Dans les années 70, André Rian fut le chef d'orchestre/trompettiste du André Rian Big Band. Le groupe connut ses heures de gloire dans le sud de la France et accompagna certains grands artistes lors de tournées locales, comme Joe Dassin ou Dalida.
Chacun leur tour, les musiciens d'André partirent faire carrière à Paris : "Sardou me les a tous piqués !". André lui a fait le choix de rester dans le quartier de Saint-Antoine, au Nord de Marseille. A la mort de son père, il est l'aîné, et accepte de reprendre la pompe que sa famille tient depuis les années 30 après que sa grand-mère a fui le génocide arménien en s'installant en France.
La station service, un ancien bordel, faisait aussi office d'hôtel et bar et pendant des années ici c'était "un centre de rétention" où tous les Arméniens de passage allaient et venaient.
André a vécu toute son enfance dans l'atmosphère heureuse d'un quartier où passaient encore les chevaux des calèches, puis le tramway, et où les collines étaient encore pleine d'herbes folles.
Cette pompe, c'est toute la vie d'André. Sa grand-mère y est morte, puis ses parents. Avant, le bar était aussi animé que dans un film de Pagnol, on y jouait au carte, on y riait beaucoup. Aujourd'hui, à l'intérieur, rien a changé. Les tables et les chaises sont toujours les mêmes, en formica, et les règles de la belote restées fixées sur les murs.
Rien a changé sauf que plus personne vient.
A l'extérieur, le quartier a changé. Les calèches et le tramway ont laissé place aux travaux sans cesse et aux voitures, et sur les collines d'herbes folles ont poussé les barres.
Le 31 décembre 2013, André et son frère mettront la clé sous la porte. La pompe a été préemptée par la mairie de Marseille. Elle va être détruite. A la place, peut-être un programme immobilier. Mais André n'en sait pas plus. Lui, à 76 ans, a la mélancolie de celui qui tourne une page de plus de 70 ans. Toute une vie à servir le client de 6h du matin à 19h le soir. Et à réaliser à moitié seulement une grande vie d'artiste reconnu. Bientôt retraité, André s'interroge sur ce que sera sa vie nouvelle.
Nous avons rencontré André par hasard en cherchant désespérément une station service. Nous avons été étonné que ce vieil homme se présente à la porte de notre voiture nous demander les clés. En allant payer, nous avons découvert un univers suranné qui n'a pas bougé alors que dehors TOUT a bougé. Voilà donc la courte histoire d'un des tous derniers vrai pompiste de Marseille. Qui rêva toute sa vie d'une grande vie d'artiste. Qui est pour nous un grand artiste malgré tout. Dans ses yeux, nous y avons découvert une émotion, une nostalgie, une tristesse, une expérience du temps qui passe, qui a passé et qui continue de finir. "Qu'est-ce qu'on attend ?" cette question André se l'est peut-être posée toute sa vie, dans ses rêves de vie parisienne et musicienne. A 76 ans, la question a peut-être d'autres arrières pensées que l'on décèle. Un peu.
Chacun leur tour, les musiciens d'André partirent faire carrière à Paris : "Sardou me les a tous piqués !". André lui a fait le choix de rester dans le quartier de Saint-Antoine, au Nord de Marseille. A la mort de son père, il est l'aîné, et accepte de reprendre la pompe que sa famille tient depuis les années 30 après que sa grand-mère a fui le génocide arménien en s'installant en France.
La station service, un ancien bordel, faisait aussi office d'hôtel et bar et pendant des années ici c'était "un centre de rétention" où tous les Arméniens de passage allaient et venaient.
André a vécu toute son enfance dans l'atmosphère heureuse d'un quartier où passaient encore les chevaux des calèches, puis le tramway, et où les collines étaient encore pleine d'herbes folles.
Cette pompe, c'est toute la vie d'André. Sa grand-mère y est morte, puis ses parents. Avant, le bar était aussi animé que dans un film de Pagnol, on y jouait au carte, on y riait beaucoup. Aujourd'hui, à l'intérieur, rien a changé. Les tables et les chaises sont toujours les mêmes, en formica, et les règles de la belote restées fixées sur les murs.
Rien a changé sauf que plus personne vient.
A l'extérieur, le quartier a changé. Les calèches et le tramway ont laissé place aux travaux sans cesse et aux voitures, et sur les collines d'herbes folles ont poussé les barres.
Le 31 décembre 2013, André et son frère mettront la clé sous la porte. La pompe a été préemptée par la mairie de Marseille. Elle va être détruite. A la place, peut-être un programme immobilier. Mais André n'en sait pas plus. Lui, à 76 ans, a la mélancolie de celui qui tourne une page de plus de 70 ans. Toute une vie à servir le client de 6h du matin à 19h le soir. Et à réaliser à moitié seulement une grande vie d'artiste reconnu. Bientôt retraité, André s'interroge sur ce que sera sa vie nouvelle.
Nous avons rencontré André par hasard en cherchant désespérément une station service. Nous avons été étonné que ce vieil homme se présente à la porte de notre voiture nous demander les clés. En allant payer, nous avons découvert un univers suranné qui n'a pas bougé alors que dehors TOUT a bougé. Voilà donc la courte histoire d'un des tous derniers vrai pompiste de Marseille. Qui rêva toute sa vie d'une grande vie d'artiste. Qui est pour nous un grand artiste malgré tout. Dans ses yeux, nous y avons découvert une émotion, une nostalgie, une tristesse, une expérience du temps qui passe, qui a passé et qui continue de finir. "Qu'est-ce qu'on attend ?" cette question André se l'est peut-être posée toute sa vie, dans ses rêves de vie parisienne et musicienne. A 76 ans, la question a peut-être d'autres arrières pensées que l'on décèle. Un peu.
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