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00:00 [Musique]
00:05 Et dans cette deuxième partie d'émission, on part à Mont, au domaine de Candé.
00:09 Vous l'avez sûrement déjà visité.
00:11 Question à quoi ressemblait le quotidien des aristocratiques, des nobles,
00:15 entre les années 30 et les années 70.
00:17 C'est une question précise mais qui a son importance.
00:19 Mélanie Potel, vous êtes médiatrice culturelle.
00:22 Alors, les propriétaires au château de Candé vont se succéder.
00:25 Il y a eu entre autres Santiago Drake del Castillo,
00:28 qui était un riche héritier anglo-cubain.
00:31 Et puis, en 1927, on a vraiment un couple un peu mythique,
00:34 enfin qui va devenir mythique, qui s'installe.
00:37 Ce sont les Bedots. Qui sont-ils ?
00:39 Alors, les Bedots... Donc là, on n'est plus vraiment chez des aristocrates.
00:42 On a effectivement Madame Bedot, qui est issue d'une famille assez bourgeoise américaine.
00:46 Et M. Bedot, lui, c'est un Français qui part à l'âge de 20 ans faire fortune aux États-Unis.
00:51 Pays qu'il fantasme un peu, comme beaucoup d'enfants, c'est le Nouveau Monde, etc.
00:56 Et il fera fortune.
00:58 Et ils vont, en fait, finalement, racheter le domaine de Candé
01:00 aux descendants des Drake del Castillo. Donc, ça change à ce moment-là, en fait.
01:04 Et ils vont amener avec eux tout ce qu'ils apprécient le plus aux États-Unis,
01:08 ce que leurs moyens financiers leur permettent.
01:10 Et ils vont apporter, je dirais, la Bedot Touch,
01:13 c'est l'alliance de modernité, confort et esthétisme.
01:17 Est-ce que c'est vraiment pour en profiter, parce qu'ils y vivent à temps plein,
01:20 ou est-ce que c'est un petit peu pour aller flamber,
01:25 j'allais dire, crâner, mais dans le sens premier du terme ?
01:28 On pourrait parler de résidence d'apparat, c'est ça que vous voulez dire.
01:31 C'est un petit peu l'idée. En fait, ils ont d'autres pieds-à-terre.
01:33 Ils ont un appartement sur la 5e avenue à New York,
01:37 une résidence qu'ils louent à un hôtel, pardon,
01:39 une suite qu'ils louent à la Néoritz à Paris, et Candé.
01:42 Donc, Candé, c'est un peu la quintessence de ce qu'ils peuvent réaliser
01:45 avec leurs moyens financiers. On va recevoir, faire la fête,
01:47 épater ses invités et aussi ses potentiels clients.
01:50 Et puis, on va quand même aussi améliorer son confort.
01:53 On va d'abord partir dans la salle de bain du domaine de Candé
01:56 parce qu'elle a son importance. Déjà, il y a de l'eau,
01:59 ça c'est important, mais elle est chaude.
02:00 Et ça, c'était pas... On l'avait pas partout.
02:03 - Oui, c'était pas gagné parce que, alors, si l'eau courante était présente
02:06 au château déjà un petit peu avant, Bedeau, il va améliorer l'installation
02:10 pour avoir la pression nécessaire pour alimenter en eau tous les étages du château.
02:14 Et même dans les chambres des domestiques, sous les combes,
02:16 on avait eau chaude, eau froide.
02:18 Et cette salle de bain, vous avez raison, elle est incroyable.
02:21 Elle est en mosaïque de pâte de verre, dans le pur style Art Deco.
02:25 Et on a non seulement l'eau chaude, on a aussi un chauffe-serviette.
02:28 - Oui. - Les premiers chauffe-serviettes.
02:30 Et c'était donc de l'eau chaude qui passait dans les tuyaux
02:32 et vous pouviez vous réchauffer en sortant de la salle de bain.
02:35 - Alors, on a aussi, entre 2 douches, on fait un peu de sport.
02:38 Et ça, c'est pareil, ils sont sportifs, les Bedeau, en tout cas.
02:41 Il est de bon ton de prendre soin de soi.
02:44 Sauf qu'eux, ils ont carrément une salle de sport à domicile.
02:46 Et ça, c'est nouveau, avec des équipements qu'on pouvait retrouver,
02:49 par exemple, sur le Titanic. - Oui, c'est ça.
02:52 En fait, on pouvait trouver des machines,
02:54 mais généralement dans des sanatoriums, des hôpitaux.
02:57 On parlait de mécanothérapie, pour éduquer les gens.
03:00 Et avoir ensuite ces machines à vocation de loisir, en fait,
03:03 c'est beaucoup plus rare. Vous avez raison.
03:05 Les grands paquebots pour les traversées de l'Atlantique
03:08 étaient équipés des mêmes équipements.
03:11 Mais dans une demeure privée en province, c'est beaucoup plus rare.
03:14 Et on a comme ça plusieurs machines qui sont encore exposées aujourd'hui.
03:17 On les voit d'ailleurs à l'écran.
03:18 Un cheval d'appartement, des vélos pour faire la course,
03:21 et une machine de massage.
03:23 - Et ils avaient aussi, je crois, un golf sur place.
03:25 - Exactement. Un golf, un parc, du tennis.
03:27 Un étang aménagé en piscine, et bien sûr, des chevaux
03:30 pour la pratique de l'équitation.
03:31 - On a parlé de Charles Bedeau, qui va faire fortune.
03:35 Il fait fortune, je crois, dans une sorte de...
03:38 dans l'emploi, dans des stratégies, en fait.
03:40 - Alors, on pourrait parler aujourd'hui de consulting.
03:43 Il va surfer un petit peu sur la mode du taylorisme,
03:46 donc l'organisation scientifique du travail.
03:48 Lui, dans ses premiers petits boulots, il sera ouvrier.
03:51 Donc il va vraiment connaître la condition ouvrière,
03:53 mettre à profit son expérience pour proposer
03:56 une meilleure organisation du travail des ouvriers.
03:59 Et il va fonder sa première société en 1916.
04:02 Et à partir de là, il va avoir plein de petits bureaux,
04:04 conseils un petit peu partout sur la planète,
04:06 et devenir comme un grand chef d'entreprise
04:09 qui a vraiment une grosse holding du scientific management.
04:12 - Alors, dans le... Et ça, c'est unique en Europe,
04:15 dans un des salons, salon bibliothèque,
04:18 là où on s'invite, là où on reçoit,
04:21 il y a un orgue qui est vraiment unique,
04:23 un orgue sur plusieurs étages, c'est ça ?
04:26 Avec une playlist de dingue, 700 morceaux, je crois.
04:29 - Oui, alors... - Ça dansait chez les...
04:31 - Ça dansait. En fait, ces orgues-là...
04:33 En France, on a toujours l'image des orgues,
04:35 on assimile ça aux églises.
04:37 Là, on est sur un orgue américain,
04:39 et les orgues américains, dans cette époque,
04:41 on les trouvait dans des salles de fête.
04:43 Donc c'était vraiment un instrument pour faire la fête.
04:45 Et à Candé, on pouvait soit l'utiliser en mode manuel,
04:48 soit utiliser des rouleaux de papier perforés.
04:50 Et il y en avait à peu près 180.
04:52 - On écoutait quoi ? - On pouvait écouter...
04:54 Alors, un peu de tout. Des opéras,
04:56 on a la chevauchée des "Valkyries" de Wagner, par exemple.
05:00 On a des waltz, on pouvait retrouver "Ti for Tu".
05:03 Le "Ti for Tu", on le connaît dans la bande...
05:05 - Ah oui, je l'ai trouvé ! - C'est ça.
05:07 - Je l'ai entendu quand je suis allée le visiter, c'est vrai.
05:10 - C'est l'issue d'une comédie musicale des années 20, de Broadway.
05:13 Alors, 700 rouleaux, donc, de l'ambiance.
05:15 Et puis, un jour, une ambiance très particulière,
05:17 puisque en 1937, forcément, ça vous en avez entendu parler,
05:20 ce fameux mariage qui va complètement bouleverser l'histoire de l'Angleterre.
05:26 Non, ça ne vous dit rien ? Wallis Simpson ? Non ?
05:29 Bon, c'est une Américaine qui va venir se planquer un petit peu au château de Candé,
05:33 qui va fuir les paparazzis.
05:35 C'était l'amoureuse, finalement, de celui qui devait devenir le roi d'Angleterre.
05:39 - Alors, en fait, il était déjà roi. C'est ça, le problème.
05:42 C'est qu'il est roi. - Ah oui, il renonce.
05:44 - Il abdique. Donc, il renonce volontairement à sa couronne
05:46 pour des raisons personnelles. Et ça, c'est inadmissible.
05:48 - L'amour. - Puisqu'en fait, quand vous êtes roi,
05:50 vous symbolisez aussi le pouvoir divin. C'est Dieu qui vous a choisi.
05:54 Donc, on ne peut pas renoncer à son devoir pour des raisons personnelles.
05:57 En plus, elle ne colle pas du tout à l'establishment britannique.
06:00 Elle est déjà divorcée, encore mariée, quand il se fréquente, quand même.
06:03 Elle est Américaine, roturière, enfin, voilà, beaucoup, beaucoup de choses qui ne plaisent pas.
06:08 Et ils vont se marier au château de Candé, effectivement, le 3 juin 1937.
06:11 - Et donc, Edward VIII, c'est l'oncle d'Elizabeth II. - Oui.
06:15 - Donc, tout le monde lui tourne le dos. - Oui.
06:19 - Et finalement, Wallis Simpson, c'est la femme la plus détestée de toute l'Angleterre, c'est ça ?
06:23 - Alors, elle va devenir la femme la plus détestée de la planète.
06:26 - De la planète. - Puisque dans son discours d'adieu,
06:28 juste après l'abdication, il explique, je vous le dis avec mes mots,
06:32 qu'il ne peut continuer à exercer le pouvoir comme il aimerait le faire
06:35 sans le soutien de la femme qu'il aime.
06:37 Donc, en fait, il a pointe du doigt, quelque part.
06:39 Et on va la tenir pour responsable.
06:41 Et c'est pour ça qu'elle fuit l'Angleterre et elle vient se réfugier dans le sud de la France.
06:45 - Et en fait, finalement, ils ne se connaissent pas, les bedots de Wallis Simpson,
06:49 mais ce sont des amis d'amis qui vont conseiller à Wallis Simpson
06:52 de rejoindre le château de Candé. - Exactement.
06:54 - Elle va y vivre un petit peu. - Quelques semaines, oui.
06:56 - Dès le mariage, ils partent et on ne les reverra plus jamais au château de Candé.
06:59 - Et non, ils ne reviendront jamais à Candé, mais c'est vrai que c'est un événement
07:01 tellement médiatisé à l'époque, on en parle encore aujourd'hui.
07:04 - Et il y a leur signature dans la boiserie. - Oui, dans un petit morceau.
07:07 - À côté de la cheminée, c'est ça. Donc, encore aujourd'hui, on est rattachés à cet épisode-là.
07:10 - Alors, là, on revient sur la famille bedot.
07:13 Finalement, Fern, la femme, va vivre jusqu'à la fin de ses jours au château de Candé.
07:19 Et puis, elle va signer... Elle fait don du château à l'État français, c'est ça ?
07:24 - C'est ça. En fait, dès les années 50, elle anticipe sa fin de vie,
07:28 parce qu'elle est veuve, donc elle vit toute seule à Candé.
07:30 Et elle va faire des démarches pour que l'État et la République française
07:34 deviennent propriétaires du château, tout en conservant l'usufruit.
07:38 Donc, elle reste à vivre dedans. Et elle décède en 72.
07:42 Et à ce moment-là, l'État devient propriétaire.
07:45 Et ils vont rétrocéder deux ans plus tard au Conseil départemental.
07:48 - Aujourd'hui, le château appartient au département.
07:51 Et alors que notre amie Sia a eu le temps...
07:55 C'est un temps record, hein ? En quelques minutes, est-ce qu'on peut montrer...
07:59 - Ah, excellent ! - Mélanie ? C'est magnifique !
08:03 - J'ai rajeuni, c'est parfait. - Je peux me passer ?
08:05 - Oui, oui, on va bientôt vous le donner.
08:08 Évidemment, on peut venir quand on veut au domaine de Candé.
08:10 Il y a des visites, il y a énormément d'événements.
08:13 Peut-être des événements où on pourra retrouver Sia, évidemment.
08:16 Il y a les Journées du patrimoine bientôt, donc on n'hésite pas.
08:20 C'est à quoi ? 10 minutes de tour.
08:22 - Oui, c'est facile à trouver. Un parc incroyable où on peut aussi prendre l'air.
08:26 - Un espace naturel sensible.
08:28 - Un pièce meublée, un parc incroyable. De quoi contenter tout le monde.
08:32 - Merci beaucoup, Mélanie.
08:34 Merci, on va vous délivrer votre petite caricature tout à l'heure.
08:38 Alors, on parlait des nouveaux riches. Là, on va parler de toute autre chose, de l'inflation.
08:42 On sait que 8 Français sur 10 se serrent la ceinture depuis 2 ans.
08:46 Non seulement ils achètent moins, mais ils doivent acheter différemment.
08:51 Et c'est ce dont on va parler aujourd'hui dans le Grand Dossier, avec nos invités.
08:54 Puis avec Faustine, qui vont nous délivrer leurs remèdes contre la flambée du coup de la vie.
08:59 A tout de suite.