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  • 13/09/2023

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Transcription
00:00 - Oui.
00:01 - Est-ce que vous, les victimes, les familles de victimes, vous avez le sentiment d'être
00:03 face à un mur quand on parle de la justice ? Est-ce que vous avez le sentiment qu'on
00:08 vous accompagne ou pas du tout ? Il y a une grande solitude des victimes au fond.
00:11 - Je l'ai l'impression, moi personnellement, je l'ai l'impression d'être laissée
00:15 hacker comme on dit.
00:16 J'ose espérer encore, vous voyez, ce procès démarre un jour, mais j'ose espérer
00:22 que la justice… je vais y croire encore.
00:24 Je vais y croire encore.
00:26 Et puis voilà, on est laissé quand même de côté, c'est vrai, et puis surtout quand
00:33 on entend une requalification comme on a entendu, on se dit « mais qu'est-ce qu'on a fait
00:37 pour mériter ça ? ».
00:38 - On rajoute de la douleur à la douleur.
00:41 - Oui, mais complètement.
00:42 Le jour où j'ai vu ça, je n'ai pas réalisé sur le moment.
00:45 Mes filles et moi, on n'a pas réalisé.
00:47 C'est le lendemain.
00:48 Le mercredi, on s'est dit « mais pourquoi on nous fait ça ? Qu'est-ce que nous, on
00:51 a fait pour mériter ça ? » En fait, comme si on ne souffrait pas assez.
00:55 - Voilà, donc…
00:56 - C'est le même chose.
00:57 - Je vais t'expliquer que ça pouvait aussi être plus fragile d'aller devant une cour
01:04 d'assises, devant des jurés, en les jugeant pour homicide volontaire, avec la difficulté
01:10 de prouver cette intention de tuer.
01:12 Et donc, encore une fois, la décision a peut-être été de se dire « bon, sur les coups ayant
01:17 entraîné la mort, sans l'intention de la donner, ça va être plus facile à démontrer,
01:21 à établir, comme la peine encourue, encore une fois, est la même.
01:24 Je comprends que pour vous ce soit insupportable, mais ça peut être aussi pour éviter une
01:27 fragilité juridique que cette décision de requalification a été prise.
01:31 Elle avait été contestée par le parquet qui avait fait appel et la Chambre de l'instruction
01:35 a validé cette requalification.
01:36 - Complètement, mais voilà, moi c'est un monde que je n'ai pas envie de connaître,
01:38 ce monde-là.
01:39 - Ce n'est pas votre monde ?
01:40 - Non, ce n'est pas mon monde, c'est le bisounours.
01:43 On va s'en parler, puisque tout le monde connaît cette expression.
01:46 Mais non, enfin, je veux dire, mon monde, moi, c'est une vie normale, tranquille.
01:49 Tout ça, c'est fini.
01:50 Il n'y a plus rien, de toute manière, depuis trois ans, il n'y a plus rien.
01:53 Mais voilà, c'est qu'on nous laisse tranquille, en fait.
01:55 - Et qu'on rende la justice, et ce sera l'objet de ce procès.
02:00 - Moi, je vais vous dire quelque chose à laquelle je tiens vraiment à cœur, que j'ai déjà
02:04 dit.
02:05 Je n'ai pas commencé mon deuil.
02:06 Mon deuil, je le commencerai parce que la justice va m'aider, et je le terminerai quand
02:12 j'aurai rejoint mon époux.
02:13 Voilà, tout simplement.
02:15 - Donc, effectivement, on mesure votre peine.
02:20 Si le procès va en appel, s'il y a un appel, c'est-à-dire qu'on prolonge votre douleur.
02:27 - Complètement, la douleur sera prolongée.
02:29 On le sait, on en est conscient.
02:31 - Donc, vous vous y êtes préparée.
02:32 - Aussi.
02:33 - Avec votre famille.
02:34 - Oui.
02:35 - Quand vous voyez cette violence dont je parlais, on a parlé de Marseille, cette jeune fille
02:38 qui est morte chez elle, de Nice, une jeune femme, une dame qui se fait piétiner par
02:43 un agresseur.
02:44 Vous vous dites qu'on est dans un monde où on peut se faire agresser, tuer, en sortant
02:49 de chez soi, ou en allant travailler.
02:50 - Complètement.
02:51 La France est à la dérive.
02:53 Je ne suis pas la seule à le penser, mais la France est à la dérive.
02:58 Vous voyez, j'évite d'allumer la télé, parce que dès qu'on allume la télé, c'est
03:03 pour voir des catastrophes.
03:04 Et moi, ça me marque tout ça.
03:07 Je me dis, comment on a pu en arriver là ? Et quand je vois les fêtes de Bayonne, en
03:13 parlant de ma ville, un monsieur qui rentre chez lui à 22h30, qui demande, ne vous urinez
03:18 pas devant ma porte, il trouve la mort.
03:19 Je suis atterrée de voir tout ce qui se passe, d'entendre tout ce que j'entends.
03:27 Je n'allais plus la télé, je n'ai pas envie.
03:30 Mais comment on peut laisser faire tout ça ?
03:32 - Il y a des degrés qui ont été franchis, un cap qui a été franchi.
03:38 - Pour moi, oui, il y a un cap qui a été franchi.
03:40 Je suis bayonnaise, jamais, jamais, jamais, j'ai vu ma ville…
03:47 On aurait imaginé qu'un tel drame se produise à Bayonne, comme le 5 juillet 2020.
03:54 Jamais de la vie.
03:55 Et puis finalement, c'est partout.
03:56 Finalement, c'est partout.
03:58 Et c'est toute la population.
04:00 Maintenant, il y a les chevaux de bus, il y a la police, il y a les pompiers, il y a
04:05 les maires, le personnel médical, tout le monde.
04:08 Mais où on va ?
04:09 - Vous en voulez à l'État français ou pas ?
04:11 - Oui, quand même.
04:12 Mais je ne vais pas m'éterniser là-dessus.
04:15 - Mais il y a quand même de la colère.
04:17 - Oui, qu'on plait, oui.
04:18 - Il y a un laisser-aller, il y a une forme de laxisme qui a conduit à ces comportements
04:22 violents.
04:23 - Je pense sur vous.
04:24 - Je le pense.
04:25 - Je le pense, oui.
04:25 [Musique]
04:28 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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