Peut-on éviter les débats et les désaccords dans l'Église ?

  • il y a 13 ans
Conférence du père Antoine Guggenheim, directeur du pôle de recherche du collège des Bernardins.
Jeudi 26 mai 2011

« Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! » (Mat. 26, 20-25)
Première remarque : l’un des Douze a trahi Jésus. À sa suite, les successeurs des apôtres, qui de Jésus reçoivent l’autorité d’annoncer l’Évangile, peuvent Le trahir. Volontairement ou non, peu à peu ou d’une traite, par le fruit de l’entraînement, de l’enchaînement des orgueils blessés. Les désaccords dans l’Église semblent alors irrémédiablement mauvais, toujours porteurs de schismes. Deuxième remarque : la réaction des onze autres est, elle aussi, éloquente. Chacun dit : « serait-ce moi, Seigneur ? » Humbles, ils considèrent que le lien reçu de Jésus et par lequel ils Lui sont unis, ne les habilite pas à la perfection morale. L’humilité dirige la prudence, toutes deux au service de la Vérité.
La question est donc moins « peut-on éviter les débats et les désaccords au sein de l’Église » que « dans quelles conditions mener ces débats et assumer ces désaccords ? » Tenter d’y répondre permettra aussi de donner à mieux comprendre ce que sont Dogme et Magistère et ce qui les distingue de la doctrine chrétienne ou de la théologie au sens large.