Georges Brassens-Le grand chêne
  • il y a 12 ans
Brassens a toujours eu une grande admiration pour La Fontaine dont les fables resteront son livre de chevet jusqu'à ses derniers instants Ce sont elles qui l'ont inspiré pour cette très belle chanson :sur un air de comptine sautillante, Brassens nous conte les déboires d'un grand chêne qui est un peu son alter ego!

Il vivait en dehors des chemins forestiers,
Ce n'était nullement un arbre de métier,
Il n'avait jamais vu l'ombre d'un bûcheron,
Ce grand chêne fier sur son tronc.

Il eût connu des jours filés d'or et de soie
Sans ses proches voisins, les pires gens qui soient ;
Des roseaux mal pensant, pas même des bambous,
S'amusant à le mettre à bout.

Du matin jusqu'au soir ces petit rejetons,
Tout juste cann' à pêch', à peine mirlitons,
Lui tournant tout autour chantaient, in extenso,
L'histoire du chêne et du roseau.

Et, bien qu'il fût en bois, les chênes, c'est courant,
La fable ne le laissait pas indifférent.
Il advint que lassé d'être en but aux lazzi,
Il se résolu à l'exi(l).

A grand-peine il sortit ses grands pieds de son trou
Et partit sans se retourner ni peu ni prou.
Mais, moi qui l'ai connu, je sais qu'il en souffrit
De quitter l'ingrate patrie.

A l'orée des forêts, le chêne ténébreux
A lié connaissance avec deux amoureux.
" Grand chêne laisse-nous sur toi graver nos noms... "
Le grand chêne n'as pas dit non.

Quand ils eur'nt épuisé leur grand sac de baisers,
Quand, de tant s'embrasser, leurs becs furent usés,
Ils ouïrent alors, en retenant des pleurs,
Le chêne contant ses malheurs.

" Grand chên', viens chez nous, tu trouveras la paix,
Nos roseaux savent vivre et n'ont aucun toupet,
Tu feras dans nos murs un aimable séjour,
Arrosé quatre fois par jour. "

Cela dit, tous les trois se mettent en chemin,
Chaque amoureux tenant une racine en main.
Comme il semblait content ! Comme il semblait heureux !
Le chêne entre ses amoureux...
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