En ce cinquantième anniversaire de la création du Front national à l'automne 1972, il règne dans la classe politique comme un esprit munichois, une sorte d'habituation, une morne résignation – pas encore une capitulation – à l'idée que Marine Le Pen s'installe, à la faveur de la prochaine élection présidentielle, dans le fauteuil d'Emmanuel Macron. Pas un élu qui ne confesse sa crainte que « la prochaine fois soit la bonne », en raison des faiblesses réelles ou supposées des autres prétendants au poste et d'une implacable arithmétique électorale : François Mitterrand comme Jacques Chirac ne s'y sont-ils pas repris à trois fois avant d'accéder au Graal ?