Le Brésil a connu en mars son mois le plus meurtrier depuis le début de la pandémie de Covid-19 avec plus de 66.000 morts. « Nous n'avons jamais vu dans l'Histoire du Brésil un seul événement tuer autant de gens en 30 jours », a déclaré Miguel Nicolelis, coordinateur du Comité scientifique formé par les Etats du Nord-est du Brésil contre la pandémie. « Nous sommes au pire moment, avec des records de morts et de contaminations, ce qui signale qu'avril sera encore très mauvais », estime également l'épidémiologiste Ethel Maciel, professeure à l'Université fédérale d'Espirito Santo (UFES). Car fait très inquiétant, la semaine du 21 au 27 mars a été celle avec le plus de contaminations enregistrées (près de 540.000). Ce qui augure de nouveaux records d'afflux de patients en soins intensifs et de morts dans deux semaines dans ce pays de 212 millions d'habitants.
En attendant, les hôpitaux brésiliens sont quasi saturés : dans 18 des 27 Etats brésiliens, 90% des lits en soins intensifs réservés au Covid sont occupés. Dans plusieurs Etats, le personnel soignant a déjà commencé à attribuer les lits en soins intensifs aux patients les plus à même de survivre. Ainsi au moins 230 malades confirmés ou suspectés du coronavirus sont morts en mars faute d'avoir trouvé un lit en soins intensifs dans la conurbation de Sao Paulo, capitale de l'Etat le plus riche du pays. Les enterrements s’enchaînent jour et nuit pour faire face à l'augmentation du nombre de morts. Dans quatre cimetières de São Paulo – un des Etats le plus durement touché par la pandémie - , le personnel chargé de creuser les tombes travaillent au milieu de la nuit, vêtus de combinaisons de protections blanches et de masques. Sous les yeux de familles en deuil, les hommes des pompes funèbres déposent les cercueils les uns après les autres, éclairés à la lueur d’un gros spot installé à proximité. En un peu plus d'un an, le Covid-19 a fait au Brésil 317 646 morts, un bilan seulement surpassé par les Etats-Unis. Pour le Dr Nicolelis « il est même très possible » que le Brésil atteigne le demi-million de morts d'ici à juillet. Selon des médecins, la violence de cette deuxième vague est due à plusieurs facteurs : relâchement des précautions sanitaires lors des fêtes de fin d'année puis de carnaval, émergence de variants plus contagieux et absence de politique nationale de lutte contre le covid dans un pays où le président Jair Bolsonaro demande encore tout récemment aux gens de « continuer à aller travailler ».