Etat d'urgence migratoire en Italie : ce qui va changer

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00:00 Vous le savez, en Italie, face à la hausse des arrivées de migrants sur les côtes ces derniers mois et ces derniers jours,
00:07 le gouvernement a donc réagi en annonçant ce mardi l'instauration de l'état d'urgence pour une durée de six mois.
00:13 Et avec nous pour en parler, Amara Bakoul.
00:17 Bonjour.
00:17 Bonjour.
00:18 Rédactrice en chef du site Info Migrants ici à France 24.
00:21 Ça fait donc des mois que ces flux d'arrivées de migrants en Italie sont en très forte hausse.
00:26 Qu'est-ce qui a amené Rome à prendre cette décision d'état d'urgence hier ?
00:30 Alors déjà, il faut savoir que ce n'est pas la première fois que cet état d'urgence migratoire est décrété en Italie.
00:34 C'était déjà arrivé en 2011.
00:36 C'était sous Silvio Berlusconi.
00:37 À l'époque, c'était aussi un signal d'alerte parce que l'Italie voulait que l'Union européenne partage la charge migratoire.
00:43 À l'époque, c'était des personnes qui venaient beaucoup d'Afrique du Nord.
00:46 Là, aujourd'hui, cette décision, elle est prise par le gouvernement principalement en raison de deux facteurs.
00:50 Déjà, le nombre d'arrivées qui a augmenté de 300 % sur la période de janvier à maintenant par rapport à la même l'année dernière.
00:58 Et puis, le nombre de personnes migrantes présentes sur le sol italien qui est à plus de 115 000 personnes, sans compter les réfugiés ukrainiens.
01:07 À titre d'exemple, le hotspot de l'Empedouza, qui est le plus surchargé et dont on entend le plus parler, c'est celui qui pose le plus problème.
01:14 Il est prévu pour accueillir 300 à 400 personnes.
01:16 Or, là, ces dernières semaines, il en a accueilli en même temps 3 000.
01:19 Sur plusieurs semaines.
01:22 Et il faut aussi rappeler que le pays ne reçoit pas seulement des personnes via la Méditerranée, via les différentes routes migratoires de Méditerranée,
01:28 mais également par la route des Balkans.
01:30 Les migrants arrivent en Italie via la Slovénie, notamment dans la ville de Trieste.
01:34 Toutefois, il reste intéressant de rappeler qu'on n'est pas encore au même chiffre que 2016, qui, en Italie, était l'année record des débarquements.
01:43 Et l'Italie avait accueilli 176 000 personnes en même temps, donc beaucoup plus que maintenant.
01:49 Et à l'époque, l'état d'urgence n'avait pas été déclaré.
01:52 Alors, pourquoi décréter cet état d'urgence ? Qu'est-ce qui va changer ?
01:54 Qu'est-ce que ça va permettre aux autorités italiennes ?
01:56 Est-ce qu'on a des infos ?
01:57 Oui, on en a quelques-unes.
01:59 Alors, il va y avoir un fonds de 5 millions d'euros qui va être débloqué.
02:03 Ce fonds, il va pouvoir être utilisé notamment par un commissaire spécial qui va être nommé pour gérer ce dossier.
02:09 Il va être utilisé pour désengorger l'Empedouza et les autres hot spots de l'Italie.
02:15 Il y en a plusieurs.
02:15 Il n'y a pas que celui-là.
02:16 Il y en a en Sicile notamment, mais ailleurs sur le territoire.
02:20 Les désengorger comment ?
02:21 C'est-à-dire qu'il va pouvoir se passer de certaines procédures pour louer des véhicules, ouvrir des nouveaux centres, acheter des bâtiments.
02:30 Et ça ne sera plus uniquement des centres d'accueil.
02:32 Ça sera aussi des centres de rapatriement.
02:34 À l'heure actuelle, il y a 10 centres de rapatriement en Italie.
02:38 C'est des centres où on met les migrants, où on les prie de liberté.
02:41 D'ailleurs, c'est des centres de détention en attente de pouvoir les rapatrier chez eux, les raccompagner chez eux.
02:47 D'accord, un peu à l'image de ce qui se fait en Grèce également en ce moment.
02:50 Voilà, comme des centres de rétention dont il existe en France.
02:54 Mais là, il est donc question de les renvoyer.
02:56 C'est ça, c'est bien ça qui inquiète certaines voix de la classe politique et certaines associations.
03:02 Parce que dans la foulée de cet état d'urgence, il y a une série d'amendements qui ont été déposés, qui vont être examinés prochainement au Parlement.
03:07 Ce sont des amendements qui ont été ajoutés au décret Coutraud.
03:10 Coutraud, c'est la localité balnéaire où avait eu lieu le naufrage fin février, qui a coûté la vie à 70 migrants.
03:17 Et ces amendements, en fait, prévoient, s'articulent autour de deux volets.
03:20 Durcir les conditions d'octroi d'une certaine protection et surtout accélérer les renvois de migrants non éligibles à l'asile.
03:27 Alors durcir, c'est quoi ?
03:28 C'est en fait, en Italie, il y a trois types de protection.
03:31 L'asile, donc le statut de réfugié, la protection subsidiaire et puis cette protection spéciale.
03:35 Et en fait, là, on réduit la possibilité d'avoir cette protection spéciale.
03:39 Donc moins de personnes pourront l'avoir.
03:41 Et puis, on réduit aussi le délai de réexamen.
03:43 Donc avant, c'était tous les quatre ans que ce statut était réexamé.
03:46 Maintenant, ce sera tous les deux.
03:47 Et puis, le nombre va être réduit.
03:50 Et puis, elle sera caduque si on rentre dans son pays d'origine, même pour un temps limité.
03:55 L'autre volet, c'est les renvois.
03:57 Donc, l'idée, c'est vraiment de fluidifier et de maximiser le flux.
04:00 Il y aura des accords avec les pays d'origine.
04:04 Et puis, cette multiplication, en fait, cette multiplication, cet élargissement des centres de rapatriement.
04:12 On voit derrière vous ces sauvetages de migrants ces derniers jours en Méditerranée.
04:16 Les chiffres, ils sont dramatiques.
04:17 En l'espace de deux jours, il y en a eu 1200, 800 notamment sur un bateau de pêche où ils étaient entassés.
04:22 Concrètement, qu'est-ce qui attend ces migrants qui débarquent en Italie à leur arrivée et puis dans les jours qui suivent ?
04:28 Alors, la procédure a été un changé depuis plusieurs années.
04:30 Donc, quand ils arrivent, ils vont dans ce hotspot à Lampedusa ou dans un autre.
04:34 Là, il reste un certain temps parce que chacun d'entre eux doit subir un interrogatoire,
04:39 doit avoir un interrogatoire avec un entretien avec un officier de la police et les empreintes sont prises.
04:45 Et cet entretien est décisif parce que c'est là que sera déterminé si cette personne est éligible à l'asile ou pas vraiment,
04:52 si c'est un migrant qui vient pour d'autres raisons.
04:54 Et ensuite, ils seront orientés soit vers des centres d'accueil pour les personnes éligibles à l'asile,
04:58 soit vers des centres de rapatriement.
05:00 Évidemment, j'ai oublié de dire que s'ils ont besoin de soins, c'est aussi à ce moment-là qu'ils seront pris en charge pendant leur séjour dans le hotspot.
05:08 Et cette histoire de centre de rapatriement, il y a un enjeu assez important parce qu'en fait, il y a peu de places en Italie dans les centres de rapatriement.
05:15 Pour beaucoup, le passage par la case centre de rétention de rapatriement n'était pas obligatoire.
05:21 On donnait à ces personnes une obligation de quitter le territoire sous sept jours et on les laissait.
05:26 Voilà exactement d'où la volonté du gouvernement d'augmenter ses places pour pouvoir mieux maîtriser cette partie-là.
05:33 Merci beaucoup Amara Makhoule d'un faux migrant.

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