Patrick Jeudy : "J'ai été enivré par la beauté et la conversation d'Amanda Lear"

  • l’année dernière
Avec Patrick Jeudy, réalisateur de "Appelez-moi mademoiselle", un documentaire sur Amanda Lear.

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##SUD_RADIO_MEDIA-2023-04-20##

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Transcript
00:00 Sud Radio Média, l'invité du jour.
00:03 L'invité du jour, c'est un immense réalisateur, documentariste.
00:07 Vous vous intéressez toujours à l'Indochine, à la famille Kennedy, à Marilyn Monroe.
00:13 Vous avez monté les marches de Cannes pour un documentaire sur Gérard Philippe,
00:18 le dernier hiver du Cid.
00:20 Et alors, depuis quelques temps, on le disait précédemment,
00:23 ce ne sont plus les morts qui vous intéressent,
00:25 mais les vivants qui ont une carrière intéressante et hors du commun,
00:30 celle d'Adamo, c'était un de vos derniers documents.
00:33 Et cette fois-ci, à Mandalir.
00:34 Donc, je disais qu'on se connaissait bien.
00:36 J'étais très étonné que vous passiez de Dien Bien Phu à Oudé Kennedy, à Mandalir.
00:42 Qu'est-ce qui vous a intéressé ?
00:44 Enfin, on le voit dans le document, mais qu'est-ce qui a été le déclic pour vous
00:47 de vous intéresser à Mandalir ?
00:48 C'est le Covid.
00:50 J'ai traversé, comme tout le monde, quelques mois en solitaire.
00:54 Et c'est pendant ces deux mois qu'on m'a proposé Adamo,
00:59 premièrement, qui était mon chanteur de jeunesse.
01:02 Et j'ai dit oui tout de suite.
01:04 Alors que j'ai dit oui, c'était un engagement.
01:07 C'était pour lui rendre hommage, on se rend compte.
01:11 Et puis, par ailleurs, en feuilletant Wikipédia,
01:16 je me suis aperçu qu'à Mandalir était né,
01:19 et ça, ça semblait avérer, en Indochine.
01:22 Et à partir de là, j'ai commencé à penser à tous ces films,
01:28 "La Dame de Shanghai",
01:30 tous les clichés autour de l'Indochine.
01:33 J'y ai vu une femme peut-être perdue dans des bouges.
01:37 Et je me suis dit, voilà un vrai personnage.
01:41 Oui, c'est un vrai personnage, très romanesque,
01:45 avec énormément de secrets, fascinant par son parcours.
01:50 - Alors, elle n'a pas participé à ce document ?
01:53 - Non, je dois confesser que je lui ai volé sa vie.
01:56 On ne l'a même pas prévenue.
01:58 C'est pas bien, mais je crois que j'aurais pas résisté à la pression.
02:03 Je veux dire, j'aurais fait le film qu'elle aurait voulu.
02:07 Et voilà, donc je me suis caché, honteusement.
02:12 - Et donc, elle a découvert l'existence du film ?
02:14 - Elle a découvert l'existence du film,
02:16 et là, je crois qu'il y a eu un blanc.
02:18 C'est-à-dire qu'elle a envoyé émissaire, avocat,
02:22 pour dire "il faut pas, ne faites pas".
02:26 Le film était déjà signé par Arte,
02:29 et on s'est dit "au diable, on va continuer".
02:33 - Parce qu'on a le droit de faire un documentaire,
02:35 de raconter la vie de quelqu'un sans son autorisation ?
02:38 - On a le droit, oui, c'est un personnage public,
02:41 et elle a bien respecté ça.
02:43 Je veux dire, elle n'a pas intenté d'action.
02:46 - Mais entre-temps, vous l'avez eu au téléphone ?
02:48 - Et je l'ai eu il y a 15 jours au téléphone.
02:50 Et quand vous décrochez, que vous entendez,
02:53 c'est un monde à lire.
02:55 Là, vous êtes scotché, je suis sorti de chez moi,
02:59 j'ai trébuché, j'ai écouté,
03:01 puis très rapidement, on a eu une conversation d'amis.
03:06 - Parce qu'elle avait vu le documentaire ?
03:09 - Elle avait vu le documentaire, mais surtout,
03:11 elle avait fait voir.
03:12 Elle avait fait voir son entourage,
03:14 et son entourage lui a dit "c'est formidable".
03:17 Mais à partir de là, j'ai quand même dû la convaincre
03:20 qu'il ne fallait pas couper, notamment,
03:23 la dernière partie du film,
03:25 où on parle de l'Indochine,
03:27 mais où on parle effectivement des zones d'ombre d'Amanda.
03:31 - Oui, parce que c'est un...
03:33 Moi, je savais qu'elle n'avait pas donné son accord,
03:36 et je l'ai regardé en me disant "j'aurais été à sa place,
03:39 j'aurais été plutôt fière et heureuse de ce que vous montrez",
03:43 parce qu'il y a des images d'archives absolument incroyables.
03:46 Elle est effectivement racontée d'une manière
03:52 qui est assez...
03:54 qui correspond à sa vie.
03:56 - Je vous propose d'écouter le début,
03:58 ce qui va donner la tonalité du documentaire.
04:01 - Elle a toujours un coup d'avance.
04:04 Elle sait toujours avant.
04:06 Elle est dans l'esprit du temps.
04:08 - Il y a plein de moments dans sa vie,
04:10 où elle peut être totalement broyée par le show business, carbonisée.
04:13 Mais bien qu'elle soit une fille assez sensible,
04:15 ça reste une guerrière.
04:17 - Elle est comme le phénix.
04:19 Elle renaît constamment de ses cendres.
04:21 Et puis surtout, elle a une capacité d'adaptation.
04:23 Et c'est ça.
04:25 C'est l'intelligence.
04:27 - Elle s'est totalement construite, comme Marilyn Monroe,
04:29 comme Mae West, pour devenir un idéal de femme superlative.
04:33 Une sorte de femme sensationnelle, femme à sensation.
04:36 - Oui, c'est troublant.
04:38 Elle est troublante.
04:40 Elle est troublante, et vous n'avez pas percé le mystère.
04:43 De son âge, de sa sexualité...
04:47 - Quel âge, mon délire ?
04:49 - Vous me voyez muet ?
04:51 Écoutez, je ne sais pas l'âge qu'elle a, mon délire,
04:54 mais en tout cas, elle n'a pas l'âge qu'elle prétend avoir.
04:57 - Elle prétend quoi ?
04:59 - Elle prétend avoir quel âge ?
05:01 - Elle prétend être née...
05:04 Elle prétendait être née...
05:07 dans les années 50, fin des années 50, peut-être...
05:12 - Et on est plutôt dans les années 40 ?
05:14 - Mais on est plutôt dans les années 40.
05:17 Ce sont les images qui l'attestent.
05:19 Moi, je n'ai pas fait complément d'enquête.
05:21 Je ne suis pas Élise Lucet, je lui ai dit d'ailleurs, à Amanda.
05:25 - Oui, c'est l'oeuvre d'un artiste, je le disais.
05:27 Vous êtes un réalisateur, un artiste.
05:29 Ce n'est pas un reportage, une enquête ?
05:32 - Non.
05:33 Mais j'ai traité avec le beau, le beau c'est elle,
05:38 avec l'intrigant, le mystère.
05:40 - Et quelles images attestent son âge ?
05:43 - Bien des photos, des photos magnifiques de publicité
05:47 faites par Jean-François Boré, qui était un grand photographe
05:51 et qui a fait des photos d'elle en gaine, très mémère, les gaines,
05:56 en 64.
05:58 Elle ne pouvait pas avoir 14 ans...
06:01 - Non.
06:03 - Oui, enfin, elle ne pouvait pas avoir 26 ans, plutôt.
06:06 Elle avait plutôt 14 ans, 15 ans, je suppose.
06:10 - Oui.
06:11 - Parce qu'elle était vraiment mature sur ses photos.
06:13 - Alors, le Wikipédia dit qu'elle serait née en 39,
06:17 mais ça n'a pas assez peu d'importance, finalement.
06:19 - Non.
06:20 - Ça fait partie du mystère qui a créé le personnage.
06:23 Mais c'est une carrière tout à fait fascinante.
06:26 Les images que vous avez retrouvées d'elle à ses débuts,
06:29 on voit aussi au Studio 54, avec Mick Jagger,
06:32 elle a eu une vie extraordinaire,
06:35 et c'est ce qui ressort de ce document.
06:37 - Elle a été très filmée.
06:38 Non seulement elle a été filmée, mais en plus,
06:40 elle a participé à tellement d'émissions
06:42 pour dire entre nous toujours la même chose.
06:46 - Oui, c'est vrai.
06:47 - Quels que soient les interlocuteurs,
06:49 les plus rusés comme Fogiel, les plus intellos comme Rochebin,
06:54 et à chaque fois, le déroulé de l'interview est le même,
06:58 et on en arrive toujours à la question
07:01 "On doit vous appeler monsieur ou madame ?"
07:05 Et c'est là où, impérial, elle répond "Appelez-moi mademoiselle."
07:09 - Oui.
07:10 - Est-ce qu'il y a une part de mythomanie
07:13 où tout ce qu'elle raconte sur toutes ses rencontres,
07:15 elles sont toutes véritables ou pas ?
07:17 Ou elle, parfois, a croisé des stars et a romancé les choses ?
07:22 - Je pense que les deux.
07:24 Les deux. Elle a rencontré énormément de monde.
07:28 Le plus important pour moi, c'est Dali.
07:31 - Oui, Dali, qui a été le décoin de départ.
07:34 - Et c'est tout.
07:36 C'est sa thérapide.
07:39 Et les autres, oui, elle les a rencontrés.
07:43 David Bowie, évidemment.
07:45 Elle dit qu'elle a vécu avec lui.
07:48 Pourquoi pas ? Je ne suis pas là pour...
07:50 - Oui, et puis, encore une fois, ce n'était pas le propos.
07:52 C'est de raconter la légende.
07:54 - Elle a connu Bowie, de toute façon, c'est évident.
07:57 Mais je crois que c'est une extraordinaire monteuse.
08:01 - Oui, ah oui.
08:02 - Je pense.
08:03 - Est-ce que vous allez la rencontrer ?
08:05 Est-ce que vous avez prévu de vous voir ou pas ?
08:07 - Oui.
08:09 Elle m'a proposé un café aux fleurs.
08:13 Et elle m'a laissé un message le soir même
08:19 en me disant "oui, j'ai un ami de chez Vogue
08:22 qui ne parlera pas de ce film.
08:24 Il trouve que c'est dégueulasse."
08:26 Et alors, moi, je lui ai répondu avec un émoji en pleurs
08:30 en disant "et mon café aux fleurs."
08:32 Et elle a envoyé un émoji de rigolade.
08:35 - Peut-être un jour.
08:37 - Peut-être.
08:38 - Moi, je trouve pas, franchement, pas dé...
08:40 Moi, j'aime infiniment cette femme que je trouve incroyable.
08:43 Effectivement, dans son attitude, dans son humour,
08:46 dans sa répartie, il y a toutes les grosses têtes.
08:48 Même quand on voit les images avec Carlos,
08:50 on se dit "mon Dieu, mais aujourd'hui,
08:52 c'est des choses qui pourraient pas exister."
08:54 Et avec ce glamour et cette popularité,
08:56 et c'est ce qui ressort aussi du document.
08:58 - Ça, ça a pointé son intelligence,
09:00 sa répartie, son sens de la répartie.
09:03 C'est vraiment quelqu'un d'exceptionnel.
09:05 - Et Amanda Lear est devenue, évidemment, une icône.
09:08 Et une icône, ça se retrouve dans la publicité.
09:10 Actuellement, il y a une publicité Chanel
09:12 qui est diffusée, on va en parler juste après.
09:15 Et donc, voici le petit extrait de la chanson qui accompagne.
09:18 Alors, ce qui est rigolo, c'est que ça s'appelle
09:20 "Mademoiselle Coco" et vous vous êtes pas...
09:23 C'est pas lié au documentaire.
09:25 Et donc, la pub "Mademoiselle Coco", c'est ça.
09:27 - Ah oui, c'est drôle.
09:35 J'avais pas vu.
09:40 - Alors... - Je t'avais pas entendue.
09:43 - On peut le laisser en fond musical.
09:45 Mais elle est très heureuse de ça, elle vous a dit.
09:48 - Elle est très heureuse.
09:50 Elle est très heureuse d'ailleurs parce que financièrement,
09:53 ça lui rapporte un factol.
09:55 - C'est un factol pour elle, la pub de Chanel.
09:57 - Parce qu'elle n'était pas que chanteuse.
09:59 - Elle composait, sinon la musique,
10:02 ou du moins les paroles.
10:04 C'est ce que j'ai cru comprendre.
10:07 Et elle a une grande part dans cette chanson, c'est évident.
10:12 - Mais "Femme musicale", elle a fait du théâtre,
10:15 elle a fait du cinéma.
10:18 - Elle a joué dans des téléfilms,
10:21 elle a joué des petits rôles,
10:23 mais je pense qu'elle aurait pu jouer de très grands rôles.
10:27 - Est-ce qu'on peut, quand on est documentariste,
10:30 réalisateur, réaliser un document sur quelqu'un qu'on n'aime pas,
10:33 ou s'arrêter en cours de route parce que
10:35 vous vous rendez compte que ça ne correspond pas ?
10:38 Ou est-ce qu'on tombe "amoureux" de son sujet ?
10:41 - Non, il faut avoir quand même...
10:44 Vous savez, on vit avec de 6 mois à 1 an.
10:47 De 6 mois à 1 an, moi à Damo,
10:50 pendant 2 ans, à la maison, c'était à Damo, en permanence.
10:54 Mais j'ai fait des adeptes.
10:57 Amanda, oui, j'ai été enivré par ses répartis,
11:03 par ses conversations, par ses propos.
11:07 Et puis son physique.
11:09 - Oui, son physique, elle est magnifique.
11:12 - Elle est superbe. - Pour un homme.
11:15 - Mais c'est vrai qu'on a ce regard sur elle, sur son corps,
11:18 où on essaye de déceler, de savoir...
11:21 - C'est un homme ? - Pour vous, c'est un homme ou une femme ?
11:24 - Je ne vous répondrai pas, je ne dis rien même dans le film.
11:28 - Oui, c'est vrai.
11:30 - Je n'ai utilisé que les mots d'Amanda.
11:33 Je n'ai mis que ce qu'elle-même a mis, a dit.
11:37 Cela dit, de temps en temps, il y a des images, il y a des indices,
11:42 mais comme dit Éric Daon, d'ailleurs, avec une certaine...
11:46 - C'est un grand admirateur.
11:48 - Un grand admirateur, avec une certaine, non pas mauvaise foi,
11:51 mais avec une certaine rourrie, il dit "on s'en fout, après tout,
11:56 on ne s'y intéresse pas". Et c'est vrai.
11:58 - Mais ça a participé de la construction, c'est ça qui est...
12:01 Et la date de naissance, et le sexe a constitué le mythe,
12:06 ou en tout cas la légende d'Amanda Lear.
12:08 - Et c'est Dali qui le lui avait dit, et on fait une compte,
12:10 elle a suivi son conseil.
12:12 - Est-ce qu'elle est connue à l'international, Amanda Lear ?
12:14 - À part l'Italie, oui.
12:16 - À part l'Italie, est-ce qu'aux Etats-Unis, c'est le plus dur ?
12:18 - Oui, j'ai vu des concerts en Tchécoslovaquie,
12:21 j'ai vu des concerts en Allemagne.
12:24 Oui, elle a un certain rayonnement.
12:28 - Alors c'est à retrouver sur Arte, vendredi soir à 22h35,
12:32 à Amanda Lear, "Rappelez-moi Mademoiselle",
12:34 c'est également disponible sur la plateforme d'Arte.
12:38 J'ai été étonné qu'Arte vous accepte un projet comme celui-là,
12:43 parce que c'est vrai que ça exprime aussi toute la richesse du personnage,
12:49 c'est-à-dire qu'elle peut être à la fois sur Arte,
12:51 et sur une chaîne plus populaire.
12:53 - Oui, Arte, ce n'est pas étonnant de la part d'Arte,
12:56 ils ont une belle case pop,
12:58 et moi je ne me voyais pas très pop,
13:01 mais ils ont accepté.
13:03 - Formidable. Sur Arte, donc, à Mandaly.
13:06 Regardez ce document, vraiment formidable.
13:08 Merci Patrick Jeudy d'avoir été avec nous.
13:10 Dans un instant, c'est Jean-Jacques Bourdin avec vous,
13:12 en direct de Gange, là où se rend le président de la République aujourd'hui.
13:16 A demain.

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