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  • 12/07/2023
Dans cette série de 10 documentaires, Oliver Stone nous dévoile l’histoire contemporaine des Etats-Unis comme elle ne nous a encore jamais été encore racontée.
Ce nouvel opus du grand cinéaste engagé remet en question l’idéal américain tel qu’il est présenté officiellement dans les livres scolaires depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

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00:00 Le jour où les Allemands se sont rassemblés.
00:04 Le jour où les Allemands se sont rassemblés.
00:09 Le jour où les Allemands se sont rassemblés.
00:13 Le jour où les Allemands se sont rassemblés.
00:18 Ces Allemands ont échoué par des dizaines de milliers
00:20 jusqu'à ce que les communistes aient cassé leur mur de haine.
00:23 L'assaut a commencé sur le dictat de Fidel Castro.
00:27 Cette génération d'Américains
00:39 a déjà eu assez,
00:41 plus que suffisamment,
00:42 de guerre,
00:43 de haine
00:44 et d'oppression.
00:47 Le jour où les Allemands se sont rassemblés.
00:49 J'ai marché entre les jeunes hommes désespérés,
00:51 rejetés et en colère.
00:54 Je leur ai dit que les cartels Molotov et les armes
00:58 ne résolveraient pas leurs problèmes.
01:01 Mais ils m'ont demandé, et c'est bien ainsi,
01:04 "Qu'est-ce qu'il y a de Vietnam ?
01:06 Si l'esprit d'Amérique devient totalement pausé,
01:10 une partie de l'autopsie doit lire le Vietnam.
01:14 Une nation qui continue, année après année,
01:18 à dépenser plus d'argent en défense militaire
01:21 que dans des programmes d'élevément social,
01:24 approche de la mort spirituelle.
01:27 Ce besoin de maintenir la stabilité sociale
01:30 pour nos investissements
01:32 compte pour la contre-révolutionnaire
01:34 de l'action des forces américaines au Guatemala.
01:37 Cela explique pourquoi les hélicoptères américains
01:40 sont utilisés contre les guerrillas en Cambodgie,
01:43 et pourquoi les forces américaines napalm et green beret
01:46 ont déjà été actives contre les rebelles au Pérou.
01:50 Ils se demandent si notre propre nation
01:53 n'utilisait pas des doses massives de violence
01:57 pour résoudre ses problèmes,
02:00 pour amener les changements qu'elle voulait.
02:03 Leurs questions se sont rendues,
02:06 et je savais que je ne pourrais plus
02:08 évoquer la violence des oppressés dans le ghetto.
02:12 Sans avoir parlé clairement
02:15 de la plus grande violence de la vie au monde.
02:19 Ma propre gouvernement.
02:23 Deux jours après son arrivée à la Maison Blanche,
02:31 la veille de l'enterrement de Kennedy,
02:33 Lyndon Johnson organise une réunion
02:35 avec ses conseillers militaires.
02:37 Il leur annonce qu'il ne lâchera pas le Vietnam,
02:40 et qu'il n'est pas d'accord avec la décision de Kennedy
02:43 de retirer les troupes.
02:45 Deux jours plus tard,
02:47 il publie un nouveau mémorandum
02:49 annonçant que les États-Unis continuent la guerre.
02:53 Sous ses aspects primitifs,
02:58 sa vision de la politique étrangère
03:00 est plus profonde qu'il n'y paraît.
03:03 Il y a 3 milliards d'êtres humains sur Terre
03:05 et 200 millions d'entre eux seulement vivent aux États-Unis.
03:08 Nous ne représentons qu'un quinzième de la population mondiale,
03:11 mais rien n'est perdu.
03:12 Nous allons faire avec ce que nous avons,
03:14 parce que nous avons ce qu'ils veulent.
03:17 Mais de qui parle-t-il ?
03:20 Son analogie est peut-être obscure,
03:22 mais il semble dire tout simplement
03:24 que la lutte n'oppose pas les pays communistes et non communistes,
03:27 mais plutôt les pays développés et le Tiers-Monde.
03:31 Johnson abandonne les tentatives de réforme de Kennedy
03:34 pour appliquer la doctrine Mann.
03:37 Selon celle-ci, les pays d'Amérique latine
03:40 seront jugés en fonction de leur aptitude à protéger
03:42 les 9 milliards de dollars investis par les États-Unis
03:45 et non en fonction des intérêts de leurs habitants.
03:48 Les États-Unis cesseront donc de pénaliser les dictatures de droite.
03:51 En effet, l'aide militaire est un bien meilleur investissement
03:54 que l'aide économique suggérée par Kennedy.
03:58 Le Brésil, cinquième pays en termes de superficie et de ressources,
04:01 sera le premier à en souffrir.
04:03 En 1964, le nouveau président João Goulart, élu démocratiquement,
04:08 met en place une réforme agraire
04:10 et cherche à contrôler les capitaux étrangers investis dans son pays.
04:14 Et surtout, il reconnaît l'État cubain, dirigé par Fidel Castro.
04:18 C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
04:20 Il est hors de question que quiconque suive l'exemple de Castro.
04:23 Johnson décide alors de diminuer drastiquement l'aide américaine.
04:26 L'inflation atteint des sommets,
04:28 la CIA finance des rassemblements antigovernementaux
04:30 et l'administration américaine incite les officiers de l'armée
04:33 à renverser le gouvernement.
04:35 En moins d'un mois, le nouveau régime procède à l'arrestation de 50 000 personnes
04:39 et la torture devient monnaie courante.
04:41 Pendant les six années suivantes,
04:43 les États-Unis apportent une aide de 2 milliards de dollars au Brésil.
04:46 Le pays entre alors dans une période de 20 années d'un régime militaire répressif
04:50 dont la politique va encore creuser les disparités entre riches et pauvres.
04:54 À partir de ce moment-là,
04:56 les démocraties d'Amérique du Sud tombent les unes après les autres.
05:00 En 1965, Johnson envoie 23 000 militaires en République dominicaine
05:06 pour mettre fin à une émeute populaire
05:09 et pour restaurer l'ordre constitutionnel après un coup militaire,
05:13 comme il le dira à son avocat.
05:15 Il n'y a aucun doute, Castro est derrière tout ça.
05:18 Ils sont présents aux quatre coins du monde et veulent imposer le modèle communiste
05:22 comme ils ont essayé de le faire au Vietnam.
05:26 En Grèce, où la guerre froide a connu ses balbutiements
05:30 et où les États-Unis ont soutenu un gouvernement de droite pendant des années,
05:33 souffle un vent nouveau de démocratie,
05:35 avec le retour au pouvoir de Giorgio Spapandreou,
05:38 un progressiste, un vétéran de la politique.
05:42 Johnson appelle lui-même l'ambassadeur grec et lui dit
05:55 Écoutez-moi bien, monsieur l'ambassadeur,
05:57 que votre Parlement et votre Constitution aillent se faire foutre.
06:01 L'Amérique est un mastodonte.
06:03 Chypre et la Grèce ne font pas le poids.
06:05 Si vous continuez à agacer le mastodonte que nous sommes,
06:08 vous risquez de vous faire écraser.
06:10 Vous serez réduit à néant.
06:12 Vous ne rechignez pas quand mon gouvernement vous envoie des dollars américains.
06:18 Si votre Premier ministre continue de prôner la démocratie,
06:22 son Parlement et sa Constitution auront une durée de vie limitée.
06:27 Il a raison.
06:29 La jeune militaire prend le pouvoir en 1967.
06:32 Les militaires interdisent les minijupes,
06:34 les cheveux longs,
06:35 les journaux étrangers.
06:37 Ils rendent aussi la messe dominicale obligatoire,
06:40 alors qu'ils sont eux-mêmes accusés de nombreuses violences
06:42 et tortures à caractère sexuel.
06:44 Le nouveau Premier ministre,
06:46 un ancien capitaine nazi spécialisé dans la traque des résistants grecs,
06:50 est le premier agent de la CIA à prendre la tête du gouvernement d'un pays européen.
06:55 Mais c'est l'Asie qui oppose le plus de résistances face aux velléités américaines.
07:01 Petit à petit, le Japon devient un État client prospère.
07:05 En octobre 1964, la Chine fait exploser sa première bombe atomique.
07:11 Washington est totalement pris par surprise.
07:16 L'Indonésie, un archipel situé au carrefour des routes maritimes de l'Asie du Sud-Est,
07:21 est la troisième puissance communiste mondiale,
07:24 derrière la Russie et la Chine.
07:26 Son parti communiste national compte 3 millions de membres.
07:30 Sukarno, malgré les diverses tentatives du gouvernement américain pour le destituer,
07:34 déclare qu'il va lui aussi tester une bombe atomique.
07:37 Cette annonce déclenche la colère des États-Unis.
07:40 La Chine refuse pourtant d'aider Sukarno.
07:43 Mais quand celui-ci reconnaît le Nord-Vietnam,
07:46 exproprie les propriétaires américains d'usines à caoutchouc
07:49 et menace de nationaliser les compagnies pétrolières américaines,
07:52 Johnson décide de frapper un grand coup.
07:54 Environ la moitié du corps des officiers indonésiens
07:57 ont reçu une formation auprès de l'armée américaine.
08:00 Ainsi, en octobre 1965,
08:03 la CIA n'a aucun mal à aider le général Suarto
08:06 à diriger les opérations militaires et à néantir les partisans de Sukarno.
08:11 Pendant les mois qui suivent, les milices de Suarto
08:14 massacrent entre 500 000 et 1 million de communistes présumés,
08:17 ainsi que leurs familles.
08:19 Les services secrets anglais, américains et australiens
08:22 fournissent de nombreux noms de communistes présumés aux forces armées.
08:25 Sukarno est démis de ses fonctions en 1967.
08:29 Il est remplacé par le général Suarto.
08:32 Ce dernier en profite pour enrichir sa famille, ses hommes de main,
08:35 l'armée indonésienne et certaines sociétés américaines
08:38 pendant des décennies, avant d'être renversée par le peuple
08:41 emmenée par un mouvement de protestation étudiant en 1998.
08:45 En 1968, la CIA reconnaît que le massacre indonésien
08:50 est l'une des plus grandes tueries du XXe siècle.
08:53 Mike George Bundy, conseiller à la Sécurité nationale du président Kennedy,
08:58 écrit que l'Indonésie était le véritable enjeu de la région.
09:02 D'après lui, du point de vue des intérêts américains,
09:05 la situation en Indonésie était bien plus importante que la guerre du Vietnam,
09:09 qu'il juge inutile.
09:11 Pourtant, à l'échelle de l'histoire, la souffrance de l'Indonésie
09:15 fait pâle figure face aux bains de sang que fut le Vietnam.
09:18 Johnson et ses conseillers ont beaucoup de mal à comprendre
09:22 le passé historique du Vietnam.
09:24 Ils ne comprennent pas non plus la résistance acharnée du peuple
09:27 face aux invasions chinoises et françaises au cours des siècles passés.
09:30 Ils sous-estiment aussi totalement l'aspect nationaliste du mouvement d'Ho Chi Minh
09:34 et pensent qu'il suffit de tuer assez de Vietnamiens
09:36 et de détruire suffisamment leur pays pour qu'ils finissent par se rendre.
09:40 Deux mois seulement après la mort de Kennedy, en janvier 1964,
09:44 Johnson et McNamara augmentent le nombre d'opérations militaires clandestines
09:48 dans le Nord-Vietnam.
09:49 Ils envoient des commandos pour détruire ponts, chemins de fer
09:53 et installations côtières, pour kidnapper des Nord-Vietnamiens
09:56 et pour bombarder des villages frontaliers.
09:58 Johnson était capable de mentir avec une facilité quasiment pathologique
10:03 et il faudra des années, tout comme pour l'Irak en 2003,
10:06 avant que les Américains ne soient informés des origines réelles du conflit vietnamien.
10:10 En août 1964, Johnson et McNamara fabriquent un incident de toute pièce
10:16 dans le golfe du Tonkin au Nord-Vietnam
10:19 et s'en servent d'excuses pour intensifier les combats.
10:22 Johnson se précipite devant le Congrès
10:24 pour obtenir l'intervention immédiate de l'armée américaine.
10:27 Les médias mettent en avant le fait qu'un navire américain a été attaqué.
10:32 Après seulement 40 minutes de débat,
10:34 le Congrès autorise l'entrée en guerre par 416 voix contre 0
10:38 et le Sénat par 88 voix contre 2.
10:40 Quelques jours plus tard, Johnson déclare à son secrétaire d'État adjoint
10:44 "Ces idiots de marins ne faisaient que tirer sur des poissons volants."
10:48 "Et j'aimerais que les Américains se souviennent de ce que c'est que cette résolution."
10:52 "C'est une résolution qui souhaite donner au président des États-Unis
10:57 le pouvoir de faire la guerre sans déclaration de guerre."
11:01 A l'élection de 1964, Johnson écrase le sénateur Barry Goldwater
11:10 qui avait menacé d'utiliser l'arme nucléaire au Vietnam.
11:14 "4, 3, 2, 1, 0."
11:18 "Ce sont les risques. Nous devons aimer l'un l'autre ou mourir."
11:26 "Votez pour le président Johnson le 3 novembre.
11:29 Les risques sont trop élevés pour vous de rester à la maison."
11:32 La réélection est un plébiscite pour la paix.
11:35 Mais rapidement, Johnson intensifie l'intervention américaine.
11:39 Il étend considérablement les zones de feu à volonté
11:42 où tout ce qui bouge devient une cible légitime.
11:45 Il permet aussi à l'armée d'utiliser des grenades au napalm,
11:48 des bombes à fragmentation et du phosphore blanc,
11:51 connu pour brûler les chairs et causer la mort dans d'atroces souffrances.
11:55 [Musique]
12:23 Johnson qui avait menti sur ses intentions est dépassé par les événements.
12:27 En juillet 65, 75 000 combattants avaient été envoyés au Vietnam.
12:32 À la fin 67, ils sont plus d'un demi-million.
12:35 Johnson continue à tirer au sort 35 000 hommes par mois
12:38 dans l'espoir d'accabler le Vietnam.
12:41 Pourtant, quand ses chefs d'état-major lui demandent de leur accorder
12:44 une force de frappe plus importante ou de déclencher la guerre totale,
12:48 un témoin se souvient de la réaction outrée et ordurière de Johnson.
12:52 Que feriez-vous si vous étiez à ma place ?
12:55 Si vous étiez le président des États-Unis et que 5 incompétents
12:58 venaient dans votre bureau pour vous demander de déclarer la 3ème guerre mondiale ?
13:02 Il y a trop de risques !
13:04 Comment pouvez-vous prétendre ne pas savoir ce que la Chine ferait ?
13:07 Vous avez contaminé mon bureau avec votre stupidité congénitale !
13:11 Foutez-moi le camp !
13:13 Les généraux prennent congé.
13:15 Johnson décide alors d'intensifier les bombardements sur le Nord-Vietnam.
13:21 Il explique sa stratégie avec élégance.
13:24 J'y vais petit à petit !
13:26 Et je les choperai par les couilles avant qu'ils ne réalisent quoi que ce soit.
13:30 Les États-Unis larguent 3 fois plus de bombes sur ce petit pays
13:33 que pendant toute la durée de la 2nde guerre mondiale.
13:36 Au sol, conformément à une décision validée par Kennedy,
13:39 entre 5 et 7 millions de paysans sont déportés
13:42 et emmenés de force hors de leur village vers des camps fermés.
13:46 Avec le programme Phoenix, des dizaines de milliers de communistes présumés
13:50 sont assassinés.
13:52 Mais rien ne permet d'endiguer la résistance.
13:54 De plus en plus de civils sont massacrés.
13:57 En effet, en exagérant le nombre de victimes vietnamiennes,
14:00 le commandement militaire américain cherche à convaincre l'opinion publique
14:04 que la base communiste du pays vit ses derniers instants.
14:08 Il faut envoyer toujours plus de soldats pour finir le travail.
14:11 5 gouvernements se succèdent.
14:15 Le dernier parvient à se maintenir grâce à une corruption profondément enracinée.
14:19 [Explosion]
14:22 [Musique]
14:24 [En anglais]
14:31 C'est à ce moment que les campus américains commencent à se réveiller.
14:35 En octobre 1967, a lieu la première altercation violente à l'université de Madison.
14:41 [Musique]
14:43 Johnson est convaincu que ce mouvement anti-guerre est le fait des communistes.
14:47 Il demande à la CIA de trouver des preuves de cette suspicion
14:50 et d'établir une surveillance stricte.
14:52 [Musique]
14:56 L'opération K.O. durera 7 ans et permettra de compiler un fichier informatique
15:00 de 300 000 personnes et organisations,
15:03 ainsi que des dossiers sur pas moins de 7 000 citoyens.
15:06 [Musique]
15:08 En dépit des moyens déployés, aucun lien avec les communistes n'est mis en évidence.
15:13 [Musique]
15:14 Parmi les principales cibles du FBI,
15:17 on compte le docteur et prix Nobel Martin Luther King Junior.
15:21 [Musique]
15:24 [Musique]
15:27 [Musique]
15:54 Les Noirs américains sont au bord de la révolte.
15:57 L'été 67 est l'un des plus violents, avec 75 émeutes.
16:02 Certaines durent plus de deux jours entiers.
16:05 La garde nationale doit intervenir.
16:08 Elle tue, avec l'aide de la police, 26 Afro-Américains à Newark et 43 à Détroit.
16:15 [Musique]
16:22 L'article du magazine Rempart de mars 67 révèle que la CIA finance l'Association nationale des étudiants.
16:29 D'autres groupes libéraux qui servent en fait de façade pour la CIA sont démasqués.
16:35 De nombreux professeurs anticommunistes, journalistes, missionnaires,
16:39 leaders syndicalistes et activistes des droits civiques font le sale boulot de la CIA.
16:45 [Musique]
16:47 Parmi les plus renommés, la fondation Ford, Radio Liberty et le Congrès pour la liberté culturelle.
16:56 Mais McNamara, si rationnel, commence à douter de son action.
17:01 En octobre 1967, 100 000 personnes se rassemblent à Washington.
17:06 La moitié se dirigent vers le Pentagone, mais l'armée leur bloque le passage.
17:11 McNamara, seul en haut d'un poste d'observation, écoute la foule crier au président.
17:16 "Aujourd'hui, combien tu as tué d'enfants ?"
17:20 Isolé au sein du gouvernement, McNamara perd espoir.
17:24 La rumeur selon laquelle il souffre de dépression nerveuse parvient jusqu'à l'oreille de Johnson.
17:30 "On ne veut pas d'un autre timbré comme Forrest Hall."
17:32 Johnson attend une loyauté sans faille de ses collaborateurs.
17:35 Quand McNamara affirme que l'intensification des bombardements ne mènera à rien, Johnson est apasourdi.
17:40 "Je ne veux pas la loyauté, j'exige la loyauté."
17:44 "Je veux que vous me léchiez le cul après une dure journée et que vous me disiez à quel point il sent bon."
17:50 "Je veux que vous soyez à ma botte."
17:52 Pour inciter McNamara à quitter le gouvernement, Johnson le nomme à la tête de la Banque Mondiale.
17:59 Lors de leur dernière réunion, McNamara finit par craquer.
18:04 Cette foutue campagne de bombardement n'a servi à rien.
18:07 Ils ont balancé plus de bombes que dans toute l'Europe pendant toute la Seconde Guerre Mondiale et ça n'a servi à que dalle.
18:15 1968 est une année de grands changements.
18:20 Les Nord-Vietnamiens et le Vietcong décident d'attaquer toutes les plus grosses villes du Vietnam en même temps, le même jour.
18:27 Ces attaques sont vite repoussées, n'ont sans dénormes pertes.
18:31 Mais à Washington, ont réuni un groupe bipartisan de sages, composé d'hommes politiques éminents, qui concluent de manière unanime "il est temps de partir".
18:42 L'égo surdimensionné de Johnson est profondément blessé par le fait que l'on doute de ses qualités de leader.
18:48 Il est en proie à des remises en question internes et externes à son gouvernement.
18:52 En mars 1968, au plus bas dans les sondages, il décide de ne pas se représenter pour un second mandat.
18:59 "I shall not seek and I will not accept the nomination of my party for another term as your president."
19:09 Le pays est sous le choc. Le chef de guerre a renoncé.
19:12 Pour les opposants à la guerre, c'est une grande victoire.
19:15 Mais aux yeux de nombreux Américains et des pays étrangers, alliés ou neutres, les États-Unis apparaissent comme une nation immorale et à la dérive.
19:23 En un mot, le roi est nu.
19:25 Les Chinois n'ont que mépris pour le tigre de papier.
19:28 Johnson se rêvait en grand réformateur et en champion des droits sociaux.
19:32 Mais ses ambitions ont été profondément enterrées dans les tranchées fumantes et ensanglantées du Vietnam.
19:37 Il reviendra sur son échec quelques années plus tard.
19:40 Abandonner mon idée de grande société m'a fait souffrir, bien sûr.
19:50 Mais ce n'était rien à côté du fait de perdre face aux communistes.
19:55 Il n'y avait rien de pire que ça.
19:58 Lyndon Johnson aurait pu être un grand homme, un géant.
20:01 Mais à force de brider sa compassion, il a succombé à cette obsession typiquement américaine, la peur de paraître faible.
20:08 James Garrover, toujours à la tête du FBI, fait tout son possible pour enrayer le mouvement pacifiste,
20:16 en employant les méthodes qu'il applique depuis des années au mouvement des droits civiques.
20:20 À cette époque, de nombreux agents infiltrent les mouvements de gauche.
20:24 Le FBI et la CIA font tout ce qui est en leur pouvoir pour marginaliser les opposants à la guerre et pour salir leur patriotisme.
20:32 Hoover est particulièrement inquiet de voir les opposants à la guerre rallier les rangs des partisans de la libération afro-américaine.
20:39 En effet, la proportion de soldats noirs tués au front est nettement plus importante que celle de soldats blancs.
20:45 Hoover reste persuadé que les communistes sont secrètement associés au mouvement des droits civiques.
20:50 Il s'acharne sur Martin Luther King Jr. et n'assure aucunement sa protection.
20:55 Il va jusqu'à l'encourager à se suicider dans une lettre tristement célèbre, anonyme et haineuse.
21:01 Cet acharnement ne prendra fin qu'avec l'assassinat du Dr. King par un autre tueur fou et solitaire, en avril 68.
21:09 Mais cet incident déclenche de nouvelles émeutes.
21:12 Les frères Berrigan, qui étaient prêtres, sont emprisonnés pour avoir brûlé des listes de conscriptions.
21:17 Des personnalités commencent à exprimer ouvertement leur opinion contre la guerre.
21:21 Notamment Benjamin Spock, le célèbre pédiatre.
21:24 William Sloane Coffin, un aumônier de l'Université de Yale.
21:28 La jeune actrice Jeanne Fonda.
21:31 Ainsi que la star mondiale de la boxe, Mohamed Ali.
21:34 Je ne vais pas aller 10 000 kilomètres pour tuer et tuer d'autres pauvres.
21:39 Si je veux mourir, je vais mourir ici, maintenant, en te battant.
21:42 Tu es mon ennemi, pas un Chinois, pas un Vietcong, pas un Japon.
21:46 Tu es mon opposant quand je veux la liberté.
21:48 Tu es mon opposant quand je veux la justice.
21:50 Tu es mon opposant quand je veux l'égalité.
21:52 Tu veux que je parte et que je me batte pour toi ? Tu ne vas même pas te battre pour moi, ici en Amérique.
21:56 Je déclenche aujourd'hui mon candidat pour la présidence de l'Unité des Nations.
22:02 En 1968, le charismatique Robert Kennedy réussit à capter l'attention d'une jeune Amérique lassée d'entendre parler de la guerre.
22:10 Il prône une Amérique nouvelle, dans la voie tracée par son frère.
22:15 Blanc, noir, métissé, peu importe, Bobby avait le feu sacré.
22:20 Et grâce à lui, l'esprit de réforme était de retour.
22:24 Le pays veut bouger dans une autre direction.
22:27 Nous voulons gérer nos problèmes à l'intérieur de notre propre pays et nous voulons la paix au Vietnam.
22:32 A l'époque, Johnson, qui espère encore être un choix de dernière minute pour les élections présidentielles, a très peur de Kennedy.
22:39 Mais c'est sans compter sur le cruel acharnement du destin contre les frères Kennedy.
22:45 En juin, au soir de sa victoire aux primaires de Californie, Robert est assassiné, dans des circonstances improbables, qui restent obscures jusqu'à aujourd'hui.
22:56 Le tueur est un jeune palestinien dont on sait très peu de choses.
22:59 C'est un véritable drame pour le mouvement réformiste.
23:06 En 1964, les baby-boomers de l'après-guerre commencent à envahir les campus universitaires.
23:14 Ils sont guidés par l'idéalisme et par un refus de l'idéologie de la guerre froide.
23:19 Ils s'opposent pour la plupart aux valeurs conformistes de leurs parents.
23:22 Leur mouvement de protestation résonne dans le monde entier.
23:26 Les étudiants et les travailleurs secouent les grandes nations industrielles.
23:29 De nombreuses manifestations ont lieu à Prague, Tokyo, Berlin-Ouest, Rome et Mexico, et de nombreux étudiants sont massacrés par l'armée.
23:37 Au cours de l'été 68, lors de la Convention démocrate, 10 000 manifestants sont malmenés par la police de Chicago.
23:44 À la télévision, les Américains découvrent une réalité brutale à laquelle le public n'est pas habitué.
23:52 Devant les caméras, les figures de l'autorité deviennent les agresseurs, à la fois à l'autre bout du monde et aux États-Unis.
23:59 Le pays perd sa cohésion.
24:01 Le fossé idéologique qui sépare la gauche anti-guerre et la droite pro-guerre du Vietnam n'est pas sans rappeler celui qui, 100 ans auparavant, avait provoqué la guerre civile et mis le pays à feu et à sang.
24:11 C'est au cœur de cette agitation sociale que l'anticommuniste Richard Nixon est élu à la présidence.
24:21 Il avait amèrement échoué 8 ans plus tôt, contre John Kennedy.
24:25 Et cette fois encore, il a failli perdre.
24:29 Le gouverneur d'Alabama, un républicain partisan de la ségrégation raciale, George Wallace, associé au général Curtis LeMay,
24:38 obtenait encore 21% des voix dans les sondages, un mois avant l'élection.
24:42 Une vraie menace pour Nixon.
24:45 Au point de vue de ce problème de loi et d'ordre, je suis l'unique candidat qui a mis en place un programme précis pour arrêter le ralentissement du crime et pour réinstaller la liberté de l'esprit.
24:58 Il rallie les mécontents de tous bords et devient le candidat de ce qu'il appellera plus tard la majorité silencieuse.
25:04 Le discours de Nixon qui prône le retour à l'ordre trouve un écho favorable chez les électeurs blancs, effrayés par les mouvements de protestation noir et étudiants et par la hausse de la criminalité.
25:13 Il gagne l'élection à l'arraché.
25:16 Nixon a promis la fin imminente de la guerre du Vietnam, sans pour autant expliquer son plan.
25:40 Mais au lieu de faire régner l'ordre, la loi et la paix, il finit par provoquer la guerre, le chaos et le désordre.
25:50 C'est le seul président qui a démissionné.
25:53 Avec l'aide du conseiller à la sécurité nationale, Henry Kissinger, qui deviendra par la suite son secrétaire d'état, il intensifie la guerre et la prolonge pendant sept années.
26:03 La moitié des soldats américains morts durant la guerre du Vietnam ont été tués sous la présidence de Nixon.
26:09 Kissinger dira plus tard.
26:11 Une puissance du quatrième ordre tel que le Vietnam possède nécessairement un point de rupture.
26:16 Il s'acharnera pendant des années à trouver ce point de rupture.
26:19 Le plan secret de Nixon pour mettre fin à la guerre consiste à remplacer les forces armées américaines par des forces armées vietnamiennes, entraînées et armées par les États-Unis.
26:28 Parallèlement, il envisage de bombarder de manière systématique le Vietnam au nord et au sud jusqu'à l'effondrement.
26:34 Nixon établit un parallèle entre son combat et celui d'Eisenhower contre la Corée.
26:39 Selon lui, c'est la menace nucléaire qui avait mis un terme au conflit.
26:42 Nixon se vantait auprès de l'un de ses assistants.
26:45 C'est la théorie de l'homme fou.
26:48 Nous allons leur faire croire que je suis obsédé par les communistes et que je frôle la folie quand je m'énerve, au point de vouloir dégainer l'arme atomique.
26:56 Dans deux jours, Ho Chi Minh sera à Paris et me suppliera de lui accorder la paix.
27:00 Deux mois après son arrivée au pouvoir, Nixon lance une campagne secrète de bombardement au Cambodge pour détruire les bases militaires des nord-vietnamiens.
27:09 Il se donne beaucoup de mal pour mettre à exécution ses plans dans le dos du Congrès.
27:13 La plupart des équipages engagés dans les attaques croient bombarder des cibles situées au sud-vietnam.
27:19 Les américains sont très mal informés sur la situation.
27:23 Mais parfois, à l'occasion de fuite dans la presse, la vérité éclate.
27:28 Ainsi, en novembre 1969, le journaliste Seymour Hersh révèle qu'un an et demi auparavant,
27:34 les forces armées américaines ont massacré 500 habitants du village de Mai Lai, surnommé Pingville, la ville rose, pour ses liens avec l'ennemi.
27:42 Des bébés, des femmes enceintes et des personnes âgées avaient été mutilés et scalpés.
27:54 Pas un coup de feu n'avait été tiré contre l'armée américaine.
27:58 Illustrant la mentalité de l'époque et la déshumanisation progressive du peuple américain,
28:05 qui rappelle l'attitude des États-Unis vis-à-vis du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale,
28:09 un sondage rapporte que 65% des américains interrogés ne sont pas dérangés par la révélation du massacre.
28:16 Le seul officier condamné reçoit un pardon partiel de la part de Nixon, soutenu par une opinion publique franchement favorable.
28:24 Le raisonnement belliqueux de Nixon n'a pas de limites.
28:27 A l'automne 1969, il planifie avec Kissinger une violente attaque nucléaire.
28:32 Cependant, il est arrêté dans son élan lorsque des millions d'américains répondent au moratoire pour mettre fin à la guerre.
28:39 750 000 manifestants se réunissent à Washington en novembre en signe de protestation.
28:44 Malgré cela, Nixon maintient les forces militaires au Vietnam en alerte.
28:49 Il envoie 18 bombardiers B-52 équipés de missiles atomiques en direction des zones glacées de l'Union soviétique.
28:55 Son but est de forcer les Russes à convaincre les Nord-Vietnamiens d'accepter la paix.
29:00 Sans succès.
29:02 L'Edouard prend la tête du pays à la mort d'Ho Chi Minh en 1969.
29:10 Il confiera par la suite à un journaliste que les États-Unis l'ont menacé 13 fois d'utiliser l'arme nucléaire,
29:15 sans parvenir à le faire changer de cap politique.
29:18 Même si les Vietnamiens vont payer très cher leur indépendance,
29:23 ils ont rapidement compris un principe fondamental que les dirigeants américains auront du mal à saisir.
29:28 Le ministre des Affaires étrangères vietnamien l'expliquera plus tard.
29:32 "Nous savions qu'il ne pouvait pas rester indéfiniment au Vietnam,
29:35 mais le Vietnam, lui, allait rester au Vietnam, quoi qu'il arrive."
29:39 En effet, l'objectif des Vietnamiens est l'indépendance,
29:42 peu importe le temps, les vies et les territoires qu'il faudra sacrifier pour l'obtenir.
29:47 100 ans auparavant, le 6e président des États-Unis, John Quincy Adams,
29:51 avait prévenu qu'une nation ne devait surtout pas aller chercher à l'étranger des monstres à détruire.
29:57 C'est au Vietnam que les États-Unis ont débusqué le monstre ultime.
30:02 Un pays qui ne pourrait jamais être battu,
30:04 car il luttait pour protéger son propre territoire d'une invasion étrangère.
30:08 Si les États-Unis gagnent les principales batailles, ils ne gagneront jamais la guerre.
30:13 D'après ses avocats, parmi lesquels on compte John Dean,
30:17 Nixon était obsédé par les opposants à la guerre
30:20 et devait souvent brider son bellicisme pour minimiser la controverse.
30:24 Il fuit dans l'alcool et regarde en boucle le film Patton.
30:30 Les Américains aiment les gagnants et ne tolèrent pas les perdants.
30:35 Les Américains jouent pour gagner tout le temps.
30:38 Je ne donnerais pas un coup de fouet pour un homme qui a perdu et qui a rien fait.
30:43 C'est pourquoi les Américains n'ont jamais perdu et ne perdront jamais la guerre.
30:49 Parce que le très pensement de perdre est hétérose pour les Américains.
30:56 En avril 1970, Nixon annonce une invasion terrestre du Cambodge,
31:00 menée par les forces armées américaines et vietnamiennes.
31:03 Elle vise à détruire les bases militaires à la frontière du Cambodge et du Vietnam.
31:07 Six étudiants sont tués par la garde nationale à l'université de Jackson State au Mississippi
31:12 et de Kean State dans l'Ohio.
31:14 Quatre millions d'étudiants, 350 000 membres du corps enseignant,
31:18 plus de 400 campus font grève ou ferment leurs portes.
31:23 30 bâtiments du corps d'entraînement des officiers de réserve sont la cible d'incendies ou de bombes
31:28 et 700 universités doivent gérer des manifestations de toutes sortes.
31:32 Kissinger décrit Washington comme une ville assiégée avec un gouvernement qui a perdu ses repères.
31:38 La guerre aérienne s'intensifie.
31:42 Nixon déclare en 1970
31:45 "Je veux que tous nos avions en état de marche aillent leur mettre une raclée."
31:51 Parlant comme un gangster et non comme un homme d'état,
31:54 Kissinger ordonne alors de bombarder tout ce qui bouge.
31:57 Ses propos sont dignes de certains accusés au procès de Nuremberg.
32:01 Quand Nixon démissionne, il doit faire face aux accusations et répond.
32:08 À ce moment-là, le Cambodge a subi cinq années de bombardements massifs
32:16 et une guerre civile acharnée.
32:19 Des centaines de milliers de Cambodgiens, civils pour la plupart, ont été tués.
32:24 Pendant cette période, l'Ekmer Rouge, une organisation de communistes rebelles,
32:30 utilise ces atrocités pour recruter massivement,
32:33 notamment parmi les paysans les plus en colère.
32:35 En 1975, ils prennent le pouvoir précipitant la chute de la dictature militaire corrompue
32:41 et soutenue par les États-Unis.
32:43 C'est le début de la guerre.
32:47 Le Cambodge est un des plus grands pays de l'Union Européenne.
32:50 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
32:53 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
32:56 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
32:59 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:02 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:05 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:08 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:11 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:15 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:17 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:20 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:23 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:26 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:29 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:32 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:35 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:38 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:41 Il est le plus grand pays de l'Union Américaine.
33:45 Le journal de l'armée américaine en 71
33:47 révèle que les conditions de vie des troupes envoyées au Vietnam
33:50 n'ont d'égal que celles des poilus français dans les tranchées pendant la première guerre mondiale.
33:54 Ou celles des russes, quand leur armée s'est effondrée en 1917.
33:58 Pourtant, Nixon persiste.
34:03 Alors qu'il continue à bombarder le Cambodge
34:07 et qu'il bombarde aussi en secret le Laos depuis 1964,
34:12 il décide de bombarder les villes nord-vietnamiennes
34:14 pour la première fois depuis 1968.
34:17 De très nombreux civils sont tués.
34:20 Après sa victoire écrasante en 72
34:26 face à George McGovern, opposant à la guerre,
34:29 il lance une campagne massive de bombardements pendant les fêtes de Noël.
34:32 Ces bombardements, les plus intensifs depuis le début de la guerre,
34:36 doivent durer 12 jours.
34:38 L'opinion internationale est outrée.
34:42 Un accord de paix est signé à Paris le mois suivant.
34:45 Cet accord est quasiment le même que celui proposé à Lyndon Johnson en 68
34:49 et que Nixon avait saboté pour emporter l'élection.
34:52 Les Etats-Unis acceptent de payer plus de 3 milliards de dollars
34:55 au nord-Vietnam en réparation.
34:58 Avant de changer d'avis quelques années plus tard.
35:01 Cet accord promet que des élections seront organisées.
35:05 Mais le sud-Vietnam opposera son veto pendant un an et demi.
35:10 Nous avons conclu aujourd'hui un accord
35:12 pour terminer la guerre et amener la paix et l'honneur au Vietnam
35:16 et à l'est de la France.
35:18 Nixon rapatrie des derniers soldats en mars 73.
35:21 Comme en Irak et en Afghanistan,
35:23 les Etats-Unis vont investir énormément d'argent
35:26 pour entraîner et équiper les alliés du gouvernement corrompu du sud
35:29 qui doivent maintenant se battre seuls.
35:31 C'est peine perdue.
35:33 La théorie du fou ne servira à rien non plus.
35:38 En avril 73, il cherche en vain à gagner du temps
35:40 pour aider l'armée sud-vietnamienne.
35:42 Il envisage alors le plus gros bombardement de toute la guerre du Vietnam
35:46 qui ne doit épargner aucune région.
35:49 Mais les révélations du Watergate l'obligent à révoquer l'ordre.
35:54 La guerre dure encore deux ans
35:56 jusqu'à ce que l'armée sud-vietnamienne finisse par perdre la face et s'enfuir.
36:00 Les forces du nord-Vietnam envahissent Saigon en avril 1975.
36:07 Certaines images troublantes restent aujourd'hui encore gravées
36:10 dans la mémoire collective américaine.
36:12 Par exemple ces populations sur les routes,
36:16 ces soldats sud-vietnamiens déserteurs précédés par leurs officiers,
36:21 ou ces Marines de l'ambassade américaine
36:25 passant à tabac leurs anciens alliés vietnamiens
36:28 qui tentent de s'enfuir par le toit de l'ambassade
36:30 pour profiter des derniers hélicoptères.
36:32 Ces images apporteront de l'eau au moulin des radicaux
36:36 qui comme Nixon estiment que ce sont les médias
36:39 qui ont rendu l'opinion publique défavorable à la guerre.
36:42 Pendant ce temps, Nixon empêtré dans le scandale du Watergate
36:46 nourrit une grande paranoïa vis-à-vis de ses ennemis aux Etats-Unis.
36:49 Certaines révélations pourraient mettre en lumière
36:53 des agissements illégaux à plusieurs niveaux.
36:55 Son comportement devient de plus en plus imprévisible.
36:58 Son secrétaire à la défense demande au chef militaire
37:01 de ne plus obéir à ses ordres.
37:04 L'administration est au bord de l'effondrement.
37:06 C'est ainsi que Nixon évite la destitution.
37:19 40 de ses proches sont condamnés
37:22 et certains finissent en prison.
37:24 Nixon, quant à lui, est amnistié par le vice-président Gerald Ford.
37:31 Comme la guerre, Lyndon Johnson et Richard Nixon
37:33 finissent par disparaître des écrans de télévision américains.
37:36 Mais la confiance entre le peuple et ses représentants a été brisée.
37:42 Kissinger, devenu depuis secrétaire d'Etat, s'en sort indemne.
37:46 On lui décerne même le prix Nobel de la paix en 1973
37:51 avec le nord-vietnamien, l'éducto.
37:54 La motion de paix n'étant pas encore adoptée,
37:57 l'éducto a la décence de refuser le prix.
38:00 Les États-Unis prennent le temps de penser leur plai.
38:02 Mais très peu d'hommes politiques à l'époque
38:05 osent prendre position sur les événements récents.
38:08 La théorie des dominos d'Eisenhower est un mythe
38:11 et le virus communiste ne s'est pas propagé.
38:14 La Thaïlande, la Malaisie, Singapour, l'Indonésie, Taïwan,
38:19 les Philippines et surtout le Japon
38:21 continuent à prospérer et prennent place dans le camp des Occidentaux.
38:27 Inquiets de la perte de prestige des États-Unis en Asie,
38:30 Nixon et Kissinger semblent avoir oublié
38:33 les effets pervers de leur soutien aux dictatures.
38:36 Ils se tournent vers l'Amérique latine
38:39 dans le but de réaffirmer la suprématie américaine.
38:42 Les Chiliens vivent en démocratie depuis 1932
38:46 mais leur régime, un modèle du genre,
38:49 ne résistera pas à Nixon et Kissinger.
38:54 Salvador Allende remporte les élections en 1970
38:57 et promet de nationaliser des compagnies américaines
39:00 telles que ITT qui détiennent alors le contrôle de l'économie chilienne.
39:04 Nixon dit au chef de la CIA
39:08 "Faites-moi dérailler leur économie".
39:10 Le Fonds monétaire international
39:12 ainsi que la Banque mondiale dirigée par Robert McNamara
39:15 refusent tous les prêts au nouveau régime chilien.
39:18 La CIA finance les partis d'opposition,
39:23 renforce la propagande et la désinformation,
39:25 distribue des pots de vin et organise des manifestations
39:28 et des attaques contre le gouvernement.
39:30 Enfin, elle ferme les yeux lorsque le plus grand général chilien
39:35 qui avait juré de défendre la démocratie est assassiné.
39:39 Quand Salvador Allende plaide sa cause contre les États-Unis
39:44 devant l'Assemblée générale des Nations unies en décembre 1972,
39:47 il est acclamé par l'auditoire.
39:51 Il signe probablement aussi son arrêt de mort.
39:54 "Nous combattons des forces de l'ombre qui opèrent sans drapeau
39:58 mais opèrent avec des armes puissantes depuis des positions stratégiques.
40:02 Nous sommes des pays potentiellement riches
40:05 mais nous vivons dans la pauvreté.
40:07 Nous courons après des aides et des crédits
40:09 alors que nous sommes de grands exportateurs de capitaux.
40:12 C'est le paradoxe classique du système économique capitaliste."
40:16 La CIA demande aux agents en poste au Chili d'agir.
40:20 Et le 11 septembre 1973, les chefs militaires,
40:23 menés par le général Augusto Pinochet, mettent à exécution leur coup d'État.
40:28 Alors que les forces militaires prennent le pouvoir,
40:30 Salvador Allende adresse un dernier message radio à son peuple
40:33 en direct du palais présidentiel.
40:36 "Ces sont mes dernières mots.
40:37 Je suis certain que si vous me le demandez, je ne vous le ferai pas.
40:42 Je suis certain que je vais au moins donner la parole à un député moral
40:47 qui va chanter la zélonie, la cobardie et la trahison."
40:52 Salvador Allende se suicide avec un fusil offert par Fidel Castro.
40:57 Pinochet prend les rênes du pays.
40:59 Sa jungle fait disparaître environ 3200 opposants
41:02 et torture des dizaines de milliers d'innocents.
41:04 Ce règne de la terreur est encore connu aujourd'hui sous le nom de caravane de la mort.
41:08 Pour le peuple chilien, le 11 septembre 1973 a une signification bien plus tragique
41:14 que le 11 septembre 2001 pour les Américains.
41:17 Cette date marque la mort de leur démocratie.
41:20 L'Argentine est le prochain pays sur la liste.
41:25 Une guerre acharnée menée contre des partisans de gauche,
41:28 de 76 à 83, fait entre 9000 et 30000 morts ou disparus.
41:33 Le gouvernement de Pinochet au Chili est rapidement reconnu par la communauté internationale
41:38 et reçoit même des aides.
41:40 Pinochet restera au pouvoir jusqu'en 1988.
41:44 Les services secrets chiliens sont dirigés par le colonel Manuel Contreras
41:49 qui deviendra par la suite un agent employé par la CIA.
41:52 Il organise des escadrons de la mort
41:54 qui chassent les opposants politiques à travers l'Amérique latine, l'Europe et les Etats-Unis.
42:00 Les hommes de Contreras envoient des agents à Washington
42:03 pour tuer un ancien diplomate chilien qui critiquait trop ouvertement le régime.
42:07 Opération Condor, un réseau criminel soutenu par les gouvernements de droite du Chili,
42:13 de l'Argentine, de l'Uruguay, de la Bolivie, du Paraguay et du Brésil est mis en place.
42:19 Les escadrons de la mort traquent et assassinent plus de 1300 dissidents en exil.
42:27 Des centaines de milliers d'individus sont envoyés dans des camps de concentration.
42:31 Les Etats-Unis servent d'intermédiaire pour faciliter les communications
42:35 entre les chefs des différents services secrets.
42:37 C'est ce qu'on apprend dans un rapport interne de la CIA déclassé en 2007.
42:42 Sous la direction de James Angleton, le chef des services secrets,
42:47 obsédé par l'idée que l'Union soviétique voulait infiltrer son organisation
42:51 et prendre le contrôle du monde,
42:53 la CIA a mis en place et utilisé des forces de police étrangères
42:56 ainsi que des unités antiterroristes.
42:58 Elle aurait aussi permis l'entraînement d'environ 800 000 soldats et officiers de police dans 25 pays
43:06 et d'agents de diverses polices secrètes et d'escadrons de la mort.
43:10 Au cours de cette décennie marquée par le Watergate et la guerre du Vietnam,
43:16 les premières commissions d'enquête parlementaires sur les véritables activités de la CIA
43:20 donnent le tournis à l'Amérique.
43:25 Quel genre de pays sommes-nous devenus ?
43:26 La réponse est assez dérangeante.
43:29 L'Amérique est divisée entre la droite et la gauche,
43:34 ainsi qu'entre l'arrière-garde et la jeunesse.
43:37 Mais les Américains voient leur niveau de vie s'améliorer
43:40 et les codes moraux et sexuels les plus stricts s'estompent.
43:43 L'impôt pour financer la guerre est suspendu
43:46 et la conscription est mise au placard.
43:48 Si ceux qui pouvaient se payer des études secondaires n'ont pas eu à partir au Vietnam,
43:54 la classe ouvrière, en revanche, n'a pas eu cette chance.
43:57 La plupart des Américains profitent confortablement des fruits de la croissance économique des années 60.
44:03 Mais cette prospérité est pourtant due en partie à la vente massive d'armes de guerre
44:07 et aux complexes militares ou industriels.
44:09 Sur 12 000 hélicoptères produits, 5000 ont été détruits au Vietnam.
44:14 Entre 1951 et 1965,
44:17 l'État de Californie reçoit 67 milliards de dollars en contrat de défense
44:23 pour revitaliser l'économie de l'Ouest américain.
44:25 L'État emploie énormément de main-d'œuvre et crée de nouvelles villes.
44:29 Une des conséquences directes de cette politique
44:32 est la redistribution des forces du Congrès.
44:34 Les nouveaux représentants doivent leur place au sein du gouvernement
44:37 aux relations privilégiées qu'ils entretiennent avec l'industrie de l'armement.
44:41 Comme plus tard avec la guerre en Irak et en Afghanistan,
44:47 le gouvernement parvient à financer la guerre en faisant fonctionner la planche à billets.
44:52 Ce qui fragilise la conversion dollar/or et dévalue le dollar.
44:56 Le déficit passe de 3 milliards dans les années 60 à 25 milliards en 1968.
45:03 La spéculation est en plein essor.
45:07 Les paradis fiscaux sont de plus en plus recherchés.
45:10 Les réinvestissements productifs sont retardés.
45:13 La corruption fait des ravages au Vietnam
45:15 où les États-Unis envoient des marchandises par cargaison entière
45:18 pour approvisionner les zones de guerre.
45:20 De gigantesques bases militaires
45:22 avec en leur cœur des centres commerciaux géants appelés des PX
45:26 poussent comme des champignons dans les zones reculées.
45:28 Ces petits Las Vegas nourrissent la population locale
45:31 des mêmes ambitions consuméristes que les occidentaux.
45:34 Voitures, réfrigérateurs, téléviseurs,
45:37 tout est disponible au marché noir
45:39 et provoque des distorsions économiques dans les pays du tiers-monde.
45:42 Des armes commencent à disparaître,
45:45 dérobées par les civils et les soldats américains
45:48 qui les revendaient différemment aux plus offrants,
45:50 vietnamiens du sud ou du nord.
45:52 Les scandales financiers finiront comme dans toutes les guerres
45:55 par être étouffés dans les débris et le chaos.
45:58 Pourtant, aux États-Unis,
46:00 certains signes de mauvais augure ne trompent pas.
46:02 Les industries se délocalisent
46:04 dans des pays en développement
46:06 ou dans des régions où les syndicats sont moins puissants,
46:09 alors que les vieilles villes industrielles du nord
46:11 souffrent du chômage, du manque de logements et d'écoles
46:14 et de la recrudescence des trafics de drogue.
46:17 Non seulement les salaires stagnent,
46:19 mais diminuent pendant les 30 années à venir,
46:21 tandis que les conditions de vie des classes moyennes et ouvrières
46:24 se dégradent peu à peu.
46:26 En 1971, Nixon met fin à l'étalon or à 35 dollars l'once
46:31 et abroge le traité de Bretton Woods
46:33 qui gouvernait l'alliance économique d'après-guerre.
46:36 L'OPEP, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole,
46:41 décide de punir les États-Unis
46:43 d'avoir soutenu Israël pendant la guerre du Kippour en 1973.
46:46 Le prix du pétrole est multiplié par 4 dans l'année qui suit.
46:49 Les États-Unis, qui jusque dans les années 50
46:52 en produisaient suffisamment pour subvenir à leur consommation,
46:55 doivent désormais importer un tiers de leur pétrole.
46:58 Le pays entre alors dans le cercle vicieux des inflations et des récessions.
47:04 La bourse profite de cette bulle économique spéculative.
47:07 Ce système financier délétère et volatile
47:09 atteint son apogée juste avant la crise en 2008.
47:14 La guerre du Vietnam met fin à la dernière période de réformes politiques et sociales significatives
47:18 qui a eu lieu aux États-Unis.
47:20 Notre pays est-il devenu un colosse au pied d'argile, vivant à crédit ?
47:26 Cette question agite l'inconscient collectif de l'Amérique tout au long des années 70
47:32 et même encore pendant les années 80 et les années 90.
47:36 Les États-Unis ne retrouveront leur position de leader
47:41 qu'après la chute du régime soviétique.
47:43 Les États-Unis ont perdu la guerre du Vietnam.
47:49 Mais comme le souligne le linguiste, historien et philosophe Noam Chomsky,
47:53 nous avons appelé cela une défaite car nous n'avions pas atteint nos objectifs absolus.
47:58 Ces objectifs devaient nous mener à une situation proche de celle des Philippines.
48:03 Ça, nous n'y sommes pas parvenus.
48:06 Mais nous avons atteint nos objectifs principaux.
48:10 Détruire le Vietnam et partir.
48:12 Il écrit également que le pays, ayant été détruit,
48:17 l'exemple de la guerre du Vietnam ne sera jamais répété.
48:21 Quand McNamara, plus âgé et plus sage, retourne au Vietnam en 1995,
48:29 il réalise avec stupeur que malgré les estimations américaines de l'époque,
48:33 ce ne sont pas deux millions de Vietnamiens qui sont tombés sous les bombes
48:38 mais près de 4 millions.
48:40 En comparaison, seulement 58 000 Américains ont été tués au combat.
48:46 Les États-Unis ont détruit 9 000 villages sur les 15 000 que compte le sud du pays.
48:52 Dans le nord, les six principales villes industrielles ont été détruites.
48:57 28 villes de province sur les 30 et 96 petites villes sur 116.
49:03 Des mines tapissent encore le sol des campagnes.
49:07 Et 64 millions de litres d'herbicides ont été déversés et ont empoisonné les sols.
49:12 Les forêts et leurs flors uniques ont été ravagées.
49:15 Les armes chimiques utilisées ont eu un impact désastreux sur plusieurs générations de Vietnamiens.
49:21 Aujourd'hui encore, de nombreux cas d'empoisonnement sont traités dans les hôpitaux,
49:25 dans les régions où l'agent orange a été utilisé.
49:28 Alors que les fœtus monstrueux sont conservés dans du formol,
49:35 les enfants nés après les événements souffrent de difformité
49:38 et d'un nombre de cancers beaucoup plus élevé que dans le nord.
49:41 Pourtant, ce qui a le plus préoccupé les États-Unis pendant plusieurs années après la fin de la guerre,
49:47 c'est la recherche des 1 300 soldats portés disparus.
49:50 Le gouvernement était convaincu qu'une centaine d'entre eux étaient restés captifs des Vietnamiens du nord.
49:55 On se rappelle des films d'action hollywoodiens de cette période sur le sujet.
50:00 [Tirs]
50:02 [Musique]
50:06 [Cris]
50:08 [Musique]
50:10 Les États-Unis n'ont jamais présenté d'excuses publiques.
50:13 Ils n'ont jamais reconnu le tort et la souffrance qu'ils ont causé au peuple vietnamien.
50:18 Ce n'est qu'en 1995 que Bill Clinton est revenu sur le drame.
50:24 Vingt ans après.
50:27 Après la guerre, les conservateurs américains ont eu du mal à vaincre le syndrome vietnamien.
50:33 C'est même devenu une référence pour évoquer la réticence du gouvernement à envoyer des troupes combattre sur un sol étranger.
50:40 [Cris]
50:42 Pour une guerre qui a marqué toute une génération,
50:45 il est surprenant d'observer à quel point la jeunesse américaine ignore cette période.
50:50 Ce n'est pas un hasard.
50:54 C'est un effort délibéré et systématique pour effacer la guerre du Vietnam de notre conscience historique.
51:01 Les conservateurs ne sont pas les seuls à vouloir édulcorer la réalité.
51:21 Quoi qu'on pense des décisions politiques de l'époque du Vietnam,
51:25 les américains courageux qui ont combattu et qui ont mort là-bas ont eu des motifs nobles.
51:30 Ils ont combattu pour la liberté et la liberté des peuples vietnamiens.
51:36 Aujourd'hui, la vérité sur le Vietnam a été enrobée et aseptisée.
51:41 À Washington, le monument érigé en l'honneur des soldats de la guerre du Vietnam en novembre 82
51:48 est recouvert des noms de 58 272 américains qui sont morts ou qui ont disparu à cette période.
51:54 Le message est très clair. La vraie tragédie reste la mort de ces américains.
52:00 Inclure le nom des presque 4 millions de vietnamiens laotiens et cambodgiens qui sont morts semble impensable.
52:07 La honte du Vietnam sera en partie vengée par les actions de Ronald Reagan,
52:12 des deux présidents Bush et dans une certaine mesure de Barack Obama.
52:18 L'ironie, c'est que la guerre du Vietnam représente la triste apogée de cette génération issue de la seconde guerre mondiale
52:23 comme Johnson, Nixon, Reagan, Bush senior et tous les généraux du haut commandement militaire.
52:29 Ce que les médias de la fin des années 90 appellent la génération grandiose.
52:36 Ce sont pourtant ces mêmes médias qui ont ignoré l'arrogance d'une génération devenue trop sûre d'elle après la victoire de 1945.
52:45 Pour elle, le Vietnam n'était qu'un petit pays, une puissance de quatrième ordre qui serait vaincu facilement.
52:51 De l'Ubris, un mot de la Grèce antique qui signifie l'arrogance, vient la chute.
52:56 Cette guerre, dont les motivations restent obscures, a créé une distorsion économique, sociale et morale démesurée en Amérique.
53:06 Aujourd'hui encore, le Vietnam est un sujet qui polarise autant qu'une guerre civile.
53:12 Beaucoup de dénis, peu de souvenirs et aucun regret.
53:15 Surtout, nous n'avons peut-être rien appris.
53:18 Il faut se rappeler l'histoire, si nous ne voulons pas qu'elle se répète jusqu'à ce que son sens devienne clair.
53:24 Le second président des États-Unis, John Adams, a dit un jour
53:29 "Le pouvoir pense toujours qu'il est dans son bon droit et qu'il accomplit la volonté de Dieu, alors qu'il viole toutes les lois divines."
53:38 C'est pourquoi l'histoire à venir, et les bains de sang qui la jalonnent et qui se reproduisent sans cesse, sont particulièrement tristes.
53:45 Les États-Unis se sont souvent rangés du côté des oppresseurs, en envoyant des aides militaires et financières,
53:52 en lançant des programmes de lutte anti-drogue, en proposant des formations aux forces armées,
53:58 en organisant des exercices militaires conjoints, en installant des bases et parfois en lançant directement des interventions militaires.
54:07 Par cette implication, les États-Unis ont redonné le pouvoir à un réseau de dictateurs,
54:12 dans l'unique but d'exploiter au mieux la main-d'œuvre locale et les ressources naturelles des pays concernés.
54:18 L'Amérique a ainsi suivi le modèle façonné par la France et la Grande-Bretagne.
54:23 Les Américains ne sont pas comme les envahisseurs mongols, qui pillaient, mettaient à sac et violaient.
54:29 Ils sont plus proches des hommes d'affaires et des banquiers, armés de leurs attachées caisses,
54:34 et en apparence inoffensifs, qui asservissent les économies locales au nom de la modernité, de la démocratie et de la civilisation,
54:40 mais surtout dans l'intérêt des États-Unis et de leurs alliés.
54:44 Pendant la guerre froide, les politiciens comme les médias ont éludé la question de la moralité de la politique étrangère des États-Unis,
54:55 en soulignant son aspect bienveillant et en affirmant qu'il fallait combattre le mal par le mal.
55:02 Les Kissinger de ce monde appelaient ce raisonnement la réale politique.
55:06 Pourtant, même après l'effondrement de l'Union soviétique au début des années 90, la politique de notre pays resta inchangée.
55:15 Les États-Unis ont toujours pris le parti des classes les plus aisées et des militaires,
55:21 plutôt que celui des classes ouvrières qui appelaient au changement.
55:25 L'Amérique n'est-elle pas en guerre contre les pauvres du monde, ceux qui se laissent tuer facilement, qui sont des victimes collatérales ?
55:32 Comme nous posions la question au début, cherchions-nous vraiment à combattre le communisme ?
55:39 Ou est-ce que notre véritable motivation était déguisée ou mal comprise ?
55:44 George Kennan, un stratégiste de la politique, a déclaré que la politique de la guerre froide
55:53 était une politique de la liberté et de l'individu.
55:56 George Kennan, un stratège du début de la guerre froide, s'est penché sur le problème dans son mémoire en 1948.
56:03 Selon lui, quand la moitié de la fortune du monde appartient à seulement 6% de la population,
56:10 la jalousie et le ressentiment sont inévitables.
56:13 Notre devoir est de proposer un schéma de relation entre les individus,
56:18 où la disparité peut perdurer de manière décomplexée.
56:22 Kennan écrit que nous devons cesser de nous complaire dans des objectifs utopistes
56:28 tels que les droits de l'homme, l'élévation du niveau de vie et la démocratie universelle.
56:34 Nous allons devoir nous focaliser sur les relations de pouvoir brutes
56:38 et au plus nous oublierons les slogans idéalistes, au mieux nous nous porterons.
56:44 George Kennan, qui vécu jusqu'à 101 ans, était un intellectuel qui ne s'est jamais lancé dans la politique.
56:51 Mais jamais, dans ses rêves les plus fous, il n'aurait pu imaginer que sa doctrine allait être suivie avec autant de zèle sous la présidence barbare de Ronald Reagan.
57:04 Je suis fier d'être américain, où au moins je sais que je suis libéré.
57:10 Parce qu'il n'y a pas de doute, je aime cette terre.
57:15 Dieu bénisse les Etats-Unis.
57:22 (Musique)
57:51 (Musique)
57:56 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
57:59 [SILENCE]

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