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  • il y a 3 ans
“Pour aider mon quartier, si je dois me lancer en politique je vais le faire” On a passé 24h au quartier Saint Jacques à Perpignan avec Nasdas, la personnalité la plus influente de France sur Snapchat. Connu pour redistribuer entre 70 et 80% de son salaire au plus nécessiteux, il dénonce la précarité extrême, le mal-logement, ainsi que la non-concertation avec les habitants dans les rénovations urbaines.

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00 - Ça va mec, ça va ou quoi mon frère ? Bien, tranquille ?
00:02 On est allé voir Nasser Sari, surnommé Nasdas.
00:04 - Lave-le, lave-le !
00:05 C'est l'influenceur le plus suivi sur le Snapchat français.
00:08 - La chentée, la vraie !
00:09 Il nous a invités à Saint-Jacques dans son quartier, en plein cœur de Perpignan.
00:12 Et c'est là que sont tournées ces vidéos complètement folles
00:14 qui font des millions de vues sur les réseaux.
00:16 - Tranquille !
00:17 Nasdas y prend de la solidarité, on le voit dans ses délires avec ses potes.
00:22 Et ces derniers temps, il montre aussi son combat quotidien
00:25 pour préserver sa vie de quartier et ses bâtiments.
00:27 Et c'est aussi pour ça qu'on est allé voir Nasdas à domicile.
00:30 - Pour aider mon quartier, si demain je dois faire de la politique,
00:32 je m'engagerai dans la politique.
00:33 - À domicile !
00:34 - Tu veux dire bonjour à la caméra ?
00:44 - Ça va l'équipe, hein ? Bien ?
00:46 - Là, on est... Ça, c'est la placette.
00:49 J'habitais là, ma mère habitait là, avec mes frères et soeurs.
00:51 Et moi, je snappais juste à la place en dessous de chez moi, tu vois ?
00:54 Les bâtiments n'existent plus.
00:55 Là, ils ont quasiment tout détruit, la mairie.
00:57 Et là, regarde, ils sont encore en train de commencer.
01:00 Tu te rends compte ?
01:01 Il y a un truc, les influenceurs, entre eux, ils se clashent.
01:03 Les influenceurs, ils se... T'as capté ? Ils se taquinent.
01:06 Moi, je suis en clash avec personne.
01:07 Mais tu te rends compte qu'à 26 ans, je dois faire...
01:09 Je suis contraint de faire de la politique pour défendre mon quartier.
01:11 Regarde ! Un champ de ruines.
01:13 Il y a un programme qui s'appelle le NPNRU,
01:15 un programme de gentrification.
01:17 La gentrification, c'est remplacer une classe sociale, on va dire.
01:20 Eux, ils jugent qu'ici, par le journal JDD,
01:23 c'est considéré encore comme un ghetto,
01:24 qui a trop de pauvres, qui a trop de chaineté,
01:26 qui a trop d'insalubrité.
01:27 Du coup, faire partir une partie de la population,
01:30 on va la remplacer par d'autres.
01:31 Nous, qui est des gens qui veulent venir habiter au quartier,
01:33 on est pauvres.
01:34 Qui détruisent, quand c'est dangereux pour nos femmes,
01:38 nos enfants et les familles, on est pauvres.
01:40 Mais on veut une garantie de reconstruction.
01:42 Encore, encore et encore la chaineté.
01:45 Mon quartier est en train de disparaître.
01:47 Notre quartier est en train de se faire détruire.
01:50 Tous les îlots qu'ils ont détruits,
01:51 je pense que celui-là, ça va être presque le dixième.
01:54 Et zéro reconstruction.
01:56 Parce que nous, on est un quartier très ancien,
01:58 on est un quartier historique, Saint-Jacques.
02:00 Il y a des bâtiments qui datent du Moyen-Âge.
02:02 Pourquoi on les rénove pas ?
02:03 Et quand on leur dit la rénovation ?
02:04 Vous êtes malades ?
02:05 Ça coûte 10, 15 fois plus cher.
02:07 Encore une fois, tout est question d'argent dans ce bon monde.
02:09 Je ne vais pas sortir de ce chiffre,
02:10 parce que je ne les ai pas,
02:11 mais il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup,
02:13 beaucoup de familles qui sont nées à Saint-Jacques,
02:14 qui ont grandi à Saint-Jacques,
02:15 qui ne sont plus à Saint-Jacques,
02:16 et qui demandent qu'un seul truc, c'est de revenir à Saint-Jacques.
02:18 Peut-être qu'on leur dit, "Ouais, elle est ailleurs, vous allez voir, c'est mieux."
02:20 Mais non, on les parke dans un autre quartier difficile.
02:22 Et je vais te montrer tout ce qu'ils ont détruit,
02:24 et ça fait mal au cœur.
02:25 Tu vois les petites épiceries comme ça ?
02:30 Comme au bled.
02:32 Le commerce de proximité, il existe encore chez nous.
02:35 Et chez nous, ici, il y a une règle en or,
02:37 c'est la règle...
02:38 À partir du 20, du 20 du mois,
02:41 les commerçants, ils laissent accréditer.
02:43 Ils achètent un carnet,
02:46 et chaque famille, ils notent combien ils doivent.
02:48 Et quand le 5 ou le 6, ils encaissent leur RSA,
02:50 ou les allocations,
02:52 ils viennent tout payer à l'épicerie.
02:54 Ça fait en sorte que quand tu n'as plus d'argent en fin de mois,
02:56 quand les mois sont difficiles,
02:58 de pouvoir quand même manger, tu vois.
02:59 Tu as tellement d'acteurs dans ce quartier,
03:01 tu as Kemel, lui, qui est dans le collectif
03:03 contre la destruction du quartier Saint-Jacques.
03:06 C'est lui qui nous canalise,
03:07 c'est lui qui va organiser en fait,
03:09 quand il y a des marches, c'est lui qui les organise.
03:12 C'est lui qui est souvent mieux au courant, tu vois.
03:16 Et on fait tout ça ensemble, mais lui, voilà,
03:18 ce qu'il fait pour le quartier, ça mérite d'être vu,
03:20 parce que c'est vraiment quelqu'un d'important.
03:22 Ça aussi, maison, démolition.
03:26 Ça fait combien de temps qu'ils ont cassé ça ?
03:28 - Ça fait deux, trois ans, sûr.
03:31 - Hein ? Mais t'es fou, ça fait au moins...
03:34 presque, on approche les 10 ans.
03:36 Et des îlots comme ça, tu vas en voir...
03:38 - Heureusement qu'il y en a, ça,
03:39 ils ne relèvent pas.
03:40 - Heureusement qu'il y a pas,
03:42 c'est madame Roland, heureusement qu'il y a pas.
03:44 - Tu regardes au loin, destruction encore,
03:46 tu vois comment ça fait mal.
03:47 Et elle est où la reconstruction ?
03:48 Et pourtant, à chaque fois, on nous calme,
03:50 on nous apaise comme ça.
03:51 Mais si demain, les jeunes, je le souhaite pas,
03:53 c'est les échos que j'ai eus au quartier,
03:55 ils veulent détruire les machines.
03:56 C'est qui qui va passer pour les méchants ?
03:57 Je leur dis les gars, soyez pas bêtes.
03:59 C'est ce qu'ils attendent.
04:00 En fait, l'ancienne mairie,
04:01 c'était Jean-Marc Pujol, le maire,
04:03 il nous avait garantis qu'il y aurait des concertations.
04:06 Rien, zéro, niet.
04:08 - Regardez, il y a qui qui est venu ?
04:10 Monsieur le maire de Perpignan
04:12 qui est venu pour assister à ça, la GNT.
04:14 Regardez comment il est content.
04:15 Il aime voir ça.
04:16 - C'est comme ça, on voit nos maisons,
04:18 nos bâtiments qui datent du Moyen-Âge
04:20 disparaître et...
04:22 on n'a pas d'autre mot à dire.
04:24 Ce qu'on veut, c'est pas voir notre quartier disparaître.
04:26 Et je pense que s'il y a une concertation,
04:27 s'il y a un travail fait avec la mairie,
04:29 on pourrait, tu vois, faire avancer les choses.
04:31 - Et en parlant de ça, c'est les rumeurs du fait
04:33 que tu pourrais te présenter aux élections ?
04:35 - Non, c'est...
04:37 c'est quand j'avais fait un interview pour The Guardian.
04:40 Pour aider mon quartier,
04:42 si je dois devenir éboueur, je deviendrai éboueur.
04:44 Pour aider mon quartier, si demain je dois devenir,
04:46 je ne sais pas, carrossier, je deviendrai carrossier.
04:48 Mais pour aider mon quartier, si demain je dois faire de la politique,
04:50 je m'engagerai dans la politique.
04:51 C'est ce que j'ai dit.
04:52 - Tiens, Nassas, regarde, tiens, prends ça.
04:54 - C'est une très bonne vidéo. Voilà.
04:56 - Mais comment ça, un potager ?
04:58 Le potager du pitch, il a vraiment écrit "potager" ?
05:00 Ils ont détruit, ils ont fait ça.
05:02 Il y a des familles qui sont parties.
05:03 Et maintenant, ils veulent faire un potager.
05:05 - On a posé la question précisément,
05:07 quel relogement, qu'est-ce que vous allez proposer ?
05:09 Et la personne a dit,
05:11 les personnes qui sont hébergées dans la famille,
05:13 parce que les gitans, ils ne veulent pas laisser leur famille à la rue,
05:16 donc ils hébergent.
05:17 Déjà, ils ont des problèmes de logement, ils hébergent.
05:19 Et en fait, eux, ils ont réglé le problème.
05:21 On ne va rien leur proposer parce qu'ils sont hébergés.
05:23 Ils ont réglé leur problème.
05:24 Ceux qui n'ont pas réglé leur problème,
05:25 qui demandent un logement,
05:26 ils vont se renseigner pour savoir s'ils ont le standing
05:28 pour payer les loyers que la mairie va proposer.
05:31 - Il y a un petit point positif,
05:32 parce que là, ils sont quand même en train de parler de reconstruction,
05:34 mais de potager.
05:36 On nous avait promis,
05:37 ce n'est pas une blague,
05:38 ça fait 10 ans, je ne sais combien de temps,
05:40 qu'ils nous promettent de reconstruire des logements.
05:42 Le premier truc qu'on va reconstruire, c'est...
05:44 Mais je n'arrive pas à y croire, c'est un potager.
05:45 - Merci beaucoup encore, Nasser.
05:47 - Merci quand même.
05:48 On se verra après, Inch'Allah.
05:49 Interrogée par Combini,
05:50 la mairie ne nous a pas livré d'informations concrètes
05:52 sur la reconstruction de logements dans le quartier Saint-Jacques.
05:55 Ainsi, dans le communiqué de presse standard que nous avons reçu,
05:57 le maire de Perpignan, Louis Alliot, déclare...
05:59 - Regardez Combini, on a percé,
06:13 on est devenu riche,
06:14 et on fait des locations pour l'hôtesse.
06:16 - Juju, ça va ou quoi ?
06:19 Lui, c'est un pasteur.
06:21 Parce qu'ici, c'est...
06:22 On va dire, allez...
06:24 80% chrétiens,
06:25 et 20% islam.
06:27 Mais on s'entend très très bien.
06:28 Le jour de l'Eid, ils nous soutiennent, ils sont avec nous.
06:31 Le jour de Noël, on est avec eux, tu vois.
06:34 On se respecte vraiment sur ça,
06:35 mais vraiment, vraiment, vraiment.
06:36 - C'est bon ou quoi ?
06:39 Qu'est-ce que tu fais ?
06:40 C'est un lance de glace.
06:41 C'est ici que je vis.
06:52 Stéphane, t'habites où ?
06:53 - Cannes.
06:54 - Cannes.
06:55 - Cannes. Toi ?
06:56 - Paris.
06:57 - Paris.
06:58 - Tourcoing.
06:59 - T'habites à Tourcoing dans le Nord ?
07:00 - Moi, à Marseille.
07:01 - Djibril, Marseille.
07:02 Chacun a, on va dire, quelques difficultés dans sa vie privée.
07:06 Un an, ils sont mineurs, d'autres, non.
07:08 Et on vit tous ici.
07:10 On est combien à vivre ici ?
07:11 - On est 9 ?
07:13 - 9, 10.
07:14 - 9, 10. Une dizaine.
07:15 - On est une dizaine,
07:16 et je les grande très souvent.
07:18 Regarde les matelas, regarde.
07:19 Matelas, là, là, là.
07:20 Je te dis la vérité, je vais même pas banqueter.
07:22 Ce matin, je leur ai dit à Combini et tout qui vient,
07:25 ils ont acheté des couvertures.
07:27 Là, t'as vu, j'ai fait les courses.
07:33 J'ai un budget, je pense,
07:34 minimum de 2 000 euros de course par mois.
07:35 Parce que tu vois les jeunes, là ?
07:36 Regarde, regarde, s'il te plaît.
07:37 Regarde comment ils consomment.
07:38 T'as vu, hein ?
07:40 T'as vu, hein ?
07:41 Et des fois, on a quelques disputes,
07:44 parce que nous, c'est les musulmans.
07:45 - Et ouais.
07:46 - Stéphane, t'es quelle religion ?
07:48 - Athe.
07:49 - Il est athée, Stéphane.
07:50 Et du coup, vu qu'il est athée, Stéphane,
07:52 il a le droit de manger ce qu'il veut.
07:53 Le rayon est Stéphane, c'est là, en gros,
07:55 et il a le droit de mettre du cochon, du sanglier,
07:59 ce qu'il veut, en fait.
08:00 Mais des fois, il nargue aussi.
08:01 Il nargue pas, mais il dit que tout est bon dans le cochon.
08:03 Et attends, on va continuer.
08:07 Tu vas voir, c'est sur trois étages.
08:08 Désolé, c'est un peu le bordel, mais tu connais.
08:10 Lui, c'est 4 BDV.
08:14 4 BDV, lui, il est de la Chumnasdas,
08:17 dès le début.
08:18 Donc lui, il a le privilège d'avoir une chambre seule.
08:20 En fait, avec ce petit, j'avais une difficulté.
08:22 Quand il sortait au quartier,
08:23 il était très souvent en garde à vue.
08:25 Ses deux parents ne sont pas ici,
08:26 ils ne sont pas en France, ils sont en Algérie.
08:28 C'est-à-dire que lui, je l'ai pris avec moi,
08:30 il avait 14 ans, je crois.
08:32 Je suis devenu son père d'adoption, ici, en France.
08:34 Je lui ai acheté tout ce qu'il voulait.
08:36 Tu peux voir toutes les paires de chaussures qu'il a.
08:38 C'est un peu mon petit protégé.
08:39 Alors, soleil plein.
08:41 Soleil plein, tout le monde au quartier, il est encore là.
08:43 Ah, réveille-toi, t'as 10 minutes,
08:44 prends ta douche, je te parle.
08:46 Ah ouais.
08:47 Allez, allez, lève-toi, lève-toi, là.
08:49 Mouss, viens s'il te plaît.
08:51 T'as quel âge ?
08:52 - 17. - 17 ans.
08:54 Quand t'es venu au quartier,
08:55 t'as dormi combien de temps dans une voiture ?
08:56 - 5 jours.
08:57 - Il a dormi 5 jours dans une voiture.
08:59 Il est venu à la maison.
09:00 Et quand ils viennent,
09:01 ils n'osent pas directement me demander ce qu'ils veulent.
09:03 Mais lui, son histoire, elle m'a touché,
09:05 parce que...
09:06 Tu veux quoi ?
09:07 - Je veux un cheval.
09:08 - Il habite dans une cité, il a sa maman,
09:11 il n'a pas les moyens de faire de l'équitation.
09:12 Du coup, il a travaillé dans un centre équestre
09:15 et il nettoyait le caca des chevaux.
09:17 Et le centre équestre, le laissait s'entraîner un peu.
09:20 Tu vois, donc son but, lui, c'est de, un jour, peut-être,
09:23 pourquoi pas, devenir champion de France
09:25 ou champion du monde du cheval.
09:27 En 2 ans, j'ai dû héberger peut-être 200,
09:30 200 jeunes différents.
09:31 Et il y a des gens, je te dis,
09:32 ils viennent me voir de Belgique,
09:33 ils viennent me voir de Lille, de Nantes, de Rennes.
09:36 Et ils sont là, et d'un coup, il fait hyper froid dehors.
09:38 Et ça m'a venu quelques problèmes.
09:40 Mais qu'est-ce que je dois faire ?
09:42 C'est ça le truc, c'est qu'est-ce que je dois faire ?
09:43 - Pourquoi tu dis non ?
09:44 Est-ce que tu es obligé de dire non ?
09:46 - Les mineurs, mais non, en fait, les mineurs, vraiment,
09:48 si je n'arrive pas à rejoindre les parents, c'est triste.
09:50 Mais il y a mon équipe, mais ceux qui m'entourent,
09:53 ils s'occupent d'appeler la police ou quoi.
09:56 Parce que non, on ne peut pas.
09:57 Je ne peux pas.
09:58 En fait, si je continue dans ce lancé-là,
10:00 je rentre en tol.
10:01 À la base, j'ai commencé les réseaux,
10:02 j'avais un tout petit appartement.
10:03 Après, j'en ai pris un deuxième plus grand.
10:05 Et là, regarde, j'en ai carrément pris un,
10:06 il fait trois étages, tu vois.
10:07 Le maximum, on s'était retrouvés à, je crois,
10:09 une 19 ou 20 dans le même appartement en train de dormir.
10:12 - Justement, tu nous montres ta chambre.
10:13 Tu as une chambre, au moins ?
10:14 - Euh, ouais, là-bas, là, c'est la salle de bain.
10:16 Et ma chambre, tu ne te casses pas la gueule,
10:18 Konbini, hein.
10:19 Viens, viens, viens, viens, bien sûr.
10:20 Bienvenue dans ma chambre, Konbini.
10:25 Et là, j'ai acheté Coco.
10:26 Coco, ma chérie.
10:28 Toujours aussi craintif.
10:29 Allez, viens.
10:30 Allez.
10:31 Allez, Coco.
10:33 Coco, pas de gros mots.
10:34 Mais elle a déjà dit "Nas, Nas",
10:35 elle a déjà dit "Stéban".
10:37 Allez, Coco.
10:38 Là, en autorité, c'est dur
10:40 de faire beaucoup, beaucoup, beaucoup de photos,
10:42 faire beaucoup de dédicaces.
10:43 Et tous les jours, avoir des personnes "Nas, j'ai besoin de toi,
10:45 "Nas, j'ai besoin d'argent,
10:46 "Nas, j'ai besoin d'un psy",
10:47 ça m'a fait...
10:48 Ben, le cerveau, il ne suivait plus.
10:49 Si tu n'es pas bien protégé,
10:50 si tu n'as pas ta maman,
10:51 tu n'as pas un bon entourage qui te dit "Tranquille,
10:53 "il n'y a rien, c'est rien",
10:54 tout ça, ça fait une boule,
10:55 une boule de crise d'angoisse.
10:56 En fait, que tu fasses crise d'angoisse,
10:57 pas crise d'angoisse,
10:58 déjà, moi, je n'aime pas montrer sur mes réseaux
11:00 que je suis mal.
11:01 Et le lendemain, tu dois être prêt à faire des vidéos,
11:03 tu dois être prêt à filmer,
11:05 les gens t'attendent.
11:06 C'est hypocrite de se dire
11:07 "Ouais, je m'en fous d'être numéro 1".
11:08 Non, quand on te l'impose trop,
11:09 tu te dis "Ouais, il faut que je reste numéro 1".
11:11 Et là, d'un coup, tu es en train de courir,
11:12 et tu te dis "Mais pourquoi,
11:13 "pourquoi je suis en train de faire tout ça,
11:14 "qu'est-ce que je m'en fous ?
11:15 "Il n'y a pas des choses plus importantes
11:16 "que d'être numéro 1 sur Snapchat."
11:17 Et donc, tout ça, toute cette pression, elle est partie.
11:20 Je n'en fous pas, moi, non.
11:21 J'ai vu ma vie comme je le sens,
11:23 et, alhamdoulilah, tout va mieux aujourd'hui.
11:25 -T'as toujours aidé les gens
11:30 à ne pas vendre des surslapchats ?
11:31 -Le seul qui peut te répondre,
11:32 c'est lui et Tounsi, qui me connaissent avant, moi.
11:34 Ça, c'est Islam.
11:35 Lui, c'est pas comme les autres.
11:36 -Tourisme, oui.
11:37 -Lui, il a commencé...
11:38 Il était avec nous,
11:39 enfin, je le connaissais.
11:41 En fait, il a un frère jumeau,
11:42 moi, j'ai une soeur jumelle,
11:43 et on est les 4 nuls 3 jumeaux.
11:45 Et lui, je le connaissais bien avant les réseaux,
11:47 c'était mon frère de bien avant.
11:49 -Moi, je me rappelle d'un truc.
11:50 T'as vu, il avait la bourse.
11:51 Sa bourse de l'université et tout,
11:53 il était payé à 500 euros, je me rappelle.
11:55 Et il lui a donné 500 euros,
11:56 il est sorti devant moi.
11:58 T'as vu, la même banque
11:59 m'a sorti l'argent, là, maintenant.
12:00 250, je dis "change".
12:02 250, il garde 250 pour le valeur,
12:04 c'est sa bourse.
12:05 Il prenait que 500 euros.
12:06 Déjà, il m'a vu, je viens d'arriver,
12:08 il tourne un an, il m'a aidé, il m'a trop aidé.
12:10 C'est un pote, c'est mon sang, là.
12:12 -On vit dans un monde où j'ai vu des gens
12:14 se tuer pour de l'argent,
12:15 j'ai vu des gens être méchants pour de l'argent.
12:17 Et j'ai toujours donné,
12:18 "Alhamdoulilah", Dieu merci,
12:20 ça m'a toujours...
12:21 C'est revenu à une puissance.
12:22 Je vais peut-être le regretter,
12:23 mais sur la chienté, on verra.
12:25 On a mon manager, Kontal,
12:30 je sais même pas comment je dois le rappeler,
12:31 mort, qui a...
12:32 Je pense qu'il va se présenter mieux que moi.
12:34 T'as un bac plus combien ?
12:35 -8.
12:36 -Il a un bac +8.
12:37 Et c'est lui qui, avec tout ça,
12:39 qui est le mieux adapté, on va dire,
12:40 pour gérer tout cet engouement de Nasdaq
12:42 et tout ce qui se produit autour.
12:44 -Je suis un jeune de la ville aussi.
12:46 J'ai grandi dans les quartiers,
12:47 dans la partie nord de la ville.
12:49 Comme Nas, comme tout le monde,
12:51 en grande majorité,
12:52 nos parents sont analfabètes, illettrés,
12:55 ne parlent pas français.
12:57 Donc même dans le cadre de notre suivi,
12:59 on va dire, scolaire,
13:00 je sais que mes parents,
13:01 ils ont quasiment jamais ouvert
13:02 un de mes bulletins scolaires
13:04 parce qu'ils avaient pas la capacité
13:05 de le comprendre.
13:06 Et je suis là pour l'accompagner
13:07 parce que sur tous ces aspects,
13:09 aujourd'hui, ce qui se passe,
13:10 c'est simplement deux jeunes
13:11 qui partagent des valeurs.
13:12 Enfin, deux jeunes.
13:13 Un ensemble de jeunes
13:14 parce qu'on n'est pas que deux.
13:15 Il y a beaucoup d'autres mondes à côté.
13:17 Et en vrai, on partage juste
13:18 des socles de valeurs qui nous sont communes.
13:19 -En fait, on est deux anciens hasseux.
13:21 Pour les faire avec nous,
13:22 on a les deux grandi dans un quartier
13:23 et on a connu la pauvreté.
13:25 Et aujourd'hui, les deux,
13:26 on s'en veut leur se vanter
13:28 deux symboles de réussite dans nos quartiers.
13:30 Donc pourquoi lui aller bosser ailleurs
13:32 et moi aller bosser avec d'autres gens
13:33 alors qu'on peut juste unir nos compétences
13:35 et faire en sorte d'avancer ensemble ?
13:36 C'est Mansol.
13:41 Mansol, suite à une agression,
13:42 il a perdu son oeil.
13:43 Les dents, mais aujourd'hui,
13:46 c'est ce qui fait sa force.
13:47 Aujourd'hui, on est venu acheter
13:48 des fournitures scolaires pour Mansol,
13:49 la gentille.
13:50 Lundi, il fait sa rentrée des classes.
13:52 Et Mansol Ben Ayed
13:53 qui fait partie de notre équipe
13:54 et qui part souvent avec nous en déplacement.
13:56 Il est toujours au sujet
13:59 et on essaie de ne pas comprendre ce qu'il dit.
14:01 Du coup, il y a quatre BDV qui s'est réveillés.
14:02 Quatre BDV.
14:03 T'as acheté du pain pour la maison ?
14:06 Mais depuis qu'il travaille à la chaleté,
14:09 c'est en train de devenir quelqu'un de responsable.
14:10 Et à côté, tu peux avoir Ben Michel qui a ?
14:12 47.
14:14 Et eux aussi qui font partie de mon équipe, tu vois.
14:15 Michel, tu sais pas lire ?
14:16 Non.
14:18 T'as quel âge ?
14:19 47 ans.
14:20 47 ans, Michel, tu sais pas lire !
14:21 Donc c'est de, je crois, 10 ans à 50 ans.
14:24 26.
14:26 Et là, t'as...
14:27 On est là.
14:29 On est là.
14:30 Là, t'as...
14:32 On est là.
14:33 Kamel, qui est aussi un personnage de ma team.
14:35 Là, il y a...
14:37 Qui s'appelle déjà ?
14:38 Oualid.
14:39 Oualid, le frérot aussi.
14:40 Et on a...
14:41 Ça, c'est tout le quartier, ça.
14:43 On va rejoindre les autres,
14:45 ils sont en train de manger, je crois.
14:46 Ils sont là ?
14:51 Ils sont là.
14:52 Il y a qui ?
14:53 On a Samos.
14:56 On a...
14:59 Fares.
15:00 Farouk.
15:01 Nicha, Farah.
15:03 Demain, Inch'Allah, je serai là.
15:04 11 heures de vol, j'ai déjà mal à la tête.
15:06 Vraiment mal à la tête.
15:08 Et lui, on sait pas qui c'est, là-bas.
15:10 Exactement.
15:11 On l'appelle "Pourvay".
15:12 C'est "Sauzit".
15:13 "Sauzit" de Nasdaq.
15:14 Quand je suis arrivé au coiffeur de derrière,
15:16 je savais pas si c'était "Foued" ou si c'était "Nasdas".
15:19 Là, il y a le cube d'ARZ,
15:20 qui est en train de se préparer.
15:22 Ça, c'est ma voiture, ça.
15:23 C'est ma Maghreb mobile, Adréri.
15:24 Vive la Maghreb !
15:25 Vive la Maghreb !
15:28 Je te la fais, parce que c'est incombinable.
15:29 Vas-y, vas-y, vas-y.
15:30 Allez.
15:31 Bence, bence, bence !
15:32 La gueule.
15:34 Je traine qu'avec des appâts, je braque un jeune YZ.
15:36 Donc, j'ai un L et un molet, toi, si tu veux les rêves.
15:38 Pour un trésor, il y a des cervelles qui pètent.
15:40 Tu vas souffrir, ça te laisse même pas cher.
15:42 Et ça charge pour 20 points, la mort s'achète.
15:44 Si t'as l'argent, c'est toi le maître.
15:46 Complètement pété dans l'eau du A7.
15:48 En ce moment, moi, j'ai pas trop la tête.
15:50 Quand tu tires en l'air, il y a le chétan qui danse.
15:52 Péter sous vos voeux, doubler les conséquences.
15:54 On n'a pas eu de chance, la vie nous a rendu méchants.
15:56 Donc, je voulais tuer des gens.
15:57 Bence !
15:58 Bence !
15:59 Ouh !
16:00 Rien à rajouter, hein ?
16:02 Il est là, il est là.
16:04 Et on a Samos qui combat samedi.
16:08 Ça veut dire que là, on va lui faire un petit entraînement.
16:10 Allez, bouge ! Allez, Gaumont !
16:12 Allez, Gaumont !
16:13 Allez, Samos !
16:14 Bam, bam !
16:15 Et Tounssy va s'occuper de son entraînement.
16:17 Je suis en cadre sportif.
16:19 On a Tounssy qui n'avait pas de travail.
16:21 Moi, c'est un peu ce qu'on appelle un loser.
16:23 Comme le dit le vieux dicton, tu me rigoles.
16:26 On est dans ce quartier, on se rigole.
16:28 C'est pas vrai, Lagda ?
16:29 En gros, ça, c'est la team avec laquelle j'ai commencé.
16:32 Et c'est cette équipe-là qui, aujourd'hui, comptabilise, juste sur Snapchat,
16:35 plus de 4,7 millions d'abonnés.
16:38 C'est moi, là, je vais peut-être faire le journaliste.
16:43 Pourquoi on a 4,7 millions d'abonnés ?
16:45 Je pense que les gens ressentent qu'on est authentique.
16:47 Nous, quand ça va mal, on le montre.
16:48 Quand ça va bien, on le montre.
16:50 Du coup, on ne montre pas tout le côté bling-bling des réseaux de trottinette.
16:53 D'être resté, d'avoir commencé ici, à Perpignan,
16:56 et d'être resté à Perpignan, ça a une certaine forme d'authenticité.
16:59 Avec, Dieu merci, les revenus qu'on a faits, on peut très bien partir ailleurs.
17:03 Mais on préfère rester ici.
17:05 Et même le jour où Snapchat et réseaux, ça va se finir,
17:08 on va rester ici, Inch'Allah.
17:09 En fait, on sera resté authentique de A à Z.
17:12 On n'est jamais parti quand on était en bien, quand on est normal, on sera toujours là.
17:15 J'ai un cadeau pour vous, les amis.
17:19 Tenez et ouvrez.
17:20 Merci.
17:21 Merci, mais regardez au moins.
17:23 Chinois, il y en a un pour toi aussi.
17:24 Viens, viens, chinois.
17:25 Voilà.
17:26 Merci.
17:27 Voilà.
17:28 A chaque fois, on les ouvre.
17:30 Merci.
17:31 La deuxième fois, ce sera toi.
17:33 530 000 $.
17:35 C'est la paie que Snapchat m'a donnée,
17:38 grâce au publicité entre mes stories.
17:40 Et d'ici mai, il y a de fortes chances
17:43 qu'on soit en millions de dollars gagnés grâce à Snapchat.
17:45 Je fais mes vidéos en France, je travaille en France,
17:48 donc je paie logiquement mes impôts en France.
17:51 On paie des fois plus d'impôts que certaines entreprises ou certaines personnes,
17:55 parce que Dieu merci, on gagne très bien notre vie.
17:57 Et même sur les 530 000 $ que vous avez vus,
17:59 quand ça va monter aux millions de dollars, si Dieu veut, Inch'Allah,
18:01 il y a une grosse partie qui va aller pour les impôts.
18:03 Mais pour moi, je préfère ne pas fuir mon pays,
18:06 rester dans mon pays, payer des impôts qui vont servir
18:08 à des infirmiers, à des policiers, à des pompiers,
18:11 que de fuir mon pays et aller...
18:14 Je donne mon argent à chaque fois.
18:16 Je donne entre 70 et 80 % de mon salaire.
18:18 Pourquoi pas donner des impôts à la France ?
18:20 Ah, regarde, ça, c'est La Réunion.
18:22 Direction, la direction, c'est parti.
18:24 Je me dis, mais j'ai fait quoi ?
18:33 Et des fois, tu sais, quand j'ai une pincée au cœur,
18:35 je vois des infirmiers, des docteurs, et tout.
18:37 Et eux, tout le monde s'en fout d'eux.
18:39 Même quand je vois un pilote d'avion, je me dis, le mec, il est en train de conduire.
18:41 Il y a un avion, il y a je ne sais pas combien de passagers,
18:43 il sort, personne ne le connaît.
18:45 Moi, je fais des vidéos, j'ai dit à tout ce monde,
18:47 je me dis, oh non.
18:49 Et je trouve que c'est des fois malhonnête.
18:51 Est-ce que tu as encore des rêves, des objectifs à accomplir ?
18:53 Le dernier truc que j'ai envie de faire, c'est un film
18:55 qui retrace un peu comme vous, ce que vous êtes en train de faire,
18:58 mais qui retrace avec des vraies images
19:01 la vie de chacun.
19:03 D'autre cursus, parce que c'est beau,
19:05 une bande d'amis dans un quartier défavorisé
19:07 qui aujourd'hui arrive à réunir des milliers de personnes
19:09 quand on fait des dates
19:11 et montrer le passé de chacun avant.
19:14 Du coup, je fais appel.
19:16 S'il y a un producteur ou un réalisateur
19:18 ou je ne sais pas comment ça s'appelle,
19:20 qui voulait venir nous aider, venez.
19:22 Je pense que c'est mon dernier objectif.
19:24 Et ensuite, on est là, tu connais.
19:26 Et ensuite, on ne sait pas ce qu'il fait le lendemain.
19:28 Je n'ai pas envie de déclarer des trucs que je ne respecterais pas.
19:30 De retrouver une vie,
19:32 marcher et dire bonjour, bonjour,
19:34 et que personne ne me dise "nasdas",
19:36 mais qu'on me dise "nasser".
19:38 Je veux me concentrer sur les vraies valeurs de la vie.
19:40 - C'est ça le pétrin ? - Oui.
19:42 C'est ça mon prochain objectif,
19:44 après le film.
19:47 Dominique !
19:49 Mon nez, mon nez, mon nez, mon nez,
19:51 moi j'ai que ça dans le crâne, pas tant à faire pour la kaine.
19:53 Quand je vais pas bien, je roule un conne,
19:55 si c'est rock, j'ai pas qu'une maine.
19:57 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
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