien Drey, est-ce que vous êtes d'accord avec cette analyse ?
03:10 Est-ce qu'au-delà du conflit territorial, il y a un conflit de civilisation,
03:13 particulièrement peut-être quand on voit les crimes du Hamas,
03:16 qu'on ne peut que qualifier de terroristes,
03:18 avec des méthodes qu'on a vues ailleurs, chez DAH,
03:22 mais peut-être aussi même pendant la guerre d'Algérie,
03:25 avec le FLN ?
03:27 - Non, je veux dire, ne remontons pas plus que la guerre d'Algérie,
03:32 mais en tout cas, sur la dimension islamiste et civilisationnelle du conflit...
03:36 - Ce qui est certain, c'est que les germes existaient,
03:41 je suis plutôt d'accord avec Georges, mais lui-même a remarqué
03:44 que ça n'a pas été continu.
03:46 Il y a des choses qui...
03:48 Donc, le conflit existe, il faut savoir que le grand moufti de Jérusalem
03:53 a été le meilleur allié d'Hitler.
03:55 Et par ailleurs, par rapport aux Palestiniens,
03:58 parce que malheureusement, tout le monde dit qu'il faut contextualiser,
04:01 mais en 1948, la résolution, c'est deux États.
04:03 Et celui qui décide qu'il n'y a pas deux États,
04:05 c'est le grand moufti de Jérusalem.
04:07 C'est lui qui d'ailleurs demande aux 500 000 Palestiniens
04:10 de quitter les territoires pour aller dans les camps,
04:12 parce qu'il ne veut pas d'État, il veut continuer, etc.
04:15 Et puis après, celui qui dit à Hitler en 1941-1942,
04:18 parce qu'il va en Allemagne,
04:20 il lui dit "quand vous arriverez chez nous, on vous aidera pour la solution finale".
04:24 - J'ajoute qu'il réside en Allemagne de 1941-1945,
04:28 avec toute sa suite, 50 personnes,
04:30 et qu'il reçoit 50 millions de Reichsmark par mois.
04:33 Il vit 4 ans en Allemagne.
04:35 - Je ne savais même pas ça.
04:37 Je savais qu'il y avait été, mais je ne savais pas qu'il y avait été.
04:39 - Il est resté 4 ans, jusqu'à la fin.
04:41 - Il a vraiment un rôle important dans votre livre,
04:44 et un rôle important, vous le dites, dans ce conflit.
04:46 - Oui, et dans le nationalisme arabe.
04:48 Il tient le nationalisme arabe à bout de bras jusqu'en 1948,
04:50 et c'est lui qui entraîne le nationalisme arabe vers la catastrophe.
04:53 Ce que Julien Dray évoque ici, c'est tout à fait juste.
04:56 C'est-à-dire qu'à plusieurs reprises,
04:58 quand les Anglais proposent le compromis en 1937,
05:01 le plan PIL, partage de la Palestine en deux,
05:03 1939, Livre blanc,
05:05 alors Livre blanc qui est la fin de la déclaration Balfour,
05:07 c'est-à-dire qu'il tue ce donné à toutes les thèses arabes.
05:10 Il dit non également, il dit non deux fois.
05:12 Et au plan de partage des Nations Unies en 1947,
05:14 il dit non encore.
05:16 Et le résultat de ce triple non, c'est la catastrophe palestinienne,
05:19 et c'est le fameux exode de 1948.
05:21 - Aujourd'hui, je pense qu'on est rentré dans une dimension nouvelle.
05:29 C'est-à-dire que le choc, effectivement,
05:31 et d'ailleurs, je pense que tout le monde est en train de se réveiller,
05:33 le choc, c'est vraiment l'islamisme radical qui est à l'offensive.
05:37 Et qui prend, voilà, je veux dire,
05:40 excusez-moi, je veux le dire brutalement,
05:42 mais quand vendredi, il y a eu la manifestation,
05:44 - Au créneau, à l'Aqba, place de la République, jeudi soir.
05:48 - On ne crie pas "Vive la Palestine",
05:50 on commence par dire "Nous sommes tous des palestiniens",
05:52 mais à la fin, on finit, à l'Aqba,
05:54 - J'allais vous poser la question.
05:55 - Avec les portables allumés comme si c'était des torches,
05:57 en rappelant quelques marches célèbres.
06:00 Moi, j'ai appris à une génération qui était des militants d'extrême-gauche,
06:04 on fréquentait les combattants de la cause palestinienne,
06:07 c'était le FPLP, le FDLP.
06:09 Jamais ils n'auraient crié "Allah Aqba", jamais.
06:13 Ils criaient "Vive la Palestine",
06:15 il y avait des débats terribles, etc.,
06:17 mais entre nous, mais jamais, là c'est autre chose.
06:19 C'est pour ça que c'est intéressant de voir,
06:21 quand ils ont attaqué le 7 octobre,
06:23 ils n'attaquent pas au nom de la Palestine,
06:25 ils attaquent au nom d'Allah Aqba,
06:27 et ça change tout.
06:28 - Et d'ailleurs, il faut remarquer que "Hamas" c'est l'acronyme,
06:31 en arabe, de "Mouvement de la Résistance Islamique",
06:33 et le mot "Palestine" n'existe pas dans l'acronyme de "Hamas".
06:36 Alors qu'au LP "Fatar", il y a le mot "Palestine", effectivement.
06:40 Et j'ajoute que sur ce plan-là,
06:42 vous avez effectivement cette parenthèse d'une trentaine d'années,
06:44 où on est face à des combats de nationalisme
06:46 qui s'opposent l'un à l'autre,
06:48 mais avec le "Hamas" et avec la manifestation dont Julien évoque,
06:51 c'est-à-dire le jeudi dernier,
06:53 on renoue avec ce qui se passait déjà dans les années 1920-1930,
06:57 où le cri de guerre n'est pas "À mort les sionistes",
07:00 le cri de guerre c'est "Les juifs sont nos chiens, nous boirons le sang des juifs".
07:04 D'emblée, il y a une dimension anti-juive qui est fondamentale,
07:08 et islamique qui est fondamentale.
07:10 - Oui, il y a l'islamisme, mais effectivement,
07:12 dans l'islamisme, il y a l'antisémitisme,
07:15 c'est quelque chose qui est très présent dans le conflit,
07:19 et peut-être qui explique aussi la barbarie,
07:21 y compris sur les corps,
07:23 la volonté d'humilier et de mutiler l'adversaire.
07:27 - Alors là, vous avez tout à fait raison.
07:29 C'est-à-dire qu'il y a, dans cette volonté-là,
07:31 dans cet étalage de cruauté de barbarie,
07:34 qui n'est pas nouveau, même s'il y a des éléments nouveaux.
07:37 En 1929, on a affaire à des massacres
07:40 dont les détails, dans la barbarie, dans la cruauté,
07:42 sont indicibles même à ce micro.
07:44 Albert Lond, le grand journaliste français, les a rapportés,
07:47 Justin Godard, le sénateur français qui était en mission,
07:49 là-bas en Palestine, les a rapportés.
07:51 Même encore aujourd'hui, un siècle après,
07:53 on a du mal à lire cet étalage de cruauté.
07:55 Qu'est-ce que ça signifie ?
07:56 Ça signifie, et c'est là où on rejoint le conflit anthropologique,
07:59 ça signifie, vous, en tant que juif,
08:01 vous pouvez ici encore subsister en tant que d'immis,
08:03 en tant que citoyen de deuxième zone,
08:05 mais vous ne pouvez pas être des citoyens souverains
08:07 et des sujets souverains sur cette terre de Palestine.
08:09 Vous devez débarrasser la terre de Palestine.
08:13 Nous ne voulons pas de juif ici, en tant que souverain.
08:16 Et avec le Hamas, c'est-à-dire qu'il est frappant,
08:18 et là on est en présence d'une régression terrible,
08:20 on a exactement le même type de mot d'ordre,
08:22 pas de juif de la mer au Jourdain.
08:24 C'est-à-dire, en fait, une destruction totale de l'État.
08:27 Julien Drell, l'antisionisme et le fauné de l'antisémitisme aujourd'hui ?
08:32 Oui, il y a eu un antisionisme qui était, dans les années 70,
08:38 qui était un antisionisme qui rêvait d'un État multiconfessionnel,
08:43 laïque, etc.
08:45 C'était des débats à l'extrême gauche avec le FPLP,
08:48 avec le FDLP, y compris, etc.
08:50 Mais de fait, dans ce débat-là, à un moment donné,
08:55 je me rappelle, ça a tombé compris d'entre nous,
08:58 on disait "mais attendez, maintenant l'Israël existe,
09:00 c'est une entité, il y a un État, arrêtez de nous casser les pieds".
09:03 Donc maintenant, soit il y a deux États, soit on n'arrivera pas à s'en sortir.
09:06 C'est un rêve de croire à cet État multiconfessionnel, etc.
09:10 et tout, ça ne marchera pas.
09:12 Mais après on a basculé, on est revenu en arrière.
09:16 L'antisionisme aujourd'hui n'a plus de sens,
09:18 d'abord parce que l'État d'Israël existe,
09:20 c'est l'aboutissement,
09:22 et c'est évidemment la manière polie d'être antisémite.
09:25 La manière moderne, polie d'être antisémite.
09:27 - Julien Drey, Georges Bensoussan, merci.
09:29 On se retrouve après une courte pause sur Sud Radio.
09:32 En toute vérité, on continue à parler de ce conflit israélo-palestinien,
09:36 de ses répercussions en France et dans le monde,
09:39 notamment avec la montée de l'antisémitisme en France,
09:42 qui ne date pas d'hier.
09:44 Georges Bensoussan en sait quelque chose.
09:46 On parle de tout ça après une courte pause.
09:48 A tout de suite sur Sud Radio.
09:50 - En toute vérité, 11h30 sur Sud Radio.
09:53 Alexandre Desvecquiaux.
09:55 - Nous sommes de retour en toute vérité
09:57 avec l'historien Georges Bensoussan,
09:59 auteur d'un livre, au PUF,
10:01 dans laquelle on collection que sais-je,
10:03 aux origines du conflit israélo-arabe.
10:06 D'ailleurs, la nuance entre conflit israélo-palestinien et israélo-arabe
10:09 est très importante.
10:11 Georges Bensoussan nous l'a expliqué tout à l'heure.
10:13 Et Julien Dray, ancien député socialiste,
10:17 cofondateur de SOS Raciste.
10:19 Julien Dray, vous nous rappeliez, avant la pause,
10:22 que jeudi, Place de la République,
10:24 lors d'une manif de soutien à la Palestine,
10:27 on avait crié "Allahu akbar".
10:30 On disait avant la pause que c'était aussi
10:32 une forme de djihad global,
10:34 au-delà du conflit israélo-palestinien.
10:36 Est-ce que ce djihad global,
10:38 ce choc des civilisations,
10:40 est présent sur notre territoire,
10:43 à l'écrit "Allahu akbar" durant une manif,
10:47 mais aussi l'assassinat d'un professeur de français à Arras ?
10:52 Est-ce que finalement, c'est la même guerre ici et là-bas ?
10:56 Je pense que c'est une confrontation mondiale qui a commencé.
10:59 Et que certains se réveillent.
11:01 On dit "ça va pas, la France est en retard".
11:04 Mais allez voir les Anglais, depuis dimanche,
11:07 ils ont entre eux, dimanche ils ont ouvert les yeux,
11:10 manifestation à Londres de 500 000 personnes.
11:14 Ils comprennent plus rien,
11:16 parce qu'ils pensaient qu'ils avaient un système stable,
11:18 communautaire, que tout était bien géré.
11:20 Moi j'ai des amis anglais qui me disent
11:22 "on est pris de cours".
11:24 500 000 c'est autre chose.
11:26 Mais c'est partout, dans toutes les capitales.
11:28 Les Américains sont en train de découvrir
11:30 que leurs universités sont aujourd'hui en stade d'affrontement.
11:33 Tous les jours il y a des bagarres,
11:35 des groupes qui viennent, qui interdisent des cours,
11:37 qui sont islamo-waukistes d'ailleurs.
11:39 On va en parler justement de cette...
11:41 Donc oui je pense que le combat est global.
11:43 C'est pour ça que je pense qu'il faut que dans la réflexion actuelle,
11:47 on arrête de dire que c'est un conflit israélo-palestinien.
11:50 La confrontation est globale.
11:52 Le centre, un des centres les plus importants de ça,
11:55 c'est l'Iran, et c'est les Ayatollahs.
11:57 Parce qu'on ne s'est pas rendu compte
11:59 de la manière dont la guerre en Ukraine
12:01 a permis à l'Iran de sortir un petit peu
12:05 de la marginalité dans laquelle on a essayé de faire CE.
12:08 Et d'ailleurs si je peux me permettre,
12:10 face à l'historien qui est en face de moi,
12:12 de faire une comparaison,
12:14 on pourrait presque dire que le pacte
12:16 que Poutine a passé avec l'Iran
12:18 ressemble étrangement au pacte que Staline a passé avec Hitler,
12:21 et dont on sait après les conséquences pour la Russie.
12:23 Mais c'est un peu la même chose.
12:25 Il y a un axe Pékin-Moscou-Téhéran aujourd'hui ?
12:27 Pékin, j'en sais rien, mais il n'est pas loin.
12:29 Et Poutine-Téhéran, oui c'est sûr.
12:31 Parce qu'ils avaient besoin d'armes,
12:33 parce qu'ils avaient besoin d'informations.
12:35 Je suis à peu près convaincu,
12:37 je porte une accusation grave,
12:39 je ne pense pas qu'une opération comme celle qui s'est passée là,
12:41 les services russes n'étaient pas au courant.
12:43 Juste un mot sur les manifestations.
12:45 Vous avez dit 500 000 personnes à Londres.
12:48 Jeudi, ils étaient un peu moins présents en France,
12:51 mais la manifestation avait été interdite,
12:54 finalement elle a été autorisée.
12:56 Est-ce qu'il fallait l'interdire ?
12:59 Ou est-ce qu'à l'inverse, c'est mon point de vue,
13:01 finalement c'est pas mal que ce soit autorisé,
13:03 parce qu'on se rend compte qu'il y a une partie de la population
13:06 qui est quand même islamisée, hostile aux juifs,
13:10 hostile peut-être à une partie de la société française.
13:13 Est-ce qu'il faut autoriser ces manifs ?
13:16 Ou est-ce que vous êtes plus réticents ?
13:19 Tant qu'elles ne débordent pas, qu'elles ne dégénèrent pas
13:22 en programme antisémite,
13:24 on a eu des situations...
13:26 Notamment à Sarcelles il y a quelques années.
13:28 Les interdits, je n'ai jamais été très pour,
13:31 parce qu'en tout cas, on voit des choses.
13:35 Georges Ben se sent sur cette dimension globale du conflit.
13:40 Est-ce que vous êtes d'accord ?
13:42 Et est-ce que vous faites le lien également
13:44 avec la question de l'immigration ?
13:46 Parce qu'il y a effectivement l'axe Pékin-Moscou-Téhéran
13:51 qui fait qu'on est effectivement dans une guerre
13:54 avec des Etats qui chacun joue leur partition.
13:57 Mais on a quand même les cris à la Ouagba, place de la République,
14:00 qui sont liés à une population qui parfois, d'ailleurs,
14:03 a la nationalité française et qui semble s'identifier
14:07 à la Houma d'une certaine manière.
14:10 Ce qui est sûr, c'est que sur l'axe Pékin-Moscou-Téhéran,
14:13 ce n'est pas évident.
14:15 Je pense aussi que Pékin est un peu en dehors du jeu.
14:17 Mais Moscou-Téhéran, oui.
14:19 Il y a quelque chose ici en matière d'hydre,
14:23 véritablement à l'origine de tout un chaos
14:25 aujourd'hui dans tout le régional et même mondial,
14:27 que l'Iran soit et joue le rôle que l'Allemagne
14:29 pouvait jouer dans les années 30, c'est certain.
14:31 Ce qui est vrai, aujourd'hui,
14:33 et on le voit se dessiner dans les manifestations
14:35 et dans les prises d'opposition des uns et des autres,
14:37 c'est qu'en gros, on a un soulèvement général
14:40 contre le monde occidental et contre finalement
14:42 les idéaux même du monde occidental,
14:44 c'est-à-dire les lumières et la raison.
14:46 Tout ce que l'Occident a porté au monde,
14:48 c'est un apport, mais ce n'est pas le seul.
14:50 C'est vraiment la raison, le sujet, la raison et les lumières.
14:53 Ça fait vraiment partie de ce fameux conflit israélo-arabe
14:56 qui dépasse très largement le cadre israélo-arabe.
14:59 Ça, c'est le premier point.
15:01 Le deuxième point, quand Julien Dray évoque
15:03 cette manifestation de 500 000 personnes à Londres,
15:05 ce qui est considérable, effectivement,
15:07 c'est que le multiculturel, il y a très longtemps
15:09 que nous sommes, au moins quelques-uns,
15:11 avoir dit que c'est une illusion et qu'un jour
15:13 nous éclatera au visage, je rappelle le livre
15:15 de Christopher Caldwell, il y a quelques années,
15:17 comment l'immigration va changer le visage
15:19 de l'Europe et en particulier de la France.
15:21 Nous y sommes aujourd'hui.
15:23 Oui, il y a effectivement un conflit de valeurs,
15:25 un conflit de civilisations et à un moment donné,
15:27 l'immigration joue bien sur son rôle ici.
15:29 Lorsque vous évoquez, Alexandre de Vécuiaux,
15:31 ces gens qui sont français, oui, qui sont français,
15:33 c'est vrai, c'est vrai, mais tout le problème
15:35 est de savoir, est-ce qu'ils adhèrent aussi
15:37 aux valeurs de la civilisation française
15:39 et aux valeurs globales du monde occidental ?
15:41 - Julien Dray, est-ce que...
15:43 - Je vous laisse répondre, mais...
15:45 Il y a un basculement, je veux dire, moi je l'ai fait remarquer.
15:47 Quand on a fondé, quand j'ai fondé
15:49 ce SRAC, c'est moi, voilà.
15:51 - Vous motez les mots de la bosse,
15:53 donc vous allez anticiper ma question.
15:55 - Vous connaissant, je vois à peu près où ça va arriver.
15:57 - Adil.
15:59 - Je me suis, personnellement,
16:01 c'est moi qui me suis battu,
16:03 à travers de secret, pour que l'Union des étudiants
16:05 juifs de France soit présente en tant que telle.
16:07 Ça m'a d'ailleurs été assez reproché
16:09 par les jeunes associations des quartiers
16:11 qui disaient "c'est les juifs qui manipulent
16:13 les enfants, etc." et tout.
16:15 Mais on était ensemble,
16:17 c'était ça la volonté.
16:19 On était ensemble. Il y a eu le bombardement
16:21 du quartier général de l'OLP à Tunis,
16:23 ça a donné lieu à des engueulades
16:25 terribles, mais on était ensemble.
16:27 Là,
16:29 c'est la question que j'ai posée d'ailleurs à beaucoup de mes amis,
16:31 on est tout seul.
16:33 On est tout seul,
16:35 vous n'êtes pas là. Et arrêtez de me faire
16:37 le "oui mais".
16:39 Au moment de Charlie, vous m'avez fait le "oui mais".
16:41 Oui, mais tu comprends, on ne veut pas être discriminé,
16:43 on n'a peur, etc.
16:45 À un moment donné, la question qui est posée,
16:47 c'est une question de confiance.
16:49 C'est pour ça que, par delà l'immigration, la question c'est
16:51 "est-ce que vous êtes dans ce monde des lumières
16:53 et vous en acceptez les conséquences
16:55 du point de vue de votre mode de vie,
16:57 votre insertion, votre intégration ? Vous ne l'acceptez pas.
16:59 Et si vous ne l'acceptez pas, après,
17:01 c'est un choix qu'il faut faire.
17:03 Là, on n'est plus dans la... Je m'excuse d'être brutal,
17:05 mais si c'est moi qui le dis,
17:07 on ne va pas me dire "ah moi je suis un antiraciste".
17:09 Un raciste ?
17:11 Un raciste, anti-musulman, etc.
17:13 Vous savez, maintenant...
17:15 Vous savez, j'ai une histoire qui fait que je peux vous raconter tout,
17:17 mais pas forcément les détails,
17:19 mais on ne viendra pas me la faire, celle-là.
17:21 Je le dis tout de suite, on ne viendra pas me la faire.
17:23 Donc la question qui est posée,
17:25 vous savez une phrase qui dit "la confiance, c'est l'affaire de l'autre".
17:27 Maintenant, la question,
17:29 elle l'aurait posée. Et elle l'aurait posée brutalement.
17:31 Moi, je ne suis pas en train de demander des tweets,
17:33 des vedettes, etc. Ça ne m'intéresse pas.
17:35 Par contre, je dis à tous mes amis
17:37 qui sont là, maintenant, il faut lever la tête.
17:39 Il faut lever la tête.
17:41 Ça va être dur.
17:43 Oui, ça va être dur. Parce que, quand vous êtes une jeune fille,
17:45 vous allez en fac et que vous ne voulez pas porter de foulard,
17:47 vous avez les autres qui viennent et qui vous disent
17:49 "si tu ne portes pas le foulard, on va te casser les pieds".
17:51 Donc il faut être à côté de ces filles qui ne portent pas le foulard.
17:53 Il faut les aider, il ne faut pas les délaisser.
17:55 Comme il faut être à côté des preuves qui font régner les choses.
17:57 Donc ça veut dire que,
17:59 il faut qu'ils relèvent la tête,
18:01 mais il faut que nous, on ne baisse pas la tête aussi.
18:03 Et c'est ça la question qui est posée.
18:05 Vous savez, les accommodements raisonnables,
18:07 on sait où ça mène.
18:09 Et maintenant, on ne peut plus faire d'accommodements raisonnables.
18:11 Justement,
18:13 Julien Dray, comme vous me connaissez,
18:15 je vous pose quand même la question que j'allais vous poser.
18:17 Georges Ben Soussan
18:19 a mis en cause l'illusion
18:21 du multiculturalisme. Vous avez rappelé
18:23 que vous étiez "SOS raciste".
18:25 Est-ce qu'une partie de la gauche n'est pas
18:27 illusionnée là-dessus, justement ?
18:29 Est-ce qu'il n'aurait pas fallu défendre tout simplement
18:31 le modèle d'intégration ou d'assimilation
18:33 traditionnel français, plutôt que le multiculturalisme ?
18:35 C'était pas ma revendication,
18:37 moi, le multiculturalisme.
18:39 Vous allez chercher...
18:41 Il y a eu plusieurs sensibilités "SOS raciste".
18:43 Oui, oui, oui. Bon, il y avait l'idée du métissage.
18:45 Bon, ça, le métissage, d'accord,
18:47 évidemment, on mange du couscous, etc.
18:49 Mais je pense que...
18:51 Pourquoi on prend le mot d'intégration ?
18:53 Parce qu'il y avait les racines de la guerre d'Algérie,
18:55 donc on pensait que le mot "assimilation"
18:57 pouvait être un peu brutal, etc.
18:59 Mais l'intégration était une assimilation.
19:01 Elle devait conduire à ça.
19:03 Et il faut être honnête.
19:05 On voit qu'il y a une partie des jeunes issus d'immigration
19:07 qui sont devenus de parfaits citoyens français,
19:09 qui sont en train de s'insérer
19:11 parfaitement dans la société française.
19:13 Mais ils ont ce petit dernier réflexe,
19:15 c'est d'aller jusqu'au bout.
19:17 Il y a une sorte de plafond vert.
19:19 Et c'est celui-là qu'il faut qu'ils brisent.
19:21 Parce que le combat qu'on doit mener en France,
19:23 on doit le mener tous ensemble.
19:25 Sinon, on va avoir des problèmes dramatiques.
19:27 Mais c'est maintenant qu'il faut le mener.
19:29 C'est ce que je veux dire.
19:31 On ne va pas encore commencer sur la baïa,
19:33 comme dans les écoles.
19:35 Ce n'est pas possible que ça continue comme ça.
19:37 Et ce ne sont pas les preuves qui sont en cause.
19:39 - Georges-Benzousson,
19:41 dernière question avant
19:43 une nouvelle courte pause.
19:45 Vous-même, vous avez été,
19:47 je crois que vous avez manifesté
19:49 avec SOS Racisme à l'époque.
19:51 Est-ce qu'il n'y a pas eu malgré tout
19:53 une dérive d'un certain antiracisme
19:55 avec le temps
19:57 qui a versé
19:59 dans une forme de communautarisme ?
20:01 - J'ai cru à tout cela
20:03 dans les années 80,
20:05 et la marche des beurres en particulier.
20:07 J'ai trouvé que c'était un très grand moment en 1983.
20:09 Et à la fin des années 80, déjà au moment
20:11 de la guerre du Golfe en 90,
20:13 j'ai vu les premiers signes d'une dérive antisémite
20:15 dans une partie de cette jeunesse d'origine maghrébine.
20:17 Et au cours des années 90,
20:19 ça s'est manifesté. Et comme j'étais en contact
20:21 avec le monde enseignant, moi-même enseignant
20:23 et responsable des formations d'histoire
20:25 de la Shoah, donc j'en ai vu des dizaines
20:27 et des dizaines de professeurs, j'ai vu se dessiner
20:29 progressivement une fracture.
20:31 Donc au début des années 2000,
20:33 il était clair pour nous qu'on était dans une impasse totale.
20:35 Mais il y a toute une partie de la gauche
20:37 qui a mis 25 ans encore.
20:39 - Au début des années 2000, on rappelle que vous signiez
20:41 les territoires perdus de la République.
20:43 Témoignages de profs
20:45 qui disent qu'il y a un problème d'intérêts.
20:47 - Mais très avant, on avait fait un ouvrage essentiel,
20:49 je le dis sans fanfanterie,
20:51 que moi j'avais lu à l'époque.
20:53 Je m'en rappelle de débats terribles à l'intérieur
20:55 du Parti Socialiste, il faut être honnête.
20:57 On m'insultait.
20:59 On m'appelait la gauche borbelée, alors ça va.
21:01 Je peux vous même donner les noms de ceux qui disaient ça.
21:03 - Qui t'ont laissé ?
21:05 - Non, mais qui sont des maires de grandes villes, etc.
21:07 Et qui me disaient "tu vas dire ça, tu te rends compte"
21:09 etc. Il y avait un débat terrible.
21:11 Le débat il est sur Boniface. Je suis responsable,
21:13 je le dis, il le sait, il me déteste pour ça,
21:15 de l'éviction de Boniface du Parti Socialiste.
21:17 Parce qu'il avait fait une note terrible.
21:19 Et quand j'ai découvert cette note,
21:21 j'ai dit "c'est moi François Hollande,
21:23 tes premiers scrétins, maintenant tu choisis, c'est lui ou moi".
21:25 - Une note qui disait qu'il fallait choisir
21:27 les musulmans contre les juifs.
21:29 Je résume un peu.
21:31 - Encore un mot, juste avant la pause.
21:33 Quand on a préparé les territoires perdus
21:35 de la République, nous avons demandé
21:37 un certain nombre de renseignements
21:39 à l'époque au ministère de gauche de l'éducation nationale.
21:41 Nous n'avons jamais eu la moindre réponse.
21:43 Il a fallu que Jacques Chirac,
21:45 à partir de la victoire de 2002,
21:47 l'emporte, pour que là,
21:49 nous soyons enfin écoutés et reçus à l'Église.
21:51 - C'est ça le paradoxe.
21:53 - On a perdu 20 ans.
21:55 Après la pause, c'est premier,
21:57 Julien Drey, vous vous complétez.
21:59 On se retrouve pour continuer à parler
22:01 du conflit israélo-palestinien et surtout des répercussions en France.
22:03 Avec Julien Drey et Georges Ben Sousson sur Sud Radio.
22:05 En toute vérité.
22:07 - En toute vérité, 11h30 sur Sud Radio.
22:09 Alexandre Devecchio.
22:11 - Nous sommes de retour sur Sud Radio
22:13 avec Julien Drey, ancien député socialiste.
22:15 Et avec Georges Ben Sousson,
22:17 historien, auteur
22:19 d'une histoire des origines
22:21 du conflit israélo-arabe.
22:23 Juste avant la pause,
22:25 on évoquait un autre livre
22:27 de Georges Ben Sousson,
22:29 "Les territoires perdus de la République",
22:31 qui reposait sur des témoignages de professeurs
22:33 et qui faisait apparaître justement
22:35 la montée de l'islamisme dans les banlieues
22:37 et la montée de l'antisémitisme.
22:39 Et je crois que Julien Drey
22:41 voulait réagir.
22:43 Je vous ai coupé la parole.
22:45 - J'ai respecté ce qu'a dit Georges,
22:47 parce que,
22:49 dans la campagne présidentielle 2002,
22:51 d'un point de vue,
22:53 et d'ailleurs il s'est illusionné,
22:55 Yannick Jospin pensait que c'était facile
22:57 et qu'il allait gagner, grosso modo.
22:59 Et quel est le tournant de la campagne de 2002 ?
23:01 Indépendamment de sa faiblesse
23:03 sur les questions de sécurité.
23:05 C'est que commence la deuxième intifada.
23:07 Et commencent les premiers incidents antisémites majeurs.
23:09 La synagogue de la Duchère qui brûle.
23:11 Et il y a cette grande manifestation
23:13 en défense des juifs de France,
23:15 etc., qui a lieu à Paris.
23:17 Et il y a un débat terrible pour savoir
23:19 si Lionel Jospin va venir ou pas venir.
23:21 Et la direction de campagne se divise en deux.
23:23 Avec une qui dit
23:25 "il faut y aller, tu dois être là".
23:27 Et une autre qui dit,
23:29 les mêmes qui contestaient les territoires de la République,
23:31 "non mais il faut faire attention,
23:33 il faut être prudent, etc."
23:35 Lionel Jospin a perdu l'élection présidentielle là.
23:37 Parce que la communauté juive
23:39 qui s'apprêtait massivement à voter pour lui,
23:41 à cause de ce qu'il avait fait à Bierseit,
23:43 en dénonçant le Hezbollah, etc.,
23:45 là, elle n'a rien compris.
23:47 Et elle a voté d'ailleurs plutôt Béraud, etc.
23:49 Et c'est paru, et les 600 000 voix qu'il vend,
23:51 pour une grande partie, ils sont là.
23:53 Mais je raconte ça parce que je raconte
23:55 la fracture qu'il y a eu à gauche.
23:57 Et qui, de fait, va générer
23:59 celle qu'on voit aujourd'hui, en beaucoup plus grave.
24:01 Parce que les dérives de Mélenchon sont d'une autre nature.
24:03 Mais voilà, il y a eu une hésitation.
24:05 - C'est intéressant que vous repreniez,
24:07 qu'on s'arrête justement sur
24:09 2002, parce que c'est un peu
24:11 la suite de l'émission.
24:13 Et peut-être le tournant de 2002.
24:15 Parce que 2002, on est encore dans un paysage politique
24:17 qu'on connaît, avec Jean-Marie Le Pen,
24:19 qui est toujours considéré
24:21 comme le diable antisémite.
24:23 Et il est vrai qu'il a eu des propos
24:25 antisémites dans les années 80-90.
24:27 Mais on a l'impression que,
24:29 finalement, la gauche
24:31 et une partie des élites françaises
24:33 continuent à vivre
24:35 de la même manière.
24:37 Continuent à vivre
24:39 dans un schéma des années 80-90,
24:41 avec une extrême droite
24:43 jugée antisémite
24:45 et jugée comme la menace principale.
24:47 Sans voir, justement, qu'en 2002, ce que vous faisiez apparaître,
24:49 il y a un nouvel antisémitisme
24:51 qui apparaît,
24:53 et qui est radicalement différent
24:55 de l'antisémitisme d'extrême droite
24:57 traditionnelle.
24:59 Et vous m'arrêtez si je me trompe.
25:01 Est-ce qu'aujourd'hui,
25:03 cette extrême droite,
25:05 cette antisémitisme d'extrême droite, pèse ou pas
25:07 sur la société ?
25:09 Et est-ce que l'autre antisémitisme,
25:11 culturel, arabo-musulman,
25:13 imprégné d'islamisme,
25:15 c'est peut-être la menace principale
25:17 qu'on ne veut toujours pas voir ?
25:19 - Oui. Quand on a parlé
25:21 d'un antisémitisme d'origine culturelle,
25:23 d'origine arabo-musulmane,
25:25 entre autres dans les banlieues,
25:27 on nous a imputé naïvement
25:29 l'idée que nous croyions que l'antisémitisme
25:31 d'extrême droite avait disparu. On n'a jamais été naïfs.
25:33 L'antisémitisme d'extrême droite existe toujours.
25:35 Il y a bel et bien une tradition antisémite en France.
25:37 Elle a beaucoup régressé par rapport
25:39 à la seconde guerre mondiale, n'exagérons pas.
25:41 Mais elle existe. Et elle se regroupe d'ailleurs
25:43 dans certains votes, dans ce très particulier.
25:45 Mais il se trouve que cet
25:47 antisémitisme-là, aujourd'hui,
25:49 heureusement, ne tue pas. Il ne passe pas à l'acte.
25:51 Il ne va pas tuer des enfants
25:53 à Otzra Tora, à Toulouse.
25:55 L'antisémitisme massif qui concerne
25:57 beaucoup de monde, c'est un antisémitisme de type
25:59 familial, de type culturel.
26:01 "L'air qu'on respire", comme disait Smahie Lachère,
26:03 pour reprendre les propos célèbres.
26:05 Cet antisémitisme-là, aujourd'hui,
26:07 a imprégné, par effet de contagion,
26:09 par capillarité, une partie de la société
26:11 française, entre autres
26:13 dans les banlieues, par exemple, qui n'est pas forcément
26:15 d'origine elle-même arabo-musulmane.
26:17 Parallèlement,
26:19 cette montée de cet antisémitisme
26:21 populaire des banlieues de certaines
26:23 populations d'origine arabo-musulmane
26:25 s'accompagnait également de toute
26:27 une fracture sociale. C'est inséparable.
26:29 Il faut faire l'analyse aussi des fractures sociales
26:31 que Christophe Guy, lui, a parfaitement montré,
26:35 qui montrait comment toute une population
26:37 qui votait à gauche,
26:39 progressivement s'est détournée de la gauche de gouvernement
26:41 et s'est tournée progressivement
26:43 vers le Front National et plus tard
26:45 vers le Rassemblement National.
26:47 Disons-le peut-être autrement, est-ce que dans ces banlieues
26:49 l'antisémitisme va de pair
26:51 avec une forme de racisme anti-français ou anti-blanc ?
26:53 Alors, très souvent, oui,
26:55 parce que cet antisémitisme-là,
26:57 en tous les cas d'origine de cette origine-là,
26:59 souvent il s'accompagne d'un refus
27:01 du monde occidental, du mode de vie occidental,
27:03 des valeurs de ce que j'appelais tout à l'heure
27:05 les Lumières. C'est ça le socle.
27:07 C'est le socle des Lumières. Oui ou non, acceptez-vous
27:09 les Lumières, acceptez-vous le pacte républicain
27:11 national et civilisationnel
27:13 qui s'appelle les Lumières, bien oui, cet antisémitisme
27:15 fait partie de cela.
27:17 Pas toujours, ça colle pas forcément
27:19 à 100%, mais souvent ça coïncide.
27:21 Mais attention au mot blanc.
27:23 Du point de vue de ceux qui sont racistes.
27:25 Non mais je veux dire, attention...
27:27 Moi je suis pas dans une logique ethnique, hein, vous m'avez compris.
27:29 Non mais justement, faisons attention nous-mêmes aux mots
27:31 qu'on emploie, déjà. Parce que
27:33 dans ce conflit,
27:35 nous ne sommes pas seuls. Je veux dire,
27:37 les Kurdes,
27:39 que nous avons aidés et que nous oublions,
27:41 sont arabes, et ils sont pas blancs.
27:43 Non, mais il y a des gens
27:45 pas blancs parfaitement intégrés,
27:47 qui sont révoltés par cela aussi. Non mais c'est ça, c'est pas un conflit
27:49 des blancs contre le reste du monde. Non, on est bien d'accord.
27:51 Ne veuillez pas dire ce que j'ai pas dit.
27:53 Ce n'est pas à vous que je fais un procès,
27:55 je dis juste faisons attention
27:57 à ce qu'on s'aime. Parce que dans la bataille
27:59 qui arrive, il y a des alliés, et des alliés forts.
28:01 Je m'excuse de le dire, mais le monde...
28:03 Si on dit l'Iran,
28:05 alors comment on fait pour aider le peuple iranien
28:07 qui a qu'une idée en tête ? C'est de se débarrasser
28:09 des ayatollahs.
28:11 Moi je pense que dans le conflit actuel,
28:13 j'espère qu'on va enfin
28:15 régler ce problème-là.
28:17 Mais ils n'attendent que ça. Je peux vous dire que eux,
28:19 tous les amis que j'ai, etc.,
28:21 me disent, ça boule, la cocotte
28:23 n'est que boule, et ils sont en train de nous dire "mais purée,
28:25 c'est pareil au Liban, hein. La moitié
28:27 du Liban n'attend qu'une seule chose."
28:29 C'est de se débarrasser des lesbolas.
28:31 C'est une stratégie des ayatollahs,
28:33 peut-être aussi de détourner la tension...
28:35 C'est un des éléments,
28:37 évidemment, parce qu'ils sont dans une situation
28:39 très fragile. Vous avez vu cette image
28:41 qui a été diffusée, qui est extraordinaire.
28:43 Ils ont essayé d'imposer le port du drapeau palestinien
28:45 dans un match
28:47 de foot, etc. Et tout le stade
28:49 se met à hurler. Je reprends l'expression
28:51 crue "mets ton drapeau dans ton cul".
28:53 Et voilà.
28:55 Et les images sont terribles. Mais en ce moment,
28:57 la répression est terrible. Ils n'arrêtent pas,
28:59 parce qu'ils ont peur de ça.
29:01 Et les Iraniens nous disent "mais vous nous oubliez, vous regardez ailleurs".
29:03 Le premier qui avait fait oublier, c'était Obama.
29:05 La première insurrection,
29:07 on n'a rien fait, on les a laissés tomber,
29:09 etc. Les Kurdes, il a fallu
29:11 qu'on lui botte le cul, excusez-moi l'expression,
29:13 pour qu'il fasse un minimum.
29:15 Et c'est pareil en Algérie.
29:17 Vous avez aussi toute une partie de la population
29:19 algérienne qui a vécu la guerre civile.
29:21 Ils disent "mais nous on les a vécu ceux-là".
29:23 Ce n'est pas le gouvernement algérien.
29:25 C'est beaucoup plus compliqué.
29:27 Donc on a des alliés potentiels,
29:29 on n'est pas tout seul.
29:31 - On n'est pas seul et j'ajoute,
29:33 pour l'Algérie, c'est un cas plus compliqué,
29:35 parce qu'il y a quand même un Algérien antisémitisme
29:37 massif qui gagne la vue algérienne
29:39 et qui est hostile au pouvoir.
29:41 Mais là où je suis tout à fait d'accord
29:43 avec Julien Drey, c'est pas du tout un conflit ethnique.
29:45 Parce que le conflit ethnique,
29:47 ce sont nos ennemis qui voudraient le transformer en conflit ethnique.
29:49 Ce sont eux qui parlent, non pas de blancs,
29:51 mais de racisés, donc forcément de blancs.
29:53 C'est très important.
29:55 Ce sont eux qui veulent ethniciser le conflit.
29:57 - On est bien d'accord et c'est pour ça que
29:59 je disais "à leurs yeux".
30:01 - Bien sûr, bien sûr.
30:03 - Effectivement, et vous avez raison Julien Drey,
30:05 de ne pas oublier la situation en Iran
30:07 et de les soutenir fermement.
30:09 Mais revenons à la France,
30:11 à cette question de l'antisémitisme
30:13 des banlieues,
30:15 du combat contre l'antisémitisme
30:17 d'extrême droite.
30:19 Est-ce qu'aujourd'hui, c'est pas un peu
30:21 un combat d'arrière-garde ?
30:23 Surtout que, pardonnez-moi,
30:25 le problème d'antisémitisme,
30:27 on l'a vu ces derniers jours
30:29 avec les sorties de Jean-Luc Mélenchon,
30:31 de Daniel Obono.
30:33 Le problème avec l'antisémitisme
30:35 aujourd'hui, il est peut-être à gauche
30:37 et c'est peut-être envers Jean-Luc Mélenchon
30:39 qu'il faut installer un cordon sanitaire.
30:41 Vous n'êtes pas d'accord ?
30:43 C'est pas ça.
30:45 Il y a un antisémitisme d'extrême droite
30:47 qui existe, qui n'a pas disparu.
30:49 Ou ça ? Au Rassemblement national ?
30:51 Non, non, attendez. En France,
30:53 laissez-moi le dire,
30:55 il y a 4 ou 5 ans, il y a eu une manifestation
30:57 dans les rues de Paris, tout le monde a ouvert ses yeux,
30:59 de plusieurs milliers, là c'était pas des gens
31:01 des banlieues, criés "Moi aux Juifs".
31:03 On l'a peut-être oublié,
31:05 mais on a les images, on sait ce qu'il en est.
31:07 Il y a quelques groupuscules d'extrême droite
31:09 qui aujourd'hui soutiennent la main,
31:11 je pense que Mme Salmane a une vidéo
31:13 contre elle, terrible.
31:15 On est d'accord, mais ils ne sont pas au Parlement.
31:17 Non, je suis d'accord, mais bon, il ne faut pas l'oublier.
31:19 Non, ne l'oublions pas.
31:21 Et il y a des jonctions qui s'opèrent.
31:23 Maintenant, le problème,
31:25 tel que vous le posez, moi je me permettrais
31:27 de le poser autrement.
31:29 Il y avait le Front National de Jean-Marie Le Pen
31:31 et il y a aujourd'hui
31:33 sa fille. Et comme on était
31:35 ensemble dans un certain nombre de débats,
31:37 comme je l'avais dit à l'époque,
31:39 je ne tire pas un trait d'égalité
31:41 entre Jean-Marie Le Pen et Marie Le Pen.
31:43 Et je continue à le penser. Ce n'est pas la même chose.
31:45 Voilà.
31:47 Et pour ce qui est de l'antisémitisme
31:49 à gauche, moi,
31:51 je le dis très sincèrement, la stratégie
31:53 du courant de l'onde sanitaire m'a toujours apparu
31:55 comme le degré zéro de la politique, mais puisqu'on l'a fait
31:57 avec Jean-Marie Le Pen,
31:59 est-ce qu'il n'y a pas un sacré problème avec Jean-Luc Mélenchon
32:01 aujourd'hui ?
32:03 Je veux dire, là aussi,
32:05 si vous me permettez, il faut revenir aux racines.
32:07 Je sais, mais vous savez,
32:09 il y a une phrase qui dit "Qui n'a pas de passé n'a pas d'avenir".
32:11 Et c'est vrai que dans le monde dans lequel on est,
32:13 malheureusement, on est dans le monde d'émotions
32:15 et beaucoup ne savent pas ce qu'il est. Jean-Luc Mélenchon,
32:17 il est cohérent de son point de vue
32:19 avec un courant politique qui a existé
32:21 dès les années 40.
32:23 Dans la guerre, la Deuxième Guerre mondiale,
32:25 il y a malheureusement, au sein du mouvement trotskiste,
32:27 une division très forte avec ceux
32:29 qui renvoient dos à dos
32:31 l'impérialisme américain et les armées nazies.
32:33 Ils sont pacifistes.
32:35 Et certains vont même tomber dans la
32:37 collaboration à la fin.
32:39 Jean-Luc Mélenchon, il est dans cette logique-là.
32:41 Il a ses racines d'ailleurs
32:43 d'un courant qui existe en Angleterre,
32:45 qui est autour
32:47 d'un type qui s'appelait Tony Cliff
32:49 et voilà, qui a fait l'entrisme
32:51 à l'intérieur du Parti travailliste et qui a produit Corbyn.
32:53 Il est dans cette logique-là. C'est-à-dire que
32:55 pour lui, il y a une contradiction première et une contradiction secondaire.
32:57 La contradiction première, c'est l'affrontement
32:59 avec l'impérialisme américain.
33:01 La contradiction secondaire, oui, ils font des bêtises,
33:03 mais c'est ce que vous dit Obono,
33:05 c'est ce que vous dit Mathilde Panot.
33:07 Mais c'est un mouvement de résistance.
33:09 Résistance à quoi ? À l'impérialisme.
33:11 Donc il y a une dérive totale.
33:13 En rupture d'ailleurs avec tout ce qu'il a pensé
33:15 pendant des années et des années.
33:17 Et oui, aujourd'hui, la cohabitation
33:19 n'est pas possible. C'est ce que n'arrive pas
33:21 à comprendre une partie de la gauche. Elle n'est plus possible.
33:23 Comme en Angleterre,
33:25 il a fallu que le Parti travailliste
33:27 se débarrasse de Corbyn pour pouvoir
33:29 retrouver ses racines. Mais remarquez que
33:31 Jean-Luc Mélenchon s'est disputé
33:33 avec ce qui était son correspondant en Allemagne,
33:35 qui était Oscar Lafontaine, qui l'a insulté
33:37 sur cette question-là, en disant "moi je ne peux pas
33:39 continuer avec toi".
33:41 Voilà.
33:43 Julien Dray, Georges Ben Sessan,
33:45 merci. On se retrouve après une courte
33:47 pause. On continuait à parler
33:49 de ce conflit escalopalédestinien,
33:51 de ses répercussions en France,
33:53 de l'explosion peut-être de la gauche
33:55 à cause de ce conflit.
33:57 Et plus largement, justement,
33:59 de cette complaisance avec l'islamisme.
34:01 A tout de suite, en toute vérité,
34:03 sur Sud Radio.
34:05 En toute vérité, 11h30, sur Sud Radio,
34:07 Alexandre Desvecquiaux.
34:09 On se retrouve en toute vérité
34:11 sur Sud Radio avec
34:13 Julien Dray et Georges Ben Sessan.
34:15 On parle ce matin du
34:17 conflit escalopalestinien, de ses
34:19 répercussions en France,
34:21 répercussions politiques, notamment
34:23 avec la gauche sur le point
34:25 d'exploser, justement,
34:27 sur ce conflit, mais aussi
34:29 le rapport d'une certaine gauche,
34:31 Georges Ben Sessan,
34:33 à l'islamisme. Julien Dray
34:35 nous disait que Jean-Luc Mélenchon
34:37 s'inscrivait dans une longue tradition
34:39 anti-impérialiste.
34:41 Mais est-ce qu'il y a aussi
34:43 dans cette gauche-là
34:45 des insoumis,
34:47 mais qu'on retrouve aussi
34:49 au NPA,
34:51 l'idée, finalement, que
34:53 les victimes absolues du XXIe siècle,
34:55 ce sont les musulmans
34:57 qui sont les nouveaux juifs ?
34:59 Oui, il y a cette idée, bien sûr, que ce sont
35:01 les déshérités de la terre, et quand on est à gauche,
35:03 on épouge le parti des déshérités de la terre.
35:05 Et sur ce plan-là,
35:07 le parti pris des Mélenchons
35:09 et autres, ça s'inscrit dans une longue tradition
35:11 de la gauche. Puisqu'on parlait d'antisémitisme,
35:13 il ne faut pas oublier qu'au moins jusqu'à
35:15 l'affaire Dreyfus, la gauche est antisémite en France.
35:17 C'est l'affaire Dreyfus qui la lave de l'antisémitisme.
35:19 Mais même ensuite, quand vous arrivez
35:21 dans les années 30 et surtout les années
35:23 40 avec Vichy, vous avez une partie de la gauche française
35:25 qui collabore et qui est antisémite.
35:27 Ne pas l'oublier. Donc là, il y a une tradition.
35:29 Ça, c'est le premier point.
35:31 Ensuite, en ce qui concerne l'islamo-gauchisme,
35:33 il y a aussi dans cette idée
35:35 qu'on mène le combat contre l'impérialisme,
35:37 finalement, on mène le combat aussi
35:39 contre l'Occident et contre ses valeurs.
35:41 D'une certaine façon, il y a un amalgame entre les deux combats
35:43 et ça donne cet islamo-gauchisme
35:45 qui est totalement aberrant sur le plan intellectuel
35:47 parce que les premières victimes de maintes des islamistes,
35:49 ce serait cette gauche-là, bien sûr.
35:51 - Justement, Julien Dreyf, vous parliez de l'Iran,
35:53 vous expliquez que c'est très important ce qui se passe en Iran
35:55 de soutenir les iraniens,
35:57 mais on a eu le scénario en Iran
35:59 avec la gauche communiste
36:01 qui a soutenu la révolution
36:03 islamique et effectivement,
36:05 ils en ont été ensuite les premières victimes.
36:07 - Oui, parce que quand Khomeini arrive à la suite du Shah d'Iran
36:09 en démobilisation, tout le monde pense que
36:11 ça fait partie du mouvement
36:13 des progressistes
36:15 comme Kadhafi.
36:17 Pendant un premier temps, on l'a oublié,
36:19 mais au début, Kadhafi, les colonels,
36:21 c'est pareil avec Nasser, tout ça.
36:23 Puis après, on voit la réalité des choses.
36:25 En Iran, ça a été effectivement,
36:27 le parti communiste iranien était un grand parti communiste.
36:29 Il avait été écrasé
36:31 par l'État de 1954,
36:33 mais il avait des forces terribles, des mouvements féministes.
36:35 Et c'est toujours la même chose,
36:37 il y a des signes. On n'a pas voulu voir
36:39 à l'époque, c'était un conflit.
36:41 On n'a pas voulu voir ce qui se passait
36:43 et puis on a laissé faire, puis après on s'est accommodés
36:45 à le faire.
36:47 Je suis d'accord avec Georges, Mélenchon renoue avec une tradition
36:49 antisémite de la gauche,
36:51 qui s'était effacée avec l'affaire Dreyfus,
36:53 qui s'était aussi un peu effacée avec la révolution russe au départ.
36:55 Parce que beaucoup des révolutionnaires russes étaient des juifs.
36:57 Et donc l'antisémitisme à l'époque,
36:59 comme ils étaient juifs, ils faisaient attention.
37:01 Ils faisaient attention,
37:03 même y compris sur la question juive,
37:05 les textes ambiguës,
37:07 en disant "il faut un État, il ne faut pas d'État",
37:09 puis il est rené dans les années 1930,
37:11 avec une partie qui a rebasculé,
37:13 et qui effectivement, parce que les juifs c'est l'argent,
37:15 l'argent c'est le pouvoir, le pouvoir...
37:17 - Il y a des textes de Torres sur Blum en 1940
37:19 qui sont abominables.
37:21 Ils sont des textes franchement antisémites.
37:23 Il parle carrément d'un Blum au doigt crochu.
37:25 Il a censé des textes complètement oubliés, qu'Amy Frigel...
37:27 - Il y a un texte dans le Figaro magazine,
37:29 ce matin, de Michel Onfray,
37:31 qui fait référence justement
37:33 aux textes de Maurice Torres sur Léon Blum.
37:35 - Ah oui, sur Léon Blum, 1940.
37:37 - C'est intéressant de voir ces évolutions,
37:39 parce que moi c'est ça qui me blesse profondément,
37:41 puisque j'ai été,
37:43 le sait, compagnon de combat de Jean-Luc Mélenchon, etc.
37:45 Je l'ai connu,
37:47 mais vous imaginez pas
37:49 comment il était défenseur de l'État d'Israël.
37:51 Je me faisais engueuler,
37:53 parce que j'évoquais le fait qu'il fallait un État palestinien, etc.
37:55 Mais il n'a rien compris.
37:57 La seule république démocratique,
37:59 il faisait quasiment Shabbat tous les vendredis soirs, à Massy.
38:01 Il était invité par la famille de Jérôme Gage,
38:03 et d'autres, etc.
38:05 Donc il peut raconter ce qu'il veut.
38:07 Il y a une évolution terrible qui a commencé.
38:09 J'étais à 2014 avec lui.
38:11 Il passait son temps à m'appeler, en me disant
38:13 "Toi tu peux témoigner que je ne suis pas antisémite."
38:15 Et je reconnais que j'ai été à deux ou trois reprises
38:17 voir le cri, en me disant "Peut-être qu'on peut essayer, etc.
38:19 de trouver une solution."
38:21 Mais quand il a participé à un manif où on criait "Al Akbar",
38:23 j'ai dit "Viens plus me casser les pieds."
38:25 - Un manif islamiste, effectivement, de 2014.
38:27 - Je voudrais ajouter quelque chose.
38:29 Si la gauche s'est tellement trompée, finalement,
38:31 ces 40 dernières années, c'est parce qu'elle n'est pas attentive
38:33 aux signes culturels, qui sont des signaux culturels,
38:35 dont le voile accueille.
38:37 Elle ne s'intéressait à l'époque qu'aux signes sociaux.
38:39 Malheureusement, aujourd'hui, ce n'est même plus le cas.
38:41 Elle ne s'intéresse qu'aux sociétals.
38:43 Et à partir du moment où elle a délaissé le culturel,
38:45 elle a délaissé l'anthropologique,
38:47 elle n'a pas compris comment une société pouvait basculer.
38:49 Qu'il y avait des conflits civilisationnels.
38:51 Et c'est comme ça qu'elle va d'erreur en erreur.
38:53 Et quant à Mélenchon, incontestablement,
38:55 tout ce que dit Julien Dray est parfaitement avéré,
38:57 il faut y ajouter la fameuse note de Boniface en 2002.
38:59 C'est-à-dire que le nouveau vivier électoral de la gauche,
39:01 c'est là.
39:03 Mélenchon par suivisme va dans cette voie-là.
39:05 - Georges, si vous me permettez,
39:07 il y a le suivisme électoral,
39:09 j'en suis certain.
39:11 Je vais vous dire, il a fait un tweet hier qui était extraordinaire.
39:13 Il révèle son inconscient.
39:15 Il engueule les socialistes, etc.
39:17 Et il dit "tout le monde s'en souviendra aux élections européennes".
39:19 C'est-à-dire, en gros, le boutiquier, lui,
39:21 il sait ce qu'il faut faire.
39:23 Voilà. Il y a ce vivier électoral.
39:25 Mais c'est plus grave.
39:27 A la limite, je dirais, d'un certain point de vue,
39:29 c'est que le boutiquier électoral, ça n'est pas bien.
39:31 Il est à fond convaincu, idéologiquement.
39:33 C'est ça, son évolution.
39:35 Il y a dans sa vision du monde, désormais,
39:37 il y a ça.
39:39 Il croit qu'il y a, effectivement,
39:41 voilà, il est le prophète
39:43 qui va guider ceux qui...
39:45 Voilà. Et c'est pour ça que le combat avec eux
39:47 et avec lui doit être intraitable,
39:49 pas par des interdictions,
39:51 sur le fond idéologique.
39:53 Et oui, je dis, il a renoué avec la gauche antisémite.
39:55 Je lui dis en face.
39:57 - Sur ce plan-là, effectivement,
39:59 je vais tout à fait dans le sens de Julien Dray,
40:01 c'est un combat culturel.
40:03 Et sur ce combat culturel-là,
40:05 il n'y a pas d'accommodement possible.
40:07 Encore une fois, je reviens à Creil et à l'affaire du voile.
40:09 On a vu où les accommodements d'une certaine gauche
40:11 ont mené. - Nous ont mené.
40:13 Alors revenons au conflit,
40:15 parce que je sais que ça vous tire aussi à cœur,
40:17 Georges Ben. Ce soir,
40:19 un conflit qui est un conflit aussi
40:21 des images, avec une guerre
40:23 asymétrique. C'est vrai que les horreurs
40:25 du Hamas ont créé, malgré tout,
40:27 une émotion.
40:29 Et puis, très vite, la réponse
40:31 est israélienne.
40:33 On en revient au discours de David
40:35 contre Goliath. Et c'est aussi
40:37 instrumentalisé avec cette
40:39 roquette sur l'hôpital
40:41 de Gaza, roquette du djihad islamique,
40:43 qui a d'abord été attribuée
40:45 effectivement à Tsar.
40:47 - Ce qui est frappant dans l'histoire
40:49 de cet hôpital, c'est qu'autant,
40:51 d'un côté, on prend une prudence
40:53 tout à fait raisonnable et tout à fait
40:55 justifiée quand il s'agit
40:57 de vérifier les accusations
40:59 d'un camp, par exemple, et autant
41:01 dans l'autre, immédiatement, on accrédite la thèse
41:03 du missile israélien. Alors qu'aujourd'hui,
41:05 on sait très bien qu'il ne s'est pas agi de cela.
41:07 C'est-à-dire qu'en fait, c'est comme s'il y avait une culpabilité
41:09 par essence, une culpabilité ontologique
41:11 de la partie israélienne d'emblée,
41:13 et qu'il fallait simplement trouver un habillage. Et l'habillage
41:15 a été l'histoire de l'hôpital.
41:17 C'est le premier fait fondamental.
41:19 Le deuxième fait, c'est qu'il y a quelque chose
41:21 qui, dans cette affaire de l'hôpital,
41:23 qui a 171 morts au début, on sait aujourd'hui
41:25 qu'il n'en est absolument rien,
41:27 qui malheureusement renoue avec l'histoire longue
41:29 du conflit israélo-arabe, c'est le fameux
41:31 massacre de Diriyassine.
41:33 A Diriyassine, en 1948, effectivement,
41:35 il y a eu un crime de guerre, où il y a eu 107 morts
41:37 dans les combats, dont
41:39 25 sont réellement l'objet
41:41 d'un crime de guerre, c'est-à-dire des prisonniers exécutés.
41:43 Et immédiatement, la rumeur s'enfle
41:45 pour parler de 500, de 600, de 700 morts.
41:47 Le résultat de cette catastrophe-là,
41:49 c'est que ça a accéléré la peur dans les communautés
41:51 arabes, et donc l'exode des populations
41:53 palestiniennes. Donc on est
41:55 habitué, si vous voulez, à une véritable
41:57 rhétorique du mensonge ici, qui, à terme,
41:59 desserre profondément
42:01 la cause qu'elle prétend servir.
42:03 - Cette rhétorique du mensonge, je sais qu'elle vous a
42:05 aussi beaucoup choqué, Julien Drey, et notamment
42:07 la complaisance qu'a rappelée
42:09 Georges Ben Sousson d'une partie
42:11 des politiques françaises, des médias,
42:13 qui n'ont pas fait preuve de la prudence
42:15 élémentaire au début de l'affaire,
42:17 si on peut appeler ça comme ça.
42:19 - En vérité, on a assisté quand même à une des plus grosses
42:21 manipulations médiatiques de ces 20 dernières années.
42:23 Je pense que ça remonte au chantier de Kimi Chora
42:25 à la chute de Ceausescu.
42:27 Il faut voir ce qui s'est passé.
42:29 Je vais vous faire une confidence,
42:31 pas une confidence, quand les premières informations
42:33 arrivent, on est à un certain nombre
42:35 à baisser un peu la tête en disant "on sait qu'il va y avoir
42:37 des dégâts collatéraux, il n'y a pas de guerre propre,
42:39 ça n'existe pas, hein. Malheureusement,
42:41 on se dit "merde". Voilà.
42:43 Et puis, nos amis
42:45 israéliens nous envoient tout de suite
42:47 "attends, stop, on vérifie".
42:49 Mais les autres, ils n'ont jamais vérifié, hein.
42:51 Dans la minute qui suivait, ils y étaient.
42:53 Et ils ne se sont jamais excusés.
42:55 J'entends encore Mathilde Panot m'expliquer
42:57 que c'est les israéliens qui mentent, parce que c'est les israéliens.
42:59 - Voilà. C'est interparaissant. C'est exactement ça.
43:01 Parce que ce sont les israéliens.
43:03 Par nature, forcément, Israël a tort.
43:05 Et j'ajoute ceci, puisqu'on parlait de guerre dissymétrique.
43:07 Mais heureusement que la guerre est dissymétrique.
43:09 Parce qu'en 1945, les alliés
43:11 ont un rapport de force écrasant sur l'Allemagne nazie
43:13 et s'il n'avait pas dissymétrié en 1945,
43:15 l'Allemagne nazie gagnait la guerre.
43:17 Premier point. Mais deuxième point.
43:19 On est dans un raisonnement puéril
43:21 qui consiste à penser que le fort
43:23 a forcément tort et que le faible a forcément raison.
43:25 Mais non, il arrive souvent dans l'histoire
43:27 que le fort est raison et que le faible est tort.
43:29 - Et d'ailleurs, cette histoire de conflit asymétrique
43:31 n'est pas totalement vraie.
43:33 Parce que si ce n'est pas seulement
43:35 un conflit israélo-palestinien
43:37 et que c'est un conflit israélo-arabe,
43:39 le David contre Goliath,
43:41 on peut très bien le retourner
43:43 et dire qu'Israël est dans la situation
43:45 du David face au Goliath islamiste
43:47 qui est mondial.
43:49 - Vous avez 22 pays arabes
43:51 autour d'Israël.
43:53 Il n'y en a aucun
43:55 qui a accepté d'aider les Palestiniens
43:57 en ouvrant ses frontières. 22.
43:59 Et j'ajoute qu'en 1948-1949,
44:01 ces réfugiés palestiniens, dont une minorité
44:03 seulement va dans les pays arabes voisins,
44:05 ne sont pas intégrés, ne sont pas assimilés,
44:07 ils n'ont pas le droit de travail, ils n'ont pas la citoyenneté.
44:09 C'est quand même aussi important
44:11 à ajouter.
44:13 - Pour finir
44:15 cette conversation,
44:17 on l'a vu,
44:19 le fil rouge de la conversation
44:21 c'est que ce conflit,
44:23 qui a été par moments un conflit territorial
44:25 entre deux nationalistes,
44:27 est une guerre de civilisation, un choc culturel
44:29 et c'est ce qui le rend particulièrement
44:31 compliqué et tragique
44:33 puisque une guerre entre deux nationalistes,
44:35 on sait comment ça peut se régler,
44:37 avec une solution à deux états.
44:39 Là on ne voit pas comment ça va se régler,
44:41 on peut se demander si c'est une guerre sans fin...
44:43 - Je voudrais que c'est un conflit tragique
44:45 parce que je suis convaincu qu'Israël est un colosse au pied d'argile.
44:47 Au mois de mai,
44:49 au moment de la Journée de l'indépendance en Israël,
44:51 j'étais en Israël, j'étais invité par Ivanka
44:53 dans leur studio.
44:55 Il y avait beaucoup de célébrations
44:57 sur la "State of Nation", la puissance israélienne
44:59 et on m'a demandé mon avis. J'ai dit
45:01 c'est un colosse au pied d'argile, c'est un pays extrêmement fragile.
45:03 C'est un pays qui peut
45:05 à la fois les humains disparaître. Et quand on voit la marée de la haine,
45:07 l'océan d'hostilité et de violence,
45:09 on peut se demander
45:11 qui est De Gaulleat, qui est David.
45:13 - Julien Darrel,
45:15 un colosse au pied d'argile,
45:17 Israël...
45:19 Comment on tranche le dos d'un gars ?
45:21 - Je pense que la société israélienne va faire une énorme introspection.
45:23 Parce qu'elle s'est aussi endormie
45:25 sur ses lauriers. Il y avait un complexe
45:27 de supériorité en Israël.
45:29 Et on pensait à autre chose.
45:31 Il y avait un caractère moral au départ dans la fondation
45:33 de l'État d'Israël, qui renvoie
45:35 à l'identité du peuple juif.
45:37 Et il s'est progressivement dilué.
45:39 C'est-à-dire que le juif, normalement,
45:41 prenait toutes les peines du monde à sa charge
45:43 parce qu'il avait été victime.
45:45 Puis ils ont commencé à s'intéresser.
45:47 En ce sens-là, l'attaque du Hamas leur rend un peu
45:49 service. Parce que jamais Israël
45:51 n'a retrouvé autant d'unité.
45:53 C'est fini, y compris les conflits qu'ils avaient.
45:55 Il y aura certainement des responsabilités à désigner,
45:57 parce qu'il y a eu des fautes de côté énorme. Mais c'est vrai
45:59 qu'Israël est en danger aujourd'hui.
46:01 Et ils vont continuer jusqu'au bout. Parce que s'ils ne font que,
46:03 je dirais, régler le problème du Hamas,
46:05 demain, ça sera autre chose.
46:07 – Merci Julien Dray,
46:09 merci Georges Bensousson, c'était passionnant.
46:11 Je vous laisse avec les informations
46:13 et on se retrouve le week-end prochain
46:15 pour un nouveau numéro d'En Toute Vérité.
46:17 [Musique]
46:19 En Toute Vérité sur Sud Radio, Alexandre de Vécuiaux.
46:21 de Vickio.

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