Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 01/10/2023

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 Mais quand on parle à des responsables politiques,
00:02 des gens qui travaillent en cabinet,
00:03 des gens qui sont à tous les échelons
00:04 de la prise de décision politique,
00:06 il n'y en a pas un qui est naïf sur ces questions.
00:08 Il n'y a pas d'un côté des politiques...
00:10 Dans le débat, oui, quand on est en campagne,
00:12 quand on est sur les plateaux de télévision,
00:14 les Français peuvent avoir l'impression
00:15 qu'il y a des gens qui veulent ouvrir les frontières
00:16 puis d'autres qui veulent les fermer.
00:18 Quand ils sont en responsabilité,
00:19 et d'ailleurs l'exemple italien est frappant à ce niveau-là,
00:22 tous les responsables politiques cherchent un moyen
00:25 de n'ouvrir la porte qu'à ceux qui vraiment doivent être accueillis,
00:28 c'est-à-dire concrètement, David,
00:30 dans ceux qui prennent ces bateaux pour traverser les Méditerranées,
00:33 il y en a qui fuient les talibans en Afghanistan.
00:35 Ceux-là, ils ont droit à l'asile,
00:37 parce que justement, nous avons la tradition d'accueillir
00:39 ceux qui sont épris de liberté et qui fuient les tyrannies.
00:42 Mais il y en a aussi qui sont des anciens de Daesh,
00:45 qui fuient peut-être les Kurdes,
00:47 ceux-là, ils n'ont pas vocation à aller chez nous.
00:49 Comment on trie ?
00:50 Tout l'enjeu, c'est comment trier avant que les gens se noient,
00:53 pour être sûr que ceux qui fuient les talibans,
00:55 qui fuient Bachar el-Assad en Syrie,
00:57 puissent arriver jusqu'à nous,
00:59 puissent se répartir sur le territoire européen.
01:01 On a quand même une chance incroyable, on est 27.
01:04 27 pays européens pour se répartir cet effort.
01:08 Soit on pense qu'on peut construire à 27 un mur qui nous protège,
01:11 et honnêtement, c'est un peu illusoire,
01:13 parce que tous les politiques qui prétendent construire des murs...
01:17 Alors, c'est formidable pour se faire élire
01:19 de prétendre construire un mur.
01:20 Encore une fois, Giorgia Melloni,
01:21 la première ministre d'Italie,
01:23 a fait campagne en prétendant construire un mur quasiment dans l'eau.
01:26 Un mur maritime, le blocus naval.
01:28 Le blocus naval, le mur maritime.
01:30 Par l'Italie seule.
01:31 Toute seule, comme une grande.
01:33 Quelques mois après son entrée en fonction,
01:36 Giorgia Melloni a totalement changé de discours.
01:38 Aujourd'hui, qu'est-ce qu'elle nous dit ?
01:39 Elle appelle au secours la Commission européenne.
01:41 Elle dit "vous nous laissez toutes seules".
01:43 Mais le problème, c'est qu'on ne peut pas à la fois
01:45 gagner une campagne électorale en disant
01:47 "moi, je vais y arriver toute seule",
01:49 et une fois qu'on est élu et qu'on est devant les réalités du monde,
01:51 pas les réalités que les nationalistes belliqueux
01:53 veulent faire croire au monde,
01:55 dire "au secours, vous me laissez toute seule".
01:57 Évidemment qu'on ne peut pas laisser l'Italie toute seule,
01:59 qui est en première ligne.
02:01 Évidemment que la France, nous sommes en seconde ligne.
02:03 Plutôt une terre de transit, honnêtement,
02:05 mais quand même, dans ce moment de transit,
02:07 quand vous avez des mineurs isolés qui passent par la France,
02:10 selon l'état dans lequel ils arrivent psychologiquement,
02:12 et là aussi, il faut se poser la question de l'accueil.
02:15 On peut avoir un débat en se disant "je suis désolé,
02:17 on n'a pas les moyens d'accueillir tous les mineurs isolés du monde".
02:19 C'est un débat légitime, qu'il ne faut pas non plus la passionner.
02:22 Un débat légitime.
02:22 Oui, bien sûr que c'est un débat légitime.
02:24 Aujourd'hui, il y a des vrais problèmes de sécurité
02:26 qui sont posés par des mineurs isolés
02:28 qui ne vont vraiment pas bien,
02:29 qui sont agressifs, violents, violeurs.
02:33 Mais c'est une chaîne qu'on doit revoir depuis le début.
02:37 Quand ces gens ont traversé la mer dans des conditions abominables,
02:40 qu'ils ont été escroqués,
02:43 pour certains, les mineurs isolés,
02:44 ils se sont fait violer six fois en cours de route,
02:47 qu'ils ont failli se noyer,
02:48 quand ils arrivent chez nous, parce qu'ils y arrivent quand même,
02:51 ils sont dans un tel état qu'ils sont dangereux.
02:53 Ils sont dangereux pour nous.
02:55 Si en plus la solution, c'est chacun pour soi,
02:58 on se débrouille tout seul,
03:00 on supprime l'aide médicale d'État,
03:02 comme je l'entends parfois dans les solutions proposées par l'extrême droite,
03:04 ou on supprime la scolarisation de ces mineurs,
03:09 ils sont un corps plus dangereux.
03:10 Ils sont sanitairement dangereux,
03:12 parce qu'ils ne sont pas prêts en charge médicalement,
03:13 alors qu'ils ne viennent pas pour l'aide médicale d'État,
03:14 ils viennent parce qu'ils essaient de passer vers l'Angleterre.
03:17 Et ils sont tellement isolés psychologiquement
03:20 qu'on ne peut pas détecter leurs dangerosités,
03:22 et qu'on a encore plus de problèmes.
03:24 Donc, quand je dis qu'il faut dépassionner ces débats,
03:26 il faut qu'on puisse dire ça franchement, tranquillement.
03:28 Et comment on se fait partie de l'effort ?
03:30 Aujourd'hui, dans les pays qui ne participent pas à l'effort européen
03:34 pour essayer de ventiler l'immigration,
03:36 qu'on ne peut pas dissuader, qu'on n'arrive pas à dissuader,
03:39 ou qu'on n'arrive pas à renvoyer des vides,
03:41 parce qu'on sait bien aussi qu'il y a beaucoup de gens
03:43 qui n'ont pas vocation à rester en Europe,
03:44 on n'arrive pas à les renvoyer ni au Maroc ni en Algérie.
03:47 Regardez le chantage que nous fait le Maroc,
03:49 simplement pour avoir levé le ton.
03:51 Et on ne parle pas de celui de l'Algérie,
03:53 qui est encore plus récurrent.
03:55 Donc, quand on veut se répartir l'effort
03:57 pour qu'il soit moins pesant pour les pays européens,
04:00 qui ne participe pas aujourd'hui à cet effort ?
04:02 Les alliés de Georgia et Mélanie,
04:04 la Pologne, la Hongrie.
04:06 Monsieur Orban, qui s'est aussi fait élire en construisant un mur,
04:10 en fait, il est d'un double discours absolu,
04:12 parce que d'un côté, il fait des claquettes sur le mode
04:16 "moi, je vais dissuader l'immigration",
04:17 et puis de l'autre côté,
04:18 comme il n'arrive pas à monter le taux de natalité de son pays,
04:22 parce qu'en fait, à moins de ramener toutes les femmes au foyer,
04:25 de les obliger à faire des enfants toute la journée,
04:27 on est en Europe encore aujourd'hui,
04:29 donc les femmes font 1,5 enfant, pas plus,
04:32 et bien en fait, même Victor Orban fait appel à l'immigration.
04:35 Il continue à faire appel à l'immigration.
04:37 Donc tout ça, c'est de l'hypocrisie,
04:38 et encore une fois, c'est du populisme.
04:40 La vraie question, c'est de sortir de cette morale,
04:43 de la morale qui nous dit "accueillons tout le monde,
04:45 c'est formidable, vous allez voir, ça va bien se passer",
04:47 non, c'est un effort.
04:48 Et de la morale qui est "on va construire des murs".
04:50 Dans les deux cas, c'est de la morale,
04:53 et encore une fois, j'ai beaucoup plus d'admiration
04:56 pour ceux qui, tous les jours, cherchent à régler
05:00 qui on peut renvoyer,
05:01 comment on fait pour pouvoir renvoyer ceux qui doivent repartir,
05:03 où est-ce qu'on met le curseau,
05:06 comment on peut accueillir, comment on peut faire circuler.
05:08 Ça, c'est difficile, très difficile.

Recommandations