Témoignage n° 13, lu par le Professeur Alexandre Duguet

  • il y a 9 ans
Attention ce témoignage parle de violences sexuelles, il peut heurter la sensibilité de certains spectateurs.

Lecteur :
Alexandre DUGUET

Réalisation : Catherine Zavlav et Cécile Nicouleaud
Image : Vincent Tulli
Assistante mise en scène : Sandra Moreno
Montage : Louis Beaugé de La Roque
Musique : Malik Ati
Mixage : VTP
Maquillage Marine Girondeau
Photos : Jérôme Godgrand
Régie : Tanya Artioli
Infographie : Christine Bruneteau
Etalonnage Yann Tribolle

texte du témoignage:

Témoignage n°13, lu par Alexandre DUGUET

« J’avais 8 ans, lorsqu'un ami proche de mes parents m’a embrassée. Nous jouions au papa et à la maman, alors j'ai trouvé ça rigolo. De fil en aiguille, 6 mois plus tard, il me violait.
Je n’ai rien dit à mes parents jusqu’à mes 14 ans, j’avais peur de leur faire perdre un ami qui leur rendait des services.

C'est mon instinct de survie qui m’a guidée. Jusqu’à mes 13 ans, j’ai tenté par le jeu, aussi souvent que je l’ai pu, d’éviter l’acte sexuel. Parfois ça marchait, parfois non, et quand je ne pouvais pas l’empêcher, alors je supportais et j’attendais que ça passe. Je me disais qu’à mes 18 ans tout s’arrêterait enfin.

J’ai bien tenté à plusieurs reprises d’en parler à des adultes… Mais ils n’ont pas bougé. Évidemment, j’étais mal et j’ai commencé à prendre du poids.

A 13 ans lors d'une soirée, j’ai appris qu’il couchait aussi avec ma voisine de 15 ans. Je suis allée le voir, et lui ai dit que s’en prendre à moi était une chose mais qu’il n’avait pas le droit de toucher à mes amies. Il ne m’a plus jamais approchée et j'ai laissé éclater ma haine pour lui, sans jamais parler.

Un an plus tard, je pleure devant ma poêle et mes steaks hachés lorsque ma mère rentre chez nous. Elle est fatiguée, on ne se comprend pas. Je répète sans cesse « j’ai un problème ». Inquiète, elle fini par m'écouter et je lui crie « Est-ce que tu crois que c’est facile de coucher avec un homme depuis qu’on a 8 ans… »

Immédiatement, mes parents m’écoutent et je suis prise en charge. A mon rythme, je jour où je suis prête, ils me soutiennent quand je porte plainte. La police a été admirable. Jamais personne n’a remis ma parole en doute.

Mon agresseur n’a pas été très malin. Interrogé par la police, il a d'abord nié l'histoire avec mon amie et la mienne avant de reconnaître les faits pour elle, mais pas pour moi. Résultat, il a été incarcéré durant les 18 mois de procédure.
Le fait de lâcher ma carapace a été très dur. Les 6 premiers mois avant le procès, j'ai vécu dans la brume. Au début, je n’avais pas porté plainte pour moi, mais pour protéger les autres… après seulement ce fut mon histoire : « et ma parole contre la sienne ».

Un mois avant le procès, j’ai appris que des « amis » de mon père avaient monté une association pour soutenir l’homme qui avait abusé de moi ! L’un deux a même été jusqu’à témoigner contre moi au procès, ignorant que celui-ci avait tout avoué !!!

Mon agresseur a eu la malchance de tomber sur moi, il a pris 10 ans.

Quant à moi, j’ai une chance que je mesure. Oui, j’étais forte, mais ma chance a aussi été d’avoir été soutenue par mes parents, entendue et accompagnée par la justice et les psychiatres.

Quand on est prise en charge de cette manière, je vous le dis, on s’en sort. »



Je suis le Professeur Alexandre Duguet, vice-doyen de la faculté de médecine Paris VI, Pierre et Marie Curie, et je soutiens la campagne Stop au Déni. (En regardant la caméra)

EXTRAIT DE STOP AU DENI-LES SANS VOIX

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