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  • 30/05/2023
"Il y a quelques semaines, la majorité nous présente un texte sur le 'bien vieillir', gagé sur la taxe sur les tabacs, pour 7 à 8 milliards de dépenses. Mais notre texte est inconstitutionnel ? Ils se foutent du monde",
juge Bertrand Pancher, président du groupe LIOT à l’Assemblée nationale, député de la Meuse.

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Transcription
00:00 – Et notre invité politique ce matin c'est Bertrand Porcher, bonjour.
00:02 – Oui bonjour.
00:02 – Merci d'être avec nous, député de la Meuse, président du célèbre Goupillote,
00:06 maintenant en liberté indépendant, outre-mer et territoire.
00:10 On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat
00:12 avec la presse régionale, représentée par Stéphane Vernet de Ouest France.
00:15 Bonjour Stéphane.
00:16 – Bonjour, bonjour.
00:17 – Et Bertrand Porcher, demain sera donc examiné en commission à l'Assemblée nationale
00:21 votre proposition de loi pour abroger la réforme des retraites.
00:24 Est-ce que vous pensez que la majorité fera tout pour que le débat n'ait pas lieu ?
00:27 – Oui, c'est très probable, ça a été d'ailleurs malheureusement le cas
00:33 depuis pratiquement le dépôt de ce texte de loi
00:36 avec une accumulation de procédures d'exception
00:40 qui prises séparément peuvent se justifier.
00:42 Mais je rappelle quand même que la Constitution selon le général de Gaulle
00:46 c'est un esprit des institutions et des pratiques
00:50 et le cumul des procédures d'opposition à ce type de texte est vraiment choquant.
00:59 – Choquante ?
01:00 Pour vous l'attitude de la majorité est choquante ?
01:02 – Elle est vraiment choquante, il y a des moments je me demande même
01:05 s'ils sont convaincus de ce qu'ils racontent.
01:07 Quand on se fait attaquer comme ça sur l'article 40,
01:11 alors que ça toujours, c'est-à-dire l'irrecevabilité financière,
01:14 alors que ça a toujours été le cas depuis le début de la Ve République,
01:17 on se demande s'ils se rendent compte de ce qu'ils disent.
01:22 J'ajoute que les conséquences financières de ce texte de loi
01:29 notamment dans le courant de l'année en cours,
01:32 c'est à peine une centaine de millions d'euros
01:37 et cette accumulation de procédures nous concernant
01:44 et qui vise maintenant à faire en sorte que la loi
01:46 ne pourrait ne pas être votée,
01:49 traduit le sentiment de panique généralisée du gouvernement
01:53 et de la majorité relative.
01:55 – Panique ? Pourquoi panique ?
01:56 – Panique parce que d'abord ils n'ont pas gagné la bataille
02:00 de l'opinion publique, on a presque l'impression que plus il s'explique
02:07 et il donne des détails sur le texte, plus il y a d'opposition
02:09 de l'ensemble de nos concitoyens et à cette crise sociale,
02:14 maintenant succès d'une crise démocratique,
02:16 ils ont complètement les pieds dans le tapis avec des Français médusés
02:22 qui se demandent à quoi servent les institutions et le Parlement.
02:25 – Alors justement on va écouter la réponse de Yael Brune-Pivet
02:29 à ce que vous venez de dire, c'était il y a quelques minutes sur France 2,
02:31 on écoute la présidente de l'Assemblée nationale.
02:34 – J'entends même des gens dire ce serait antidémocratique d'empêcher le vote,
02:38 on entend ça, j'ai envie de vous dire je trouve ça dingue,
02:42 je trouve ça dingue parce que c'est l'application de la loi et de la règle
02:47 et il n'y a rien de plus démocratique que d'appliquer la loi.
02:51 – Donc si on applique la loi, il n'y aura pas de vote sur ce texte, on est d'accord.
02:54 – Mais il ne doit pas y avoir de débat sur cet article
02:58 qui est clairement anticonstitutionnel.
03:01 – Qu'est-ce que vous répondez à la présidente de l'Assemblée Bertrand Pompon ?
03:04 – Je suis assez triste pour Yael Brune-Pivet
03:07 qui a dit exactement le contraire en conférence des présidents il y a 15 jours,
03:12 je vais d'ailleurs souligner sa grande dignité
03:15 et on voit bien qu'elle est mise en difficulté avec des pressions
03:20 qui sont quand même assez inavouables de sa majorité relative.
03:23 Elle a quand même vraiment dit le contraire il y a 15 jours
03:26 devant l'ensemble des présidents de groupe,
03:29 il y a un règlement à l'Assemblée nationale d'ailleurs,
03:31 je pense qu'on ne va pas pouvoir revenir sur le règlement de l'Assemblée nationale
03:34 qui stipule que, je le rappelle, depuis le début de la Vème République,
03:38 l'ensemble des propositions de loi n'est pas soumise à cet article 40 sur l'irrecevabilité
03:45 et par ailleurs il y a des procédures qui ont été utilisées,
03:54 notamment une surveillance de cette recevabilité
03:57 par les collègues du bureau de l'Assemblée nationale
04:01 et enfin il y a des procédures de recours,
04:02 le recours c'est par le biais du président de la Commission,
04:07 Éric Coquerel, qui va très clairement expliquer qu'il n'y a pas de sujet.
04:12 Alors après que tout ça anticipe des autres formes de blocage,
04:20 c'est-à-dire notamment le rejet du texte en commission
04:24 pour faire en sorte qu'on ne puisse pas le redéposer par amendement,
04:28 c'est peut-être là leur stratégie
04:30 et si c'est le cas c'est d'une très très grande gravité
04:33 parce que ça voudrait dire que demain,
04:35 seuls les textes de la majorité,
04:38 quand on est majoritaire,
04:39 pourraient être présentés avec des incidences financières
04:43 et pas les textes de l'opposition.
04:45 Je ne sais pas si on se rend compte où on marche,
04:49 c'est la raison pour laquelle moi j'avais dit
04:51 qu'il faudrait aussi qu'on puisse consulter le Conseil constitutionnel
04:56 dans une affaire comme ça mais il y a...
04:58 – Vous allez le faire, vous allez le saisir ?
04:59 – On ne peut pas le faire avant la loi
05:03 mais il faudrait vraiment aussi disposer de l'éclairage du Conseil constitutionnel
05:07 qui également, les Français doivent être médusés quand ils voient tout ça,
05:12 qui également n'est même pas une cour constitutionnelle,
05:15 c'est-à-dire qu'on a une constitution où on passe son temps
05:19 dans la boîte à outils de toutes les obstructions,
05:22 depuis le début de la 5ème République,
05:23 on fait appel à un Conseil constitutionnel
05:25 qui n'est pas une cour constitutionnelle,
05:27 qui juge en droit mais aussi en politique.
05:29 Et après on se demande pourquoi nos concitoyens ne votent pas.
05:31 – Mais vous n'avez pas peur que le Conseil constitutionnel
05:34 rejette votre démarche au titre de l'article 40 justement ?
05:38 – Ecoutez, ça serait quand même intéressant que le Conseil constitutionnel
05:42 se prononce sur cette forme de jurisprudence
05:46 depuis le début de la 5ème République,
05:48 je crois même depuis le début de la 5ème République.
05:50 – Il y a quand même un petit souci sur les finances,
05:52 vous disiez la réforme des retraites,
05:54 c'est une centaine de millions d'euros cette année,
05:57 mais à terme c'est quand même 15 milliards d'euros d'économie.
06:00 Comment vous compensez ces 15 milliards d'euros ?
06:03 Par engagement sur les tabacs, si on engage sur les tabacs,
06:06 ça veut dire que le prix du paquet est dividé par deux ?
06:09 – C'est une tartufferie, vous le savez tous mieux que moi,
06:12 de dire "il compense ça sur le taxe sur le tabac",
06:15 le fait de compenser sur le taxe sur le tabac, c'est nécessite.
06:17 Non mais je rappelle que c'est formel,
06:20 pour faire en sorte qu'on puisse présenter un texte de façon équilibrée.
06:23 – Là on parle quand même de 15 milliards par an, grosso modo.
06:26 – Donc je rappelle que d'abord c'est pas 15 milliards maintenant,
06:29 1, 2, 2, 2, 2, 2, il y a le débat sur les dépenses
06:35 que vont engendrer cette augmentation de l'allongement de l'âge légal de retraite.
06:39 Il y a près de 50% de chômeurs qui arrivent à l'âge de la retraite aujourd'hui,
06:46 quand on va encore allonger 2 ans,
06:47 toutes les études disent que ça va nous coûter 6 à 7 milliards de plus,
06:51 6 et demi-heures de plus, donc vous voyez bien,
06:53 c'est pas l'épaisseur d'entrée.
06:56 Nous nous expliquons qu'il faut évidemment faire en sorte
06:59 qu'on équilibre notre régime de retraite,
07:03 nous le faisons par le biais d'une conférence sociale,
07:05 ils ne nous disent pas, ils ne nous demandent pas,
07:07 il n'y a pas de souci, circulez, il n'y a rien à voir,
07:09 on fait confiance au dialogue social.
07:13 Et j'ajoute que la majorité est quand même un peu gonflée,
07:16 quand il y a quelques semaines,
07:18 ils nous présentent un texte dit "Bien vieillir"
07:20 pour mettre en place des mesures en direction des personnes âgées,
07:24 ce texte est gagé par la taxe sur le tabac,
07:28 non mais ils se foutent du monde, il y a 15 jours ils votent le truc,
07:32 et aujourd'hui ils nous disent "c'est anticonstitutionnel",
07:34 je rappelle quand même que le rapport LIBO,
07:36 qui a été réalisé en amont de la PPL sur le texte "Bien vieillir",
07:45 c'est à peu près 7 à 8 milliards d'euros de dépenses supplémentaires,
07:48 et là il n'y a rien à voir,
07:50 franchement, comment nos institutions sont respectées,
07:54 c'est quand même ahurissant.
07:55 – On va revenir sur ce que vous avez dit,
07:57 parce qu'il y a beaucoup de choses dans ce que vous nous dites,
07:59 demain il y a l'examen en commission, qu'est-ce que vous ferez,
08:01 est-ce que vous vous attendez déjà à ce que soit supprimé l'article 1er,
08:05 c'est-à-dire l'abrogation des 64 ans demain en commission ?
08:10 – J'espère que ça ne sera pas le cas, c'est possible,
08:12 je vous dis c'est possible, mais j'espère que ça ne sera pas le cas,
08:14 parce que si c'est le cas, ceux qui se prêteraient à cette manœuvre
08:18 seraient ceux qui joueraient de l'affaiblissement du Parlement
08:26 et vraisemblablement d'une crise institutionnelle.
08:29 J'espère que ce n'est pas le cas,
08:30 c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai pris ma plume ce week-end,
08:35 pour écrire au président Macron,
08:36 en lui rappelant que l'article 5 de la Constitution
08:41 faisait en sorte qu'il était le garant de nos institutions,
08:47 et que l'article 3 de la Constitution nous explique
08:51 que la souveraineté appartient au peuple et à ses représentants.
08:56 J'ai rajouté d'ailleurs un troisième article de la Constitution,
08:59 l'article 24 de la Constitution,
09:02 qui prévoit que c'est le Parlement qui vote les lois.
09:06 – Vous avez eu une réponse du président ?
09:08 – Je lui ai écrit ce week-end,
09:12 en lui expliquant la gravité de la situation.
09:16 – Mais si ça arrive quand même, vous faites quoi en fait ?
09:18 – Si ça arrive, comment ?
09:20 Si ça arrive, on essaiera de redéposer un amendement
09:29 qui comme le laisse entendre Yael Brown-Pivet,
09:33 est susceptible d'entraîner un rejet dans le cadre de l'article 40.
09:39 Je m'attends quand même à une séance relativement musclée.
09:44 J'attire votre attention également sur le fait
09:47 qu'il y aura une grosse manifestation le 6 juin prochain,
09:52 c'est-à-dire deux jours avant le texte de la loi.
09:55 J'attire également votre attention sur tous les leaders syndicaux
09:58 que nous avons reçus ces derniers jours,
10:00 nous expliquent que les Françaises et les Français
10:05 sont particulièrement désabusés et qu'il faut une sortie de crise.
10:09 Et ce texte est une sortie de crise.
10:11 – On va y venir, mais donc imaginons que Yael Brown-Pivet
10:14 sorte l'article 40 en séance, qu'est-ce que vous faites ?
10:17 Est-ce que vous avez une parade ?
10:18 Vous nous parliez tout à l'heure d'un point du règlement.
10:20 Vous allez sortir quoi ? Le règlement de l'Assemblée ?
10:22 Qu'est-ce que vous faites si l'article 40 est déguisé ?
10:24 – D'abord, on va voir comment ça va se passer en commission,
10:30 c'est le vrai sujet.
10:31 Est-ce que le texte passe oui ou non en commission ?
10:39 – Et comment il en ressort ?
10:41 – Comment il ressort ?
10:42 S'il y a une impossibilité de déposer notre propre proposition de loi,
10:48 nous allons faire remarquer que les droits de l'opposition
10:53 sont quand même complètement bafoués,
10:55 puisque il y aura deux poids, deux mesures.
10:57 Maintenant, ça veut dire que c'est l'acceptation
11:00 que quand on est dans la majorité,
11:02 on peut faire passer n'importe quel type de loi,
11:06 et quand on est dans l'opposition, on est complètement baillonnés.
11:10 Donc on tirera vis-à-vis…
11:14 – Mais de quelle manière ? Qu'est-ce qui se passera en séance ?
11:16 Est-ce qu'il peut ne pas y avoir de séance le 8 juin ?
11:18 – C'est une question qu'il faut que je pose à mes collègues.
11:23 Je réunis les parlementaires de mon groupe tout à l'heure.
11:27 On va commencer à réfléchir sur toutes les alternatives.
11:34 Est-ce que dans ces conditions-là,
11:38 nous allons continuer à discuter de nos propositions de loi,
11:42 puisque nous en avons d'autres, évidemment, qui suivent ?
11:46 Est-ce qu'on va considérer que tout ça est inacceptable
11:49 et qu'il est dans ces conditions inutiles de siéger ?
11:55 Est-ce que certains disent…
11:58 – Mais il se peut que vous boycottiez votre propre niche le 8 juin ?
12:01 – Nous irons sur une autre motion de censure.
12:04 Enfin, je ne sais pas, mais vous savez,
12:06 quelques jours avant de déposer notre propre motion de censure,
12:11 mes collègues parlementaires se posaient les mêmes questions
12:14 que je vous pose actuellement.
12:15 Nous, on travaille, c'est des députés indépendants,
12:20 on analyse la situation.
12:22 Si on voit vraiment qu'il y a une très très grave crise institutionnelle,
12:25 je pense qu'on ne pourra pas rester comme ça.
12:27 – Donc, on comprenait bien, si le texte, demain,
12:30 en commission, demain soir, ne ressort pas comme vous le souhaitiez,
12:33 il se peut que vous ne le discutiez pas le 8 juin ?
12:36 – Ça fait partie réellement des options,
12:40 tout va dépendre de ce qui reste dans ce texte de loi.
12:44 – Vous en discuterez aujourd'hui, vous n'avez pas encore tranché,
12:46 mais s'il y a un blocage et pas de vote le 8 juin,
12:49 vous êtes prêt à déposer une motion de censure
12:52 et vous pensez que dans le contexte précis,
12:54 cette motion de censure pourrait passer ?
12:55 – Ça fait partie pour nous des hypothèses,
12:59 rien n'est…
13:01 – Vous pourriez fédérer autour de l'agacement, de la colère ?
13:05 – J'ai été vraiment très étonné de la façon dont on a fédéré
13:10 un nombre plus important de parlementaires que ce que je pensais,
13:14 lors de notre dépôt de…
13:17 – La motion de censure, vous n'attendiez pas que ça passe à 9 voix ?
13:20 – Je ne m'attendais pas que ça passe à 9 voix près.
13:23 – Et là, vous pensez que dans le contexte, les 9 voix,
13:25 vous pourriez les avoir cette fois-ci ?
13:27 – Comment, je ne sais pas, enfin c'est des sujets…
13:29 – Vous discutez régulièrement avec vos collègues des Républicains.
13:31 – C'est des sujets qu'il faut qu'ils se discutent,
13:34 je pense que si nous déposons un moment ou un autre,
13:39 à nouveau une motion de censure, c'est cette fois-ci pour…
13:42 – Vous avez des conversations ?
13:43 – C'est cette fois-ci pour renverser complètement le gouvernement.
13:44 – Mais qu'est-ce qui fera que vous déposerez une motion de censure, précisément ?
13:49 – Ce qui peut faire qu'on dépose une motion de censure,
13:51 c'est voir comment le Parlement est humilié, un, et deux…
13:56 – Donc c'est si votre texte est mis sur le côté de l'art ?
13:58 – Comment deux, c'est aussi la perspective, à mon avis,
14:02 mais j'en discuterai avec mes collègues, de faire un score meilleur que la dernière fois,
14:06 c'est-à-dire sentir qu'on a vraiment une possibilité,
14:12 cette fois-ci, de renverser le gouvernement.
14:13 – Donc ça dépend des Républicains ?
14:15 – Ça dépend des Républicains, évidemment.
14:18 – D'ailleurs, vous avez fait le plein, vous avez discuté avec les Républicains,
14:22 avec la ligne Pradier entre les deux ?
14:24 – Je vois tout le monde chez les Républicains, Aurélien Pradier,
14:31 que je croise évidemment régulièrement,
14:35 c'est important pour nous de savoir quel est l'état d'esprit des Républicains,
14:38 combien de parlementaires à l'air ont la capacité de voter cette loi,
14:43 pour le moment je ne le sais pas, mais ça fait partie des résultats que nous avons.
14:45 – Vous n'avez pas d'idée sur combien de l'air peut voter cette loi ?
14:47 – On me dit qu'il y a 25 parlementaires à l'air complètement hostiles à la loi,
14:53 qu'il y en aurait beaucoup plus que cela,
14:55 qui ne feraient pas le déplacement de façon à s'abstenir,
14:59 parce qu'on voit bien les mêmes difficultés qu'ils ont que nous dans nos circonscriptions,
15:02 même si les miennes ont beaucoup plus de soutien que d'opposition,
15:08 et on voit bien combien ça peut gêner un certain nombre de députés à l'air
15:12 qui, peut-être, n'auront pas non plus tous forcément envie
15:17 que cette loi soit discutée le 8 juin prochain.
15:19 – Et sur la motion de censure ?
15:21 Non, juste sur la motion de censure,
15:23 vous en avez déjà discuté avec l'LR d'une nouvelle motion de censure ?
15:25 – Non, vous savez, la dernière fois,
15:27 j'avais discuté de la motion de censure avec personne,
15:31 on s'était dit, bon, il va y en avoir quelques-uns de l'air qui vont la soutenir,
15:34 je crois qu'il y en a eu 19.
15:36 – Enfin, on parle des contacts que vous auriez avec les députés à l'air,
15:38 mais en face, est-ce qu'il y a des contacts entre des membres du gouvernement,
15:41 des représentants du gouvernement et un certain nombre de vos députés ?
15:44 Quelles sont les pressions qui se sont...
15:46 – Il y en a eu énormément, et de façon très, très choquante,
15:50 je vous le dis les yeux dans les yeux, très choquante,
15:52 des débauchages individuels, enfin, heureusement que mes parlementaires
15:56 ont toujours la tête solide, y compris d'ailleurs des menaces,
16:00 des pressions sur leurs propres circonscriptions.
16:03 – Sur lesquelles, quels députés ?
16:04 – Je sais qu'ils s'exprimeront, comment ils s'exprimeront eux-mêmes.
16:07 – Mais de la part de qui ? De la part des exécutifs ?
16:09 – Mais je vois les députés d'outre-mer,
16:10 on leur a expliqué que c'était grave pour eux,
16:12 les députés corse, que la réforme constitutionnelle ne se mettrait pas en place,
16:17 que mon collègue Guy Bricout, dans le Nord, avait des difficultés avec ses usines
16:23 et que le gouvernement serait peut-être moins actif,
16:25 enfin franchement, c'était des appels tout à l'immune.
16:29 – Ça prend ou ça ne prend pas tout ça ? Vous le trouvez solide ?
16:31 – Ça ne prend pas du tout, parce que, au contraire,
16:34 moi j'avais des parlementaires chez moi qui étaient hésitants
16:37 lors du vote de la motion de censure,
16:39 ça a plutôt déclenché leur initiative.
16:44 Et là, il y a eu encore dernièrement des députés,
16:47 des pressions sur mes amis corse,
16:49 notamment par le président du groupe Horizon à l'Assemblée Nationale,
16:54 bon, je vais vous dire qu'ils ont balayé tout ça d'envers de la main.
16:58 – Est-ce que vous-même, vous avez eu des coups de fil
17:00 de la part de membres du gouvernement ?
17:01 – Non, plus récemment.
17:03 – Vous en avez eu ?
17:04 – Je ne vous appelle plus.
17:05 – J'en ai eu beaucoup, beaucoup, j'en ai un peu moins.
17:07 Mais vous savez, ça va revenir, parce qu'on est là, on est en place,
17:12 on y restera encore pendant 4 ans,
17:15 et donc, bon, il n'y a pas d'autre alternative
17:17 que de travailler intelligemment avec nous,
17:19 mais pour ça, il faut changer, mais complètement, complètement de méthode,
17:22 dire "on ne nous achète pas",
17:24 ce n'est pas dire "voilà, il y a un texte de loi qui arrive,
17:26 qu'est-ce que vous en faites ?
17:27 Si ce n'est pas bien, on va négocier avec d'autres",
17:29 c'est vraiment de la politique politicienne.
17:32 Moi, je rêvais vraiment qu'on puisse se mettre tous autour de la table,
17:35 tous les groupes parlementaires républicains, de façon à nous engager,
17:39 se mettre d'accord sur des grands projets de société,
17:41 ces 4 prochaines années, on en a beaucoup, nous.
17:45 – Alors, ce que vous décrivez,
17:46 se mettre tous d'accord autour de la table,
17:47 c'est ce que veut faire Gérald Darmanin sur le texte immigration,
17:50 c'est la proposition qu'il a faite ce week-end dans Le Parisien.
17:52 Est-ce que vous êtes prêt à discuter avec lui ?
17:54 – Mais moi, j'ai déjà discuté à plusieurs reprises
17:56 avec le ministre du Travail et le ministre de l'Intérieur.
18:00 Nous avons été reçus avec les deux ministres,
18:04 les parlementaires et les parlementaires de mon groupe.
18:08 Je lui ai dit, j'ai dit aux deux ministres
18:11 que nous souhaitions vraiment que ce texte reste équilibré.
18:16 On voit bien que…
18:17 – Pour que la version du gouvernement.
18:18 – Il faut un texte équilibré,
18:19 on voit bien qu'il faut essayer de réduire les procédures.
18:23 Mais franchement, arrêtons de dire qu'il y a des solutions miracles,
18:26 enfin c'est à péter de rire, excusez-moi quand on dit,
18:29 je suis allé voir un pays d'Europe un peu au nord,
18:33 un pays de 6 millions d'habitants,
18:35 et ça va mieux se passer qu'en France.
18:37 On est dans une crise migratoire,
18:39 qui est vraiment la crise de la pauvreté, la crise de la violence.
18:43 Et il y a en même temps des centaines de milliers de migrants
18:48 sur notre territoire qui sont là depuis 5-10 ans,
18:51 qu'on n'expulsera jamais,
18:53 qui vivent dans des toiles de tente de façon sordide.
18:55 Je vais vous donner un exemple.
18:56 Moi, pendant la crise du Covid,
18:58 j'avais pris position pour faire en sorte
19:04 qu'on soigne également les migrants dans les camps de rétention,
19:09 et j'ai passé comme ça par le réseau des migrants
19:14 pour quelqu'un qui était très attaché aux droits des migrants.
19:18 J'ai reçu en quelques jours de temps
19:21 toutes 700 témoignages sur mon portable.
19:23 700 témoignages sur mon portable, je ne mens pas.
19:26 J'ai cru qu'ils me faisaient des copiers-collés.
19:28 C'était tous des témoignages d'une violence,
19:32 c'était accablant de voir comment,
19:34 dans quelles conditions,
19:35 des femmes qui étaient frappées ne pouvaient pas déposer plainte.
19:38 J'ai eu le témoignage d'une journaliste,
19:40 d'une confrère algérienne,
19:42 qui était venue en France suite à des violences,
19:44 violées depuis plus de 10 fois.
19:46 – Mais qu'est-ce que vous pensez des…
19:48 – Ils sont sur notre territoire.
19:49 C'est d'abord des femmes et des hommes, et des enfants.
19:51 J'aimerais d'abord bien qu'on commence par appeler ces personnes
19:55 comme des êtres humains, en disant,
19:58 il faut évidemment qu'on puisse renforcer les conditions de sécurité,
20:04 et quand les droits ne sont pas acquis,
20:06 qu'on puisse juger plus facilement,
20:08 et qu'on puisse évidemment renvoyer les personnes chez eux.
20:12 C'est clair, ça ne fait pas débat pour nous,
20:14 mais en même temps, il y a les questions d'intégration,
20:16 et les questions d'intégration par le travail.
20:18 Moi qui fais ma course à pied une fois par semaine ou deux à Paris,
20:21 quand je les vois dormir dans les toiles de tente, franchement…
20:24 – Mais qu'est-ce que vous pensez des propositions des Républicains
20:26 qui veulent durcir la politique migratoire,
20:28 qui veulent notamment réformer l'aide médicale d'État ?
20:30 – Je ne les crois pas.
20:31 Je pense que c'est utile que les Républicains réfléchissent
20:37 et fassent des propositions.
20:39 Je pense qu'il ne faut pas non plus mentir aux Françaises et aux Français,
20:44 en expliquant qu'il y a des solutions miracles.
20:48 Je ne crois d'ailleurs pas qu'ils le disent.
20:50 – Mais s'il y a des propositions des Républicains
20:55 que vous êtes prêts à soutenir ?
20:58 – Je me sens pour le moment très mal à l'aise
21:01 vis-à-vis de ce type de proposition.
21:03 Je vous le dis parce que je ne crois pas que réduire les droits
21:07 en termes d'assistance médicale soit une solution.
21:11 Je ne crois pas que diminuer, enfin augmenter, pardon,
21:16 les délais de séjour sur notre territoire
21:18 pour permettre à des migrants qu'on n'expulsera jamais
21:21 de travailler, comment soit une solution.
21:24 – Et faire primer le droit national sur le droit européen ?
21:28 – Pardon ?
21:28 – Faire primer le droit national sur le droit européen en matière d'immigration ?
21:31 – Il faudrait nous proposer de sortir de l'Europe, ce n'est pas raisonnable.
21:34 Pourquoi on dit ça ? On dit ça parce que simplement…
21:35 – Vous dites comme Gérald Darmanin, c'est un Frexit migratoire.
21:38 – Oui, et puis ça veut dire qu'on accepte de ne pas rejuger
21:43 les personnes qui sont de notre territoire,
21:44 simplement parce qu'elles sont passées dans un autre pays européen
21:47 qui ne disposent pas des mêmes règles en termes d'immigration.
21:50 Tout ça ne me semble pas à la hauteur…
21:53 – Une dernière question de Stéphane à propos des européennes.
21:56 – Qu'est-ce que le groupe Lyot deviendra
21:58 une fois que la séquence réforme des retraites sera terminée ?
22:00 Est-ce que votre groupe va rester solide ?
22:02 – Le groupe va se renforcer et je vous le dis,
22:09 ce groupe parlementaire va être au cœur de la recomposition politique.
22:14 – Quelle est votre ambition ?
22:16 – D'abord notre ambition c'est d'être présent à toutes les élections,
22:20 y compris les élections européennes.
22:22 – Vous présenteriez une liste aux européennes l'année prochaine ?
22:23 – Nous devons devenir la 4ème force centrale de notre pays
22:25 à travers 3 blocs gouvernés ou dirigés par de mêmes populistes
22:30 ou des césaristes, je pense à Emmanuel Macron.
22:34 On a besoin d'une force des territoires, une force girondine, d'écoute
22:38 et je pense vraiment que si nous ne le faisons pas,
22:40 dans 4 ans c'est Marine Le Pen qui sera au pouvoir.
22:43 – Donc vous aurez une liste conduite par qui ?
22:45 – Nous aurons soit une liste ou nous serons présents dans le débat.
22:49 Pour le moment nous testons…
22:50 – Sur quelle force ? Ça veut dire quoi "présent dans le débat" ?
22:52 – Vous testez qui ?
22:52 – Si nous sommes présents dans le débat, nous rentrerons dans d'autres listes.
22:59 Mais il est clair que…
23:00 – Mais avec qui vous discutez ?
23:01 – Nous voulons… comment nous voulons ?
23:03 D'abord nous discuter…
23:07 chaque temps suffit sa peine, il y a la proposition de loi sur les retraites.
23:12 Ensuite j'ai créé notre propre association politique "Util"
23:19 avec un "s" "asso-util.fr".
23:23 J'ai déjà en 2 mois de temps plus de 500 adhérents,
23:27 on va sillonner le territoire pour structurer le territoire.
23:30 Nous sommes à l'écoute et nous demandons maintenant
23:34 à nos adhérents de faire des propositions.
23:37 Nous allons travailler sur des propositions
23:39 dans le cadre des élections européennes pour une orbe des territoires.
23:42 – Merci Bertrand Pencher d'avoir été avec nous.
23:44 Merci beaucoup d'avoir été notre invité ce matin.
23:47 On regarde la Lune de Ouest-France,
23:48 guerre en Ukraine, Kiev évoque une percée cet été.
23:50 C'est à la Lune de votre journal Stéphane.
23:52 Merci beaucoup, on passe au Club des territoires.

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