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  • 20/06/2023
Laurent Berger quitte ses fonctions de secrétaire générale de la CFDT après 10 ans passés à la tête du 1er syndicat français. Philippe Martinez qui lui aussi vient de quitter son poste de leader de la CGT, revient sur les relations qu'il a entretenues avec Laurent Berger, quelqu'un de "sincère"

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Transcription
00:00 C'est sûrement un bon négociateur.
00:02 Après, on a des différences
00:05 entre la CGT et la CFDT,
00:07 donc forcément, on n'a pas toujours été d'accord
00:11 sur le fond, mais je crois qu'on a réussi
00:15 à dépasser ce qui nous divisait
00:17 pour essayer de travailler ce qui pouvait nous rassembler.
00:20 Le premier semestre de cette année a montré
00:23 qu'on était capables de faire des choses bien ensemble.
00:26 -Alors, justement,
00:27 qu'est-ce qui a fait que c'est quelqu'un
00:30 que vous avez l'air de respecter ?
00:32 -A partir du moment où on est clair
00:34 sur comment on doit travailler ensemble,
00:37 c'est-à-dire là où on est d'accord
00:39 et là où on n'est pas d'accord,
00:41 si on est sincère, ça ne peut que fonctionner.
00:44 C'est quelqu'un qui est sincère.
00:46 Je l'ai dit, on a la même conception
00:48 du rôle de dirigeant.
00:50 C'est quelqu'un qui, quand il dit quelque chose,
00:53 il ne change pas d'avis,
00:55 donc forcément, ça ne change pas.
00:57 Ca ne pouvait que coller sur ces bases-là.
00:59 -Vous avez mené ensemble
01:02 le combat contre la réforme des retraites.
01:05 Est-ce que vous diriez
01:08 qu'il est devenu, aujourd'hui,
01:10 le premier opposant à Emmanuel Macron,
01:12 comme on l'a parfois décrit ?
01:14 -Je sais pas. On nous a...
01:16 On a souvent dit que c'était la CGT,
01:19 les premiers opposants à Emmanuel Macron.
01:22 Ce que je retiens, c'est qu'il n'y a pas eu
01:25 de concurrence entre nous.
01:26 Personne des deux n'a essayé d'avoir
01:29 le leadership de cette mobilisation.
01:31 Ca, c'est plutôt sain.
01:33 En tout cas, ça a été,
01:34 pour certains observateurs,
01:36 une révélation, si je puis dire,
01:38 que la CFDT se mobilise,
01:40 appelle à la grève, appelle à manifester.
01:43 C'est pour ça que certains le qualifient
01:46 de premier opposant à Emmanuel Macron.
01:49 Je crois que c'est plutôt une légende, ça.
01:52 C'est... Il a joué son rôle de syndicaliste.
01:55 Quand quelque chose est bien, il y va.
01:58 Et quand quelque chose n'est pas bien
02:00 et que la négociation se passe mal,
02:02 il s'oppose et il descend dans la rue
02:05 avec d'autres organisations syndicales.
02:07 -Il a dirigé la CFDT pendant 10 ans.
02:09 Ca fera 11 ans, je pense, à la fin,
02:12 quand il va rendre son tablier.
02:14 Comment vous expliquez-vous qu'il ait pu tenir ce syndicat
02:17 en faisant visiblement l'unanimité
02:20 pendant quelques années, puisqu'il a été réélu
02:22 avec de très bons scores en interne ?
02:25 Qu'est-ce qui fait qu'il a réussi à s'imposer
02:27 à la tête de ce syndicat, surtout en succédant à quelqu'un
02:31 qui avait une longue histoire avant lui ?
02:33 -Bon, je pense qu'il est...
02:35 Il est proche des militants.
02:37 Il se déplace beaucoup, il va beaucoup au contact.
02:40 Les syndiqués, c'est valable, je crois,
02:43 dans tous les syndicats, comme mon expérience me montre,
02:47 c'est clair que les syndiqués, les travailleurs et les travailleuses
02:51 ont envie de voir des dirigeants syndicaux à leur côté.
02:54 C'est d'ailleurs ce qui reproche beaucoup au monde politique.
02:58 On les entend beaucoup parler à la télé
03:00 de choses qu'ils ne connaissent pas.
03:02 C'est une de ses qualités.
03:04 Ca va être apprécié par les militants et les syndiqués de la CFDT.
03:08 -C'était d'ailleurs une de ses promesses,
03:10 quand il a été élu, d'être un homme de terrain,
03:13 de continuer à aller sur le terrain.
03:16 Une dernière question.
03:17 Quelle trace, en tout cas, va-t-il laisser ?
03:20 Qu'est-ce qu'il va laisser au syndicalisme français,
03:23 même s'il continuera d'être syndicaliste,
03:25 mais il ne sera plus leader syndical dans les médias ?
03:29 Son passage, en tant que leader syndical de la CFDT,
03:32 va-t-il laisser au syndicalisme français ?
03:34 -Bah, je pense qu'il va laisser
03:39 le fait qu'il a remis en avant,
03:43 et je pense qu'on y a travaillé ensemble,
03:46 l'idée qu'il fallait s'occuper du travail,
03:48 et pas uniquement de l'emploi et du chômage,
03:51 comme le font le président de la République
03:53 et le gouvernement.
03:54 Parler du travail, c'est s'intéresser à la vie des gens.
03:58 Je pense que remettre la notion du travail
04:01 sur le devant de la scène, c'est quelque chose d'important,
04:05 surtout dans la période, avec les enjeux environnementaux,
04:08 l'évolution du travail, avec le télétravail.
04:11 C'est un des faits marquants de ces 10 années.
04:13 Je l'ai connu que 8 ans à la tête de la CFDT,
04:16 mais c'est un des faits marquants de cette période.
04:19 -Et pour son syndicat, il a un effet
04:21 de premier syndicat de France.
04:23 Qu'est-ce qu'il...
04:24 Est-ce que vous pensez qu'il aura marqué profondément
04:28 l'histoire de son syndicat ?
04:29 -Le fait de devenir premier syndicat,
04:31 forcément, ça a marqué.
04:33 En tout cas, moi, ça m'a marqué, personnellement.
04:36 Euh...
04:37 Bah, ça...
04:39 Ca montre, en tout cas, que ce soit du point de vue
04:41 de la CFDT ou de la CGT, et des autres,
04:44 que, contrairement à ce qu'on a pu entendre,
04:46 le syndicalisme a de l'avenir, le syndicalisme n'est pas mort.
04:50 Et la dernière période nous montre que,
04:52 contrairement aux politiques, la cote des syndicats
04:55 a beaucoup augmenté. On a fait, à la CFDT comme à la CGT,
04:58 des dizaines de milliers d'adhésions.
05:00 Donc, le syndicalisme a de l'avenir,
05:03 grâce à nos combats communs.
05:05 -Merci beaucoup.

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