Antoine Dupont : "On a un rythme qui ne nous permet pas beaucoup de souffler"

  • l’année dernière
À J-8 de la Coupe de Monde de Rugby en France, le demi de mêlée Antoine Dupont est l'invité de Sonia Devillers. Un entretien enregistré dans les locaux de France Bleu Occitanie. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-jeudi-31-aout-2023-2042536

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00:00 Bonjour Antoine Dupont. - Bonjour.
00:02 - Alors nous voici à quelques jours de la Coupe du Monde.
00:04 On joue en France.
00:06 Et on dit que le rugby c'est le sport où le public compte le plus.
00:14 - C'est peut-être vrai.
00:17 Je pense qu'il a un impact fort dans tous les sports.
00:21 - On dit que c'est le plus déterminant.
00:22 C'est-à-dire que vous les rugbymans, le public, vous l'appelez le 16ème homme.
00:25 - Oui, c'est souvent vrai.
00:26 Déjà on peut voir sur les résultats matchs gagnés domicile/extérieur.
00:29 C'est plus dur de gagner à l'extérieur.
00:31 On le voit sur les statistiques.
00:33 Et c'est vrai que quand on a un public qui pousse, qui donne de la voix,
00:36 notamment vu qu'on a cette notion de combat sur le terrain,
00:39 ça peut galvaniser une équipe et permettre de renverser un match.
00:42 - Cette notion de combat, c'est-à-dire que vous diriez vous que le rugby c'est un sport de combat ?
00:47 - C'est ce qu'on dit, oui.
00:48 C'est vrai que si on compare à la boxe ou des sports qui sont quand même bien plus violents,
00:53 c'est différent parce qu'il y a des règles qui encadrent ça pour protéger l'intégrité des joueurs.
00:57 Mais oui, ça reste un sport de combat.
00:59 - Donc ça veut dire que quand on a pris des nyons pendant 50 minutes
01:01 et qu'on se fait huer par un stade entier, ça devient difficile de se relever ?
01:05 - Ça y joue.
01:06 C'est là que le public, il y en a qui sont plus performants que d'autres.
01:10 - Et ce match France-Nouvelle-Zélande devant 80 000 spectateurs au Stade de France
01:14 qui s'était soldé par une victoire,
01:16 ces 80 000 là, ils vous ont aidés à la remporter ?
01:19 - Oui, c'était un moment incroyable.
01:22 Autant nous on l'a vraiment senti sur le terrain,
01:24 autant les gens qui étaient dans les tribunes aussi.
01:26 Je pense que ça a été du donnant-donnant sur ce match.
01:29 Ils s'en souviennent encore, ils nous en parlent avec des étoiles dans les yeux.
01:31 Et c'est ça qui est fort avec l'espoir.
01:33 - Et vous avez un horrible souvenir de public à l'étranger ?
01:37 Un moment vraiment qui a été difficile, qui a été douloureux, même plus jeune ?
01:41 Un stade qui a été hostile ?
01:43 - Oui, peut-être il y a eu un match en 2019,
01:45 on joue contre l'Angleterre à Twickenham.
01:46 On était encore une équipe en construction qui avait du mal à être performante.
01:51 Et on avait pris 30 points en 30 minutes.
01:53 Et là le sweet lot, sweet chariot des Anglais,
01:56 le god save the queen qui résonnait en permanence,
02:00 ça a été un peu long.
02:01 Alors que cette année, quand on a gagné de 50 points,
02:03 ils sont partis avant la fin du match, c'est plus sympa.
02:06 - Les planètes sont semble-t-il plus qu'alignées pour l'équipe de France cette année,
02:13 pour le mondial qui va démarrer.
02:17 Vous diriez que la qualification est largement à votre portée ?
02:22 - Elle est censée l'être, mais comme toujours dans le sport,
02:26 on ne peut pas prédire ce qui va se passer.
02:28 On a le premier match contre la Nouvelle-Zélande,
02:31 qui va être évidemment hyper important,
02:33 mais qui ne sera pas non plus décideur de notre futur.
02:36 Il y aura encore trois autres matchs de poule.
02:38 Et oui, j'ose espérer qu'on sortira des poules et qu'on ira le plus loin possible,
02:43 mais il y aura des matchs à jouer.
02:45 - Qu'est-ce que vous retenez du dernier match contre l'Australie ?
02:49 - Je pense qu'on a quand même...
02:50 - De la deuxième mi-temps ?
02:51 - Oui, la deuxième mi-temps a été enthousiasmante pour tout le monde dans les tribunes,
02:55 mais nous aussi sur le terrain, on a eu un jeu plus complet.
02:57 On a réussi à se trouver offensivement,
02:59 ce qu'on a eu du mal à faire sur les autres matchs de préparation.
03:02 Je pense que ça nous a permis d'engranger de la confiance pour la suite.
03:05 - Et c'est quoi la recette pour tenir jusqu'au bout d'un match ?
03:09 - D'un match, c'est déjà être en forme physiquement,
03:13 ce qu'on travaille depuis deux mois maintenant.
03:15 Après, on a notre stratégie de jeu qui, en fonction du scénario, du score,
03:20 on a pas mal de paramètres qui nous permettent de rester dans le match.
03:24 Et évidemment, quand on commence à prendre l'écart au score de 10 ou 20 points,
03:29 c'est plus facile de gérer le match.
03:30 - On est porté.
03:31 En termes d'entraînement, puisqu'on disait que le rugby, c'était aussi un sport de combat,
03:35 et peut-être d'abord un sport de combat, ou un sport de ballon et un sport de combat,
03:39 la muscu, par exemple, la musculation,
03:42 c'est quelle part de votre entraînement ?
03:44 C'est la moitié de votre entraînement ?
03:46 - Non, c'est vrai que c'est un peu cliché.
03:48 Les gens pensent qu'on passe notre journée à la salle,
03:49 mais non, les semaines de match, on n'a que deux séances,
03:51 une sur le haut du corps, une sur le bas du corps.
03:54 C'est avant tout de la prévention.
03:56 On développe les musculatures pour se protéger des chocs
03:59 et évidemment pour développer nos qualités athlétiques,
04:01 où maintenant, on va plus chercher à avoir de l'explosivité,
04:04 de la vitesse, de l'endurance qu'à avoir de la masse pour de la masse.
04:08 - C'est-à-dire que c'est pas un cliché,
04:09 c'est juste que pour la première fois de ma vie, je suis en face d'un rugbyman.
04:12 C'est simplement du vécu, la question.
04:15 Vous détestez perdre Antoine Dupont.
04:18 Et moi, j'avais toujours entendu que le sport collectif,
04:21 c'est l'apprentissage de la défaite.
04:23 - Le sport tout court, je pense, on ne peut pas toujours gagner.
04:26 Malheureusement, non, parce que c'est vrai que c'est encore une fois cliché de le dire,
04:31 mais on apprend beaucoup des défaites et on voit que les équipes,
04:34 les joueurs, les athlètes qui ont beaucoup gagné,
04:36 ils ont commencé par beaucoup perdre.
04:38 Et ça fait partie du sport.
04:40 Mais je pense que quand on est athlète de haut niveau,
04:42 on est obligé de détester la défaite.
04:46 - Parmi les équipes favorites pour le mondial qui s'annonce,
04:49 il y a l'Afrique du Sud, il y a les All Blacks,
04:50 bien évidemment, il y a l'Irlande.
04:52 Si jamais la France n'est pas en finale,
04:54 vous verriez qui monter sur le podium ?
04:57 - Je n'ai pas envie d'y penser.
04:59 - Ça, c'est la question totalement détestable.
05:03 Vous êtes capitaine de l'équipe de France, Antoine Dupont.
05:06 Est-ce que quand on est capitaine, on continue de faire attention à soi ?
05:09 Est-ce que c'est facile de faire attention à soi
05:11 quand en même temps, il faut prendre soin
05:13 et prendre en compte tout un collectif ?
05:16 - C'est là-dedans, peut-être, que se définit la notion du capitaine,
05:20 dans le sens où quand on prépare la semaine,
05:22 quand on prépare un match, il y a sa préparation individuelle,
05:25 mais il y a aussi ressentir l'équilibre, l'atmosphère,
05:28 comment sont les joueurs, si on est dans la bonne direction,
05:30 si la stratégie va comme on le veut,
05:32 avoir ce relais entre le staff et les joueurs.
05:36 Et c'est vrai que c'est une chose à appréhender supplémentaire
05:39 dans la préparation du match.
05:40 C'est toute une liste de choses.
05:42 - Mais honnêtement, c'est moi qui suis capitaine,
05:45 mais on est quand même pas mal de leaders dans l'équipe,
05:47 des joueurs d'expérience sur lesquels je m'appuie beaucoup
05:49 et qui m'accompagnent au quotidien.
05:51 - Vous avez un refrain que vous citez à chaque discours d'avant-match.
05:57 Vous venez de publier une bande dessinée qui s'appelle
06:00 "Je serai rugbyman" et qui paraît chez Marabout.
06:03 Vous avez des souvenirs d'avant-match très émouvants
06:06 quand vous étiez tout jeune en équipe de France,
06:09 je crois que vous disiez "on était tous ensemble
06:11 et on pleurait avant chaque match".
06:13 Ça, c'est des souvenirs forts, très forts.
06:15 - Oui, c'est ce qui nous fait vibrer,
06:16 ces émotions-là quand on retrouve cette camaraderie
06:20 dans le vestiaire, d'être avec tes potes,
06:22 de pouvoir juste aller sur le terrain.
06:24 Mais t'as l'impression de vivre un truc incroyable.
06:27 Dans la BD, c'est au moment de mes années junior à Hoche,
06:29 pendant les phases finales,
06:30 t'as l'impression d'être l'héros du monde.
06:32 Et à chaque discours du coach,
06:33 il y avait la moitié d'équipe qui pleurait.
06:35 On était des gamins de 16-17 ans,
06:37 on avait tellement d'amour entre nous et pour ce sport.
06:39 - Mais ça veut dire que quand même les mots du coach,
06:41 les mots du coach, ils touchent.
06:43 - Oui, bien sûr, c'est qu'il était bon
06:45 pour nous faire monter en pression.
06:47 - Oui, d'ailleurs, c'est marrant parce que
06:50 vous avez la réputation d'être plutôt introverti
06:53 et économe de votre parole.
06:54 En fait, je découvre que pas du tout.
06:57 En fait, vous êtes un grand bavard
06:58 ou alors vous êtes en train de le devenir.
07:02 Et dans cette BD qui retrace
07:04 tout votre parcours dans le rugby depuis la toute petite enfance,
07:07 depuis vos 3-4 ans où vous trépignez déjà
07:10 parce que vous vouliez jouer.
07:13 Un jour, vous rencontrez un coach qui vous secoue
07:16 et qui vous dit "mais Antoine,
07:18 mais affirme-toi, exprime-toi, parle,
07:22 sors de toi-même".
07:23 - Oui, ça a été difficile pour moi.
07:25 C'était un peu à contre-sens de ma personnalité,
07:29 mais j'avais un poste sur le terrain de stratège
07:32 quand on est allé en demi-mêlée, le 9 et le 10.
07:34 Et nous qui sommes responsables de la conduite du jeu, de la stratégie,
07:37 notamment le numéro 9, c'est lui qui conduit un peu tous les avants.
07:40 Donc, il doit avoir ce rôle de leader, de chef de troupe
07:43 que moi, je n'avais pas et qui ne m'intéressait pas non plus.
07:46 Après, j'avais 18 ans, je jouais avec des joueurs qui avaient 35-36 ans.
07:50 Ce n'était pas évident pour moi de m'affirmer.
07:52 Ce n'était pas quelque chose qui me plaisait forcément non plus,
07:55 ce management des hommes.
07:56 Mais c'était une part hyper importante de mon poste
07:59 où j'ai dû faire des efforts là-dessus.
08:00 - Qu'est-ce qui vous a fait changer ?
08:03 - Peut-être de prendre en maturité, tout simplement.
08:06 Après, j'ai aussi changé de club.
08:07 Et en arrivant à Toulouse, à ce moment-là, j'avais beaucoup d'amis
08:12 qui jouaient dans le paquet d'avant justement
08:13 et des amis avec qui je suis très proche aujourd'hui.
08:15 Et c'est toujours plus facile d'avoir cette complicité
08:18 avec des gens qui étaient potes en dehors du terrain.
08:20 Ça se retrouve après sur le terrain.
08:22 - De toute façon, les potes, ça revient tout le temps
08:26 dans le récit de votre vie.
08:27 Les copains ?
08:28 - Oui, c'est un peu ma méthode de fonctionner.
08:31 J'ai toujours eu peur un peu de la solitude.
08:33 Et même quand j'étais jeune, j'ai fait pas mal de sports individuels,
08:36 mais j'ai jamais eu d'appétence particulière
08:39 parce que j'avais besoin d'être avec les potes, d'être avec les copains.
08:42 J'étais beaucoup plus à l'aise qu'être seul sur un cours de tennis.
08:46 - Mais évidemment, on va dire que c'est le grand cliché sur le rugby.
08:49 La fraternité, la solidarité, la camaraderie, le collectif.
08:54 Et que ça, ça diffère beaucoup du football
08:56 où c'est que des individualités qui sont rivalitées les unes par rapport aux autres.
08:59 Mais quand même, je vous pose la question.
09:00 Aujourd'hui, vous êtes le meilleur joueur du monde
09:03 et vous avez été désigné comme tel.
09:06 Est-ce que ça isole ?
09:08 - C'est une bonne question.
09:11 Je ne me la suis pas posée, mais peut-être dans un sens où
09:17 je suis conscient que ce qui m'arrive et ce qui m'est arrivé,
09:20 ce n'est pas la normalité, on va dire.
09:24 En ce sens-là, j'ai été beaucoup plus mis en avant,
09:27 beaucoup plus médiatisé que les autres,
09:28 malgré que ce soit un sport collectif.
09:31 Donc, dans ce sens-là, peut-être un peu,
09:34 mais je suis très loin de me sentir seul sur le terrain.
09:37 Et heureusement, que ce soit dans la victoire ou dans la défaite,
09:40 je suis conscient que tout ce que j'ai fait,
09:43 tout ce que j'ai pu faire, c'était grâce à mes copains aussi.
09:45 - D'ailleurs, j'aimerais bien que vous nous racontiez
09:47 le dernier match de la saison dernière face à la Rochelle,
09:52 qui a été un match épique, vraiment épique,
09:55 que vous avez remporté sur le fil.
09:58 Tout le monde s'en souvient.
10:00 D'ailleurs, la Rochelle, c'est l'autre grand club,
10:02 vous êtes à Toulouse et il y a une rivalité entre les deux,
10:05 une rivalité historique, mais vous avez plein de copains
10:07 des deux côtés en réalité, c'est ça ?
10:09 - Oui, puisqu'il y a pas mal d'internationaux aussi à la Rochelle
10:12 et des joueurs aussi que je connais et qui jouent à Aoche,
10:15 Greg Aldrit et Pierre Bourgarit, quand on avait 15 ans.
10:18 Et là, on se retrouve à jouer des finales les uns contre les autres.
10:20 Donc, c'est un peu triste à la fin parce qu'il y a toujours
10:22 un des deux qui est malheureux,
10:24 mais ça fait plaisir de voir le parcours qu'on a eu depuis toutes ces années.
10:29 - Je me demandais qu'est-ce qui vous avait transformé ?
10:31 Qu'est-ce qui a fait que vous vous êtes enfin hissé
10:36 au niveau où vous êtes aujourd'hui, ne serait-ce que sur un plan mental ?
10:39 Quand vous choisissez de raconter votre parcours,
10:42 Antoine Dupont, dans cette petite BD "Je serai rugbyman",
10:45 vous choisissez de commencer par une blessure.
10:48 Et par une blessure qui va durer huit mois
10:50 et qui revient tout au long de la bande dessinée.
10:53 Et manifestement, vous en sortez un homme différent.
10:57 Vous en sortez un joueur différent.
11:00 - Si on regarde dans les dates, je me fais la blessure en février 2018,
11:05 sur le Ligue 1 Man croisé.
11:07 Je reviens en octobre. Cette année-là, je suis champion de France avec Toulouse.
11:11 Après, il y a la Coupe du Monde, le Covid.
11:13 Mais au final, si on suit la lancée, derrière, j'ai la saison 2021
11:16 où je suis élu meilleur joueur du monde, où je fais le doublé avec Toulouse.
11:20 Et qui s'est enchaîné jusqu'à maintenant où je ne m'en suis pas trop mal sorti.
11:24 Donc je pense que cette blessure m'a sûrement beaucoup apporté.
11:30 J'ai été plus global peut-être dans l'approche de la performance
11:34 où avant, c'était juste j'allais sur le terrain, je m'entraînais, je repartais.
11:38 Là, j'ai exploré plus de paramètres, j'ai été plus sérieux, plus consciencieux.
11:43 - Faire qu'on soit bien clair, vous n'avez pas pu jouer pendant huit mois.
11:47 De quoi devenir fou en ce qui vous concerne, non ?
11:49 - Ça a été long, mais après d'un côté, c'est le seul moment où on peut se reposer aussi,
11:54 physiquement et mentalement.
11:56 On est dans des cadences qui sont très élevées.
11:59 On joue 30 matchs par an, on a quatre semaines de vacances et ça repart.
12:03 Et au final, ça va être ma dixième saison cette année.
12:06 Donc on a un rythme qui ne nous permet pas beaucoup de souffler.
12:09 Donc ça a été aussi un moment pour faire d'autres choses.
12:12 - Et pour mûrir ? - Certainement aussi, je pense qu'elle m'a fait grandir.
12:16 Elle m'a fait mûrir plus rapidement, certainement.
12:20 - Dans la bande dessinée, vous racontez que vous regardez des vieux matchs.
12:25 Vous regardez des vieux matchs.
12:27 Pourquoi vous regardez des vieux matchs ?
12:29 - Ça reprend, c'était pendant le confinement, justement, où j'étais rentré chez mon frère à la campagne.
12:34 Et du coup, à la télé, qui avait beaucoup moins de programmes,
12:36 ils avaient repassé toutes les finales depuis les années 90.
12:39 - Vous avez tout regardé.
12:40 - Ils les mettaient en boucle et du coup, on passait la journée devant la télé
12:44 à regarder les vieilles gloires de notre sport.
12:46 - Et qu'est-ce que ça vous a appris ?
12:48 - J'avais un souvenir différent, évidemment, parce que quand j'étais petit,
12:51 j'étais fan du Stade Toulousain, donc je me souvenais des titres, des joueurs.
12:55 Mais là, j'avais un tout autre regard dessus.
12:57 Je ne me souvenais même pas des matchs.
12:58 Donc de pouvoir les revoir, revoir les joueurs que j'idolâtrais quand j'étais petit, c'était sympa.
13:02 - Eh bien, je vous pose cette question parce que la dernière fois qu'il y a eu une Coupe du Monde en France,
13:06 vous aviez 10 ans, c'est ça ?
13:09 Vous vous en souvenez ?
13:11 - Je me souviens du quart de finale fantastique face à la Nouvelle-Zélande.
13:16 Donc tout le monde se souvient qu'il y a un souvenir très fort de notre sport.
13:20 Et de là, c'est les Michalak, c'est là que les Chabals sont sortis de cette Coupe du Monde-là,
13:27 qui ont commencé à être de plus en plus médiatisés.
13:29 Mais oui, bien sûr, je m'en rappelle et j'étais comme fou devant ma télé.
13:34 - C'est ça, c'est-à-dire que c'est quand même un grand moment de sport
13:38 qui a contribué à populariser ce sport.
13:40 C'est-à-dire qu'au-delà des aficionados, des stars comme Chabal qui commencent à figurer dans tout un tas de pubs,
13:47 c'est la première fois que ça devient vraiment grand public.
13:50 - Oui, il y a eu Michalak qui avait commencé un peu avant.
13:54 Mais oui, quand il y a un événement sportif en France,
13:57 je pense que la France est aussi un pays de sport qui se rassemble pour les grandes compétitions.
14:02 Nous, je pense, moi le premier, quand il y a une de notre sport,
14:05 quand ça commence à arriver à la phase finale, les matchs qui comptent,
14:07 tu peux suivre n'importe quelle discipline devant la télé,
14:10 comme devant les JO ou des compètes de sport qu'on ne suit pas forcément.
14:13 Et d'avoir eu ce quart de finale qui nous avait propulsé à l'avant-dernière match,
14:18 avant la finale, ça avait rassemblé, je pense, beaucoup de Français.
14:21 Malheureusement, on n'avait pas pu aller jusqu'au bout.
14:23 - Et alors vous, le Toulousain, quand vous racontez vos premières années de rugby,
14:29 et à l'époque où vous êtes encore au lycée professionnel à Auch,
14:33 le premier match contre Toulouse, il vous a marqué ?
14:37 Et en fait, votre réaction à vous et aux copains, c'est de dire "mais ils nous prennent pour des bouseux".
14:43 - C'était toujours aussi la facilité du discours pour utiliser certains leviers de motivation.
14:50 Au Auch, on était toujours les paysans, et quand on joue contre des grosses villes,
14:54 notamment Toulouse qui est le cliché dans les équipes de jeunes sportifs,
14:58 ils ont toujours la valise, les beaux équipements, etc.
15:01 Où nous, on était tous dépareillés.
15:03 C'était un des leviers pour nous motiver pour faire un gros match.
15:07 Et il s'avère qu'on avait gagné ce jour-là à Toulouse.
15:10 - Ça a marché. Mais ça veut dire que dans le rugby, on est toujours le bouseux de quelqu'un ?
15:14 - Oui, je pense que généralement, dans la vie, on l'est toujours de toute façon.
15:19 - Et c'est le meilleur joueur du monde qui le dit.
15:25 Puisque le groupe c'est si important et que les copains c'est si important,
15:28 Romain Ntamac s'est blessé et il ne sera pas avec vous.
15:31 Vous êtes surnommé les Inséparables pour cette Coupe du Monde.
15:34 Et ça, vous le vivez comment ?
15:36 - Ça a été un moment très difficile, évidemment pour l'équipe.
15:41 On connaît la qualité de joueur de Romain.
15:44 Et après pour nous qui sommes tous ses potes,
15:47 de voir un copain à toi qui, il y a deux semaines,
15:50 a eu une Coupe du Monde, se blesse et doit dire au revoir.
15:53 Moi encore plus à la charnière, vu que je joue avec lui depuis plusieurs années.
15:57 Ça a été un moment difficile à vivre.
15:59 Mais honnêtement, il faut penser à lui.
16:02 Je pense que c'est bien plus difficile pour lui que pour nous.
16:04 Et malheureusement, il faut quand même qu'on passe au-dessus.
16:07 J'espère que ça pourra nous resserrer pour la compétition
16:10 et essayer d'aller le plus loin possible.
16:12 - Là, vous avez quelques jours de repos.
16:15 Vous rentrez à la maison, à la campagne, comme vous dites,
16:18 là où quand vous étiez petit, votre père élevait des porcs.
16:22 C'est toujours le cas ?
16:23 - C'est mon frère qui a repris l'exploitation avec mon oncle.
16:26 Mais oui, il y a toujours les porno indépendants qui sont là.
16:30 Je vous avoue que je n'y passe pas le plus grand de mon temps
16:33 quand je rentre chez eux.
16:36 - Et toute la famille vous suit ?
16:37 - Oui, évidemment.
16:39 Ils sont mes premiers supporters, mais ils sont avant tout contents pour moi,
16:43 pour leurs cousins, leurs neveux ou leurs frères,
16:46 plus que pour la "star".
16:50 Je n'aime pas trop ce mot, mais depuis toujours, ils me suivent beaucoup.
16:53 Comme ils suivent mes cousins à la même échelle,
16:55 le week-end, sur la conversation de la famille.
16:58 Moi, je reçois un bon match en même temps que mes cousins,
17:01 mon frère qui joue en même temps que moi.
17:02 - Et ils jouent où, vos cousins ?
17:04 - Dans mon club à Castelnau.
17:07 - C'est ça, le club d'enfance.
17:10 Merci beaucoup, Antoine Dupont.
17:11 - Merci. - Et bonne chance.
17:13 - Oui, merci.

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