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  • 14/09/2023
Alors qu'une jeune femme de 24 ans est décédée après avoir été touchée e par une rafale de kalachnikov tirée à l'aveugle, que les faits divers gangrènent toujours la ville de Marseille, le maire Benoît Payan répond aux questions de Yves Calvi.
Regardez Le débat du 14 septembre 2023 avec Yves Calvi et Amandine Bégot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h-9h, RTL Matin.
00:05 Il est 8h23, bonjour Benoît Payan. - Bonjour.
00:11 - Merci beaucoup d'être avec nous en direct sur RTL, vous êtes le maire d'Hivergau, je le rappelle, de Marseille.
00:15 Marseille où la violence liée au trafic de drogue fait une fois de plus la une de l'actualité.
00:20 Une jeune femme de 24 ans est morte chez elle dimanche soir, victime d'une balle de kalachnikov, perdue alors qu'elle était dans sa chambre.
00:26 Que peut faire le maire de Marseille face à ces violences ? - D'abord c'est insupportable.
00:30 Et il faut dire que ce ne sont ni les faits d'hiver,
00:33 ni des faits habituels, ni des faits auxquels on peut s'habituer, ça c'est le premier point.
00:37 Ensuite, évidemment, mon travail c'est d'être auprès de la famille, de le faire sans caméra, de le faire sans fanfare, et d'éviter
00:44 les danses macabres que certains s'amusent à faire. Ensuite, il m'appartient... - Qui s'amusent à faire des danses macabres ?
00:49 - Un certain nombre d'élus qui considèrent qu'on peut surfer
00:53 sur des drames pareils. - Et qui veulent exploiter... - Et qui exploitent sans vergogne ce qui est en train de se passer ou ce qui s'est passé...
00:59 - Mais soyez précis qu'ils vont s'évent...
01:01 - Ecoutez, ils se reconnaîtront et moi je suis pas là pour faire des commentaires ou pour ramener les uns les autres ou faire du "nem dropping",
01:06 c'est pas mon sujet. Ils se reconnaîtront. On a affaire à un drame absolu, comme à chaque fois d'ailleurs,
01:13 qu'il y a un mort dû au narcotrafiquant à Marseille. Vous l'avez dit et vous avez eu les mots justes,
01:19 et ça fait des mois que je le répète. Ce ne sont ni des faits divers ni des simples assassinats classiques.
01:24 Il y a à Marseille un problème avec les narcotrafiquants, qui sont de dimension internationale.
01:29 Et Marseille devient, et depuis longtemps, la plaque tournante du narcotrafique. Pour s'attaquer au narcotrafique, il faut que l'État,
01:38 l'État,
01:39 considère qu'on ne peut pas rester
01:41 dans une situation classique et normale. Bien sûr qu'il y a
01:44 l'envoi de policiers et Gérald Darmanin, même si je ne partage pas avec lui des idées politiques, le fait. Il faut aller plus loin.
01:51 J'avais proposé, j'avais proposé,
01:53 en provoquant l'ire d'un certain nombre de personnes, une juridiction spécialisée qui prenne en charge cette question-là. Non pas qu'il faille
02:01 surajouter une législation, non pas qu'il faille à nouveau légiférer,
02:05 mais il faut des moyens pour le parquer, parce qu'il faut pouvoir les mettre en prison,
02:08 il faut des moyens en police judiciaire, qui fait bien son travail, mais ils ne sont pas assez nombreux. Il faut remonter
02:14 les réseaux mafieux, parce que les chefs ne sont pas à Marseille. À Marseille, on pourra s'amuser
02:18 tous les jours à couper une tentacule de la puèvre. Il faut lui couper la tête.
02:22 La tête, elle n'est plus à Marseille. Il faut aller les chercher là où ils sont et les traquer là où ils sont. Il faut y mettre
02:29 des moyens internationaux. Ils sont à l'étranger, ils se cachent à l'étranger, ils vivent bien à l'étranger.
02:34 Je sais que certains, en prison même, donnent des ordres à l'étranger et
02:39 continuent de semer la mort à Marseille. Alors on pourra arrêter, bien évidemment, les guetteurs, on pourra continuer de saisir du cannabis, vous savez, le produit.
02:46 - Pardonnez-moi, ça ne devient plus une question française, ça devient une question internationale.
02:51 - Oui, sauf qu'il appartient à la France.
02:53 - Oui, allez-y.
02:53 - Il appartient à la France de travailler très fortement avec Interpol sur ces questions,
02:57 à amplifier les relations avec les pays dans lesquels se trouvent les têtes de réseau.
03:01 Parce que sinon, ça continuera. Moi, je suis dans une ville, cette année, où j'ai 42 morts et 101 blessés dus
03:07 au narcotrafic. Ce n'est pas une question d'insécurité. Ce n'est pas une question d'insécurité. Ce n'est pas une question simple et classique.
03:14 Il n'y a pas de sujet spécifique à Marseille où on se sentirait en insécurité. C'est pas Chicago dans les années 60.
03:20 Par contre, j'ai des gens qui meurent.
03:22 - La vie à Marseille est anormale.
03:24 - La situation à Marseille est anormale, pardonnez-moi, la vie à Marseille, vous devriez venir un peu vivre pour pouvoir dire ça.
03:30 - Vous ne faites pas semblant de ne pas comprendre ma remarque.
03:32 - Et vous ne faites pas semblant de ne pas comprendre la ville non plus.
03:34 Donc, en effet, la vie à Marseille n'est pas du tout, du tout, du tout acceptable dans le sens où
03:39 on ne peut pas laisser la situation se faire. Par contre, pardonnez-moi, Yves Calvi,
03:43 mais ça fait peut-être longtemps que vous n'êtes pas venu, on se promène pas à Marseille en tremblant.
03:46 Donc ça aussi, on va tordre le cou à cette histoire-là. Vu d'ici, en effet, on pourrait ramener ma ville et Marseille à une ville
03:53 où tout est effrayant, mais ça, ça suffit.
03:55 - En tout cas, on a du mal à y dormir. Je vous propose d'écouter Nassim, il a 17 ans. C'est lui qui a pratiqué le massage cardiaque sur Sokaïna.
04:01 Il habite dans l'appartement juste au-dessus.
04:03 - Moi, d'ailleurs, je dors par terre.
04:05 Mon lit, il est collé au mur, mais vu que j'ai peur maintenant, j'ai mis le matelas par terre, vous voyez devant vous.
04:11 C'est pas normal de faire ça. C'est pas normal d'avoir peur d'un mur.
04:13 - Avoir peur d'un mur, comment on en est arrivé là, monsieur le maire ?
04:16 - C'est ce que je vous raconte depuis que je suis à votre micro. On est dans une situation où on n'a pas pris la mesure
04:24 d'une situation aussi difficile et aussi compliquée.
04:27 - Les CRS sont bien restés une nuit. Ils sont revenus mardi, mais ils sont déjà repartis, c'est ce que nous disent vos habitants.
04:32 - Bien sûr, et encore une fois, vous pensez que les CRS vont résoudre la situation ?
04:36 Vous pensez qu'un quart de CRS va arrêter des narcotrafiquants ?
04:39 Vous pensez vraiment que rajouter 100, 200, 300 policiers, ça va mettre fin à une situation de narcotrafique ?
04:45 Vous ne pensez pas qu'il faut prendre les choses en main un peu différemment ?
04:47 - En tout cas, vous nous dites clairement ce matin sur l'antenne d'RTL, c'est une affaire internationale
04:52 et ça ne se limite pas à ma ville. Je vous ai bien compris ?
04:55 - Non seulement ça ne se limite pas à ma ville, mais je souhaite, même si je sais que je suis de plus en plus entendu,
05:01 que le gouvernement français se penche sur cette question, non pas en envoyant des moyens, ils le font et c'est très bien,
05:05 mais en tapant fort, et là où il faut taper.
05:08 - Alors en tout cas, la sécurité autour de la visite du Pape François est prise très au sérieux par le gouvernement.
05:12 Le souverain pontife, je le rappelle, sera dans votre ville à Marseille les 22 et 23 septembre.
05:17 5000 policiers et gendarmes seront mobilisés, un millier d'agents de sécurité privés.
05:21 Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, que vous citez il y a quelques instants, se dit très convaincu par ce dispositif.
05:26 L'êtes-vous vous aussi ? Et sincèrement, avez-vous parfois des inquiétudes ?
05:30 - C'est une préparation énorme. Évidemment, on n'a jamais connu ça.
05:33 Ça fait cinq siècles qu'on n'a pas eu de Pape à Marseille et on n'a aucun recul.
05:36 - 1533.
05:37 - 1533, Clément VII. On ne sait pas combien, évidemment, de gens seront là.
05:42 Et ça, c'est impossible à quantifier.
05:44 Après, encore une fois, je crois que ni le Pape, ni qui que ce soit, s'inquiète des questions sécuritaires.
05:50 Il est normal que la France et que la ville de Marseille fassent tout ça en deux concerts et poussions au maximum ce qu'on peut faire.
05:57 Mais je pense encore une fois qu'il faut rester tranquille.
05:59 J'ai vu que certains de vos confrères, je sais que ce n'est pas votre cas,
06:02 essaient de lier le narcotrafic et la sécurité du Pape.
06:06 Je sais que vous n'êtes pas dans la grossièreté, ni dans la caricature,
06:09 mais on n'est pas du tout, du tout sur ce genre de questions.
06:11 Les gens vont être contents de voir le Pape.
06:13 Le Pape est un homme qui vient délivrer un message de paix, un message universel,
06:16 qui veut voir des gens. Il n'a pas choisi Marseille, pour rien d'ailleurs.
06:19 Quand le Pape dit "je vais à Marseillais, je ne vais pas en France",
06:22 c'est parce qu'il n'a pas envie qu'on l'enferme dans un palais doré.
06:25 C'est parce qu'il n'a pas envie de voir des gens avec des écharpes et des médailles.
06:28 C'est parce qu'il a envie de voir des Marseillaises et des Marseillais,
06:30 et de voir des gens. Eh bien Marseille va en voir.
06:32 - Et ça va se passer notamment au stade Vélodrome le samedi 23 septembre,
06:35 transformé en quelque sorte en cathédrale,
06:37 après avoir remonté l'avenue du Prado en Papamobile.
06:39 - Vous viendrez, vous ?
06:41 - Je ne pense pas. - On vient t'inviter.
06:43 - Je vous remercie. Vous serez sur place ?
06:45 - Bien sûr. Je vais l'accueillir, parce que c'est normal.
06:47 C'est un honneur. Et encore une fois, ça ne se passe pas tous les jours,
06:50 vous l'avez dit, ça fait cinq siècles. Dans cette configuration.
06:52 - Comment ça se passe, l'arrivée du Pape ?
06:54 - Je ne me souviens plus des émissions de radio de 1533.
06:56 Je ne trouve plus de traces de journaux.
06:58 - Mais la vôtre ? Un jour, on reçoit un coup de fil de Rome et on vous dit ?
07:02 - Ça se passe en plusieurs étapes.
07:04 Je n'ai pas le temps de les raconter, c'est dommage, mais on pourra le faire.
07:06 - Vous reviendrez le faire ? - On pourra le faire.
07:08 Non, non, le jour où je l'ai appris, on m'a dit "Assieds-toi".
07:10 C'était le cardinal qui venait de l'apprendre.
07:12 Il m'a dit "Le Pape va venir",
07:14 et il s'est passé un grand silence.
07:16 Évidemment, je n'ai pas tout de suite percuté,
07:20 je ne percute pas toujours d'ailleurs,
07:22 parce que c'est tellement énorme.
07:24 Moi, je suis face à ça,
07:26 comme un gamin, et comme quelqu'un qui se dit
07:28 que pour ma ville, donc très loin des caricatures,
07:30 et très loin de ce qu'on peut imaginer,
07:32 c'est à la fois très courageux pour le Pape
07:34 de venir non pas à Marseille,
07:36 mais de venir en France, dans la circonstance,
07:38 et de dire ce qu'il va dire.
07:40 Et ça, je suis assez fier de ça.
07:42 !

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