Jean Ferrat-Si je mourais là-bas (poème d'Apollinaire)
  • il y a 10 ans
En 1966 sort l’album de Jean Ferrat dont le titre le plus fort est sans doute « Maria »
Mais dans cet album figure aussi une chanson bien moins connue et pourtant bouleversante, adaptation d’un des « poèmes à Lou » d’Apolinaire : « Si je mourais-bas » Dans ce poème écrit en 1915 qui est le premier du recueil inspiré par sa muse la belle aristocrate Louise de Coligny-Chatillon , le poète imagine sa mort sur le front pendant la guerre 14-18 et en fait part à sa bien-aimée Il tente de lui prouver tout l’amour qu’il a pour elle s’il était emmené à mourir pendant la guerre Blessé par un éclat d'obus, Il disparaîtra finalement bien 3 ans plus tard mais de grippe espagnole affaibli par sa blessure
Un poème qui traite surtout du problème de la trace qu’on laisse chez les êtres aimés après sa mort
Pour habiller ce poème, Ferrat a composé une très belle mélodie qui en restitue toute la mélancolie sur un accompagnement délicat au piano que j'ai relevé à l'oreille

Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier

Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Ô mon unique amour et ma grande folie
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