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  • 31/01/2023
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Jean-Claude Mailly, ancien secrétaire général de Force Ouvrière, répond aux questions de Dimitri Pavlenko à l'occasion de cette nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

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Transcription
00:00 - Il y aura vraisemblablement beaucoup de monde dans la rue aujourd'hui contre la réforme des retraites,
00:04 mais alors plus ou moins que le 19 janvier.
00:07 La participation va être scrutée de très près par l'exécutif,
00:10 et on en parle avec l'ancien secrétaire général de Force Ouvrière.
00:14 Bonjour Jean-Claude Mailly. - Bonjour.
00:15 - Bienvenue sur "Plein de grandes journées de mobilisation",
00:17 des batailles sociales, vous en avez connu, organisées quelques-unes Jean-Claude Mailly.
00:21 Vous allez faire parler l'expérience ce matin avec nous.
00:23 Quels sont les enjeux du jour pour les syndicats,
00:26 pour l'exécutif et pour les partis politiques Jean-Claude Mailly ?
00:30 - Pour les syndicats, l'enjeu du jour c'est de faire au moins
00:34 aussi bien que la dernière fois, le 19 janvier.
00:36 Bon, d'après ce qu'ils ont comme remonté, ça a l'air d'être le cas.
00:39 Maintenant, il faudra faire le point ce soir.
00:42 - Ce serait perçu comme un essoufflement si on est à 990 000 par exemple, vous pensez ?
00:46 - Faut pas non plus... - Ce sera...
00:47 - Ça sera un peu bougé, ça c'est pas... Non, non, mais il faut qu'il y ait du monde.
00:50 C'est clair qu'il faut qu'il y ait du monde.
00:53 Donc ça c'est l'enjeu aujourd'hui pour les syndicats, et ils se retrouveront ce soir,
00:56 et ils feront le point pour les journées à venir.
01:00 Je ne sais pas ce qu'ils décideront ce soir.
01:02 Ça c'est l'enjeu syndical aujourd'hui.
01:04 Avec une unité qui est maintenue et qui je pense durera.
01:07 Même si après chacun peut avoir des nuances sur les modalités d'action,
01:11 mais l'unité en tant que telle durera, puisqu'elle est basée sur un point,
01:15 c'est le refus des 64 ans, quoi. Donc ça, ça durera.
01:18 Du côté des pouvoirs publics qui ont essayé de montrer les muscles ces derniers jours,
01:21 via le discours de Madame Borne,
01:25 via aussi ce qu'a dit le président de la République hier.
01:27 Donc cette fermeté quelques jours avant la manifestation,
01:34 cette fermeté c'est aussi un signe de faiblesse d'une certaine manière.
01:37 C'est que depuis huit jours, on n'arrête pas de dire,
01:39 dans les sondages notamment, que le nombre de Français,
01:43 le pourcentage de Français qui refusent la réforme est en train d'augmenter.
01:46 - Surtout les femmes, vous avez vu, on est à 69% des femmes.
01:49 - Oui, même les retraités, qui en général sont ceux qui sont
01:52 les moins opposés à une réforme des retraites, puisqu'ils ne sont pas concernés.
01:54 - Mais qu'est-ce qui s'est passé d'ailleurs ?
01:56 - J'ai encore une autre regarde sur l'échec de pédagogie,
01:58 puisque, semble-t-il, ça n'a pas fonctionné.
02:00 - Oui, non, non, il y a trois problèmes. Il y a un problème de méthode, globalement.
02:06 Ce n'est pas de la vraie concertation, c'est plus de la consultation.
02:09 Quand vous commencez à discuter, vous dites "ça c'est mon totem, j'y toucherai pas", etc.
02:15 C'est compliqué à discuter dans ces cas-là.
02:17 Bon, ça c'est le premier problème. Il y a un problème technique.
02:21 Il y a franchement un petit côté amateur, pardonnez-moi, dans le travail qui a été fait.
02:28 Je prends un exemple. Les caisses retraites travaillent en année pleine.
02:31 Bon, si on pouvait aller les 1200 euros bruts, dont pourraient bénéficier,
02:35 dans certaines conditions, les retraités futurs et les retraités actuels.
02:38 Il va falloir reprendre quasiment à la main les carrières de ceux qui sont actuellement retraités.
02:44 Ça risque de faire du retard pour le paiement des pensions.
02:48 Bon, donc voilà, ça c'est des problèmes techniques qui suffisent de demander aux caisses.
02:52 Elles auraient expliqué. Il y en a d'autres. Il risque d'y avoir des cavaliers, etc.
02:55 Problème des politiques, le problème politique c'est d'avoir une majorité sur un texte comme ça.
03:00 Et pour le moment, c'est pas gagné.
03:02 - Alors, si je reviens sur la mobilisation syndicale, le calendrier scolaire,
03:06 c'est intéressant de voir que les vacances démarrent pour la zone A ce vendredi.
03:10 Ça va durer un mois, c'est jusqu'au 5 mars pour la zone C.
03:14 C'est un défi pour les syndicats, cet enjambement des vacances scolaires,
03:20 où en plus les Français vont se retrouver sans doute plus exposés aux perturbations
03:24 qu'ils ne le sont quand ils vont travailler, parce que là ils vont prendre l'avion,
03:26 ils vont peut-être prendre le train pour emmener les petits-enfants chez les grands-parents,
03:29 voir aller au ski où les remontées mécaniques devraient être mises à l'arrêt.
03:33 C'est un défi syndical ça ?
03:35 - Vous savez, un mouvement qui s'inscrit dans une durée, c'est le cas,
03:39 il y a toujours des défis à relever dans un mouvement de ce type.
03:43 C'est à la fois maintenir une pression, c'est à la fois garder le soutien de la population
03:48 au-delà des militants, voilà.
03:50 Donc il faut naviguer entre tout ça pour les organisations syndicales.
03:54 Bon là il y a un mois effectivement de vacances scolaires par roulement selon les zones,
03:59 donc il va falloir maintenir la pression.
04:03 Ça après il y a plein de moyens.
04:04 - Mais qu'est-ce qui marche le plus selon vous ?
04:06 Parce qu'il y a ce débat, vous l'avez esquissé tout à l'heure,
04:08 Laurent Berger pense que quelques grosses journées de mobilisation
04:12 peuvent faire reculer le gouvernement,
04:14 et puis vous avez des éléments, pas toutes les centrales,
04:17 mais par exemple à la CGT ou chez Sud, on pense que non, non,
04:20 c'est la grève reconductible, dure, celle qui pénalise l'économie,
04:23 qui est le seul moyen de faire reculer le gouvernement.
04:26 - En même temps ces nuances dans les modalités d'action,
04:29 c'est pas nouveau dans les inters syndicales, et vous pouvez avoir,
04:32 vous savez, un secrétaire général de syndicat, que ce soit Laurent Berger,
04:36 Martinez, Souillaud, etc., c'est pas lui qui donne des ordres,
04:40 il faut bien comprendre, donc vous pouvez très bien avoir...
04:43 - La France est un pays libre.
04:44 - Oui, bien sûr, regardez les nuances...
04:46 - Mais il y a des disciplines quand même, il y a des disciplines syndicales.
04:48 - Oui, il y a des disciplines, mais il y a aussi ceux qui veulent aller plus loin,
04:51 et qui n'ont pas l'autorisation à demander au secrétaire général ou à la Confédération,
04:56 donc tout est possible.
04:57 Le problème c'est que s'il n'y a que des...
05:00 ou alors il faut des mobilisations vraiment énormes,
05:03 il faudrait que, je sais pas si c'est le cas,
05:04 par exemple les jeunes sont dans la rue, par exemple,
05:06 ça, ça ressemblerait à un mouvement CPE de 2006,
05:10 mais c'est pas fait ce genre de choses.
05:12 Ou alors, s'il y a juste des manifs...
05:15 j'en dis, je dis pas que je suis anti-violence,
05:18 je trouve que ce serait une bêtise de couper l'électricité chez les députés, etc.,
05:22 il y a d'autres moyens de faire,
05:24 je suis pour le respect des biens et personnes,
05:27 mais à un moment donné, s'il y a juste des manifs,
05:29 le risque c'est que le gouvernement compte les manifs,
05:32 et puis après, à un moment donné, par définition ça s'essouffle...
05:35 - Il y en a eu 14 pour la dernière réforme des retraites,
05:38 la réforme VEURS qui est passée finalement.
05:40 - Donc après, ils peuvent avoir de l'imagination
05:42 et trouver d'autres formules également,
05:44 mais il y a une volonté de marquer le terrain.
05:46 - Si on prend un peu de recul, comment vous...
05:49 parce que vous dites tout à l'heure qu'il y a une forme d'amateurisme,
05:51 peut-être un agacement des Français à l'égard de la méthode,
05:54 la manière dont ça s'est déroulé,
05:55 il y a peut-être aussi un peu de vengeance personnelle
05:57 contre la personne d'Emmanuel Macron...
05:58 - Oui, tout ça intervient.
05:59 - Mais plus généralement, comment vous expliquez
06:02 que les Français soient aussi majoritairement hostiles
06:05 au report de l'âge légal à 64 ans ?
06:07 Est-ce que vous y voyez une remise en cause de la valeur travail ?
06:09 Vous savez que c'est un peu le débat de fond derrière cette réforme.
06:12 - Non, c'est pas une remise en cause de la valeur travail, je ne pense pas,
06:15 c'est que le rapport au travail change.
06:18 Je pense que la crise sanitaire a joué un rôle accélérateur.
06:24 Quand je dis le rapport au travail change,
06:27 regardez aujourd'hui,
06:29 pour ceux qui sont dans ce qu'on appelait l'école blanc,
06:33 le nombre de jours de télétravail, ça devient une condition.
06:36 Il y a combien de jours de télétravail dans ce poste ?
06:39 - Oui, mais si je télétravail et que je suis plus confortable,
06:41 je peux peut-être travailler plus longtemps dans ma carrière,
06:42 les gens pourront le prendre comme ça ?
06:43 - Oui, non, mais je ne parle pas d'un temps de travail,
06:45 je parle du rapport au travail.
06:47 Et puis, vous savez, la crise sanitaire a joué un peu le fait que,
06:51 ah bah oui, on est mortel quoi.
06:52 Quel que soit notre âge, on est mortel.
06:54 Donc il faut profiter de la vie, d'une certaine manière.
06:56 Donc il n'y a pas que le travail dans la vie.
06:58 Il y a tout ça.
07:00 Alors, il faut peut-être en tirer les conséquences sur un système de retraite,
07:03 ça c'est autre chose.
07:05 Mais si on veut travailler sérieusement sur ces questions-là,
07:09 à la limite, il aurait fallu commencer par ça.
07:11 Il aurait fallu commencer par le travail,
07:13 et puis l'emploi du seigneur.
07:15 - Merci Jean-Claude Bally d'être venu nous voir sur Europe 1,
07:17 l'ancien secrétaire général de Force Ouvrier.
07:19 Atté, l'invité d'Europe Matin.

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