LE FILS DU GRAND MARTIN (1970) Une immense veste noire, celle que portait son père Au cou une croix d’ivoire, souvenir de sa mère C’est le fils du grand Martin, nous cria notre vieux prêtre Les femmes joignirent les mains Et les hommes baissèrent la tête.
C’est le fils du grand Martin, qui fut pendu l’an dernier D’avoir osé réclamer un peu plus d’eau et de pain Je viens pour venger mon père nous cria de loin le gamin Les hommes baissèrent la tête Et les femmes joignirent les mains.
Le fusil était rouillé, le gamin rata son but Sur place il fut fouetté et comme son père pendu Plus d’un poing s’est serré mais personne n’a bougé Longtemps bien longtemps après Le village s’est soulevé.
Dans un champ là-bas vers l’Est croule un petit tas de pierres Une croix et une veste, et des fleurs même en hiver Et les hommes rougissent encore quand on conte à la veillée L’histoire de ce petit d’homme Qu’ils ont laissé fouetter L’histoire de ce petit d’homme Qu’ils ont laissé fusiller