Ethiopie Somalie 25-12-06

  • il y a 17 ans
Source AFP - France24.com

ADDIS ABEBA, 24 déc (AFP) - Le conflit somalien a pris dimanche une nouvelle dimension avec l'annonce par l'Ethiopie de son intervention dans ce pays, en proie à une guerre civile depuis 15 ans, et les mises en gardes se multiplient contre les risques d'une déstabilisation régionale.

"On ne peut pas exclure les scénarios catastrophes et une situation de chaos et de déflagration régionale", dans la Corne de l'Afrique, a déclaré à l'AFP Saïd Djinnit, commissaire pour la paix et la sécurité de l'Union Africaine (UA).

Les combats qui opposent depuis la semaine dernière les miliciens de l'Union des tribunaux islamiques somaliens (UIC) et les forces du gouvernement de transition se sont étendues du secteur de Baïdoa, dans le sud, vers le centre du pays.

Dimanche, face à la poussée des islamistes, l'Ethiopie qui soutient les fragiles institutions de transition a, pour la première fois, selon des témoins, utilisé son aviation pour accompagner une contre-attaque non loin de sa frontière.

Le gouvernement éthiopien a admis avoir lancé ses forces terrestres dans la bataille, ce qu'il niait jusqu'à présent, faisant état de son droit à la légitime défense. Les milices islamiques avaient dénoncé cette implication éthiopienne et accusé le voisin majoritairement chrétien d'avoir des visées expansionnistes.

L'UA avait pourtant déployé des efforts pour "limiter l'implication de l'Ethiopie, dont on comprend les préoccupations sécuritaires", reconnait M. Djinnit.

L'Ethiopie, berceau de la chrétienté en Afrique, est fermement opposée au pouvoir des Tribunaux Islamiques, dont les partisans contrôlent dorénavant de vastes portions du territoire somalien. Addis Abeba argue également de la reconnaissance internationale dont bénéficie le gouvernement de transition pour le soutenir.

Mais, alors que l'UA, l'ONU, et la Ligue Arabe ont appelé en vain à la cessation des hostilités et à la non ingérence étrangère, le principal rival de l'Ethiopie dans la région, l'Erythrée, est soupçonné de soutenir l'UIC.

Son objectif serait d'affaiblir Addis Abeba avec laquelle Asmara a un contentieux frontalier depuis huit ans. La guerre entre les deux pays entre 1998 et 2000 a fait plus de 80.000 morts.

"L'Erythrée sait très bien que si elle essaie d'ouvrir un autre front, les Ethiopiens iront jusqu'au bout, c'est à dire Asmara ou Assab. Donc, il est difficile pour eux de s'engager directement en Somalie", estime toutefois un diplomate occidental en poste à Addis Abeba.

Mais pour un autre diplomate, l'internationalisation du conflit en Somalie, même si elle est encore contenue, est d'ores et déja une réalité : "l'Ethiopie est engagée, l'Erythrée aussi, si l'on en croit un rapport de l'ONU, les pays du Golfe aident les tribunaux islamiques".

"Pour l'instant, seule Djibouti n'est pas impliquée", note un diplomate de l'UA. L'enclave de Djibouti héberge une importante base militaire française et abrite la seule implantation militaire permanente des Etats-Unis en Afrique.

Face à cet emballement du conflit, des efforts de stabilisation sont en oeuvre. Des pourparlers devraient avoir lieu à Khartoum à la mi-janvier entre les islamistes et le gouvernement de transition, et une force internationale de paix (Igasom) devrait se déployer pour soutenir le gouvernemnt de transition.

Mais ces initiatives se heurtent à la détérioration rapide des conditions de sécurité sur le terrain, et la communauté internationale, échaudée par des expériences passées désastreuses, semble peut encline à intervenir.

"Les choses peuvent évoluer mais je ne crois pas à un engagement direct important de la communauté internationale", note un diplomate européen, qui avertit si l'Ethiopie s'engage en Somalie elle court le risque d'un "enlisement à l'irakienne".

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