HOPITAL CLOCHEVILLE / Propositions "insuffisantes", grève reconduite

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Transcript

00:00 Le malaise persiste à l'hôpital pédiatrique Clocheville de Tours.

00:03 La grève entamée par le personnel soignant au début du mois

00:06 est reconduite.

00:07 -Les propositions de la direction pour pallier le manque d'effectifs

00:10 ne satisfont ni les syndicats ni le collectif Clocheville

00:13 sous tension à l'origine d'une pétition

00:15 qui a déjà recueilli plus de 26 000 signatures.

00:18 On va plus loin sur ce sujet avec notre invitée.

00:20 Bonsoir, Marion Lachaud. -Bonsoir.

00:22 -Vous êtes infirmière à Clocheville

00:24 dans le service de soins de suite et de réadaptation.

00:27 Vous occupez d'enfants polyhandicapés.

00:29 La direction du CHU Tours a proposé neuf équivalents

00:32 en plein supplémentaire pour faire face à la crise des effectifs

00:35 que vous traversez.

00:37 C'est déjà ça, de prix.

00:39 Pourquoi ce n'est pas suffisant, selon vous ?

00:41 -Alors, tout d'abord,

00:44 c'est l'ensemble de l'hôpital Clocheville,

00:46 ce qui représente 18 services qui sont en grève depuis le 2 octobre.

00:50 -C'est inédit.

00:51 -Et la direction annonce la création de quatre postes.

00:54 Donc, pour nous, c'est vraiment...

00:56 -Seulement quatre postes. -Pas du tout.

00:59 -Quatre postes pérennes au sein de l'équipe de suppléance,

01:01 l'équipe qui a amené à faire des remplacements

01:04 aux pieds levés des congés, maladie, maternité, etc.

01:08 Et donc, quatre postes,

01:11 plus ils ont annoncé trois postes de remplacement

01:15 d'arrêts longue maladie.

01:17 Donc, c'est des arrêts qui durent depuis quatre ans.

01:20 Aujourd'hui, on les remplace,

01:22 mais ce sont des postes qui ne sont pas du tout pérennes.

01:25 Et deux équivalents temps pleins

01:27 sont les personnes qui sont actuellement à 80 %,

01:29 à qui on va proposer des 100 %,

01:31 mais en 20 % dans ces fameuses équipes de suppléance.

01:37 -Il faudrait combien de postes ?

01:38 -Selon les syndicats, une soixantaine de postes.

01:41 -Pour remplacer les arrêts maladie,

01:43 c'est ça ? -Exactement.

01:44 -Il y a un taux d'absentéisme,

01:46 ou préférez appeler "taux d'arrêt de travail".

01:49 De 12 à 13 %, qu'est-ce que ça dit,

01:51 cet absentéisme, ce taux d'arrêt de travail ?

01:53 -En fait, on est des humains,

01:56 donc nous aussi, on a des maladies.

01:58 C'est beaucoup de femmes,

02:00 donc il y a beaucoup de congés maternités.

02:03 On s'arrête aussi plus tôt,

02:04 parce qu'on peut pas aller jusqu'au bout enceinte.

02:09 Et puis, il y a aussi un épuisement,

02:12 donc c'est un cercle vicieux,

02:14 parce que moins on est remplacé, plus on va être fatigué,

02:17 plus on va être amené à s'arrêter plus rapidement.

02:21 Des burn-out, voilà,

02:23 je pense que c'est un épuisement généralisé.

02:26 Aujourd'hui, on tire la sonnette d'alarme,

02:28 parce que c'est les patients qui en pâtissent.

02:31 -Est-ce que la direction peut faire des miracles ?

02:33 On sait que l'hôpital n'attire plus.

02:36 Si les soignants ne sont pas là pour postuler,

02:39 est-ce que vous avez la possibilité d'en recruter plus ?

02:41 C'est compliqué ?

02:43 -En fait, il y a des étudiants qui viennent faire des stages,

02:47 il y a des gens qui postulent.

02:49 On a eu vent de dix étudiants qui n'avaient pas été pris,

02:53 donc c'est pas du tout ça.

02:54 On continue à tirer.

02:55 Après, c'est sûr que les étudiants à l'hôpital,

02:58 on n'a pas trop le temps de les former.

03:00 C'est encore dans le même engrenage de la charge de travail.

03:04 Ils sont dégoûtés.

03:05 Parfois, ils commencent la formation,

03:07 ils la poursuivent pas au bout des 3 ans.

03:09 Mais il y a une demande,

03:11 et d'améliorer les conditions de travail,

03:14 ça va redonner envie,

03:17 redonner le métier attractif.

03:19 C'est pas une perte de sens, en fait.

03:22 Les gens ont envie de faire ce métier,

03:24 ils voient qu'il y a un sens.

03:26 C'est juste la charge de travail qui n'est plus gérable.

03:29 -L'autre revendication, c'est d'améliorer les locaux,

03:33 les bâtiments. Ils sont inadaptés et vétustes.

03:36 Malgré de récents travaux, l'hôpital pédiatrique,

03:39 devait bénéficier de 12 millions d'euros

03:41 de travaux d'adaptation et de restructuration.

03:44 Ca n'a pas eu lieu ?

03:45 -En termes de chiffre, je pourrais pas vous donner de détails.

03:49 Tout ce qu'on sait, c'est que Clos Gilles devait faire partie

03:52 du nouvel hôpital Trousseau.

03:54 -Le déménagement a été annulé.

03:56 -On a appris l'année dernière que ça ne serait pas le cas.

03:59 On voit clairement qu'il n'y a pas eu de travaux effectués.

04:02 On accueille les patients dans des conditions déplorables.

04:06 Cet été, il y a certains services où il faisait 32 degrés,

04:11 ce qui est énorme quand on accueille des petits-enfants.

04:15 -Vous réclamez une rénovation rapide.

04:17 -Exactement.

04:18 L'hiver dernier, les agents donnaient des couvertures de survie

04:24 pour que les enfants aient chaud.

04:26 C'est hallucinant de penser à ça.

04:28 Les ascenseurs tombent en panne.

04:30 C'est pas possible.

04:32 Il y a un vrai danger pour les patients.

04:34 -L'hiver pointe, et avec, lui, la maladie, la bronchiolite.

04:39 Est-ce que vous êtes inquiets par rapport à l'arrivée

04:42 de cette potentielle maladie ?

04:44 -On peut pas être plus inquiets,

04:46 parce que c'est comme ça tous les hivers.

04:48 C'est pas une surprise, la bronchiolite.

04:50 Tous les hivers, bien sûr, on est inquiets.

04:53 Cet été, on était inquiets.

04:54 -Il y a un nouveau traitement, il va pas suffire ?

04:58 -Il est en quantité insuffisante,

05:00 comme beaucoup de médicaments, entre parenthèses.

05:03 On nous avait dit que tous les enfants pourraient y accéder.

05:06 Aujourd'hui, c'est les bébés qui sortent de la maternité.

05:09 Dans mon service, c'est des polyhandicapés,

05:12 des enfants très fragiles.

05:13 Ils ne peuvent pas en bénéficier.

05:15 Ils sont pas dans les listes prioritaires

05:18 pour avoir accès à ce médicament-là.

05:20 -Merci, Marion Lachon.

05:21 Une pétition est lancée sur change.org,

05:23 avec déjà plus de 26 000 signatures.

05:26 Merci d'être venue sur notre plateau.

05:28 ...

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