ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr Le Professeur Marcel Rufo, pédopsychiatre et auteur de "Être parent pour les Nuls. Devenir parent et accompagner son enfant à chaque étape" aux éditions First, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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00:03 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le pédopsychiatre Marcel Ruffo.
00:08 Bonjour Marcel Ruffo.
00:09 Oui bonjour.
00:10 Bienvenue sur Europe 1, comment venir à bout du fléau du harcèlement à l'école ?
00:14 Le ministre de l'Éducation, Gabriel Attal, et la Première Ministre prennent le taureau par les cornes en cette rentrée.
00:20 Un plan va être dévoilé demain.
00:22 Certains éléments ont déjà fuité dans les médias pour le cyberharcèlement, nous allons en parler.
00:26 Mais vous Marcel Ruffo, le gouvernement est venu vous chercher pour bâtir un questionnaire à destination de tous les élèves de France.
00:33 Je rappelle que la santé mentale des enfants et des ados, ça fait 50 ans que vous travaillez dessus.
00:38 Alors Marcel Ruffo, ce questionnaire, pourquoi faire ?
00:41 Est-ce qu'on va vaincre le harcèlement avec ? Et quel genre de questions on va poser aux enfants ?
00:47 Alors en fait c'est Laurent Bayon, le conseiller de M. Attal, qui a animé une réunion avec le ministre.
00:55 Le jeudi 19, réunion à laquelle participait Eric de Barbieu, Catherine Morial et Nicole Cattelin et moi-même.
01:03 Sur la proposition de cette grille qui a été mise en place par le ministère pour vraiment savoir ce dont on parle.
01:11 On dit qu'il y a un million d'enfants harcelés en France, ce qui est colossal.
01:16 C'est vraiment une épidémie.
01:18 Et donc il faut savoir ce dont ils retournent pour savoir quoi faire.
01:24 Et donc cette grille qui va être diffusée à l'ensemble des élèves primaires, collèges et lycées,
01:30 devrait début 2024 nous donner une idée de quoi faire et quoi faire pourquoi.
01:39 C'est-à-dire que le but c'est de savoir précisément combien d'enfants harcelés, quel genre de harcèlement, comment les enfants réagissent.
01:47 C'est ce genre de choses que vous allez essayer de faire émerger ?
01:51 Exactement. Avec un questionnaire qui sera rempli par les enfants.
01:56 Il y a des questions comme questions multiples.
02:02 Par exemple, est-ce qu'on s'est moqué de ta couleur de cheveux ?
02:07 Et donc l'enfant coche 0, non, 1, oui, de temps en temps, souvent 2, 3, très souvent, tous les jours 4.
02:15 Et donc à la suite de ça, il y a un score qui est établi sur lequel on peut ensuite réfléchir.
02:22 Mais comment vous êtes sûr, comment vous vous assurez Marcel Ruffaut de la fiabilité des réponses ?
02:26 Parce qu'on sait que le déni, la minimisation ou l'affabulation, ça joue à plein sur ces questions de harcèlement.
02:34 Sûr, surtout on peut imaginer que les harcelés ne répondront pas.
02:39 Par exemple, à cause de la honte que ressent le petit garçon ou la fille.
02:47 Mais n'empêche qu'on aura une vision générale.
02:51 Comme dans toutes les études épidémiologiques, ce n'est pas le détail qui compte, ce n'est pas la personne, c'est la masse.
02:57 C'est la différence entre la sociologie et la pédopsie, où nous on travaille cas par cas.
03:04 Il y a aussi dans le futur de la lutte contre ce harcèlement des choses qui vont venir après peut-être.
03:17 Mais ça, ça dépendra de l'avis de M. Gabriel Attal et de la Première Ministre.
03:21 Mais par exemple, c'est comment aider la victime ?
03:27 Comment aider la victime rapidement ?
03:30 C'est peut-être la difficulté actuelle de la pédopsychiatrie, des délais de consultation.
03:38 Il y a bien sûr aussi des psychologues qui peuvent intervenir parfaitement à ce niveau.
03:43 Mais peut-être qu'il faut créer des structures d'urgence, des places réservées pour que les victimes soient vite reçues dans les 15 jours après un signalement.
03:53 Surtout dans les cas graves avec un risque de passage à l'acte, dans les cas extrêmes de ces horreurs qui arrivent parfois.
03:59 - Ça c'est le traitement, c'est le traitement du harcèlement.
04:04 Et puis il y a les questions de prévention. On a vu M. Gabriel Attal aller au Danemark chercher l'inspiration.
04:09 Au Danemark, c'est vrai que dans une école sur deux, une heure par semaine, les élèves reçoivent des cours d'apprentissage de la tolérance, bienveillance, respect mais aussi le courage.
04:21 - Oui, et puis l'empathie sensible, ça marche à 85% au Danemark.
04:27 Vous savez, par exemple, une méthode qui est géniale, c'est qu'on dessine dans le dos de l'enfant avec ses mains un dessin, l'enfant doit reconnaître.
04:36 Et les enfants, comme ça, mutualisent le contact.
04:40 Donc vous voyez, c'est aussi la place des psychomotriciens, des sophrologues à l'école pour aider les enfants.
04:46 Alors dès la maternelle, à développer une communauté d'enfants, un peu comme ce qui a été dans... comme proposition de Luc Châtel, de Vincent Péion, de tous les ministres qui ont commencé à s'intéresser à ça depuis une dizaine d'années.
05:00 C'est l'idée de créer des ambassadeurs, des enfants qui protégeraient les victimes en intervenant, eux, contre l'éventuel harceleur.
05:09 Mais il ne faut pas négliger non plus le harceleur, quoi.
05:14 - Il faut l'exclure ? Qu'est-ce que vous en pensez, vous, cette proposition du ministre d'exclure en dernier ressort le harceleur ?
05:20 - Je préférerais les hospitaliser.
05:23 - Ah, où ?
05:24 - Oui. Je préférerais ne pas les changer de collège, mais les mettre dans un établissement de santé pour réfléchir à pourquoi ils sont comme ça et pour peut-être...
05:35 - Le harcèlement est une maladie ? Vous sous-entendez que le harceleur est malade ?
05:39 - Le harceleur est souvent lui-même mal, quoi. Bien sûr, on va d'abord prioriser le soutien à la victime.
05:48 Il ne s'agit pas de mettre en avant d'abord tous les moyens pour le harceleur, mais expliquer pourquoi le harceleur harcèle peut aider la victime.
05:58 - Est-ce qu'il faut...
05:59 - La victime peut comprendre ainsi pourquoi elle a été victime.
06:01 - Est-ce qu'il faut confisquer les téléphones ? Il y a cette idée aussi d'une majorité numérique avant 15 ans, on n'a pas de téléphone...
06:07 - La nouveauté terrible dans le harcèlement, c'est le cyber-harcèlement, qui est, je crois, le pire dans les cas, dans les faits divers tragiques qui ont animé l'actualité.
06:18 Le cyber-harcèlement, c'est un harcèlement continu, quoi. Ça n'a rien à voir avec une bousculade, une insulte qui est vraiment terrible,
06:27 mais le cyber-harcèlement, c'est sur la toile, tu es toujours harcelé, et ça renouvelle sans arrêt la tension, et c'est sans doute quelque chose qui est à attaquer presque en premier, parce que c'est la chose la plus grave.
06:41 - On a entendu votre chat vous harceler, Marcel Ruffo, peut-être pas l'hôpital, mais les croquettes, est-ce qu'il est concerné ?
06:47 - Il est adorable, il harcèle, mais je ne l'hospitaliserai pas.
06:52 - Merci de tout cas d'être venu sur Europe 1 ce matin, Marcel Ruffo, je signale votre dernier ouvrage, d'ailleurs il y a des conseils pour les parents,
06:59 être parent pour les nuls aux éditions first pour les nuls, mais vous savez, ça se lit très bien, moi j'ai appris plein de choses sur comment on fait quand on détecte des signes du harcèlement, l'enfant qui se replie, etc.
07:08 C'est passionnant. Merci d'être venu ce matin sur Europe 1, bonne journée Marcel Ruffo.
