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  • 16/05/2023
Le "8h30 franceinfo" d'Augustin de Romanet

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News
Transcription
00:00 *Musique*
00:04 Bonjour Augustin Dromanet.
00:06 Bonjour Marc Poel.
00:07 Vous êtes à la tête du premier réseau aéroportuaire au monde,
00:10 27 aéroports à travers la planète, dont les aéroports parisiens.
00:14 Ce matin vous venez avec une annonce,
00:15 le groupe ADP devient partenaire des Jeux Olympiques de Paris.
00:18 L'année prochaine c'est vous qui allez accueillir notamment
00:20 les délégations, les 15 000 athlètes, les spectateurs venus du monde entier.
00:24 Est-ce que tout est déjà prêt ?
00:26 Tout se prépare, c'est un enjeu considérable.
00:29 Nous allons être la principale porte d'entrée des athlètes
00:33 et puis aussi la principale porte de sortie.
00:35 Nous allons avoir en quelques jours 15 000 athlètes
00:38 qui vont être avec des bagages très inhabituels sur nos aéroports.
00:43 Nous allons avoir des athlètes des Jeux Paralympiques
00:46 qui vont réclamer une accessibilité améliorée.
00:48 Donc pour nous le défi c'est de donner la meilleure image possible du pays.
00:52 Il y aura par exemple des parcours spécifiques pour les athlètes olympiques ou paralympiques ?
00:56 Oui, pour chacune des étapes il y aura des dispositions particulières.
01:00 S'agissant de l'arrivée, le Comité international olympique souhaite que,
01:04 et le COJO, souhaite que les athlètes puissent s'enregistrer dans l'enceinte aéroportuaire.
01:09 Donc il va falloir créer des espaces pour que les athlètes puissent être accrédités
01:15 en arrivant sur le territoire.
01:16 Au départ il faudra qu'ils puissent tous, au même moment, enregistrer leurs bagages.
01:22 Donc on va créer des enregistrements sur les lieux du village olympique
01:27 afin qu'ils ne soient pas obligés d'emmener qui leur kayak, qui leur sèlent le cheval, etc.
01:34 Et puis qu'ils aient éventuellement un terminal dédié pour le départ.
01:37 Donc il y aura une multitude d'attentions particulières
01:41 pour permettre que leur parcours de passagers soit optimal.
01:46 Attention particulière sur les bagages, vous venez de les citer,
01:49 qui vont être hors format, plus habituels que d'autres.
01:52 L'année dernière 35 000 bagages ont été perdus à Roissy,
01:56 il a fallu des semaines pour les rendre aux passagers.
01:59 Ça ne va pas se reproduire cette fois-ci ?
02:01 Écoutez, non, nous faisons tout pour que cet incident très préoccupant de l'an dernier
02:07 ne se reproduise pas, bien sûr.
02:08 Vous avez compris ce qui s'était passé à l'époque ?
02:10 Ah très bien, j'en avais fait l'analyse de Croix d'Erre sur votre antenne.
02:12 C'était une addition d'événements regrettables,
02:16 dont l'un d'entre eux revenait de la responsabilité du groupe ADP.
02:20 J'avais présenté mes excuses aux auditeurs,
02:22 mais il y avait aussi d'autres éléments qui tenaient à d'autres partenaires.
02:25 Est-ce que tous les personnels qui vont accueillir les touristes et les athlètes parleront anglais ?
02:30 Oui, et d'ailleurs c'est une de nos fiertés,
02:33 c'est d'avoir, avec le COJO, une autorisation de pré-recruter des volontaires
02:40 pour que les volontaires, plus d'un millier de volontaires,
02:43 qui viendront des territoires alentours de notre plateforme,
02:46 seront associés à l'accueil des personnes qui participeront au jeu,
02:51 et auront des formations, et notamment des formations en anglais,
02:54 pour leur permettre de communiquer facilement.
02:56 Je pense simplement aux Français qui éventuellement auraient envie
02:59 de prendre un avion à Roissy pendant la période des Jeux Olympiques.
03:02 Vous leur déconseillez de le faire ?
03:04 Non, je ne leur déconseille pas, parce que l'observation des jeux précédents,
03:08 dans quelques villes que ce soit,
03:10 montre que si nous avons plus de personnes qui viennent dans nos aéroports
03:13 à l'occasion des Jeux, nous avons moins de touristes.
03:16 Donc normalement, ça ne devrait pas être trop préoccupant,
03:20 même si effectivement je ne saurais trop recommander
03:22 les jours de grandes arrivées des athlètes
03:25 et les jours de grands départs des athlètes,
03:27 d'éviter de prendre l'avion ce jour-là.
03:28 Et ça comment on peut le savoir ?
03:30 On sait que trois jours avant la cérémonie d'ouverture,
03:32 je peux déjà vous donner les dates,
03:33 et trois jours après la cérémonie de clôture,
03:35 je peux déjà vous donner les dates.
03:36 Un mot sur la sécurité,
03:38 est-ce qu'elle va être renforcée pendant cette période-là, en particulier ?
03:41 Bien sûr, ça c'est la responsabilité du préfet de police de Paris,
03:44 qui a la responsabilité de la sécurité
03:47 et de l'ordre public autour de nos aéroports.
03:50 Et s'agissant de la sûreté et des contrôles des bagages,
03:53 elle est en tout état de cause optimale, quelle que soit la période.
03:56 On nous parle depuis des mois et des mois de l'expérimentation des taxis volants
03:59 à l'occasion des Jeux Olympiques.
04:01 À quoi ressemblent-ils et seront-ils effectivement à l'œuvre pendant cette période-là ?
04:05 Alors, à quoi ressemblent-ils ?
04:07 Ce sont des petits hélicoptères
04:09 qui effectivement seront testés sur des lignes expérimentales,
04:13 entre ici les Moulineaux et Saint-Cyr-l'École, près de Versailles,
04:15 entre Roissy et Le Bourget,
04:17 entre Le Bourget et une barge amarrée au bord de la Seine,
04:22 du côté du quai de Sterlitz.
04:24 Ce sont des engins qui vont exploser dans le monde
04:28 à partir des années 2028-2030.
04:31 Nous expérimentons cet instrument de transport
04:34 qui va notamment être déterminant pour les évacuations sanitaires.
04:38 Songez qu'aujourd'hui, dans de nombreux cas,
04:41 les évacuations sanitaires se font dans des ambulances
04:43 qui sont "victimes" des embouteillages
04:47 et la vie des personnes peut être en jeu.
04:48 Donc, que ce soit des usages sanitaires
04:51 ou des usages de transports rapides en cas d'urgence,
04:55 quand vous voulez passer d'un bout à l'autre d'une grande métropole dans le monde,
05:00 vous avez parfois deux heures et demie de transport en automobile.
05:02 Ce ne sera pas pour les VIP.
05:04 Mais ce sera pour tout le monde.
05:05 Ce sera aussi pour les VIP.
05:07 Pourquoi voudriez-vous que les VIP ne puissent pas en profiter ?
05:10 Parce que là, pour les JO, ce sera uniquement pour les urgences
05:12 ou aussi pour les VIP qui veulent gagner du temps ?
05:14 Pour les JO, ce sera expérimental.
05:16 C'est-à-dire que nous vendrons quelques milliers de billets
05:18 à des prix très raisonnables.
05:20 C'est combien pour prendre un taxi volant ?
05:22 Si je veux faire une course, moi, je paie combien ?
05:23 Dans le modèle économique de ces engins qu'on appelle des VETOL,
05:27 un Vertical Take-Off and Landing,
05:28 c'est-à-dire des engins qui décollent de façon verticale
05:30 et qui atterrissent de façon verticale,
05:32 le prix de la course sera en gros deux fois le prix d'un taxi automobile.
05:38 C'est-à-dire que lorsque vous allez, par exemple, de Paris à Roissy,
05:42 vous dépensez environ 55 euros.
05:44 Avec un VETOL, ça pourrait être de l'ordre de 110 euros.
05:46 À Orly, vous expérimentez en ce moment un scanner dernière génération
05:51 qui permet de ne plus sortir ses produits liquides ni ses produits électroniques.
05:56 Est-ce que c'est fiable à 100% tout d'abord ?
05:58 Alors, les expérimentations sont très positives
06:01 et nous ne mettrons en œuvre ces dispositifs
06:04 que lorsque nous aurons l'agrément définitif
06:06 de la Direction générale de l'aviation civile.
06:08 Néanmoins, compte tenu de ce que cet agrément est très proche,
06:13 nous avons d'ores et déjà prévu d'installer à titre expérimental
06:18 deux équipements de ce type dans chacun de nos terminaux de Charles de Gaulle
06:22 et également dans chacune de nos lignes de poste d'inspection filtrale à Orly d'ici 2024.
06:27 Vous avez déjà calculé combien de temps ça fait gagner ?
06:29 Oui, ça fait gagner environ 40% du temps.
06:31 40% du temps, donc ça peut permettre de régler la question des très longues files d'attente
06:37 dans les aéroports parisiens et pas uniquement parisiens, parce qu'on pense à tous les autres.
06:40 Le principal objet de préoccupation sur les files d'attente
06:44 ne concerne pas les postes d'inspection filtrage, les postes de sûreté.
06:48 Ce qui est très désagréable quand vous faites contrôler vos bagages de cabine
06:52 et quand vous êtes vous-même bénéficiaire d'un contrôle,
06:55 c'est surtout la nécessité d'enlever ses chaussures,
06:58 qui a disparu, vous le savez, à Paris depuis quelques mois,
07:01 la nécessité d'enlever son ordinateur, d'enlever ses flacons dans les trousses de toilette, etc.
07:06 Tout ceci va disparaître dans les mois qui viennent.
07:09 Donc il n'y aura plus les petits sachets plastiques ?
07:10 Quant aux files d'attente, elles sont extrêmement mesurées
07:13 puisque nos prestataires ont une obligation de résultat.
07:16 En revanche, ce qui était préoccupant,
07:18 mais qui t'envoie de très fortes améliorations, j'y reviendrai si vous le souhaitez,
07:21 c'était les contrôles des documents d'identité.
07:23 On va en parler. Juste un tout petit mot.
07:24 Vous dites qu'on n'est pas très loin de l'agrément.
07:25 Est-ce qu'on peut envisager, et à quel terme,
07:27 que ce scanner soit installé partout dans les aéroports parisiens ?
07:31 C'est pour quand ? L'an prochain ? Dans deux ans ?
07:33 Je m'engage à ce que d'ici deux ans, ça soit fait.
07:36 D'ici deux ans, pour tout le monde.
07:37 Augustin de Romanet est PDG d'Aéroports de Paris.
07:40 Elle est invitée de France Info jusqu'à 9h.
07:41 Elle est 8h40. Le Fil Info, Maureen Suiniard.
07:43 Elle veut renouer avec les syndicats pour un dialogue apaisé et constructif.
07:48 Elisabeth Borne les reçoit tour à tour à Matignon à partir de cet après-midi.
07:52 "J'y vais pour négocier, pas pour discuter", prévient Sophie Binet de la CGT.
07:57 Et du côté de la CFDT, on critique l'annonce d'Emmanuel Macron.
08:02 2 milliards d'euros de baisse d'impôt d'ici la fin du quinquennat pour les classes moyennes.
08:07 Laurent Berger estime que cela peut aider les ménages,
08:10 mais se demande comment on financera les services publics.
08:13 Les défenses anti-aériennes en action, tôt ce matin dans la capitale ukrainienne.
08:17 Kiev dit avoir repoussé des attaques de drones et de missiles.
08:21 Kiev voit arrive aujourd'hui le représentant du gouvernement chinois,
08:25 l'émissaire pour tenter de résoudre le conflit avec la Russie.
08:29 On avait déjà constaté que les forêts étaient plus silencieuses.
08:32 Une étude du CNRS confirme le déclin du nombre d'oiseaux en Europe.
08:36 20 millions d'oiseaux en moins chaque année.
08:39 L'agriculture intensive est selon les scientifiques la principale cause de cette disparition.
08:44 - Augustin Dromanet, le gros point noir dans vos aéroports, vous l'avez dit un peu avant les titres,
08:57 ce sont les énormes files d'attente pour passer la douane.
09:00 Là-dessus, est-ce que vous avouez que la mauvaise réputation des aéroports français est justifiée ?
09:05 - Je ne crois pas. Quand on se regarde, on se lamente.
09:08 Quand on se compare, on se rassure.
09:10 Si vous allez aux Etats-Unis, vous aurez l'occasion de voir que c'est bien pire.
09:12 Mais peu importe.
09:13 En France, ce que nous observons, c'est que nous avons 10% des personnes qui attendent au-delà de 30 minutes.
09:21 Alors, ce qui est évidemment problématique, c'est que pour ces personnes qui attendent au-delà de 30 minutes,
09:27 il faut prévoir un accompagnement de meilleure qualité.
09:32 Il faut prévoir peut-être plus d'attention.
09:35 - C'est quoi l'attention quand on patiente à la douane, par exemple ?
09:38 - Par exemple, c'est d'abord prioriser les personnes âgées, prioriser les personnes handicapées,
09:45 même avec des handicaps invisibles, prioriser les femmes enceintes, prioriser les familles.
09:49 C'est ce que nous faisons de façon beaucoup plus systématique depuis quelques mois.
09:52 Nous avons eu pendant longtemps une difficulté à la police aux frontières
09:55 parce que les files d'attente étaient créés par des effectifs insuffisants de police.
09:59 Le ministère de l'Intérieur a fait des efforts considérables et il a notamment pris le parti d'accroître les effectifs avec des personnes contractuelles.
10:07 Donc, ce ne sont pas des policiers en tant que tels, ce sont des contractuels qui viennent assister les policiers,
10:12 qui ne font pas exactement toutes les mêmes missions, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas faire des missions, par exemple,
10:16 d'accompagnement des personnes dans les centres de rétention ou des missions de police traditionnelles,
10:22 mais ils sont là pour aider les policiers à contrôler les passeports.
10:25 Et ce sont 250 personnes qui vont arriver dans nos aéroports parisiens pour cet été.
10:30 Donc, c'est un effort très important, c'est une innovation du ministère de l'Intérieur
10:34 qui va nous aider à faire que les files d'attente à la police aux frontières soient beaucoup moins nombreuses.
10:40 Je reconnais, et j'ai été le premier à m'en inquiéter, qu'il y a encore quelques mois,
10:45 nous avions trop de personnes qui attendaient plus de 30 ou 40 minutes.
10:49 - Augustin Tromannet, il y a trois ans, le Covid a mis les compagnies aériennes KO.
10:54 Où en sommes-nous aujourd'hui ? Est-ce que la fréquentation a retrouvé son niveau d'avant ?
10:58 - Presque. Pas tout à fait. Au niveau du groupe ADP, nous pensons que le trafic de 2019 sera de retour d'ici la fin de cette année ou en 2024.
11:07 En revanche, pour Paris Aéroports, ce sera plutôt d'ici deux ans.
11:12 - Qui n'est pas revenu ?
11:14 - On va dire principalement les pays asiatiques, la Chine à titre principal.
11:17 Aujourd'hui, nous avons un quart du trafic avec la Chine de ce qui était au moment du Covid.
11:22 Et puis avec les pays asiatiques en général, le Japon, la Thaïlande, etc.
11:27 Donc le trafic est presque revenu à son niveau d'avant Covid.
11:31 Et pour nous, pour nos collaborateurs, c'est un défi, évidemment, de bien les accueillir.
11:36 - Pour cet été, pour les vacances, est-ce que vous parvenez à anticiper si cette année, il y aura plus ou moins de voyageurs dans vos aéroports ?
11:42 - Je pense que cette année, nous aurons un trafic très élevé dans nos aéroports.
11:46 Et les prévisions des compagnies aériennes nous laissent à penser que la reprise sera forte.
11:50 - Certaines compagnies, je pense notamment aux États-Unis et à American Airlines, disent qu'on n'a pas assez de personnel.
11:55 Aujourd'hui, American Airlines, qui est un géant de l'aéronautique, dit que 50 000 vols pourraient être annulés.
12:01 Est-ce que ce sera le cas aussi en Europe et en France, où tous les vols promis pourront bien décoller et atterrir ?
12:07 - Oui. La question est plus sérieuse aux États-Unis qu'elle l'est en France.
12:10 Vous savez, le terme de grande démission est apparu aux États-Unis parce qu'effectivement,
12:15 au moment du Covid, beaucoup de personnes ont modifié leurs habitudes et ne sont pas revenus au travail.
12:21 Et c'est beaucoup plus important aux États-Unis. En France, vous le savez, le gouvernement a fait le choix de favoriser le maintien dans l'emploi
12:27 avec des financements pour les entreprises, pour l'activité partielle. Et ça a aidé au fait que la reprise se fasse plus facilement.
12:34 - Est-ce que les Français ont changé quelque chose à leur façon de prendre l'avion, et notamment ces derniers mois avec l'inflation ?
12:40 Est-ce que ceux qui peuvent se payer un billet d'avion vont moins loin, privilégient davantage les compagnies low cost ?
12:45 - Non. Ce qu'on peut dire, c'est qu'au moment du Covid, beaucoup d'épargne a été accumulée et que cette épargne permet aux Français de faire
12:55 ce qu'on appelle les « revenge travels », c'est-à-dire les voyages de revanche, en fait, les voyages non accomplis.
13:01 - Le rêve qu'on avait dans un container depuis toujours.
13:04 - La famille qu'on voulait voir dans un territoire d'outre-mer ou le voyage d'exception qu'on voulait faire à l'autre bout du monde.
13:11 Donc ce qu'on observe, c'est que malgré une hausse des tarifs des compagnies aériennes, les voyageurs ont continué à vouloir prendre l'avion.
13:19 - Vous comprenez l'augmentation des tarifs, c'est-à-dire des billets d'avion ? 20%, c'est trois fois plus que l'inflation.
13:24 Est-ce que vous comprenez cette augmentation ?
13:26 - D'une part, je l'observe. Et d'autre part, elle a des racines qui sont notamment la nécessité pour les compagnies aériennes d'amortir le coût des avions nouveaux.
13:35 Vous savez, si on veut que l'aviation soit mieux supportée, notamment par les riverains des aéroports, il faut des avions plus modernes.
13:43 Si on veut que l'aviation soit décarbonée, il faut des avions qui consomment moins.
13:47 Il faut que des avions intègrent ce qu'on appelle des « sustainable aviation fuels », c'est-à-dire des carburants durables.
13:52 Un carburant durable, c'est un carburant qui est issu notamment de matières organiques, des déchets animaux, d'huiles usagées.
13:59 Et ces carburants, eh bien, ils coûtent entre 4 et 5 fois plus cher aujourd'hui.
14:03 - Donc vous dites qu'en fait, les compagnies, elles investissent pour l'écologie, elles investissent pour le futur, elles ne se remplissent pas les poches en ce moment ?
14:09 - Aujourd'hui, les compagnies, elles ont trois défis. Investir pour la décarbonisation de leur activité.
14:14 Investir pour la modernisation des flottes avec des avions qui font moins de bruit.
14:18 Et puis aussi faire un peu de bénéfice, parce qu'on passe son temps à se plaindre du fait que les compagnies, notamment la Grande Compagnie Nationale,
14:24 aient besoin de subsides, de contribuables. Et lorsque cette compagnie peut vivre de façon autonome, on le regretterait.
14:31 Donc je ne crois pas. Moi, je crois qu'il faut trouver un équilibre de financement des compagnies aériennes.
14:37 - Ça veut dire que les prix des billets vont continuer à augmenter dans les années qui viennent ?
14:41 - Je ne crois pas qu'ils peuvent continuer à augmenter au même rythme que celui que nous avons observé depuis deux ans.
14:45 C'est totalement impossible. Ce qui est clair, c'est que post-Covid, nous avons assisté à un réajustement des prix des billets d'avion
14:54 qui est suffisamment spectaculaire pour qu'ils ne me paraissent pas pouvoir être poursuivis au même rythme.
14:59 - Est-ce que les prix des low-cost augmentent dans les mêmes proportions ?
15:02 - Oui, les prix des low-cost vont nécessairement... Enfin, ont augmenté aussi. Dans les mêmes proportions, c'est difficile à dire,
15:09 parce que, vous le savez, ces prix dépendent du nombre de bagages que vous prenez, du choix du siège, etc.
15:14 Mais au total, les low-cost ont les mêmes exigences que les compagnies traditionnelles.
15:18 Des avions plus modernes, des avions qui consomment moins, et donc des prix en augmentation.
15:25 - Quand vous avez vu pendant des années, Augustin Dromanet, des low-cost afficher des prix qui peuvent sembler assez dérisoires,
15:31 20, 30, 40 euros pour une destination, est-ce que vous vous en réjouissez ?
15:34 Parce que ça va gonfler le trafic de vos aéroports ou est-ce que vous dites qu'il y a quelque chose qui cloche ?
15:38 - Je dis qu'il y a quelque chose qui cloche. - Très clairement.
15:41 - Oui, quelque chose qui cloche, parce qu'en fait, le modèle de la compagnie aérienne qui va rançonner un aéroport assez loin d'une capitale,
15:54 en lui disant "Vous allez me payer pour que je vienne sur votre aéroport et vous donner de l'activité économique".
16:01 Et en réalité, subventionner le transport aérien me paraît un mauvais modèle, parce que ça stimule artificiellement la consommation de transport aérien.
16:12 Or, vous le savez, je pense que, particulièrement dans les pays développés, il faut essayer d'être raisonnable sur le transport aérien.
16:18 - Ça veut dire que quelque part, c'est la collectivité locale ou l'État qui paye le billet d'avion ?
16:22 - C'est pas quelque part, c'est précisément... - Je peux enlever quelques-unes.
16:25 - Je peux vous citer l'Assemblée d'aéroports européens qui finance les compagnies aériennes low-cost,
16:29 qui disent "Moi, je viens sur votre aéroport, si vous le payez..."
16:32 - Mais comment faire pour que ça s'arrête ? Parce qu'un élu local, il a aussi envie, parfois, de subventionner son aéroport pour développer l'activité économique, par exemple.
16:39 - Oui, bien sûr. Donc c'est pour ça que la solution n'est pas immédiate.
16:42 - Augustin Droman est PDG d'Aéroports de Paris. Invité de France Info jusqu'à 9h. Une toute petite pause.
16:47 Le temps du Fil info à 8h50 avec Maureen Suignard.
16:51 - La police peut-elle utiliser des drones pour surveiller des manifestations ?
16:55 Le Conseil d'Etat se prononce aujourd'hui sur la question. Une association a attaqué un décret du gouvernement qui autorise les préfets à utiliser ces engins.
17:04 "On peut avoir des inquiétudes sur le risque d'être fiché et repéré", estime ce matin la défenseure des droits.
17:10 Des drones utilisés notamment pour les manifestations contre la réforme des retraites.
17:14 Les syndicats sont à Matignon aujourd'hui et demain pour rencontrer la Première ministre et lui demander le retrait du texte.
17:20 La dernière rencontre, début avril, avait tourné court.
17:24 17 millions d'hypertendus en France. Un adulte sur trois dans notre pays, selon Santé publique France.
17:30 L'agence déplore l'absence de progrès récent face à cette maladie qui entraîne un risque important de maladie cardiovasculaire.
17:37 La moitié des malades ignorent l'être.
17:39 Le tapis rouge est prêt à être foulé. La 76e édition du Festival de Cannes débute ce soir à 19h. Édition spéciale sur France Info.
17:51 France Info.
17:54 Le 8.30, France Info. Salia Brakia, Marc Fauvel.
17:57 Je joue avec le patron d'ADP Aéroports de Paris, Augustin de Romanet.
18:00 Il y a quelques jours, quelques centaines de manifestants se sont rassemblés devant le ministère des Transports
18:05 pour réclamer l'instauration d'un couvre-feu nocturne pour les trois aéroports parisiens et un plafonnement du nombre de vols annuels.
18:12 Est-ce que vous comprenez que ça puisse être un calvaire pour les riverains qui habitent près de vos aéroports ?
18:17 Bien entendu, je comprends que le bruit doit être diminué le plus possible.
18:23 Alors, il faut dire deux choses. La première chose, c'est qu'à Charles de Gaulle, l'aéroport a vraiment été construit au milieu des champs.
18:29 Donc, normalement, il y a très peu de riverains qui sont gravement impactés. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas, très peu.
18:35 Mais ce que j'observe, c'est que j'ai reçu des visites de maires qui me disaient
18:39 "Je voudrais que vous modifiez le plan d'exposition au bruit parce que je voudrais construire à cet endroit-là."
18:44 Et moi, je leur dis "Non, c'est une zone dans laquelle il y a du bruit."
18:47 Donc, il y a une pression à la construction de logements dans des zones où pourtant il y a un peu de bruit.
18:52 C'est eux qui veulent se rapprocher de vous, c'est ça ?
18:54 Ce que je veux dire, c'est que la situation est compliquée.
18:57 Ce qui est vrai, c'est que d'abord, le bruit aujourd'hui est 35% moins fort qu'en 2003, alors que le trafic a quasiment doublé.
19:07 Oui, donc il y a plus d'avions aussi.
19:08 Bien sûr, il y a beaucoup plus d'avions.
19:09 Nous mesurons le bruit avec un indice qu'on appelle IGMP, Indice Global Moyen Pondéré du Bruit.
19:16 Et le niveau est en diminution constante depuis 2008.
19:20 Nous avions un indice 100 en 2003.
19:23 Aujourd'hui, nous sommes à 66,5.
19:25 Ça reste trop bruyant quand même la nuit pour les rivages.
19:27 Ce n'est pas une raison pour ne pas écouter les personnes qui, effectivement, peuvent avoir des difficultés à s'endormir.
19:33 Quand ils vous demandent, par exemple, de rallonger d'une heure le couvre-feu nocturne, vous dites quoi ?
19:41 Je dis d'abord qu'il faut optimiser le système de financement des dépenses d'isolation.
19:46 Il existe un système de financement public de toutes les dépenses d'isolation.
19:51 Ça, ça veut dire fermer les fenêtres quand on dort, par exemple.
19:53 Parce qu'on a beau isoler une maison, si l'aéroport n'est pas loin, il y a toute l'isolation.
19:58 La réponse est oui.
19:59 Il faut trouver l'équilibre entre deux exigences.
20:01 Une exigence de tranquillité des riverains, qui est très importante et qu'il faut écouter.
20:05 Et deuxièmement, une exigence aussi d'activité économique.
20:08 Je prends par exemple un acteur économique que nous avons rencontré hier dans le cadre des rencontres sur l'attractivité de la France,
20:15 qui est le groupe FedEx, qui est le premier groupe expressiste au monde, qui a trois hubs dans le monde.
20:22 Memphis, le siège, Shanghai, Anchine et Paris.
20:26 Si vous prenez ce groupe FedEx, il a 10 000 salariés en France, dont 5 000 sur la plateforme de Charles de Gaulle.
20:34 Et bien, pourquoi ces 5 000 personnes sont là sur la plateforme de Charles de Gaulle ?
20:38 Parce que tous les envois express qui vont des États-Unis en Afrique passent par Paris
20:45 et arrivent des États-Unis pendant la nuit et repartent dans un avion d'Air France ou d'autres compagnies le matin.
20:51 Donc Paris est un hub de correspondance mondiale du trafic express, qui est d'une importance économique...
20:57 - Vous dites qu'on ne peut pas renoncer à l'activité, c'est ça ?
20:59 - Non, je ne dis pas qu'on ne peut pas renoncer, je dis qu'il faut faire des choix.
21:01 Dès lors qu'on souhaite avoir des emplois dans notre pays, il faut essayer d'optimiser sous contrainte.
21:07 Mais ça ne veut pas du tout dire qu'il ne faut pas écouter les riverains.
21:10 Il faut prendre toutes les mesures possibles pour pénaliser les avions bruyants.
21:13 Hier encore, je discutais avec le président-directeur général de FedEx,
21:18 en lui disant qu'il fallait qu'il soit conscient qu'il mette des avions moins bruyants,
21:22 qu'il décarbone sa flotte, s'il voulait pouvoir continuer à être autorisé à voler à Paris.
21:27 - Augustin Dremeney, vous êtes également à la tête de l'aéroport du Bourget,
21:30 celui où atterrissent certains jets privés.
21:32 L'aéroport d'Amsterdam, aux Pays-Bas, a décidé de les interdire à terme au nom de l'écologie.
21:37 Est-ce que c'est le chemin que vous allez suivre, vous aussi ?
21:39 - Certainement pas.
21:41 Ne pensez pas qu'au Bourget, vous avez par exemple 3 600 vols d'évacuations sanitaires en 2022.
21:48 3 600.
21:49 Donc il s'agit là aussi d'un poumon de l'activité économique de notre pays,
21:54 qui permet d'attirer un certain nombre de mouvements d'avions qui sont nécessaires,
21:59 soit à l'activité sanitaire, comme je vous l'ai dit, soit à l'activité des personnes...
22:05 - Est-ce que tous sont nécessaires ?
22:06 - Oui, on ne vous parle pas de fermer l'aéroport du Bourget.
22:08 On vous demande d'interdire ou pas les jets privés, les vols commerciaux en jets privés.
22:14 - Alors déjà, vols commerciaux en jets privés, c'est un peu anoxymole.
22:17 - Les vols privés.
22:18 - Oui, les vols privés.
22:19 - Des ultra-riches, si vous voulez que ce soit plus complet.
22:21 - Oui, alors si vous voulez interdire aux personnes qui créent de la richesse de prendre un avion,
22:26 ça signifie que vous cassez la base imposable de votre pays.
22:30 Si vous voulez être dans un pays qui est une espèce de club méditerranéen géant,
22:34 dans lequel tout le monde est sur la plage, ne se déplace qu'en trottinette,
22:38 et ne va plus le moins du monde rencontrer quiconque à l'autre bout du monde
22:42 pour essayer de créer de la richesse, d'attirer des industries.
22:46 Comment voulez-vous que... Est-ce que vous croyez que ça se trouve sous le sabot d'un cheval
22:49 que de faire venir des industriels du monde entier pour construire une usine de batterie à Dunkerque,
22:54 pour construire des électrolyseurs d'hydrogène ?
22:58 - Non mais d'accord, mais depuis tout à l'heure, vous nous parlez de l'avion du futur,
23:00 de la décarbonation de l'aviation.
23:02 Quand on sait par exemple qu'un jet émet à peu près 2 tonnes de CO2 en seulement une heure,
23:05 alors qu'en moyenne une personne émet environ 8 tonnes de CO2 en une année entière,
23:09 vous ne dites pas que là, ça va peut-être un peu trop loin, on doit peut-être réguler tout ça ?
23:14 - C'est une très bonne question, merci beaucoup, parce qu'effectivement,
23:17 nous sommes au Bourget les pionniers dans la délivrance aux avions de carburants d'aviation durable.
23:22 D'ici quelques années, les moteurs des avions d'affaires,
23:26 je pense notamment aux futurs avions d'assaut,
23:29 le Falcon 10X qui sortira dans 3 ans, pourra emporter 100% de carburant durable.
23:33 Alors là, je le dis tout aussi solennellement que ce que je vous ai dit,
23:36 que je ne voulais pas interdire l'avion d'affaires,
23:38 je ne serais pas du tout hostile à ce que, le moment venu,
23:41 on ait des obligations d'incorporation de carburant durable dans les avions d'affaires
23:44 beaucoup plus élevées que pour les avions commerciaux généralement quelconques.
23:47 Et en disant ça, je suis conscient que j'augmente le coût de l'avion d'affaires,
23:52 parce que le carburant durable, aujourd'hui, ça coûte 5 fois plus cher.
23:55 Mais si vous me disiez que demain matin, il faudrait par exemple obliger les avions d'affaires
23:59 à mettre 30% de carburant durable, ce qui veut dire augmenter le prix du transport
24:05 dans des proportions considérables, je n'y verrais pas nécessairement d'inconvénient,
24:10 parce que ça serait donner un signal prix qui permettrait de s'assurer
24:14 que les vols qui sont réalisés dans ce contexte sont vraiment des vols de nécessité économique.
24:19 Un dernier mot, le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou,
24:21 propose qu'on taxe l'aérien pour financer le rail en France.
24:25 Il faut trouver 100 milliards pour développer le rail aujourd'hui en France.
24:29 Est-ce que vous êtes prêt à en mettre une partie ?
24:31 Certainement pas. Moi, je pense qu'il n'y a pas de secteur dans les infrastructures de transport
24:38 qui paye plus de façon autonome ses propres infrastructures.
24:41 Songez que les infrastructures...
24:43 Là, il s'agit de solidarité entre les modes de transport.
24:45 Songez que, d'abord, les compagnies aériennes acquittent une taxe de contribution
24:51 pour la taxe mondiale pour le Sida, la taxe qu'on a appelée le taxe Jacques Chirac,
24:56 qui est une taxe qui a produit des résultats très favorables.
24:59 Le transport aérien est déjà très taxé.
25:01 Songez que les infrastructures du transport aérien, les aéroports, ne bénéficient d'aucune subvention.
25:06 Au moment du Covid, nous n'avons bénéficié d'aucune subvention.
25:09 Nous payons 100% de nos infrastructures.
25:11 Donc, je demande simplement aux secteurs économiques qui bénéficient d'aide de l'État,
25:16 dans des proportions que je ne décrirai pas ce matin sur votre antenne,
25:19 ne se préoccupent pas d'aller chercher dans l'assiette du voisin des fonds,
25:25 alors même qu'eux-mêmes vivent en partie de la subvention publique.
25:31 Et c'est le patron d'une entreprise dirigée par l'État qui dit ça.
25:33 Non, mais attendez. Avec Jean-Pierre Farandou, nous avons des très bonnes relations
25:37 parce que nous savons que tous les deux, nous devons améliorer la multimodalité.
25:41 Et moi, dès qu'un passager peut venir à Charles de Gaulle pour prendre l'avion en prenant le train, je suis favorable.
25:45 Donc, je soutiens l'action de Jean-Pierre Farandou pour développer avec nous la multimodalité.
25:50 Mais pas avec votre argent.
25:51 Mais en revanche, l'idée d'aller chercher dans l'assiette du voisin ce qui vous manque dans la vôtre
25:54 n'est pas une idée qui me séduit s'agissant de ce point.
25:57 Augustin Dremannet, PDG d'ADP, à l'aéroport de Paris, était ce matin l'invité de France Info.
26:01 Merci et bonne journée à vous.
26:03 [Musique]

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