Christopher nous explique comment la philosophie l'a sauvé

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À l’âge de 20 ans, Christopher Laquieze découvre la philosophie à la suite d’une grosse dépression. Pour neo, il raconte comment cette discipline a changé sa vie.

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00:00 J'ai découvert la philosophie depuis toujours,
00:02 mais je m'y suis réellement intéressé depuis l'âge de 20 ans,
00:05 à la suite d'une grosse dépression.
00:06 Bonjour à tous, je suis Christophe Erlakiès.
00:08 Je suis auteur, philosophe et conférencier.
00:10 Et je suis aujourd'hui chez Néo pour vous parler de comment est-ce que la philosophie m'a sauvé la vie.
00:14 J'ai eu une enfance qui a été plus ou moins bien, facile.
00:18 C'est-à-dire que j'ai un papa docteur, j'ai une maman qui est infirmière,
00:20 donc je n'ai pas vraiment à me plaindre là-dessus.
00:22 Par contre, j'avais un papa, malheureusement, à l'époque,
00:24 qui travaillait beaucoup, qui n'était pas du tout présent pour moi.
00:26 Et en dehors de ne pas être présent pour moi, il nous dénigrait énormément
00:30 dans le sens où lui avait prédestiné un parcours parfait
00:32 et que moi, je n'avais pas du tout décidé de prendre ce chemin-là,
00:35 vu que par la suite, moi, j'ai quitté l'école à l'âge de 16 ans
00:37 et je suis devenu danseur professionnel.
00:39 J'étais vraiment rentré dans une rébellion parce que j'avais tellement été dénigré
00:42 toute mon enfance que j'avais vraiment besoin de m'exprimer en tant que personne,
00:46 en tant que personne consciente, en fait.
00:48 C'est d'ailleurs ce qu'Hegel appelle la reconnaissance de soi.
00:52 J'avais besoin qu'on me reconnaisse.
00:55 Je quitte l'école et puis après, le parcours fut assez destructif
00:58 dans le sens où j'ai même fini par dormir dans la rue à un certain moment donné.
01:01 J'ai découvert la philosophie depuis l'âge de 20 ans.
01:03 À ce moment-là de ma vie, j'avais l'impression que plus rien n'allait.
01:06 J'avais perdu mon grand-père.
01:08 J'avais plus de rapport avec mes parents.
01:09 La fille que j'aimais, elle m'avait mis de plus que des couteaux dans le dos.
01:13 Et en plus de ça, j'avais intimement eu la conclusion de mon histoire,
01:17 qui était que tout ça, c'était à cause de moi.
01:19 Cette dépression qui m'a amené à l'extrême de moi-même,
01:22 elle m'a permis par la suite de pouvoir avoir une première rencontre
01:25 avec les pensées pour moi-même.
01:27 C'est un livre de Marc Aurel.
01:28 En fait, ce qui m'a le plus marqué en lisant ce bouquin,
01:30 c'est que cette personne, Marc Aurel,
01:32 il faut savoir que c'était un empereur philosophe qui était empereur romain
01:36 à l'époque où l'Empire romain était à son apogée.
01:39 C'est-à-dire que lui, c'était une personne
01:41 qui était une des plus puissantes de son époque.
01:43 Et il a eu un enseignement philosophique autour de la philosophie stoïcienne
01:46 et la dichotomie du contrôle.
01:47 Je peux très bien me dire qu'est-ce qui dépend de moi,
01:49 qu'est-ce qui ne dépend pas de moi.
01:50 Ce qui ne dépend pas de moi, je dois l'accepter.
01:52 Donc, j'ai plus de facilité à accepter les événements difficiles dans ma vie.
01:55 Et ce qui dépend de moi, je peux le contrôler.
01:56 C'est quoi ? Mes actions, mes perceptions, mes idées, mes jugements.
02:00 Tout ça, je peux le contrôler.
02:01 Donc, directement, quand on a affaire à des situations qui sont compliquées à vivre,
02:04 on a plus de facilité à les accepter parce qu'on arrive à séparer les choses
02:08 et utiliser la philosophie de manière pratique.
02:10 J'ai essayé d'apprendre un maximum, de me débrouiller.
02:12 Et au final, je pense aussi que ma force est de ne pas avoir fait d'études
02:15 parce que du coup, j'ai une vision qui est différente.
02:17 Et mon but, c'est de prendre des concepts compliqués,
02:19 de les amener de manière facile pour tout le monde et de manière pratique.
02:23 Donc, je décide de faire des vidéos sur les réseaux sociaux
02:26 pour parler, vulgariser la philosophie.
02:28 Je pense à Spinoza et à sa vision du désir.
02:31 Est-ce que le désir, je dois m'en priver, comme disaient les bouddhistes ?
02:33 Ou est-ce que le désir, c'est un élan, une puissance vitale, comme pensait Spinoza ?
02:37 Eh bien, c'est intéressant parce que plus je vais avoir de vision,
02:40 plus je vais pouvoir savoir ce qui me correspond le mieux
02:42 et l'adapter dans ma vie quotidienne.
02:43 Il y a vraiment deux citations qui m'ont honnêtement très impacté dans ma vie.
02:47 La première, c'est une citation évidemment de Marc Aurel qui disait
02:51 "Une entrave à l'action favorise l'action.
02:53 Ce qui est sur le chemin devient le chemin."
02:55 Ça veut dire quoi ?
02:56 Ça veut dire que lorsque un obstacle se pose sur notre route,
03:01 eh bien, ce n'est pas un obstacle.
03:02 C'est parce qu'on le détermine comme un obstacle qu'il le devient.
03:05 Et c'est pour ça que cet obstacle qui était pour moi cette dépression,
03:08 cette envie de ne plus être présent, eh bien, est devenu mon nouveau chemin
03:12 parce que j'ai été creusé à l'intérieur pour savoir plus d'informations
03:15 sur ce que je pensais de moi, l'histoire que je me racontais de moi.
03:18 Ça a été pour moi le moment de pouvoir aller suivre un nouveau chemin
03:21 grâce à l'obstacle que j'étais en train de vivre.
03:23 En numéro 2, la citation pour moi très importante,
03:26 une de Clément Rosset, qui dit que "Rien n'est plus fragile
03:29 que la faculté humaine d'admettre la réalité,
03:31 d'accepter sans réserve l'impérieuse prérogative du réel."
03:35 Ça veut dire quoi ?
03:36 Ça veut dire que l'être humain a ce besoin constant de dédoubler la réalité.
03:41 Ça a l'air d'être un peu compliqué comme ça,
03:43 mais je n'accepte tellement pas le réel
03:45 que je vais les transformer à travers l'interprétation que je vais faire des choses.
03:48 Un exemple tout simple, lorsque je tombe amoureux de quelqu'un,
03:51 je ne tombe pas forcément amoureux de la personne,
03:53 je tombe amoureux de l'idée que j'ai de la personne.
03:55 Donc le dédoublement que j'en ai fait, l'idéalisation,
03:57 toutes les fleurs, toutes les beautés que je peux mettre autour,
04:00 qui au final me font dire "En fait, cette personne-là, je l'aime, je l'adore",
04:03 alors qu'en réalité, c'est uniquement l'idée que j'en ai.
04:05 Et le jour où je découvre qui est réellement la personne dans le réel,
04:08 je me rends compte que cette idée ne convient pas forcément à ce qu'est la personne.
04:11 Et ça, on le fait dans tous les événements quotidiens de notre vie.
04:13 Et ce qui, moi, m'a permis de pouvoir me couper des jugements
04:16 et de me dire que j'ai le pouvoir de ne pas avoir d'opinion
04:19 et d'aller observer les choses et mettre le monde entre parenthèses.
04:22 [Son de clavier]
04:23 [Générique de fin]
04:25 [SILENCE]

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