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  • il y a 12 heures
Rembob'ina met à l'honneur la plus célèbre comédienne française des années 60-70 : Brigitte Bardot.
Une première archive présente Brigitte Bardot sur le gril, face à 4 journalistes-écrivains, dans une émission d'information diffusée le 9 avril 1973. Ce numéro d'Actuel 2, présenté par Jean-Pierre Elkabbach et intitulé « Bardot, femme ou mythe ? », représente un tournant dans la vie et l'image publique de la star, qui s'apprête à arrêter le cinéma.
Une deuxième archive, diffusée le 24 février 1975, met en lumière Brigitte Bardot dans sa nouvelle vie de protectrice des animaux et d'animatrice télé. Marcel Jullian, le patron de la nouvelle Antenne 2, lui confie la présentation d'un magazine d'actualité, Au pied du mur, aux côtés de Jean Nainchrik, avec, pour cette première, un dossier très accusatoire sur les zoos.
Une troisième archive nous remémore son combat le plus médiatique, sa lutte contre le massacre des bébés phoques.
Rembob'INA se termine en musique avec le clip d'une chanson écrite par son ami Jean-Max Rivière en 1982, Toutes les bêtes sont à aimer, tourné à la Madrague, et dont les droits sont intégralement versés à la SPA.

Invité : Yves Bigot, Directeur général de TV5 Monde et biographe et Richard Poirot de l'INA

C'est une plongée dans l'histoire de notre pays au travers des trésors cachés de la télévision. Fictions, documentaires, magazines d'actualité, émission de divertissements, débats politiques...
Le dimanche, Patrick Cohen nous invite à jeter un coup d´oeil dans le rétroviseur de notre petite lucarne. En présence d´acteurs ou de témoins de l'époque, de spécialistes des archives de l´INA, Patrick Cohen revient sur les grandes heures de la télévision. Emblématiques ou polémiques, ces programmes ont marqué les esprits et l'histoire du petit écran.

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Transcription
00:00:00 Générique
00:00:02 ...
00:00:22 -Bonjour à tous. Bienvenue dans "Rambo Mina",
00:00:24 l'émission des grands soirs du petit écran
00:00:27 d'un événement d'il y a 50 ans. Brigitte Bardot, sur le grill,
00:00:31 face à quatre journalistes-écrivains
00:00:33 dans une émission d'information d'ordinaire
00:00:36 réservée aux hommes politiques.
00:00:38 Le titre de cette actuelle deux,
00:00:40 présentée par Jean-Pierre Elkabach,
00:00:42 "Brigitte Bardot, femme ou mythe ?"
00:00:45 C'est un grand moment de télé,
00:00:46 et c'est un tournant dans la vie et l'image publique de la star
00:00:51 qui s'apprête à arrêter le cinéma.
00:00:54 Avec nous, l'un des biographes de Brigitte Bardot
00:00:57 et le directeur de TV5 Monde. Bonjour, Yves Huigot.
00:00:59 -Bonjour, Patrick. -On est en avril 73.
00:01:02 Brigitte Bardot s'apprête à tourner son dernier film,
00:01:05 "Colinaux, trousse, chemise", de Nina Companès.
00:01:08 Elle n'a pas encore décidé d'arrêter,
00:01:10 mais déjà, le cinéma lui sort par les yeux.
00:01:13 -Elle ne souhaitait pas faire du cinéma à l'origine.
00:01:16 Elle voulait être danseuse, déjà.
00:01:18 Donc, en fait, elle s'est retrouvée être comédienne
00:01:21 de par sa relation avec Roger Vadim
00:01:23 et puis, évidemment, le succès qui s'est embrayé,
00:01:26 mais elle a toujours fait ça un peu à contre-coeur.
00:01:29 Et surtout, son combat,
00:01:31 depuis le début,
00:01:34 et même, elle l'exprime par des petites choses,
00:01:36 dans "Idiocrée à la femme",
00:01:38 il y a une phrase qui est culte de "La nouvelle vague",
00:01:41 c'est qu'elle relâche un lapin dans la campagne tropézienne
00:01:45 et elle dit "quel cornichon, ce lapin,
00:01:47 "quel truc, voilà, c'est la nouvelle vague",
00:01:49 mais depuis toujours, elle tournait ses premiers films
00:01:52 en disant "j'espère gagner assez d'argent
00:01:55 "pour pouvoir m'offrir une ferme
00:01:57 "dans laquelle je pourrais m'occuper des animaux".
00:02:00 -Donc, c'est une idée fixe et qu'elle s'apprête à mettre en oeuvre
00:02:04 et dans la deuxième partie de ce rembobinat,
00:02:06 on va voir le passage à la Brigitte Bardot
00:02:09 protectrice des animaux.
00:02:11 En tout cas, en avril 73,
00:02:14 c'est le moment où Jean-Pierre Elkabache
00:02:17 propose à Bardot une heure en direct
00:02:19 dans une émission sérieuse
00:02:21 et voici ce qu'elle en dit dans ses mémoires.
00:02:23 -Elle avait une revanche à prendre sur tous ceux qui commentaient
00:02:27 ses faits et gestes, qui l'avaient critiqué.
00:02:29 -Elle a terriblement souffert
00:02:31 d'être l'icône incroyable qu'elle a été.
00:02:34 Je pense qu'elle a été un peu plus que tout le monde.
00:02:37 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:02:39 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:02:42 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:02:44 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:02:46 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:02:49 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:02:51 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:02:54 Elle a été un peu plus que tout le monde.
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00:02:58 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:03:01 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:03:03 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:03:06 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:03:08 Elle a été un peu plus que tout le monde.
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00:03:21 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:03:23 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:03:26 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:03:28 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:03:31 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:03:33 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:03:36 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:03:39 Elle a été un peu plus que tout le monde.
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00:04:00 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:04:02 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:04:05 Elle a été un peu plus que tout le monde.
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00:05:44 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:05:47 Elle a été un peu plus que tout le monde.
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00:06:11 Elle a été un peu plus que tout le monde.
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00:06:17 Elle a été un peu plus que tout le monde.
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00:06:27 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:06:30 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:06:33 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:06:36 Elle a été un peu plus que tout le monde.
00:06:40 Je me crée un monde à moi
00:06:42 qui est intégré dans le monde normal des autres gens.
00:06:45 J'essaye de ne pas trop en sortir
00:06:48 parce que j'ai une image,
00:06:50 qui doit être l'image que j'avais enfant,
00:06:54 d'un monde qui doit être joli.
00:06:56 J'essaie de conserver. C'est pas toujours facile.
00:06:59 C'est un des buts de mon existence.
00:07:02 C'est de me conserver un monde à moi
00:07:04 le plus joli possible
00:07:08 et le plus honnête possible.
00:07:10 -Ce qui se passe à l'extérieur n'altère pas
00:07:13 l'image de ce monde joli que vous voulez créer ?
00:07:17 -Tout agresse mon monde à moi, bien sûr.
00:07:20 Tout ce qui n'est pas mon monde l'agresse.
00:07:23 Mais je suis là pour le défendre.
00:07:26 -François Nourricier.
00:07:28 -Lorsque vous dites "mon monde à moi",
00:07:31 ce qu'il y a à l'extérieur,
00:07:33 on a le sentiment que vous vous repliez,
00:07:36 quand même, contre le monde extérieur.
00:07:38 Or, ce qui nous frappe, nous qui sommes ici en face de vous,
00:07:42 dans cette drôle de posture de juge,
00:07:44 c'est au contraire à quel point, même si nous le voulions,
00:07:47 nous aurions du mal à vous agresser, à vous attaquer.
00:07:50 On a le sentiment, au contraire, quand on bavarde entre nous,
00:07:54 que l'on vous aime beaucoup.
00:07:56 Est-ce que vous sentez aussi cela ?
00:07:58 Si vous sentez l'agression extérieure,
00:08:00 à quel point il y a d'amitié pour vous ?
00:08:03 Je prends l'amitié, le mot le plus tendre, le plus doux.
00:08:06 Vous sentez ça aussi ?
00:08:08 -Je sens absolument tout ce qui m'arrive.
00:08:10 Je dois être très intuitive.
00:08:12 Je sens l'amour, l'amitié, la gentillesse.
00:08:16 Et ça, ça me fait très plaisir, parce que c'est très rare.
00:08:19 Il faut pouvoir parler avec les gens
00:08:22 pour sentir cette espèce d'amitié ou d'amour.
00:08:26 En général,
00:08:27 la première réaction d'un être, en ce qui me concerne,
00:08:33 c'est l'agressivité, au départ.
00:08:35 Après, ça peut changer, bien sûr.
00:08:38 C'est pour ça qu'en effet, ce petit monde
00:08:41 que je me suis fabriquée, qui est une image,
00:08:44 je me retranche dedans.
00:08:47 C'est vrai, c'est ma protection.
00:08:49 -Expliquez-vous mieux.
00:08:51 Quand vous dites que la première réaction des gens,
00:08:53 c'est l'agressivité, vous voulez dire que quand vous rencontrez des gens,
00:08:57 ils se montrent méchants à votre égard ?
00:09:00 -Moi, maintenant, c'est vrai.
00:09:02 Mais depuis que j'ai commencé à faire du cinéma,
00:09:06 ça a été en augmentant jusqu'à il y a cinq ou six ans.
00:09:10 J'ai eu cette espèce d'habitude dans mon existence
00:09:12 d'être agressée continuellement et perpétuellement.
00:09:15 C'est pour ça que je suis sauvage, que je ne sors pas,
00:09:18 que je ne suis pas mondaine, qu'on ne me voit nulle part,
00:09:21 et que je me suis retranchée derrière une image qu'on a faite de moi
00:09:26 et que je n'ai pas jamais voulu montrer ma vraie image,
00:09:30 parce que c'était une espèce d'écran de protection.
00:09:33 Mais il est certain que l'agressivité a été terrible
00:09:36 vis-à-vis de moi pendant très longtemps.
00:09:38 -A quoi vous attribuez le fait qu'elle ait décliné ?
00:09:41 -Peut-être parce que j'ai changé, j'ai évolué.
00:09:48 Je n'ai pas eu vis-à-vis...
00:09:50 Enfin, j'ai eu vis-à-vis du public...
00:09:52 J'ai agressé le public aussi.
00:09:54 J'ai été une femme nouvelle qu'on n'avait pas l'habitude de voir au cinéma.
00:09:58 J'ai fait des rôles qui ont pu choquer quelques-uns.
00:10:01 Maintenant, ça ne choque plus personne.
00:10:03 C'est vraiment pour la Bibliothèque Rose
00:10:05 par rapport à ce qu'on voit avec d'autres personnes.
00:10:07 Donc, cette espèce de choc que les gens ont pu avoir
00:10:12 au début de ma carrière,
00:10:13 maintenant, ils trouvent que je suis tout à fait normale.
00:10:17 Et alors, ils s'intègrent avec...
00:10:19 Enfin, ils me prennent avec, si vous voulez, ils ne m'agressent plus.
00:10:23 Oui, je comprends.
00:10:24 On vous a attaquée.
00:10:28 On a beaucoup écrit sur vous, on a beaucoup parlé de vous.
00:10:32 Est-ce que vous avez l'impression qu'on a répandu une image
00:10:34 qui ressemble à ce que vous êtes ?
00:10:36 Cette image change en même temps que je change, j'espère.
00:10:41 Mais de toute façon, elle n'est jamais vraiment la bonne.
00:10:45 Est-ce que vous devez beaucoup à Vadim ?
00:10:49 Est-ce que c'est lui qui vous a formé psychologiquement et moralement ?
00:10:53 Et où est-ce que vous avez vécu d'une façon conforme à sa leçon ?
00:10:56 Et maintenant, est-ce que vous le retrouvez avec plaisir ?
00:10:58 Je crois que Vadim et moi, nous nous devons beaucoup mutuellement.
00:11:03 Parce qu'il est arrivé un moment
00:11:06 où il a pu me faire tourner un film qui était "Dieu crée la femme",
00:11:10 qui m'a permis d'être absolument comme j'avais envie d'être.
00:11:13 C'est-à-dire, à l'époque, on maquillait les actrices, on les coiffait.
00:11:16 Moi, j'avais envie d'être libre, naturelle,
00:11:19 de jouer comme j'avais envie de jouer.
00:11:22 C'est-à-dire, à l'époque, très mal.
00:11:24 Mais enfin, il m'a laissée être comme ça.
00:11:27 Et lui, en même temps, il a pu, par la même occasion,
00:11:30 prouver qu'il était un merveilleux metteur en scène.
00:11:34 Je crois que c'est une...
00:11:36 On se doit tous les deux le départ de nos carrières respectives.
00:11:40 Oui, mais il a fait de vous une femme particulière.
00:11:42 Vous avez rompu à ce moment-là avec certaines traditions bourgeoises,
00:11:46 avec la femme qui était l'amoureuse ou l'adultère.
00:11:48 Et si, vous, c'était la liberté.
00:11:51 Une certaine liberté de la chair, de la jouissance,
00:11:54 des copains, de l'amitié, du petit groupe.
00:11:56 Rien de mondain, au contraire.
00:11:58 Et est-ce que vous avez été fidèle à cette image ?
00:12:00 Oui. Moi, je crois que si je n'avais pas eu en moi les éléments,
00:12:07 Vadim n'aurait pas pu créer de toute pièce
00:12:11 un robot qui l'aurait poussé comme ça dans le monde du cinéma,
00:12:14 où je serais tombée une année ou six mois plus tard.
00:12:17 On n'aurait plus jamais entendu parler de moi.
00:12:19 Il faut croire que j'avais en moi les éléments voulus
00:12:22 pour que Vadim, qui a un talent fou et un instinct fantastique,
00:12:27 sente ça et en profite pour me permettre d'exprimer
00:12:31 ce que j'avais envie d'exprimer,
00:12:33 même si ce n'était pas des choses extraordinairement importantes.
00:12:37 En fait, les exprimer à ma façon.
00:12:38 Ça a été un tournant dans l'histoire du cinéma.
00:12:41 Oui, mais Vadim m'a dit qu'il avait senti ça en vous,
00:12:42 toute votre potentialité,
00:12:44 et qu'il a dû faire partager son opinion à Raoul Lévy.
00:12:48 Trouver l'argent, ça a été une aventure.
00:12:50 Oui, d'ailleurs, c'est grâce à Kurt Juergens,
00:12:52 ce n'est pas du tout grâce à moi que nous avons trouvé l'argent
00:12:55 à cette époque-là pour monter le film.
00:12:57 C'était Kurt Juergens qui était le porte-drapeau
00:13:00 de "Dieu craint la femme".
00:13:02 Mais en somme, il vous a façonné selon votre vraie nature.
00:13:05 Exactement. Il m'a permis de m'exprimer librement
00:13:09 et d'être absolument moi-même,
00:13:11 chose que je n'aurais peut-être pas réussi à faire seule.
00:13:14 Et en même temps, vous retrouviez les aspirations
00:13:16 d'un certain nombre de jeunes femmes de votre époque et de votre âge.
00:13:20 Oui, je pense que j'étais, en tout cas,
00:13:22 dans le monde cinématographique, la première à être comme ça,
00:13:26 dépouillée de tout artifice naturel,
00:13:30 bonne ou mauvaise selon les cas, mais en tout cas absolument...
00:13:34 Et il y a eu une rupture avec votre milieu familial et social ?
00:13:37 Non.
00:13:40 Oui, enfin, oui et non, parce qu'il est certain
00:13:42 que la façon dont j'ai été élevée était très différente
00:13:45 de la vie que j'ai vécue par la suite.
00:13:47 C'est-à-dire que j'étais élevée dans un milieu extrêmement bourgeois.
00:13:51 Mais ça se retrouve un petit peu.
00:13:53 Je ne l'ai pas complètement oubliée.
00:13:55 Oui, moi, ce qui m'intéresse beaucoup, c'est votre attitude
00:14:00 par rapport au formidable mouvement d'émancipation de la femme
00:14:04 que vous n'avez pas évidemment suscité,
00:14:05 mais dont vous avez été un peu une pionnière, si vous voulez,
00:14:07 par votre façon d'être, votre façon de vivre en garçon,
00:14:11 en faire qu'à votre tête, suivre votre bon plaisir,
00:14:14 tout à fait en dehors de toutes les conventions bourgeoises,
00:14:17 sociales et de toutes les traditions.
00:14:19 Et j'aurais voulu connaître votre sentiment
00:14:21 sur le mouvement de libération de la femme,
00:14:23 tel qu'il s'articule maintenant en Amérique
00:14:25 et puis un petit peu partout dans les pays d'Europe.
00:14:27 J'ai l'impression, il me semble avoir lu quelque part,
00:14:29 que vous étiez très contre.
00:14:31 Oui, enfin, je ne suis pas vraiment contre.
00:14:33 Je trouve que c'est très bien que les femmes se libèrent,
00:14:36 mais pourquoi faire un mouvement pour ça ?
00:14:38 On peut se libérer sans devenir suffragette
00:14:41 et porte-drapeau d'un mouvement.
00:14:45 Je trouve qu'une femme doit rester une femme avant tout.
00:14:48 Qu'elle se libère, c'est très bien,
00:14:51 mais avant tout, elle doit se dire
00:14:52 que la femme, c'est quand même la chose la plus belle du monde,
00:14:56 si elle reste vraiment une vraie femme.
00:14:58 Le fait de se libérer, c'est de plus supporter le jou de l'homme
00:15:01 qui ne veut pas vous donner tant d'argent,
00:15:03 c'est de pouvoir vivre et gagner sa vie sans dépendre de personne,
00:15:07 c'est très, très bien.
00:15:09 D'un autre côté, je crois que les femmes, en voulant trop se libérer,
00:15:12 vont devenir de plus en plus malheureuses.
00:15:14 Dans quel sens ? Pourquoi ?
00:15:16 Parce qu'une femme n'est pas faite pour mener la vie d'un homme.
00:15:20 Je crois que c'est là où, vraiment,
00:15:21 la société dans laquelle nous vivons actuellement
00:15:23 est complètement déséquilibrée.
00:15:25 Parce que les femmes veulent commencer à avoir des métiers
00:15:28 et des vies d'hommes,
00:15:30 puis les hommes restent à la maison et s'occupent des enfants.
00:15:32 - C'est rare encore. - Comment c'est rare ?
00:15:34 - Mais si, c'est rare. - Pas du tout.
00:15:35 Moi, je connais des exemples parmi des amis à moi.
00:15:38 Quelquefois, les hommes n'ont pas de travail,
00:15:40 ils restent à la maison, s'occupent de ce qu'il y a à faire,
00:15:42 et les femmes travaillent.
00:15:43 Bon, ça donne un déséquilibre, forcément,
00:15:45 parce qu'une femme n'est pas faite pour ça.
00:15:47 À mon avis, c'est très bien que les femmes se libèrent.
00:15:49 Moi, je suis la première à trouver qu'il faut
00:15:51 que les femmes puissent vivre librement.
00:15:54 Mais d'un autre côté, on ne peut pas vivre comme un homme.
00:15:56 Mais pourquoi ? C'est ce que vous faites.
00:15:57 Vous vivez comme un homme, vous avez un travail d'âme.
00:16:00 Mais regardez, vous gagnez largement votre vie.
00:16:03 - Ce qui vous permet de vivre... - Je gagne ma vie, comme vous l'entendez.
00:16:05 Je gagne ma vie, je ne dois rien à personne,
00:16:07 mais je suis vraiment l'image même d'une femme,
00:16:11 et dans ma vie, je suis une femme.
00:16:12 Je ne suis pas un homme, je ne suis pas une suffragette,
00:16:15 et je suis faible et vulnérable.
00:16:18 - Quelle définition vous donnez de la vraie femme ?
00:16:20 - Une vraie femme, c'est un être qui a ses faiblesses,
00:16:24 et ô combien est assez vulnérable,
00:16:28 et physiquement n'a pas la force non plus d'un homme.
00:16:31 Une femme, c'est un être doux.
00:16:33 Je crois que la douceur doit vraiment faire partie intégrante de la femme.
00:16:38 - Mais vous qui êtes tellement contre l'agressivité,
00:16:40 contre toutes ces notions, toute la guerre, toute l'horreur,
00:16:43 toute la violence, tout le sang, vous qui aimez les bêtes,
00:16:46 comment est-ce que vous pouvez réserver ces vertus aux seules femmes ?
00:16:50 Vous devriez souhaiter que les hommes les partagent,
00:16:52 que les hommes soient doux, gentils, passent la cuisine...
00:16:54 - Les hommes sont les hommes, là, pour le moment, on parle des femmes.
00:16:56 Bon, alors, vous serviez les problèmes.
00:16:59 - Regardez, vous les distinguez.
00:17:00 Vous dites que la tendresse et la gentillesse
00:17:03 sont des vertus typiquement et uniquement féminines.
00:17:06 Et vous distinguez de cette manière la femme de l'homme.
00:17:09 - En principe, oui, je dis en principe.
00:17:11 Bon, un homme peut être tendre et doux.
00:17:13 Au départ, ce n'est pas ce qu'on lui demande.
00:17:15 C'est très, très bien, tant mieux s'il est tendre et doux par-dessus le marché.
00:17:19 Mais au départ, c'est la femme qui doit être tendre et douce.
00:17:21 C'est la femme qui doit donner l'ambiance
00:17:24 d'une merveilleuse chaleur d'une maison,
00:17:27 c'est la femme qui doit agrémenter la maison
00:17:30 pour que l'homme s'y sente bien.
00:17:32 Et je trouve dommage que les femmes, maintenant,
00:17:34 tout en se libérant, ce que je trouve très, très bien,
00:17:37 perdent un peu cette notion de beauté, de douceur.
00:17:42 - Vous avez l'impression qu'en travaillant,
00:17:44 en allant au-dehors, en participant aux affaires,
00:17:48 à la vie politique, à la vie sociale,
00:17:49 elles risqueraient de perdre ces vertus féminines
00:17:51 de douceur et de gentillesse ?
00:17:52 - Elles les perdent.
00:17:53 Forcément, étant donné qu'une femme qui travaille
00:17:57 revient épuisée le soir de son travail,
00:17:59 elle ne peut pas donner à ce moment-là
00:18:01 à l'homme avec qui elle vit ou à ses enfants
00:18:04 ou aux personnes avec qui elle partage son appartement ou sa vie
00:18:07 les avantages qu'une femme qui n'aurait que ça à faire
00:18:10 pourrait donner.
00:18:12 - Mais vous, Brigitte Bardot, est-ce que vous donnez beaucoup de ça ?
00:18:14 - Moi, je passe ma vie à m'occuper de ma maison,
00:18:18 à essayer que ce soit le plus joli possible,
00:18:22 à m'intéresser à tout ce qui intéresse les femmes en général
00:18:25 et qu'elles perdent petit à petit, malheureusement.
00:18:29 - Mais vous n'avez pas l'impression que vous êtes en train, justement,
00:18:32 de nous donner l'explication de cette espèce de baisse
00:18:36 de l'agressivité vis-à-vis de vous depuis quelques années ?
00:18:38 Parce que tout ce que vous dites, là, depuis deux ou trois minutes,
00:18:41 c'est extraordinairement rassurant.
00:18:44 Et vous offrez maintenant de la femme
00:18:46 une image qui fait plaisir, une image adoucissante.
00:18:51 - Mais pourtant, je suis libérée.
00:18:53 Je ne suis pas une femme qui subit le jou de quelqu'un.
00:18:56 Je suis libérée, donc on doit pouvoir arriver
00:18:59 à mener les deux de front, à mon avis.
00:19:01 On peut rester une femme et aussi être libre et travailler,
00:19:04 mais il ne faut pas que l'un prenne le pied sur l'autre.
00:19:07 - Mais avez-vous le sentiment, comme vous parlez en ce moment,
00:19:11 d'être la même femme,
00:19:14 qui se réfère aux mêmes notions qu'à l'époque, par exemple,
00:19:17 des dieux créés à la femme ?
00:19:18 - Heureusement pour moi, j'ai changé.
00:19:20 Mais pour nous tous, j'ai évolué.
00:19:22 - C'est le temps, alors, le problème, au fond.
00:19:24 - Le temps, oui. La vie vous fait changer,
00:19:27 qu'on le veuille ou non, et c'est très bien, je trouve.
00:19:29 - Je pense que vous n'êtes pas une femme libérée,
00:19:33 mais que vous êtes une femme libre,
00:19:35 ce qui est très différent.
00:19:36 Vous étiez libre, je pense, très jeune,
00:19:39 vous êtes restée libre et vous avez réussi
00:19:42 à avoir cette liberté qui est celle d'un roi.
00:19:44 - C'est joli.
00:19:46 - On parle beaucoup des femmes, je voudrais en parler un peu de vous.
00:19:49 Je pourrais être votre père, j'en serais très fier,
00:19:53 mais je serais très inquiet.
00:19:55 Je passerais beaucoup de nuits bélanches.
00:19:57 Je me demanderais, un peu comme la mère de Napoléon,
00:20:05 est-ce que ça va durer ?
00:20:07 Je veux dire, non pas la réussite, non pas la carrière,
00:20:10 mais cette espèce d'équilibre que vous avez trouvé.
00:20:13 Vous avez fabriqué autour de vous, effectivement,
00:20:16 un monde que vous avez voulu, que vous défendez,
00:20:19 qui semble bien équilibré.
00:20:23 Mais est-ce que ce monde, vous le sentez solide ?
00:20:26 Est-ce qu'entre votre passé et votre avenir,
00:20:30 vous vous sentez en paix et vous n'avez pas d'inquiétude ?
00:20:33 - Comment peut-on se sentir en paix dans le monde
00:20:36 dans lequel nous vivons actuellement ?
00:20:37 C'est très difficile.
00:20:39 - Non, mais je parle personnellement,
00:20:41 je ne parle pas de l'actualité, des événements,
00:20:45 des menaces de pollution, tout ce que vous voudrez.
00:20:47 - Mais l'actualité est là, malheureusement,
00:20:48 parce qu'évidemment, l'équilibre à trouver,
00:20:53 c'est assez difficile de trouver un équilibre dans sa vie.
00:20:55 On s'appelle Brigitte Bardot, ou que ce soit quelqu'un d'autre,
00:20:59 l'équilibre de l'existence,
00:21:01 c'est quelque chose de très dur à trouver.
00:21:02 Je crois qu'il faut vraiment avoir beaucoup d'échecs et de réussites,
00:21:06 et puis on finit par trouver un équilibre entre tout ça.
00:21:10 Bon. Mais vous parliez de...
00:21:13 - Vous êtes à la fois très femme,
00:21:18 vous êtes la femme, vous êtes, je l'ai écrit, je crois, une fois,
00:21:22 vous êtes la Vénus de notre temps.
00:21:24 - C'est gentil, c'est fantastique.
00:21:26 - Vous êtes en même temps un espèce de phénomène naturel,
00:21:28 quelque chose comme un ruisseau ou un volcan
00:21:33 ou un pommier en fleurs, enfin...
00:21:34 Et je crois que si j'étais cinéaste,
00:21:36 c'est comme ça que j'essaierais de vous photographier,
00:21:39 moins comme actrice.
00:21:40 - Est-ce que vous vous reconnaîtrez dans cette image, Brigitte Bardot ?
00:21:44 - Il est certain qu'une partie de l'équilibre précaire,
00:21:48 peut-être, que j'ai acquis,
00:21:51 vient du fait que je suis très, très proche de la nature.
00:21:54 Enfin, pour moi, si un jour ça ne va pas,
00:21:58 je vais presque mettre mes mains dans de la terre
00:22:01 ou toucher une écorce d'arbres,
00:22:04 respirer de l'air pur et regarder des feuilles.
00:22:07 Et ça me fait beaucoup de bien.
00:22:09 Et je crois que...
00:22:11 Un des grands déséquilibres, encore, de notre époque,
00:22:15 vient du fait que la nature est constamment repoussée
00:22:19 par les villes, par le béton, l'acier, etc.,
00:22:22 et que les hommes, qui ne sont pas faits pour vivre
00:22:23 dans des ambiances aussi superficielles et fabriquées,
00:22:27 en subissent le contre-coup, sûrement.
00:22:30 - Est-ce qu'on peut être un roi, comme disait René Barjavel,
00:22:32 ou une femme libre dans une société
00:22:34 où les hommes et les femmes ne seraient pas libres ?
00:22:37 - Oui.
00:22:38 On peut toujours être libre.
00:22:40 Je crois que la liberté est intérieure.
00:22:43 Pas uniquement de dire "je suis libre",
00:22:46 mais de courir et de faire n'importe quoi.
00:22:49 La liberté est à l'intérieur de soi-même.
00:22:52 Et chacun, même enfermé dans une société
00:22:56 qui est une prison,
00:22:57 en fin de compte, peut être un homme libre,
00:22:59 avec plus ou moins de bonheur.
00:23:02 - Claude Sarraute. - Oui. Vous parliez d'angoisse.
00:23:05 Quelle est votre principale angoisse ?
00:23:07 Est-ce que c'est celle de vieillir, par exemple ?
00:23:09 - Non, je trouve qu'alors ça, c'est pas du tout une angoisse,
00:23:11 puisqu'on n'y peut rien.
00:23:14 - Vous venez de le découvrir ?
00:23:15 - Quoi ? - Ce phénomène que l'on vieillit.
00:23:18 - Depuis que je suis née, je vieillis.
00:23:20 Mais ça se fait un tout petit peu plus depuis 2-3 ans qu'avant.
00:23:24 - Il y a un certain moment où on essaie de résister
00:23:25 tout en sachant que c'est inéluctable.
00:23:28 - Non, je crois que ça...
00:23:29 Étant donné que je suis très proche de la nature,
00:23:32 ça ne me fait pas peur.
00:23:33 C'est tout à fait naturel.
00:23:34 C'est un phénomène qui arrive à tout le monde.
00:23:38 On est très jeunes, on grandit, on vieillit, on meurt.
00:23:42 C'est pas pour ça que je vais m'angoisser.
00:23:44 Parce qu'à ce moment-là, ce serait horrible.
00:23:46 - Ça ne vous arrive jamais d'avoir...
00:23:48 - Si je vois que j'ai une petite ride au coin de l'œil
00:23:50 que je n'avais pas avant, je me dis que c'est dommage.
00:23:52 Tant pis.
00:23:53 - Il n'y a pas de panique ?
00:23:55 - Non, je trouve que c'est naturel, c'est normal.
00:23:59 Quelle horreur de penser le contraire,
00:24:01 de se dire "Mon Dieu, je vieillis".
00:24:03 Mais c'est joli, une dame avec des cheveux blancs,
00:24:05 qui est sage et qui raconte des histoires jolies.
00:24:08 Je trouve ça formidable.
00:24:09 - Il y en a d'autres, mais pour soi...
00:24:10 - Il n'y en a plus, mais je trouve que c'est formidable.
00:24:13 - Les femmes devraient accepter de vieillir,
00:24:15 parce que c'est beaucoup plus beau
00:24:18 d'avoir une grand-mère avec des cheveux blancs
00:24:20 et qui a l'air d'une dame âgée
00:24:22 que d'avoir une grand-mère qui est décolorée, teinte et maquillée,
00:24:26 qui a l'air encore bien plus âgée,
00:24:27 mais qui a l'air vraiment malheureuse.
00:24:29 - Vous voyez très bien le temps où vous raconterez des histoires
00:24:32 à un petit enfant.
00:24:33 - Je raconte déjà.
00:24:35 - Lucien Boisdart.
00:24:37 - Je crois que vous m'aviez dit autrefois
00:24:39 que la grande recherche de votre vie,
00:24:41 c'était de trouver l'homme avec qui vous pourriez vivre tout le temps,
00:24:44 et que cela, vous ne l'aviez pas réussi,
00:24:46 et que, finalement, vous viviez dans une légère angoisse
00:24:49 ou une légère incertitude à ce propos-là.
00:24:52 - On a plusieurs existences en une seule,
00:24:55 parce qu'en prenant mon propre cas, par exemple,
00:24:58 je ne suis pas du tout la même qu'il y a dix ans,
00:25:00 et je ne serai sûrement pas la même dans dix ans que maintenant.
00:25:03 Et je crois, dans la mesure où on le peut,
00:25:09 que c'est bien de changer de compagnon
00:25:13 au fur et à mesure...
00:25:14 de ce qu'on peut avoir...
00:25:18 On a besoin de choses différentes.
00:25:19 Je ne sais pas, moi, quand j'avais 20 ans,
00:25:21 j'aimais les hommes qui sortaient, qui dansaient,
00:25:23 qui racontaient des bêtises et qui avaient des belles voitures.
00:25:26 Maintenant, je demande quelque chose d'autre.
00:25:28 Je demande des qualités plus profondes à un homme.
00:25:32 Si j'avais gardé le même homme qu'il y a dix ans,
00:25:35 il m'ennuierait profondément.
00:25:37 -Pourquoi ne peut-il pas changer lui aussi ?
00:25:40 -Il y a peu de chance.
00:25:41 -Si, ils peuvent changer.
00:25:42 Mais je ne sais pas, puisque le problème ne s'est pas posé.
00:25:44 -Qu'en pensez-vous, François-Mauve ?
00:25:46 -J'ai l'impression qu'on assiste à une petite alliance féminine
00:25:49 contre les interlocuteurs masculins.
00:25:51 -Pas du tout. Aucune ment, je ne crois pas.
00:25:53 -Est-ce que vous vous rendez compte, forcément,
00:25:56 de ce qu'on parle de liberté,
00:25:59 ce qui est un mot un peu abstrait, de libération, tout ça ?
00:26:01 En vérité, derrière tout ça,
00:26:04 si je pense à votre légende, disons mythe,
00:26:07 puisque c'est même dans le titre de l'émission,
00:26:09 il est certain qu'il y a votre vie,
00:26:11 et il y a votre vie personnelle, votre vie sentimentale,
00:26:14 il y a toute la publicité autour des épisodes successifs
00:26:19 d'une vie qui est, malgré vous, publique.
00:26:22 Est-ce que vous vous rendez compte qu'il y a ça
00:26:24 et que ça doit avoir pesé quand même très lourd
00:26:26 sur votre évolution ?
00:26:28 Est-ce que vous n'avez pas organisé une théorie de ça
00:26:32 pour résister à ce jugement multiforme
00:26:34 qui a été porté sur vous ?
00:26:37 -Le jugement, vous savez, c'est le mener son fils et l'âne.
00:26:40 Il faut, je crois, dans la vie, suivre une certaine ligne de conduite
00:26:44 qu'on peut se fixer,
00:26:46 essayer d'en sortir le moins possible
00:26:48 et écouter ce que vous disent les autres
00:26:50 d'une oreille distraite, sans ça, on n'en sort plus.
00:26:53 Il est certain que ma vie privée étant une vie publique,
00:26:58 ça, j'y peux rien, ça a toujours été comme ça,
00:27:00 et plus je lutte contre et plus elle devient publique,
00:27:03 donc j'essaie qu'elle soit publique,
00:27:05 comme ça, au moins, on me fiche la paix.
00:27:06 C'est terminé.
00:27:07 Mais c'est vraiment très...
00:27:10 C'est éprouvant, parce qu'il y a des moments dans l'existence
00:27:14 où on a envie que les choses qui vous arrivent
00:27:16 restent secrètes pour soi-même.
00:27:17 Et maintenant, ça va, c'est toujours le même phénomène.
00:27:21 Maintenant, on me fiche vraiment plus la paix qu'il y a quelques années,
00:27:23 mais il y a quelques années, c'était épouvantable,
00:27:25 parce que vraiment, rien n'était privé chez moi,
00:27:29 même pas ma salle de bain.
00:27:30 Il y avait des types avec des téléobjectifs
00:27:33 qui arrivaient à prendre des photos de moi dans ma baignoire.
00:27:35 -Claude Sarraud vous posait tout à l'heure une question sur l'angoisse,
00:27:38 en vous disant quelle est la principale angoisse,
00:27:40 y en a-t-il une, y a-t-il celle de vieillir ?
00:27:42 On a envie de vous poser une autre question.
00:27:46 Est-ce que vous n'avez jamais,
00:27:48 puisqu'il semble y avoir comme ça une recherche,
00:27:50 une constante dans votre vie,
00:27:53 est-ce que vous n'avez jamais pensé à ce que ça peut être qu'un couple,
00:27:57 un couple qui dure 10 ou 20 années, c'est aussi une belle aventure ?
00:28:01 Est-ce que vous n'avez jamais eu la nostalgie de ça ?
00:28:03 -Si.
00:28:04 On ne peut pas tout avoir.
00:28:06 -Pourquoi, à votre avis, cela n'a-t-il pas marché, ne s'est-il pas fait ?
00:28:12 -C'est sûrement de ma faute.
00:28:14 J'étais sûrement pas prête.
00:28:17 J'étais pas prête.
00:28:18 Je crois qu'il y a des moments dans la vie où on est prêt à quelque chose,
00:28:21 et si on veut le faire avant d'être prêt, ça ne réussit pas.
00:28:26 J'étais pas prête parce que peut-être que je ne me rendais pas compte,
00:28:29 justement, de la rareté de ce que c'est qu'une réussite d'un couple.
00:28:36 Maintenant, je m'en rends compte
00:28:38 parce que j'ai eu des échecs successifs et que j'en ai souffert
00:28:42 et que ça m'a donné une espèce de notion de solitude
00:28:47 que je ressens souvent.
00:28:49 J'ai compris ce que je n'avais pas compris
00:28:53 quand j'avais 20 ans, 25 ans, 28 ans.
00:28:55 Maintenant, je l'ai compris.
00:28:56 Je suis probablement prête maintenant
00:28:59 à avoir une vie sérieuse avec un homme pendant très longtemps.
00:29:03 -Lucien Moda.
00:29:04 -Est-ce que le fait que vous ayez échoué avec des hommes
00:29:07 ne venait pas de ce que vous demandiez trop ?
00:29:09 Parce que quand un homme est avec vous,
00:29:11 vous demandez qu'il s'occupe de vous d'une façon constante et inlassable.
00:29:14 Vous me disiez, "Il peut le faire s'il est bête, mais je m'en lasse.
00:29:19 "S'il est intelligent, c'est lui qui s'en va."
00:29:22 -C'est vrai.
00:29:23 C'est pour ça, vous voyez.
00:29:26 C'est la conclusion de tout ce que nous venons de dire.
00:29:29 Mais ça aussi, j'ai évolué.
00:29:34 J'ai compris qu'un homme ne pouvait pas être à ma disposition
00:29:38 24 heures sur 24.
00:29:39 Ça, je ne l'avais peut-être pas compris il y a 10 ans.
00:29:41 Maintenant, je l'ai compris.
00:29:43 Et je me souhaite d'être très heureuse
00:29:47 et que ça dure très longtemps.
00:29:48 -J'avais l'impression que vous viviez dans une certaine solitude.
00:29:51 Il y avait très peu de gens autour de vous.
00:29:54 -Il y en avait de moins en moins. Pourquoi ?
00:29:57 -Vous vous enfoncez dans la solitude.
00:29:58 -C'est vous qui le choisissez.
00:29:59 -Oui.
00:30:01 Je me retrouve beaucoup mieux
00:30:04 sans avoir trop de monde autour de moi.
00:30:06 Au fin de compte, ça aussi, j'ai beaucoup changé de ce côté-là.
00:30:09 Parce qu'avant, s'il n'y avait pas 15 personnes autour de moi,
00:30:12 j'étais très malheureuse et je me disais, "Mon Dieu, je suis toute seule."
00:30:15 Et maintenant, le fait de me retrouver seule
00:30:18 me permet de penser à des choses auxquelles je n'ai pas le temps de penser
00:30:20 s'il y a des gens.
00:30:23 De faire des petits voyages à l'intérieur de moi-même
00:30:27 ou même de ne penser à rien,
00:30:28 de regarder tout simplement les choses qui se passent devant moi.
00:30:31 Savoir regarder, j'ai appris ça aussi.
00:30:35 -Quand vous dites que vous restez seule,
00:30:36 vous voulez dire seule ou seule avec quelqu'un ?
00:30:39 Est-ce que vous arrivez à ne jamais rester toute seule ?
00:30:41 -Ça m'arrive, oui.
00:30:43 J'aime bien, mais pas trop longtemps,
00:30:46 parce qu'après, j'ai une panique.
00:30:49 -Et d'où vient cette panique ? La question ne vous est pas posée.
00:30:52 D'où vient cette peur, panique, justement, de cette solitude,
00:30:55 si elle dure ?
00:30:56 -Si elle dure et qu'on ne la choisit pas
00:30:58 parce qu'on en a envie à ce moment-là,
00:30:59 ça devient angoissant parce que je ne supporte pas
00:31:02 le fait de ne pas entendre la vie à côté de moi,
00:31:05 que ce soit quelqu'un qui vit dans une pièce
00:31:10 où j'entends des bruits ou un animal ou quelque chose.
00:31:12 Je trouve que le silence, par moments,
00:31:14 est quelque chose de terriblement angoissant.
00:31:17 Le vrai silence.
00:31:20 -Qu'est-ce que vous... Pardon. -René Bardinet.
00:31:22 -Chez vous, la madrague, c'est une sorte de forteresse
00:31:24 ou de couvent.
00:31:25 Vous y viviez excessivement simplement.
00:31:28 Qu'est-ce qui vous plaisait ? C'était le soleil, la nature.
00:31:31 -Je vis toujours très simplement.
00:31:33 Je trouve que la simplicité est une chose fantastique.
00:31:36 -Des sensations physiques, des amitiés, des copains.
00:31:40 -La madrague, oui, c'était les vacances.
00:31:42 Maintenant, c'est devenu complètement surfait
00:31:44 parce que Saint-Tropez est impossible.
00:31:47 Mais enfin, c'était une maison d'évasion.
00:31:50 -Vous évaliez tout le temps.
00:31:52 Parce que, finalement, le cinéma, vous n'aimiez pas tellement cela.
00:31:56 -Non, je n'aime toujours pas tellement ça.
00:31:59 En fait, c'est mon métier.
00:32:01 -On peut faire 21 ans un métier sans l'aimer du tout ?
00:32:04 -Je ne l'aime pas du tout, du tout, du tout.
00:32:06 Non, c'est pas ça.
00:32:07 C'est un métier de groupe et d'équipe.
00:32:10 Et moi, je suis très individualiste.
00:32:12 Alors, il est certain que je me suis heurtée
00:32:16 à un problème qui dure depuis 21 ans.
00:32:20 -Mais pour l'instant, vous n'avez parlé que d'un metteur en scène,
00:32:23 Vadim, et que d'un film, "Et Dieu créa la femme".
00:32:26 Est-ce que dans ces rapports un petit peu froids
00:32:29 que vous entretenez, semble-t-il, avec le cinéma,
00:32:32 il y a des nostalgies, il y a des regrets ?
00:32:34 Est-ce qu'il y a un film, une oeuvre
00:32:36 auxquelles vous auriez voulu participer ?
00:32:38 Est-ce que vous n'avez pas le sentiment qu'à un certain moment,
00:32:40 votre vie, votre carrière aurait pu aller dans une autre direction
00:32:44 et que vous ne l'avez peut-être pas pu ou pas voulu ?
00:32:47 -Oui, ça, je ne me suis pas très bien occupée
00:32:49 de ma carrière cinématographique.
00:32:52 Alors, évidemment, il y a eu des hauts
00:32:55 et puis il y a eu beaucoup de bas.
00:32:57 Mais enfin, je suis toujours là.
00:32:59 -Oui, mais là, vous répondez en termes de carrière
00:33:02 ou en termes de célébrité,
00:33:04 mais en termes d'art, en termes d'oeuvre,
00:33:08 est-ce qu'il n'y a pas... Vous n'avez pas rêvé
00:33:10 à tel ou tel moment de travailler avec un metteur en scène
00:33:13 plutôt qu'un autre ?
00:33:15 -Si, bien sûr, j'aurais aimé faire un film avec Fellini, par exemple.
00:33:19 Bon, ça ne s'est pas fait.
00:33:21 J'aurais aimé faire un film avec Bergman aussi.
00:33:24 Ça ne s'est pas fait.
00:33:26 On ne sait pas pourquoi, parce qu'ils n'étaient pas libres à un moment
00:33:28 ou parce que Bergman, par exemple, ne tourne qu'avec des acteurs
00:33:32 qui parlent fantastiquement bien l'anglais.
00:33:35 Ce n'est pas mon cas, donc je ne pourrais pas tourner avec lui.
00:33:38 Fellini, j'aurais adoré tourner avec lui,
00:33:41 mais il n'a pas fait de film dans lequel il pouvait me présenter
00:33:45 comme il avait envie de le faire.
00:33:48 Ceci dit, bon, j'ai continué, j'ai fait souvent des films
00:33:52 qui n'étaient pas tellement terribles.
00:33:55 Et je pense que si j'avais eu le désir vraiment profond
00:33:59 de faire quelque chose ou d'incarner une héroïne quelconque,
00:34:03 je l'aurais fait. Je ne vois pas pourquoi je ne l'aurais pas fait,
00:34:05 étant donné quand même que j'avais la possibilité
00:34:07 de tourner plus ou moins ce que j'avais envie de faire.
00:34:11 Je me laissais un peu portée comme ça par les événements.
00:34:13 Au lieu de diriger ma carrière, c'est ma carrière qui m'a dirigée.
00:34:17 Donc vous, très honnêtement, vous reconnaissez
00:34:19 que ce n'était pas seulement des raisons fortuites,
00:34:21 mais qu'au fond, vous ne l'avez pas voulue tout à fait assez.
00:34:26 Oui, je vous dis, je n'ai pas dirigé ma carrière.
00:34:29 J'ai eu tort parce que je trouve
00:34:30 qu'il ne faut jamais se laisser diriger dans la vie.
00:34:33 Elle vous prend l'impression que ce qui vous intéressait,
00:34:36 c'était d'être une héroïne dans la vie, un certain type de femme,
00:34:39 face à une société, plutôt que d'être une héroïne de cinéma.
00:34:43 Évidemment, ça provoquait des réactions, une agression,
00:34:45 mais en même temps, vous étiez un type humain nouveau.
00:34:48 Vous vous trompez. Alors, pas du tout.
00:34:51 Non, pas du tout.
00:34:53 Je suis dans la vie vraiment comme je suis.
00:34:57 Oui, mais avec cette liberté totale.
00:34:59 Vous avez la liberté de ne pas être une grande actrice,
00:35:02 de ne pas faire de grands films si ça ne vous plaît pas.
00:35:04 Si on vous demande d'aller en Amérique et que ça vous ennuie,
00:35:06 vous n'y allez pas.
00:35:07 Vous vivez avec vos copains dans quelques mètres carrés,
00:35:10 avec la mer autour. C'est une liberté fantastique.
00:35:12 C'est une image nouvelle de la femme, de la totale indépendance.
00:35:15 C'est ça, votre fait d'être une héroïne.
00:35:18 Oui, je préfère réussir ma vie que réussir ma carrière.
00:35:23 Pour moi, c'est plus important.
00:35:25 Mais vous n'avez aucun esprit de compétition.
00:35:28 Alors, par exemple, vous ne vous souhaiteriez pas...
00:35:29 Absolument pas.
00:35:31 Est-ce que vous arrivez à vous comparer à d'autres actrices,
00:35:33 de vous dire, "Celle-là joue mieux que moi,
00:35:35 je voudrais bien qu'on parle de moi dans les mêmes termes."
00:35:37 Jamais.
00:35:38 - Jamais ? - Jamais.
00:35:39 Et comment est-ce que vous pouvez expliquer ça ?
00:35:41 C'est curieux, parce que tout de même,
00:35:42 quand on occupe la place que vous occupez,
00:35:44 quand on exerce le métier que vous faites,
00:35:47 on devrait... Enfin, la plupart des gens
00:35:49 sont poussés par cette espèce de désir de perfection, de progrès.
00:35:53 Je n'ai jamais eu l'esprit de compétition dans rien.
00:35:56 Si je fais du ski, j'en fais mieux ou moins bien que quelqu'un d'autre.
00:36:01 Ça m'est complètement égale si...
00:36:04 - Je sais pas, moi. - Même sans vous comparer.
00:36:05 Si je joue de la guitare, je joue moins bien, ça m'est égal.
00:36:08 Et dans mon métier, c'est pareil.
00:36:10 J'occupe la place que j'occupe,
00:36:12 et je suis ravie, et je ne demande rien de plus.
00:36:16 C'est-à-dire que si vous aviez été ambitieuse pour votre carrière,
00:36:18 ou exigeante, elle aurait eu une autre forme ?
00:36:21 - Ah oui. - Vous auriez moins réussi ?
00:36:24 Euh... Probablement.
00:36:26 Si on parle de la vie, on parle de la carrière,
00:36:31 on parle pas de la légende,
00:36:32 moi ce qui me paraît extraordinaire, c'est que
00:36:34 plus vous vous désintéressiez de votre carrière,
00:36:37 plus la légende était extraordinaire.
00:36:40 La grande réussite, Lucien Bodard disait "Réussir votre vie".
00:36:44 Mais on peut dire aussi "Réussir cette espèce de rencontre mystérieuse
00:36:47 entre votre vie, un certain type de femme, le goût d'une certaine époque",
00:36:50 parce que ça, vous l'avez réussi mieux que n'importe qui sur ces 20 années.
00:36:53 Alors il y a là quand même un mystère.
00:36:56 C'est qu'il y a quelque chose... On a l'air de dire
00:36:58 "Vous n'avez pas très bien dirigé votre carrière, votre vie,
00:37:00 vous avez eu des échecs",
00:37:02 mais on oublie, il me semble, qu'il y a cette réussite
00:37:04 un peu mystérieuse et phénoménale.
00:37:07 Cette réussite va au-delà de moi-même.
00:37:09 Oui.
00:37:10 Elle me dépasse un peu. Je n'y pense pas.
00:37:15 Je ne m'imagine pas que je suis Brigitte Bardot, par exemple.
00:37:18 En ce moment, oui, parce qu'on est devant les caméras,
00:37:21 mais si on était à la maison en train de boire un verre de quelque chose,
00:37:25 je serais avec vous et je serais une amie parmi vous.
00:37:28 Je ne pense jamais que je m'appelle Brigitte Bardot.
00:37:31 Et quand il m'arrive de m'en souvenir,
00:37:34 c'est parce que le monde extérieur me le rappelle.
00:37:39 C'est-à-dire des gens qui me demandent des autographes,
00:37:41 des gens qui me reconnaissent.
00:37:43 Des choses qui font que tout d'un coup, je me dis
00:37:45 "C'est vrai que je suis Brigitte Bardot.
00:37:46 Tiens, il faut que je me mette des lunettes
00:37:48 et que je m'en aille vite dans ma voiture."
00:37:50 Oui, mais c'est probablement ça que le public,
00:37:52 enfin le plus grand, le plus vaste public a senti.
00:37:55 C'est le naturel.
00:37:56 C'est probablement ça, le secret de ce phénomène.
00:37:59 Je crois qu'il ne faut pas chercher trop loin le secret de ça ou de ça.
00:38:02 Je crois que je suis arrivée dans ce monde cinématographique
00:38:07 au moment où l'image de la femme a changé pour une raison ou pour une autre.
00:38:12 C'est moi qui étais là parce que je correspondais à cette nouvelle image.
00:38:16 Ça a été un cocktail, si vous voulez,
00:38:19 une association de choses, enfin d'impondérables,
00:38:25 qu'en fait, c'est moi qui suis arrivée à ce moment-là
00:38:28 et qui correspondais à ça.
00:38:30 Et c'est, je pense, ça,
00:38:32 parce que ce n'est pas du tout ni les films que j'ai tournés
00:38:35 ni la publicité qu'il y a pu y avoir autour de moi.
00:38:37 C'est ça qui a fait de moi, peut-être,
00:38:40 cette espèce de bombe qui a éclaté comme ça.
00:38:44 René Barjavel ?
00:38:45 Tout ce que vous venez de nous dire depuis quelques minutes
00:38:49 prouve surabondamment que vous n'êtes pas une actrice.
00:38:53 Je veux dire...
00:38:56 Une actrice ou un acteur,
00:38:58 c'est quelqu'un qui est constamment en représentation
00:39:00 et dont le seul souci est de paraître,
00:39:03 de fabriquer un personnage et de vivre dans ce personnage.
00:39:06 C'est la raison pour laquelle l'Église refusait les sacrements aux acteurs
00:39:11 parce que, pour eux, les acteurs n'avaient pas d'âme,
00:39:13 parce qu'ils n'existaient pas, ils n'étaient qu'en représentation.
00:39:16 Or, chez vous, il me semble que ce qui est important pour vous,
00:39:21 c'est beaucoup plus d'être que de paraître.
00:39:24 Mais on a dit, ou vous avez dit peut-être,
00:39:27 qu'après l'âge de 40 ans, vous vouliez abandonner le cinéma.
00:39:31 Est-ce que c'est vrai ? Et alors, pourquoi ?
00:39:35 Parce que je n'aime pas qu'on m'abandonne.
00:39:38 Et parce que j'estime qu'à partir d'un certain âge,
00:39:41 le physique d'une femme ne va pas en s'embellissant.
00:39:48 Il est bien certain qu'après 40 ans, on a 50 ans, après 60 ans...
00:39:52 Il faut se préparer, justement, on en parlait tout à l'heure,
00:39:55 à ce phénomène de vieillesse, de vieillissement,
00:39:58 qui va nous arriver à tous.
00:39:59 Et je ne veux pas être malheureuse quand j'aurai 50 ans, par exemple,
00:40:04 en me disant que je n'ai plus les emplois que j'avais à 30 ans,
00:40:08 que je n'ai plus le physique que j'avais à 25 ans.
00:40:11 Et je crois qu'à ce moment-là, une femme doit souffrir vraiment beaucoup.
00:40:14 Parce qu'évidemment, si on cherche à être la même
00:40:17 que 10 ans ou 15 ans auparavant, on n'est jamais la même.
00:40:22 Il faut accepter de vieillir.
00:40:25 Et je pense qu'une actrice, si elle accepte de vieillir,
00:40:28 elle l'acceptera en ayant l'impression de rester jeune,
00:40:31 en se faisant tirer la peau...
00:40:33 Ce sont des phénomènes antinaturels que je ne ferai pas.
00:40:37 Donc je pense que je vais me faire une nouvelle vie,
00:40:40 puis c'est bien de changer d'existence un petit peu.
00:40:42 Vous confirmez là que vous quitteriez le cinéma ?
00:40:45 Oui, enfin, je pense que de toute façon...
00:40:51 J'aurais donné 20 et quelques années de ma vie au cinéma, ça suffira.
00:40:55 Mais après, je tâcherais de trouver autre chose.
00:40:57 Et de...
00:40:59 Une vie sereine, enfin...
00:41:01 Parce que le cinéma, c'est quand même une vie très difficile,
00:41:04 très éprouvante, nerveusement.
00:41:06 Il faut avoir des nerfs d'acier pour faire ce métier.
00:41:10 En plus, il faut être belle
00:41:12 pendant trois mois de 8h du matin à 8h du soir tous les jours.
00:41:17 Et ça, c'est terrible. Je trouve ça épouvantant.
00:41:20 C'est difficile aussi à cause de ceux qui sont,
00:41:23 ce qu'on appelle parfois les requins du métier,
00:41:25 les producteurs, les distributeurs du cinéma,
00:41:28 ceux qui font fabriquer des films
00:41:30 en pensant aux fauteuils qui vont être remplis.
00:41:33 Ça, bon, c'est la base du métier.
00:41:35 Il y a aussi le travail d'équipe.
00:41:36 Alors, il y a encore un monde qui est dans l'autre monde.
00:41:41 C'est le monde du cinéma à l'équipe.
00:41:43 Une équipe, c'est un petit monde,
00:41:44 une petite communauté qui dure le temps d'un film,
00:41:47 c'est-à-dire trois mois.
00:41:49 Et pendant ces trois mois, il faut supporter.
00:41:51 Alors, c'est comme sur un bateau.
00:41:53 Alors, comme on ne choisit pas son équipe,
00:41:56 on est obligé pendant trois mois
00:41:57 de faire contre une mauvaise fortune, bon cœur,
00:42:00 d'accepter la vie communautaire.
00:42:03 Moi, je n'aime pas beaucoup ça, personnellement.
00:42:04 Je n'aime pas beaucoup la vie communautaire.
00:42:06 J'aime bien être un peu seule de temps en temps.
00:42:09 Alors, évidemment, le cinéma, pour ça,
00:42:11 ne m'apporte pas exactement ce dont j'ai envie.
00:42:14 Et puis...
00:42:16 Qu'est-ce que je voulais dire ? Je ne sais plus.
00:42:18 Comment vous jugez, par exemple, l'évolution du cinéma ?
00:42:20 Vous avez fait allusion tout à l'heure en disant
00:42:22 que les films que vous avez faits aujourd'hui
00:42:25 feraient partie de la bibliothèque rose.
00:42:28 Ah oui ?
00:42:29 Oui, parce que...
00:42:30 Vous jugez certains films récents dont on a beaucoup parlé.
00:42:33 Je ne les ai pas vus.
00:42:34 Enfin, si c'est celui dont...
00:42:36 Oui, "Le dernier tambou à Paris" ou d'autres choses.
00:42:38 Je ne les ai pas vus.
00:42:40 Ils semblent aller plus loin que l'érotisme
00:42:42 ou la sensualité qu'on a vu dans les films de l'époque.
00:42:45 Vous ne les avez pas vus dans vos premiers films ?
00:42:48 Non, mais il y a une vague...
00:42:49 Oui, il y a une vague d'érotisme que je trouve tout à fait grotesque.
00:42:52 Moi, personnellement, je ne sais pas ce que vous en pensez.
00:42:54 Je vais vous poser des questions un petit peu à mon tour.
00:42:57 En tout cas, la dernière réplique,
00:42:59 ce n'est pas celle, sûrement, que les gens attendent dans votre bouche.
00:43:02 Pourquoi ?
00:43:03 Parce que vous devez être encore,
00:43:05 ou votre image est encore un peu prisonnière de votre apparition,
00:43:08 enfin, de votre vraie apparition, disons, il y a...
00:43:10 Je ne sais pas quelle était l'année de "Dieu créa la femme".
00:43:13 Attention, l'érotisme qu'il y avait dans le film "Dieu créa la femme",
00:43:18 par exemple, ou dans d'autres qui ont suivi par la suite,
00:43:20 était vraiment un érotisme très mignon,
00:43:24 à côté de ce qu'on peut faire maintenant,
00:43:26 parce que ce n'est pas croyable, l'évolution qu'il y a eu de ce côté-là.
00:43:29 De toute façon, il y aura un retour au romantisme, forcément.
00:43:32 Mais je crois que ce que vous aimez dans l'érotisme,
00:43:34 c'est un érotisme naturel, normal,
00:43:36 le soleil, le corps, etc.
00:43:39 Et ce que vous voulez approuver, c'est quand on va au-delà,
00:43:41 la recherche, la provocation.
00:43:43 Ce n'est pas une provocation pour vous,
00:43:44 quand "Dieu créa la femme", d'apparaître avec votre corps, la joie...
00:43:47 Je trouve que tout ce qui est naturel est très joli.
00:43:51 Et qu'on n'a pas à rougir du fait de se montrer toute nue,
00:43:54 si on est au soleil.
00:43:55 Maintenant, si on est tout nu dans une pièce noire avec des lumières rouges,
00:43:59 c'est tout à fait différent comme point de vue.
00:44:02 C'est très différent.
00:44:04 Parce que de temps en temps, vous essayez de ressembler à l'image
00:44:06 que vous croyez que les gens ont de vous.
00:44:07 J'essaye de ressembler à rien du tout.
00:44:09 Je suis toujours parfaitement moi-même.
00:44:12 C'est pour ça que vous ne l'aimez pas, le cinéma.
00:44:13 Parce que quand vous tournez un film, vous devez obéir.
00:44:16 Et vous êtes incapable d'obéir, je pense.
00:44:17 J'obéis très bien, vous vous trompez.
00:44:19 - Et à qui ? - Au metteur en scène.
00:44:22 Je suis très sage.
00:44:23 Vous forcez.
00:44:24 Le premier jour, vous êtes pleine de bonne volonté.
00:44:26 Et ensuite, je crois, d'après ce que vous m'avez dit,
00:44:27 qu'au bout de quelques semaines, vous êtes un peu l'art.
00:44:30 Oui, c'est vrai.
00:44:33 Je pense que, contrairement à ce que vous croyez,
00:44:36 vous pourriez peut-être, après 40 ans,
00:44:38 commencer une vraie carrière de cinéma.
00:44:41 Non, ce n'est pas gentil ce que vous me dites.
00:44:44 Moi qui pensais bien tranquille.
00:44:46 Non, parce qu'au fond, vous n'avez pas été une actrice.
00:44:49 On a photographié Brigitte Bardot.
00:44:51 On avait là quelque chose de très beau à montrer,
00:44:53 sous tous ses aspects.
00:44:54 Elle était très vivante, très belle, charmante, gentille.
00:44:58 On l'a photographiée de tous les côtés.
00:45:00 Mais l'actrice Brigitte Bardot va peut-être naître après 40 ans.
00:45:05 C'est-à-dire qu'elle ne pourra plus compter uniquement sur sa beauté.
00:45:09 Et que...
00:45:10 Parce qu'il y a, pour une actrice,
00:45:13 des rôles merveilleux, extraordinaires à jouer après 40 ans.
00:45:17 Vous ne croyez pas que pour une femme, il y a un beau rôle aussi à jouer,
00:45:19 c'est-à-dire d'être une vraie femme,
00:45:21 sans se préoccuper de ce qu'on va pouvoir vous dire, faire, etc.
00:45:24 Vraiment, alors, moi, j'ai envie vraiment
00:45:27 d'avoir une vie retirée de tout ce milieu et de ce monde.
00:45:31 Mais est-ce qu'elle n'est pas...
00:45:32 Si, je souhaite que vous réussissiez ça,
00:45:35 parce que ça serait un des plus merveilleux phénomènes de notre temps.
00:45:39 - Garbo l'a fait. - Oui.
00:45:40 Mais enfin, elle l'a fait dans une espèce de ténèbre.
00:45:45 J'espère que ce ne sera pas votre cas.
00:45:47 Non, j'ai vous courri l'autre jour parce que j'ai vu un livre sur Garbo
00:45:52 qui disait qu'elle n'avait jamais eu le feu sacré pour son métier.
00:45:58 En fait, qu'elle le faisait, mais sans avoir tellement envie de le faire.
00:46:03 J'ai trouvé ça très drôle,
00:46:04 parce que je me trouvais exactement dans la même situation qu'elle.
00:46:07 Je voudrais savoir en quoi votre vie, quand vous aurez quitté le cinéma,
00:46:11 différera de celle que vous menez à présent quand vous ne tournez pas.
00:46:14 Au fond, ce sera la même chose.
00:46:15 Ce sera la même, sauf que je ne tournerai plus
00:46:18 et que je ne devrai plus rien à personne, à aucun point de vue.
00:46:21 Est-ce que ça ne vous posera pas de problème sur le plan financier ?
00:46:23 Est-ce que vous êtes une bonne femme d'affaires ?
00:46:24 Alors, parlez-nous de ça.
00:46:25 - Ça, c'est le petit problème de ça. - Alors, racontez.
00:46:29 Non, en fin de compte, je crois que...
00:46:33 Avec une vie à la campagne, parce que c'est ce que je souhaite,
00:46:36 et au milieu d'animaux,
00:46:38 et avec une seule maison au lieu d'en avoir 36,
00:46:40 comme c'est mon cas actuellement,
00:46:43 les choses ne doivent pas poser de problème du tout.
00:46:46 Ce qui pose des problèmes dans la vie d'une actrice,
00:46:48 c'est qu'il y a quand même toujours un petit côté,
00:46:51 qu'on le veuille ou pas, représentation.
00:46:53 Il faut quand même avoir une jolie voiture,
00:46:55 on ne peut pas se balader dans un stock-car.
00:46:58 Il faut avoir un appartement qui ne soit pas un gourbi dégoûtant.
00:47:03 Il faut avoir certaines choses comme ça,
00:47:06 qui font que ça demande de l'argent,
00:47:09 parce qu'il y a un certain train de vie,
00:47:10 tout ça entraînant secrétaire, etc.
00:47:13 À partir du moment où on n'est plus une actrice,
00:47:17 toutes les choses, en plus de l'indispensable,
00:47:21 n'ont plus raison d'être.
00:47:23 Quels sont vos rapports avec l'argent ?
00:47:25 Est-ce que ça compte beaucoup pour vous ?
00:47:26 Est-ce que vous le dépensez facilement ?
00:47:28 Je trouve ça très pratique.
00:47:29 Est-ce que vous...
00:47:31 Je vais vous poser là une question
00:47:34 qui touche de nouveau à la libération de la femme.
00:47:37 Je ne suis pas là pour vous parler,
00:47:39 mais j'ai beaucoup de mal à payer pour un homme.
00:47:42 Est-ce que c'est votre cas ?
00:47:43 C'est complètement égal.
00:47:45 Si j'ai de l'argent, je paye pour un homme.
00:47:48 Si je n'en ai plus un jour, un homme payera pour moi.
00:47:51 Je trouve que l'argent, il faut savoir en profiter.
00:47:54 Il faut que l'argent soit mon esclave,
00:47:57 et pas moi l'esclave de l'argent.
00:47:58 C'est comme ça que je vois les choses.
00:48:01 C'est-à-dire qu'il faut en profiter.
00:48:04 Il faut que ça vous aide à avoir une jolie vie, agréable,
00:48:08 pouvoir faire ce qu'on a envie quand on a envie de le faire.
00:48:11 C'est ça l'avantage d'avoir de l'argent.
00:48:13 Si c'est pour le mettre dans un endroit
00:48:16 et aller compter ses sous en disant "Mon Dieu, j'ai plein d'argent",
00:48:18 et vivre comme un malheureux,
00:48:20 alors ça n'a aucun intérêt d'avoir de l'argent.
00:48:23 Mais pour être maître de l'argent,
00:48:25 pour ne pas être esclave de l'argent,
00:48:26 il faut en avoir assez.
00:48:28 C'est ça, le problème.
00:48:30 Et si vous cessez de travailler et de gagner les bons cachets
00:48:34 que vous avez gagnés jusqu'ici,
00:48:35 il va falloir...
00:48:37 Vous avez acheté des entreprises,
00:48:40 - vous allez vendre des costumes... - Je n'ai rien acheté du tout.
00:48:42 Je trouve que tout ça,
00:48:44 ce sont des choses qui encombreraient mon existence
00:48:48 parce que ce sont des responsabilités.
00:48:50 Chaque fois qu'on crée des sociétés
00:48:53 ou qu'on achète des laveries ou je ne sais pas quoi,
00:48:56 on a dit que j'avais des laveries automatiques.
00:48:58 Moi, j'aimerais bien, mais jamais j'ai eu ça
00:49:00 parce que je serais incapable de m'en occuper.
00:49:02 Et je n'aime pas avoir des responsabilités.
00:49:05 J'aime...
00:49:06 Je trouve qu'il faut être libre de faire ce qu'on veut quand on veut,
00:49:10 et plus on a de responsabilités,
00:49:12 plus on est esclave de tout ce qu'on possède.
00:49:14 C'est pour ça que plus ça va,
00:49:17 plus je vendrai les choses que j'ai, les maisons, etc.,
00:49:22 pour ne plus posséder,
00:49:23 parce qu'en fin de compte, la possession, c'est l'esclavage.
00:49:27 Très juste.
00:49:28 C'est le saftier, le financier, et c'est très juste aussi.
00:49:31 C'est sans regret que vous vous enfoncerez dans une relative obscurité.
00:49:34 Quelle obscurité ?
00:49:35 Quand vous serez retirée du cinéma.
00:49:37 Ah, Lucien, vous viendrez me voir,
00:49:38 vous verrez que ça ne sera pas obscur du tout.
00:49:40 - Non. - Ah, non.
00:49:42 Ce sera formidable.
00:49:44 Mais vous étiez un peu la patronne chez vous.
00:49:46 Et là, il va falloir leur changer de vie.
00:49:48 Est-ce que vous accepterez, à ce moment-là,
00:49:50 d'obéir à un homme, à quelqu'un ?
00:49:52 Mais pour le moment, bon, je ne sais pas.
00:49:55 Ça peut arriver, oui.
00:49:57 Je ne suis pas contre le fait d'obéir à quelqu'un.
00:49:59 Si cette personne est capable de me faire obéir,
00:50:02 ce qui sera très bien, de reste.
00:50:04 Est-ce que vous vous sentez intéressée par les problèmes
00:50:06 des autres femmes de votre temps
00:50:07 qui n'ont peut-être pas réussi comme vous,
00:50:10 et probablement pas réussi comme vous ?
00:50:11 Oui, je me sens concernée par tout ce qui se passe autour de moi.
00:50:17 On a l'impression que vous vous intéressez davantage
00:50:19 aux animaux, par exemple, qu'aux petits-enfants malheureux,
00:50:23 ou qu'aux femmes, dont parlait notre ami,
00:50:25 qui ont des conditions de vie difficiles,
00:50:28 qui réclament des lois sociales plus avantageuses,
00:50:31 et que vous vous détournez un petit peu de ce qui se passe
00:50:34 parmi les hommes, de ce qui se passe aujourd'hui.
00:50:36 Peut-être à ce complémentaire, de vous occuper des deux en même temps.
00:50:39 Je crois que l'amour qu'on a en soi,
00:50:42 on peut le donner à tout le monde.
00:50:44 Et, simplement,
00:50:48 beaucoup de gens s'occupent du problème des femmes,
00:50:51 des enfants, des vieillards,
00:50:54 mais personne ne s'occupe du sort incroyablement inhumain
00:50:59 qu'on fait parfois subir aux animaux.
00:51:02 Alors, étant donné que j'ai un petit côté Don Quichotte,
00:51:07 j'ai décidé de mener une campagne
00:51:10 pour que la souffrance animale soit amoindrie,
00:51:13 parce que ce n'est pas croyable ce qu'on leur fait voir.
00:51:16 Ce sont les souffres et douleurs des hommes, à tous les points de vue.
00:51:18 C'est ignoble.
00:51:20 Ce qui ne m'empêche pas
00:51:22 de participer à d'autres choses.
00:51:25 Moi, je m'occupe de dames âgées qui me servent de grand-mères
00:51:28 que j'ai adoptées parce que je les aime.
00:51:31 Et si on me dit qu'il faut s'occuper de telle ou telle chose,
00:51:35 je pourrais le faire avec autant de cœur.
00:51:39 Mais là, je m'occupe personnellement des animaux
00:51:41 parce que personne ne s'en occupe.
00:51:42 Et je trouve ça très injuste.
00:51:44 - En dehors de ça. - Ça vous ennuie, hein ?
00:51:48 Non, pas du tout. Au contraire, j'adore les animaux moi-même.
00:51:50 Je suis absolument enchantée de vous entendre dire ça.
00:51:53 Mais...
00:51:55 C'était pas la question que je voulais...
00:51:59 Est-ce que vous auriez envisagé, par exemple,
00:52:01 ou est-ce qu'on vous a demandé, peut-être qu'on ne vous l'a pas demandé,
00:52:03 mais est-ce qu'il vous est arrivé d'envisager à un moment quelconque
00:52:07 de signer des pétitions sur le sujet de l'avortement, par exemple ?
00:52:11 Moi, l'avortement, je suis pour.
00:52:13 Alors, comme ça, je ne signe pas de pétition, je vous le dis maintenant.
00:52:16 - C'est très bien. - Tout le monde le saura.
00:52:18 Je suis pour. Je trouve qu'une femme a le droit de choisir le moment
00:52:24 qu'elle veut pour mettre un enfant au monde.
00:52:25 On n'a pas le droit de lui imposer un enfant.
00:52:28 Je trouve que c'est absolument incroyable qu'on en soit encore là aujourd'hui.
00:52:32 Et vraiment, alors, si le fait que j'en parle maintenant
00:52:35 peut aider à quelque chose, je serais ravie
00:52:37 parce que c'est absolument incroyable.
00:52:40 On voit que ce sont les hommes qui font les lois
00:52:41 parce que s'il leur arrivait quelquefois d'avoir les problèmes des femmes
00:52:45 et d'être enceinte ou de quelqu'un qu'ils n'aiment pas
00:52:48 ou de ne pas avoir envie d'un enfant au moment où ils sont enceintes,
00:52:52 ils comprendraient plus facilement qu'il faut absolument
00:52:54 que ce problème se règle très, très rapidement.
00:52:56 Parce qu'en plus, les femmes qui n'ont pas envie d'avoir des enfants
00:52:59 peuvent très bien se faire avorter, elles ont les moyens.
00:53:02 Et les femmes qui n'ont pas les moyens,
00:53:04 ce sont elles qui pâtissent de tout ça et qui ont des enfants
00:53:07 et qui sont abîmées ou qui meurent
00:53:08 parce qu'il y a des façons de faire des avortements illégaux
00:53:12 qui sont monstrueuses.
00:53:13 Alors, il faut que ce soit légal
00:53:15 et que plus personne ne risque d'en mourir
00:53:17 et que le fait d'avoir un enfant soit une joie
00:53:19 plutôt que d'être une catastrophe.
00:53:21 -L'enchaînement est peut-être maladroit,
00:53:23 mais nous bavardons là depuis maintenant un certain temps.
00:53:26 Vous avez abordé des tas de sujets
00:53:29 et vous n'avez à aucun moment parlé de l'enfant que vous avez.
00:53:32 -Je n'en parle jamais et je n'en parlerai jamais.
00:53:34 Au revoir, monsieur. -Vous ne voulez pas en parler ?
00:53:37 Mais on pourrait quand même aller plus loin.
00:53:39 -Non, parce que d'abord, je ne veux pas
00:53:40 que cet enfant soit mêlé à ma vie publique.
00:53:43 Et en plus, tout le monde sait très bien
00:53:45 que je ne m'en occupe pas personnellement.
00:53:48 Alors, ce n'est pas la peine.
00:53:49 En plus, après le sujet de l'avortement,
00:53:51 je trouve que c'est très maladroit de parler de ça.
00:53:53 -J'avais dit que c'était un enchaînement maladroit.
00:53:55 -Non, je ne veux absolument pas que mon fils soit mêlé
00:53:58 à quoi que ce soit ma vie professionnelle.
00:54:01 Je ne veux pas en parler.
00:54:03 Il est superbe et il va très bien, merci.
00:54:07 -En dehors de cette campagne que vous menez
00:54:11 en faveur des animaux,
00:54:13 est-ce qu'il y a une cause
00:54:15 qu'aujourd'hui, vous auriez envie de défendre ?
00:54:17 Est-ce qu'il y a une cause prioritaire,
00:54:19 ou pour les femmes ou pour les hommes d'aujourd'hui ?
00:54:22 -Je crois que si les hommes ne font pas attention...
00:54:26 Quand je dis les hommes, c'est l'humanité tout entière,
00:54:28 les hommes et les femmes.
00:54:30 Il va se passer des choses terribles,
00:54:33 parce que je crois que...
00:54:34 Je pense à la pollution,
00:54:36 je pense à des tas de choses qui font que...
00:54:41 Je ne sais pas comment va être la vie
00:54:43 dans quelques dizaines d'années,
00:54:45 mais elle sera sûrement absolument épouvantable.
00:54:48 -René Bargeret ? -Je suis très frappé et touché
00:54:52 que vous soyez préoccupé par ce sujet,
00:54:56 parce que je parlais, il y a deux jours,
00:54:59 avec des lycéens,
00:55:00 que ça concerne particulièrement,
00:55:02 parce que c'est de leur vie qu'il s'agit.
00:55:04 Et ils ne semblent pas du tout
00:55:07 avoir conscience de ce problème.
00:55:10 Et effectivement...
00:55:12 Il est certain que le grand problème de notre temps,
00:55:17 c'est celui-là. Nous sommes trop nombreux,
00:55:18 nous faisons trop d'enfants, nous consommons trop,
00:55:20 nous faisons trop de pollution.
00:55:22 Donc, vous voyez que ça rejoint encore
00:55:24 le problème de l'avortement,
00:55:26 parce qu'il faut faire des enfants le moins possible,
00:55:28 quoiqu'en disent certains de nos ministres.
00:55:31 Et...
00:55:32 Je pense que...
00:55:37 Si un grand mouvement doit naître
00:55:41 pour essayer d'attirer l'attention
00:55:44 des hommes qui ne s'en rendent pas encore compte
00:55:48 sur le danger qui menace leurs enfants et leurs petits-enfants,
00:55:51 ce que vous venez de dire doit...
00:55:56 aider à leur ouvrir les yeux.
00:55:58 -Il est certain que c'est assez effroyable,
00:56:01 même de voir à quel point les hommes se multiplient,
00:56:05 en piètes, sur la nature.
00:56:08 On ne sait plus où aller pour être seul.
00:56:10 Le fait de trouver une situation
00:56:14 pour les jeunes, maintenant, qui ont 15 ans ou 18 ans,
00:56:19 ça doit poser des problèmes terribles,
00:56:21 parce qu'il y a une concurrence terrible.
00:56:23 On s'éloigne beaucoup, beaucoup, beaucoup de la nature,
00:56:28 et ça, c'est déplorable.
00:56:30 L'air des villes devient irrespirable.
00:56:32 Je crois que dans quelques années, il faudra porter un masque à gaz,
00:56:35 on va tous mourir.
00:56:36 -Ca se fait déjà au Japon.
00:56:37 Est-ce que vous comprenez les mouvements de jeunes,
00:56:40 aujourd'hui, en ce moment, de façon générale ?
00:56:42 Est-ce que vous vous sentez proche d'eux ?
00:56:44 -J'ai l'impression qu'ils ne savent pas tellement...
00:56:48 Il y a une espèce de révolte en eux,
00:56:50 mais je ne sais pas ce qu'ils ont envie d'avoir, en fin de compte.
00:56:54 Je crois qu'ils ne le savent pas très bien, eux non plus.
00:56:56 Parce qu'ils n'ont en tout cas sûrement pas envie
00:56:59 de vivre la vie
00:57:01 que les gens, en place, mènent.
00:57:05 J'ai l'impression qu'ils veulent autre chose.
00:57:07 -Michel Baudin.
00:57:10 -Alors, vous allez à la recherche de la nature,
00:57:12 ou allez-vous à l'hive ?
00:57:14 Il y a encore des océans, des îles, des campagnes ?
00:57:16 -Heureusement, oui, mais je ne sais pas si c'est pour très longtemps,
00:57:20 parce qu'au fur et à mesure,
00:57:23 les villes et ces vilaines constructions de béton et d'acier
00:57:26 envahissent les campagnes.
00:57:29 Enfin, il y en a encore. Il faut les trouver et les chercher.
00:57:31 -Et puis, les animaux. Les animaux, c'est un peu
00:57:34 les forêts et les océans à portée de la main.
00:57:37 Je crois que vous avez participé, sans vous en rendre compte,
00:57:39 depuis, je ne sais pas, il y a bien une douzaine d'années,
00:57:42 que vous avez commencé à vous battre
00:57:44 contre la façon dont on tuait dans les abattoirs, par exemple.
00:57:47 -Oui, je crois que si l'enfer existe,
00:57:49 ce sont les abattoirs.
00:57:52 -Et vous avez eu une influence, là-dessus.
00:57:54 Vous savez que la France doit être maintenant le pays du monde
00:57:57 où il y a le plus d'animaux domestiques
00:58:00 par rapport au nombre d'habitants.
00:58:01 On a doublé les Anglais, on a doublé tout le monde.
00:58:04 Et ça, c'est quand même un signe très important.
00:58:06 -Justement, il y a beaucoup trop d'animaux domestiques
00:58:08 par rapport à la place qu'on leur donne dans notre société.
00:58:11 C'est pour ça qu'on est obligé de les tuer tous les jours
00:58:14 à la SPA, les malheureux.
00:58:16 Il y en a 10 à Paris, j'entends,
00:58:18 10 ou 15 de tués journellement
00:58:20 parce qu'on ne peut plus garder tous ces chiens.
00:58:23 Et puis, parce que l'homme envahit la nature,
00:58:26 la nature devient de plus en plus petite.
00:58:28 Quand on va à la campagne, maintenant, il y a des HLM partout.
00:58:31 Les animaux n'ont plus la place de vivre.
00:58:36 Alors, ça devient un problème aussi
00:58:38 parce qu'en fin de compte, les animaux, c'est la base de la vie.
00:58:42 La nature, c'est la base de l'existence.
00:58:44 Alors, qu'est-ce que ça va devenir ? J'en sais rien.
00:58:46 Moi, je serai vieille quand tout ça va éclater,
00:58:49 mais ça ne sera sûrement pas drôle.
00:58:51 -Est-ce que vous êtes sensible au fait que l'on fasse revivre
00:58:55 de temps en temps le mythe de certaines stars ?
00:58:57 Je pense à la renaissance du mythe Bogart ou de Marilyn Monroe.
00:59:00 Qu'est-ce que vous pensez devant ces phénomènes, vous ?
00:59:03 -Ça me touche pas.
00:59:05 J'adore Marilyn Monroe.
00:59:09 Je la trouve fantastique.
00:59:10 Mais de toute façon, elle n'est pas morte.
00:59:14 -Et quelle est votre proposition par rapport à votre propre mythe ?
00:59:17 -Ça ne me touche pas non plus.
00:59:19 Je...
00:59:21 C'est très bizarre.
00:59:23 C'est difficile de penser qu'on dit de soi qu'on est un mythe,
00:59:27 moi, je peux difficilement le comprendre.
00:59:31 Je le sais, mais pour moi, ça veut pas dire grand-chose.
00:59:35 -Ce qui compte, c'est d'être vous ?
00:59:37 -Ce qui compte, c'est d'être soi-même.
00:59:39 -Et de vivre comme vous voulez. -Oui.
00:59:41 -Est-ce que vous pensez à ce qu'aurait été votre vie
00:59:44 si vous aviez été moins belle ?
00:59:45 Ça vous est arrivé un jour ?
00:59:47 -Vous savez, alors, belle, je suis pas particulièrement belle.
00:59:50 Bon, ça, c'est pas...
00:59:51 C'est pas le but de ma vie, mais enfin...
00:59:55 Disons que j'ai eu un physique qui a aussi correspondu à une époque.
00:59:59 -Si vous aviez eu un autre physique,
01:00:00 est-ce que vous auriez été, par exemple, danseuse ?
01:00:02 Est-ce que vous auriez fait...
01:00:03 -Il était question que je le sois, justement,
01:00:06 parce que j'avais commencé par faire de la danse.
01:00:08 Enfin, je ne sais pas.
01:00:10 La beauté, pour une femme, c'est très important, oui.
01:00:13 Je crois que...
01:00:14 -C'est la moitié de sa liberté, au moins.
01:00:16 -La beauté est très importante pour une femme,
01:00:18 alors qu'elle ne l'est pas du tout pour un homme.
01:00:19 -Et les autres sont condamnées à la dépendance ?
01:00:22 Celles qui ne le sont pas ?
01:00:23 -Je crois que chaque femme, plus ou moins,
01:00:25 a quand même une beauté en elle qu'elle sait ou pas développer.
01:00:30 Je crois qu'il n'y a pas vraiment de gens laids, au départ.
01:00:34 Mais on ne se soigne pas,
01:00:35 on ne recherche pas ce qu'il y a de plus beau en soi,
01:00:38 on ne se connaît pas et...
01:00:41 Mais enfin, je crois que chacun porte beaucoup de beauté.
01:00:44 -En tout cas, vous savez, pour ce qui est de votre réflexion,
01:00:46 que vous n'êtes pas particulièrement belle,
01:00:48 c'est à nous qu'il faut demander notre avis.
01:00:51 -Je crois qu'il n'y a pas...
01:00:52 -On peut vous démentir là, très tranquillement.
01:00:55 -Claude Sarraute.
01:00:56 -Bonjour. Quand vous disiez que c'est extrêmement important
01:01:00 pour une femme d'être belle
01:01:02 et que ça l'est beaucoup moins pour un homme,
01:01:05 vous en entendiez dans quel sens ?
01:01:06 Vous voulez dire que la femme est d'abord un objet,
01:01:09 que ça doit être un objet de désir ?
01:01:11 Pourquoi est-ce que c'est tellement important, au fond,
01:01:12 pour une femme d'être belle ?
01:01:13 -Je ne vous ai pas dit que c'était un objet, attention.
01:01:15 Un femme objet, je ne connais pas, je ne sais pas ce que c'est.
01:01:18 -Alors pourquoi ?
01:01:20 -Il est certain que la beauté sur la Terre
01:01:22 est représentée par une femme plus que par un homme,
01:01:25 au départ, parce qu'elle est plus gracieuse,
01:01:27 elle est plus gracile, elle est plus...
01:01:29 plus belle de forme esthétiquement parlant.
01:01:34 Alors je crois que pour une femme,
01:01:36 un homme peut avoir des qualités qui compensent
01:01:39 le manque de beauté.
01:01:40 Pour une femme, c'est très important, quand même,
01:01:43 je ne dis pas que ce soit une Vénus,
01:01:46 mais de développer le petit côté joli qu'on a dans le visage,
01:01:50 de se soigner, de savoir retrouver une jolie peau.
01:01:53 C'est important. Je trouve qu'une femme doit se soigner
01:01:56 et doit faire attention à sa beauté.
01:01:58 -Oui, bien sûr, dans cette petite mesure-là, oui,
01:02:00 mais vous ne voulez pas dire que c'est fondamentalement important
01:02:03 et qu'une femme moins belle part avec un handicap terrible dans la vie,
01:02:06 parce que ça, ce serait des propos...
01:02:08 -Mais une femme moins belle peut être plus belle,
01:02:10 si elle a du charme et de l'intelligence,
01:02:12 qu'une très belle statue qui ne dit rien,
01:02:13 qui est complètement idiote au fond même.
01:02:15 -Oui, bien sûr.
01:02:16 -Une question très classique qu'on a dû vous poser 100 fois,
01:02:19 puisque toutes vos promenades d'avion ont été faites avec vous.
01:02:21 Est-ce qu'aujourd'hui, en 73, maintenant,
01:02:23 vous êtes une femme heureuse ?
01:02:25 -J'ai l'impression qu'en tout cas, j'ai l'air.
01:02:29 Il me semble que j'ai l'air d'une femme heureuse.
01:02:33 -On ne parle pas de l'apparence,
01:02:35 comme aurait dit Henri Bardelaine.
01:02:36 La réalité.
01:02:38 -Non, l'intérieur de soi se lit toujours sur le visage.
01:02:43 -Brigitte Bardot dans "Actuel 2", en avril 73.
01:02:47 Yves Bigot est notre invité.
01:02:49 A propos de l'émission qu'on vient de voir,
01:02:51 je cite encore ses mémoires.
01:02:53 "Ce fut un succès fou.
01:02:55 "Je sortais par la grande porte du monde du cinéma.
01:02:58 "Je disais adieu à une voix qui n'était plus la mienne.
01:03:01 "C'était une mise au point claire, nette et précise
01:03:03 "de ce que j'étais réellement
01:03:05 "et de ce que je voulais être désormais."
01:03:07 Et on va voir en image, dans quelques minutes,
01:03:10 ses premiers combats médiatiques pour la protection des animaux,
01:03:14 plus médiatiques que ceux dont vous parliez tout à l'heure,
01:03:17 Yves, au travers de ses films ou de quelques interviews.
01:03:20 Mais d'abord, cette phrase de conclusion
01:03:23 qu'on vient d'entendre, "j'ai l'air d'une femme heureuse",
01:03:26 Kabach, tu poses la question.
01:03:27 "J'ai l'air d'une femme heureuse", ce n'est qu'une apparence ?
01:03:31 -Oui, à ce moment-là, elle n'en a que l'air.
01:03:34 J'ai une théorie sur Brigitte Bardot,
01:03:37 c'est qu'elle a été la reine de 1956,
01:03:40 donc "Et Dieu créa la femme",
01:03:42 jusqu'à 1968 et sa rupture avec Serge Gainsbourg,
01:03:46 mais qui est aussi sa rupture avec son époque, en fait.
01:03:50 Alors que c'est elle qui a révolutionné les mœurs,
01:03:54 qui a fait plus encore que Simone de Beauvoir
01:03:57 ou Simone Signoret pour la libération des femmes
01:04:00 partout sur la planète,
01:04:02 en 68, ça devient trop pour elle.
01:04:06 -Ça va trop loin. -Exactement.
01:04:08 On commence à entrer dans le début de l'univers du porno,
01:04:12 elle vit ça très mal, elle vient d'une grande famille bourgeoise,
01:04:16 de droite, mais 68, elle, elle est pour la liberté,
01:04:19 mais la politique, c'est pas son truc,
01:04:21 ça ne l'intéresse pas, ça lui fait peur.
01:04:24 Donc il y a un moment où je pense
01:04:26 que quelque chose se casse en elle,
01:04:29 à partir de ce moment-là,
01:04:31 sa liaison contrarie avec Gainsbourg,
01:04:33 vraisemblablement aussi, et à partir de là,
01:04:36 c'est le début, d'une certaine façon,
01:04:38 de son déclin, et en tous les cas, de son déclin au cinéma.
01:04:41 -Vous voulez dire qu'elle est mal dans son époque ?
01:04:44 -Elle est très mal dans son époque, elle est très mal dans sa vie,
01:04:48 d'ailleurs, elle l'écrit dans son livre suivant,
01:04:52 où elle dit que le carré de Pluton est sur elle
01:04:55 et qu'elle ne va vivre que du malheur,
01:04:57 des tentatives de suicide,
01:04:59 des avortements, elle en avait déjà eu auparavant,
01:05:03 mais oui, le malheur lui tombe dessus,
01:05:06 et puis surtout, son combat visionnaire
01:05:08 pour la cause animale ne lui vaut que des railleries
01:05:12 et que des ennuis.
01:05:14 Tout le monde parle d'une vieille toquée,
01:05:16 d'une star has-been, etc.,
01:05:18 alors qu'en réalité, elle est formidablement...
01:05:21 Elle est avant tout le monde.
01:05:24 D'ailleurs, dans cette émission,
01:05:26 quand elle parle de l'épouvantable pollution,
01:05:29 de la nature qui est bafouée,
01:05:32 qui est salie, qui est souillée,
01:05:34 elle est très en avance sur tous les combats de son époque.
01:05:37 Grosso modo, il y a René Dumont,
01:05:40 Aroun Tazieff et elle qui parlent de ces questions,
01:05:43 peut-être Cousteau aussi,
01:05:44 mais aucun politique ne s'est emparé de ces questions
01:05:48 au moment où elle en parle.
01:05:49 Et dans le combat pour les animaux, là aussi,
01:05:52 elle va être très en avance
01:05:54 sur ce qu'on appelle maintenant la maltraitance animale.
01:05:57 -Absolument. On va y revenir,
01:05:59 mais je voudrais qu'on reste un instant
01:06:01 sur ce porte-à-faux
01:06:03 à l'égard des mœurs de l'époque
01:06:07 et sur les valeurs qu'elle porte.
01:06:09 Parmi les phrases marquantes de l'émission,
01:06:12 il y a ces propos antiféministes,
01:06:15 ou du moins anti-MLF.
01:06:17 "C'est très bien que les femmes se libèrent,
01:06:20 "mais pourquoi faire un mouvement pour ça ?
01:06:22 "Une femme n'est pas faite pour mener la vie d'un homme."
01:06:26 Et là, on imagine que, devant leur télé,
01:06:28 des intellectuels ou militantes féministes
01:06:31 ont dû avaler de travers,
01:06:32 notamment celles qu'avait défendues Bardot,
01:06:35 qui en avait fait un emblème.
01:06:37 -Je ne crois pas, parce que c'était une icône
01:06:39 des féministes,
01:06:41 Marguerite Duras, Marguerite Yourcenar...
01:06:44 -C'est de celle-là dont je parle.
01:06:46 -Exactement, mais je pense qu'elles lui ont gardé son affection
01:06:50 pour une raison, c'est que...
01:06:52 Bardot, elle a toujours été elle-même.
01:06:55 C'est-à-dire que c'est sans doute
01:06:58 la femme la plus féministe des féministes,
01:07:00 mais elle ne le conçoit pas.
01:07:02 C'est-à-dire, d'une certaine façon, c'est une hippie.
01:07:05 C'est-à-dire qu'elle l'est, féministe, par nature.
01:07:08 Elle disait cette chose formidable
01:07:10 dès la promotion de "Les dieux créent la femme".
01:07:13 Elle disait, c'est quand même incroyable,
01:07:16 "Un homme qui a des maîtresses, c'est un donjuant,
01:07:18 "et une femme qui a des amants, on la traite de pute."
01:07:21 C'est inacceptable, je ne peux même pas le concevoir.
01:07:25 Elle est ontologiquement féministe,
01:07:28 mais en revanche, elle ne le conceptualise pas
01:07:30 et elle ne voit rien de politique là-dedans.
01:07:33 Et après, dans sa vie personnelle,
01:07:35 effectivement, elle cherche, et elle a toujours cherché,
01:07:39 tout au long de sa vie, des hommes qui,
01:07:42 à la fois la mettaient sur un piédestal,
01:07:44 l'adoraient, mais surtout la protégeaient.
01:07:47 Et effectivement, elle a toujours voulu être...
01:07:49 C'est évidemment paradoxal, mais c'est un personnage
01:07:53 aussi fascinant.
01:07:54 C'est qu'elle a toujours voulu être, bien sûr,
01:07:57 l'égal des hommes, mais elle n'a pas voulu tenir leur rôle.
01:08:01 Et elle tenait, malgré tout, au rôle traditionnel
01:08:05 dans les couples, mais d'un autre côté,
01:08:07 dans son comportement. Dès que ça allait pas,
01:08:10 en général, et ça ne durait jamais plus de 18 mois,
01:08:12 elle changeait, parce que c'était elle qui décidait
01:08:15 avec qui elle vivait, et dès que la relation
01:08:18 n'était plus idéale pour elle, elle y mettait fin.
01:08:21 Et ça, c'est un comportement presque masculin.
01:08:24 -Absolument. C'est marrant, parce que cette phrase
01:08:26 sur la différence de traitement entre hommes et femmes
01:08:29 vis-à-vis de la séduction et de la sexualité,
01:08:32 Michel Deville et Nina Companès l'ont mis dans la bouche
01:08:35 de son personnage dans "L'ours et la poupée",
01:08:38 qui est sans doute l'un de ses meilleurs films.
01:08:41 -Son dernier bon film. -C'est vrai.
01:08:43 L'un de ses meilleurs films, avec sans doute la vérité de Clouseau.
01:08:47 -Le mépris. -Et le mépris.
01:08:48 Pardon, n'oublions pas le mépris de Benard.
01:08:51 -Et "Dieu crée la femme", un film remarquable.
01:08:54 -Cet échange avec Jean-Pierre Elkabbach,
01:08:56 qui illustre ce que vous venez de dire
01:08:58 sur ces relations avec les hommes.
01:09:00 Question. Est-ce que le fait que vous aviez échoué
01:09:03 avec les hommes ne venait pas de ce que vous leur demandiez trop ?
01:09:08 Réponse. C'est vrai, mais là aussi, j'ai évolué,
01:09:10 j'ai compris qu'un homme ne pouvait pas être à ma disposition
01:09:14 24 heures sur 24. C'est formidable.
01:09:16 -Oui, et je pense qu'elle s'illusionne, en le disant,
01:09:19 de son... Voilà, son évolution.
01:09:22 Mais c'est intéressant de voir qu'effectivement,
01:09:25 jusqu'à cette rupture avec Gainsbourg,
01:09:28 elle était la plupart du temps soit avec ses partenaires
01:09:31 de cinéma, ça avait commencé avec Jean-Louis Trintignant,
01:09:34 pendant le tournage de "Dieu crée la femme",
01:09:37 alors qu'elle était filmée par son mari, Roger Vadim,
01:09:40 donc c'était déjà un ménage à trois,
01:09:42 alors que le film lui-même parle d'un ménage à trois.
01:09:45 Tout est mis en abîme dans sa vie,
01:09:48 mais elle était avec des personnages
01:09:52 qui étaient des personnalités, qui avaient des carrières,
01:09:55 qui étaient très souvent des artistes,
01:09:57 des comédiens, ou Gainsbourg, ou Gunther Sachs,
01:10:00 qui était un milliardaire allemand,
01:10:02 héritier de la famille Von Opel.
01:10:04 Et après la rupture avec Serge,
01:10:07 elle est avec des... -Des playboys.
01:10:11 -Oui, voilà, grosso modo,
01:10:13 mais en tous les cas, des... Je dirais des inconnus.
01:10:16 -Oui. -Et du coup,
01:10:18 est-ce que c'est parce qu'elle voulait s'assurer
01:10:22 d'être absolument la dominante,
01:10:24 j'ai pas dit la dominatrice,
01:10:26 dans le couple et dans la relation,
01:10:28 en tous les cas, de ne plus être menacée
01:10:31 par la carrière de l'autre ?
01:10:32 -Bien sûr. Et elle se coupe du milieu du cinéma, aussi,
01:10:36 en faisant cela. -Complètement.
01:10:38 -C'est aussi une manière de marquer sa prise de distance
01:10:42 avec un milieu qu'elle déteste de plus en plus.
01:10:46 On lui propose des choses qui lui correspondent pas,
01:10:49 on accepte d'ailleurs quelques-unes.
01:10:51 Ses derniers films sont... -Je comprends qu'elle ait
01:10:54 arrêté le cinéma. -Et le Don Juan
01:10:56 que lui a fait tourner Vadim. -Vadim, aussi.
01:10:59 Avec Jane Birkin. -Qui est quand même pas...
01:11:01 -C'est un soft porn de l'époque.
01:11:03 -Voilà.
01:11:05 Exactement.
01:11:07 En tous cas, Brigitte Bardot fascine,
01:11:09 parce que l'émission qu'on vient de voir a eu un immense succès.
01:11:13 Brigitte Bardot, dans ses mémoires, dit
01:11:15 "il y a eu 10 millions de téléspectateurs,
01:11:18 "j'ai pas retrouvé la trace de l'audience",
01:11:20 mais en tout cas, l'équipe d'Antenne 2
01:11:23 et avec Jean-Pierre Elkabach,
01:11:25 ils ont rediffusé l'émission trois mois plus tard,
01:11:28 en juillet, à la demande des téléspectateurs
01:11:31 et face au succès de la première diffusion,
01:11:34 donc il y a quelque chose d'iconique,
01:11:36 elle est une star absolue à ce moment-là.
01:11:39 -Et c'est notre star planétaire. -Bien sûr.
01:11:42 Mais le radioscopie qu'elle avait fait avec Jacques Chancel
01:11:45 avait été nommé meilleure émission de radio au monde.
01:11:48 Donc, effectivement, elle a quelque chose.
01:11:50 Et au-delà, je dirais, du fait qu'elle est une star
01:11:53 absolument immense,
01:11:56 il y a aussi le fait qu'elle est excellente en interview.
01:11:59 Elle est formidable, parce qu'elle est elle-même.
01:12:02 Elle est totalement entière, elle est sûre de qui elle est.
01:12:05 Alors, ça vient sans doute de son éducation, au départ,
01:12:09 grande famille bourgeoise,
01:12:12 même si elle se trouve très laide,
01:12:14 même si...
01:12:16 Elle est très serrée par ses parents,
01:12:20 mais elle a un aplomb incroyable.
01:12:22 C'est-à-dire que...
01:12:24 Evidemment, ça a été encouragé par le fait qu'elle est Brigitte Bardot,
01:12:28 elle est elle dans le regard de tout le monde,
01:12:30 avec ce que ça a de positif et de négatif pour elle.
01:12:33 Mais en interview, elle a ça de formidable,
01:12:36 c'est qu'elle ne doute pas. -Oui, c'est le spectacle
01:12:39 qu'on vient de voir. D'une certaine façon,
01:12:41 elle est la plus forte de ses quatre ou cinq interlocuteurs.
01:12:44 C'est comme ça que je l'ai perçue. -Je n'avais pas souvenir
01:12:48 d'avoir vu Jean-Pierre Elkabach autant dans ses petits souliers.
01:12:51 -Oui, et Elkabach, mais plus encore les écrivains
01:12:54 qui sont installés, reconnus, Bodard, Nourricier,
01:12:57 Barjavel, c'est pas rien, à l'époque, et Claude Sarraute.
01:13:00 On va retrouver Brigitte Bardot, deux ans plus tard,
01:13:03 dans sa nouvelle vie de protectrice des animaux
01:13:06 et d'animatrice télé, parce que Marcel Julien,
01:13:09 le patron de "La Nouvelle Antenne 2",
01:13:11 lui a confié la présentation d'un magazine d'actualité
01:13:14 qui s'appelle "Au pied du mur",
01:13:15 aux côtés de Jean Dincheryk.
01:13:17 Voici des extraits du premier numéro,
01:13:19 il y en a eu deux, diffusés le 24 février 75,
01:13:23 avec un dossier très accusatoire sur les animaux
01:13:27 et particulièrement sur les animaux des zoos.
01:13:29 -Nous allons vous présenter ce soir une émission sur les animaux,
01:13:33 les animaux sauvages qui sont dans les zoos.
01:13:35 Ces zoos ressemblent souvent
01:13:37 à des univers concentrationnaires, vous le verrez.
01:13:40 L'homme et l'animal ont toujours vécu
01:13:43 avec un certain respect l'un pour l'autre.
01:13:46 Depuis quelque temps, ce contrat a été rompu.
01:13:50 Nous sommes là tous ensemble ce soir pour le rétablir.
01:13:54 Regardez maintenant le film de Jean-François Delassus.
01:13:58 Sur les bêtes des zoos,
01:13:59 ce film a été tourné uniquement en France.
01:14:02 Regardez-le bien, à tout à l'heure.
01:14:06 -Dans certains de ces bagnes,
01:14:08 l'animal a le choix
01:14:10 entre la maladie,
01:14:12 l'obsession sexuelle,
01:14:15 la névrose,
01:14:18 la rage
01:14:19 ou la folie.
01:14:21 ...
01:14:39 ...
01:14:44 ...
01:14:56 -Jour après jour, ce vieil éléphant solitaire
01:15:01 secoue ainsi continuellement sa tête.
01:15:04 Il ne vit que pour les cacahuètes.
01:15:07 ...
01:15:28 Et l'envers du décor.
01:15:31 ...
01:15:37 Un exemple.
01:15:38 Cette bourgade isolée au beau milieu de la France.
01:15:42 A la rumeur des basse-courts,
01:15:45 se mêlent les rugissements, les gloussements d'animaux sauvages
01:15:50 entreposés dans des étables glaciales et obscures.
01:15:53 Cette ferme, apparemment semblable à tant d'autres,
01:15:58 est un grand centre du trafic des bêtes sauvages.
01:16:01 Le zoo adjacent
01:16:03 illustre la misère cachée endurée par tant d'animaux,
01:16:06 ici et ailleurs,
01:16:07 pendant les longs hivers.
01:16:09 Ce matin-là,
01:16:13 il faisait très froid et humide.
01:16:15 ...
01:16:20 ...
01:16:23 ...
01:16:30 Les phoques ne pouvaient au moins se plaindre
01:16:33 de l'absence de fonctionnement du poêle de chauffage.
01:16:36 Mais blottis dans les coins de sinistres cages,
01:16:39 leurs voisins des tropiques
01:16:41 avaient le loisir de leur envier leur graisse et leur pelage.
01:16:45 ...
01:17:06 Combien survivront à la fin de l'hiver ?
01:17:10 ...
01:17:34 Combien survivront au printemps ?
01:17:37 ...
01:17:40 Des animaux n'ont pas la chance d'être gros ou rares, donc chers.
01:17:44 Il est plus coûteux de les nourrir ou de les soigner pendant l'hiver
01:17:48 que d'en racheter de nouveau au printemps.
01:17:50 Alors on ne les soigne plus, on les laisse mourir.
01:17:53 Il y a un an, un charnier a ainsi été découvert.
01:17:57 ...
01:17:58 Quelle jungle ! Que le trafic des animaux !
01:18:01 Vendus et achetés en vrac par bottes,
01:18:03 au kilo ou au mètre, comme les serpents.
01:18:07 Pour un seul animal revendu dans un zoo,
01:18:09 combien sont morts entre la capture, l'entrepôt, l'empaquetage,
01:18:13 l'importation et les réexpéditions,
01:18:15 souvent réalisées dans des conditions effroyables ?
01:18:19 Entre l'expédition et la revente locale des volatiles, par exemple,
01:18:23 un seul survivant sur 5, 10 ou 15.
01:18:28 Quel beau commerce en effet que celui des animaux !
01:18:30 Il est en pratique mal maîtrisé,
01:18:32 aussi bien sur le plan international que national,
01:18:35 dans la réalité, n'importe qui peut en acheter ou en vendre,
01:18:39 n'importe qui peut les abandonner.
01:18:42 Le particulier prévoyant qu'il a acheté comme un gadget,
01:18:44 jeté après usage,
01:18:46 le zoo ou le cirque qui a fait faillite.
01:18:49 La faute est-elle découverte ? Son auteur n'est pas poursuivi.
01:18:52 Est-il poursuivi ?
01:18:54 Les sanctions prévues par la loi sont insuffisantes.
01:18:58 La poursuite du trafic pose le problème urgent
01:19:01 de la survie des espèces en voie de disparition.
01:19:04 On en compte près de 400.
01:19:07 Des zoos s'enorgueillissent de sauver les espèces rares.
01:19:11 C'est peut-être vrai pour un très petit nombre,
01:19:13 mais en vérité, pour tant d'autres.
01:19:15 Cet argument autorise la chasse et la capture des animaux rares,
01:19:19 donc contribue à leur disparition de leur milieu naturel.
01:19:23 Un exemple éclatant, le gorille menacé d'extinction.
01:19:26 Les chasseurs doivent souvent tuer les parents
01:19:28 avant de s'emparer du petit.
01:19:32 Si le trafic des animaux est aussi florissant,
01:19:34 c'est que le nombre des zoos s'est multiplié.
01:19:37 Et cela proportionnellement à l'intérêt que, depuis quelques années,
01:19:40 les moyens d'information, et notamment la télévision,
01:19:43 accordent aux animaux sauvages.
01:19:45 En France, une quinzaine de zoos après la guerre,
01:19:47 plus de 50 il y a 10 ans,
01:19:50 aujourd'hui, près de 140,
01:19:52 éparpillés dans les coins les plus inattendus.
01:19:55 Beaucoup sont de petits zoos improvisés en annexe d'un restaurant
01:19:59 ou d'un jardin public.
01:20:01 Les conditions de détention des animaux y sont souvent discutables,
01:20:05 quelquefois franchement mauvaises.
01:20:07 Mais le sort de ces pensionnaires n'est pas forcément inférieur
01:20:10 à celui des détenus numérotés et anonymes de certains grands zoos.
01:20:15 Malgré la crasse apparente,
01:20:17 ils bénéficient souvent, car ils sont peu nombreux,
01:20:20 des soins et de l'affection de leurs maîtres,
01:20:22 souvent des amoureux de leurs bêtes.
01:20:25 Mais ils n'arrivent à leur offrir un meilleur gîte,
01:20:27 faute de moyens, faute de bénéfices ou d'aides,
01:20:31 souvent, malgré leur bonne foi,
01:20:33 faute de prévoyance ou de compétence.
01:20:37 -Voilà.
01:20:39 -C'est chaud ?
01:20:40 -Oui.
01:20:41 -Viens.
01:20:42 Viens.
01:20:49 -Je suis un grand père.
01:20:55 (Le loup grince.)
01:20:56 (Il grince.)
01:20:57 (Il grince.)
01:20:58 (Il grince.)
01:20:59 (Il grince.)
01:21:01 (Il grince.)
01:21:02 (Il grince.)
01:21:03 (Il grince.)
01:21:04 (Il grince.)
01:21:05 (Il grince.)
01:21:06 (Il grince.)
01:21:07 (Il grince.)
01:21:09 (Il grince.)
01:21:10 (Il grince.)
01:21:11 (Il grince.)
01:21:12 (Il grince.)
01:21:13 (Il grince.)
01:21:14 (Il grince.)
01:21:16 (Il grince.)
01:21:17 (Il grince.)
01:21:18 (Il grince.)
01:21:19 (Il grince.)
01:21:20 (Il grince.)
01:21:22 -Il y a le martyr de ce couple de loups
01:21:25 qui toute leur vie se buteront
01:21:27 au barreau de cette cage étriquée,
01:21:30 sur un ciment glissant,
01:21:32 glaireux,
01:21:34 gluant.
01:21:36 (Musique douce)
01:21:38 (Musique douce)
01:22:04 (Musique douce)
01:22:14 (Musique douce)
01:22:41 (Le loup aboie.)
01:22:47 Et il y a le plaisir relatif
01:22:49 de ces loups qui peuvent au moins rôder
01:22:52 à longueur de journée et en bande,
01:22:54 comme l'exige leur nature,
01:22:56 sur un minimum d'espace vital.
01:22:58 (Le loup aboie.)
01:22:59 (Le loup aboie.)
01:23:01 (Le loup aboie.)
01:23:02 (Le loup aboie.)
01:23:03 (Le loup aboie.)
01:23:04 (Le loup aboie.)
01:23:05 (Le loup aboie.)
01:23:06 (Le loup aboie.)
01:23:08 (Le loup aboie.)
01:23:09 (Le loup aboie.)
01:23:10 (Le loup aboie.)
01:23:11 (Le loup aboie.)
01:23:12 (Le loup aboie.)
01:23:13 (Le loup aboie.)
01:23:15 (Le loup aboie.)
01:23:16 (Le loup aboie.)
01:23:17 (Le loup aboie.)
01:23:18 (Le loup aboie.)
01:23:19 (Le loup aboie.)
01:23:20 (Le loup aboie.)
01:23:21 (Le loup aboie.)
01:23:23 (Le loup aboie.)
01:23:24 (Le loup aboie.)
01:23:25 (Le loup aboie.)
01:23:26 Pour les félins,
01:23:27 un peu de terre
01:23:29 et de verre
01:23:31 qu'ils puissent allonger le pas.
01:23:40 Pour les rapaces, un peu d'espace
01:23:42 qu'ils puissent déployer leurs ailes.
01:23:44 Pour ces dingos d'Australie,
01:23:53 moins de barreaux
01:23:54 qu'ils paraissent moins nigos
01:23:58 devant le chien en liberté.
01:24:00 Des solutions existent.
01:24:08 Dans les réserves, les parcs naturels,
01:24:10 des zoos de semi-liberté.
01:24:12 Il en existe plusieurs en France qui sont des réussites du genre.
01:24:19 Des animaux semblent relativement heureux.
01:24:22 Un signe à cela, ils s'y reproduisent plus facilement.
01:24:26 Tandis que dans les zoos dortoirs,
01:24:28 par une sorte de refus d'engendrer de futurs prisonniers,
01:24:31 certaines espèces se reproduisent très rarement,
01:24:35 parfois jamais.
01:24:37 Des femelles délaissent leurs petits ou les tuent.
01:24:40 Les animaux en captivité doivent vivre dans un milieu
01:24:47 aussi proche que possible de leur milieu naturel.
01:24:50 Une réglementation précise, assortie d'un contrôle et de sanctions,
01:24:54 devrait indiquer des normes de bien-être minimum.
01:24:58 Il faut tirer les bêtes sauvages des griffes des hommes.
01:25:01 (Cri de bête)
01:25:03 Depuis toujours, les animaux nous ont aidés à vivre.
01:25:11 Et dont les un peu à notre tour.
01:25:13 Nous leur devons bien ça.
01:25:15 La défense de l'environnement,
01:25:17 la protection de la qualité de la vie,
01:25:20 le respect de la vie l'exigent.
01:25:23 (Cri de bête)
01:25:25 (Cri de bête)
01:25:27 Les animaux nous demandent de les laisser tranquilles,
01:25:35 de laisser leurs frères de race vivre leur vie chez eux.
01:25:39 -Allons, on y remarque.
01:25:42 (Bruits de pas)
01:25:44 (Bruit de mouette)
01:25:49 (Bruit de pas)
01:25:51 (Bruit de mouette)
01:25:53 (Bruit de pas)
01:25:55 (Bruit de mouette)
01:25:58 (Bruit de mouette)
01:26:00 (Bruit de mouette)
01:26:02 (Bruit de mouette)
01:26:04 (Bruit de mouette)
01:26:06 -Ceux qui vivent déjà chez nous, ou qui y naîtront,
01:26:10 implorent notre pitié,
01:26:13 au nom de la décence et de la dignité.
01:26:17 (Bruits de pas)
01:26:19 (Bruits de pas)
01:26:21 (Bruits de pas)
01:26:23 (Bruits de pas)
01:26:25 (Bruits de pas)
01:26:28 (Bruits de pas)
01:26:30 (Bruits de pas)
01:26:32 (Bruits de pas)
01:26:34 (Bruits de pas)
01:26:36 (Bruits de pas)
01:26:38 (Bruits de pas)
01:26:41 (Bruits de pas)
01:26:43 (Bruits de pas)
01:26:45 (Bruits de pas)
01:26:47 (Bruits de pas)
01:26:49 (Bruits de pas)
01:26:51 (Bruits de pas)
01:26:54 (Bruits de pas)
01:26:56 (Bruits de pas)
01:26:58 (Bruits de pas)
01:27:00 (Bruits de pas)
01:27:02 (Bruits de pas)
01:27:04 (Bruits de pas)
01:27:06 (Bruits de pas)
01:27:09 (Bruits de pas)
01:27:11 (Bruits de pas)
01:27:13 (Bruits de pas)
01:27:15 (Bruits de pas)
01:27:17 (Bruits de pas)
01:27:19 -M. le ministre,
01:27:22 vous qui occupez une fonction si merveilleuse,
01:27:25 d'être le ministre de la qualité de la vie,
01:27:27 je voudrais vous demander, en tant qu'homme,
01:27:30 je m'adresse à M. Jarrot, maintenant,
01:27:32 qu'est-ce que vous pensez du film que vous venez de voir ?
01:27:36 -Ce film, merveilleusement tourné,
01:27:43 fait apparaître des images étonnantes,
01:27:47 mais consternantes.
01:27:51 Je ne pensais pas que vous auriez pu réaliser ce film
01:27:57 et qu'il nous donne, ce soir,
01:28:01 d'une façon aussi précise, la vie des animaux en prison.
01:28:05 Il faut dire, ils sont en prison.
01:28:09 La réglementation est succincte et très fragmentaire.
01:28:15 -Est-ce que vous êtes d'accord, ce soir, pour reconnaître
01:28:19 qu'il n'existe aucune réglementation
01:28:22 ou une réglementation véritablement insuffisante
01:28:25 ou pratiquement insignifiante
01:28:27 en ce qui concerne les parcs zoologiques ?
01:28:30 C'est-à-dire que n'importe qui
01:28:33 peut pratiquement n'importe où monter un parc zoologique.
01:28:38 -La vérité, c'est la loi de 1917
01:28:41 qui règle un peu l'ouverture d'un parc zoologique.
01:28:46 Il suffit d'en faire la demande, de l'adresser au préfet,
01:28:49 une enquête administrative légère,
01:28:51 une simple vérification,
01:28:55 tout ça ne suffit pas.
01:28:57 Et on ne demande aucune connaissance
01:29:00 à celui qui se met directeur
01:29:05 ou s'intitule directeur d'un parc zoologique.
01:29:08 Pourtant, il a des animaux, il a des responsabilités énormes.
01:29:10 Et quand je pense qu'on demande à votre sympathique coiffeur,
01:29:15 qui doit s'occuper de vos cheveux,
01:29:18 d'avoir un CAP,
01:29:20 à votre cordonnier aimable, qui vous répare vos chaussures,
01:29:24 d'avoir un CAP,
01:29:26 et que l'on donne en liberté
01:29:30 des animaux qui sont mis en prison
01:29:33 par des personnes qui n'ont aucune responsabilité
01:29:37 ni aucune connaissance,
01:29:38 je dis que c'est scandaleux et qu'il faut mettre un terme métant.
01:29:42 -Monsieur le ministre, je m'excuse deux minutes.
01:29:44 J'ai une question à poser.
01:29:46 Qu'est-ce que vous comptez faire ?
01:29:48 Parce que maintenant, on a tous parlé.
01:29:50 Et maintenant, il faut qu'on prenne une décision
01:29:52 parce qu'on est là pour régler un problème.
01:29:54 On a posé un problème avec un film horrible
01:29:57 qui est épouvantable. On est tous des êtres humains.
01:30:00 J'ai honte. Je préférerais être un animal.
01:30:02 Quand on voit comment on traite un animal
01:30:04 et qu'on s'appelle des êtres humains, c'est monstrueux.
01:30:06 Alors, en tant qu'êtres humains, monsieur le ministre,
01:30:08 qu'est-ce que vous allez faire tout de suite ?
01:30:10 Parce que c'est pas dans 150 ans.
01:30:12 -Nous vous demandons de vous engager, là, ce soir,
01:30:14 et pas seulement de dire qu'on espère
01:30:17 ou que vous espérez pouvoir faire quelque chose.
01:30:19 -Je suis.
01:30:20 -Monsieur Jarrot. -Vous êtes au pied du mur.
01:30:22 -Vous êtes au pied du mur, c'est juste.
01:30:24 Nous avons exactement 6 minutes, maintenant,
01:30:28 pour régler le problème.
01:30:29 Alors, je fais une petite parenthèse pour parler encore
01:30:33 de l'importation des animaux sauvages en France
01:30:35 parce que ça me semble être très important et très grave.
01:30:37 Et d'ailleurs, il faudra qu'il y ait une autre émission
01:30:39 qui soit consacrée spécifiquement à ce problème.
01:30:42 Je voulais simplement dire qu'en 1973,
01:30:46 on a apporté en France 865 tonnes d'animaux sauvages.
01:30:50 Et on est absolument incapable de nous dire
01:30:53 le classement par espèce,
01:30:56 c'est-à-dire qu'on ignore absolument le nombre de lions,
01:30:59 de loups, qui auraient pu rentrer en France en 1973.
01:31:03 C'est tout ça pour la somme globale de 8 milliards.
01:31:06 Alors, je dis véritablement,
01:31:07 et je confirme ce qu'a dit Paul-Emile Victor
01:31:10 et un certain nombre de nos invités,
01:31:11 qu'il y a là quelque chose qui ne va pas,
01:31:14 qu'on ne maîtrise absolument pas
01:31:17 l'importation des animaux sauvages en France,
01:31:19 qui sont destinés en priorité aux parcs zoologiques.
01:31:22 Ça, c'est très important.
01:31:23 Mais revenons au problème du parc zoologique.
01:31:26 Et là, monsieur le ministre, je voudrais vous demander
01:31:29 si, premièrement, vous êtes d'accord
01:31:32 pour constituer un groupe de travail
01:31:35 qui devra, dans un temps que vous nous donnerez,
01:31:38 dans un laps de temps que vous nous donnerez,
01:31:39 déposer ses conclusions pour envisager un texte de loi.
01:31:44 Première question.
01:31:46 Je ne constituerai pas un groupe de travail,
01:31:48 je constituerai un groupe de réflexion.
01:31:50 C'est le titre que je lui ai donné.
01:31:52 -Si vous voulez. -C'est décidé.
01:31:54 D'autre part, je dois, devant le Conseil des ministres,
01:32:00 faire une proposition qui, je pense, sera retenue
01:32:05 sur une proposition de loi de la défense de la nature.
01:32:11 Parallèlement, je déposerai aussi,
01:32:15 et je présenterai au Conseil des ministres,
01:32:17 une proposition de loi sur les établissements classés.
01:32:20 -C'est-à-dire ? -Il faut que ces deux lois
01:32:23 soient votées dans les meilleurs délais
01:32:25 pour que nous puissions agir le plus rapidement possible
01:32:29 et pour la défense des animaux et pour la qualité des parcs,
01:32:34 car il y aura néanmoins des parcs qui doivent être bien entretenus
01:32:39 où les bêtes doivent avoir beaucoup d'espace.
01:32:41 Et c'est ces deux lois qui doivent me permettre
01:32:44 de mettre en place les dispositifs qui me permettront de lutter
01:32:48 contre les abus que nous avons vus ce soir.
01:32:51 -M. le ministre, c'est très important.
01:32:54 Quand comptez-vous mettre en place ce groupe de réflexion ?
01:32:59 -Je pense mettre en place ce groupe de réflexion
01:33:02 dans le mois qui vient,
01:33:03 et je souhaite qu'il me donne le rapport définitif
01:33:07 dans les 6 mois.
01:33:08 La loi, je souhaite qu'elle soit discutée devant le Parlement
01:33:11 à la 1re session. -Bien sûr.
01:33:13 -C'est-à-dire ? -C'est-à-dire au printemps.
01:33:16 -Au printemps. -Jusqu'au printemps...
01:33:18 -La 1re session, ma chère madame, commence le 1er avril.
01:33:21 -Très bien. Eh bien, jusque-là...
01:33:23 -Je n'ai pas la responsabilité de l'ordre du jour,
01:33:25 mais je souhaite qu'elle arrive dans les meilleurs délais.
01:33:28 -M. le ministre, il y a une chose aussi que je voulais vous demander.
01:33:31 Une loi, souvent, met beaucoup de temps avant d'être votée.
01:33:34 Est-ce que vous pensez, avant, faire quelque chose
01:33:37 pour que les bêtes qu'on a vues,
01:33:40 comme les loups qui glissent sur des ciments
01:33:42 et qui sont dans des conditions épouvantables,
01:33:45 ça change ?
01:33:46 On pourrait peut-être les mettre dans des parcs,
01:33:49 dans des réserves naturelles,
01:33:51 comme celle de M. de Moléon, ou je ne sais pas, moi,
01:33:54 mais que ces animaux-là, qui risquent de mourir
01:33:57 d'ici 6 mois... -Dans les jours qui viennent,
01:33:59 je demanderai au préfet un état exa des zoos
01:34:03 qu'ils ont dans leur département.
01:34:05 -Et si l'état est mauvais, qu'est-ce que vous faites ?
01:34:08 -Qu'ils me répondent immédiatement.
01:34:11 -Bon. -Et si on me signale
01:34:13 un zoo tel que j'ai vu sur le film
01:34:17 que nous avons eu la chance de visionner, je le ferme.
01:34:20 -Vous allez fermer le Jardin des plantes,
01:34:22 parce qu'on l'a vu, c'est une des premières choses à fermer.
01:34:25 -Ah oui ? -C'est quand même moins moche
01:34:28 que ce que j'ai vu de moche sur ce film.
01:34:31 -On va pas parler des choses plus ou moins moches,
01:34:33 elles sont toutes très vilaines. Il faudrait parler de choses belles.
01:34:37 Pour en arriver là, il faut que vous fassiez quelque chose.
01:34:40 -Je fermerai tout ce qui m'apparaîtra aujourd'hui
01:34:43 comme dangereux, car ce que j'ai vu est dangereux.
01:34:46 Mais M. de Moléon m'a promis
01:34:49 qu'il prendrait en charge les animaux.
01:34:52 -Il peut pas juste le prendre.
01:34:53 -Alors, j'ai besoin d'être aidé dans cette opération,
01:34:56 car il faut non seulement prendre en charge les animaux,
01:34:59 mais ne pas voler ni spolier ceux qui les possèdent.
01:35:02 Je pense qu'il faut une petite commission d'espère chez vous,
01:35:05 qui doivent décider du prix de ces animaux,
01:35:07 et les prendre à votre charge, les acheter,
01:35:10 et les prendre à votre charge.
01:35:11 C'est à ce point de nos accords que je fermerai les établissements,
01:35:15 parce que je ne peux pas fermer si quelqu'un ne prend pas en charge.
01:35:19 -C'est déjà fait, et je tiens bien à signaler
01:35:22 que c'est l'association que je représente
01:35:24 qui est la première à lancer la campagne
01:35:26 "70 % des parcs français sont mauvais".
01:35:29 C'est la première qui a demandé que certains parcs zoologiques
01:35:32 soient fermés, mais malheureusement,
01:35:34 M. le ministre, on en est encore là,
01:35:36 avec cette polémique qu'il faut arrêter absolument quand même.
01:35:40 -Ensemble, nous allons empêcher d'aller plus loin.
01:35:42 -Merci, M. le ministre.
01:35:43 -M. le ministre, nous allons nous résumer.
01:35:47 Un texte de loi, si j'ai bien compris,
01:35:50 sera présenté à la session de printemps au Parlement.
01:35:54 En attendant, qu'est-ce qu'on fait ?
01:35:57 Vous demandez aux préfets un rapport...
01:36:00 -Immédiatement.
01:36:01 -Sur tous les parcs zoologiques français.
01:36:03 -Immédiatement. -Et sur les grossistes.
01:36:05 -Vous pensez avoir ce rapport dans combien de temps ?
01:36:09 Combien de temps vous faut-il ?
01:36:11 -Je dois obtenir des préfets.
01:36:13 J'ai déjà beaucoup demandé aux préfets
01:36:16 que je suis au ministère de la Qualité de la Vie,
01:36:19 mais dans le délai d'un mois,
01:36:21 les préfets peuvent me répondre sur l'état et le nombre
01:36:23 de parcs zoologiques dans leur département.
01:36:26 -A ce moment-là, vous envisagez un certain nombre de mesures,
01:36:29 dont la mesure la plus importante serait la fermeture définitive.
01:36:34 -C'est entendu.
01:36:35 -Vous vous engagez devant tout le monde.
01:36:39 -Devant tous les téléspectateurs, devant vous-même, madame.
01:36:42 -M. le ministre, je vous rappelle qu'avec les eaux,
01:36:46 il faut penser aux ménageries de cirque,
01:36:48 car le problème est le même.
01:36:49 Nous n'en avons pas parlé, car nous avons eu peu de temps.
01:36:52 Les animaux qui sont dans des cages
01:36:55 et que l'on trimballe dans toute la France,
01:36:57 dans les petites cages, ont le même sort que les zoos.
01:37:00 Je compte sur vous.
01:37:01 -J'y ai beaucoup pensé, aux ménageries.
01:37:04 Je voudrais vous dire que les animaux
01:37:07 qui sont dans les cages roulant des ménageries
01:37:11 ne sont guère mieux traités que ceux que j'ai vus ce soir.
01:37:15 -C'est pour ça qu'il faut y penser.
01:37:17 Il est certain que dans les mesures que vous comptez apporter,
01:37:20 il ne faut pas les oublier.
01:37:21 -Je pense que dans les cirques et dans les ménageries,
01:37:24 les donteurs et les propriétaires aiment beaucoup leurs animaux.
01:37:28 -On l'a vu, même les propriétaires de mauvais eaux...
01:37:31 -Ils sont capables de faire un effort.
01:37:34 J'en suis persuadé.
01:37:36 Et ils le feront.
01:37:37 Mais ça n'empêche pas que la réglementation
01:37:40 doit être très stricte.
01:37:42 -M. le ministre, ce soir, vous avez pris un engagement
01:37:45 très important sur le fond et dans le temps.
01:37:48 Il est certain que nous allons suivre vos efforts
01:37:52 et tenir les téléspectateurs au courant de leur évolution
01:37:56 jusqu'à conclusion.
01:37:57 Ce sont des rendez-vous auxquels je vous demande d'être présents.
01:38:02 Je vous remercie d'être venus ce soir.
01:38:05 Je vais demander à Brigitte de nous dire quelque chose
01:38:08 avant que cette émission se termine.
01:38:10 -Je voulais dire à tous ceux qui vont dire
01:38:12 "Pourquoi avez-vous choisi les animaux comme premier sujet ?"
01:38:16 Je vais leur répondre tout de suite
01:38:19 que la grande détresse et la grande misère,
01:38:21 qu'elles soient animales ou humaines, se rejoignent.
01:38:24 C'est pour ça que ce soir, nous avons pris une misère
01:38:26 et une détresse parmi tant d'autres.
01:38:29 La prochaine émission traitera d'une autre misère.
01:38:31 -Nous vous remercions tous d'être venus ce soir.
01:38:34 Je ne sais pas si nous avons convaincu.
01:38:37 J'espère que nous avons été positifs.
01:38:40 Nous vous donnons rendez-vous
01:38:42 pour une prochaine émission d'Au pied du mur.
01:38:45 -Brigitte Bardot, animatrice d'Au pied du mur,
01:38:48 nouvelle émission d'Antenne 2 en février 75.
01:38:51 Richard Poirot de l'INA nous a rejoints.
01:38:53 Bonjour, Richard. -Bonjour.
01:38:55 -Avant de vous entendre sur le combat médiatique et télévisuel
01:38:58 de Bardot contre la chasse au phoque,
01:39:01 la suite du dossier des eaux,
01:39:02 parce que Brigitte Bardot revient trois mois plus tard
01:39:05 lors du deuxième et dernier numéro d'Au pied du mur,
01:39:09 consacré cette fois à l'adoption.
01:39:11 -Nous vous présentons ce soir un sujet sur l'adoption
01:39:15 et sur les enfants délaissés.
01:39:18 Mais avant, je voulais vous remercier
01:39:20 au nom de toute l'équipe pour le nombre de courriers
01:39:23 que vous nous avez envoyés concernant les eaux, les animaux
01:39:26 et tout un tas de choses dont nous parlerons encore.
01:39:29 -Eh bien, nous allons faire le bilan sur les promesses
01:39:33 que M. Jarrot, le ministre de la qualité de la vie,
01:39:36 a faites lors de notre dernière émission.
01:39:38 Alors, tout d'abord, l'enquête auprès des préfets est terminée.
01:39:44 Il y a eu 141 parcs zoologiques de recensés.
01:39:49 132 ont été contrôlés à ce jour
01:39:52 et 9 sont en cours de contrôle actuellement.
01:39:55 Bon, ça, c'est la première chose.
01:39:57 Deuxièmement, 36 avertissements ont été adressés
01:40:01 à des directeurs de parcs zoologiques
01:40:03 avec mise en demeure de devoir apporter des améliorations
01:40:07 en ce qui concerne la détention des animaux,
01:40:10 la sécurité et l'hygiène.
01:40:13 Trois parcs zoologiques ont été fermés purement et simplement
01:40:18 car les conditions de détention des bêtes
01:40:20 étaient absolument déplorables.
01:40:22 Et là, comme promis au cours de notre dernière émission,
01:40:26 l'Association nationale des jardins et parcs zoologiques privés
01:40:30 a acheté des bêtes et les a réparties
01:40:32 dans des parcs de semi-liberté.
01:40:36 Troisième point très important,
01:40:38 la loi sur la protection de la nature
01:40:41 a été enterrinée en Conseil des ministres,
01:40:44 elle a été déposée sur le bureau de l'Assemblée nationale.
01:40:47 Elle doit venir en discussion au Parlement
01:40:50 dans une quinzaine de jours, c'est-à-dire aux environs du 20 juin.
01:40:54 Bien entendu, dans cette loi, il y a un chapitre très important
01:40:57 qui est consacré à la réglementation
01:41:00 des jardins et des parcs zoologiques.
01:41:03 On peut donc dire que, jusqu'à présent,
01:41:06 les promesses du ministre de la Qualité de la vie
01:41:08 ont été honorées.
01:41:10 -Tout cela est très positif.
01:41:12 -Tout cela est très positif, dit Brigitte Bardot,
01:41:14 avant de passer au sujet de l'adoption
01:41:17 et de s'entretenir avec Simone Veil,
01:41:20 à l'époque ministre de la Famille, sur son plateau.
01:41:24 Elle est pas mal en animatrice élue,
01:41:26 mais il y aura pas de troisième numéro.
01:41:29 -Non, mais elle a eu toute une série d'émissions sur TF1
01:41:32 qui faisait des audiences absolument incroyables.
01:41:35 -Un peu plus tard.
01:41:36 -Elle a été une véritable star de la télé française
01:41:40 dans les années 80.
01:41:42 -Oui, mais pas sous...
01:41:44 Mais consacrée à... -A la cause animale.
01:41:47 -A la cause animale, pas sur un magazine
01:41:50 qui se voulait généraliste,
01:41:52 puisque ça avait été annoncé comme ça,
01:41:54 même si le premier dossier, c'était évidemment
01:41:57 la maltraitance animale dans les zoos.
01:42:00 Deuxième sujet sur l'adoption,
01:42:02 donc ça devait être un magazine de société
01:42:04 présenté par Brigitte Bardot, et y a pas eu de suite.
01:42:07 -On peut comprendre, car elle avait des idées
01:42:10 sur la société qui n'étaient pas forcément partagées
01:42:13 par tout le monde à l'époque.
01:42:15 D'ailleurs, dans la première émission qu'on a vue,
01:42:18 il y a aussi la question, évidemment, la plus délicate,
01:42:22 à laquelle elle répond sans brancher,
01:42:26 évidemment, qui était les relations avec son fils, Nicolas,
01:42:30 qu'elle n'a pas élevées. -Le fils de Jacques Charrier.
01:42:33 -Et elle en profitait pour dire qu'elle était favorable
01:42:36 à l'avortement.
01:42:37 Et c'était avant la loi Veille.
01:42:40 -C'était avant la loi Veille. -Juste avant.
01:42:42 -Juste avant, mais à un moment où déjà,
01:42:45 les esprits avaient considérablement évolué,
01:42:48 même... On est en 73,
01:42:51 oui, le Premier ministre Messmer avait présenté
01:42:55 un plan ou un projet, enfin bon, c'était déjà
01:42:57 un peu quand même une évolution attendue,
01:43:00 au moment où elle le dit.
01:43:02 Voilà. -Elle choquait déjà
01:43:04 sur ce sujet-là. -Elle choquait sur ce sujet-là.
01:43:07 Elle avait, par ailleurs, on en a parlé,
01:43:09 des valeurs conservatrices sur d'autres...
01:43:12 -Qui se sont exprimées de plus en plus par la suite.
01:43:15 -Qui se sont exprimées, mais qui étaient déjà présentes
01:43:18 dans l'émission.
01:43:19 Qu'est-ce qui vous a frappé dans son...
01:43:22 Dans ses émissions, ses prestations télé, là,
01:43:26 ses premières prestations télé, au service de la cause animale ?
01:43:30 -C'est surtout qu'elle ne lâche pas le ministre.
01:43:33 Elle lui dit, bon, les paroles, c'est bien beau,
01:43:36 mais moi, je veux des actes, je veux que vous vous engagez,
01:43:39 je veux savoir ce que vous allez faire.
01:43:41 Et ça, c'est Brigitte Bardot.
01:43:43 Et elle a gardé toute sa vie
01:43:46 ce...
01:43:47 pouvoir d'interpeller, elle a interpellé
01:43:50 tous les présidents de la République,
01:43:53 de ceux qui étaient amoureux d'elle
01:43:55 jusqu'à ceux qui étaient plus indifférents,
01:43:57 mais elle a interpellé Vladimir Poutine,
01:44:01 elle interpelle...
01:44:03 Brigitte Bardot, voilà, c'est un personnage,
01:44:06 et elle parle au grand de ce monde
01:44:08 parce qu'elle s'estime leur égale.
01:44:11 Et donc, ça n'est pas un ministre que tout le monde a oublié,
01:44:14 Patrick, peut-être pas vous, mais moi,
01:44:17 j'ai découvert à cette occasion son existence.
01:44:21 C'était... -André Jarot.
01:44:23 -Oui. C'était pas lui qui allait résister
01:44:26 à Brigitte Bardot. -Non.
01:44:27 -C'est clair. Elle demandait des comptes,
01:44:30 mais comme elle demande des comptes sur tous les sujets,
01:44:33 toujours, tout le temps,
01:44:35 c'est à la fois parce qu'elle est bébé,
01:44:38 mais c'est aussi parce qu'elle est Brigitte Bardot.
01:44:41 -C'est le principe de l'émission.
01:44:43 Ca s'appelle "Au pied du mur", mais ça aurait pu s'appeler
01:44:46 "Brigitte Bardot vous demande des comptes".
01:44:48 -Ou "Au pied de Brigitte Bardot". -Expliquez-vous,
01:44:51 face à Brigitte Bardot, sur des sujets de société.
01:44:54 -Au Poirot, donc, la carrière médiatique
01:44:58 de Brigitte Bardot se poursuit,
01:45:01 avec un combat qui est son combat le plus emblématique,
01:45:05 pour la cause animale
01:45:07 et la lutte contre le massacre des bébés folles.
01:45:11 -Vous dites "le plus emblématique",
01:45:14 "le plus médiatique". C'est le premier,
01:45:16 on vient de le voir, vous l'avez dit,
01:45:18 elle était pionnière pour la cause animale,
01:45:20 mais c'est un tournant dans sa carrière,
01:45:23 dans ses mémoires. C'est un combat qu'elle va mener
01:45:26 à la fin des années 70. Pourquoi j'en parle ?
01:45:28 Parce que c'est un combat où les médias en général,
01:45:31 et la télé en particulier, jouent un rôle important.
01:45:34 On va beaucoup la voir, et elle joue un rôle important.
01:45:37 Mais avant qu'on en parle plus loin,
01:45:39 un reportage qui va marquer les esprits,
01:45:41 c'est "Le massacre des bébés folles".
01:45:43 Je vous propose de regarder ce reportage passé au JT
01:45:46 de TF1 à 20h.
01:45:48 Nous sommes en mars 76.
01:45:51 Les images sont assez violentes.
01:45:53 -Les chasseurs de phoques sont entrés en action lundi.
01:45:56 13 600 bébés phoques ont été assassinés,
01:45:58 c'est bien le mot, en deux jours,
01:46:00 par des chasseurs norvégiens et canadiens au Labrador.
01:46:03 Le pire, c'est que cette chasse est autorisée.
01:46:06 Les accords internationaux prévoient simplement
01:46:08 de la contingenter. Reste le massacre,
01:46:11 cette horrible lâcheté, le véritable assassinat
01:46:13 des bébés phoques. La violence à l'état pur, c'est ça.
01:46:16 Elle est commise avec le plus grand sang-froid.
01:46:19 Je crois ces images pour y croire et faire un jour
01:46:22 que la protestation internationale soit assez forte
01:46:25 pour arrêter le massacre.
01:46:26 -Voilà, c'est des images qui sont assez dures.
01:46:29 Juste une petite parenthèse.
01:46:30 On voit ces bébés qui ont cette fourrure blanche,
01:46:33 on les appelle les blanchons, car les premiers jours de sa vie,
01:46:37 ils ont cette fourrure précieuse.
01:46:39 En fait, la télévision diffusait régulièrement ce genre d'images,
01:46:42 mais ce reportage-là est différent,
01:46:44 parce que visiblement, Brigitte Bardot va le voir
01:46:47 et quelques jours après, elle va donner...
01:46:50 -Elle n'a rien à voir dans la production de ces images.
01:46:53 -Pas du tout. -Elle assiste à ces images
01:46:55 en téléspectatrice. -On l'a déduit avant.
01:46:57 Quelques jours avant, c'est ce que va dire,
01:47:00 de nouveau, un sujet là-dessus, où Roger Gickel le dit,
01:47:03 "Nous allons interviewer Brigitte Bardot."
01:47:05 C'est Christian Brincourt qu'on connaît ici.
01:47:08 -Il est devenu un grand ami de Brigitte.
01:47:10 -Il va aller l'interviewer et qui va s'engager.
01:47:13 C'est un marqueur.
01:47:15 -C'est pas caricatural, c'est nuancé.
01:47:17 Autant elle comprend la chasse de subsistance des Inuits,
01:47:20 autant elle rejette, elle vomit absolument tout le reste.
01:47:24 -Je sais que les Eskimos vivent de ça,
01:47:27 parce qu'il faut bien qu'ils se nourrissent, qu'ils mangent,
01:47:30 mais qu'on en fasse un commerce, une exploitation épouvantable
01:47:34 de fourrure et de gadgets et de portefeuilles et de sacs,
01:47:37 c'est monstrueux.
01:47:39 Je suis partie en guerre contre ça et j'irai jusqu'au bout.
01:47:43 Toute seule, je ne peux rien faire.
01:47:45 J'ai besoin qu'on m'aide, j'ai besoin de vous,
01:47:47 j'ai besoin de tout le monde, des gens qui m'ont écrit.
01:47:51 J'ai besoin d'aider des gens. Je ne peux rien faire toute seule.
01:47:54 -Elle a besoin de vous, des médias.
01:47:56 C'est un tournant.
01:47:57 C'est pas la première fois qu'elle dénonce
01:48:00 les mauvais traitements faits aux animaux,
01:48:02 mais là, véritablement, elle entre dans l'arène.
01:48:05 Je dis "une arène" parce que ça va être très violent.
01:48:08 L'engagement est absolument total.
01:48:10 Sur ce plateau télé, lors de cette même interview,
01:48:13 elle va faire un appel pour venir manifester
01:48:16 devant l'ambassade de Norvège le lendemain.
01:48:18 La Norvège est l'autre pays avec le Canada
01:48:20 qui autorise le massacre des bébés phoques.
01:48:23 L'appel sera entendu et les caméras seront là.
01:48:26 On est vraiment dans un duo Brigitte Bardot
01:48:30 et les médias.
01:48:32 -On imagine que les journalistes ne vont pas se faire prier.
01:48:35 -C'est clair. Brigitte Bardot joue là-dessus,
01:48:38 sur sa notoriété et elle a raison.
01:48:40 On va jusqu'à la caricature.
01:48:42 Quelques jours après cette interview et cet appel
01:48:44 à manifester devant l'ambassade de Norvège,
01:48:47 un ternevard revient des côtes canadiennes
01:48:49 avec un bébé phoque qu'il a récupéré sur la banquise.
01:48:52 Brigitte Bardot, le ternevalant, ça m'appelle,
01:48:55 file à Fécamp pour accueillir ce bébé phoque
01:48:59 avec Christian Brincourt, avec les caméras,
01:49:01 avec la foule. On voit ces images, c'est assez caricat...
01:49:04 Elle récupère le bébé phoque, le met dans le coffre de sa voiture,
01:49:08 elle va garder ce bébé phoque, qu'elle va élever
01:49:11 comme un animal de compagnie.
01:49:13 Les caméras vont la suivre, mais le point d'orgue,
01:49:15 je vous raconte un épisode qui est un peu anecdotique,
01:49:19 mais le point d'orgue, c'est l'année d'après,
01:49:21 quand la chasse reprend mars 77,
01:49:24 où là, elle décide de se rendre au Canada.
01:49:27 Quand je parle d'un engagement total, elle y va,
01:49:29 elle décide de se rendre au Canada avec des caméras,
01:49:32 évidemment, ça va être très dur.
01:49:34 Elle veut aller à la rencontre des chasseurs,
01:49:37 Trudeau, qu'elle ne rencontrera pas.
01:49:39 -Pierre-Éliott Trudeau, le père de l'actuel Premier ministre.
01:49:42 -Oui, c'est très violent.
01:49:44 -Elle va même s'enchaîner devant les grilles du Parlement à Ottawa.
01:49:48 -Oui, il y aura des paroles, elle va rencontrer les journalistes
01:49:51 qui vont se moquer d'elle, c'est ce que vous disiez,
01:49:54 c'était la cruche, pourquoi on l'écouterait sur ce combat-là.
01:49:58 Elle va lutter contre ça.
01:49:59 A la fin de son séjour là-bas, alors qu'elle n'y croyait plus,
01:50:03 les conditions étaient mauvaises, elle arrive à se rendre
01:50:06 et elle va embrasser un blanchon,
01:50:08 ces fameux bébés phoques, dans les bras.
01:50:11 Les images que je vous montre là
01:50:13 vont faire le tour du monde.
01:50:15 -Comme on peut les tuer, c'est dégueulasse !
01:50:19 ...
01:50:22 Voilà ce que c'est qu'un bébé phoque,
01:50:24 et voilà ce qu'on tue.
01:50:26 ...
01:50:27 Par centaines de milliers pour la fourrure.
01:50:30 Ces petites choses qui se laissent prendre comme ça,
01:50:33 tout confiants, adorables, ces petits bébés merveilleux.
01:50:36 ...
01:50:38 Voilà.
01:50:39 On les tue pour faire des jouets en plus,
01:50:42 des bébés phoques en plus,
01:50:44 des manteaux de fourrure pour les connes
01:50:46 qui veulent se mettre ça sur le dos.
01:50:48 Et voilà.
01:50:49 ...
01:50:53 On les aura à va.
01:50:55 ...
01:50:58 -L'image, on la voit aussi sur le Paris Match de l'époque.
01:51:02 C'est une image, comme vous le disiez, iconique.
01:51:05 Elle adorait cette image, d'ailleurs.
01:51:07 C'est une des images que Brigitte Bardot...
01:51:09 -C'est la photo préférée de sa vie.
01:51:11 -Voilà. -Sans doute l'une de celles
01:51:13 qui a été le plus diffusée.
01:51:15 Elle est mondialement connue, cette image.
01:51:18 -Il y a beaucoup de photos d'elle
01:51:20 qui ont été mondialement diffusées.
01:51:22 -Oui, c'est vrai.
01:51:23 Alors, disons que dans... -Sur lesquelles elle est moins habillée.
01:51:27 -Voilà, dans cette partie de sa vie,
01:51:29 c'est évident. Dans sa deuxième vie,
01:51:31 c'est vraiment la photo la plus célèbre.
01:51:33 -C'est un état de grâce avec les médias
01:51:35 qui ne va pas durer. -Absolument.
01:51:37 On va beaucoup la voir.
01:51:39 Certains médias, en tout cas, vont lui faire ce procès en légitimité,
01:51:43 ce que vous disiez tout à l'heure.
01:51:45 On l'accuse de faire sa star, de vouloir revenir
01:51:47 sur le devant de la scène qu'elle n'a pas trop quitté.
01:51:51 On remet en cause sa sincérité.
01:51:52 On veut lui rappeler que, quand elle était jeune,
01:51:55 elle portait des fourrures d'animaux,
01:51:57 ce qu'elle admet, d'ailleurs, mais ce qu'elle a regretté.
01:52:00 On l'accuse de sentimentalisme,
01:52:03 que les bons sentiments ne font pas les bons combats.
01:52:05 Ca la heurte, car les sujets, elle les connaît très bien.
01:52:08 Mais elle continue, elle s'accroche,
01:52:10 elle va écrire à Valéry Giscard d'Estaing,
01:52:13 le président de l'époque, pour le sensibiliser
01:52:16 à cette chasse aux bébés phoques.
01:52:17 Alors que si vous ne l'attendez pas, la France, en 77,
01:52:20 prend une décision qui interdit l'importation
01:52:23 des fourrures de blanchons sur le territoire français.
01:52:26 Six ans plus tard, l'Union européenne
01:52:28 prend la même décision. Le massacre des bébés phoques
01:52:32 est un des principaux marchés.
01:52:33 Ce tarif, c'est une victoire pour Brigitte Bardot,
01:52:36 et c'est une victoire extrêmement importante.
01:52:39 C'est un tournant, c'est un marqueur.
01:52:41 A partir de là, ça va peut-être la doper,
01:52:43 je sais pas ce qui s'est passé,
01:52:45 mais dans la foulée, elle crée la fondation Brigitte Bardot.
01:52:48 C'est le début de son deuxième métier,
01:52:50 le métier qu'elle voulait, la défense des animaux.
01:52:53 -Et romba d'utilité publique.
01:52:55 -Romba fondateur, Yves Vigo.
01:52:57 -Oui, bien sûr, je vous dis, les animaux,
01:52:59 depuis toute petite, c'était...
01:53:01 Voilà, c'était sa vie, elle voulait leur...
01:53:04 Elle est mieux avec les animaux qu'avec les hommes.
01:53:06 -Hm.
01:53:08 Quand je dis "combat fondateur",
01:53:09 je parle de l'épisode des bébés phoques.
01:53:12 -Oui, bien sûr, parce que c'est ce qui lui a permis
01:53:15 de médiatiser de manière planétaire
01:53:18 son combat pour les animaux,
01:53:20 et elle a fait, en fait, des bébés phoques
01:53:22 le totem de son combat.
01:53:25 -Absolument.
01:53:26 Et...
01:53:27 Avec...
01:53:29 des actions.
01:53:30 Et...
01:53:31 La fondation est venue à la suite,
01:53:35 dans le même mouvement.
01:53:36 -Elle a mis très longtemps à la faire reconnaître
01:53:39 d'utilité publique, mais elle y est parvenue.
01:53:42 C'est un combat qu'elle a remporté,
01:53:44 parce que, du coup, elle sait que sa fondation lui survivra.
01:53:47 Et d'ailleurs, elle donne tout ce qu'elle a à la fondation.
01:53:51 Quand elle fait des deals avec Lancel, etc.,
01:53:55 l'argent n'est pas pour elle,
01:53:57 c'est toujours pour la fondation.
01:54:00 A tel point qu'il faudrait qu'elle refasse le toit de la madrague,
01:54:04 mais elle ne le refait pas.
01:54:05 Elle préfère donner l'argent pour les animaux.
01:54:08 -Merci beaucoup, Yves Bigaud.
01:54:10 Je rappelle votre livre paru en 2014,
01:54:12 c'est "Donkey Shot", et en poche, en collection.
01:54:15 Brigitte Bardot, la femme la plus belle
01:54:17 et la plus scandaleuse du monde.
01:54:19 Merci beaucoup, Richard Poirot.
01:54:21 On se quitte avec Brigitte Bardot
01:54:23 et une chanson que son ami Jean-Max Rivière
01:54:26 lui a écrite en 82,
01:54:28 et dont les droits ont été versés, réservés à la SPA.
01:54:32 "Toutes les bêtes sont à aimer",
01:54:34 et moi, je vous dis à très bientôt sur LCP
01:54:37 pour de nouvelles aventures dans les archives de l'INA.
01:54:40 Musique douce
01:54:42 ...
01:54:49 -Que ce soit les jours de pluie ou les jours de grand soleil,
01:54:54 j'ai toujours mes petits amis qui dressent l'oreille.
01:54:57 Pour aller se promener dans la campagne argentée,
01:55:02 et le ciel est plus léger avec mes chiens à mes côtés.
01:55:07 Bichenou vient par ici,
01:55:10 et vous, miennini, n'allez pas vous perdre en chemin.
01:55:15 Prosper, mouches et machos,
01:55:19 tenez-vous comme il faut,
01:55:21 on passe par le champ du voisin.
01:55:24 Au cours de ma promenade,
01:55:27 je ne peux pas m'empêcher
01:55:29 de penser aux chiens nomades abandonnés.
01:55:33 Que la vie serait plus belle et le monde un paradis,
01:55:38 si l'homme était moins cruel avec les animaux d'ici.
01:55:43 Pourquoi, à notre époque,
01:55:46 tuer des bébés phoques ?
01:55:48 Pourquoi détruire tant de merveilles ?
01:55:52 Les forêts, les oiseaux disparaîtront bientôt,
01:55:56 à moins qu'ensemble on se réveille.
01:56:00 Dans ce monde en mer de la,
01:56:03 avec toi on peut marcher,
01:56:05 il y a tant d'animaux à protéger.
01:56:09 Dénoncer tous les carnages,
01:56:12 désarmer la cruauté.
01:56:14 Familières ou bien sauvages,
01:56:16 toutes les bêtes sont à aimer.
01:56:18 ---
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