Chroniqueuse : Maya Lauqué
Ce samedi 15 avril signe un triste anniversaire : celui de l'incendie de Notre-Dame de Paris. Quatre en après le feu qui a détruit la charpente ainsi que la flèche, Maya Lauqué s'est rendue sur le chantier, en compagnie du Général Georgelin, président de l'établissement public chargé de la restauration de la cathédrale.
Ce samedi 15 avril signe un triste anniversaire : celui de l'incendie de Notre-Dame de Paris. Quatre en après le feu qui a détruit la charpente ainsi que la flèche, Maya Lauqué s'est rendue sur le chantier, en compagnie du Général Georgelin, président de l'établissement public chargé de la restauration de la cathédrale.
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00:00 [Musique]
00:17 Bonjour Général Georges Hennin.
00:18 Bonjour Madame.
00:19 Merci infiniment de nous accueillir ici à Notre-Dame qui est un peu votre maison depuis 4 ans,
00:24 maintenant vous qui êtes le chef des bâtisseurs.
00:26 Oui enfin ce n'est pas ma maison, c'est plutôt la maison de Paris ou de la France.
00:31 Et puis on est nombreux à pouvoir revendiquer ce titre.
00:33 Et il y a beaucoup de monde sur ce chantier, on va en parler.
00:36 Mais d'abord un mot, on est ici dans un cadre absolument époustouflant
00:40 et encore merci de nous y accueillir.
00:42 Ce 15 avril marque une étape importante dans le chantier,
00:45 racontez-nous ce qui se passe derrière nous.
00:48 Alors ce 15 avril, ça fait d'abord 4 ans très exactement que cet incendie a eu lieu.
00:54 Comme vous le voyez, le chantier a beaucoup progressé en un an.
00:57 On est bien en route vers une réouverture en 2024.
01:00 Alors ce que vous voyez là qui est absolument extraordinaire
01:03 et qui pour nous est un marqueur majeur, c'est ce que l'on appelle le tabouret de la flèche.
01:08 Vous voyez ces 4 parties là qui jaillissent du transept.
01:12 C'est le socle de la flèche.
01:14 C'est-à-dire que nous sommes à 30 mètres de haut
01:16 et à partir de là, la flèche va s'élever 60 mètres plus haut.
01:20 Le tabouret, cette partie-là qui s'appuie sur les 4 piliers du transept,
01:24 est à lui-même 6 mètres de haut et ensuite 60 mètres la flèche.
01:28 Donc l'échafaudage va se construire, cette flèche,
01:31 les Parisiens et les visiteurs vont pouvoir la voir dans le ciel de Paris à quel moment ?
01:35 Les Parisiens et les Parisiennes et les touristes verront l'échafaudage
01:41 qui est déjà arrêté à 30 mètres, qui va monter à 100 mètres,
01:44 s'élever petit à petit dans le ciel de Paris
01:48 et au fur et à mesure qu'il va monter, on va monter la pièce
01:52 que nous reconstruisons dans ses matériaux d'origine, c'est-à-dire le bois de chêne.
01:57 À l'identique de celle qui avait été imaginée par Viollet Le Duc.
01:59 À partir de l'été, on va commencer à voir cette flèche élever dans le ciel de Paris.
02:03 C'est un chantier titanesque.
02:05 Combien de compagnons travaillent dans la cathédrale ?
02:08 En ce moment, nous sommes 500 sur la base-vie de l'île de la Cité.
02:12 Nous allons arriver à 600.
02:13 Mais en France, par jour, on peut dire qu'il y a un millier de personnes qui travaillent sur le chantier.
02:18 Oui, car il doit refléter ce chantier aussi l'excellence française.
02:21 Oui, vous avez les caristes, vous avez les menuisiers,
02:25 vous avez les charpentiers, vous avez les vitrailliers,
02:28 vous avez les facteurs d'orgue et ainsi de suite.
02:31 Tous ces gens travaillent pour Notre-Dame.
02:33 Alors, à l'intérieur de la cathédrale, il y a aussi tout un travail de nettoyage
02:37 de 42 000 mètres carrés, je crois, de pierres, les vitraux.
02:42 On a été frappé, et je pense que vous l'avez été aussi, par la lumière.
02:46 On est frappé par la blondeur retrouvée des pierres.
02:49 On a des pierres blondes qui illuminent la cathédrale.
02:52 On a déposé tous les vitraux.
02:55 Il y a 4 500 mètres carrés de vitraux dans la cathédrale.
02:57 On les a tous déposés, on les a nettoyés,
03:00 on les a envoyés dans 8 vitraillers en France, plus à Cologne, en Allemagne,
03:05 puisqu'ils ont, à Cologne, tenu à participer à la restauration de la cathédrale.
03:10 Et tout ça va donner beaucoup plus de lumière, évidemment, à l'intérieur de la cathédrale.
03:14 Et je pense que c'est ce qui va le plus frapper les gens
03:16 quand ils rentreront dans la cathédrale à la réouverture en fin 2024.
03:20 - Puisqu'on parle de l'intérieur, est-ce que l'intérieur va être modifié
03:25 dans le cadre liturgique, c'est-à-dire l'endroit où on dit les messes,
03:28 ou est-ce que ça va être encore réinstallé à l'identique ?
03:30 - L'ordonnancement général restera le même,
03:33 mais évidemment, tout le mobilier liturgique va être changé.
03:37 C'est la raison pour laquelle, actuellement,
03:39 l'archevêque qui préside une comitée ad hoc sur ce sujet
03:43 est en train, après avoir fait une première sélection d'artistes,
03:47 de sélectionner parmi les cinq retenus,
03:51 qui fera l'hôtel, l'ambon, la cathèdre, le tabernacle, le baptistère.
03:57 - Un mot sur les dons.
03:58 Cet incendie de Notre-Dame a provoqué un élan de générosité sans précédent.
04:02 846 millions d'euros ont été récoltés.
04:05 De quelle manière l'argent a été dépensé ?
04:07 Est-ce que tout l'argent a été dépensé aujourd'hui ?
04:09 - Cet argent a été dépensé avec une grande rigueur
04:14 et un souci de l'économie parfait.
04:17 Alors, nous avons 846 millions d'euros,
04:20 nous avons dépensé 150 millions d'euros
04:22 dans la première phase de consolidation, sécurisation.
04:26 La reconstruction de la cathédrale, proprement dit,
04:29 nous l'estimons à 550 millions d'euros,
04:33 avec quelques provisions pour aller à l'hiver, notamment l'inflation.
04:37 Et il reste 146 millions d'euros qui seront utilisés
04:41 pour les extérieurs de la cathédrale,
04:43 non pas l'environnement, mais les élévations extérieures,
04:47 la tour sud, le chevet, les arcs boutants, etc.
04:50 - Sur le délai, vous nous avez dit que la cathédrale rouvrirait au public
04:54 fin de l'année 2024, je crois que la date du 8 décembre a été actée.
04:59 Est-ce que c'est compliqué et tendu, comme vous le disiez il y a quelques mois,
05:02 ou vous êtes plus optimiste aujourd'hui ?
05:05 - La reconstruction de cette cathédrale, le chantier,
05:07 n'est pas et n'a jamais été une partie de plaisir.
05:10 On va voir ce que certains racontent.
05:12 Ça reste une affaire difficile et il faut avoir l'œil en permanence,
05:16 il faut se battre tous les jours,
05:19 parce que si nous nous arrêtons de nos bases, nous ne terminerons pas.
05:22 Il faut que la logistique fonctionne, que les grues soient disponibles
05:25 pour amener les pierres, le bois, etc.
05:27 L'interaction entre ces différentes entreprises,
05:30 ces différents compagnons, est quelque chose de difficile à régler,
05:33 c'est ce que nous faisons.
05:34 - 8 décembre 2024, c'est une journée symbolique,
05:38 puisque c'est le jour de la fête de l'Immaculée Conception.
05:41 Est-ce qu'on commence déjà à imaginer la cérémonie, la liste des invités ?
05:46 - Madame, pour la cérémonie, adressez-vous à Mgr Ribadot Dumas, recteur, archiprêtre.
05:52 - Oui, mais quand on dirige le chantier comme ça, on a peut-être des envies.
05:56 Est-ce que par exemple, la venue du Pape, ça aurait de l'allure ?
06:00 - Écoutez, ce n'est pas à moi qu'il faut poser la question.
06:03 Moi, voyez-vous, je me bats tous les jours pour que cette cathédrale
06:07 retrouve dans des délais raisonnables fixés à 5 ans,
06:10 ce pour quoi elle a été construite.
06:12 C'est l'affectataire, c'est-à-dire l'archevêque de Paris, le recteur, archiprêtre,
06:17 qui lui, installera la liturgie qui vient et s'occupera de la cérémonie de réouverture.
06:24 Et je ne doute pas que ce sera à la fois grandiose et parfait.
06:28 - Pour finir, quand vous vous retournez, quand vous le regardez, ce tabouret,
06:31 est-ce qu'il y a quand même de la fierté ?
06:34 De se dire que là, le chantier prend fort.
06:36 - Je peux vous dire que ça fait tellement longtemps qu'on l'avait en tête
06:39 qu'on se dit vraiment, vraiment, on tient le bon bout.
06:42 Certes, c'est difficile, mais on y arrive.
06:44 Et on y arrive parce qu'il y a beaucoup de fierté chez tout le monde,
06:49 et d'abord chez tous ces artisans qu'on côtoie sur le chantier.
06:53 On y arrive parce que tout le monde se défonce et se débat pour ça.
06:57 Et on y arrive aussi parce que nous sommes très conscients,
07:00 tous, de moi jusqu'aux ouvriers et mes compagnons sur ce chantier,
07:03 que dans cette affaire, c'est la réputation de la France qui est en jeu.
07:07 Nous avons dit que nous reconstruirions cette cathédrale en 5 ans.
07:11 À la face du monde, nous devons le faire en 5 ans.
07:14 Et c'est pour ça que nous allons y arriver.
07:16 - Merci beaucoup, Général Georges Allain, de nous avoir accueillis ici.
07:20 - Merci.
07:21 [Musique]
07:23 - Merci. - Merci.