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Dans le sud de l'Italie, les mafias prospèrent depuis plus de 150 ans. Pourtant,
dans ces régions historiquement très pieuses, il aura fallu attendre les années
70 pour qu'enfin l'Église reconnaisse leur existence et condamne, parfois très
timidement, le mode de vie des mafieux. Ce silence terriblement long de
l'institution catholique a accompagné les phénomènes mafieux, même quand
ceux-ci ont gagné une renommée internationale et que le sang a inondé les
villes comme Palerme. Un silence assourdissant et incompréhensible pendant
ces périodes d'extrême violence, de la part d'une institution sensée prêcher
la paix et la tolérance. Pourquoi l'Église n'a pas combattu ce phénomène,
se murant dans le silence ? Pourquoi les membres de l'Église jouent-t-ils
parfois même un rôle de complice, au lieu de soutenir la poignée de prêtres
courageux qui essaient de combattre le crime organisé ? Et comment les
mafieux peuvent-ils prétendre avoir la foi et se servir de la religion pour se
créer une légitimité culturelle qui leur permet d'asseoir leur pouvoir ? Le
Dieu des Mafieux enquête en Sicile sur cette aberration, depuis les origines de la mafia jusqu'à nos jours.
dans ces régions historiquement très pieuses, il aura fallu attendre les années
70 pour qu'enfin l'Église reconnaisse leur existence et condamne, parfois très
timidement, le mode de vie des mafieux. Ce silence terriblement long de
l'institution catholique a accompagné les phénomènes mafieux, même quand
ceux-ci ont gagné une renommée internationale et que le sang a inondé les
villes comme Palerme. Un silence assourdissant et incompréhensible pendant
ces périodes d'extrême violence, de la part d'une institution sensée prêcher
la paix et la tolérance. Pourquoi l'Église n'a pas combattu ce phénomène,
se murant dans le silence ? Pourquoi les membres de l'Église jouent-t-ils
parfois même un rôle de complice, au lieu de soutenir la poignée de prêtres
courageux qui essaient de combattre le crime organisé ? Et comment les
mafieux peuvent-ils prétendre avoir la foi et se servir de la religion pour se
créer une légitimité culturelle qui leur permet d'asseoir leur pouvoir ? Le
Dieu des Mafieux enquête en Sicile sur cette aberration, depuis les origines de la mafia jusqu'à nos jours.
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NewsTranscription
00:00 [Musique]
00:12 Les sept paroles que Jésus prononce sur la croix,
00:16 devant lui, une foule de gens.
00:21 [Musique]
00:31 À cette foule, Jésus a donné du pain,
00:36 il a donné à manger avec la pêche miraculeuse,
00:40 il a guéri, il a sauvé, il a ressuscité.
00:47 [Musique]
00:52 Mais la foule le condamne.
00:55 [Musique]
01:04 Alors Jésus dit, Père, pardonne-leur,
01:09 ils ne savent pas ce qu'ils font.
01:11 Spaventoso attentato questa sera in Sicilia alle ore 17, 57
01:15 salta tunari a un tratto d'autostrada che porta dall'aeroporto a Palermo.
01:19 Le vittime sono giudice falcone simbolo della lotta alla mafia.
01:23 [Musique]
01:26 Pendante decenni in Sicilia, la mafia ha vécu brazzu brazzu avec l'Eglise
01:31 e l'Eglise ha fait semblant de ne pa' voir, de ne pa' comprendre.
01:35 [Musique]
01:36 Pourquoi ne devrais-je pas pardonner?
01:38 Pourquoi ne devrais-je pas aimer?
01:40 [Musique]
01:48 Si l'Eglise catholique avait pris position,
01:52 vu le rôle important qu'elle a joué dans la formation culturelle des Italiens,
01:59 l'histoire n'aurait sûrement pas été la même.
02:03 [Musique]
02:28 [Bruits de la télé]
02:48 [Musique]
03:10 J'ai été, comme beaucoup d'Italiens, éduqué dans la culture catholique,
03:19 sans jamais remettre en question la religion,
03:23 parce qu'en Italie, ça n'est pas un choix, mais un destin culturel.
03:29 [Musique]
03:33 Ensuite, j'ai commencé mon activité de magistrat anti-mafia
03:38 et je suis rentré en contact avec les mafieux.
03:42 [Musique]
03:47 Souvent, après l'interrogatoire, après avoir parlé des meurtres,
03:52 je leur demandais quel était leur rapport avec Dieu.
03:58 Parce que je m'étais rendu compte qu'ils se revendiquaient tous,
04:02 ou presque tous, catholiques pratiquants.
04:06 Alors je me suis posé la question,
04:09 comment est-ce possible que ces mafieux qui tuent, qui extorquent,
04:13 qui sont violents, puissent avoir ce rapport avec Dieu et avec la religion,
04:18 sans que cela ne leur pose de problème ?
04:22 [Musique]
04:37 À Palermo, se déclenche une violence mafieuse sans précédent.
04:43 La mafia commence à montrer son visage le plus sombre.
04:50 Il y avait en moyenne un meurtre par jour.
04:53 On courait d'une scène de crime à l'autre.
04:59 Parce que la lutte entre les clans palermitains et corléonais pour le pouvoir
05:04 était sans merci.
05:07 Totovina, le chef des corléonais, ne va épargner personne.
05:15 C'est une guerre de pouvoir.
05:18 Une guerre pour prendre le pouvoir.
05:22 [Musique]
05:29 Le journal nous appelle pour nous dire que quelque chose s'est passé.
05:40 On arrive sur place, il fait nuit, c'est très sombre.
05:46 Mais on distingue une ombre par terre.
05:49 On se demande comment faire sans lumière.
05:55 Puis la police arrive et ils allument les phares de leur voiture.
06:01 Et là, on découvre un homme mort.
06:09 Le médecin légiste soulève le t-shirt pour voir où il a été touché.
06:17 Et là apparaît ce visage du Christ.
06:23 L'émotion était très forte.
06:27 Parce qu'on aurait dit qu'il y avait deux Christs.
06:30 Cet homme mort et cette image.
06:34 Mais devant, ça ne se voit pas sur la photo évidemment,
06:37 il avait un autre tatouage qui disait "donne-moi ta chatte".
06:42 Alors tu vois, c'est quoi cette religion ? Je ne sais pas.
06:49 Un mafieux, dans une interview, raconte qu'il était croyant.
06:58 Et qu'après chaque meurtre qu'il commettait,
07:01 il allait à l'église pour demander à la Sainte Vierge la force de continuer.
07:08 Pas la force de s'arrêter.
07:11 Il demandait pardon, mais aussi la force de pouvoir continuer.
07:19 Il y a de nombreux cas de ce genre,
07:21 car je pense que les mafieux ont besoin de l'aide de la religion
07:24 pour ne pas devenir fous.
07:32 Moi j'ai tué plusieurs personnes, plus de 20.
07:38 Et j'ai participé à de nombreux assassinats.
07:42 Ça n'existe pas un mafieux qui n'a pas tué.
07:46 Mais les mafieux étaient croyants.
07:51 Ils portaient tous un crucifix ou avaient des images saintes chez eux.
08:03 On ne voyait pas le mal qu'il y avait à tuer quelqu'un.
08:10 Pour nous, c'était une chose normale.
08:14 Au contraire même, on se sentait justiciés.
08:18 Si quelqu'un se comportait mal, on le tuait.
08:26 La foi c'était autre chose.
08:30 Le soir quand on rentrait à la maison avec les enfants,
08:35 on était tous croyants.
08:39 Le mafieux
08:43 Le mafieux
08:48 Le mafieux
08:51 Le mafieux
08:56 Je m'appelle Alessandra Dino, je suis sociologue
09:01 et depuis les années 90, j'étudie le phénomène mafieux.
09:07 En 2002, j'ai décidé de faire une enquête sur les paroisses du diocèse de Palerme
09:14 pour comprendre le lien qu'il y avait entre la religion et la mafia.
09:22 Pour faire cela, j'ai décidé d'adopter deux points de vue.
09:28 D'un côté, qu'est-ce que la religion pour les mafieux
09:34 et de l'autre, comment l'Eglise a affronté cette question.
09:39 Parce que si pendant si longtemps, les mafieux ont pu se revendiquer religieux et catholiques
09:44 sans que personne ne leur dise "mais vous êtes fous"
09:49 ça veut dire que quelque chose n'a pas fonctionné non plus du côté de l'Eglise.
09:54 Le résultat de notre étude
09:59 a démontré que seul 30% des prêtres
10:04 avaient conscience de la gravité du phénomène mafieux
10:08 de sa dimension criminelle et de l'importance de travailler main dans la main avec la justice.
10:15 Pendant des décennies en Sicile, la mafia a vécu bras-dessus-bras-dessous avec l'Eglise
10:21 et l'Eglise a fait semblant de ne pas voir.
10:26 [Musique]
10:40 Pour comprendre les origines de cette déviance,
10:45 il faut remonter à la fin de la Seconde Guerre mondiale
10:50 quand l'antéchrist pour l'Eglise, c'était le communisme.
10:56 [Musique]
11:03 Jusqu'en 1989, dans le contexte bipolaire de la guerre froide,
11:11 le plus grand danger ne résidait pas dans les meurtres, la drogue ou la mafia
11:17 mais dans le risque de l'avènement des communistes
11:21 et ce notamment aux yeux de l'Eglise catholique.
11:25 Et vu que la mafia a toujours été anticommuniste
11:31 du côté des propriétaires terriens et du pouvoir,
11:36 elle a été utilisée comme un instrument contre l'expansion du communisme.
11:41 La mafia a d'ailleurs assassiné de nombreux syndicalistes,
11:45 des paysans et des représentants de la gauche.
11:50 [Musique]
11:54 En 1946, exactement un an après la guerre,
12:01 le cardinal Ruffini est nommé à Palermo.
12:07 [Musique]
12:18 Il y restera 21 ans.
12:24 Pendant tout ce temps, le cardinal coopérera avec la mafia
12:29 et il y a des preuves.
12:33 [Musique]
12:37 En 1963, il y a le premier attentat à la bombe par la mafia à Palermo.
12:46 [Musique]
12:49 Sept carabiniers militaires italiens seront tués.
12:54 [Musique]
12:58 Le pape de l'époque, Paul VI, écrit alors au cardinal Ruffini
13:03 pour lui demander ce qui était en train de se passer à Palermo.
13:08 Le cardinal lui répond qu'il n'y a rien,
13:14 que la mafia n'existe pas,
13:20 que la mafia n'est qu'une invention des journaux et des partis de gauche.
13:25 [Musique]
13:32 Les premières prises de position fermes de l'Église contre la mafia
13:37 auront lieu au début des années 80.
13:40 [Musique]
13:55 En 1982, on a déjà eu une longue liste d'assassinats de personnages officiels
14:01 qui ont secoué Palermo.
14:04 Ils ont notamment assassiné le procureur Gaetano Costa,
14:08 le juge Cesare Terranova,
14:11 le président de la région sicilienne Pierre Santi Mattarella.
14:15 Bref, on a connu une très longue série d'assassinats de personnages importants.
14:21 [Musique]
14:33 À la suite de l'assassinat du général Dalla Chiesa,
14:36 la ville de Palermo va prendre position et l'Église aussi.
14:41 Le cardinal de l'époque, qui n'est plus ruffini évidemment,
14:45 prononce une homélie très dure,
14:47 qui restera dans l'histoire sous le nom de l'homélie de Sagunto.
14:52 [Musique]
14:55 S'obvient que si on peut appliquer une note à la phrase de la littérature latine,
15:03 on peut appliquer une note à la phrase de la littérature latine.
15:07 [Lit la phrase de la littérature latine]
15:19 Et cette fois, ce n'est pas Sagunto, mais Palermo.
15:26 Pauvre notre Palermo ! Comment la défendre ?
15:31 [Applaudissements]
15:36 Je me souviens que dans les prisons, nous avons manifesté.
15:45 Quand le cardinal Pappalardo venait pour célébrer la messe, on n'y allait pas.
15:53 Il savait que certains auraient peut-être voulu y aller,
15:57 mais l'ordre avait été donné en interne par la mafia de le boycotter.
16:02 Pour cette homélie, le cardinal Pappalardo a subi de fortes critiques au sein de l'Église catholique.
16:10 Il ne s'est plus jamais exprimé sur ce sujet,
16:15 parce que les grands chefs du parti politique catholique de l'époque
16:19 avaient fait pression par peur que le cardinal crée un mouvement anti-mafia
16:24 au sein de la communauté catholique.
16:29 L'Église a toujours été embarrassée de s'exprimer au sujet de la mafia,
16:34 parce que les mafieux faisaient partie des confraternités religieuses des quartiers populaires,
16:42 ils finançaient largement les églises et les paroisses,
16:47 ils allaient à la messe tous les dimanches,
16:50 ils étaient les plus respecteux des sacrements,
16:54 et ça, ça suffisait largement à l'Église.
16:58 Pour nous, le prêtre était quelqu'un de bien,
17:03 qui faisait le bien,
17:06 qui pouvait être un allié,
17:09 mais on ne le voyait sûrement pas comme un adversaire.
17:13 Quand il y avait des cérémonies religieuses,
17:16 il faisait en sorte qu'il y ait l'argent nécessaire pour faire une belle fête.
17:21 Si le prêtre avait besoin de quoi que ce soit,
17:24 les femmes des mafieux s'occupaient de lui.
17:28 On ne manquait jamais de respect au prêtre,
17:31 au contraire, on en prenait soin.
17:36 [Musique]
17:40 [Musique]
18:05 [Musique]
18:33 [Musique]
18:36 [Musique]
18:57 [Musique]
19:00 Le souvenir le plus fort que j'en garde, c'est l'odeur,
19:06 l'horrible odeur de l'explosion.
19:09 C'était une scène de guerre, de bombardement.
19:16 À la suite de l'attentat contre le juge Borsellino,
19:24 la révolte des habitants contre la mafia va s'amplifier.
19:28 [Cris de la foule]
19:31 Je me souviens avoir été très ému.
19:43 Voir tous ces gens, de tous les milieux,
19:46 pas les petites manifs anti-mafia qu'on avait l'habitude de voir,
19:50 mais voir tous ces jeunes, ces pères, ces mères,
19:54 toutes sortes de gens,
19:57 les voir manifester, défiler, hurler,
20:02 j'avais vraiment la sensation que les choses étaient en train de changer.
20:07 Borsellino, Borsellino, Borsellino, Borsellino !
20:11 C'était au peuple de se rebeller, et à l'église,
20:16 mais non, elle est restée silencieuse.
20:20 Après les événements de 1992,
20:26 au congrès annuel des évêques,
20:29 il n'y a pas eu une seule allusion aux attentats.
20:33 L'ordre du jour était la crise du parti catholique italien.
20:42 Tout ça pour vous montrer à quel point l'église était en retard sur la société civile.
20:49 Je m'appelle Michela Bouchemi.
21:03 Je suis une des premières femmes à avoir témoigné contre la mafia,
21:08 après qu'ils aient tué deux de mes frères.
21:13 On était en train de manifester pour les attentats de Falcone et Borsellino.
21:34 C'était le 26 juillet.
21:38 Et là, on apprend la nouvelle qu'une jeune fille sicilienne s'était suicidée à Rome.
22:01 Rita Atria était une jeune fille qui a dénoncé la mafia
22:07 parce qu'ils avaient tué son père et son frère.
22:12 Elle avait été ensuite placée sous l'aile protectrice du juge Borsellino.
22:28 Elle n'était pas soutenue par sa famille, ni même par sa mère.
22:33 Alors elle se sentait abandonnée quand ils ont assassiné Borsellino.
22:39 Nous n'avons connu son histoire qu'après son suicide.
22:52 Alors avec notre groupe de femmes féministes,
22:58 nous avons décidé d'aller à ses funérailles.
23:03 Et nous avons porté son cercueil sur nos épaules.
23:09 Nous avons décidé de porter son cercueil parce que personne ne s'était proposé.
23:20 Arrivée au lieu de sa sépulture,
23:25 il y avait un prêtre qui a dit
23:30 « Moi je suis ici contre la volonté de mes supérieures. »
23:35 Parce que Rita s'est suicidée et n'a donc pas le droit à une messe.
23:42 Et à cause d'elle, 50 personnes de ce village ont été arrêtées.
23:49 Des innocents.
23:53 Alors on lui a tourné le dos.
23:59 C'était un prêtre lâche, voilà ce que je pense.
24:07 Elle est morte parce qu'elle avait peur des mafieux.
24:13 Et eux par contre, on leur donne l'absolution.
24:19 On les bénit sur leur lit de mort.
24:25 Les mafieux sont bénis, mais pas une pauvre créature de 17 ans qui a peur.
24:32 C'est une histoire très triste.
24:38 Une histoire moche qui nous afflige.
24:44 Mais vous savez, nous avons vécu beaucoup d'histoires moches dans cette ville.
24:56 Dans nos terres.
25:01 Un an plus tard, en mai 1993,
25:07 Jean-Paul II déclare officiellement aux peuples mafieux
25:13 que l'Église ne veut plus rien avoir à faire avec eux.
25:19 Dieu a dit une fois « Ne vous tuez pas, mafia ! »
25:25 La mafia ne peut pas changer et ne peut pas affronter ce droit de Dieu.
25:34 Je le dis aux responsables, convertissez-vous !
25:41 Une fois, il y aura le jugement de Dieu !
25:48 On est en 1993, c'est-à-dire 11 ans après l'homélie de Papalardo.
25:56 Et 50 ans après l'arrivée à Palerme du cardinal Ruffini, juste après la guerre.
26:05 Donc l'Église, avant de prendre acte de la gravité de ce phénomène,
26:12 a mis encore une fois un temps biblique, a été d'une lenteur exaspérante.
26:19 En fait, cette phrase n'était pas prévue dans son discours d'origine.
26:27 Mais il venait juste de rendre visite aux parents du juge Livatino,
26:33 un jeune magistrat tué par la mafia.
26:36 Et pris par l'émotion, il a improvisé ce discours en s'écartant du texte original prévu.
26:43 Mais ce que l'histoire ne dit pas, c'est que la Papa Mobile,
26:46 qui a traversé la ville de Palerme, était conduite par un mafieux, Angelo Sina,
26:53 que j'ai moi-même interrogé.
27:03 Pour comprendre la gravité de l'Omeli de Jean-Paul II,
27:10 et combien la mafia n'a pas apprécié, il suffit de regarder les dates.
27:18 Omeli de Jean-Paul II en mai 1993.
27:25 Juillet 1993, les attentats de la mafia sur le continent italien, à Rome, Milan et Florence.
27:49 Trois attentats, dont deux qui vont frapper des symboles de la chrétienté romaine.
27:58 Les églises de Saint-George au Vélabre et de Saint-Jean-de-la-Tranc à Rome.
28:04 C'est la première fois que la mafia s'attaque à l'église à main armée.
28:18 Le jour où l'Omeli est frappé.
28:23 J'aimerais exprimer mon profond douleur pour les victimes innocentes des vides attentats
28:31 qui ont frappé la nuit dernière au Milan et au cœur de la Rome chrétienne.
28:38 Ces affamés crimes, sans aucune raison justifiable,
28:44 sont toujours un mot de honte pour ceux qui les planifient et ceux qui les exécutent.
28:52 Il n'est pas par désir pour Dieu et pour l'homme que se construit une société humaine et civile.
29:12 Prions ensemble pour les familles en lutte, pour les blessés et pour tous ceux qui ont été touchés par ces tragédies et ces événements.
29:22 Prions pour l'avenir de l'Italie.
29:25 Mais ce n'est pas fini. En septembre 1993, c'est-à-dire deux mois plus tard,
29:37 dans le quartier de Brancaccio à Palermo, le père Pulisi est assassiné.
29:46 Le quartier de Brancaccio
29:50 Don Giuseppe Pulisi a été tué à 9h15. Il est resté agonisant devant le portail du palais
30:05 plusieurs minutes avant d'être aidé par un agent de la police.
30:09 Peut-être que le prêtre pouvait être sauvé et que personne, à la plage Anita Garibaldi, n'a entendu ou vu rien.
30:17 Je vais regarder dans le miroir pour voir si ça va.
30:29 Le quartier de Brancaccio
30:32 Nous étions amis avec père Pulisi. Il était un peu plus âgé que moi.
30:54 Il menait des actions concrètes et positives.
30:59 Il voulait enlever les enfants des rues.
31:04 Car il se rendait compte que la présence des familles mafieuses, des gravianos en particulier,
31:11 qui sont maintenant tous en prison, conditionnait totalement la vie du quartier et celle des jeunes.
31:16 Il devenait une main-d'œuvre facile pour les mafieux.
31:22 Alors, en faisant venir ces jeunes à l'église ou au centre social,
31:29 il coupait l'herbe sous le pied des mafieux.
31:33 Il y a déjà beaucoup de jeunes qui sont autour du centre social et certains sont déjà présents.
31:39 La vie n'est pas simplement faite de violence, de dégradation,
31:44 mais il y a des valeurs comme la paix, la fraternité et la collaboration.
31:49 Ce sont nos espérances.
31:52 Je m'appelle Domenico Delisi, mais tout le monde m'appelle Mimo.
31:57 J'ai grandi ici, à Brancaccio.
31:59 Père Puglisi a changé ma vie.
32:04 Parce que, grâce à lui, j'ai pu vivre une vie de personne.
32:12 J'ai pu vivre une vie de personne.
32:14 J'ai pu vivre une vie de personne.
32:16 Parce que grandir dans ce quartier, c'était difficile et ça l'est encore aujourd'hui.
32:25 Imaginez qu'à l'époque, ici, il n'y avait même pas de lycée.
32:31 Et puis, il y avait beaucoup de criminalités.
32:41 On comptait en moyenne un meurtre de la mafia tous les deux jours.
32:46 Le quartier était très stigmatisé.
32:49 Tu vivais ici et tu étais forcément mafieux aux yeux des gens, mais ce n'était pas le cas, évidemment.
32:54 Père Puglisi voulait nous libérer de cette image, de ce stigmate.
33:04 Il nous disait "Oui, il y a des problèmes dans ce quartier.
33:08 Oui, il y a la mafia, c'est vrai.
33:11 Mais il y a aussi plein de gens bien."
33:14 Ce discours m'a touché et ça m'a donné une envie de revanche.
33:19 J'en ai pris conscience et je me suis battu.
33:22 C'est grâce à ça qu'aujourd'hui, je peux être ici pour raconter mon histoire.
33:26 J'y crois encore, même après 33 ans.
33:29 Et ça n'a pas été facile.
33:32 Le quartier de Puglisi
33:36 Il a commencé à recevoir des menaces, mais il n'a pas eu peur.
33:43 Et dans ses homélies, de manière très tranquille, il disait
33:48 "Si quelqu'un a quelque chose contre moi, qu'il vienne me parler au lieu de me menacer de manière anonyme.
33:54 Je n'ai rien à cacher.
33:57 Je travaille pour vos enfants, pour notre quartier et nos familles.
34:02 Si ça ne vous plaît pas, dites-le moi.
34:05 Mais ayez le courage de venir me le dire en face."
34:08 Les mafieux l'ont pris comme une provocation, parce que le mafieux n'accepte pas le dialogue.
34:16 La japonaise s'est accrochée à la porte de la maison.
34:23 La japonaise s'est accrochée à Paggio Puglisi.
34:27 Elle lui a dit "Paggio, c'est un rapide.
34:30 L'homicide devait sembler un rapide fait d'un toxique indépendant."
34:38 Paggio Puglisi s'est tourné et avec un sourire, il lui a dit "Je t'attendais."
34:47 Et là, il a compris qu'il allait mourir.
34:51 "Je... Je suis parti. Je suis allé à Maroc."
34:57 "Ce fut un moment de grande souffrance pour notre Église.
35:07 Le premier prêtre tué par la mafia, un affront public contre l'Église.
35:19 Et quelle Église en plus.
35:21 Une simple Église qui prêchait l'Évangile.
35:24 Le Notre Père, pas le Parrain.
35:27 La liberté, pas la soumission.
35:33 Cette résistance, au nom de la liberté, c'est ce qui l'a donné de plus beau à notre Église."
35:43 "Le prêtre Puglisi a été tué par la mafia.
35:47 Il a été tué par la mafia.
35:49 Il a été tué par la mafia.
35:51 Il a été tué par la mafia.
35:53 Il a été tué par la mafia.
35:55 Il a été tué par la mafia.
35:57 Il a été tué par la mafia.
35:59 Il a été tué par la mafia.
36:01 Il a été tué par la mafia.
36:03 Il a été tué par la mafia.
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41:07 Il a été tué par la mafia.
41:09 Il a été tué par la mafia.
41:11 Il a été tué par la mafia.
41:13 Il a été tué par la mafia.
41:15 Il a été tué par la mafia.
41:17 Il a été tué par la mafia.
41:19 Les mafieux ont cette folie.
41:21 Ils pensent qu'avec une Bible dans une main
41:23 et une arme dans l'autre,
41:25 ils peuvent tuer le coeur en paix.
41:27 ils peuvent tuer le coeur en paix.
41:29 Alors, s'ils ont un prêtre comme père Frittita
41:31 Alors, s'ils ont un prêtre comme père Frittita
41:33 qui les conforte là-dedans,
41:35 c'est la fin de toute logique.
41:37 c'est la fin de toute logique.
41:39 Un soir,
41:41 Un soir,
41:43 un homme est venu
41:45 un homme est venu
41:47 un homme est venu
41:49 proche de ce certain Pietro Aglieri.
41:51 proche de ce certain Pietro Aglieri.
41:53 Il me dit,
41:55 "Mon père, il a besoin de se confesser."
41:57 "Mon père, il a besoin de se confesser."
41:59 Dans deux jours,
42:01 Dans deux jours,
42:03 je te donne une réponse.
42:05 J'ai demandé à mon supérieur
42:07 et il m'a dit,
42:09 "Vas-y,
42:11 mais sache que tu risques
42:13 de t'exposer à beaucoup de problèmes."
42:15 "Mais mon père,
42:17 il s'agit de sauver une âme."
42:19 Quand je suis arrivé,
42:25 Quand je suis arrivé,
42:27 il m'a emmené dans sa chapelle.
42:29 il m'a emmené dans sa chapelle.
42:31 Il y avait un tas de livres saints,
42:33 des images de Sainte Thérèse,
42:35 et je lui ai célébré la messe.
42:43 Pourquoi ne pas le pardonner ?
42:45 Il demande pardon.
42:47 Il veut se rapprocher du Seigneur.
42:49 C'était un séminariste
42:53 de Montréal.
42:55 Comment puis-je ne pas le sauver ?
43:01 Il priait sept heures par jour.
43:05 Je suis devenu pâle
43:07 quand il m'a dit ça.
43:09 Mon Dieu Jésus,
43:11 ça ne me prit que quatre heures
43:13 et je suis fatigué.
43:15 Il est incroyable,
43:17 vraiment incroyable.
43:19 Totorina le respectait beaucoup
43:25 parce qu'il parlait bien.
43:27 S'il lui demandait un service,
43:29 il le faisait.
43:31 Alieri était quelqu'un de bien, en somme.
43:35 Non, non, ce n'est pas ce que j'ai dit.
43:39 Il s'est trompé de chemin.
43:41 Au lieu de prendre la rue à l'euro,
43:43 il a pris Avignon Victorio Emmanuel.
43:45 La question s'est alors posée.
43:53 Est-ce juste qu'un prêtre
43:57 se rende dans la cachette d'un fugitif
43:59 pour le servir
44:01 et lui porter la communion ?
44:03 Alors le cardinal de Giorgi
44:05 a convoqué la faculté de théologie
44:07 pour donner une réponse
44:09 à cette question.
44:11 Et j'étais un des trois qui ont été appelés
44:13 en tant que théologien des sacrements.
44:15 Et la conclusion était surprenante
44:19 mais très positive
44:21 malgré les critiques
44:23 de nombreux religieux.
44:25 Ils ont jugé
44:27 que c'était une indemnité capellanée,
44:29 une homone excessive.
44:31 C'est-à-dire que
44:35 Padre Frétit
44:37 aurait dû convaincre
44:39 Aglieri de sortir de sa cachette
44:41 pour être confessé
44:45 et recevoir la communion.
44:47 Mais je lui ai dit
44:51 « S'il te plaît,
44:53 il faut que tu collabores avec la justice. »
44:55 Il m'a répondu
44:57 « Non, mon père,
44:59 je ferai silence car si je
45:01 collabore pour être libre,
45:03 je vais accuser les autres. »
45:05 Alors je lui ai dit
45:07 « À ça non, tu dois être honnête
45:11 sinon la bénédiction
45:13 que je t'ai donnée
45:15 deviendra malédiction. »
45:17 « Oui, mon père,
45:19 je garderai le silence. »
45:21 Et il garde le silence depuis 40 ans.
45:31 Environ 70% des prêtres que j'ai interrogés
45:33 considéraient les collaborateurs de justice
45:35 comme des délateurs,
45:37 des traîtres.
45:39 Je me souviens de ce prêtre
45:49 que j'ai rencontré dans un village
45:51 près de Corleone
45:53 qui m'a demandé
45:55 « Selon vous,
45:57 quel est le péché le plus grave ? »
45:59 J'ai répondu
46:01 « Le meurtre. »
46:03 « Non, non,
46:05 c'est la trahison.
46:07 Le péché de Judas.
46:09 Les repentis,
46:11 car il ne les appelait pas
46:13 des collaborateurs de justice,
46:15 sont des êtres que Dieu méprise
46:17 ainsi que leurs amis. »
46:19 « Le péché de Judas.
46:21 Les repentis,
46:23 car il ne les appelait pas
46:25 des collaborateurs de justice,
46:27 sont des êtres que Dieu méprise
46:29 ainsi que leurs amis. »
46:31 [Applaudissements]
46:55 [Applaudissements]
47:17 La réflexion de l'Église
47:19 va commencer à mûrir avec l'affaire Fritita.
47:21 En 2013,
47:23 le cardinal de la ville de Acireale
47:25 va rédiger un document
47:27 qui dit que les cérémonies religieuses
47:29 seront dorénavant refusées
47:31 à tous les mafieux condamnés
47:33 et qui n'ont pas collaboré avec la justice.
47:35 C'est une prise de position forte
47:37 qui sera peu à peu suivie par d'autres.
47:39 [Musique]
47:49 Je suis Mgr Michele Pennisi.
47:53 Je suis un évêque né en Sicile.
47:57 Depuis 9 ans,
47:59 je suis archevêque de Montréal.
48:03 Pendant des années,
48:07 je me suis confronté
48:09 aux problèmes de la mafia.
48:11 Aussi bien d'Israël,
48:13 où j'ai été menacé par la mafia,
48:15 qu'ici, à Montréal,
48:17 je suis un des plus grands
48:19 des mafieux condamnés.
48:21 Je suis un des plus grands
48:23 des mafieux condamnés.
48:25 Je suis un des plus grands
48:27 des mafieux condamnés.
48:29 Je suis un des plus grands
48:31 des mafieux condamnés.
48:33 Je suis un des plus grands
48:35 des mafieux condamnés.
48:37 Je suis un des plus grands
48:39 des mafieux condamnés.
48:41 Je suis un des plus grands
48:43 des mafieux condamnés.
48:45 Je suis un des plus grands
48:47 des mafieux condamnés.
48:49 Je suis un des plus grands
48:51 des mafieux condamnés.
48:53 Je suis un des plus grands
48:55 des mafieux condamnés.
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49:05 Je suis un des plus grands
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49:11 des mafieux condamnés.
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49:25 Je suis un des plus grands
49:27 des mafieux condamnés.
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49:31 des mafieux condamnés.
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49:55 des mafieux condamnés.
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50:01 Je suis un des plus grands
50:03 des mafieux condamnés.
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50:07 des mafieux condamnés.
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50:11 des mafieux condamnés.
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50:41 (musique)
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