SMART IMPACT - Emission du vendredi 22 septembre

  • l’année dernière
Vendredi 22 septembre 2023, SMART IMPACT reçoit Férielle Deriche (Directrice, SIBCA) , Stanislas Pottier (Président, BBCA) , Julien Pemezec (Directeur Général, Woodeum) , Stéphane Pesic (Managing Partner, OSESAM) et Charlotte Degoulet (Directrice Conseil en Développement, JLL)

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Transcript
00:00 Retrouvez Smart Impact, partenaire du CIPCA, le salon de l'immobilier bas carbone.
00:06 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue ici au CIPCA,
00:20 c'est une émission spéciale de Smart Impact que je vous propose depuis ce salon de l'immobilier bas carbone au Grand Palais Éphémère à Paris.
00:29 C'est la deuxième édition, pendant 30 minutes, on vous emmène à la découverte de celles et ceux qui innovent pour rendre les bâtiments plus durables.
00:38 Avec mes invités, on va détailler les enjeux de ce salon, découvrir les solutions, il y en a beaucoup,
00:44 ces solutions qui existent déjà et voir comment rendre nos villes à la fois frugales et désirables.
00:50 Bienvenue au CIPCA.
00:58 J'accueille tout de suite mes premiers invités, Feriel de Riche, bonjour.
01:02 Bonjour Thomas.
01:03 Bienvenue chez vous, puisque vous êtes la directrice de ce salon, la directrice du CIPCA.
01:08 J'accueille également Stanislas Poutier, bonjour et bienvenue.
01:11 Vous êtes le président de l'association BBCA pour le développement du bâtiment bas carbone à l'origine de la création de ce salon.
01:18 Tiens, je démarre avec vous.
01:20 Je le disais dans les titres, c'est la deuxième édition.
01:23 Pourquoi vous l'avez créée ? C'était quoi l'idée de départ ? Accélérer le mouvement ?
01:27 Oui, en fait, BBCA, l'association, a été créée en 2015.
01:31 C'était déjà une initiative du secteur, des acteurs particulièrement engagés dans la décarbonation,
01:37 mais qui ne se sentaient pas valorisés dans ce qu'ils faisaient, ni par la réglementation, ni par les labels, etc.
01:43 Donc ils se sont dit qu'on va s'organiser nous-mêmes et on va promouvoir ce qu'on fait,
01:47 les bonnes pratiques, en manière de diminution de l'empreinte carbone.
01:50 Alors, ça a progressé, ça a prospéré et chaque année, on a commencé à célébrer les meilleures opérations avec le trophée BBCA.
01:58 Et puis, est arrivé un moment où on s'est dit, mais il faut quand même aller plus loin, ça commence à s'installer.
02:03 Le sujet est absolument clé, central pour tout le secteur.
02:06 Et on a aussi besoin de ménager un espace de rencontre entre tous les acteurs de la chaîne de valeur,
02:12 c'est-à-dire les fabricants de matériel, les constructeurs, les architectes, les bureaux d'études, etc.
02:16 Pour qu'ils se rencontrent et qu'il y ait une alchimie qui se passe.
02:21 Donc on a lancé ça l'année dernière, effectivement, avec un partenaire spécialiste de salon.
02:25 Et ça a tellement bien marché que maintenant, on a décidé que ce sera à Noël.
02:29 Bon, parfait, très bonne nouvelle.
02:30 Féryl De Riche, on vous avait reçu dans Smart Impact, pour annoncer la création du salon.
02:37 Il a bien grandi. Présentez-nous, posez-nous le décor, en quelque sorte, de cette deuxième édition.
02:43 Il a bien grandi et c'est vrai que vous étiez à nos côtés dès l'annonce du lancement du CIPCA.
02:48 Vous posez le décor, et bien 150 exposants. Il grandit, en effet.
02:53 On a plus d'exposants que l'an dernier, beaucoup plus de solutions, des territoires aussi, des élus, des investisseurs.
03:01 Toute la chaîne de l'immobilier, de la construction, de la co-construction de la ville et du territoire décarboné
03:07 est vraiment bien représentée cette année sur le salon.
03:09 Ce qui montre que tous les acteurs avancent vraiment ensemble.
03:12 Est-ce que vous voulez, j'allais dire sélectionner le maître, le mot est peut-être un peu fort, c'est sélectionner le maître,
03:17 mais c'est un engagement le fait de participer à un salon comme celui-là ?
03:23 Alors, c'est un véritable engagement de participer à un salon comme celui-là.
03:27 On y candidate. Et quand on y candidate, c'est qu'on prend bien confiance du fait qu'on est un acteur,
03:33 vraiment déjà dans l'engagement, en effet.
03:36 Avec des solutions concrètes mis en œuvre.
03:38 Des solutions concrètes qu'il s'agisse, en effet, si on prend à l'échelle d'une solution technique,
03:43 d'une solution énergétique ou autre, c'est qu'elle a déjà fait ses preuves concrètement,
03:48 qu'on la présente ici au travers d'une réalisation bas carbone.
03:52 Quand on est promoteur ou constructeur, on vient présenter une réalisation à l'échelle d'un bâtiment,
03:58 d'un éco-quartier aussi qu'on a créé et on passe un comité de sélection.
04:04 C'est ce qui fait le succès du SIPCAR, c'est qu'on n'a pas de greenwashing ici.
04:08 On vérifie vraiment tous les dossiers, tous ces acteurs, leur engagement concret.
04:12 Avec une volonté cette année de partager les solutions avec vos partenaires européens,
04:17 c'est un peu l'idée ou la thématique, si j'ose dire ?
04:20 Oui, si vous le dites, c'est que vous l'avez peut-être déjà remarqué sur le salon.
04:25 On a d'ailleurs juste en face de votre plateau des solutions américaines qui sont ici présentes,
04:31 qui sont déjà assez développées en France. On a des solutions suisses, belges
04:36 et on a une forte volonté aussi sur les années prochaines, en tout cas sur les prochaines éditions,
04:42 d'avoir une représentation de solutions vraiment mondiales
04:46 qui souhaitent accompagner les acteurs français dans cette transition et cette transformation.
04:51 Stanislas Pottier, ça représente quoi ? 10% du secteur du bâtiment, le bâtiment durable aujourd'hui ?
04:58 Je n'en ai aucune idée. Pourquoi ? C'est intéressant ça, parce que c'est difficile de l'évaluer ?
05:04 Non, parce que je pense que c'est difficile. Il y a des acteurs majeurs qui sont engagés sur une partie de leur production.
05:10 Certains ont pris des engagements chiffrés d'ailleurs, par exemple Dexity s'est engagé au moins 20% etc. bas carbone.
05:17 D'autres sont 100% bas carbone, vous en avez ici bien sûr, WEO2, ODA, etc.
05:24 Vous avez des fabricants de matériel aussi spécialisés, vous avez des fabricants de matériel extrêmement œcuméniques
05:32 qui fabriquent tout un tas de produits. Donc c'est difficile d'avoir un chiffre comme ça, un moyen.
05:39 Je voudrais insister sur le point que vous venez d'évoquer sur la sélection, parce que c'est très rare dans un salon professionnel.
05:46 Le résultat, c'est que quand on est ici, on se sent bien.
05:49 C'est-à-dire que le voisin, il n'y a pas de greenwashing, c'est une vraie solution et on le sent dans l'atmosphère du salon.
05:56 Il y a beaucoup de partenariats qui sont conclus sur le salon.
05:58 Et l'international, vous aurez là, je ne me souviens plus si c'est aujourd'hui, demain, il y en a eu un peu hier,
06:04 vous avez des architectes du monde entier, vous avez une ville suédoise qui présente ce qu'elle fait,
06:08 qui est absolument remarquable, qui est clairement identifiée comme ayant une politique de décarbonation tout azimut sur ce qu'elle fait.
06:14 Et la Commission européenne, nous, on lance, BBCA, une initiative européenne qui permet aux acteurs qui sont actifs sur différents marchés immobiliers de l'Europe
06:23 d'avoir un référentiel un peu tout terrain qui marche partout.
06:26 Donc, il y a une vraie expansion à l'international et à l'Europe.
06:29 Parce que vous aviez lancé un label, je crois que c'était en 2016, premier label de mesure de l'empreinte carbone d'un bâtiment.
06:37 C'est intéressant parce que sur tout son cycle de vie, l'idée, c'est de le faire grandir ce label aussi ?
06:43 On est monomaniaque. Donc, on regarde une seule chose, c'est le carbone.
06:47 Ce n'est pas important de regarder la biodiversité. On en parlera d'ailleurs ce soir avec des partenaires.
06:53 Mais on trouvait que c'était important de mesurer très bien le carbone, qui est absolument un enjeu central,
06:59 la lutte contre le changement climatique, et de le mesurer de façon totale, pour le coup.
07:04 Donc, sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment, depuis les matériaux de construction, construction, exploitation, rénovation lourde, fin de vie.
07:11 Et donc, la façon de fonctionner de l'association, c'est de voir comment on compte le carbone, comment on peut le diminuer,
07:18 et de produire des référentiels et des labels.
07:21 Et donc, on a un label sur le neuf, un label sur la rénovation lourde, un label sur l'exploitation,
07:25 comment au fil de l'eau je peux améliorer la performance carbone de mon bâtiment sans le rénover de façon lourde.
07:31 Certains labels spécialisés, commerce, logistique, hôtel, maintenant une extension européenne.
07:37 Et surtout, très très intéressant aussi, parce que c'est ça qui nous permet d'avoir les collectivités locales,
07:42 un label sur le quartier. C'est quoi un quartier bas carbone ?
07:44 Là, on ne parle pas des coûts de quartier, une notion un peu vague, etc.
07:48 On est sur le quartier bas carbone.
07:50 On a des métriques, on quantifie les résultats.
07:52 Vous allez avoir ici sur le salon, des premiers résultats de bêta-testeurs, si je puis dire, de quartier bas carbone.
07:58 Et ce label, Fariel de Riche, il sert de socle aux trophées qui seront remis ici au CIPCA ?
08:05 Tout à fait, les trophées BBC.
08:07 Alors là, c'est Stanislas qui à la fois organise, sélectionne,
08:11 parce que c'est au travers de l'association BBCA et bâtiment bas carbone,
08:14 c'est vrai que c'est un événement qu'on accueille ici sur le CIPCA.
08:17 La remise des trophées, un événement très très attendu.
08:20 Est-ce que c'est forcément un salon de l'innovation quand on est un salon bas carbone ?
08:24 C'est-à-dire que c'est ce qui est principalement mis en avant ?
08:27 On ne se veut pas être un salon de l'innovation, mais il y a forcément des innovations.
08:33 Quand on dit innovation, c'est nouveau, c'est découvrir.
08:37 L'idée de ce salon, même si Stanislas vous en a donné à la genèse tout à l'heure,
08:42 c'est d'accompagner aussi, certes on sélectionne les acteurs qui sont présents sur le salon,
08:45 mais c'est aussi d'accompagner celles et ceux qui sont dans cette transition et qui ont besoin de solutions.
08:51 En ce sens, ils vont trouver de nouvelles choses, des innovations.
08:55 Pour eux, c'est nouveau.
08:57 Ils vont pouvoir intégrer ces solutions à leurs démarches et à leurs réflexions.
09:01 On n'est pas à un salon de la French Tech, donc il y a de l'innovation, comme on vient de le dire,
09:07 il y a parfois aussi de la low tech, on redécouvre des matériaux, des façons de faire qui peuvent être parfois antiques.
09:13 En revanche, là où c'est nouveau, c'est qu'on s'inscrit dans une véritable révolution industrielle.
09:19 Il faut quand même changer la façon de produire, les produits, la façon d'habiter, de travailler dans un lieu,
09:25 les habitudes de consommation.
09:27 Et tout ça, ce sont des changements fondamentaux pour les business models de nos exposants.
09:32 Donc on est à la fois sur vraiment quelque chose de très neuf, mais pas forcément de la new tech.
09:38 Bien compris, avec ces chiffres, le secrétariat général à la programmation écologique qui affiche pour votre secteur
09:44 des objectifs hyper ambitieux, émission de gaz à effet de serre du bâtiment,
09:47 ramené de 64 millions de tonnes de CO2 en 2022 à 30 millions de tonnes en 2030.
09:52 Est-ce que c'est tenable ?
09:54 C'est formidable.
09:56 Il n'y a pas le choix à quoi.
09:58 BBCA se donne pour objectif de diminuer par deux le plus vite possible l'empreinte carbone des bâtiments.
10:03 Donc voilà, on y est.
10:05 Et pour tenir ce défi, les leviers les plus importants à activer pour vous, c'est quoi ?
10:10 C'est la formation ?
10:12 Il y a des enjeux de formation absolument, parce qu'utiliser des nouveaux matériaux qu'on n'avait pas utilisé,
10:19 il faut former les gens pour ça.
10:21 Il y a un enjeu de structuration de la chaîne de valeur et d'approvisionnement.
10:25 Aujourd'hui, vous avez des tensions sur les prix, parfois, où on dit ce qui est vrai,
10:30 que les matériaux biosourcés, notamment, peuvent être un peu plus chers que les matériaux classiques.
10:34 Mais ça, c'est parce que la filière amont n'est pas encore suffisamment organisée pour produire en quantité.
10:39 En même temps, c'est intéressant, parce que ça vous montre que l'économique va vite,
10:44 et qu'en aval, il y a une vraie demande, et l'amont doit se mobiliser pour fournir à cette demande.
10:49 Donc, il y a vraiment des enjeux de formation et de généralisation, d'industrialisation des process.
10:56 Un dernier mot, Fabienne Noé ? Je vais aller me balader dans les allées, je vais être surpris ?
11:02 Vous allez être surpris, oui, je pense, parce que toute la chaîne immobilière est représentée,
11:07 à toute échelle, à toute dimension, même au niveau des promoteurs immobiliers.
11:12 Vous allez découvrir, oui, une multitude de solutions, des territoires également très engagés.
11:19 Je vous invite à les découvrir, surtout les matériaux.
11:21 Comme disait Stanislas tout à l'heure, on en revient aussi beaucoup à d'anciennes méthodes et d'anciens matériaux.
11:27 Et puis pour la formation, je voulais aussi rajouter ce point, la formation est importante,
11:32 on ouvre les portes à la formation vendredi après-midi.
11:35 Voilà, pour les grandes écoles, on a une trentaine d'écoles partenaires. On met en avant aussi ce savoir-faire,
11:42 qui est celui du compagnonnage. On fêtera les 60 ans des compagnons du Minorange demain matin.
11:49 Voilà, eux-mêmes qui essaient d'attirer aujourd'hui vers ces métiers nobles.
11:55 Voilà, vous allez découvrir plein de choses, mais je vous invite surtout à monter sur les salles de conférence,
12:00 parce qu'on a des sujets très pointus, très intéressants, et vous allez apprendre beaucoup de choses.
12:05 Et qui vont peut-être se nourrir de futures émissions de Smart Impact.
12:07 Merci beaucoup à tous les deux. Avant ça, avant d'aller me balader dans les allées du salon,
12:11 j'ai d'autres invités à recevoir dans cette émission spéciale.
12:13 On découvre tout de suite des solutions concrètes, des projets immobiliers qui ont justement cette ambition bas carbone
12:25 avec mes invités Stéphane Pessic. Bonjour, bienvenue.
12:28 Vous êtes le cofondateur d'Eau Sésame, Julien Pemzeg, bonjour.
12:32 Bienvenue à vous aussi, vous êtes le directeur général de Woodéum.
12:36 Je commence avec vous. Comme son nom l'indique, votre métier, c'est le bois, c'est ça ?
12:40 Que des projets avec du bois ?
12:42 Alors, c'est le bois, mais c'est surtout l'approche bas carbone.
12:45 D'accord.
12:46 Et le bois comme moyen, effectivement, simplement parce que le bois, qui est un matériau naturel,
12:52 arrive à stocker le carbone plutôt que d'en émettre.
12:54 Et donc, on a trouvé que c'était un des leviers les plus puissants pour accélérer la décarbonation de nos réalisations.
13:00 L'entreprise existe depuis quand et à quel point elle est, on va dire, boostée par les nouvelles réglementations ?
13:06 L'entreprise, elle a 10 ans. Il y a 10 ans, vraiment, c'était le Far West sur le bas carbone.
13:11 On ne savait même pas le mesurer. Donc, on a d'abord appris à mesurer l'empreinte carbone.
13:15 On a fait le constat terrible que l'immobilier était coupable d'un tiers des émissions de carbone.
13:19 Et on s'est dit, là, il faut agir. Et il y a un levier, effectivement, d'innovation important.
13:24 On s'est attardé sur le bois. Et puis après, on a réfléchi aux énergies.
13:28 Et puis après, les énergies, on a réfléchi aussi à tous les matériaux qui constituent l'ensemble du bâtiment,
13:33 les parquets, les portes, les peintures, tout ça dans l'objectif de réduire l'empreinte carbone.
13:37 Et la réglementation vous a rattrapé après, c'est ça ?
13:39 Et la réglementation s'est alignée avec nos ambitions.
13:41 Et ça, c'est parfait pour nous parce qu'effectivement, en 2020, la RO 2020 impose à tous les constructeurs
13:48 la mesure de 3 critères, l'isolation thermique, le confort d'été et la baisse de l'empreinte carbone.
13:55 Et ça tombe bien parce que tous les bâtiments qu'on était en train d'inventer étaient alignés avec ça.
13:58 Stéphane Pesic, vous êtes le cofondateur d'Océsam. Vous l'avez créé il y a bientôt 3 ans.
14:03 Absolument.
14:04 C'est ça. C'est quoi ? Avec quelle idée ? C'est quoi Océsam ?
14:06 Alors Océsam, c'est une petite société. A comparer avec Oudéon, on est une toute petite structure,
14:12 mais qui est née il y a 3 ans maintenant, c'est ce que vous rappeliez,
14:15 avec l'idée de s'impliquer sur des opérations à taille humaine et des opérations sur lesquelles on donnait du sens.
14:20 Je venais d'un grand groupe où il y avait déjà du sens qui était donné,
14:23 mais on avait l'intention de s'inscrire dans une logique de restructuration d'actifs,
14:27 de laisser tomber les opérations neuves et de venir mettre une patte écologique sur nos programmes.
14:33 Donc avec des programmes d'investissement, c'est ça ? Dans des programmes de restructuration d'immeubles essentiellement aujourd'hui ?
14:39 Absolument. Nous sommes un investisseur, un asset manager qui représente nos intérêts de multifamilies office.
14:45 Et à ce titre, les multifamilies office, les familles qui investissent derrière nous sont très préoccupées par cette question de plus en plus aujourd'hui.
14:52 Elles ont pris la mesure de la transition énergétique, des efforts qui doivent être faits.
14:58 Et en qualité d'investisseur, c'est important de cocher les cases à la fois sur les enjeux climatiques,
15:04 mais aussi de cocher les cases sur les enjeux stratégiques, les enjeux économiques.
15:08 Alors il y a un bon exemple que vous mettez en avant d'ailleurs à l'occasion de ce deuxième CIPCA.
15:13 On est à Paris, on est dans le 11e arrondissement. Alors on va parler d'un bâtiment qui a une histoire,
15:18 c'est l'ancienne manufacture des pianos GAVO, c'est ça ? Vous êtes en train d'en faire quoi ?
15:23 Alors écoutez, c'est vrai que ça c'est un sujet qui nous a plu, puisqu'on est là sur un bâtiment historique,
15:29 fin du 19e siècle, un immeuble sur lequel étaient sortis quasiment 1500 pianos tous les ans.
15:37 Donc avec un fort cachet industriel. Et l'idée c'était d'en faire de cet immeuble, un immeuble moderne
15:43 qui répondait aux usages de bureaux, puisqu'on est un immeuble de bureaux, on le maintient en bureau.
15:48 Il y avait cette envie d'offrir des services, des plateaux, un mode de fonctionnement
15:56 qui s'adaptait aux usages des salariés d'aujourd'hui, même si le télétravail, parce que le télétravail,
16:01 fait partie de cette condition qui nous a amené à modifier le bâtiment pour en faire un immeuble moderne.
16:07 On va rentrer dans le détail avec vous dans un instant.
16:10 Julien Pemzay, l'une de vos réalisations emblématiques, c'est une tour en structure bois à Lyon, je crois.
16:16 Est-ce que vous pouvez nous la décrire déjà ? Quand on dit une tour, elle monte jusqu'où ?
16:21 Elle fait 56 mètres de haut, donc c'est effectivement une vraie prouesse.
16:27 C'est la deuxième tour à l'actif de Oudéhomme, la première a été réalisée à Bordeaux,
16:31 elle s'appelait Hyperion avec Jean-Paul Viguier.
16:33 Effectivement, là à Lyon, dans un grand ensemble bas carbone constitué de bureaux, de logements, de commerce et d'activités,
16:40 on fait cet ouvrage, donc c'est un immeuble de 16 étages dans lequel il y a une cinquantaine de logements
16:46 et puis du commerce et du bureau en pied d'immeuble.
16:48 Il y a une vue incroyable, j'y étais encore il y a quelques jours, quand on est dans les étages supérieurs,
16:53 il y a une vue panoramique sur Lyon époustouflante.
16:56 Quand vous comparez, puisque vous l'avez dit, on commence par un bilan carbone
17:02 et vous avez toujours cette obsession en tête d'une certaine façon,
17:05 si vous comparez ce bâtiment avec une tour classique, c'est quoi le différentiel ?
17:11 En fait, c'est simple, on a divisé par deux l'empreinte carbone grâce à l'usage du bois.
17:16 Donc cette tour, elle est constituée de béton de très bas carbone dans les sous-sols,
17:21 la cage d'escalier et la cage d'ascenseur qui constituent en quelque sorte un espèce de premier squelette,
17:26 une pointe vertébrale, et ensuite tous les planchers, les murs porteurs de façade sont constitués en bois.
17:33 Et ensuite on l'isole et on la recouvre avec un parement qui va la protéger.
17:39 D'accord. Et on te dit, tiens, petite question, parce qu'on fait comme si tout le monde le savait,
17:42 mais un béton bas carbone, c'est quoi ?
17:44 Alors, il y a en ce moment beaucoup de progrès sur le béton.
17:49 Le béton, il a aujourd'hui un défaut, c'est d'être assez émetteur, il émet à peu près 350 kg de CO2 par mètre cube,
17:55 à comparer avec le bois qui lui stocke 600 kg de CO2 par mètre cube.
17:59 Donc ça veut dire qu'à chaque fois que vous évitez de couler un mètre cube de béton et que vous le remplacez par le bois,
18:03 vous évitez d'émettre une tonne de CO2.
18:06 Les bétons bas carbone, en fait, ils travaillent à réduire cette empreinte carbone
18:09 et ils vont tendre vers 100, 150 kg de CO2 à comparer aux 350.
18:14 Donc c'est bien parce qu'on a besoin en fait que tous les matériaux fassent cette économie carbone.
18:18 Stéphane Pesic, comme investisseur immobilier, on l'a compris, vous faites des choix environnementaux pour les clients que vous représentez.
18:26 Par exemple, et on reste dans ce bâtiment, dans le 11ème à Paris, la géothermie.
18:30 Alors moi, quand j'ai préparé l'émission, je me suis dit « Ok, mais alors à Paris, ça doit être compliqué parce que c'est déjà un gruyère le sol parisien.
18:36 Donc comment on creuse ? Comment on fait de la géothermie ? »
18:38 Absolument, c'est un véritable enjeu et c'est tout l'intérêt de pouvoir inscrire la géothermie au programme de son projet le plus tôt possible
18:47 parce que ça nécessite de faire appel à des experts, ça nécessite un forage.
18:51 Pour tous ceux qui ne le savent pas, la géothermie, ça consiste à venir chercher les calories qui sont produites par la Terre.
18:58 On a une température de la Terre qui est autour de 14-15 degrés.
19:02 On vient récupérer cette chaleur naturelle.
19:04 Ensuite, on vient l'extraire, la faire passer dans une pompe à chaleur pour la redistribuer ensuite dans l'ensemble du bâtiment.
19:11 Et on la rejette ensuite quand on est soit en circuit fermé ou en circuit ouvert.
19:16 Et on la rejette dans la nappe ou alors on la garde dans le bâtiment.
19:20 Donc là, il y avait un défi technique d'une certaine façon, technologique ?
19:24 Il y avait un défi technique parce que vous le rappeliez, on est sur Paris.
19:28 Il y a évidemment le métro, il y a évidemment toutes les formes de canalisation, il y a les égouts.
19:33 Donc je dirais que c'est aussi un peu de chance qu'on a eu de pouvoir faire ce forage à quasiment 60 mètres de profondeur.
19:40 C'est forcément plus cher quand on fait ce choix ?
19:44 C'est plus cher. C'est un choix.
19:46 C'est beaucoup plus cher ?
19:48 C'est 3 fois, 3 fois et demi plus cher en effet.
19:51 Mais c'est le choix à payer.
19:53 C'est le choix pour vraiment inscrire le bâtiment dans une démarche vertueuse.
19:59 Mais l'avantage de ça, c'est que ça génère aussi des économies.
20:04 J'allais y venir, mais évidemment on le fait.
20:07 Ça génère des économies.
20:08 Alors rentrons dans le détail, quelles économies pour ceux qui vont finalement utiliser cette immeuble de bureaux ?
20:15 Comme la géothermie n'est pas encore démocratisée, il y a encore très peu de recours à la géothermie aujourd'hui dans les bâtiments,
20:21 notamment les bâtiments tertiaires, on estime qu'on peut faire entre 2 et 4 fois d'économies sur la facture de l'énergie et les charges des utilisateurs futurs.
20:31 Je passe tous les jours, Julien Pépsecq, en rentrant de mes émissions devant l'un de vos chantiers qui est près du périphérique à Paris, je crois que c'est Porte Bransion, c'est ça ?
20:40 Porte Bransion, exactement.
20:41 Alors ça a bien poussé pendant l'été.
20:43 J'ai été surpris en rentrant de vacances.
20:45 C'est quoi, c'est un immeuble de bureaux là aussi ?
20:47 Comme un champignon, non ? Alors ça va être un foyer pour jeunes travailleurs.
20:51 J'adore ce projet parce que là il y a eu une quête écologique par l'usage du bois.
20:58 C'est un bâtiment qui va déjà atteindre les critères 2028 de l'ARE 2020, donc avec plus de 5 ans d'avance.
21:04 Et en plus, le bois a été utilisé avec son atout de légèreté.
21:08 Le bois est 5 fois plus léger que le béton et grâce à cette légèreté, on a pu faire un bâtiment de 8 niveaux plutôt qu'un bâtiment de 3, 4 niveaux.
21:16 Et donc on a trouvé de ce fait un équilibre économique pour la ville de Paris qui était lendeuse de l'opération.
21:20 Et on a pu réaliser cette opération.
21:23 Effectivement, le grosse oeuvre a démarré au mois de juin, il est terminé aujourd'hui.
21:28 Donc on a monté 8 étages en à peine 3 mois, inclut le mois d'août où les ouvriers ont quand même pris des vacances.
21:33 Donc c'était assez époustouflant comme opération.
21:35 Stéphane Péziche, il y a d'autres projets comme ça emblématiques sur lesquels vous travaillez déjà ?
21:41 C'est la grille de lecture, c'est de partir dans le bas carbone ?
21:45 Absolument, c'est notre volonté.
21:48 C'est véritablement la stratégie sur laquelle on a décidé de s'inscrire et l'ensemble des projets, à chaque fois que ce sera possible.
21:54 Ce qu'on a rappelé tout à l'heure, ce n'est pas une garantie que de pouvoir y avoir recours,
21:58 mais de plus en plus, on peut inscrire nos projets dans cette logique.
22:02 Avec des solutions techniques qui ne seront pas toujours les mêmes, j'imagine ?
22:05 Qui ne sont pas forcément les mêmes.
22:07 On parlait tout à l'heure de géothermie, mais sur notre projet de replay dans le 11e,
22:11 on fait aussi appel au béton très bas carbone, qui nous a permis de faire quasiment 40% d'économies en matière d'émissions de gaz à effet de serre.
22:21 Merci beaucoup, merci à tous les deux d'être venus nous présenter ces projets et ces solutions concrètes.
22:26 On continue, on va parler d'immobilier d'entreprise tout de suite.
22:29 Bonjour Charlotte Dugoulet, bienvenue.
22:37 Bonjour, merci beaucoup.
22:38 Vous êtes directrice conseil en développement chez JLL, société de conseil en immobilier d'entreprise.
22:43 Je commence par une question très générale.
22:45 Qu'est-ce que ça veut dire pour vous, immobilier durable ?
22:47 Baste sujet dont on parle beaucoup ces derniers temps.
22:52 Je pense que pour moi et pour tous les collaborateurs de l'équipe,
22:56 l'immobilier durable, c'est tout simplement l'immobilier de non pas de demain, mais l'immobilier d'aujourd'hui.
23:01 On n'a plus d'autre choix que de rendre notre immobilier durable pour la simple et bonne raison qu'on travaille dans un secteur
23:07 les plus carbonés.
23:10 Oui, on est une grosse partie du problème, donc on est une belle partie de la solution.
23:14 Exactement.
23:15 Aujourd'hui, on a à la fois une grande responsabilité en tant que professionnels de l'immobilier
23:20 de pouvoir s'adapter, de pouvoir lutter contre le réchauffement climatique et proposer des solutions
23:25 et donc intégrer dans chacun de nos projets des principes qui nous permettent de rendre cette construction
23:30 beaucoup plus durable, en tout cas beaucoup plus vertueuse.
23:33 On va justement détailler certains de ces principes.
23:36 Je commence par la rénovation.
23:38 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que par principe, vous privilégiez le fait de rénover un bâtiment
23:42 plutôt que de détruire et de reconstruire.
23:44 Absolument.
23:45 Aujourd'hui, on sait que déjà on vit dans un pays où il y a un environnement bâti assez dense.
23:50 Paris est une ville extrêmement dense, je pense qu'on l'a suffisamment dit, ou en tout cas la région francilienne.
23:55 Ce qui veut dire que l'on doit d'abord travailler sur l'existant.
23:58 On sait que 80% du bâti d'aujourd'hui sera encore là en 2050, ce qui veut dire que nous devons agir sur le stock existant
24:05 avant même de penser aux nouvelles constructions.
24:09 La loi vous y oblige aussi, le zéro artificialisation nette pour 2050.
24:14 Tout à fait.
24:15 C'est un aiguille en une certaine façon.
24:17 Tout à fait.
24:18 Le premier réflexe que l'on a quand on regarde un bâtiment aujourd'hui, c'est de se dire comment on peut retravailler l'existant.
24:23 Faire avec le déjà là, avec les qualités et parfois les défauts intrinsèques du bâtiment.
24:29 Je ne vais pas dire qu'on ne démolit plus du tout, puisque parfois ça se justifie pour des raisons techniques, réglementaires.
24:35 Mais on va essayer de retravailler au maximum cet existant pour en faire de manière assez vertueuse.
24:42 On va retravailler sur les matériaux, sur la qualité des façades, sur l'usage aussi, pour le rendre plus vertueux.
24:48 Un point important peut être sur démolir plutôt que reconstruire, c'est tout simplement le poids carbone.
24:53 Tout bêtement, entre guillemets, mais aujourd'hui, c'est sans commune mesure.
24:57 On a 50% des kilos, l'équivalent de kilos de carbone dépensé entre une rénovation et une construction neuve sont du simple au double.
25:05 Donc, nous avons quoi qu'il en soit cette responsabilité.
25:08 Mais alors, j'ai posé une question qui fâche.
25:09 Est ce que c'est forcément moins cher de rénover ou alors au contraire ?
25:14 Non, au contraire.
25:15 Au contraire, c'est plus facile de détruire.
25:18 Non, plus facile.
25:20 En tout cas, il y a moins d'aléas.
25:21 C'est sûr qu'on a la chance, chez JLL, on travaille 90, voire 95% de notre activité, c'est de la rénovation.
25:27 Et on a le petit plaisir d'avoir de belles ou moins belles surprises quand on travaille sur un projet de rénovation.
25:32 Néanmoins, c'est vrai qu'aujourd'hui, démolir et reconstruire, l'équation économique peut être plus pertinente.
25:41 Cela étant, on a un ensemble de bâtis qui sont assez patrimoniaux, donc qui ont des qualités architecturales.
25:49 La question de la démolition ne se pose même pas.
25:52 Et puis pour ceux qui ont peut-être moins de qualités, on doit s'interroger sur la manière de réutiliser l'existant.
26:00 Si on le fait intelligemment, il y a quand même des moyens que ça ne coûte pas trop cher.
26:05 Il y a un levier dont on parle moins, c'est l'intensité d'usage.
26:11 Est-ce que vous pouvez nous rappeler ce que ça veut dire ?
26:13 Oui.
26:14 C'est un des principes que l'on défend et auquel on croit beaucoup.
26:17 Aujourd'hui, on sait que, notamment dans l'immobilier tertiaire, le bâtiment est en moyenne utilisé 60% du temps.
26:24 Cela doit nous faire réfléchir avant de construire tout mètre carré complémentaire.
26:28 Puisque si en permanence, on a 40% de nos stocks immobiliers qui sont vides, voire peut-être plus,
26:34 cela veut dire qu'on a un levier pour ne pas artificialiser davantage.
26:38 Donc il faut travailler sur l'intensité, je dirais la meilleure utilisation possible des mètres carrés.
26:45 Cela se travaille quand on conçoit la rénovation ? Il faut anticiper ?
26:49 Oui. Il y a deux éléments.
26:51 Il y a effectivement l'acte de construire ou de rénover qui est important
26:54 puisqu'on va penser sur des sujets techniques, le capacitaire, la ventilation, les évacuations, les capacités portantes.
27:02 Il y a tout un tas de sujets qui doivent nous permettre d'accueillir plus de monde ou plus d'usages
27:07 avec des choses qui s'anticipent.
27:09 Et puis ensuite, c'est l'usage tout simplement, qui on accueille dans le bâtiment, comment on l'exploite, comment on le fait vivre.
27:15 Et aujourd'hui, on voit que chez nos clients, il y en a certains qui sont dorénavant très ouverts à accueillir des tiers,
27:21 à ouvrir par exemple le week-end ou le soir ou sur des horaires en décalé.
27:25 Ce n'est pas toujours le cas, mais en tout cas, on pousse pour que ça puisse l'être.
27:29 Un dernier mot, il nous reste vraiment moins d'une minute sur le réemploi
27:32 parce que là aussi, c'est quand même une espèce de révolution culturelle dans le secteur du bâtiment.
27:37 Oui, alors vous avez raison.
27:39 C'est vrai qu'on voit une accélération du réemploi.
27:42 Je dirais tous les re-réemploi, réutilisation, recyclage qui correspondent chacun à des logiques de projet et industrielle différentes.
27:50 Aujourd'hui, dans tous nos projets, nous mettons en place une stratégie de réemploi, qu'elle soit in situ,
27:55 c'est-à-dire qu'on reprend les matériaux qui sont sur le bâtiment pour le futur bâtiment ou qu'elle soit ex-situ,
28:02 c'est-à-dire qu'on enlève et on utilise pour mettre dans un autre bâtiment.
28:08 On y croit beaucoup et là aussi, c'est un impact positif.
28:11 Merci beaucoup, Charlotte de Goulet. Profitez bien de ce CIPKA.
28:14 Merci beaucoup.
28:15 Le rendez-vous de celles et ceux qui rendent nos villes plus durables.
28:19 Un salon dont BeSmart est partenaire.
28:21 C'était passionnant de réaliser ce Smart Impact ici au Grand Palais Éphémère.
28:26 A très vite.
28:28 Retrouvez Smart Impact, partenaire du CIPKA, le salon de l'immobilier bas carbone.
28:33 [Musique]

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