RCD2016 - Communiqué final

  • il y a 8 ans
L’année qui s’est écoulée depuis les dernières Rencontres Cinématographiques de L’ARP a été celle de l’effroi. Notre monde est menacé par le repli identitaire, et l’avancée de toutes les forces obscurantistes. Cette impasse va profondément à l’encontre de nos valeurs.

N’opposons pas à ces doutes et ces tensions les concepts froids que sont les contenus, tuyaux, métadonnées, algorithmes….

Refusons l’uniformisation, continuons de créer.

Construisons à nouveau une Europe unie dont nous partageons tous les mêmes valeurs. L’Europe ne peut pas n’être qu’un marché unique. Elle doit redevenir un espace politique. Elle doit inventer une identité européenne, et peut-être accepter de délaisser un peu son libéralisme économique pour notre liberté culturelle.

Si les récentes propositions de la Commission européenne semblent marquer l’abandon d’un agenda ultra-libéral, restons vigilants et combatifs – on l’a vu, nous avons eu raison de ne pas déposer nos idéaux.

Il faut que l’Europe nous aide à créer des règles vertueuses solides et durables, aller donc jusqu’au bout des réformes déjà annoncées :

– assurons aux créateurs une juste rémunération et une meilleure diffusion de leurs œuvres,

– attaquons-nous à l’injustice en matière de régulation et de fiscalité,

– luttons enfin tous ensemble contre le piratage.

Le temps n’est pas ici notre allié : la technologie va tellement vite que nous sommes en permanence en retard dans sa régulation. Notre devoir aujourd’hui est d’être offensifs et de faire accepter notre système vertueux.

A ce titre, nous demandons une réforme profonde des obligations des diffuseurs. Les opérateurs, français et étrangers, traditionnels ou récents, doivent tous suivre les mêmes règles fiscales et participer au préfinancement de la création. Nous nous réjouissons d’ailleurs de la volonté du groupe Altice SFR d’intégrer notre écosystème, notamment à travers un futur accord professionnel.

Nous sommes heureux que CANAL+​ manifeste sa volonté de se réformer pour faire évoluer son modèle. Nous sommes impatients d’entrer dans ces négociations.

Mais nous plaidons pour que France Télévisions, autre partenaire historique, puisse aussi se moderniser notamment par la télévision de rattrapage pour les films coproduits.

Ainsi, nous appelons de nos vœux une concertation collective des acteurs du marché pour aborder ces sujets sous l’égide des pouvoirs publics.

Le numérique est une formidable opportunité pour le cinéma, pour conquérir le plus grand nombre de spectateurs, dont les plus jeunes qu’il nous faut encore et toujours séduire. Nos films ne peuvent et ne doivent être réduits ni à des pièces de musée ni à des objets qu’on pillerait impunément.

Contre le piratage, nous demandons de réelles sanctions. Inspirons-nous de l’exemple allemand et de son système de fortes amendes. Nous lutterons ainsi, avec de vraies armes.

Nous appelons à une réelle réforme de la chronologie des médias, que nous savons intimement liée à la réforme sur les obligations des chaînes de télévision, ainsi qu’à la lutte contre le piratage.

Nous devons poursuivre notre travail sur l’exploitation des œuvres en salle, lieu premier d’exposition des films et de création de la valeur. Veillons à ce que la période de la fin des contributions numériques ne soit ni celle d’une concentration accélérée, ni celle d’un secteur recroquevillé sur ses corporatismes.

Le cinéma français et européen doit avoir dans l’univers numérique le même rôle qu’il tenait dans l’ancien monde hertzien.

Soyons inventifs. Créons ces règles ensemble pour éviter une dévaluation économique, sociale et culturelle et nous permettre tout simplement de faire du cinéma.

Le Conseil d’Administration de L’ARP

Paris, le 22 octobre 2016

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