Crise des migrants à Lampedusa : afflux exceptionnel et situation critique

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00:00 - On revient à la situation à Lampedusa.
00:02 La semaine dernière, en quelques heures,
00:04 des milliers de migrants, 8000 au moins,
00:06 ont démarqué sur l'île italienne.
00:08 Bonjour, Charlotte Boissio.
00:09 Vous nous avez rejoints, vous vous êtes rendue sur place
00:12 pour un faux-migrant.net.
00:13 Vous avez pu constater que l'île faisait face
00:16 à une situation exceptionnelle, du jamais vu.
00:19 Vous êtes notamment rendue au hotspot,
00:21 l'unique centre d'accueil de l'île, et la situation est étendue,
00:24 on l'imagine.
00:25 - Oui, évidemment, il faut comprendre qu'à partir du 12 septembre
00:28 que nous avons suivi, il y a eu plus d'exilés sur l'île
00:31 que d'habitants.
00:32 Presque 10 000 personnes sont arrivées
00:35 pour une petite île qui compte 8000 habitants.
00:37 C'est donc une situation vraiment exceptionnelle.
00:40 Donc nous, comme vous l'avez dit, on s'est rendu directement
00:42 devant le hotspot, où vous vous en doutez,
00:45 la situation était complètement ingérable,
00:47 puisque c'est un hotspot qui doit faire face à 10 000 personnes,
00:50 alors qu'il n'y a que 400 places.
00:52 On a pu voir des gens qui dormaient sur des civiers,
00:55 des brancards, des bouts de carton, devant le hotspot.
00:57 C'était vraiment une véritable catastrophe.
00:59 Sur les images que vous voyez qu'on a pu filmer samedi,
01:02 on voit qu'il y a énormément de tensions.
01:05 Là où il y a un regroupement assez exceptionnel de personnes,
01:08 il y a inévitablement des débordements.
01:10 Alors ces gens que vous voyez, ils ne cherchent pas forcément
01:13 à fuir le centre d'accueil pour aller où, puisque c'est une île.
01:16 Ce qu'ils cherchent à faire, c'est à forcer les barrières de sécurité
01:20 pour monter dans les bus à destination du continent.
01:22 Je rappelle que pour désengorger la petite île de Lampedusa,
01:25 on a mis en place des transferts pour transférer tous ces migrants
01:29 vers la Sicile et vers la Calabre.
01:32 Mais évidemment, ces bus ne peuvent contenir qu'une cinquantaine de places par jour,
01:35 alors qu'il y a des milliers de personnes.
01:37 Et la priorité est donnée aux femmes, aux enfants
01:41 et au public le plus vulnérable.
01:43 -Les hotspots qui sont aujourd'hui interdits à la presse,
01:45 vous avez pu recueillir les témoignages de migrants ?
01:47 -Oui. En effet, les conditions de vie à l'intérieur sont extrêmement précaires.
01:50 On s'en doute. Il fallait répondre la semaine dernière
01:54 à un besoin humain très important, à un instant T,
01:57 alors qu'on n'était absolument pas préparés à cette situation.
02:00 La Croix-Rouge, qui gère le centre, devait tout d'un coup s'organiser
02:04 pour distribuer 10.000 repas par jour.
02:06 Il faut se rendre compte, pourtant, Lampedusa est habituée à des arrivées
02:09 assez massives de migrants, 1 000, 2 000, 3 000, voire 4 000 migrants,
02:12 mais 10 000, c'est quasiment du jamais vu.
02:15 Alors, je l'ai dit, il n'y a pas d'hébergement pour ces migrants,
02:19 mais il y a aussi des problèmes en eau.
02:21 Il fait très chaud à Lampedusa en ce moment.
02:23 Il fait un peu plus de 30 degrés.
02:25 On a besoin d'énormément d'eau pour soulager les exilés.
02:30 On a aussi rencontré des personnes qui n'avaient même pas eu accès
02:33 aux distributions de vêtements, qui portaient toujours les mêmes vêtements
02:36 depuis leur sauvetage en mer méditerranée.
02:38 Et puis, il y a évidemment, sans doute, le défi alimentaire.
02:41 Nourrir autant de gens par soir, c'est un véritable défi logistique.
02:46 On a assisté à des bousculades aussi,
02:48 puisque les gens ont peur de ne pas manger à leur faim.
02:51 - Et c'est la météo clémente qui explique cet afflux ?
02:53 - Non, non, non, pas seulement.
02:55 Il faut comprendre que la plupart des gens qu'on a rencontrés là-bas
02:58 venaient de Sfax.
03:00 En Tunisie, de la région côtière de Sfax.
03:03 Et on a rencontré notamment Ben Fah, je ne sais pas si on va le voir à l'écran.
03:07 Ben Fah, c'est un Guinéen qui est parti lui aussi de Sfax.
03:09 Il nous a expliqué que tous les migrants, en fait, on l'a pu le constater,
03:14 ont quitté la Tunisie suite à la vague de répression inédite
03:18 qui s'est abattue contre les Noirs de Tunisie cet été.
03:21 Rappelez-vous, une vague de violence déclenchée par le président tunisien lui-même,
03:25 puisqu'il avait déclaré que tous les Noirs qui habitaient en Tunisie
03:29 étaient la source de toutes les criminalités dans son pays.
03:32 Alors forcément, celle-là a eu des conséquences dramatiques,
03:36 puisque pendant les mois de juillet et août,
03:38 les subsahariens de la région de Sfax ont perdu leur emploi,
03:41 ont été chassés de leur hébergement, ont été battus, ont été expulsés.
03:45 Et pour les cas les plus dramatiques, rappelez-vous, ont été abandonnés dans le désert.
03:50 Ils ont été confrontés jusqu'à une vingtaine de morts de soif dans le désert au mois d'août.
03:54 La situation est dramatique à Lampedusa, parce que parmi ces exilés,
03:58 si je me fais bien comprendre, il y a des gens qui n'avaient absolument pas l'intention de quitter la Tunisie.
04:02 Il y avait des Africains subsahariens qui travaillaient en Tunisie,
04:05 qui avaient un emploi, un hébergement, qui menaient une vie de famille tout à fait tranquille,
04:09 mais que face à cette vague de persécution, n'ont pas eu d'autre choix que de fuir le pays,
04:15 de fuir Sfax et de monter en masse vers Lampedusa.
04:18 - Et les traversées vont continuer à l'heure qu'il est ?
04:20 - Oui, elles les arrivaient quand on a quitté l'île, avant-hier,
04:23 elles les arrivaient, évidemment, et ce qui n'est pas très étonnant.
04:26 Les traversées, l'été, à Lampedusa, on en voit très souvent.
04:31 La particularité de 2023, comme je le disais, c'est cette vague de candidats,
04:35 au départ, qui partent de Sfax, mais c'est surtout grâce aussi à des passeurs
04:40 qui se sont adaptés à cette situation.
04:42 La plupart des passeurs, en ce moment, en Tunisie,
04:47 sont en train de faire traverser, à très bas prix, des bateaux de fer.
04:51 C'est ce qu'on a vu, là, vous voyez une arrivée qu'on a pu filmer
04:54 sur un bateau de fer. On va aller voir, on a pu en filmer.
04:57 Ce sont des bateaux très particuliers, d'un nouveau genre.
05:00 Avant, les migrants partaient sur des embarcations en bois.
05:03 Maintenant, ils utilisent des bateaux de fer.
05:07 La particularité de ces bateaux, c'est qu'on peut les construire
05:10 en moins d'une journée. Ces bateaux sont construits à la chaîne,
05:13 mais les migrants, vous vous en doutez, ils sont d'une qualité abominable.
05:17 Ce sont des bateaux en fer qui ne sont pas du tout adaptés à la navigation,
05:21 qui sont beaucoup trop lourds.
05:24 Voilà, c'est les bateaux qu'on voit en marron, tout rouillé,
05:27 qui coulent dans le port de Lampedusa, et qui, malheureusement,
05:30 provoquent énormément de drame, puisque ces bateaux,
05:33 pour la plupart du temps, n'arrivent même pas à Lampedusa
05:36 et coulent à vent.
05:38 à retrouver sur infomigrants.net. Merci beaucoup.

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