SMART SPACE - SpaceX est-il encore le maître du jeu ?

  • l’année dernière
L’Administration fédérale de l’aviation américaine repousse le lancement de la fusée Starship tant que SpaceX ne se conformera pas aux exigences réglementaires. Acteur jusqu’ici incontournable du secteur spatial, l’entreprise américaine montre désormais quelques signes de fragilité. Suffisant pour laisser la concurrence revenir ?

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Transcript
00:00 La session de SpaceX dans le secteur spatial n'est pas vraiment discutable.
00:08 C'est un acteur incontournable qui a même rendu sa souveraineté en matière de vol
00:12 habité aux Etats-Unis.
00:13 Pourtant en septembre, pour la première fois peut-être depuis longtemps, l'entreprise
00:17 américaine a dû freiner sa course.
00:18 Plutôt celle de son lanceur lourd Starship cloué au sol temporairement par la FAA, l'administration
00:24 fédérale de l'aviation américaine.
00:25 Aujourd'hui, on s'interroge, est-ce que SpaceX a toujours le vent en poux ? Pour en
00:30 parler, nous avons avec nous en plateau Olivier Lascar, chercheur en politique.
00:35 Pardon, je présente Brian avant de vous présenter.
00:37 Olivier, vous n'êtes pas chercheur en politique spatiale, vous êtes rédacteur en chef du
00:41 magazine Science et Avenir et auteur de plusieurs ouvrages, notamment celui-ci, Elon Musk's
00:47 Loam, qui défie la science que vous allez pouvoir voir à l'image et qui est sorti
00:51 en 2022 aux éditions Alizio, également auteur depuis d'autres livres sur divers sujets
00:57 qui concernent la science comme abysse, l'ultime frontière, sorti tout récemment.
01:02 Avec nous, nous avons donc Brian Calafatian que j'ai commencé à présenter, chercheur
01:07 en politique spatiale à l'Institut d'études de stratégie et de défense.
01:12 Bienvenue Brian avec nous dans Smartspace.
01:15 Alors, quelles conséquences ce coup de frein dont on a parlé en introduction de la FAA
01:21 sur le lancement de Starship peut-il avoir sur l'entreprise SpaceX tout entière Olivier ?
01:27 Alors déjà, il y a une conséquence extrêmement tangible, c'est que la fusée qui est sur
01:31 le pas de tir, elle ne part pas.
01:33 Ça, c'est très concret.
01:35 Ça n'est pas tout à fait une première dans la mesure où pour le premier lancement
01:42 du Starship le 20 avril de cette année, 2023, la FAA s'était déjà fait désirer.
01:48 Ils avaient attendu pendant un bon moment pour avoir ce fameux feu vert.
01:53 Feu vert écologique, en tout cas qui concerne l'autorisation environnementale et l'impact
01:58 environnemental.
01:59 Oui, parce qu'il faut rappeler que le Starship, c'est la fusée la plus grande, la plus puissante
02:06 qui a jamais été construite.
02:07 Jamais l'humain a construit un dispositif qui fait autant de bruit par exemple.
02:12 C'est de l'ordre de 190 décibels au décollage.
02:15 Évidemment, ça crée des conséquences extrêmement tangibles dans l'environnement proche.
02:21 Quid des populations locales, de Boca Chica, quid des écosystèmes, de la nature.
02:29 On a trouvé à l'issue du premier décollage des nuages de poussière qui se sont déplacés
02:35 sur 10 kilomètres de distance.
02:37 C'est quand même assez considérable.
02:39 Donc, on n'est pas franchement étonné que la FAA regarde très attentivement, d'autant
02:46 plus qu'elle s'est fait taper dessus aussi par des associations d'observateurs, de défenseurs
02:51 de la nature qui ont dit qu'elle n'avait pas été assez vigilante la première fois.
02:54 Ça correspond plutôt, je trouve, à un contexte nouveau pour SpaceX et pour Elon Musk qui
03:04 est que l'acteur public commence à le regarder en chien de faïence.
03:08 C'est ça qui change assez.
03:11 En fait, à vrai dire, nous en tant qu'observateurs du secteur, on a été un peu surpris quand
03:17 même que finalement la FAA, alors elle n'a pas vraiment le choix parce qu'il y a une
03:21 pression aussi politique derrière, mais soit aller au bout de sa démarche et dire "attendez,
03:26 on attend, on n'est pas sûr de vous redonner l'autorisation parce que vous l'avez dit,
03:30 le premier lancement a fait des dégâts, les images ont été assez criantes sur la situation
03:36 du pas de tir après le lancement et déjà à l'époque, la décision de la FAA était
03:41 assez critiquable, le site avait été prévu pour Falcon et pas pour Starship, ce qui aurait
03:46 dû changer les choses et freiner davantage.
03:48 Brian, est-ce que cet étonnement collectif, ça ne vous dit pas beaucoup finalement de
03:53 la puissance de SpaceX et de son influence aux Etats-Unis ?
03:57 Bien entendu, on se retrouve dans une situation où une entreprise doit rendre des comptes,
04:03 notamment au Congrès, mais aussi à l'opinion publique.
04:04 C'est ça qui est très intéressant et qui est assez nouveau dans la communication.
04:09 En réalité, ce n'est pas réellement une surprise parce que quand on regarde les standards
04:12 de la FAA, il faut s'attacher à trois grands principes, c'est-à-dire la maîtrise de la
04:17 sécurité, l'examen environnemental qui a été bien en avant par la loi NEPA en 1970
04:22 sous l'administration Nixon et enfin l'intégration au NAS, qui est l'espace aérien national.
04:27 Si on prend la problématique de la réduction des risques après un lancement, il y a toute
04:33 une conduite d'expertise, on va dire, qui est MESAP, donc rapport d'incident, qui se
04:38 base sur des grands principes, notamment la réduction du risque ou dans le cadre où
04:45 ce serait un acte grave qui a mis en danger des personnes, la propriété, qu'elle soit
04:49 celle d'entreprise ou une propriété extérieure, le véhicule et les zones qui sont autour.
04:53 Et aussi, ça peut se mettre en avant pour des problèmes liés à des rentrées atmosphériques
05:00 ou des décollages.
05:01 C'est-à-dire que dans ce cas-là, Starship coche, on va dire, une grande partie des problématiques.
05:07 Et c'est pour ça que des mesures conservatoires, dans un premier temps, ont été adoptées
05:11 afin de réduire les potentiels risques sur l'environnement et ensuite mise en place
05:16 de processus d'expertise avec la mise en avant de 63 points à régler pour un potentiel
05:21 prochain lancement.
05:22 Donc, il n'y a rien qui est réellement novateur, on va dire.
05:25 C'est ce que pourrait faire le BEA, par exemple, dans un rapport d'incident, dans un processus
05:28 d'expertise, d'enquête, qui viserait à non pas forcément définir un coupable, mais
05:34 réduire des risques pour de prochains vols.
05:36 Olivier ?
05:37 Il y a quand même, c'est vrai, comme vous le disiez, une dimension de surprise dans
05:43 l'arrêt temporaire qu'impose la FAA.
05:45 Parce que si les conséquences du premier lancement ont été terribles sur le pas de
05:50 tir, vous l'avez expliqué, les images parlent d'elles-mêmes, le lancement, à proprement
05:55 parler, a montré que Starship avait une certaine réussite quand même.
06:01 Évidemment, ça paraît bizarre de dire ça parce que le concert médiatique qui a accueilli
06:07 ce décollage du 20 avril a été celui d'un échec, puisque la fusée a explosé en vol.
06:12 Mais on sait que Musk et SpaceX fonctionnent par accumulation de tests et d'erreurs.
06:19 Il a procédé de la même façon sur ce coup-là et la fusée a quand même volé pendant plus
06:25 de trois minutes.
06:26 Elle a dépassé certaines phases critiques, comme par exemple les ingénieurs que j'ai
06:32 interrogés me parlent de l'effet de trompe au niveau du décollage.
06:35 C'est l'obligation d'interrompre.
06:38 Il y a eu une perte de contrôle en fait.
06:39 C'est ça qui a interrogé à ce moment-là et qui a fait peur aussi aux acteurs spatiaux
06:43 et peut-être aux acteurs nationaux.
06:45 Oui mais cette perte de contrôle de la fusée, puisqu'il a fallu la faire exploser, s'explique
06:50 peut-être aussi par des considérations techniques.
06:53 On sait que les moteurs Raptor n'ont pas tous fonctionné.
06:58 Ça veut dire qu'il y avait un reliquat d'ergols qui était disponible au moment où les deux
07:02 étages devaient se séparer.
07:04 Et peut-être que ce reliquat a servi à des moteurs qui étaient encore opérationnels,
07:09 faisant que le premier étage qui aurait dû arrêter d'avancer, en quelque sorte, a encore
07:13 exercé une poussée qui est venue caramboler et qui aurait pu caramboler l'étage supérieur.
07:17 Donc cette perte de contrôle technique, elle ne va pas de soi quand même.
07:24 Je pense qu'on ne peut pas dire que les ingénieurs de SpaceX n'ont plus la main sur le volant.
07:30 Pourtant la question s'est posée.
07:33 Et c'est déjà là une nouvelle étape peut-être.
07:36 Avant on était habitué à l'échec, on l'acceptait, on l'encouragait.
07:38 On avait tout en effet quand même assez presque glorifié sur cette technique de test and learn.
07:44 Aujourd'hui, par exemple, si on prend l'exemple de Starship, les conséquences vont bien au-delà
07:49 de l'entreprise puisqu'il y a le programme Artemis derrière qui va être impacté.
07:54 Ce qui veut dire que le programme Artemis de retour sur la Lune américaine dans lequel
07:58 est engagée par exemple l'agence spatiale européenne va prendre du recul à cause des
08:02 décisions d'Elon Musk et de SpaceX.
08:04 Ça semble inévitable.
08:05 Le loup est entré dans la bergerie et la NASA commence à le dire.
08:10 Quand le Starship a explosé en avril, les commentaires allaient déjà dans ce sens-là.
08:18 C'est-à-dire que réussite, échec, on pouvait ergoter.
08:21 Mais ça montrait de toute façon que le calendrier qui parlait d'un retour des astronautes en
08:26 2025-2026 sur la Lune n'était pas tenable.
08:29 Ça a été dit à voix basse et à l'été, en août 2023, un des administrateurs de la
08:35 NASA l'a dit clairement.
08:38 Artemis 3 pourrait ne pas être le programme le moment où on verra les astronautes revenir
08:46 sur la Lune.
08:47 Il faudra peut-être en faire autre chose.
08:48 Donc c'est un retard qui est dommageable pour l'ensemble de l'administration spatiale
08:53 américaine.
08:54 Et comme il est lié quasi uniquement à SpaceX, c'est extrêmement problématique
09:01 pour la société.
09:02 Alors, hasard de calendrier ou pas, un mois après, la NASA a annoncé un accord avec
09:07 l'origine et Jeff Bezos, ennemi depuis toujours de SpaceX, premier concurrent.
09:12 On avait déjà eu un épisode juridique qui m'amène autour d'Artemis sur cette concurrence
09:19 entre Elon Musk et Jeff Bezos.
09:20 Aujourd'hui, on a un peu l'impression, Brian, peut-être que vous pensez la même chose,
09:26 que la NASA réouvre ses portes à une nouvelle collaboration avec Jeff Bezos, peut-être
09:31 pour combler la fébrilité qui s'annonce de SpaceX ou la challenger.
09:37 Je dirais plus la challenger.
09:40 Ce qui est intéressant de regarder, c'est que depuis 2004, la FAA, les autorités américaines
09:46 sont sous le coup de ce qu'on appelle la période d'apprentissage, la learning period,
09:50 qui a été mise en place afin de permettre la prise de risque tout en réduisant le nombre
09:56 de réglementations qui sont adoptées, notamment par le Congrès.
09:59 Cette période a été plusieurs fois reportée.
10:02 Elle devait s'arrêter le 1er octobre 2023 et le 30 septembre.
10:06 Dans le package lié à la poursuite des défauts américains pour la continuité des administrations,
10:12 ils ont voté pour trois mois la remise en place de cette learning period.
10:16 On voit qu'il y a une véritable volonté de mettre en avant le risque industriel, parce
10:20 que c'est celui-là aujourd'hui qui permet de garder les États-Unis dans une course
10:25 avec la Chine.
10:26 Dans le cas précis de Blue Origin et de SpaceX, ce que l'on remarque, c'est qu'il
10:31 y a des briques technologiques qui sont en train d'être mises en place, mais qui ne
10:35 sont pas encore réellement testées, qui ne sont peut-être pas maîtrisées, contrairement
10:40 à la Chine qui elle s'appuie sur des systèmes, notamment d'alunissage, qui sont beaucoup
10:44 plus simples et qui ont été testés par l'histoire.
10:47 Vous faites référence à la faute technologie de Blue Origin et de SpaceX ?
10:51 C'est-à-dire que, pour reprendre un peu les termes que vous avez employés, challenger
10:58 ou pas, le paradoxe de l'affaire c'est que si SpaceX est particulièrement en retard,
11:05 elle demeure quand même en avance par rapport à ses compétiteurs.
11:07 Parce que du côté de Blue Origin, l'alunisseur n'existe que sur papier.
11:12 Pour SpaceX, c'est la même chose, elle n'a pas fait ses preuves, mais quand même,
11:15 ils lancent, ils tirent, ils apprennent de leurs échecs.
11:18 Les compétiteurs n'en sont pas du tout à ce point-là.
11:21 Donc il me paraît également illusoire de considérer que Blue Origin serait prêt à
11:27 dégainer sa solution pour remplacer SpaceX.
11:30 En revanche, je pense que la NASA crée les conditions d'une émulation extrêmement vigoureuse.
11:35 Ça veut dire aussi qu'elle partagerait peut-être davantage sa commande publique et son financement
11:40 public.
11:41 Et ça, c'est peut-être encore une fois le début d'un tremblement sur le développement
11:48 long terme de SpaceX qui a de grandes ambitions et on va y arriver.
11:51 Oui, c'est vrai que je dirais qu'on est quand même dans une époque qui est marquée
11:57 par cette forme d'hubris qui caractérise Musk depuis l'affaire Twitter.
12:03 C'est-à-dire que pour les observateurs comme vous, Elon Musk, il est dans le paysage depuis
12:07 fort longtemps, depuis une vingtaine d'années, depuis l'avènement de SpaceX.
12:11 Pour la collectivité médiatique et le grand public, il a surgi simplement cette année.
12:17 Et tous les aspects positifs de son comportement, son caractère frondeur, cette façon qu'il
12:25 avait de s'affranchir des règles pour inventer constamment, on en voit aujourd'hui le mauvais
12:31 côté de la médaille, puisqu'il sort très rapidement de sa zone de confort, de sa zone
12:38 de compétence et ça l'amène à faire des erreurs.
12:40 Aujourd'hui, SpaceX pourrait effectivement, je crois, payer pour l'ensemble des erreurs
12:47 que Musk accumule dans la composition de son personnage public qu'il se donne avec ce
12:55 défenseur de la liberté d'expression tous azimuts via Twitter X.
12:59 C'est ce que vous dites, la légende sous votre livre, c'est cette question Elon Musk,
13:04 génie ou escroc ? Est-ce que c'est une question qui va envahir le secteur spatial aussi après
13:10 avoir été figure idolâtrée de cette révolution du New Space ?
13:14 Je pense que la formule est un petit peu accrocheuse et je pense qu'on y répond différemment
13:20 suivant les jours, 30%, 70%.
13:22 Il y a quand même des avancées dans le domaine du spatial en l'occurrence qui n'auraient
13:27 sans doute pas pu voir le jour sans Elon Musk.
13:29 Donc ça n'est pas une imposture Elon Musk.
13:32 Mais sans la NASA aussi.
13:33 Cette relation est tellement codépendante qu'elle n'est pas à négliger quand on
13:38 voit un affaiblissement.
13:39 Absolument.
13:40 Et d'ailleurs, on voit que la NASA, sur d'autres sujets, essaie de reprendre la main sur le
13:44 personnage.
13:45 Très rapidement sur la question des déchets spatiaux, de l'encombrement spatial qui est
13:50 lié à Starlink, ces embouteillages autour de la planète.
13:55 Pour la première fois, en 2022, la NASA a fait aussi un communiqué de presse en disant
13:59 qu'elle était très soucieuse de ce qui était en train de se passer, de la façon
14:02 dont ça pouvait générer des phénomènes, on appelle ça le syndrome de Kessler je crois,
14:07 ou la théorie des dominos.
14:09 Exponentiel en fait.
14:10 C'est un développement exponentiel.
14:11 Au plus on envoie, au plus on crée de débris.
14:13 Jusqu'à ce que ce soit absolument ingérable pour toute la population autour de la Terre.
14:17 Et ça peut créer des catastrophes puisque un petit débris peut en générer un plus
14:20 gros etc.
14:21 Donc la NASA commence un petit peu à hausser de la voix.
14:26 L'acteur public, les démocrates sont des adversaires de Musk.
14:33 Il a fait un pari politique là, Musk, qui est de devenir justement politique dans le
14:38 sens où il est devenu partisan et il soutient les républicains.
14:42 Si la prochaine mandature est républicaine, l'acteur public états-unien va continuer
14:48 à fonctionner avec SpaceX.
14:49 Dans le cas contraire, effectivement, on pourrait commencer à connaître le début
14:55 d'une descente pour cette société et pour ce personnage.
14:58 Alors vous avez cité Starlink, c'est un exemple intéressant.
15:01 Effectivement, Starlink c'est cette constellation, ce projet de constellation qui compte déjà
15:06 de nombreux satellites dans l'espace.
15:08 L'objectif c'est 42 000 satellites en orbite autour de la Terre.
15:12 Et donc ça soulève des questions aujourd'hui.
15:14 D'abord on s'est dit, c'est précurseur, tout le monde va devoir faire sa constellation
15:17 pour arriver avant lui sur cette orbite là.
15:19 Il y a eu à l'époque déjà une bataille sur l'attribution de cette orbite et de la
15:25 fréquence avec Jeff Bezos.
15:27 Là encore, on peut s'interroger, alors qu'on ne s'interrogeait pas vraiment avant, sur
15:35 l'efficacité technologique de cette proposition qui sera entre la 5G et la fibre dans son
15:41 service internet.
15:42 Brian, est-ce que la constellation Starlink c'est toujours une vitrine si avantageuse
15:49 pour SpaceX et pour Elon Musk ?
15:51 Déjà, ce que l'on peut remarquer, et c'est quelque chose qui a été mis en avant notamment
15:57 au cours du conflit en Ukraine, c'est que la technologie Starlink peut avoir des effets
16:01 du haut.
16:02 Donc c'est quelque chose que l'on retrouve beaucoup dans les activités spatiales, où
16:05 un satellite d'observation peut faire à la fois du renseignement mais aussi permettre
16:08 l'observation du changement climatique par exemple.
16:10 Et c'est la question qui s'est posée au début du conflit en Ukraine.
16:14 Vladimir Poutine ne s'est pas interdit, il a indiqué, de pouvoir éventuellement atteindre
16:20 des objectifs commerciaux qui permettraient d'envoyer du renseignement par exemple ou
16:26 de permettre des communications.
16:28 Donc c'est un positionnement qui est déjà très intéressant puisque l'on voit que Elon
16:32 Musk en lui-même essaye de se substituer aux Etats-Unis.
16:34 Alors qu'il est lui-même, on peut le dire je pense, un produit de la politique américaine
16:40 de financement commercial, de financement public afin d'atteindre une certaine hégémonie.
16:46 Pour l'instant, je dirais que la technologie Starlink fait plus parler d'elle pour le
16:52 côté fantasque de son constructeur, de son propriétaire, plus que pour réellement les
16:57 effets que l'on voit sur le terrain dans le cadre opératif.
17:02 Je pense que quand même la promesse est belle pour ceux qui souhaitent utiliser un réseau
17:08 comme ça d'accès à internet ou que l'on soit et qui pourraient servir éventuellement
17:15 pour le privé, pour le cadre privé ou le cadre de la gestion de crise notamment.
17:20 C'est un peu difficile à mon niveau, je vous avoue, de voir les renseignements techniques
17:25 on va dire, mais d'un point de vue politique c'est très intéressant.
17:29 Olivier, vous voulez peut-être surenchir là-dessus ?
17:31 C'est-à-dire que je crois qu'il faut, évidemment on ne parle que de Starlink depuis des mois
17:34 parce que c'est devenu très important.
17:36 On ne peut pas le rater, à la UNU on est capable de voir cette constellation.
17:40 Absolument, c'est des graffitis dans le ciel, ce qui embête beaucoup les astrophysiciens.
17:43 Mais on a vu que ça avait un rôle géopolitique, ça influe sur le cours d'une guerre.
17:50 En revanche d'un point de vue des télécoms, effectivement, ce n'est pas une solution
17:53 qui va remplacer les autres.
17:55 Le web passe à 98% par les câbles sous-marins et toutes ces solutions de satellite, de
18:03 constellation de satellite, c'est des effets de bord.
18:06 Ça permet dans des situations, alors il y a les zones blanches qui sont connues et
18:12 qui sont embêtantes pour quantité de personnes.
18:14 Il y a les situations extrêmes, comme la guerre, mais aussi les tremblements de terre.
18:18 La première fois où on a pu voir à quel point Starlink pouvait être pertinent, c'était
18:22 après l'éruption volcanique qui a coupé justement les câbles sous-marins qui permettaient
18:27 d'alimenter en internet les îles Tonga.
18:30 Et grâce au réseau, c'est très important dans une circonstance comme celle-là, ça
18:34 permet de paramétrer les secours qu'il faut faire venir sur le terrain, de voir qu'est-ce
18:39 qu'il détruit, qu'est-ce qu'il n'est pas.
18:41 Donc c'est une solution ponctuelle.
18:43 On a encore des cas et des occasions pour voir cette technologie briller et ça peut
18:46 rester une belle opportunité de toute façon commerciale, vous l'avez dit Brian, pour
18:51 ces différents usages pour SpaceX.
18:52 Un dernier mot avant de conclure, 42 000, c'est de la démesure.
18:56 Le voyage vers la Lune, vers Mars, c'est de la démesure aussi.
19:00 Est-ce que cette démesure-là, cette ambition qu'a toujours affichée Elon Musk et qui
19:04 a tiré vers lui tous les regards, pourrait être demain le talent d'Al Shield de SpaceX ?
19:10 Alors oui, je crois que oui.
19:13 Je crois que peut-être qu'à un moment donné, il va se poser la question d'un SpaceX avec
19:18 ou sans Elon Musk et de la survivance de SpaceX justement parce qu'il y aurait ou pas Elon
19:24 Musk à sa tête.
19:25 Il a porté cette société jusqu'au niveau qu'on lui connaît mais on va voir arriver
19:32 un moment où il va devenir un frein.
19:34 Je pense que ça va arriver, oui.
19:36 Merci beaucoup Olivier Lascar d'avoir pris le temps de venir sur le plateau de Smartspace.
19:41 Merci à vous Brian, quel affatiant d'avoir participé à cet échange avec nous à distance
19:47 et merci à tous de nous avoir suivis pour cette émission Smartspace à la production
19:51 Lily Zalkin.
19:52 On se retrouve dès la semaine prochaine sur Bsmart et en attendant vous pouvez retrouver
19:57 votre émission sur toutes les plateformes de podcast.
20:00 Merci.

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