Attaques jihadistes au Mali : plus de 70 morts et 200 blessés
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00:00D'abord, un premier bilan humain au Mali de sources sécuritaires rapportées par l'agence France Presse.
00:05On évoque plus de 70 morts et 200 blessés.
00:08Les derniers jours ont été chaotiques dans la capitale malienne.
00:11Les djihadistes du JNIM, affilié à Al-Qaïda, ont attaqué plusieurs localités.
00:16Ils ont notamment pris temporairement, vous le voyez, le contrôle d'une partie de l'aéroport international.
00:21Un événement dramatique qui contredit les ambitions de l'agente malienne dans sa lutte contre le djihadisme.
00:28L'agente qui semble être dépassée par ces groupes.
00:32Au Burkina Faso, c'est le même constat.
00:34Human Rights Watch sort un rapport sur la question.
00:36Bonjour, Hilaria Alegrozi.
00:38Merci d'être sur France 24.
00:40Vous êtes l'auteur de ce rapport dans lequel vous détaillez les conditions de vie des populations victimes des attaques de ces groupes armés islamistes au Burkina Faso.
00:51Avec un bilan, 26 000 morts en 8 ans.
00:55Oui, exactement. Dans notre dernier rapport, nous documentons l'escalade de la violence djihadiste au Burkina à partir du début de l'année jusqu'au mois de juillet.
01:05Nous avons documenté 7 attaques qui ont fait 128 civils tués.
01:10Bien sûr, ça c'est juste une fraction des attaques qui ont été menées par ces groupes à travers le pays.
01:17Ce n'est que la pointe de l'iceberg.
01:19Il y a eu d'autres attaques aussi meurtrières et aussi violentes dans un contexte d'insécurité grandissante et de dégradation générale de la situation des droits de l'homme.
01:28Pourquoi cette récrudescence?
01:31Bien sûr, pour une montée en puissance des groupes, mais également pour une réponse inadéquate de la part des forces de sécurité.
01:39Vous l'avez dit, nous avons documenté aussi, grâce à l'appui de l'ONG ACLED, 26 000 morts depuis le début du conflit, c'est-à-dire 2016.
01:51Plus de la moitié de ces morts ont été depuis l'arrivée au pouvoir de l'agente dirigée par Ibrahim Traoré.
02:0226 000 morts, dont environ 15 500 depuis le coup d'État de septembre 2022.
02:07Ça veut dire qu'on assiste à une aggravation, vous le disiez, de cette situation depuis le coup d'État.
02:12Est-ce que vous pouvez nous dire qui sont finalement ces victimes?
02:17Où se trouve-t-elle au Burkina Faso?
02:19Plutôt dans le nord, dans le centre?
02:21Alors, les attaques, nous les avons documentées à travers le pays.
02:25Les conflits au Burkina sont en train de se répandre, de s'intensifier en touchant presque toutes les régions du pays et surtout en agendant une crise humanitaire
02:36de grande ampleur.
02:38Le Burkina aujourd'hui fait face probablement à la pire crise humanitaire de son histoire, avec plus de 10 % de sa population,
02:46c'est-à-dire 2 millions de personnes déplacées internes, avec des services sociaux de base déjà fragiles avant les conflits et maintenant complètement débordés,
02:56ce qui aggrave les besoins humanitaires, avec des problèmes de protection énormes pour la protection des civils
03:04et surtout une crise humanitaire qui, malgré son ampleur, sa vastité, est négligée et est très peu connue en raison du manque d'attention de la communauté internationale,
03:17mais aussi du manque de financement.
03:19Ce qui émerge aussi dans votre rapport, Hilaria Alegrodzi, c'est la montée en puissance des VDP.
03:25Ce sont ces volontaires qui se battent aux côtés de l'armée burkinabé et qui placent les civils dans une position très délicate.
03:32Pour quelle raison?
03:34Justement, vous l'avez dit, pas mal d'attaques que nous avons documentées ont été perpétrées en représailles contre la population locale civile accusée de collaborer ou supporter les forces de sécurité
03:48ou les volontaires pour la défense de la patrie.
03:51Ces volontaires pour la défense de la patrie ont été recrutés massivement depuis 2022
03:59et le régime d'Ibrahim Traoré a fait de ces VDP le pilier de sa réponse sécuritaire et purement militaire à l'insécurité qui sévit dans le pays.
04:09Toutefois, la stratégie d'armée des civils dans le cadre de la lutte contre le terrorisme est extrêmement controversée.
04:17Pourquoi? Parce que ces VDP ne sont pas forcément très bien formés au respect du droit international humanitaire et des droits de l'homme
04:26et parce qu'ils ont été recrutés au sein seulement de certaines communautés.
04:32Donc, d'autres communautés ont été délaissées, ce qui fait que ces communautés sont les cibles d'attaques de la part des groupes satanés.
04:45Et ça veut dire que les civils, eux, sont pris entre deux feux entre l'armée, les VDP et les groupes jihadistes?
04:51Oui, effectivement, les civils sont pris en tenaille.
04:54La dernière attaque de Bar Salogo, qui ne figure pas dans notre rapport, mais sur laquelle nous sommes en train d'enquêter,
05:02sur laquelle vous avez largement reporté des informations,
05:07illustre très bien à quel point les civils sont entre les marteaux et l'enclume,
05:13entre des exactions, des brutalités, des atrocités commises par les groupes islamistes qui les massacrent et qui veulent imposer leurs lois
05:23et une armée également brutale qui est censée les protéger, mais qui se livre à des exactions dans le cadre d'opérations de contre-terrorisme
05:31ou qui n'est pas en mesure de répondre à des attaques d'envergure.
05:35Vous soulevez aussi la question des déplacés qui sont forcés de revenir chez eux, poussés par les autorités,
05:42alors que même la zone qu'ils ont quittée n'est pas sécurisée.
05:46Oui, effectivement, certains villageois ont été tués après que les forces de sécurité les ont forcés à retourner dans des zones
05:59d'où les jihadistes les avaient expulsés parce que certains, d'ailleurs, avaient réjoint les BDP.
06:05Dans la réponse à notre rapport, le ministre de la Justice nous a assuré que le retour s'est fait sur base volontaire,
06:14mais les récits, les témoignages que nous avons récoltés sont en contradiction avec cette déclaration du ministre
06:22parce que beaucoup de personnes nous ont justement dit qu'ils ont fait face à des menaces une fois retournés dans des zones pas sécurisées.
06:32Merci infiniment, Hilaria Allegrosi, pour votre rapport, un travail courageux, nécessaire et indépendant que vous pouvez retrouver sur le site de Human Rights Watch.