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  • il y a 2 ans
Des images analysées par Le Monde Afrique et des conversations audio exclusives lèvent le voile sur l’organisation de ces hommes de main, proches du pouvoir sénégalais.

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Transcription
00:00 Jeudi 1er juin 2023, c'est le chaos dans Dakar au Sénégal.
00:05 Ousmane Sonko, le principal opposant,
00:09 vient d'être condamné à deux ans de prison ferme
00:12 pour corruption de la jeunesse.
00:14 Des manifestants en colère lancent des pierres sur les forces de l'ordre
00:19 qui répliquent à coups de gaz lacrymogènes.
00:22 Les images laissent aussi voir ces hommes en civil.
00:27 Certains sont armés de machettes, d'autres de fusils.
00:31 La plupart sont cagoulés.
00:33 Des civils armés, déjà présents lors des émeutes de mars 2021,
00:39 après la convocation d'Ousmane Sonko au tribunal.
00:42 À l'époque, le gouvernement sénégalais expliquait
00:46 que ces hommes étaient des policiers en civil.
00:49 Des femmes et des hommes valeureux qui s'habillent en tenue,
00:53 mais aussi à leur côté et pour des raisons évidentes
00:56 de recherche de l'efficacité en tenue civile.
00:59 Deux ans plus tard, le discours officiel a changé.
01:03 Alors qui sont ces civils armés ?
01:16 Pour qui travaillent-ils ?
01:17 Des images analysées par Le Monde et des conversations audio exclusives
01:22 lèvent le voile sur l'organisation de ces hommes de main
01:26 proches du pouvoir sénégalais.
01:29 Sur cette vidéo publiée sur Twitter,
01:36 cet homme au t-shirt rouge est équipé d'un fusil d'assaut.
01:41 Il tire.
01:43 Les forces de l'ordre, ici, à bord de ce pick-up,
01:47 ne manifestent aucune intention de l'interpeller.
01:50 Sur trois autres vidéos, le même homme.
01:55 Il réapparaît descendant d'un de ces pick-up blancs,
01:59 à bord duquel on aperçoit également des membres de la police.
02:03 Il semble faire partie intégrante de l'équipe de maintien de l'ordre.
02:07 Ici, on le voit récupérer une arme d'un homme coiffé d'une casquette de police.
02:14 Et pourtant, c'est l'exemple de cet individu
02:16 que la police a utilisé lors de sa conférence de presse
02:19 pour parler de manifestants instrumentalisés par l'opposition.
02:23 -Ce sont des images qui montrent des personnes détentrices d'armes à feu.
02:29 On a bien fait, tout à l'heure, de préciser qu'il s'agit, bien évidemment,
02:34 d'armes de guerre,
02:36 détenues parfois par des profanes
02:41 qui peuvent, de par la non-maîtrise de l'arme,
02:46 commettre des faits dommageables.
02:49 -Pourtant, en 2021, le pouvoir avait lui-même reconnu
02:55 avoir recours à des hommes en civil et armé.
02:58 Certains ont été filmés lors des manifestations au Sénégal,
03:03 comme le 3 mars 2021.
03:05 Ce jour-là, l'opposant Ousmane Sonko est interpellé
03:09 sur le chemin du tribunal.
03:10 Des émeutes éclatent,
03:12 des hommes de main en civil et armé sont aussitôt déployés par le pouvoir.
03:17 Sur cette vidéo, plusieurs d'entre eux apparaissent
03:20 juste à côté du directeur de la Sûreté urbaine,
03:23 une des plus hautes autorités de la police sénégalaise.
03:27 Pendant les opérations,
03:30 ces hommes étaient transportés dans ces pick-up,
03:33 des véhicules banalisés
03:35 que les forces de l'ordre officiel semblent laisser intervenir.
03:39 Parmi ces civils, collaborant avec la police,
03:43 le Monde a repéré cet homme en veste bleue.
03:47 Il apparaît sur plusieurs vidéos partagées sur les réseaux sociaux.
03:51 On le retrouve sur cette autre vidéo au moment où il descend d'un pick-up.
03:57 Nous sommes juste devant le siège de l'APR,
04:00 le parti du président Macky Sall.
04:03 Voilà la rue que nous reconnaissons grâce à ce bâtiment.
04:06 Le Monde a obtenu les enregistrements
04:11 d'une conversation d'un des hommes de ce convoi.
04:14 Lutteur professionnel, il raconte avoir été payé
04:17 par des responsables proches du pouvoir
04:20 pour assurer ses missions de maintien de l'ordre.
04:22 - On travaille, on travaille, on travaille.
04:25 Les hommes, ils n'ont pas de travail, ils sont en prison.
04:30 Ils ne peuvent pas se reposer, ils sont en prison.
04:33 Ils sont en prison.
04:35 Nous sommes tous ensemble, tous des hommes de l'ordre.
04:39 - Il y a des hommes qui sont en prison,
04:42 mais il y a des hommes qui sont en prison.
04:45 Il y a deux hommes qui sont en prison.
04:47 - On était payé 20 000 francs CFA par jour.
04:50 Nous nous retrouvions d'abord au siège du Parti socialiste,
04:54 puis les jeunes de Colobane nous ont repéré.
04:57 Ce n'était pas un endroit sûr.
04:59 On est ensuite allés au siège de l'APR.
05:01 Là-bas, c'était plus sûr comme base.
05:04 - Deux ans plus tard, le siège de l'Alliance pour la République,
05:08 le parti de Macky Sall, semble encore tenir lieu de base.
05:12 Ces pick-up blancs, filmés début juin 2023
05:15 devant le QG du parti, sont du même modèle
05:18 que ceux qui ont transporté des nervis au moment des échauffourées.
05:22 Au coeur des affrontements, ces civiles armées
05:27 ont profité parfois d'un matériel professionnel de maintien de l'ordre.
05:32 Certains, comme ici, sont équipés de lances-grenades Cougar,
05:36 des armes très dangereuses si elles sont mal utilisées
05:39 et qui sont réservées aux forces de l'ordre,
05:42 tout du moins officiellement.
05:45 Sous-titrage ST' 501
05:48 [Musique]
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