Le record du premier trimestre 2008, en plein crise financière des subprimes, a été battu. Plus de 550.000 salariés ont démissionné au premier trimestre 2023. Les secteurs les plus touchés sont l'hôtellerie restauration et le commerce. Les explications avec l'éditorialiste BFM Business, Pierre Kupferman.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00 La chronique Éco, c'est avec vous. Pierre, bonjour.
00:03 Bonjour Pauline.
00:04 Alors on ne va pas parler de la grande démission, mais de démission quand même,
00:07 puisque c'est une question qu'on se pose souvent à la rentrée, après des vacances bien reposantes,
00:11 et si je changeais de boulot ?
00:13 Or, ce qu'on constate dans les derniers chiffres parus cet été,
00:15 c'est que de plus en plus de Français ne se contentent pas de se poser la question,
00:19 ils passent à l'acte, ils ne franchissent le pas.
00:21 Effectivement, on a battu un record en la matière, un nouveau record,
00:25 550 000 démissions sur les trois premiers mois de 2023,
00:29 un petit peu plus que ce qu'on observait les trimestres précédents,
00:32 puisque cette, appelons-la comme ça, démissionnite a commencé à prendre de l'ampleur après la crise Covid.
00:38 C'est vraiment à ce moment-là que le nombre de démissions s'est mis à dépasser
00:43 la précédente pointe en la matière qu'on a connue à la fin des années 2007, au début 2008,
00:49 juste avant la crise financière qui s'est ensuite transformée en crise économique.
00:52 Et ça continue donc, ça s'accentue, comment on l'explique ?
00:55 Ça tient avant tout au marché de l'emploi, parce que plus le taux de chômage est bas,
01:00 plus un salarié en poste qui a envie de changement a des chances de trouver un emploi mieux payé,
01:05 plus proche de son domicile, plus intéressant.
01:07 Vous voyez sur cette courbe que là, on a retrouvé justement ce niveau de chômage
01:13 qu'on avait connu déjà début 2008, exactement au même moment où justement on avait cette pointe,
01:20 ce pic de démission.
01:21 Mais cette démissionnite, comme vous dites, elle ne touche pas forcément tous les secteurs d'activité,
01:25 certains arrivent mieux à retenir leurs salariés ?
01:27 Effectivement, il y a des entreprises qui retiennent plus facilement leurs salariés que d'autres
01:31 parce qu'elles offrent de bonnes conditions de travail, qu'elles font de belles augmentations,
01:35 qu'elles jouent davantage sur la promotion interne, qu'elles versent beaucoup de participation
01:39 et d'intéressement, j'en passe des meilleurs.
01:41 Et puis il y a celles où les conditions de travail sont plus éprouvantes.
01:43 Alors je pense notamment à l'hôtellerie et à la restauration,
01:46 parce qu'on sait que dans ce secteur, les offres d'emploi non pourvues atteignent des niveaux records.
01:50 Mais les hôteliers et les restaurateurs ont aussi beaucoup plus de difficultés aujourd'hui à garder leurs salariés,
01:56 avec, vous le voyez à l'écran, un nombre record de démissions.
01:59 Et là, on observe exactement le même phénomène dans le commerce,
02:05 où si on prend les chiffres sur une année, le nombre de démissions aujourd'hui dépasse les 10%
02:11 de l'ensemble des personnes qui sont employées par ce secteur.
02:15 Mais est-ce que c'est une question de salaire pas assez élevé ou d'horaire de travail ?
02:19 Alors c'est très variable.
02:20 L'INSEE pose chaque année la même question aux salariés qui souhaitent démissionner,
02:24 je dis bien qui souhaitent démissionner.
02:26 Quelle est votre principale motivation ?
02:29 Et vous voyez sur ce tableau, c'est intéressant, que d'une année sur l'autre,
02:32 les réponses évoluent un petit peu.
02:34 Ceux qui répondent aujourd'hui vouloir d'abord augmenter leur revenu,
02:38 ils étaient alors, en fait les chiffres c'est, vous le voyez, 2022, les derniers chiffres connus,
02:42 ils étaient presque, non, ils étaient aussi nombreux que ceux qui privilégient l'amélioration de leurs conditions de travail.
02:48 On n'a pas encore les chiffres pour 2023, mais franchement, je ne pense pas prendre un grand risque
02:53 en vous annonçant que probablement la question du meilleur salaire arrivera en tête.
03:00 Merci beaucoup.
03:01 Pierre, rassurez-moi, vous restez là, vous ne partez pas.
03:03 Je ne pars pas.
03:04 Vous êtes bien. Merci beaucoup. C'était la chronique Éco.