Ce jeudi 13 juillet nous recevons en studio Benjamin Lucas, député Génération.s et Cécile Cottereau, déléguée générale de l’UNAT (Union nationale des associations de tourisme et plein air) pour parler des inégalités d'éccès aux vacances.
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00:00 Vous êtes peut-être en train de compter les jours ou les dodo comme font les enfants
00:04 qui vous séparent de vos vacances, mais vous n'allez pas forcément partir.
00:08 35 à 40% des français vont rester chez eux.
00:11 C'est un chiffre en hausse cette année.
00:13 Alors pourquoi cette parenthèse est-elle si essentielle ? Comment réduire cette inégalité
00:18 pour se rapprocher des vacances pour tous ? Quelles sont les solutions qui existent
00:22 déjà et comment les optimiser ? Vos témoignages, vos questions, vos astuces aussi sont les
00:26 bienvenus au Standard 01 45 24 7000.
00:30 Pour dialoguer avec vous, Cécile Cotereau, la déléguée générale de l'UNAT, l'Union
00:35 nationale des associations de tourisme et de plein air.
00:38 Bonjour.
00:39 Bonjour.
00:40 Et nous sommes aussi avec Benjamin Lucas, député écologiste des Yvelines, membre
00:43 de l'ANUP qui vient de déposer une proposition de loi pour réduire ces inégalités.
00:47 Bonjour.
00:48 Bonjour.
00:49 D'abord, pourquoi les vacances ont-elles une telle importance dans nos vies ? Je vous
00:53 pose la question Cécile Cotereau.
00:55 Eh bien d'abord, les vacances c'est un moment très important pour les Français
00:59 d'un point de vue individuel.
01:00 C'est un moment de déconnexion par rapport au quotidien.
01:03 C'est un moment de repos bien mérité, un temps qu'on consacre à sa famille et
01:07 ses amis.
01:08 C'est ce qu'ils nous ont répondu principalement dans l'enquête qu'on a menée.
01:11 C'est aussi un temps très important collectivement pour la société.
01:16 Dans un moment où on vit des tensions très fortes, le départ en vacances c'est aussi
01:20 un moyen de faire baisser la pression et de tisser du lien social.
01:24 Je crois que c'est un élément très important dans la période qu'on vit.
01:28 Le lien social c'est l'essentiel Benjamin Lucas ?
01:31 Oui, et puis le lien avec soi-même.
01:33 La possibilité de se mettre un peu en pause, de s'émerveiller, de se reposer, de se réparer
01:37 après une année de travail ou autre.
01:42 C'est le moment où on se reconnecte aussi avec soi-même.
01:46 Et ça ne doit pas être un privilège aujourd'hui réservé à quelques-uns.
01:49 C'est une inégalité qu'on ressent dès le premier jour de la rentrée scolaire par
01:51 exemple dans une classe.
01:52 La classe se coupe en deux.
01:53 La première question que vous posez à vos camarades de classe, on se l'est posée
01:57 des dizaines de fois les uns et les autres, c'est "Et toi, tu as fait quoi pendant
01:59 les vacances ?" Et là, la classe se coupe en deux entre ceux qui ont pu partir, s'émerveiller,
02:03 se reposer, s'épanouir, découvrir.
02:04 Et les autres, il y aurait beaucoup à dire aussi sur ce que coûte le non-départ en
02:08 vacances en termes de ce que la sénantarité produit comme tension dans les familles, comme
02:12 dépression, comme perte de confiance en soi aussi.
02:14 C'est vraiment un sujet essentiel.
02:16 Cécile Cotreau, vous avez participé à une vaste étude menée par la Fondation Jean
02:20 Jaurès.
02:21 Et on ressort aussi qu'être en vacances, c'est d'abord être comme tout le monde.
02:26 Oui, tout à fait.
02:27 Ça, c'est un élément important.
02:29 C'est ce que vous veniez de dire.
02:30 Les vacances, c'est une forme de norme sociale, que ce soit à l'école ou au travail.
02:35 C'est la conversation principale du moment et effectivement à la rentrée.
02:38 Et d'être privé de ce départ en vacances, c'est clairement ressentir une forme d'exclusion
02:44 de quelque chose qui permet de se sentir comme tout le monde, d'appartenir à un vrai collectif,
02:48 de faire une expérience commune et de pouvoir la partager.
02:51 Benjamin Lucas, est-ce que vous pensez que c'est aussi le miroir de l'état de notre
02:54 société ?
02:55 Oui, bien sûr.
02:57 Les vacances sont un phénomène social qui est le réceptacle des tensions sociales,
03:02 de la façon aussi dont on a changé nos modes de consommation, nos modes de vie, etc.
03:08 C'est vrai.
03:09 Et donc aussi un révélateur de ce que sont les inégalités aujourd'hui et des inégalités
03:16 qui vont jusque dans ce moment qui est un moment de répit, un moment de repos.
03:20 Je crois que de voir un accès égal, ça fait un peu nier de le dire comme ça, mais au
03:25 beau, à l'émerveillement.
03:26 Vous n'avez pas la même année qui arrive derrière quand vous avez pu respirer, quand
03:32 vous avez pu vous émerveiller devant la nature, devant un musée, ne serait-ce qu'un autre
03:36 environnement que le vôtre.
03:37 On va prendre un premier appel, c'est celui de Christian.
03:39 Bonjour.
03:40 Oui, bonjour.
03:41 Soyez le bienvenu, nous vous écoutons.
03:42 Je vous appelle de Strasbourg.
03:45 Moi, je suis en retraite depuis une dizaine d'années.
03:50 J'étais technicien aux hôpitaux universitaires de Strasbourg, technicien biomédical.
03:54 Depuis plus de dix ans, avec la retraite que je touche, on ne peut pas me permettre de
03:59 partir en bord de mer ou à l'étranger.
04:01 Donc, je me contente d'aller chez ma sœur à Romorantin en Sologne.
04:05 Et ça s'arrête là.
04:08 Finalement, je regrette de ne pas avoir travaillé à la FNCF parce qu'aujourd'hui, je pourrais
04:12 voyager en train gratuitement, quasiment gratuitement.
04:15 Merci Christian, en tout cas, vous gardez votre sens de l'humour.
04:19 Cécile Cotreau, effectivement, on part beaucoup en famille quand on ne peut pas partir.
04:24 Si on a la chance d'avoir la famille un peu plus loin.
04:26 C'est vrai que l'hébergement chez les proches, la famille, les amis, c'est un moyen de répondre
04:32 à ce frein financier pour le départ en vacances.
04:34 Ce moyen a augmenté par rapport à l'année dernière, on peut le voir.
04:38 Mais il y a aussi des aides qui existent.
04:41 Pour ça, on va y venir.
04:43 Mais aujourd'hui, on essaie de trouver des astuces pour partir quand même.
04:48 Si on a un petit budget, par exemple, on décale.
04:52 On voit qu'il y a de plus en plus de monde en ce moment, début juillet.
04:56 C'est vrai que ce qu'on constate, c'est que l'inflation, elle a moins joué sur le fait
05:00 de partir ou pas.
05:01 C'est un moment qui est tellement important pour les Français qu'ils l'ont préservé.
05:04 Mais par contre, ils ont changé leurs habitudes sur la manière de partir en vacances.
05:08 Ils partent un peu moins longtemps, un peu moins loin, dans des hébergements un peu
05:11 moins chers et comme on l'a dit, chez des proches, pour limiter les frais.
05:15 Vous, à Lunat, vous proposez 1400 hébergements.
05:18 C'est ce que vous constatez, effectivement, cet été ? C'est une tendance qui s'accentue ?
05:22 Ce qu'on constate, c'est qu'effectivement, après le Covid, les vacanciers sont de retour.
05:27 Les gens ont envie de partir, ils sont là.
05:29 Mais c'est vrai que sur des durées un peu moins longues, avec des contraintes financières
05:35 plus fortes, c'est sûr que l'inflation pèse.
05:36 Est-ce qu'il y a beaucoup de personnes qui partaient jusqu'à présent et qui renoncent
05:40 ou qui reviennent moins souvent chez vous ?
05:42 De ce point de vue-là, je pense que c'est assez stable.
05:45 C'est-à-dire que les gens qui ne partent pas en vacances, c'est un sujet qui plafonne
05:49 depuis quelques années.
05:50 En fait, on est autour de 40% depuis assez longtemps.
05:53 C'est ça, tout à fait.
05:54 Nous, ce qu'on a voulu tester, c'est si l'inflation venait aggraver ça, d'une
05:59 certaine manière un peu, mais pas tant que ça.
06:01 Ça veut dire que les inégalités sont assez profondément ancrées, finalement, et depuis
06:05 longtemps, et que c'est sur la durée, sur le long terme et sur les choses de fond qu'il
06:09 faut travailler.
06:10 Le 19 juin, six députés de l'ANUP, dont vous faites partie, Benjamin, Lucas, ont déposé
06:15 à l'Assemblée nationale une proposition de loi d'urgence afin d'instituer, je cite,
06:21 "une vraie politique publique des vacances".
06:23 Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
06:24 Que ça doit être, aujourd'hui, le droit aux vacances, un objectif politique prioritaire
06:29 et qu'en réalité, on doit reprendre, renouer le fil tendu par Léo Lagrange et le Front
06:36 populaire, il y a 83 ans, qui avaient compris qu'il ne suffisait pas de libérer du temps,
06:40 il ne suffisait pas de réduire le temps de travail, encore fallait-il accompagner cette
06:44 libération du temps d'une grande ambition émancipatrice.
06:47 C'est ce qui a conduit au développement des auberges de jeunesse, des mouvements d'éducation
06:51 populaires, des billets annuels de congés populaires.
06:54 Et donc, nous, nous posons ici un somme de propositions d'urgence sur les péages gratuits
07:00 pour faire ruisseler un peu les super profits des grandes compagnies autoroutières qui
07:04 se sont quand même mis plein les poches ces derniers mois et ces dernières années.
07:08 Faire évidemment avec le train, le député écologiste que je suis est très attaché
07:12 au transport collectif et donc permettre des départs à moindre coût en train.
07:17 Aujourd'hui, ça pèse énormément les transports sur le budget des familles.
07:19 - Pardon, juste sur le train, il y a un petit effort qui est fait aussi par la SNCF et par
07:24 l'État pour des voyages à prix réduit.
07:26 Il y a des intercités à 19 euros cet été.
07:29 - Bien sûr, mais je ne dis pas qu'il n'y a pas d'effort.
07:30 Je pense qu'il faut aller plus loin.
07:31 - Oui, mais c'est pour dire qu'il y a quand même des choses qui existent.
07:33 - Bien sûr, bien sûr.
07:34 Après, vous avez aussi des difficultés sur les départs collectifs où beaucoup d'associations
07:36 nous expliquent que c'est plus difficile maintenant de réserver pour des groupes avec la SNCF.
07:40 Donc, il y a aussi des choses qui ne relèvent pas de la loi, qu'il faut améliorer rapidement.
07:43 Mais le non-départ en vacances, ce n'est pas simplement une question de moyens.
07:46 Nous, on s'est intéressé à cette question d'urgence.
07:48 C'est aussi un apprentissage.
07:49 Parce que quand vous n'êtes jamais parti en vacances de votre vie, faire une valise,
07:52 se projeter ailleurs que chez soi, c'est compliqué.
07:54 Et donc, il faut aussi accompagner les associations.
07:56 Il faut aussi accompagner les associations, les mouvements d'éducation populaire.
08:00 Le droit aux vacances, ce n'est pas simplement une affaire de moyens.
08:02 C'est aussi une affaire d'offre de tourisme.
08:04 Ça, Luna t'en parlerait mieux que moi.
08:06 Et c'est aussi une question d'accompagnement.
08:07 Et je vais dire une question.
08:08 Pourquoi on disait une politique publique des vacances ? Il faut une vraie ambition
08:12 politique pour faire du droit aux vacances, qui jusque-là est proclamé comme un objectif
08:15 national dans la loi de 1998 contre les exclusions, faire un vrai droit et que les pouvoirs publics
08:20 se mettent autour de la table.
08:21 Il y a des collectivités locales qui font beaucoup.
08:23 J'étais il y a quelques mois à Poitiers avec la maire Léonore Monconduit, qui fait
08:26 beaucoup.
08:27 Ces collectivités, ces associations, elles ont besoin d'être accompagnées aujourd'hui
08:30 par l'État.
08:31 Autrefois, les colonies de vacances permettaient un certain brassage social.
08:34 Il y avait 4 millions d'enfants qui en profitaient l'été.
08:37 Ils ne sont plus qu'un million.
08:38 Pourquoi ? Par exemple, Cécile Cotreau.
08:40 Vous, vous en avez des colonies de vacances ?
08:42 Oui, bien sûr, on a des colonies de vacances.
08:44 Et ce que je veux dire, c'est que c'est vrai que par rapport à un certain âge d'or,
08:48 dans les années 60-70, le nombre de colonies de vacances a baissé.
08:52 Mais que la tendance est plutôt positive.
08:53 Et ça date d'avant le Covid.
08:55 2019, c'était une des meilleures années en termes de fréquentation.
08:58 Donc, on est plutôt sur un regain d'intérêt qu'une tendance qui continue à baisser.
09:03 Il faut le valoriser.
09:04 Parce que nous, on croit vraiment que les colonies de vacances, c'est des outils exceptionnels
09:09 pour les enfants.
09:10 Pour l'émancipation des enfants aussi.
09:13 Ils ont grandi.
09:15 Quand on les récupère après une semaine ou deux semaines de colo, en général, on
09:19 les trouve un peu changés.
09:20 Parce que c'est des temps d'émancipation, d'autonomie, d'apprentissage qui sont incroyables.
09:26 Là encore, c'est un vrai lieu de mixité sociale.
09:28 C'est un vrai lieu de brassage.
09:29 Il n'y en a plus tant que ça dans notre société.
09:31 Et je pense qu'il faut continuer à les défendre.
09:33 Et effectivement, pour ça, à la fois les aider à partir, ces enfants en vacances,
09:38 et puis aider ceux qui les accueillent, les hébergeurs de l'économie sociale et solidaire
09:42 notamment.
09:43 Le problème, c'est la formation au BAFA, au brevet d'animateur.
09:46 Encore trop cher.
09:47 Pourtant, la secrétaire d'État chargée de la Jeunesse affirme que l'aide de 200
09:51 euros versée l'an dernier a permis de former 27 000 animateurs.
09:54 C'est vrai que ça coûte cher de se former au BAFA ?
09:56 Oui, c'est vrai.
09:57 Alors d'abord, il faut aussi dire qu'il y a eu un petit trou d'air lié au Covid.
10:01 Il y a eu deux ans où il n'y a pas eu de formation pour les animateurs.
10:04 Donc ça pèse maintenant, ça va probablement se réguler.
10:07 Oui, le BAFA, ça coûte cher, entre 800 et 1 000 euros.
10:10 Pour des jeunes de cet âge-là, c'est très cher.
10:12 Alors il y a des aides.
10:13 Elle a annoncé, Madame, elle a érit une augmentation des aides.
10:16 Et c'est un très bon signal.
10:17 Il y a aussi des aides au niveau de la mairie, au niveau des régions, au niveau des départements,
10:22 au niveau des caves.
10:23 Donc il y a vraiment des choses qui sont possibles, mais probablement que c'est un peu complexe.
10:26 Et il faut encore pousser ça et notamment valoriser sans doute davantage le fait d'être
10:32 un animateur.
10:33 Alors dans la rémunération, c'est une chose importante.
10:35 La rémunération, c'est catastrophique quand même parce qu'on était à 25 euros par jour.
10:39 Non, oui, c'est ça.
10:41 Et on va passer à 50 euros bruts par jour, ce qui est quand même très bas.
10:45 Oui, alors ça a une histoire, ça.
10:47 C'est l'histoire de l'éducation populaire avec des enfants qui partent en colonie de
10:51 vacances, puis qui deviennent animateurs après et qui ont l'impression de rendre un peu aussi
10:54 ce qu'ils ont reçu.
10:55 Donc une notion d'engagement et pas qu'un travail comme les autres.
10:59 Mais je crois que cet engagement, il n'a pas disparu, mais qu'effectivement, il faut
11:02 davantage le valoriser.
11:03 Donc en termes salarial, c'est une chose, mais aussi en termes de reconnaissance dans
11:07 le parcours.
11:08 Il faut qu'être animateur, ça puisse apporter des choses dans son parcours scolaire, dans
11:12 son parcours professionnel.
11:13 Et puis par ailleurs, nous, on est évidemment très favorable à la revalorisation de leur
11:18 rémunération, mais il faut aussi en face qu'on accompagne les associations qui accueillent
11:22 ces colos, parce qu'une fois qu'on a payé la facture d'électricité qui coûte 30%
11:27 plus cher, qu'il faut revaloriser ses salaires et que notre raison d'être, c'est de permettre
11:33 des tarifs accessibles pour ces colos, ça finit par devenir compliqué.
11:36 Donc il y a aussi besoin que l'État s'occupe de ceux qui accueillent des colonies de vacances
11:41 pour qu'on continue à avoir des tarifs accessibles pour que le plus grand nombre puisse partir.
11:44 Oui, moi, j'ai proposé il y a quelques semaines de cela, qu'on réoriente les crédits prévus
11:49 pour le service national universel vers le soutien au monde associatif, au mouvement
11:53 d'éducation populaire.
11:54 Si on considère qu'on a aujourd'hui besoin de recréer un pacte républicain, vous l'avez
12:00 dit, les colonies de vacances, elles sont en ce moment d'émancipation.
12:03 Le départ en vacances, ils concourent finalement à apaiser aussi la société.
12:06 Alors on doit donner à ceux qui savent faire au mouvement d'éducation populaire, au monde
12:11 associatif, les moyens de faire ce qui est leur vocation et ce qui est, vous l'avez
12:15 dit, leur engagement.
12:16 Pour ça, il y a effectivement besoin de moyens.
12:18 Il n'y a pas seulement besoin de moyens, vous l'avez dit, sur la reconnaissance, sur
12:20 la valorisation, sur aussi les discours qu'on peut porter sur le départ en vacances et
12:25 sur la société.
12:26 Je pense qu'il y a besoin aujourd'hui d'un investissement massif pour l'éducation
12:29 populaire et le monde associatif.
12:30 Oui, nous ce qu'on voudrait, c'est qu'on puisse institutionnaliser le fait que tous
12:36 les enfants avant le collège puissent partir au moins une fois en classe découverte et
12:40 une fois en colo, avec l'aide d'un passe-colo par exemple, et qu'il soit accessible pour
12:43 les familles modestes, mais aussi pour les classes moyennes, pour justement qu'on puisse
12:46 maintenir cette question de mixité.
12:48 Dans une étude publiée hier par la Fondation Jean Jaurès, on s'aperçoit que plus d'un
12:53 Français sur deux avec des enfants renonce aux vacances par manque de moyens et ils sont
12:58 autant à en cacher les raisons à leurs proches.
13:01 C'est vécu comme une humiliation, Cécile Cotreau ?
13:04 Ça, c'est un chiffre vraiment très marquant.
13:06 Le fait que ceux qui renoncent à partir, il y en a la moitié qui n'en parlent pas à
13:09 leurs proches et il y en a 11% qui disent qu'ils sont partis alors que ce n'est pas vrai.
13:13 Donc ça rejoint ce qu'on disait tout à l'heure, il y a un sentiment de honte sociale par rapport
13:18 à ce non-départ et un sentiment d'exclusion.
13:20 Et donc pouvoir être comme tout le monde, pouvoir vivre et pas seulement survivre, pouvoir
13:27 profiter des fruits de son travail, je pense que c'est quelque chose d'indispensable aujourd'hui.
13:30 Oui, Benjamin Lucas, c'est pour ça que vous voulez l'inscrire dans la loi.
13:33 Oui, ce chiffre il montre que ce n'est pas simplement une politique sociale le droit
13:38 aux vacances, ce n'est pas simplement un supplément d'âme en matière de dignité, c'est un vrai
13:42 objectif démocratique aujourd'hui.
13:43 On ne peut pas expliquer, on ne peut pas vouloir faire société, parler de liberté, égalité,
13:47 fraternité comme des mots gravés au fronton de mairie et ne pas leur donner une traduction
13:50 concrète.
13:51 Et dans la traduction concrète, il y a l'idée que chacune et chacun puisse profiter de ce
13:54 temps de repos, de répit, de bonheur, de loisir qui est quand même une base aussi
13:59 pour que la société aille bien.
14:00 Je le disais tout à l'heure, mais quand des familles restent entassées dans des petits
14:03 appartements avec des canicules qui se répètent et qui vont se répéter de plus en plus,
14:07 ça nourrit des tensions, ça fait des gamins qui perdent confiance en eux avant la rentrée
14:10 scolaire, ça fait des familles qui sont épuisées et ça fait un temps de vacances qui est
14:15 un temps uniquement proclamé, formel, mais qui n'existe pas dans la réalité de leur
14:18 vécu.
14:19 Une dernière question sur le maire du Blanc-Ménil en Seine-Saint-Denis.
14:21 La ville a décidé d'annuler sa plage d'été et ses activités prévues pendant trois semaines
14:26 pour réaliser des économies qui serviront à payer les dégâts causés par les violences
14:31 urbaines.
14:32 Benjamin Lucas ?
14:33 C'est un sale type, je n'ai pas d'autres mots.
14:35 Il y a privé des gamins, des familles qui ne pourront pas partir en vacances d'un dispositif
14:41 qui permet d'avoir un peu de répit, un peu de bonheur dans la journée, de s'aérer,
14:44 de se baigner un peu et de compenser le fait qu'on ne parte pas de chez soi mais au moins
14:48 de pouvoir à quelques mètres de son appartement, de son logement, profiter de l'été.
14:53 Franchement, ce n'est même pas démagogique, c'est vraiment une proposition qui est sale,
14:58 qui est moche et qui je pense fait du mal à ce qu'est notre pacte républicain.
15:00 Merci beaucoup, merci à vous deux d'avoir été les invités du 13-14.
15:04 Cécile Cotreau de Lunatte et le député écologiste des Yvelines, Benjamin Lucas.
15:08 Bonne journée à vous deux.