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  • 22/05/2023
Mi-mai, la présidente de la région Occitanie Carole Delga a lancé un groupe de travail transfrontalier avec la Catalogne. Il s'agit de s'inspirer des méthodes catalanes pour économiser l'eau en période de sécheresse. Carole Delga souhaite que les Pyrénées-Orientales deviennent un département pilote.

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Transcription
00:00 En attendant à 7h48, on reparle de la sécheresse en pays catalan. Comment mieux s'adapter face au manque d'eau ?
00:06 La région Occitanie souhaite justement s'inspirer de ce qui se fait de l'autre côté de la frontière en Catalogne Sud.
00:10 Suzanne Chaudjahi en parle avec votre invitée ce matin, la vice-présidente de la région en charge de l'environnement.
00:16 Bonjour Agnès Langevin.
00:17 Bonjour.
00:18 La présidente de la région, Carole Delga, a été la semaine dernière à Barcelone.
00:22 Il a notamment été question de la naissance d'un groupe de travail transfrontalier.
00:26 La région et notamment les Pyrénées-Orientales sont en retard par rapport à nos voisins catalans ?
00:32 Nous partageons avec la Catalogne le fait que le réchauffement climatique est beaucoup plus fort autour de la région méditerranéenne.
00:41 Et nous avons décidé de mettre en commun des solutions concrètes pour faire face à ce déficit structurel en termes de ressources d'eau,
00:50 que ce soit en matière de sobriété, de réduction de la demande en eau, mais aussi de mobilisation de nouvelles ressources,
00:58 comme la réutilisation des eaux usées par exemple.
01:01 Oui, parce que l'Espagne fait face à de nombreuses sécheresses à répétition depuis plusieurs années, notamment en Catalogne.
01:06 Donc effectivement, il y a la question de la réutilisation des eaux usées.
01:10 Les agriculteurs, entre autres, peuvent utiliser les eaux usées pour irriguer les cultures.
01:14 Vous souhaiteriez que ça se fasse aussi ici dans les Pyrénées-Orientales ?
01:17 La première des choses à faire, c'est bien sûr de rétablir, de restaurer le cycle de l'eau,
01:23 et de mettre en œuvre des solutions fondées sur la nature.
01:27 Ça, c'est le premier chantier à entreprendre, c'est-à-dire restaurer les cours d'eau,
01:33 restaurer les zones humides, pour que ce cycle de l'eau entre les terres et la mer soit le plus lent possible,
01:41 au lieu de façon torrentielle de se déverser dans la mer, et de pouvoir recharger les nappes,
01:47 de pouvoir vraiment pénétrer dans les sols.
01:51 Ça, c'est vraiment le premier chantier urgent.
01:55 Ensuite, il y a des solutions technologiques, ce qu'on appelle le secteur des eaux non conventionnelles,
02:00 que ce soit la récupération des eaux de pluie, que ce soit la récupération des eaux grises,
02:06 ou la récupération et le recyclage des eaux usées, traitées.
02:11 En effet, c'est un petit peu comme les déchets ou les ressources,
02:15 une goutte d'eau doit servir plusieurs fois, et faire un cycle vraiment circulaire de l'usage de l'eau.
02:21 Les technologies sont connues pour recycler ces eaux,
02:25 maintenant il faut vraiment que la réglementation en France évolue,
02:29 il y a bien sûr des vigilances sanitaires.
02:32 Donc vous souhaiteriez que les agriculteurs utilisent les eaux usées, ici dans les Pyrénées-Orientales ?
02:36 C'est une piste importante, il y a une directive européenne qui encadre
02:42 cette réutilisation des eaux pour le secteur agricole,
02:46 et chaque État, d'ici le mois de juin, donc c'est demain, doit faire ses propositions.
02:50 Donc oui, la question de la réutilisation des eaux usées pour l'irrigation agricole est d'actualité.
02:58 Vous parlez de la réglementation sanitaire, notamment liée à l'utilisation de l'eau en France,
03:05 c'est pas important aussi d'avoir une qualité d'eau optimale ?
03:08 Assez tétentielle, puisque c'est des questions vraiment sanitaires,
03:11 c'est des questions d'impact sur les milieux, sur la biodiversité,
03:14 c'est la raison pour laquelle il y a un cadre très contraignant et réglementaire européen
03:19 qui doit être décliné pour l'eau agricole d'ici le 26 juin, pour être précise.
03:24 Mais vous dites quand même qu'il faut faire évoluer cette réglementation ?
03:26 Il faut l'aligner sur le plan européen, parce que c'est incohérent de pouvoir consommer en France
03:33 des fruits et des légumes venant d'Espagne, d'Israël ou d'autres pays exportateurs,
03:37 et sans aucune interdiction sur la consommation.
03:42 Donc on voit bien qu'il y a une incohérence là entre consommer et produire.
03:46 Alors on précise quand même que depuis le passage en situation de crise à la mi-mai dans les Pyrénées-Orientales,
03:51 les eaux usées sont réutilisables pour arroser les golfes, les espaces verts ou les terrains de sport,
03:55 mais vous vous dites que c'est dommage de les utiliser seulement pour ça ?
03:58 En fait, ce n'est pas parce qu'on va réutiliser de l'eau qu'il ne faut pas veiller là aussi aux priorisations,
04:06 puisqu'on va être dans une situation à long terme de réduction de la ressource.
04:11 Donc la question de la gouvernance, du partage des eaux, devra évidemment s'appliquer aux eaux classiques,
04:17 mais aussi aux eaux non conventionnelles, et le partage de ces eaux réutilisées
04:23 entre l'arrosage d'un golfe ou l'irrigation agricole, devra elle aussi être discutée dans un cadre démocratique.
04:32 Alors la présidente de la région, Carole Delga, a dit qu'elle souhaitait que les Pyrénées-Orientales
04:37 deviennent un département pilote pour le reste de la France. Vous en avez parlé au préfet ?
04:41 Oui, bien sûr, et puis je pense que le préfet travaille aussi à souplir.
04:46 Quand on est dans le mur, j'ai envie de dire, il faut vraiment réagir pour passer évidemment cette période de crise,
04:53 mais pour entreprendre des mesures structurelles. Nous le savons, les climatologues nous l'indiquent,
04:59 nous allons vers des températures vraiment élevées, qui ont un impact à la fois sur la sécheresse des sols,
05:06 mais aussi sur un déficit pluviométrique. Donc il faut vraiment transformer notre modèle de consommation d'eau.
05:14 Agnès Langevin est notre invité, vice-président de la région Occitanie, en charge de l'environnement.
05:19 On parle des plans de la région contre la sécheresse, suite de cet entretien,
05:23 dans une petite poignée de secondes sur France Bleu Réussi en France 3 Pays, qui est allant rester avec nous.
05:27 France Bleu France 3 Matins revient dans un instant.
05:38 On se retrouve tous les samedis à 11h25 sur France 3 Occitanie, dans la nouvelle cuisine des mousquetaires.
05:45 La cuisine des mousquetaires, c'est samedi à 11h25 sur France 3 Occitanie.
06:05 Comment lutter contre la sécheresse ? Nous sommes Suzanne Chaudrier avec notre invité, Agnès Langevin,
06:10 vice-président de la région Occitanie, en charge de l'environnement.
06:14 On parlait de réutiliser les eaux usées, mais la Catalogne pratique aussi le dessalement de l'eau de mer.
06:19 Ça se fait dans des usines. Alors c'est déjà en expérimentation à petite échelle à Port Vendre.
06:24 Est-ce que vous êtes favorable à ce principe de dessalinisation ?
06:27 La dessalinisation est un procédé vraiment énergivore,
06:32 donc il faut l'utiliser dans des conditions extrêmes, sans alternatives.
06:38 C'est une solution qui a des impacts majeurs sur la biodiversité marine.
06:45 À Port Vendre, il est étudié en ce moment les rejets que produisent ces machines-là.
06:49 Oui, il est lié évidemment au rejet des sauts mûrs dans le milieu naturel,
06:53 et également il y a un coût économique.
06:56 Donc en fait, toutes les solutions alternatives en termes de ressources à eau doivent s'étudier par rapport aux règlements sanitaires,
07:06 nous l'avons indiqué, par rapport aux effets sur la biodiversité et le milieu, et par rapport à son coût économique.
07:12 Donc ici, dans les Pyrénées-Orientales, comme en région Occitanie,
07:16 nous avons vraiment d'autres solutions avant de nous tourner vers la dessalinisation.
07:23 Ce n'est pas inévitable selon vous de passer par la dessalinisation ?
07:26 Non, il y a d'abord bien sûr tout l'axe de sobriété, c'est-à-dire de réduction de notre consommation d'eau,
07:33 dans des secteurs comme l'agriculture, avec la transformation des pratiques agricoles.
07:40 Il y a l'eau, la nôtre, nous devons aussi avoir des comportements éco-citoyens,
07:47 et nous avons bien sûr toute l'eau industrielle, j'ai envie de dire l'eau productive,
07:53 que ce soit dans la fabrication du textile par exemple, que ce soit dans la fabrication du papier.
07:58 Nous avons par exemple accompagné l'usine Sterimed à faire des économies d'eau, -30% en 2019,
08:06 donc il y a d'abord des leviers...
08:08 C'est pas la priorité la dessalinisation ?
08:10 Non, pour moi ça se place vraiment au bout des solutions, il y a la réutilisation des eaux usées,
08:18 il y a la restauration vraiment du cycle de l'eau avec des mesures d'urbanisme aussi qui doivent être prises,
08:24 puisqu'on voit que là nous faisons face à la fois à la hausse des températures,
08:29 mais aussi à une pression démographique qui est forte, +42 000 habitants chaque année en Occitanie,
08:36 donc c'est là aussi des consommations supplémentaires.
08:39 Il faut limiter les nouvelles installations ?
08:41 Il faut en tout cas réfléchir à un urbanisme qui intègre dans sa conception des économies,
08:48 de la sobriété et de la réutilisation des eaux grises.
08:52 On peut tout à fait, pour les nouvelles constructions, imaginer de pouvoir réutiliser soi-même,
08:58 chez les particuliers l'eau grise.
09:00 Le journal du dimanche a publié hier quelques extraits d'un document du ministère de la transition écologique
09:05 qui sera soumis à concertation à partir de demain et qui évoque les pistes de travail du gouvernement
09:10 pour répondre au réchauffement climatique.
09:12 On le rappelle, le pire des scénarios en France, c'est 3 degrés supplémentaires d'ici 2050,
09:17 4 degrés en 2100 pour tout le pays.
09:20 Le gouvernement souhaite notamment que les routes, le réseau ferré
09:23 et les infrastructures de télécommunication résistent à ce bouleversement.
09:27 Il compte également aider les collectivités à engager des travaux.
09:31 Est-ce que c'est une bonne réponse selon vous ?
09:33 Alors le gouvernement ouvre effectivement une consultation publique
09:36 sur le plan d'adaptation au changement climatique de la France
09:40 en s'adossant sur une trajectoire de +4 degrés.
09:43 C'est un scénario dit pessimiste, d'autres disent réaliste,
09:47 puisque pour l'instant la trajectoire de réduction des émissions n'est pas au rendez-vous.
09:53 Donc il s'agit d'analyser les vulnérabilités de l'ensemble des secteurs d'activité,
09:58 l'économie, le tourisme et les infrastructures
10:01 et de décider collectivement ce que l'on doit préserver,
10:05 ce qui est prioritaire pour mobiliser des moyens financiers comme les routes.
10:09 Est-ce que c'est une bonne réponse justement puisqu'il parle des routes, le ministre du gouvernement ?
10:13 Les infrastructures sont fortement impactées par le réchauffement climatique
10:18 et on doit réfléchir notamment en milieu littoral sur les phénomènes de submersion.
10:24 On a ici par exemple la ligne de train Perpignan-Narbonne,
10:30 nous l'avons toutes et tous prise,
10:32 on voit qu'elle est en situation de grande vulnérabilité par rapport à la submersion marine.
10:37 Donc oui, les infrastructures doivent être adaptées à des fortes températures.
10:42 Donc ça va dans le bon sens ?
10:43 Ça va dans le bon sens de le proposer.
10:46 Après il faut le mettre en œuvre de façon vraiment concrète en mobilisant des moyens
10:51 et surtout non pas être dans le curatif,
10:54 mais contribuer à abaisser cette hausse des températures
10:58 et ça c'est par des politiques cohérentes,
11:01 notamment en matière de transport, en matière de construction, en matière de ressources.
11:06 Il faut que nous émettions beaucoup moins que nous le faisons aujourd'hui.
11:10 Et on parlait tout à l'heure de la gestion de l'eau dans la région.
11:13 La région a investi 1 million d'euros pour gérer cette eau désormais.
11:18 Merci beaucoup Agnès Langevigne d'être venue nous en parler ce matin.
11:20 Vous êtes la vice-présidente de la région Occitanie en charge de l'environnement.
11:24 Bonne journée.

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