Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • il y a 3 ans
Agathe Mahuet, journaliste à franceinfo, raconte son expérience en tant qu'envoyée spéciale en Ukraine pour Radio France

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 Je crois que les moments que j'ai préférés finalement,
00:02 les reportages qui ne sont pas revenus si souvent que ça,
00:05 mais c'était des petites séquences de bonheur parfois quand même,
00:08 c'était des retrouvailles entre les gens.
00:10 Je m'appelle Agathe, Agathe Mahoué.
00:17 Je suis partie en Ukraine pendant deux mois,
00:20 entre novembre et décembre 2022 pour Radio France,
00:25 pour ouvrir le bureau de correspondant
00:27 que Radio France a décidé d'installer là-bas.
00:30 La guerre en principe sépare les Ukrainiens.
00:32 Et parfois, quand une ville est libérée,
00:36 c'était le cas à Kherson où j'ai eu la chance d'être là
00:39 au moment un peu historique de cette reprise
00:42 par l'armée ukrainienne de la ville.
00:45 J'ai pu voir des familles réunies à nouveau,
00:49 grâce au train notamment,
00:51 qui reprenait du service entre Kiev et Kherson.
00:54 Et j'ai le souvenir de la dernière fois
00:57 que j'ai vu la scène de Kherson.
00:59 Et j'ai le souvenir d'une scène qui forcément
01:02 fout un peu le frisson à chaque fois que j'y repense.
01:04 C'est cette jeune femme qui tombe dans les bras de sa grand-mère
01:07 qu'elle n'avait pas vue depuis des mois à cause de la guerre.
01:09 Et c'est des retrouvailles qui font du bien un peu.
01:12 C'est des séquences heureuses dans des journées de guerre
01:15 qui sont un peu plus tristes.
01:17 C'était un des premiers reportages que j'ai fait en novembre.
01:22 Et c'était assez marquant parce que je me suis retrouvée
01:26 dans un genre de boîte de nuit,
01:28 mais un samedi à 16h.
01:30 Parce que tout le monde s'adapte à la guerre et au couvre-feu
01:33 qui fait que les choses sont fermées le soir.
01:35 Donc les boîtes de nuit n'ouvrent plus jusqu'à 2h du matin
01:38 comme ça a pu être le cas avant.
01:40 Et ces jeunes faisaient la fête à 16h un samedi sur un dance floor
01:48 mais en semblant oublier tout ce qui est la guerre autour.
01:52 Et pour autant, elle était toujours dans leur tête.
01:54 D'ailleurs le droit d'entrée en général était
01:57 un petit montant qui était reversé à l'armée.
01:59 Mais eux avaient envie d'oublier quelques heures
02:04 ce quotidien difficile.
02:05 Et voilà, ils dansaient comme n'importe quel jeune européen
02:09 qui danserait ailleurs en Europe
02:11 sur ce dance floor de Kiev.
02:12 Visiter son prochain appartement
02:19 quand on cherche à se reloger à Kiev,
02:21 c'est toujours possible.
02:22 Mais quand j'ai accompagné une dame qui cherchait
02:24 comme ça un nouvel appart,
02:26 j'étais avec elle lors de cette visite à la lanterne
02:29 parce qu'il n'y avait plus de courant ce jour-là
02:31 dans l'immeuble qu'elle visait.
02:33 Et l'agent immobilier lui a fait faire la visite
02:36 très normalement, simplement.
02:38 Tout le monde était à la lumière du portable
02:40 et avec une petite lanterne pour passer de la cuisine
02:43 au salon et à la chambre.
02:45 Et la cliente était plutôt très convaincue par l'appartement.
02:48 Je crois qu'elle l'a pris à la fin.
02:50 Elle m'a expliqué que c'était ça la nouvelle réalité de la guerre
02:53 et que tout le monde s'adaptait.
02:55 C'était sa façon à elle de s'adapter aussi
02:58 et d'accepter en quelque sorte les nouvelles conditions
03:02 de son quotidien.
03:04 Moi, je n'ai pas arrêté d'être impressionnée
03:10 par les Ukrainiens sur cette façon qu'ils ont
03:12 de s'adapter à tout.
03:14 Et j'ai souvent pensé qu'on ne serait pas forcément capables,
03:19 nous les Français par exemple, de faire face aussi bien à tout ça.
03:23 En fait, je n'en sais rien.
03:24 On ne sait pas ce qui peut se produire
03:26 et comment chaque société réagit à des événements aussi majeurs.
03:31 Mais dans le cas des Ukrainiens, c'était vraiment frappant.
03:34 Cette sensation vraiment d'avoir affaire à des gens
03:36 qui avaient une force en eux et une détermination.
03:39 On appelle ça la résilience.
03:41 Souvent vraiment, c'est assez vrai dans leur cas.
03:44 Cette façon de se relever même quand on leur tape dessus
03:48 et de toujours se dire que ça va s'améliorer.
03:53 Cette façon d'être positif et de regarder vers un avenir un peu meilleur.
03:57 C'était impressionnant.
03:58 [Musique]
04:03 [Silence]

Recommandations